Projet de loi de finances pour 1999
MARINI (Philippe), Rapporteur général ; ADNOT (Philippe), Rapporteur spécial
RAPPORT GENERAL 66 (98-99), Tome III, Annexe 5 - COMMISSION DES FINANCES
Table des matières
- PRINCIPALES OBSERVATIONS
- INTRODUCTION
-
CHAPITRE PREMIER
UNE PROGRESSION EXCEPTIONNELLE ET GÉNÉRALISÉE DES DÉPENSES- I. DEUX MESURES EXCEPTIONNELLES ONT UN TRÈS FORT IMPACT SUR CE BUDGET...
- II. ... MAIS L'AUGMENTATION DES DÉPENSES EST DE TOUTE FAÇON FORTE ET GÉNÉRALE
-
CHAPITRE DEUX
DES ACTIONS DONT L'EXÉCUTION REPOSE EN MAJEURE PARTIE SUR DES MOYENS EXTÉRIEURS À CE BUDGET- I. LES LIMITES DES INSTRUMENTS DU MINISTÈRE DE L'ENVIRONNEMENT
- II. UNE POLITIQUE DÉCENTRALISÉE, DÉCONCENTRÉE ET INTERMINISTÉRIELLE
- III. LA POLITIQUE FISCALE
-
CHAPITRE TROIS
L'ÉVOLUTION DES CRÉDITS AU SEIN DE CHAQUE AGRÉGAT- I. LE RENFORCEMENT DES MOYENS DE L'ADMINISTRATION GÉNÉRALE
- II. LA PROGRESSION SPECTACULAIRE DES ACTIONS DE CONNAISSANCE DE L'ENVIRONNEMENT ET DE COOPÉRATION INTERNATIONALE
- III. LA VARIÉTÉ DES ACTIONS BUDGÉTAIRES RELATIVES À L'EAU ET LA SOLLICITATION DES AGENCES POUR LEUR FINANCEMENT
- IV. ENCORE PLUS TRIBUTAIRES DÉSORMAIS DE LA DOTATION DE L'ADEME, LES CRÉDITS DE PRÉVENTION DES POLLUTIONS ET DES RISQUES AUGMENTENT NÉANMOINS, À STRUCTURES CONSTANTES
- V. LA CROISSANCE PRIVILÉGIÉE DES DÉPENSES DE PROTECTION DE LA NATURE, DES SITES ET DES PAYSAGES
- VI. L'IMPORTANCE DE LA RECHERCHE
- CONCLUSION
- EXAMEN EN COMMISSION
-
ANNEXE
SYNTHÈSE DES RÉPONSES DU MINISTÈRE DE L'ENVIRONNEMENT AU QUESTIONNAIRE BUDGÉTAIRE DE LA COMMISSION
N° 66
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 1998-1999
Annexe au procès verbal de la séance du 19 novembre 1998.
RAPPORT GÉNÉRAL
FAIT
au nom de la commission des Finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la Nation (1) sur le projet de loi de finances pour 1999 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE ,
Par M.
Philippe MARINI,
Sénateur,
Rapporteur général.
TOME III
LES MOYENS DES SERVICES ET LES DISPOSITIONS SPÉCIALES
(Deuxième partie de la loi de finances)
ANNEXE N° 5
AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE ET ENVIRONNEMENT :
II. - ENVIRONNEMENT
Rapporteur spécial
: M. Philippe ADNOT
(1)
Cette commission est composée de :
MM. Alain Lambert,
président
; Jacques Oudin, Claude Belot, Mme Marie-Claude
Beaudeau, MM. Roland du Luart, Bernard Angels, André Vallet,
vice-présidents
; Jacques-Richard Delong, Marc Massion,
Michel Sergent, François Trucy,
secrétaires
; Philippe
Marini,
rapporteur général
; Philippe Adnot, Denis
Badré, René Ballayer, Jacques Baudot, Mme Maryse
Bergé-Lavigne, MM. Roger Besse, Maurice Blin, Joël Bourdin,
Gérard Braun, Auguste Cazalet, Michel Charasse, Jacques Chaumont, Jean
Clouet, Yvon Collin, Jean-Pierre Demerliat, Thierry Foucaud, Yann Gaillard,
Hubert Haenel, Claude Haut, Alain Joyandet, Jean-Philippe Lachenaud, Claude
Lise, Paul Loridant, Michel Mercier, Gérard Miquel, Michel Moreigne,
Joseph Ostermann, Jacques Pelletier, Louis-Ferdinand de Rocca Serra, Henri
Torre, René Trégouët.
Voir les numéros
:
Assemblée nationale
(
11
ème législ.) :
1078
,
1111
à
1116
et T.A.
193
.
Sénat
:
65
(1998-1999).
Lois de finances. |
PRINCIPALES OBSERVATIONS
A.
SUR LA FISCALITÉ
1. Concernant l'instauration de la TGAP (supprimée par le
Sénat)
a) les raisons invoquées
A première vue, la TGAP peut apparaître comme n'étant
qu'une compilation des cinq taxes qu'elle regroupe.
Le fait générateur de la taxation demeure, dans chaque secteur
considéré, identique . Les modifications d'assiette ne sont pas
fondamentales, sauf, pour mettre fin à certains contentieux, celle de la
taxe sur les huiles usées. Même les modalités de
recouvrement précédentes (par l'ADEME) sont conservées
jusqu'en l'an 2000. Diverses dispositions (contractualisation pluriannuelle des
ressources, création d'un compte spécial du Trésor)
pourraient permettre de garantir l'affectation à l'ADEME d'un certain
montant de crédits.
Pour 1999, dans l'immédiat, la fiscalisation intégrale des
recettes concernées et leur intégration au budget
général est compensée par le versement à l'agence
de ressources supérieures à celles qui lui avaient
été procurées en 1998.
Mais, d'emblée, apparaît une innovation importante qui tient
à la globalisation de l'affectation à l'ADEME du produit des
taxes regroupées.
Avec le système antérieur, en effet, les ressources
dégagées par chacune des cinq taxes devaient être
consacrées à des actions concernant, respectivement, leurs
domaines spécifiques (traitement des déchets, lutte contre la
pollution atmosphérique et le bruit, ramassage et recyclage des huiles
usées).
Il sera désormais possible au Gouvernement de s'affranchir de ces
contraintes et d'imposer à l'ADEME ses propres choix dans la
répartition du produit de la TGAP : le financement par
l'augmentation de la taxe sur les déchets de mesures concernant
l'énergie en est la préfiguration. En outre, cette augmentation
prouve que l'instauration de la taxe générale n'est pas neutre
fiscalement comme il est prétendu.
Dans ces conditions, l'assouplissement des conditions de gestion par l'agence
du produit, désormais globalisé, des cinq
prélèvement, apparaît parmi les différentes raisons
invoquées, comme la véritable priorité.
Les autres arguments invoqués, eux, semblent très
discutables :
- Meilleure lisibilité de la politique fiscale
environnementale ? Globaliser n'est pas clarifier. La complexité
des assiettes respectives des prélèvements, dont le produit est
fusionné, demeure.
- Mise en oeuvre plus efficace du principe pollueur-payeur ? La
spécificité des taxes précédentes n'a pas
empêché une forte augmentation de leur rendement total et le
"juste retour" n'était pas nécessairement perçu par les
intéressés comme un "droit à polluer"
1(
*
)
.
- Contrôle parlementaire accentué ? Trois des cinq taxes
regroupées avaient un caractère fiscal et ne pouvaient donc,
déjà, être modifiées que par une loi.
S'il est exact que l'inscription dans la loi de finances améliore la
situation, particulièrement en ce qui concerne les deux taxes
parafiscales, c'est surtout au niveau de l'information des parlementaires, car
on connaît les limites de l'initiative parlementaire en matière
financière (il est notamment interdit d'affecter une ressource à
une dépense).
b) les regrets
Certains des avantages de l'affectation de chaque prélèvement au
financement de mesures concernant l'activité taxée correspondante
risquent d'être regrettés : niveau garanti de ressources,
autonomie des établissements, gestion associant les collectivités
et les industriels, acceptation facile des contributions et des dépenses
dont l'utilité paraissait évidente.
L'intégration dans la TGAP des redevances perçues par les agences
concernées menace, notamment, le caractère
décentralisé du financement de la politique de l'eau. Même
si de nouvelles instances de concertation sont mises en place, l'implication
des "payeurs" dans la gestion du système risque d'être moins forte.
c) Les craintes
De possibles dérives sont à redouter :
- assignation à la fiscalité écologique d'objectifs a
priori assez éloignés de la protection de l'environnement
2(
*
)
, par exemple en matière de politique
de l'emploi ou d'aide aux plus démunis (c'est ce qu'on appelle le
"deuxième dividende" de cette fiscalité) ;
- diminution de crédits, en dépit des engagements pris (cela
est déjà arrivé pour les lois de programmation militaire),
au profit d'autres priorités ou pour des raisons conjoncturelles
(annulations de dépenses en cours d'exercice) ;
- enfin, multiplication de taxes intégrées à la TGAP
entraînant un accroissement de la pression fiscale globale qui irait
à l'encontre des objectifs poursuivis : les investissements
nécessaires à un développement économique durable
seraient ralentis et les recettes budgétaires correspondantes
réduites (trop d'impôt tue l'impôt).
