EXAMEN EN COMMISSION

Réunie le mercredi 18 novembre 1998, sous la présidence de M. Alain Lambert, président, la commission a procédé, sur le rapport de M. Bernard Angels, rapporteur spécial, à l'examen des crédits des services communs et finances pour 1999.

Ayant présenté les conclusions de son rapport, un large débat s'est alors ouvert.

M. Alain Lambert, président, ayant observé qu'il était réconfortant que les travaux de la commission puissent trouver une consécration, a souligné le bien-fondé des propositions du rapporteur spécial relatives à l'éventualité d'un concours prêté par les services de l'INSEE ou de la direction de la prévision à la commission des finances. Il a rappelé que, si ces deux administrations étaient bien entendu des administrations à la disposition du Gouvernement, il n'était guère concevable qu'elles n'apportent pas leur concours au Parlement, une telle attitude étant susceptible de déboucher sur une coûteuse duplication des moyens d'expertise des pouvoirs publics. Il a donc vivement souhaité que le Gouvernement fasse droit aux observations de la commission des finances indiquant qu'il ne s'agissait, pour celle-ci, que de souhaiter avoir accès, dans des conditions raisonnables et sur la base de conventions permettant de distinguer clairement les responsabilités de chacun, à une modeste partie des moyens alloués au Gouvernement.

M. Yann Gaillard a abondé dans le sens des observations du rapporteur spécial relatives aux problèmes rencontrés par les services financiers en Ile-de-France, problèmes qu'il a jugés dramatiques. Ayant rappelé que la direction des services fiscaux de Paris Ouest traitait à peu près un quart de l'impôt sur le revenu, et que celle de Paris Nord avait la charge d'environ un tiers de la TVA, il a souhaité que soient mises en oeuvre des réformes audacieuses : l'instauration de concours régionaux, une vraie politique d'administration des effectifs et du logement au service des jeunes agents. Il s'est ensuite inquiété de la persistance du phénomène du "filtre" au terme duquel, seules, les affectations dans les services nationaux de contrôle fiscal se trouvaient maîtrisées par l'administration, puis il a souhaité que soient enfin fusionnées les régies comptables de la direction générale des impôts et de la direction générale de la comptabilité publique. Il a suggéré qu'une telle fusion pourrait sans doute permettre de dégager quelques moyens en évitant en plus des chevauchements de compétences aux effets parfois pervers. Il a enfin interrogé le rapporteur spécial sur la portée de la fusion entre les services financiers et les services de l'industrie.

M. Philippe Marini, rapporteur général, a acquiescé à l'idée selon laquelle la commisison des finances devrait accéder plus largement aux travaux et aux moyens des corps de contrôle. Il a alors interrogé le rapporteur spécial successivement sur l'impact budgétaire d'un éventuel redéploiement des moyens des services de recouvrement, puis sur ses réactions consécutives à la modification du régime fiscal des micro-entreprises. Sur ce dernier sujet, il a souhaité savoir si des économies d'effectifs pourraient en résulter. Enfin, le rapporteur général s'est inquiété du niveau du taux d'intérêt servant au calcul des pénalités de retard infligées aux contribuables ayant tardé à s'acquitter de leur dette fiscale. Il a estimé que ce taux pouvait être parfois supérieur au taux de l'usure défini par le code de commerce et qu'en tout état de cause il l'était par rapport au taux supporté par l'administration, lorsque celle-ci doit elle-même acquitter des intérêts moratoires.

En réponse, M. Bernard Angels, rapporteur spécial , ayant approuvé les propos de M. Yann Gaillard, a souhaité préciser que, selon lui, il conviendrait, plutôt que d'imaginer d'associer des personnels extérieurs aux travaux internes de la commission des finances, de faire en sorte que celle-ci puisse, d'abord, avoir communication systématique des travaux des corps de contrôle de l'administration dès lors que ceux-ci portaient sur des questions d'intérêt général. Il a ajouté qu'il fallait en tout état de cause éviter un mélange des genres dangereux et qu'une préoccupation de garantie de la séparation des pouvoirs devait conduire à veiller à ce que les missions du Parlement soient conduites par l'intermédiaire de ses propres moyens. Il a précisé que la mise à disposition des moyens d'expertise technique de l'INSEE et de la direction de la prévision sur la base de conventions claires serait en tout point conforme à ces exigences.

Evoquant le redéploiement des moyens, il a observé que celui-ci paraissait nécessaire, mais que sa mise en oeuvre supposerait de résoudre d'importantes difficultés. Il a ajouté que son travail de contrôle d'évaluation des services déconcentrés de la DGI déboucherait sur des propositions en la matière.

Enfin, évoquant la réforme du régime des micro-entreprises et le niveau des taux d'intérêt infligés aux contribuables en retard de paiement, il s'est d'abord inquiété de la portée de l'article 5 du projet de loi de finances, susceptible de distendre les liens entre les entreprises et l'administration fiscale et de produire quelques effets pervers, puis s'est ensuite engagé à instruire un dossier purement technique qui pourrait faire l'objet, le cas échéant, d'une initiative législative du rapporteur général.

M. François Trucy s'est alors étonné du niveau des charges sociales du projet de budget pour 1999, indiquant qu'il lui paraissait sans rapport avec le niveau des rémunérations d'activité. Puis, il a souhaité disposer d'éléments de comparaison avec les administrations fiscales européennes.

M. Jean-Philippe Lachenaud , ayant évoqué les tribulations de la réforme des évaluations cadastrales, s'est demandé quand les collectivités locales cesseraient d'acquitter une contribution pour une réforme toujours reportée.

En réponse, M. Bernard Angels, rapporteur spécial, a suggéré que l'écart entre le niveau des charges sociales et celui des rémunérations directes pourrait provenir du niveau relatif élevé des primes et indemnités. Il a ajouté qu'à l'issue de son contrôle relatif à la DGI, il s'attacherait à réunir des éléments pertinents permettant d'apprécier les performances comparées des administrations financières européennes.

Evoquant la réforme des bases cadastrales, il s'est déclaré incapable de fournir une réponse quant à son calendrier et rappelé qu'il s'agissait d'une imposition spécifique dont la pérennisation pouvait en effet poser problème.

Sur proposition de M. Philippe Marini, rapporteur général, la commission a alors adopté un amendement réduisant les crédits du titre III du budget des services communs et finances.

M. Bernard Angels, rapporteur spécial, ayant rappelé ses observations et insisté sur la nature régalienne des missions du ministère et sur la part des dépenses de personnel dans le budget, a indiqué qu'il ne pouvait s'associer à la démarche proposée par le rapporteur général.

La commission a ensuite adopté les crédits ainsi modifiés du budget des services communs et finances pour 1999.

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