C. AUDITION DE M. MARC ZAMICHIEI, MEMBRE DU BUREAU FÉDÉRAL, CHARGÉ DU SECTEUR SANITAIRE ET SANTÉ, DE LA FÉDÉRATION DES MUTUELLES DE FRANCE (FMF)
M.
Marc Zamichiei
a d'abord indiqué que sa
fédération regroupait environ 600 mutuelles et 300
réalisations sanitaires et sociales. Avant d'aborder directement la
question de la couverture maladie universelle, il a évoqué celle
de la transposition des directives sur les assurances et estimé que, si
les organismes de protection sociale complémentaire exerçaient
leur activité dans un champ concurrentiel, cette dernière
concernait le risque très spécifique de la maladie. Il a
affirmé que celui-ci méritait la définition de principes,
comme l'absence de sélection des assurés et la participation de
ces derniers à la gestion. Il a estimé que l'institution d'une
couverture maladie universelle pouvait ouvrir la voie à une meilleure
reconnaissance de la spécificité du risque santé et
était de nature à faire reculer des inégalités
inacceptables devant les soins. Il a également indiqué qu'elle
permettrait à la mutualité de mieux remplir sa mission solidaire
et de renouveler ses propres pratiques. Affirmant sa préférence
pour un système dans lequel la gestion de la couverture
complémentaire serait réservée aux organismes de
protection sociale complémentaire, il a toutefois déclaré
comprendre les raisons qui avaient conduit le Gouvernement à proposer le
projet de loi dans son équilibre général actuel.
M. Marc Zamichiei
a toutefois regretté les effets de seuil
susceptibles d'être engendrés par le projet de loi, estimé
que la CMU devait demeurer un mécanisme bénéficiant aux
plus défavorisés et qu'elle ne réglerait pas tous les
problèmes d'accès aux soins. Il a déclaré que la
FMF était favorable à l'institution d'un tiers payant
généralisé, à l'amélioration de certaines
prestations de sécurité sociale dans des domaines où les
renoncements aux soins étaient importants et à la mise en place
d'une aide accordée par les employeurs aux salariés dont le
revenu était inférieur ou égal au SMIC afin de leur
permettre un accès à la couverture complémentaire.
Observant que des institutions qui gèrent actuellement des fonds
sanitaires et sociaux vont être déchargées de leur mission
par l'institution de la CMU, il a souhaité qu'elles réorientent
leur action en direction des personnes dont les revenus se situent au-dessus du
seuil prévu par la loi. Il a estimé que le forfait de 1.500
francs par personne couverte qui serait remboursé aux organismes de
protection complémentaire correspondait à un coût moyen
masquant de fortes disparités selon les lieux et les personnes couvertes
et qu'il serait probablement inférieur, au moins à court terme,
aux dépenses réellement engagées en raison des effets de
rattrapage dans l'accès aux soins des personnes démunies. Il a
souhaité que ce coût fasse l'objet d'une évaluation
continue et que l'on tienne compte de la réalité du coût du
risque afin de sécuriser l'engagement des organismes de protection
sociale complémentaire.
M. Marc Zamichiei
a regretté que le projet de loi ne
prévoie pas la participation de ces organismes, ni celle de l'assurance
maladie, dans le conseil d'administration du fonds de financement de la
protection complémentaire de la couverture universelle du risque
maladie. Il a souhaité que ce fonds soit le lieu institutionnel
d'évaluation de la mise en oeuvre de la CMU.
M. Charles Descours, rapporteur,
a interrogé le
représentant de la FMF sur la transposition des directives sur les
assurances, la maîtrise des dépenses d'assurance maladie, les
perspectives d'une privatisation de l'assurance maladie et les modalités
d'une compensation d'une éventuelle dérive des dépenses
pour les organismes de protection sociale complémentaire.
M. Marc Zamichiei
s'est interrogé, en réponse, sur
l'opportunité de banaliser l'intervention d'un acteur comme la
mutualité à travers la transposition des directives sur les
assurances au moment où, en créant la CMU, l'on s'orientait vers
une meilleure prise en compte de la réalité sanitaire et sociale.
Il a estimé que le projet de loi n'induisait pas de risque de
privatisation de l'assurance maladie, la gestion de la protection sociale
complémentaire par les caisses primaires susceptibles de
légitimer des revendications des compagnies d'assurance n'étant
prévue que par délégation de l'Etat. Il s'est
déclaré favorable à une politique de maîtrise des
dépenses d'assurance maladie mise en oeuvre en coordination avec les
organismes de sécurité sociale. Evoquant le coût
réel de la protection complémentaire maladie, il a
indiqué, par référence à celle qui était
engagée par l'union mutualiste des Bouches-du-Rhône,
déjà très active en ce domaine à travers l'aide
médicale, qu'il avoisinait une moyenne de 1.900 francs. Observant que ce
montant ne reflétait qu'une moyenne, il a souhaité la mise en
place, au niveau de tous les groupements mutualistes, de mécanismes de
péréquation du risque.
M. François Autain
a demandé à M. Marc Zamichiei
quelle était sa réponse à l'argument selon lequel la
généralisation du tiers payant était inflationniste.
Mme Nicole Borvo
lui a demandé s'il n'estimait pas illusoire
l'instauration de la définition de principes tels que l'absence de
sélection des assurés ou de refus d'assurance pour le risque
maladie, ces principes pouvant être détournés grâce
aux stratégies commerciales des compagnies d'assurance et à la
publicité.
M. Marc Zamichiei
a affirmé que l'expérience de la FMF,
comme des études réalisées en la matière,
montraient qu'après un effet de rattrapage dans l'accès aux
soins, l'effet inflationniste du tiers payant disparaissait très vite.
Il a observé que les lois de 1989 et de 1990 qui avaient banni la
discrimination en matière de risque santé excluaient de leur
champ d'application les contrats individuels ou les compagnies d'assurance.