Or, de nombreuses futures taxes ont vocation à être
intégrées dans la TGAP au côté des redevances des
agences de bassin : taxes sur les gaz à effet de serre, redevance de
modification du régime des eaux (qui est une sorte d'impôt
anti-inondation), taxe sur l'utilisation des engrais et produits
phytosanitaires, ou, enfin, "écotaxe" européenne sur le carbone
et l'énergie.
Leur cumul risque de s'avérer excessif.
d) des dangers réels
D'ores et déjà, on assiste :
- à un alourdissement des prélèvements
intégrés dans la TGAP, qui, au cours des années
précédentes avaient déjà continuellement
augmenté, d'où l'apparition de contentieux,
- à la désaffectation du produit de la taxe sur les
déchets ménagers consacré au financement des mesures
concernant l'énergie,
- à une ébauche de "deuxième dividende"
(20 millions de francs de crédits de l'ADEME sont consacrés
à la maîtrise de l'énergie pour les ménages
démunis ; les redevances des agences de l'eau serviront à
créer des emplois-jeunes...).
Toutes ces raisons expliquent la suppression de la TGAP par le Sénat.
2.
Concernant les déchets
a) TVA au taux réduit sur le traitement des ordures
ménagères
La rédaction de l'article 21 est ambiguë, notamment en ce qui
concerne la valorisation énergétique et l'assujettissement des
déchets résiduels des journaux, magazines et des fermentescibles.
Il est en effet parfois difficile, dans ce dernier cas, de distinguer, au stade
des opérations de ramassage des déchets, celles qui se rapportent
à des produits recyclables et qu'il faut donc inclure dans la collecte
sélective ou séparative.
Il serait souhaitable, afin d'éviter tout contentieux, d'étendre
l'application du taux réduit à l'ensemble des opérations
de collecte et de traitement des ordures ménagères mais il en
coûterait alors 1,3 milliard de francs au lieu de 327 millions
de francs.
b) Taxe sur le stockage
Sans doute conviendrait-il aussi d'assujettir à la taxe sur le stockage,
dans les mêmes conditions que les décharges collectives, les
décharges "internes" des entreprises industrielles, souvent à
l'origine de "points noirs" dont la résorption incombe à la
collectivité.
Enfin, dans certains cas, la surtaxe de 50 % (cf. TGAP), maintenue par
l'article 30 de la loi de finances, frappe des déchets dont l'origine
est certes extérieure au périmètre du plan
d'élimination, mais néanmoins proche des installations de
stockage.
B. SUR LES DÉPENSES
1. On peut s'interroger sur la capacité du ministère de
l'environnement à maîtriser l'augmentation massive de moyens dont
il bénéficie
D'autant que des problèmes de consommation de crédits ont
été rencontrés dans l'exécution des
précédents exercices.
Le taux global de consommation n'était ainsi que de 85 % en 1997, avec
des niveaux particulièrement bas, au titre VI, en ce qui concerne les
subventions d'investissement destinées à l'ADEME (70 %) ou
consacrées à la gestion des eaux et des milieux aquatiques
(40 %) et à la prévention des risques technologiques et
naturels majeurs (50 %).
2. Concernant la relance de la politique de maîtrise de
l'énergie et des énergies renouvelables
Elle semble prématurée en l'absence d'un véritable
débat de fond sur l'avenir du nucléaire dans notre pays.
Comme l'écrit le rapporteur pour avis de la commission de la production
et des échanges de l'Assemblée nationale, "le
développement des énergies renouvelables ne constituera jamais,
à lui seul, une réponse suffisamment globale pour venir
concurrencer l'énergie nucléaire, aussi propre que non
bruyante...".
Quant aux économies d'énergie, elles ne correspondaient pas
à une nécessité urgente dans le contexte économique
actuel.
3. Concernant les créations d'emplois
Depuis 1997, il y a pratiquement un emploi créé dans
l'administration centrale pour 3 dans les DIREN(directions régionales),
ce qui paraît correspondre à un taux d'encadrement
exagéré.
Dans les services déconcentrés, votre rapporteur ne conteste pas
l'existence de certains besoins mais désire qu'il y soit pourvu par des
transferts et des redéploiements plutôt que par des
créations nettes qui alourdissent des charges publiques.
De toute façon, le ministère doit demeurer une administration de
mission. Il ne dispose ni de services départementaux, ni même de
personnel titulaire dépendant directement de lui. Ses moyens
budgétaires restent faibles, on l'a vu, en comparaison de ceux de
l'ensemble des autres ministères oeuvrant pour l'environnement ou des
investissements des agences de bassin et des collectivités locales.
Dans ces conditions, son efficacité demeure fondée sur ses
capacités d'incitation et de persuasion et ne se mesure pas à
l'aune de ses effectifs ou de ses crédits propres.
4. Concernant les missions régaliennes du ministère
Le ministère prétend justifier l'augmentation considérable
des moyens qui lui est consentie cette année et devrait, selon lui, se
répéter les années suivantes, par les missions
régaliennes qu'il est amené à exercer.
Or, il dépend de toute façon, en ce qui concerne ses ressources
humaines, des autres ministères techniques ne disposant pas de personnel
titulaire placé exclusivement sous son autorité.
Ainsi, par des aménagements de statuts de personnel ou des transferts de
crédits, serait-il possible en évitant d'augmenter les
dépenses, de renforcer l'autorité du ministère et de
rationaliser ses attributions, sans qu'il cesse pour autant de se
considérer comme une administration de mission.
5. Concernant les missions environnementales de service public
Des établissements publics, voire des associations, sont
sollicités de façon peu orthodoxe pour l'accomplissement de
certaines missions environnementales de service public qui devraient relever de
l'Etat :
- mise à contribution des agences de bassin, par
l'intermédiaire d'un fonds de concours, pour le financement de missions
de police de l'eau
exercées par l'Etat
;
- contrôle et recouvrement par l'ADEME des parts de TGAP assises sur
les déchets, la pollution atmosphérique et le bruit des
aéroports, alors qu'il s'agit d'un impôt d'Etat ;
- enfin, dans une réponse à une question de votre
rapporteur, il est noté que "en dehors des subventions, quand le
ministère souhaite une prestation particulière, correspondant le
plus souvent à une mission de service public, il passe une commande
directe à telle ou telle association".
De telles pratiques évoquent les "démembrements de l'Etat"
traditionnellement dénoncés par la Cour des Comptes.
6. Concernant les associations
Votre rapporteur s'associe aux remarques formulées par ses
collègues députés et sénateurs, concernant le
manque de lisibilité des documents budgétaires et l'insuffisance
des informations fournies au sujet des subventions aux associations.
Pour exiger plus de transparence et un meilleur encadrement des actions
correspondantes, votre commission a inclus dans un de ses amendements la
suppression de deux mesures nouvelles augmentant les crédits
considérés (au chapitre 44-10, articles 50 et 70).
C. SUR LE DROIT DE L'ENVIRONNEMENT
1. La directive Habitats
Un problème juridique grave se pose du fait de l'absence de
transposition en droit français des dispositions de la directive
susceptibles d'imposer des contraintes aux propriétaires ou aux
gestionnaires des espaces concernés, pouvant donner droit à des
compensations financières.
2. L'atteinte au principe de parité dans la composition des
commissions départementales des sites
L'article 22 de la loi du 3 janvier 1993 sur la protection et la mise
en valeur des paysages a institué dans chaque département une
commission des sites, perspectives et paysages dans laquelle devait être
assurée une parité entre représentants de l'Etat et
élus des collectivités territoriales.
3(
*
)
Or, non seulement cette disposition n'a jamais été
appliquée mais un décret du 23 septembre 1998 est venu la
modifier, après que le Conseil constitutionnel ait
considéré qu'elle était du domaine réglementaire.
Désormais, contre la volonté du législateur, les six
élus de ces commissions se retrouvent dans chacune des formations dans
lesquelles elles sont amenées à siéger, face à
17 représentants des administrations, des associations et des
personnes qualifiées.
4(
*
)
INTRODUCTION
L'évolution de ce budget en 1999 est exceptionnelle.
Il subit les effets, non seulement de l'intégration du produit des cinq
taxes regroupées dans la taxe générale sur les
activités polluantes (TGAP), mais encore de la forte augmentation du
taux des prélèvements correspondants.
Cette majoration permet de financer la relance des économies
d'énergie et des énergies renouvelables.
