d) Des perspectives de croissance inégales
D'après les informations obtenues par votre rapporteur
et
divers travaux menés en 1997 et 1998, notamment à travers les
conclusions du rapport du " groupe perspective "
10(
*
)
, la demande mondiale des produits
agricoles et alimentaires devrait fortement progresser dans les trente
prochaines années.
Cette forte augmentation résulterait de trois facteurs :
- une croissance démographique importante ;
- un rattrapage des insuffisances alimentaires existantes ;
- une diversification des régimes alimentaires, et notamment une
part plus importante des protéines d'origine animale dans les rations.
Sur un plan démographique, il apparaît clairement que le potentiel
de croissance des marchés se situe en dehors de l'Europe, et se
concentrera aux portes de deux régions à forte croissance :
l'Afrique et l'Asie occidentale.
En raison de facteurs pédo-climatiques d'une part, et de l'aspect
très capitalistique de l'agriculture et de l'agro-industrie d'autre
part, la France et l'Union européenne devraient être
appelées à jouer un rôle prépondérant dans le
secteur agricole et agro-alimentaire, à l'instar des États Unis
qui, disposent de ressources foncières importantes.
Ces perspectives sont néanmoins à prendre avec beaucoup de
circonspection. En effet, la crise asiatique et ses multiples
conséquences sur les économies émergentes -notamment en
Amérique latine- ainsi que la récente crise ruse posent un
problème commun à Washington et à Bruxelles. Ainsi, entre
décembre 1997 et août 1998, les Américains ont
révisé à la baisse leurs prévisions d'exportation
de 16 % pour cette année, soit presque 3 milliards de dollars
en moins. Cette chute des perspectives d'expansion est à mettre sur le
compte de l'Asie qui réalise 35 % des exportations agricoles
américaines. En 1999, la baisse serait de 5 % par rapport à
1998. Au niveau européen, c'est sur une vision optimale des
débouchés asiatiques que la Commission européenne a
bâti son projet " PAC 2000 ", avec ses baisses de prix
généralisées et compensées partiellement.
Si la Commission européenne a estimé, le
3 septembre dernier, que les effets de la crise russe seraient
limités pour l'Union européenne, la Russie ne représentant
que 3,5% des exportations et 4% des importations, M. Jacques Santer a reconnu
que la baisse de la demande russe aura un impact substantiel sur les prix
communautaires et pourrait conduire à des demandes d'intervention ou de
restitutions à l'exportation -surtout pour la viande bovine et le porc-
, ce qui affecterait bien entendu le budget de la Communauté.