B. LE COÛT CROISSANT DES EMPLOIS JEUNES
Les
emplois jeunes constituent l'une des deux priorités du gouvernement en
matière d'emploi, avec la réduction du temps de travail. Il
s'agit en effet pour lui de
" faciliter le retour à l'emploi des
populations les plus fragiles, notamment grâce aux emplois
jeunes ".
Or, cette priorité est extrêmement coûteuse, et son
coût croît régulièrement chaque année.
Le chapitre 44-01 Programme " nouveaux services - nouveaux emplois "
du budget de l'emploi comporte, pour 2000, des crédits à hauteur
de
21,34 milliards de francs
, soit une
augmentation de 53,3 %
par
rapport à 1999 (13,92 milliards de francs).
Les mesures nouvelles inscrites au projet de budget pour 2000 au titre des
emplois jeunes s'élèvent à 7,46 milliards de francs :
4,38 milliards de francs au titre de l'ajustement des crédits aux
besoins, et 3,08 milliards de francs pour le financement des entrées
nouvelles.
L'objectif que s'est fixé le gouvernement en matière d'emplois
jeunes est la création de 60.908 emplois en 2000, soit un total de
300.000 emplois créés. A terme, le nombre total d'emplois jeunes
devrait s'élever à 350.000, soit un
coût en année
pleine de 33,25 milliards de francs
77(
*
)
pour le seul budget de l'emploi.
En effet, le budget de l'emploi ne regroupe pas l'ensemble des
crédits destinés au financement de ce dispositif.
En effet, les 65.000 emplois jeunes recrutés par l'éducation
nationale comme aides éducateurs, et les 20.000 jeunes embauchés
par le ministère de l'intérieur comme adjoints de
sécurité sont financés, respectivement, par le budget de
l'enseignement scolaire à hauteur de 1,1 milliard de francs et par le
budget de la sécurité pour 698,8 millions de francs.
Par ailleurs, l'outre-mer bénéficie de 11.000 emplois jeunes,
dont 3.000 créations d'emplois en 2000, pour des crédits
s'établissant à 795,5 millions de francs.
Le coût total des emplois jeunes en 2000 s'élève donc
à 23,93 milliards de francs.
Votre rapporteur spécial rappelle que ce dispositif consiste à
créer des emplois dans le secteur non marchand de manière
artificielle. Il s'agit même d'un succédané d'emplois
publics, leur contrat ne devant durer que trois ans : le travail
précaire dans le secteur public ou parapublic s'en trouve
accentué.
Par ailleurs, l'avenir de la grande majorité des jeunes
embauchés dans le cadre de ce dispositif est très incertain.
Du reste, la Commission européenne exprime son scepticisme sur la
pertinence de ce dispositif, que la France a présenté comme
" bonne pratique " au titre de la mise en oeuvre de son plan national
d'action pour l'emploi (PNAE). Elle écrit dans son rapport sur l'emploi
1999 que les emplois jeunes
" ont contribué au recul du
chômage des jeunes en 1998 "
, mais que
" la survie de
ces postes, une fois qu'aura pris fin le soutien financier des pouvoirs
publics, dépendra de la capacité du programme à
générer des emplois économiquement viables ".
Votre rapporteur spécial doute de cette capacité, et estime
qu'
il est à craindre qu'une part importante d'entre eux
intègre définitivement la fonction publique
, ce qui ne peut
qu'accroître les effectifs des fonctionnaires et, par conséquent,
les dépenses du budget général. Par ailleurs, cela ne peut
qu'accroître la précarité au sein de la fonction publique.