Mais la progression des crédits hors TGAP est, de toute façon,
sept fois supérieure à celle de la moyenne des dépenses de
l'Etat.
Le budget de l'environnement devrait augmenter ainsi, en 1999, de 107,8 %,
en y incluant le produit de la TGAP, et de 14,8 %, à
périmètre constant, comme le montre le tableau ci-dessous.
La
progression des autorisations de programme (+14,6 %) qui atteignent
916,5 millions de francs, est, elle aussi, très forte.
C'est, pour certains, l'inauguration d'une ère nouvelle, celle d'une
nouvelle fiscalité écologique et d'une administration enfin
promue au rang de ministère "régalien" ou "de plein exercice".
Pour d'autres, dont votre rapporteur, c'est le risque du commencement de la fin
d'un système mutualiste, couronné de succès, depuis trente
ans, dans le fonctionnement duquel chaque sociétaire, pouvant mesurer le
fruit de ses efforts, se sentait profondément impliqué.
L'étatisation de la politique de l'environnement ne signifie pas son
arrivée à l'âge adulte. Celle-ci doit demeurer
décentralisée, déconcentrée,
interministérielle et concertée. Elle ne peut pas
prétendre non plus régler tous les problèmes de la
société, notamment en matière d'emplois et
d'inégalité, elle a suffisamment à faire dans son propre
domaine.
L'efficacité du ministère de l'environnement ne se mesure pas
à l'aune de ses crédits ou de ses effectifs, mais dépend
de ses moyens d'incitation et de coordination, de son pouvoir de persuasion et
de l'adhésion à ses objectifs de tous les partenaires
concernés, grâce à la concertation.
Elle dépend aussi, en définitive, des capacités de
financement des entreprises, des collectivités et des ménages qui
ne doivent donc pas être soumis à des prélèvement
excessifs.
Ce rapport présente le projet de budget de l'environnement, tel qu'il
a été conçu à l'origine par le Gouvernement, en
prenant en compte l'impact de la création de la TGAP, supprimée
par le Sénat.
Mais il présente aussi les raisons fondamentales qui ont conduit votre
commission des finances et la majorité du Sénat à refuser
cette mesure fiscale inacceptable.
CHAPITRE PREMIER
UNE PROGRESSION EXCEPTIONNELLE ET
GÉNÉRALISÉE DES DÉPENSES
Deux mesures exceptionnelles, la budgétisation de l'intégralité des ressources de l'ADEME 5( * ) d'une part, et, la relance des économies d'énergie et des énergies renouvelables, d'autre part, exercent un très fort impact sur ce budget. Mais, elle n'expliquent pas, à elles seules, la forte augmentation des crédits du ministère qui affecte pratiquement tous les postes de dépense.
I. DEUX MESURES EXCEPTIONNELLES ONT UN TRÈS FORT IMPACT SUR CE BUDGET...
A. LES RESSOURCES ET LES DÉPENSES SONT CONCERNÉES...
Côté recettes, on assiste à une intégration dans le budget de l'Etat de la totalité des ressources de l'ADEME ; côté dépenses, la relance de la politique de maîtrise de l'énergie et des énergies renouvelables mobilise des mesures nouvelles d'un montant très élevé (500 millions de francs).
1. La budgétisation de l'intégralité des ressources de l'ADEME
L'instauration d'une taxe générale sur les activités polluantes (TGAP) dans laquelle se trouvent fusionnées les cinq taxes dont le produit était auparavant directement affecté à l'ADEME, donne lieu au versement à cette agence de la recette correspondante, à partir du budget de l'Etat dans lequel elle se trouve désormais intégrée (au sein de la dotation du ministère de l'environnement, en majeure partie, et aussi à l'intérieur de celle du ministère de l'industrie).
a) L'instauration de la TGAP
Trois
des cinq taxes fusionnées par l'article 30 du projet de loi de
finances ont un caractère fiscal : les deux taxes sur les
déchets, ménagers d'une part, et industriels d'autre part, et la
taxe d'atténuation des nuisances sonores aéroportuaires.
Les deux autres, sur la pollution atmosphérique et les huiles de base
sont de nature parafiscale.
Le tableau ci-dessous en résume les principales
caractéristiques.
Taxes |
Texte institutif |
Redevables |
- Taxes sur le stockage des déchets ménagers et assimilés |
Loi du
13 février 1992
|
- Exploitants d'une installation de stockage |
- Taxe sur les déchets industriels spéciaux |
Loi du
2 février 1995
|
- Idem |
- Taxe sur les nuisances sonores aéroportuaires |
Loi du
31 décembre 1992
|
- Exploitants d'aéronefs de plus de deux tonnes |
- Taxe parafiscale sur la pollution atmosphérique |
Décret n° 85-582
|
- Exploitants d'une installation classée d'une certaine importance, rejetant des substances nocives dans l'atmosphère |
- Taxe parafiscale sur les huiles de base |
Instituée en 1986,
modifiée par les décrets
des
|
- Personnes livrant, vendant ou produisant des huiles usagées dont le rejet est interdit ou des lubrifiants susceptibles de produire de telles huiles |
NB/ Le poids (des déchets, substances ou huiles polluantes des avions) est un élément déterminant de l'assiette avec, en plus, dans ce dernier cas, les caractéristiques acoustiques de l'appareil. |
En fait,
l'instauration de la TGAP ressemble plus à une compilation des cinq
anciens prélèvements qu'à la création d'une
imposition vraiment nouvelle
6(
*
)
dans la mesure
où les faits générateurs demeurent identiques, les
assiettes ne sont pas fondamentalement modifiées sauf, pour des raisons
juridiques, celle de la taxe sur les huiles de base
7(
*
)
.
Les cinq taxes conservent ainsi leur spécificité mais leur
produit est consolidé et affecté globalement à l'ADEME qui
le répartit en fonction de ses priorités ou plutôt,
semble-t-il, de celles du Gouvernement.
b) La compensation offerte à l'ADEME
Du fait
de la création de la TGAP -et c'est là, dans l'immédiat,
la principale nouveauté- le produit des cinq taxes est affecté,
non plus directement à l'ADEME, mais au budget général.
Mais, l'agence, en compensation, se voit reverser l'équivalent, à
partir des budgets de l'environnement et de l'industrie.
C'est heureux pour elle dans la mesure où plus de 70 % de ses
dépenses d'intervention et 30 % de ses dépenses de
fonctionnement étaient couverts jusqu'ici par ces recettes fiscales et
parafiscales.
Le montant de la compensation fait l'objet de deux estimations
différentes dans le "bleu" de l'environnement, ce qui, -on l'imagine- ne
facilite pas la tâche de votre rapporteur.
Page 58, il est écrit, s'agissant de l'ADEME, qu'"une dotation
nouvelle de 1.435 millions de francs (105 millions de francs sur le
titre IV et 1.330 millions de francs sur le titre VI) vient
compenser la suppression des taxes affectées, du fait de la
création de la TGAP dont le produit bénéficie au budget
général".
Mais, aux pages 34 et 40, il est estimé que la contrepartie de
l'institution de la TGAP se monte à 145 millions de francs, au
titre IV, au titre du renforcement des moyens de l'agence, et à
1.623 millions de francs en autorisations de paiement et en crédits
de paiement, au titre VI (subvention d'investissement), ce qui fait un
total, non plus de 1.435 millions de francs, mais de 1.768 millions
de francs.
Dans le premier cas, les mesures nouvelles en faveur des économies
d'énergie et des énergies renouvelables ne sont pas couvertes par
la TGAP, alors qu'elles le sont dans la deuxième hypothèse.
En réalité, le bon sens conduit à penser que ce sont
effectivement les 1.935 millions de francs rapportés par la
nouvelle taxe qui financent intégralement le supplément de
dépenses relatif à l'énergie (500 millions de
francs). 333 millions de francs se trouvent inscrits dans le budget de
l'environnement et 167 millions de francs dans celui de l'industrie. Cette
supposition est corroborée par le fait que le rendement des cinq taxes
fusionnées doit augmenter, en 1999, de 613 millions de francs, ce
qui permet de gager la dépense considérée.
Utilisation du produit de la TGAP |
|
|
(en millions de francs) |
Ressources |
Affectation |
- Taxe déchets ménagers 1.337 |
Budget de
l'environnement
|
- Taxe déchets industriels spéciaux 165 |
Titre VI : 1.623 (2) |
- Taxe pollution atmosphérique 222 |
Total : 1.768 (3) |
- Taxe nuisances sonores 89 |
Budget de l'industrie |
- Taxe huiles de base 121 |
Total : 167 |
|
TOTAL 1.935 |
(1) dont 40 millions de francs au titre de la création de 100 emplois pour l'énergie |
|
(2) dont 293 millions de francs de mesures nouvelles pour l'énergie |
|
(3) dont 333 millions de francs (40 + 293) au titre de la politique d'économies d'énergie et des énergies renouvelables |
2. L'importance de la dotation destinée à la relance des économies d'énergie et aux énergies renouvelables
a) Présentation d'ensemble
L'augmentation du rendement des taxes intégrées
dans
la TGAP, et principalement de celles sur les déchets ménagers et
industriels, permet donc de concrétiser les intentions exprimées
par le Premier ministre en janvier 1998.
