CHAPITRE DEUX
L'ÉGALITÉ DES CHANCES À
L'ÉCOLE
I. LA PRISE EN CONSIDÉRATION DE ZONES DÉFAVORISÉES
A. LA POLITIQUE DE DISCRIMINATION POSITIVE...
1. Les zones d'éducation prioritaires (ZEP) ont fait l'objet d'une évaluation en 1998
Actuellement, il existe 564 zones d'éducation
prioritaire (ZEP) regroupant 6005 écoles et établissement
scolaires qui scolarisent 1,2 million d'élèves.
Le bilan des ZEP a été réalisé à partir de
l'analyse des résultats d'un questionnaire écrit soumis aux
personnels des collèges et des écoles exerçant dans une
ZEP fin 1997. Le bilan repose, également, sur les résultats de
sondages téléphoniques pratiqués par le ministère
de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie
auprès d'enseignants, de chefs d'établissements et d'inspecteurs.
Cinq points ont fait l'objet d'une étude particulière.
La population des ZEP
La population d'élèves a été statistiquement
caractérisée par des catégories socioprofessionnelles, les
catégories défavorisées étant
sur-représentées dans les ZEP. La perception par les personnels
des ZEP de la difficulté de la population accueillie est la suivante :
le manque de repères est en premier lieu souligné ; il provient
souvent d'une crise familiale. En second lieu, sont soulignés les
problèmes économiques et le chômage ; enfin sont
évoquées les questions d'incivilité et de violence.
Il y a peu de différence d'âge entre les enseignants
affectés en ZEP et ceux qui n'y sont pas (même si le nombre
d'enseignants jeunes est légèrement plus élevé en
ZEP). Cependant, ces chiffres nationaux cachent de fortes disparités
géographiques et régionales. Certaines ZEP sont
confrontées à l'instabilité des enseignants ; d'autres
à une excessive stabilité.
Enseignements tirés de l'exercice du métier en ZEP
Trois enseignements majeures ont été identifiés à
partir des réponses des enseignants :
- la nécessité du travail en équipe : pour travailler
en zone d'éducation prioritaire, il convient de ne pas être seul,
le travail en équipe est indispensable, la hiérarchie doit
être présente, l'accompagnement et le partenariat sont essentiels ;
- le poids de l'environnement extérieur et des difficultés
sociales et économiques des élèves constituent des
difficultés supplémentaires auxquelles doivent faire face les
enseignants ;
- l'impact des actions entreprises sur le terrain : le système a
une efficacité et l'échec scolaire n'est plus une fatalité.
Le fonctionnement des ZEP : les projets
70 % des ZEP ont fait évoluer leur projet de zone
d'éducation prioritaire, fruit d'une réflexion collective.
En ce qui concerne les questions relatives à l'évaluation, deux
conclusions s'imposent :
- 30 % des ZEP disposent d'un tableau de bord, véritable outil
d'évaluation élaboré collectivement ;
- l'indicateur utilisé majoritairement est l'indicateur CE2 et
6
ème
.
L'orientation privilégiée par les enseignants des ZEP est la
maîtrise de la langue, dans près de 90 % des projets.
Certains projets mettent aussi en avant les activités culturelles et
artistiques, d'autres les questions d'éducation à la
citoyenneté. En revanche, un nombre très limité de projets
privilégie les activités scientifiques et techniques.
L'accompagnement scolaire est principalement évoqué sous la forme
de l'aide aux devoirs.
Le métier d'enseignant en ZEP
La première difficulté concerne les relations avec les familles,
devant l'usure et la fatigue. Viennent ensuite le manque de moyens, le manque
de temps, l'environnement et la place de l'école de plus en plus
difficile à définir aujourd'hui dans les quartiers difficiles.
Enseigner en zone d'éducation prioritaire revient-il à faire le
même métier qu'ailleurs ? 30 % des enseignants des ZEP
pensent qu'il ne s'agit pas du même métier. Mais il est
intéressant de noter que les collègues à
l'extérieur des ZEP sont encore plus nombreux à penser que ce
sont deux métiers différents.
L'importance du travail collectif est constamment soulignée dans les
ZEP. Dans les collèges en ZEP, 80 % des enseignants
déclarent qu'ils suivent collectivement leurs élèves. Dans
les écoles et les collèges en ZEP, la moitié d'entre eux
préparent collectivement leurs séquences de cours.
Les effets de la politique des ZEP
Depuis plusieurs années, les résultats en zones
d'éducation prioritaire sont inférieurs à la moyenne
nationale. Mais certaines zones ont des résultats supérieurs
à la moyenne nationale. Il est important de noter que l'écart par
rapport à la moyenne nationale est bien moins fort en
6
ème
qu'en CE2. Ce constat signifie peut-être que les
enseignants ont besoin de plus de temps en ZEP pour obtenir des
résultats.
Il peut sembler que les bons élèves puissent éprouver des
difficultés en ZEP. Mais à l'étude des résultats
des 10 % des meilleurs élèves en ZEP et hors ZEP, les
différences sont minimes.
Des éléments précis montrent que les performances au cours
préparatoire des enfants de ZEP scolarisés à 2 ans
sont meilleures pour le langage oral comme pour le repérage dans le
temps.
Les effets positifs perçus par les enseignants concernent les
résultats scolaires et l'amélioration des relations entre les
élèves et les enseignants. En 1985, quand fut produit le premier
document d'évaluation des zones d'éducation prioritaire, tous les
acteurs étaient unanimes pour déclarer que cette politique avait
amélioré le climat scolaire mais que la progression des
résultats, bien que globalement positive, restait insuffisante. Il est
donc significatif de remarquer que les résultats scolaires figurent
aujourd'hui en première position des préoccupations.
Les points à améliorer semblent être les relations
parents/enseignants, la cohérence des parcours scolaires, l'orientation
et l'insertion professionnelle.