CHAPITRE PREMIER
UNE PROGRESSION EXCEPTIONNELLE ET
GÉNÉRALISÉE DES DÉPENSES
Deux mesures exceptionnelles, la budgétisation de l'intégralité des ressources de l'ADEME 5( * ) d'une part, et, la relance des économies d'énergie et des énergies renouvelables, d'autre part, exercent un très fort impact sur ce budget. Mais, elle n'expliquent pas, à elles seules, la forte augmentation des crédits du ministère qui affecte pratiquement tous les postes de dépense.
I. DEUX MESURES EXCEPTIONNELLES ONT UN TRÈS FORT IMPACT SUR CE BUDGET...
A. LES RESSOURCES ET LES DÉPENSES SONT CONCERNÉES...
Côté recettes, on assiste à une intégration dans le budget de l'Etat de la totalité des ressources de l'ADEME ; côté dépenses, la relance de la politique de maîtrise de l'énergie et des énergies renouvelables mobilise des mesures nouvelles d'un montant très élevé (500 millions de francs).
1. La budgétisation de l'intégralité des ressources de l'ADEME
L'instauration d'une taxe générale sur les activités polluantes (TGAP) dans laquelle se trouvent fusionnées les cinq taxes dont le produit était auparavant directement affecté à l'ADEME, donne lieu au versement à cette agence de la recette correspondante, à partir du budget de l'Etat dans lequel elle se trouve désormais intégrée (au sein de la dotation du ministère de l'environnement, en majeure partie, et aussi à l'intérieur de celle du ministère de l'industrie).
a) L'instauration de la TGAP
Trois
des cinq taxes fusionnées par l'article 30 du projet de loi de
finances ont un caractère fiscal : les deux taxes sur les
déchets, ménagers d'une part, et industriels d'autre part, et la
taxe d'atténuation des nuisances sonores aéroportuaires.
Les deux autres, sur la pollution atmosphérique et les huiles de base
sont de nature parafiscale.
Le tableau ci-dessous en résume les principales
caractéristiques.
Taxes |
Texte institutif |
Redevables |
- Taxes sur le stockage des déchets ménagers et assimilés |
Loi du
13 février 1992
|
- Exploitants d'une installation de stockage |
- Taxe sur les déchets industriels spéciaux |
Loi du
2 février 1995
|
- Idem |
- Taxe sur les nuisances sonores aéroportuaires |
Loi du
31 décembre 1992
|
- Exploitants d'aéronefs de plus de deux tonnes |
- Taxe parafiscale sur la pollution atmosphérique |
Décret n° 85-582
|
- Exploitants d'une installation classée d'une certaine importance, rejetant des substances nocives dans l'atmosphère |
- Taxe parafiscale sur les huiles de base |
Instituée en 1986,
modifiée par les décrets
des
|
- Personnes livrant, vendant ou produisant des huiles usagées dont le rejet est interdit ou des lubrifiants susceptibles de produire de telles huiles |
NB/ Le poids (des déchets, substances ou huiles polluantes des avions) est un élément déterminant de l'assiette avec, en plus, dans ce dernier cas, les caractéristiques acoustiques de l'appareil. |
En fait,
l'instauration de la TGAP ressemble plus à une compilation des cinq
anciens prélèvements qu'à la création d'une
imposition vraiment nouvelle
6(
*
)
dans la mesure où les faits
générateurs demeurent identiques, les assiettes ne sont pas
fondamentalement modifiées sauf, pour des raisons juridiques, celle de
la taxe sur les huiles de base
7(
*
)
.
Les cinq taxes conservent ainsi leur spécificité mais leur
produit est consolidé et affecté globalement à l'ADEME qui
le répartit en fonction de ses priorités ou plutôt,
semble-t-il, de celles du Gouvernement.
b) La compensation offerte à l'ADEME
Du fait
de la création de la TGAP -et c'est là, dans l'immédiat,
la principale nouveauté- le produit des cinq taxes est affecté,
non plus directement à l'ADEME, mais au budget général.
Mais, l'agence, en compensation, se voit reverser l'équivalent, à
partir des budgets de l'environnement et de l'industrie.
C'est heureux pour elle dans la mesure où plus de 70 % de ses
dépenses d'intervention et 30 % de ses dépenses de
fonctionnement étaient couverts jusqu'ici par ces recettes fiscales et
parafiscales.
Le montant de la compensation fait l'objet de deux estimations
différentes dans le "bleu" de l'environnement, ce qui, -on l'imagine- ne
facilite pas la tâche de votre rapporteur.
Page 58, il est écrit, s'agissant de l'ADEME, qu'"une dotation
nouvelle de 1.435 millions de francs (105 millions de francs sur le
titre IV et 1.330 millions de francs sur le titre VI) vient
compenser la suppression des taxes affectées, du fait de la
création de la TGAP dont le produit bénéficie au budget
général".
Mais, aux pages 34 et 40, il est estimé que la contrepartie de
l'institution de la TGAP se monte à 145 millions de francs, au
titre IV, au titre du renforcement des moyens de l'agence, et à
1.623 millions de francs en autorisations de paiement et en crédits
de paiement, au titre VI (subvention d'investissement), ce qui fait un
total, non plus de 1.435 millions de francs, mais de 1.768 millions
de francs.