500 millions de francs sont ainsi consacrés - on l'a vu - à
la relance des économies d'énergie et au développement des
énergies renouvelables.
Ce montant considérable se décompose - comme il a
été montré - en :
- 333 millions de francs inscrits au budget de l'environnement, dont
40 millions de francs au titre de la création à l'ADEME de
100 emplois et 293 millions de francs de subventions d'investissement
- et 167 millions de francs au budget de l'industrie.
D'après le projet d'entreprise, en cours d'approbation, de l'agence, les
actions de celle-ci devraient donner lieu chaque année, durant la
période 1999-2002, à des dépenses ainsi réparties :
PROGRAMMATION DES ACTIONS DE L'ADEME
Maîtrise de l'énergie : |
|
- aide à la décision dans l'industrie |
60 |
- aide
à la décision dans le bâtiment, préparation à
la
|
50 |
- maîtrise de l'énergie pour les ménages démunis |
20 |
-
optimisation des réseaux de chaleur et traitement
|
20 |
-
maîtrise de la demande d'électricité, coopération
|
55 |
Energies renouvelables |
|
- plan
bois, chaudières collectives et labellisation des
|
50 |
- énergies renouvelables dans les DOM-TOM et en Corse |
45 |
- programme solaire thermique |
46 |
- éolien |
20 |
Source : projet d'entreprise de l'ADEME |
|
b) La maîtrise de l'énergie
Au titre de la maîtrise de l'énergie, la priorité sera donnée au renforcement de la réglementation thermique dans l'habitat et le secteur tertiaire . L'accent sera mis aussi sur la maîtrise de la demande d'électricité , tant en ce qui concerne la diffusion de lampes de basse consommation pour l'éclairage que l'amélioration des équipement électroménagers.
c) Le développement des énergies renouvelables
Le
développement des énergies renouvelables est le second axe de la
stratégie gouvernementale. L'ADEME va d'abord renforcer son soutien
à la
filière bois-énergie.
Deux nouveaux programmes
ont été initiés en 1998 : le premier est destiné
à la valorisation énergétique des déchets de la
filière bois et des résidus de l'exploitation forestière,
qu'un taux de TVA réduit devrait conforter au même titre que le
tri sélectif des déchets ménagers ; le second vise
à encourager les gestionnaires de décharges d'ordures
ménagères et de stations d'épuration à se doter
d'installations de
combustions propres
à valoriser sous forme de
chaleur ou d'électricité le gaz naturel (méthane) issu de
la fermentation de ces matières, sans compromettre pour autant
l'utilisation des boues des stations d'épuration à des fins
agricoles, là où leur composition le permet.
La dotation de l'ADEME devrait également permettre
d'accélérer le
programme Eole 2005,
conduit par EDF en
liaison avec l'Agence, et porter le potentiel du parc de mégawatts
à 500 mégawatts à l'horizon 2005. Une nouvelle tranche de
100 mégawatts a été lancée, dont 25 seront
réservés à la Corse et aux départements
d'outre-mer, régions non reliées au réseau alimenté
par l'énergie nucléaire et où les coûts de
production d'électricité sont très élevés.
Quant à
l'énergie solaire
, l'ADEME s'attachera à
identifier la diffusion de ces techniques. Parallèlement, l'effort de
recherche-développement sera poursuivi, notamment pour l'énergie
photovoltaïque.
B. UNE INFLUENCE CONSIDÉRABLE
1. Un accroissement global spectaculaire des dépenses
Ce budget fait plus que doubler (+107,8 %), en grande partie parce qu'il intègre l'essentiel (1768 MF sur 1935 MF) de la compensation versée à l'ADEME, en contrepartie de la suppression de l'affectation des cinq taxes, désormais regroupées dans la TGAP, dont elle bénéficiait auparavant.
2. Un déséquilibre entre les différents agrégats au profit de la prévention de la pollution et des risques
Les
dépenses de l'ADEME inscrites dans le budget de l'environnement figurent
dans l'agrégat 04 "Prévention des pollutions et des risques".
Du fait de la budgétisation de la quasi totalité des moyens de
l'agence (hormis ses ressources propres qui ne couvrent que 8 % de ses
dépenses de fonctionnement), les crédits de cet agrégat
effectuent un bond spectaculaire puisque leur montant qui passe de
387 millions de francs à 2,2 milliards de francs est
quintuplé.
TGAP incluse, les actions de prévention des pollutions et des risques
mobilisent ainsi plus de la moitié du total de ce budget et près
de 80 % de ses mesures nouvelles (1,87 milliard de francs sur
2,35).
3. La part de la politique de l'énergie
Les
333 millions de francs consacrés à la relance des
économies d'énergie et des énergies renouvelables
représente 17,7 % des mesures nouvelles de l'agrégat 04 et
plus de 14 % (14,18 %) du total de celles de ce budget.
Mais la compensation de la TGAP et les mesures concernant l'énergie ne
suffisent pas à expliquer la forte augmentation du budget de
l'environnement prévue pour 1999.
II. ... MAIS L'AUGMENTATION DES DÉPENSES EST DE TOUTE FAÇON FORTE ET GÉNÉRALE
On
s'aperçoit que les mesures exceptionnelles décrites plus haut
n'expliquent pas, à elles seules, la forte progression des
dépenses de ce budget qui est générale.
En effet, tous les agrégats progressent, bien que de façon
inégale ; les ressources affectées à l'ADEME augmentent,
hors TGAP. De nombreuses créations d'emplois sont prévues, non
seulement à l'ADEME, mais aussi dans les services généraux
et pour le renforcement du réseau d'espaces naturels
protégés. Enfin, les actions de prévention des risques
naturels sont intensifiées.
A. TOUS LES AGRÉGATS PROGRESSENT MAIS DE FAÇON CEPENDANT INÉGALE
1. L'accroissement des crédits n'épargne aucun ensemble de dépenses...
Hors
TGAP, les différents agrégats, et leur part dans le budget de
l'environnement, évoluent de la façon suivante :
On aperçoit que si l'augmentation des dépenses n'épargne a
priori aucun domaine d'action, elle n'est cependant pas uniforme.
2. Mais des inégalités sont constatées
Il
convient tout d'abord de tenir compte non seulement des taux d'accroissement
mais aussi des progressions en valeur absolue et de la part des
différents agrégats dans le budget.
Il apparaît alors que :
-
L'agrégat 02 "connaissance de l'environnement et
coopération internationale :
connaît la plus forte
augmentation de dépenses en pourcentage (+ 33 %) mais
seulement la cinquième pour le montant des mesures nouvelles
(34,10 MF), compte-tenu de ce qu'il ne représente que 5 % de
ce budget.
- A l'opposé,
l'agrégat 04 "prévention des
pollutions et des risques"
qui est l'avant dernier, en rythme la
progression (+ 9,6 %), hors TGAP, est le deuxième par
l'importance, en valeur absolue, de ses mesures nouvelles (109 MF), du
fait de son poids dans l'ensemble des dépenses (19,5 %).
-
L'agrégat 05 "Protection de la nature, des sites et des
paysages"
est privilégié à tout point de vue ; il
croît de près de 20 % (+ 19,70 %) et se voit
affecter plus de 250 millions de francs (256,6) soit 44 % des mesures
nouvelles hors TGAP.
Il correspond à 30 % du budget.
-
L'agrégat 01 "Administration générale"
qui
occupe à peu près la même proportion dans l'ensemble des
crédits (29,60 %) connaît un pourcentage d'augmentation des
dépenses (+12,20 %) et une allocation de mesures nouvelles
(71,80 millions de francs) beaucoup plus réduits.
- L'évolution de
l'agrégat 03 "protection de l'eau et des
milieux aquatiques"
(+14 %, 80 MF de mesures nouvelles) se situe
à peu près dans la moyenne. Il s'agit de 12,2 % du budget.
- L'agrégat 06 "recherche"
demeure le plus modeste à
tous égards (3,70 % des dépenses, seulement 6,9 % de
progression et 28,2 millions de francs de mesures nouvelles).
Au total, les agrégats 04 (prévention des pollutions) et 05
(protection de la nature et des sites), représentent environ 50 %
du budget et mobilisent plus de 60 % de ses mesures nouvelles. Mais les actions
de protection de l'eau, tout aussi importantes, dépendent surtout -
faut-il le rappeler ? - des moyens des agences de bassin.
