B. ... N'EST PAS EXEMPTE D'ACTIONS MENÉES DANS L'URGENCE : L'EXEMPLE DE LA SEINE-SAINT-DENIS
En
octobre 1997, le ministre de l'éducation nationale, de la recherche et
de la technologie et la ministre déléguée chargée
de l'enseignement scolaire ont confié au recteur Fortier une mission
d'étude et de proposition sur les difficultés de l'enseignement
public en Seine-Saint-Denis. Ce rapport devait permettre de mettre en oeuvre,
dès la rentrée 1998, des mesures susceptibles d'améliorer
la réussite des élèves de ce département.
Le rapport établi à l'issue de cette mission a dressé le
tableau des difficultés liées à la sociologie
particulière de ce département qui connaît, depuis les
années soixante, une forte restructuration de ses activités
traditionnellement ouvrières et le développement rapide de
cités d'habitation :
- une forte densité de population comptant une importante
proportion de jeunes et un afflux de populations étrangères,
concentrée dans les logements sociaux des cités et frappée
par un taux de chômage important ;
- des carences en matière d'accueil scolaire : taille des
établissements, qualité des constructions, entretien insuffisant,
faible fréquentation des cantines scolaires ;
- un corps professoral jeune manquant parfois de l'expérience
nécessaire et une forte proportion de personnels auxiliaires ;
- des retards scolaires importants dès l'école primaire
entraînant des taux de réussite scolaire très
médiocres comparés aux performances moyennes nationales ;
- une insuffisance des structures pédagogiques dans certaines
filières de l'enseignement professionnel.
Dès la remise du rapport Fortier, un plan d'urgence était
annoncé par les ministres le 2 mars 1998 comprenant notamment
la création de 208 postes (dont 178 mis en place
immédiatement) et de 1.750 emplois-jeunes.
Les partenaires locaux représentés au Comité
Départemental de l'Education Nationale (élus, enseignants et
parents) étaient invités à préparer un plan de
rattrapage pour les quatre années à venir, le calendrier de mise
en oeuvre constituant un engagement contractuel des différents
partenaires de l'action éducative.
Ce premier plan a permis de porter la dotation de la Seine-Saint-Denis à
hauteur de la dotation nationale moyenne. Néanmoins, la situation
demeurait bien inférieure aux nécessités du
département, en particulier en raison du nombre plus faible
d'enseignants titulaires. Aussi, un certain nombre de mesures
supplémentaires ont-elles été annoncées par le
recteur de l'académie de Créteil le 2 avril. Elles
prévoyaient pour la rentrée 1998 :
- dans le secondaire, la création de 70 postes d'enseignants
supplémentaires ;
- dans le primaire, l'attribution de 40 postes de professeurs des
écoles, de 35 emplois de remplacement supplémentaires et
d'une centaine de postes de professeurs des écoles stagiaires à
l'IUFM ;
- la poursuite de l'effort de mise en place des personnels administratifs,
techniques, de service et de santé de façon à atteindre,
dès la rentrée, le chiffre de 160 postes.
Le 30 avril, les ministres ont reçu, à leur demande, les
fédérations syndicales, les associations de parents
d'élèves et la coordination des établissements scolaires
de la Seine-Saint-Denis. A l'issue de cette rencontre, ils ont
décidé :
d'annuler pour la rentrée 1998 les mesures de fermeture de classes
ou de divisions,
de créer 3.000 emplois nouveaux (enseignants, administratifs,
techniques, de service et de santé) au cours des trois prochaines
rentrées dans ce département, soit, dès 1998 puis en 1999
et en 2000.
Pour la rentrée au 1
er
septembre 1998, les moyens
attribués sont les suivants :
- dans le premier degré, 165 emplois d'enseignants ont
été créés :
40 pour les écoles arrivant en zone d'éducation prioritaire,
35 pour permettre des départs en stage de formation à
l'enseignement spécialisé,
90 pour poursuivre les mesures entreprises, notamment pour la mise en
oeuvre de la relance des ZEP, pour l'amélioration du régime des
décharges de direction d'écoles.
- dans le second degré, 501 emplois ont été
créés :
441 pour l'enseignement : 330 en collèges, 111 en
lycées,
60 pour l'encadrement : 1 proviseur adjoint, 17 CPE,
34 MI/SE, 8 conseillers d'orientation-psychologues.
Le plan de rattrapage entrepris par le ministère de l'Education
nationale, de la recherche et de la technologie, fait partie d'un ensemble de
mesures prises aussi bien au niveau des collectivités locales que des
autres ministères.
Les présidents du conseil général et du conseil
régional à qui incombent respectivement l'entretien des locaux
des collèges et des lycées ont décidé
d'élaborer un plan pluriannuel. Un effort exceptionnel de
rénovation va être entrepris.
L'application du plan gouvernemental implique, par ailleurs, une autre
façon de travailler pour les services de l'Etat, c'est-à-dire une
meilleure coordination, sur le terrain, de tous les services de l'Etat.
Le problème de la délinquance des mineurs notamment ne pourra
être traité que par un renforcement de la coopération entre
les services de l'Etat (Education, Justice, Intérieur) et ceux du
conseil général.
Les moyens en personnel ont été fortement augmentés par
les différents ministères concernés : 16 postes de
juges pour enfants ont été créés, le ministre de
l'intérieur a engagé 2.000 agents de sécurité
dans 26 agglomérations.