Dans le premier cas, les mesures nouvelles en faveur des économies
d'énergie et des énergies renouvelables ne sont pas couvertes par
la TGAP, alors qu'elles le sont dans la deuxième hypothèse.
En réalité, le bon sens conduit à penser que ce sont
effectivement les 1.935 millions de francs rapportés par la
nouvelle taxe qui financent intégralement le supplément de
dépenses relatif à l'énergie (500 millions de
francs). 333 millions de francs se trouvent inscrits dans le budget de
l'environnement et 167 millions de francs dans celui de l'industrie. Cette
supposition est corroborée par le fait que le rendement des cinq taxes
fusionnées doit augmenter, en 1999, de 613 millions de francs, ce
qui permet de gager la dépense considérée.
Utilisation du produit de la TGAP |
|
|
(en millions de francs) |
Ressources |
Affectation |
- Taxe déchets ménagers 1.337 |
Budget de
l'environnement
|
- Taxe déchets industriels spéciaux 165 |
Titre VI : 1.623 (2) |
- Taxe pollution atmosphérique 222 |
Total : 1.768 (3) |
- Taxe nuisances sonores 89 |
Budget de l'industrie |
- Taxe huiles de base 121 |
Total : 167 |
|
TOTAL 1.935 |
(1) dont 40 millions de francs au titre de la création de 100 emplois pour l'énergie |
|
(2) dont 293 millions de francs de mesures nouvelles pour l'énergie |
|
(3) dont 333 millions de francs (40 + 293) au titre de la politique d'économies d'énergie et des énergies renouvelables |
2. L'importance de la dotation destinée à la relance des économies d'énergie et aux énergies renouvelables
a) Présentation d'ensemble
L'augmentation du rendement des taxes intégrées
dans
la TGAP, et principalement de celles sur les déchets ménagers et
industriels, permet donc de concrétiser les intentions exprimées
par le Premier ministre en janvier 1998.
500 millions de francs sont ainsi consacrés - on l'a vu - à
la relance des économies d'énergie et au développement des
énergies renouvelables.
Ce montant considérable se décompose - comme il a
été montré - en :
- 333 millions de francs inscrits au budget de l'environnement, dont
40 millions de francs au titre de la création à l'ADEME de
100 emplois et 293 millions de francs de subventions d'investissement
- et 167 millions de francs au budget de l'industrie.
D'après le projet d'entreprise, en cours d'approbation, de l'agence, les
actions de celle-ci devraient donner lieu chaque année, durant la
période 1999-2002, à des dépenses ainsi réparties :
PROGRAMMATION DES ACTIONS DE L'ADEME
Maîtrise de l'énergie : |
|
- aide à la décision dans l'industrie |
60 |
- aide
à la décision dans le bâtiment, préparation à
la
|
50 |
- maîtrise de l'énergie pour les ménages démunis |
20 |
-
optimisation des réseaux de chaleur et traitement
|
20 |
-
maîtrise de la demande d'électricité, coopération
|
55 |
Energies renouvelables |
|
- plan
bois, chaudières collectives et labellisation des
|
50 |
- énergies renouvelables dans les DOM-TOM et en Corse |
45 |
- programme solaire thermique |
46 |
- éolien |
20 |
Source : projet d'entreprise de l'ADEME |
|
b) La maîtrise de l'énergie
Au titre de la maîtrise de l'énergie, la priorité sera donnée au renforcement de la réglementation thermique dans l'habitat et le secteur tertiaire . L'accent sera mis aussi sur la maîtrise de la demande d'électricité , tant en ce qui concerne la diffusion de lampes de basse consommation pour l'éclairage que l'amélioration des équipement électroménagers.
c) Le développement des énergies renouvelables
Le
développement des énergies renouvelables est le second axe de la
stratégie gouvernementale. L'ADEME va d'abord renforcer son soutien
à la
filière bois-énergie.
Deux nouveaux programmes
ont été initiés en 1998 : le premier est destiné
à la valorisation énergétique des déchets de la
filière bois et des résidus de l'exploitation forestière,
qu'un taux de TVA réduit devrait conforter au même titre que le
tri sélectif des déchets ménagers ; le second vise
à encourager les gestionnaires de décharges d'ordures
ménagères et de stations d'épuration à se doter
d'installations de
combustions propres
à valoriser sous forme de
chaleur ou d'électricité le gaz naturel (méthane) issu de
la fermentation de ces matières, sans compromettre pour autant
l'utilisation des boues des stations d'épuration à des fins
agricoles, là où leur composition le permet.
La dotation de l'ADEME devrait également permettre
d'accélérer le
programme Eole 2005,
conduit par EDF en
liaison avec l'Agence, et porter le potentiel du parc de mégawatts
à 500 mégawatts à l'horizon 2005. Une nouvelle tranche de
100 mégawatts a été lancée, dont 25 seront
réservés à la Corse et aux départements
d'outre-mer, régions non reliées au réseau alimenté
par l'énergie nucléaire et où les coûts de
production d'électricité sont très élevés.
Quant à
l'énergie solaire
, l'ADEME s'attachera à
identifier la diffusion de ces techniques. Parallèlement, l'effort de
recherche-développement sera poursuivi, notamment pour l'énergie
photovoltaïque.