B. LES RESSOURCES AFFECTÉES À L'ADEME AUGMENTENT EN ELLES-MÊMES, INDÉPENDAMMENT DE LEUR BUDGÉTISATION
L'impact, déjà étudié, de la
budgétisation des ressources de l'ADEME se trouve renforcé par la
forte augmentation du produit de chacune des cinq taxes regroupées dans
la TGAP.
En outre, l'agence bénéficie, dans ce budget, de crédits
d'un montant au total supérieur à ceux qui lui sont
alloués à titre de compensation de l'instauration de la
TGAP.
1. La hausse sensible du produit des taxes environnementales
Le tableau suivant rend compte de la majoration du produit des cinq taxes regroupées dans la TGAP.
Produit des taxes affectées à l'ADEME |
|||
|
|
|
en millions de francs |
Taxe |
1998 |
1999 |
1999/1998 |
Taxe sur le traitement et le stockage des déchets ménagers |
875 |
1337 |
+462 (+52,8 %) |
Taxe sur le traitement et le stockage des déchets industriels spéciaux |
101 |
165 |
+64 (+63,4 %) |
Taxe sur le pollution atmosphérique |
194 |
222 |
+28 (+14,4 %) |
Taxe sur les nuisances sonores |
40 |
89 |
+49 (+122,5 %) |
Taxes sur les huiles de base |
111 |
121 |
+10 (+9 %) |
Total |
1322 |
1935 |
+613 (+46,37 %) |
Il
apparaît que ces prélèvements augmentent fortement,
particulièrement celui sur les déchets ménagers dont les
recettes (462 MF) correspondent presque, à elles seules, au montant
des mesures nouvelles concernant l'énergie (500 MF).
Ainsi, à l'effet sur ce budget de la compensation, au profit de l'ADEME,
des conséquences de l'instauration de la TGAP, s'ajoute celui de la
hausse très sensible des impositions correspondantes.
Les conséquences de la budgétisation de
l'intégralité des ressources de l'agence s'en trouvent
renforcées.
2. Les autres crédits budgétaires de l'agence
Le
tableau qui suit montre que l'ADEME bénéficie de crédits
en sus de ceux correspondant à l'affectation, par l'intermédiaire
de ce budget, de la plus grande partie du produit de la TGAP.
L'agence reçoit ainsi du ministère de l'environnement
66,1 millions de francs hors TGAP, dont 59,6 millions de francs de
mesures nouvelles au titre VI pour la surveillance de la qualité de
l'air et 6,5 millions de francs de contribution à ses
dépenses de fonctionnement au titre IV.
Une comparaison entre les deux tableaux qui précèdent montre
qu'une désaffection des recettes des cinq taxes regroupées dans
la TGAP est déjà programmée. En effet, leurs produits
respectifs ne sont pas identiques aux montants des dépenses
correspondantes prévues au chapitre 67-30.
Le total des subventions d'investissement de l'article 20 de ce chapitre
(déchets ménagers et assimilés : 811 millions de
francs), par exemple, n'est pas du tout équivalent à celui des
recettes de la taxe sur les déchets (1337 MF).
C. DE NOMBREUSES CRÉATIONS D'EMPLOIS SONT PRÉVUES
1. Aperçu d'ensemble
140
emplois
8(
*
)
sont créés, 29 en
administration centrale et 111 dans les services déconcentrés. Le
ministre y voit la preuve de l'accession de son département
ministériel au rang de ministère "régalien" ou de "plein
exercice". Il s'agit de créations nettes et non de transferts ou de
redéploiements.
S'y ajoutent 187 nouveaux postes, pour la plupart non budgétaires dans
les établissements publics placés sous la tutelle du
ministère.
Ces nouveaux emplois seraient ainsi répartis :
Il est prévu, enfin, que les agences de l'eau recrutent 225 personnes
chargées de concevoir des projets locaux permettant de mobiliser
8000 emplois jeunes.
2. Les justifications avancées
a) Pour l'administration générale
L'évolution des effectifs budgétaires du
ministère devrait être la suivante.
Les raisons invoquées pour justifier ces créations nettes
d'emploi sont les suivantes :
1)
Concernant l'administration centrale :
élargissement du
champ de ses compétences (loi sur l'air, questions
européennes...), activité accrue dans le domaine juridique,
manque d'experts et de spécialistes du droit et des questions
budgétaires, effectifs plus faibles que dans des pays européens
comparable.
2)
Concernant les services déconcentrés :
disparité et dimension réduite (44 agents en moyenne) des
DIREN face à l'ampleur et à la diversité de leurs
tâches (prévention, contrôle, concertation, police).
Insuffisance, soulignée par la Cour des comptes, de l'inspection des
installations classées (796 emplois, y compris les services
vétérinaires, pour 63.000 établissements soumis
à autorisation).
b) Pour les établissements publics
Il
s'agit d'emplois non budgétaires mais dont la création est
subventionnée au titre :
- de
l'amélioration de la connaissance de l'environnement
(9
emplois à l'Institut français de l'environnement)
- du
renforcement de la police de l'eau
(28 emplois au Conseil
supérieur de la pêche)
- de la
relance de la politique de maîtrise de l'énergie
et des énergies renouvelables
(100 emplois à l'ADEME)
- du
renforcement du réseau d'espaces naturels
protégés
constitué par :
• le Conservatoire de l'espace littoral et des rivages lacustres (4
emplois),
• l'Institut d'écologie et de gestion de la
biodiversité (IEGB) rattaché au muséum d'histoire
naturelle (4 emplois),
• et les parcs nationaux (23 emplois au total dans les parcs de
Port Cros, des Pyrénées, des Ecrins et de la Guadeloupe et pour
la création de celui de la forêt tropicale de Guyane)
- enfin, de
l'amélioration des capacités d'expertise de
l'Institut National de l'Environnement Industriel et des Risques
(création de 19 postes dont 2 de chercheurs), notamment dans le
domaine des carrières et en écotoxicologie).
Dans le contexte budgétaire actuel qui impose la réduction des
déficits publics, votre rapporteur estime que ces diverses
créations d'emploi ne s'imposaient pas ou du moins auraient dû,
soit être reportées soit assurées par des transferts ou des
redéploiements d'effectifs (voir plus loin).
D. LE POIDS DE LA PRÉVENTION DES RISQUES NATURELS S'ACCROÎT
La prévention des risques naturels est une action transversale qui mobilise à la fois des crédits des agrégats 03 (Protection de l'eau et des milieux aquatiques) et 04 (Prévention des pollutions et des risques). Elle met aussi à contribution les budgets des ministères de l'agriculture et de l'équipement ainsi que les agences de l'eau, dont ce n'était pourtant pas la vocation initiale.
1. Les dégâts des eaux
Il est
difficile de distinguer, au sein des dotations concernées, ce qui
relève strictement de la prévention des dégâts des
eaux (assurance des crues, protection contre les inondations), de ce qui est
lié à la gestion des ressources en eau (barrages), ou à
l'entretien du cours d'eau.
La mise en oeuvre du programme décennal de prévention des risques
naturels lancée en 1994, auquel est intégrée une partie du
plan "Loire", mobilisera en 1999 une somme importante : 346 millions de francs
dont 214 millions de francs de crédits-budget de l'environnement,
22 millions de francs en provenance des budgets de l'agriculture et de
l'équipement et 110 millions de francs procurés par un fonds
de concours des agences de l'eau.
Ce programme finance cependant pour l'essentiel des travaux de restauration et
d'entretien des cours d'eau mais tend aussi à améliorer la
gestion des zones inondables et à renforcer les systèmes
d'assurances des crues.
Quant au plan "Loire grandeur nature", il s'attache certes à
améliorer la sécurité des personnes et des biens en cas de
crue, mais s'efforce, par ailleurs, d'améliorer la satisfaction des
besoins en eau et de préserver les milieux naturels concernés.
Après l'achèvement des travaux de mise en sécurité
de Brives-Charensac, il est prévu, en 1999, de financer des travaux de
restauration et d'entretien du lit du fleuve.
Mais la sécurité aura aussi sa part.
Au
total, les dépenses de prévention des inondations au sens strict
devraient s'élever en 1999 à :
26 millions de francs dans le cadre du plan Loire (dont 20 millions de
francs pour le renforcement des levées, 2,5 millions de francs pour
l'annonce de crues et le reste pour la réalisation d'un atlas de zones
inondables et l'évaluation des travaux de protection contre les crues de
la Loire moyenne) :
40 millions de francs, dont 2 millions de francs de mesures nouvelles,
dans d'autres bassins pour l'amélioration des systèmes d'annonce
des crues.
Mais ces chiffres, communiqués par le ministère, sont à
considérer avec précaution dans la mesure où ils
résultent d'un amalgame entre dépenses ordinaires (annuelles) et
autorisations de programme (pluriannuelles !).
