B. L'ENQUÊTE TECHNIQUE : UN OUTIL ESSENTIEL DE LA POLITIQUE DE PRÉVENTION DES RISQUES D'ACCIDENTS AÉRIENS

Les enquêtes techniques ont pour objectif d'émettre, sur la base de l'analyse des circonstances et des causes des accidents ou incidents, des recommandations de sécurité à l'adresse des compagnies aériennes et des constructeurs. Elles apportent un retour d'expérience indispensable à l'évolution des aéronefs et de leurs équipements ainsi qu'à l'amélioration de la formation du personnel navigant.

Telle est la raison pour laquelle dès 1944, la convention relative à l'aviation civile internationale impose le recours systématique aux enquêtes techniques et se voit complétée, en 1951, par une annexe 13 qui tend à harmoniser leurs procédures.

En France, l'enquête technique se déroule parallèlement à une éventuelle enquête judiciaire. L'enquête menée par les autorités judiciaires avec le concours de leurs propres experts a pour objet d'apprécier la responsabilité des parties impliquées dans un accident. L'enquête technique tend, elle, à dégager de l'analyse d'accidents ou de simples incidents des recommandations de sécurité. Elle fait l'objet d'un rapport qui préserve l'anonymat des personnes concernées. L'enquête technique n'a donc pour seul objectif que de tirer des enseignements des accidents et incidents afin d'éviter leur répétition. Alors que l'enquête judiciaire s'inscrit dans une logique de répression et éventuellement de réparation envers les victimes, l'enquête technique participe d'une politique de prévention.

Les enquêtes techniques sur les accidents survenus sur le territoire français sont actuellement menées par le Bureau Enquêtes-Accidents (BEA), organisme placé auprès de l'inspection générale de l'aviation civile, au sein du ministère chargé de l'aviation civile. Pour accomplir sa mission, le BEA dispose de soixante-cinq agents, dont trente enquêteurs, dix assistants-enquêteurs, et un médecin-enquêteur. Les investigations sont menées par ces enquêteurs techniques en association, le cas échéant, avec des experts étrangers représentant l'Etat d'immatriculation ou l'Etat de construction de l'aéronef.

Pour certains accidents, une commission d'enquête peut être instituée par arrêté ministériel, la dernière en date étant la commission d'enquête sur l'accident du Mont Sainte-Odile.

Lorsque l'événement se produit à l'étranger et qu'il concerne une compagnie aérienne française ou un aéronef pour lequel la France est responsable de la navigabilité, ce qui est notamment le cas des Airbus, le BEA envoie un ou plusieurs représentants qui sont associés à l'enquête. Des experts du constructeur et de l'exploitant de l'aéronef, et parfois des représentants des personnels, sont invités à participer aux travaux sous l'autorité du BEA.

Les rapports issus des enquêtes techniques sont transmis au ministre chargé des transports et à la direction générale de l'aviation civile. Ils sont également mis à la disposition des entreprises et personnes concernées. Ils ne sont, en revanche, actuellement rendus publics que sur autorisation du ministre.

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