c) Des " fondamentaux " très sensibles
Les
acteurs des marchés agricoles examinent avec attention
l'évolution de trois paramètres déterminants, qui doivent
être pris en compte dans l'élaboration du projet de loi
d'orientation agricole.
La baisse des stocks
Votre rapporteur prendra comme exemple les céréales qui se
caractérisent par un niveau des stocks très irrégulier,
une appartenance principalement au secteur privé et une localisation
majoritaire dans les pays non-OCDE. Le maintien probable de cette situation a
des répercussions qui ne sont pas, aujourd'hui encore,
entièrement connues.
Aussi le contexte international des marchés agricoles pourrait
être très perturbé si des stocks bas étaient
durablement associés à une demande soutenue : une telle
situation engendrerait des variations de prix importantes d'une année
sur l'autre, en fonction de l'évolution des conditions climatiques et
économiques.
Les fluctuations de la demande
Des changements structurels de la demande interviennent, qui la rendent moins
sensible aux variations de prix et de revenus.
Aussi dans les pays de l'OCDE, on constate un phénomène de
moindre sensibilité aux variations de prix chez les consommateurs,
ceux-ci consacrant une proportion toujours moindre de leurs revenus à
l'alimentation. Cet aspect est d'ailleurs renforcé par la diminution de
la part des produits agricoles de base dans le coût des produits de
consommation finale.
Rappelons qu'en France, en 1950, 45 % du budget des ménages
étaient consacrés à l'alimentation. Aujourd'hui, ce
pourcentage est inférieur à 15 %.
Des modifications dans les habitudes de consommation apparaissent aussi dans
les pays hors OCDE, où " l'occidentalisation " des modes de
consommations alimentaire et la croissance des industries agro-alimentaires
engendreront à terme, probablement, une moindre sensibilité aux
prix des importations de produits alimentaires. C'est, par exemple, le cas de
la Chine.
La réactivité de l'offre
Les réactions de l'offre constituent une réelle incertitude. En
effet, avec des stocks relativement faibles, le niveau de l'offre et sa
sensibilité aux variations de prix prennent de l'importance pour la
stabilité du marché. En raison des politiques menées tant
aux États-Unis qu'en Europe, l'offre, par exemple en matière de
céréales, pourrait progresser au cours des prochaines
années.
La tension actuelle de l'offre sur les marchés des
céréales a relancé de nouveaux débats sur le
potentiel d'offre des pays en développement. La croissance des
rendements de riz et de blé a commencé à se tasser dans
bon nombre de ces pays. De plus, les terres agricoles aptes à produire
du blé deviennent de plus en plus rares. Il existe cependant, dans le
monde, un fort potentiel d'accroissement des rendements
céréaliers, en particulier en Amérique latine, en Inde et
peut être aussi en Chine. De meilleures techniques agronomiques
pourraient, rapidement et de façon significative, stimuler la production
de ces régions où réformes des politiques nationales et
libéralisation des échanges internationaux donneraient
l'élan nécessaire à l'exploitation de ce potentiel.