A la lecture du "bleu" de l'environnement, il ne paraît pas possible,
dans de nombreux chapitres, d'isoler les dépenses relatives à
l'annonce des crues et à l'hygrométrie de celles concernant la
police et la gestion des eaux (chap. 34-10 , 57-20).
Toutefois, l'article 20 du chapitre 67-20 du budget comporte une dotation importante (74,3 millions de francs dont 27,3 millions de francs de mesures nouvelles) exclusivement consacrée à la protection des lieux habités contre les inondations en métropole et en outre-mer.
2. Les autres risques naturels
Outre
ceux consacrés à la prévention des inondations qui
viennent d'être décrites, le budget comporte des crédits,
inscrits dans un autre agrégat, concernant les risques naturels dans
leur ensemble.
Il s'agit des dangers liés non seulement à la submersion de zones
inondables, mais aussi aux incendies de forêt, aux tremblements de terre,
aux glissements de terrains, etc...)
La prévention des risques naturels repose avant out sur la connaissance
du risque et sur la maîtrise de l'aménagement des zones
considérées comme vulnérables. A cet effet, la loi du 2
février 1995 relative au renforcement de la protection de
l'environnement a créé un nouvel outil, le plan de
prévention des risques naturels prévisibles (PPR) qui se
substitue aux nombreux documents existants dans un souci de simplification et
de déconcentration
9(
*
)
Dès 1994, un programme quinquennal avait été
établi dans chaque département afin que les 2.000 communes les
plus vulnérables soient couvertes par un plan de prévention des
risques en l'an 2.000. Cette programmation a été
réactualisée en 1998 et il a été
décidé de réaliser 10.000 PPR au cours des dix prochaines
années.
Au 15 juillet 1996, 3.831 PPR étaient approuvés. Près de
1.800 plans sont en cours d'élaboration. Le projet de budget pour 1999
prévoit de consacrer 25 millions de francs supplémentaires
à cette action, l'objectif est d'approuver 5.000 PPR dans cinq ans
à venir et de développer l'information des populations.
L'évolution des crédits correspondants doit être la
suivante (leur montant n'était que de 20 millions de francs en
1993).
|
1998 |
1997 |
Dépenses de prévention
des
|
42 MF |
67 MF 10( * ) |
|
|
|
A ces
crédits budgétaires s'ajoutent ceux du nouveau fonds de
prévention des risques majeurs (environ 125 millions de francs par an)
alimenté par la surprime "catastrophes naturelles : ces contrats
d'assurance institués par la loi du 2 février 1995 relative au
renforcement de la protection de l'environnement.
Ces sommes permettent de financer des opérations d'expropriation ainsi
que des travaux de présentation.
Ainsi, les dépenses de protection contre les risques naturels mobilisent
au total des crédits importants et croissants, surtout si l'on
considère que l'entretien et la restauration des cours d'eau
relèvent de la prévention des inondations au sens large et
doivent, à ce titre, y être inclus.
* * *
La forte
progression de ce budget ne résulte donc pas seulement de
l'intégration des ressources fiscales de l'ADEME et de leur baisse
sensible.
Malgré la volonté des services de l'environnement, que cette
évolution traduit, de passer du statut d'une administration de mission
à celui d'un ministère "régalien", les actions
concernées conservent leur caractère décentralisé,
déconcentré et interministériel.
CHAPITRE DEUX
DES ACTIONS DONT L'EXÉCUTION
REPOSE EN MAJEURE PARTIE SUR DES MOYENS EXTÉRIEURS À CE
BUDGET
Malgré sa forte augmentation, ce budget n'est pas, loin s'en faut, l'unique instrument de la mise en oeuvre de la politique de l'environnement. Celle-ci dépend même, dans une beaucoup plus large mesure, d'autres moyens, ceux des collectivités locales, des agences de l'eau, des autres ministères...
I. LES LIMITES DES INSTRUMENTS DU MINISTÈRE DE L'ENVIRONNEMENT
A. UN POIDS BUDGÉTAIRE QUI N'EST PAS DÉTERMINANT
Malgré les effets de l'intégration des
ressources de
l'ADEME et en dépit de la forte progression de ses crédits, hors
TGAP, ce budget ne représente encore que 0,3 % des dépenses
civiles de l'Etat.
Les dépenses environnementales des autres ministères lui sont au
total supérieures comme cela sera montré plus loin.
B. L'ABSENCE DE PERSONNEL EN PROPRE
Les
effectifs du ministère ne représentent que 0,14 % des personnels
civils de l'Etat.
Le ministère rémunère ainsi 2.412 agents dont 472 en
administration centrale.
Les services déconcentrés, qui mènent, sur le terrain, une
action essentielle, sont de dimension réduite (44 agents par Direction
régionale en moyenne).
Il est à noter que les DIREN sont les seuls services
déconcentrés à vocation exclusivement environnementale.
Ne disposant pas de structures propres au niveau départemental, le
ministère est appelé à recourir largement, à ce
niveau, aux services d'autres ministères (directions
départementales de l'agriculture et de la forêt, des services
vétérinaires, de l'équipement, de l'action sanitaire et
sociale....)
Il est le seul ministère technique qui ne dispose pas de personnel
titulaire dépendant directement de lui
.
Ainsi, les crédits de personnel inscrits dans son budget se trouvent
transférés en cours d'exercice vers ceux des autres
départements ministériels qui gèrent effectivement les
effectifs en cause relevant de différents statuts (Economie, Finances et
Industrie : 755 agents ; Equipement, transports et logement : 1.253 agents ;
Agriculture et pêche : 400 agents ; INSEE : 3 agents...)
Il en va de même pour l'inspection des installations classées qui
est assurée par plusieurs services : DRIRE (directions régionales
de l'industrie, de la recherche et de l'environnement), direction des services
vétérinaires, direction départementale de l'action
sanitaire et sociale (DDASS), etc...
Les 753 postes relevant des DRIRE (inspection des installations classées
industrielles
) sont inscrits dans le budget de l'environnement, mais
c'est le ministère de l'industrie qui en assure la gestion. La tutelle
sur ces services est exercée conjointement par de nombreux
départements ministériels.
Quant aux 195 agents qui se consacrent à l'inspection des installations
classées agricoles et agro-alimentaires, ils sont
rémunérés sur des postes budgétaires du
ministère de l'agriculture.
Même l'ADEME, qui pourrait être considérée comme le
bras séculier du ministère dans de nombreux domaines importants
(déchets, bruit, qualité de l'air, énergie) est soumise
à la tutelle de 3 ministère différents : environnement,
industrie, recherche.
Cette situation appelle deux remarques :
elle résulte, d'une part, du caractère
interministériel de la politique de l'environnement (voir plus loin) ;
elle pourrait être modifiée (par des restructuration de
services, des transferts de compétence, des changements de statut...)
sans qu'il en coûte pratiquement rien aux finances publiques.
II. UNE POLITIQUE DÉCENTRALISÉE, DÉCONCENTRÉE ET INTERMINISTÉRIELLE
Deux annexes "jaunes" aux lois de finances précisent l'importance du rôle joué, en matière environnementale, par les collectivités locales, les instances déconcentrées (au premier rang desquelles figurent les agences de l'eau) et les autres ministères.
A. LE RÔLE DES COLLECTIVITÉS LOCALES
Le
tableau ci-dessous extrait du "jaune" précité montre que pour
l'année 1997 (les données ultérieures n'étant pas
encore disponibles), les dépenses environnementales totales des
collectivités locales ont dépassé 120 milliards de
francs.
Les deux postes les plus importants concernaient :
- l'eau, avec près de 46 milliards consacrés à
l'assainissement et l'épuration et un peu moins de 30 milliards
pour la mobilisation des ressources correspondantes
- et les déchets au traitement desquels ont été
destinés 27,5 milliards de francs.
La gestion des eaux usées et des déchets représentait les 9/10e des interventions considérées et explique l'essentiel de la progression des dépenses qui a concerné essentiellement le fonctionnement des équipements, dans un contexte de stagnation globale des investissements.
B. LES INTERVENTIONS DES AGENCES DE L'EAU
1. Une autonomie financière complète
La
déconcentration des interventions de l'Etat en matière
environnementale prend le plus souvent la forme d'une délégation
à des établissements publics de mission d'intérêt
général dans des domaines particuliers.
Certains de ces établissements comme l'ADEME, l'INERIS ou l'ANDRA
(Agence nationale des déchets radioactifs) ont un caractère
industriel et commercial.
D'autres tels l'IFEN (Institut Français de l'Environnement) sont des
établissements publics administratifs.
C'est le cas des six agences de l'eau (correspondant aux bassins Adour-Garonne,
Artois-Picardie, Loire-Bretagne, Rhin-Meuse,
Rhône-Méditerranée-Corse et Seine-Normandie) qui
effectuent, loin devant l'ADEME, les dépenses les plus importantes et
sont, de surcroît, les seules à ne disposer d'aucun crédit
budgétaire. L'intégralité de leurs recettes provient, en
effet, de leurs ressources propres, ce qui accroît, du moins
théoriquement, leur indépendance, en comparaison des autres
établissements, pourtant dotés eux aussi d'une autonomie
financière.
Sur un total de 15,5 milliards de francs dépensés, sur leurs
ressources propres, par les établissements sous tutelle du
ministère de l'Aménagement du territoire et de l'environnement en
1998, la part des agences de l'eau était de 12,8 milliards de
francs (soit 83 %), et celle de l' ADEME de 1,36 milliard de francs,
comme l'indique le tableau suivant.
2. Un modèle original et efficace
Le
système mis en place, il y a plus de trente ans, par la loi
n° 64-1245 du 16 décembre 1964 est original à plus d'un
titre. Il repose sur le principe pollueur-sociétaire.
Les agences établissent et perçoivent des redevances
destinées à couvrir les dépenses prévues dans le
cadre d'un programme pluriannel d'intervention. De fait, les redevances de
prélèvement et de pollution collectées auprès des
usagers s'apparentent à un prélèvement fiscal, dont le
volume, comme le montre le tableau qui précède, est devenu
très important.
Il en résulte une tarification tendant à la fois à tenir
compte du fait que l'eau devient une ressource rare et à faire supporter
par leurs auteurs le coût des dommages causés à
l'environnement.
Si les agences sont placées sous la tutelle de l'Etat, elles sont
cependant dotées de la personnalités juridique et de l'autonomie
financière ; chacune d'entre elle est chargée de faciliter les
actions d'intérêt commun du bassin hydrographique par
l'attribution de subventions et de prêts.
Le cadre d'intervention retenu est, ainsi, le bassin hydrographique qui
constitue l'échelle géographique la plus pertinente et ne
correspond à aucune division administrative. Le décret n°
66-700 du 14 septembre 1966 définit six agences de bassin
couvrant le territoire métropolitain qui sont, dans l'ordre d'importance
financière : Seine-Normandie,
Rhône-Méditerranée-Corse, Rhin-Meuse, Loire-Bretagne, et
Artois-Picardie.
Ce système particulier a largement démontré son
efficacité. Il repose sur une concertation permanente entre les
élus, les usagers, les associations et l'Etat.
L'intervention des agences tend à rationaliser la gestion des ressources
en eau. Elles soutiennent les programmes d'assainissement des communes et de
dépollution industrielle, la lutte contre les pollutions
d'élevage et les actions orientées vers la maîtrise des
pollutions d'origine agricole.
Après avoir ainsi fait ses preuves, le modèle français est
en train de faire école.
La future directive cadre de l'Union européenne pour l'action
communautaire dans le domaine de l'eau s'inspire, en effet, largement de ses
principes fondateurs ; gestion équilibrée et globale des usages
de l'eau par bassin hydrographique, planification pluriannuelle, couverture des
coûts par une tarification à la charge des usagers...
3. Le VIIe programme
Le VIIe
programme quinquennal des agences de l'eau (1997-2001) a retenu le principe
d'une stabilisation des redevances dont le montant global devrait être
plafonné à 51 milliards de francs.
Les aides accordées en contreparties par les six agences devraient
être les suivantes .
Les six
priorités du VIIe programme demeurent : assainissement des
collectivités locales, lutte contre la pollution industrielle,
maîtrise des pollutions d'origine agricole, amélioration de la
ressource en eau, et de la qualité de l'eau potable et
préservation des milieux naturels.
Par ailleurs, un effort financier est consenti pour le milieu rural, notamment
pour y améliorer l'assainissement et la qualité
bactériologique de l'eau distribuée, réduire la pollution
due aux nitrates (élevage, grandes cultures), mettre en
conformité les périmètres de protection des captages d'eau
potable, améliorer la qualité du milieu naturel aquatique et
soutenir l'assainissement autonome.
Enfin, il est prévu d'améliorer la connaissance des eaux
souterraines et d'accroître le montant des aides destinées
à l'entretien des installations, à la surveillance et au
contrôle de leur fonctionnement.
Deux nouveautés importantes apparaissent :
- la participation des agences au financement du programme décennal
de prévention des inondations
11(
*
)
par
le rattachement, à l'article 30 du chapitre 67-20 du budget de
l'environnement, d'un fonds de concours annuel de 110 millions de francs ;
- la création, pour 1999, d'un deuxième fonds de concours de
140 millions de francs permettant la mise à contribution des
agences pour assurer le renforcement des moyens techniques :
• de la police de l'eau exercée par l'Etat (50 MF)
• de la collecte et de l'exploitation des données sur l'eau
(40 MF)
• des gardes pêche relevant du Conseil supérieur de la
pêche (50 MF)
Une telle sollicitation d'établissements autonomes pour financer des
missions de police de l'eau qui incombent à l'Etat parait très
choquante à votre rapporteur
(voir observation).
Quoi qu'il en soit, les développements qui précèdent
montrent que les moyens dont disposent les établissements
environnementaux déconcentrés, et les agences de l'eau en
particulier, sont sans commune mesure avec le budget du ministère.
Le total des dépenses consacrées à la protection de
l'environnement par les autres ministères lui est également
supérieur.
C. LES CONCOURS DES AUTRES MINISTÈRES
1. Vue d'ensemble
Le tableau suivant, extrait de l'annexe jaune précitée à la loi de finances pour 1999, récapitule les principales contributions classées par ordre d'importance des autres ministères au financement de la politique de l'environnement.
|
1999 (milliards de francs) |
TOTAL MINISTERES |
12,4 |
dont |
|
1 - Education nationale, recherche et technologie |
3,7 |
2 - Agriculture et pêche |
2,75 |
3 - Equipement, transports et logement |
0,975 |
4 - Affaires étrangères et coopération |
0,267 |
5 - Intérieur et décentralisation |
0,235 |
Ces
données indiquent que si le budget de l'environnement
(3,947 milliards de francs) est bien, comme il est naturel, le premier
dans l'ordre des dépenses, celles d'autres ministères, notamment
l'éducation et l'agriculture, n'en sont pas moins importantes.
Au total, comme cela a été souligné, les contributions des
autres départements ministériels dépassent le montant des
crédits du ministère de l'environnement.
Ceci confirme le caractère interministériel des actions
gouvernementales en matière d'environnement que l'analyse de la
diversité des statuts des personnels impliqués avait
déjà révélé (voir ci-avant).
2. Principales actions
a) La recherche et technologie
Les plus
grosses dotations sont celles
- du CNES (Centre national d'études spatiales) au titre des
systèmes satellitaires d'observation de l'environnement terrestre
:974 MF
- du CNRS (sciences de l'environnement) :911 MF
- de l'INRA (institut national de la recherche
agronomique) :394 MF
- et de l'ORSTOM (Institut français de recherche scientifique pour
le développement en coopération) 370 MF
Ces crédits sont supérieurs à ceux dont
bénéficient beaucoup des établissements placés sous
la tutelle du ministère (IFEN : 3,7 MF ; INERIS : 136 MF)
L'ADEME dont l'essentiel des ressources provient désormais du budget de
l'environnement et qui reçoit, on l'a vu, une subvention du
secrétariat d'Etat à l'industrie est également
dotée par le ministère chargé de la recherche et de la
technologie (134,3 MF).
b) L'agriculture et la pêche
Le
ministère de l'agriculture et de la pêche finance des mesures
agri-environnementales d'accompagnement de la réforme de la politique
agricole commune. Elles visent à encourager des méthodes de
production compatibles avec les exigences de la protection de l'environnement
et de l'entretien de l'espace naturel (élevage extensif, agriculture
biologique etc...)
Outre ces dépenses d'intervention, sont subventionnées des
actions de maîtrise des pollutions d'origine animale, de
prévention des incendies de forêt, etc...
c) Equipement, transports et logement
Le
ministère de l'équipement des transports et du logement consacre
des crédits à :
- la réalisation des Plans urbanisme, construction et architecture
(PUCA) ;
- des actions concernant les transports -prise en charge du surcoût
résultant du contournement des zones sensibles, études sur le
déplacement de matières dangereuses, etc.) ;
- la lutte contre les pollutions marines...
d) Affaires étrangères et coopération
Il s'agit, essentiellement, du financement, d'une part, d'action de coopération scientifique et technique et, d'autre part, de contributions à des organisations internationales.
e) Intérieur et décentralisation
Enfin, le ministère de l'intérieur et de la décentralisation participe à l'effort financier en faveur de l'environnement grâce à des crédits dégagés essentiellement des chapitres de fonctionnement et d'équipement de la sécurité civile.
III. LA POLITIQUE FISCALE
A. LES PRÉLÈVEMENTS SPÉCIFIQUES
1. Les ressources affectées
L'application du principe pollueur-payeur a donné lieu
à la création de nombreux prélèvements
spécifiques affectés à des collectivités ou des
organismes afin de financer leurs actions environnementales respectives dans
des domaines bien particuliers.
Beaucoup de ces impositions ont été instituées par
décret, lorsqu'il s'agit de taxes parafiscales, ou par des lois.
Dans ce dernier cas, bien qu'il s'agisse de taxes de nature fiscale, elles ne
figurent ni dans le code général des impôts ni dans les
voies et moyens des lois de finances annuelles.
Leur reconduction est votée implicitement, en même temps que
l'article premier desdites lois qui autorise de percevoir les impôts
existants.
Les principales de ces taxes, regroupées dans la TGAP, ont
déjà été présentées dans ce rapport.
Par ailleurs, les redevances industrielles dont bénéficient les
agences de l'eau ont aussi déjà été
évoquées.
2. Les impositions locales
a) en matière de déchets
La
collecte et le traitement des déchets sont une compétences
normale et obligatoire des communes ou des groupements de communes.
Trois possibilités de financement existent :
•
par le budget communal au travers de recettes fiscales
ordinaires ;
•
par la taxe d'enlèvement des ordures
ménagères, taxe additionnelle à la taxe foncière
sur les propriétés bâties ;
•
par une redevance, calculée en fonction de
l'importance du service rendu, qui peut être soit
"générale", soit "spéciale" pour éliminer les
déchets industriels banals.
A ce jour, la collecte des ordures ménagères est
assurée, approximativement, pour moitié en régie, et pour
moitié par des entreprises prestataires (en tonnage).
Le service est
financé, pour 5 millions d'habitants, par le budget
général des collectivités concernées. Pour le
reste, le tableau ci-après présente la répartition entre
la taxe et la redevance d'enlèvement des ordures ménagères.
b) concernant l'eau
Concernant la gestion des services municipaux de distribution
de
l'eau, les communes ou leurs groupements ont également le choix entre le
système de la régie ou la délégation de service
public à une entreprise prestataire.
La moitié des groupements intercommunaux représentant les trois
quarts de la population française ont confié la gestion de l'eau
à des entreprises privées.
Les factures des abonnés peuvent comprendre des sommes
mentionnées comme étant expressément destinées
à rembourser les emprunts souscrits pour le financement des ouvrages des
services ou des redevances dites "de prélèvement" ou "de
pollution" permettant de subventionner en partie certains travaux comme la
construction de réseaux et d'usines de dépollution.
Le lien direct entre le montant de ces redevances et le coût de la
prestation correspondante (la fourniture de l'eau dans le prix de laquelle ces
charges sont incluses) fait qu'il ne s'agit pas de véritables
impôts.
B. LES DISPOSITIONS À CARACTÈRE GÉNÉRAL DE LA LOI DE FINANCES
La présente loi de finances contient plusieurs dispositions directement liées à la politique de l'environnement, outre l'instauration de la TGAP déjà évoquée dans le premier chapitre.
1. Article 18 (carburants)
L'article 18 du projet de loi de finances pour 1999
modifie les
tarifs des taxes intérieures de consommation sur les produits
pétroliers et sur le gaz naturel.
Il est prévu d'amorcer ainsi la réduction, décidée
par le Gouvernement, de l'écart de taxation entre le gazole et le
supercarburant sans plomb qui doit être aligné, en sept ans, sur
l'écart communautaire moyen.
Si la TIPP sur le gazole devrait ainsi augmenter de 7 centimes par litre
le 11 janvier prochain, elle restera inchangée en ce qui concerne
le gaz de pétrole liquéfié (GPL) et le gaz naturel
véhicules (GNV).
Ses tarifs, pour ce qui est du supercarburant plombé, ainsi que ceux de
la taxe intérieur de consommation sur le gaz naturel, devraient
être indexés sur l'indice des prix à la
consommation.
2. Article 18 ter nouveau (GPL)
Cet article additionnel, introduit par l'Assemblée nationale, porte de 6.500 à 9.000 litres de GPL et de GNV, le plafond de l'exonération de TIPP accordée aux taxis par l'article 265 sexies du code des douanes.
3. Article 21 (déchets)
Le taux
réduit de TVA devrait être appliqué, selon cet article,
modifié par l'Assemblée nationale, aux prestations de collecte,
de tri et de traitement des déchets ménagers portant sur des
matériaux ayant fait l'objet d'un contrat entre une commune et une
entreprise agréée au titre de la loi du 15 juillet 1975.
Il s'agit d'une incitation fiscale à la mise en oeuvre de la nouvelle
politique du Gouvernement concernant les déchets ménagers et
assimilés qui poursuit deux objectifs :
- l'interdiction, d'ici le 1er juillet 2002, du stockage de
déchets autres qu'ultimes ;
- le développement de leur valorisation matière (recyclage)
biologique (compostage) ou énergétique (avec une mise aux normes
des installations d'incinération tendant à éliminer les
émissions de dioxine dans l'atmosphère).
Il s'agit, en fait, de limiter à la fois les mises en décharge
(réservées aux déchets ultimes) et l'incinération
(qui paraît toutefois incontournable dans les grandes
agglomérations).
Toutes les techniques de traitement supposent, de toute façon, des
collectes sélectives ou un tri affiné qui peut être
mécanisé.
L'application à ces opérations du taux réduit de TVA
faciliterait leur rentabilisation qui demeure difficile.
La rédaction de l'article 21 est cependant ambiguë (voir
observation), notamment en ce qui concerne la valorisation
énergétique et l'assujettissement des déchets
résiduels des journaux, magazines et des fermentescibles.
Il est en effet parfois difficile, dans ce dernier cas, de distinguer, au stade
des opérations de ramassage des déchets, celles qui se rapportent
à des produits recyclables et qu'il faut donc inclure dans la collecte
sélective ou séparative.
Il serait souhaitable, afin d'éviter tout contentieux, d'étendre
l'application du taux réduit à
l'ensemble
des
opérations de collecte et de traitement des ordures
ménagères mais il en coûterait alors 1,3 milliard de
francs au lieu de 327 millions de francs.
4. Article 30 (TGAP)
Ont
déjà été commentés dans ce rapport le
regroupement des cinq taxes au sein de la TGAP ainsi que le peu de changement
concernant leurs redevables, leurs faits générateurs et leurs
assiettes (sauf pour les huiles usées).
Mais, le débat sur la désaffectation de chacune des
catégories de recettes concernées, du fait de leur fusion qui
permet le libre usage de leur produit globalisé, ne doit pas faire
oublier la forte augmentation des taux à laquelle il est
procédé.
Le tableau ci-après en rappelle l'ampleur.
Augmentation du taux des taxes regroupées dans la TGAP |
||
|
1998 (F) |
1999 (F) |
Déchets ménagers ou assimilés
|
40/T |
60/T |
- provenance extérieure à la zone du plan d'élimination |
60/T |
90/T |
- montant minimal annuel par installation |
2.000 |
3.000 |
Déchets industriels spéciaux |
|
|
- provenance extérieure au périmètre du plan d'élimination |
|
|
Pollution atmosphérique |
|
|
- oxydes d'azote et autres composés oxygénés de l'azote |
180/T |
250/T |
- hydrocarbures non méthaniques, solvants et autres composés organiques volatiles |
|
|
Nuisances sonores aéroportuaires |
|
|
- groupe 1 |
51/T |
68/T |
- groupe 2 |
18,75/T |
25/T |
Huiles de base |
150/T |
200/T |
Le taux de la taxe sur les déchets ménagers et assimilés et le montant minimal annuel par installation de stockage augmentent, notamment, de 50 %.
5. Article 31 (amortissement des véhicules propres)
Selon
cet article, enfin,
les véhicules fonctionnant en bicarburation et
les accumulateurs nécessaires à leur fonctionnement
bénéficieraient de l'amortissement exceptionnel sur douze
mois
jusqu'alors réservé aux véhicules fonctionnant
exclusivement à l'électricité et aux accumulateurs
correspondants, ainsi qu'à ceux utilisant le gaz naturel ou le gaz de
pétrole liquéfié (GPL).
Ces mesures fiscales, qui ne sont pas décidées par le
ministère de l'environnement, ont souvent un impact financier bien
supérieur à celui des mesures nouvelles de ce budget (hors
énergie) qui seront examinées dans le chapitre suivant.
L'augmentation de la taxe sur les déchets ménagers rapporte, on
l'a vu, 462 millions de francs. Le remboursement partiel aux routiers de
la TIPP sur le gazole coûtera 320 millions de francs à
partir de l'an 2000. La non indexation du super sans plomb
représente une perte budgétaire de 535 millions de francs,
etc.
*
* *
Les
considérations de ce chapitre ne tendent pas à minimiser le
rôle des services de l'environnement mais, au contraire, à rendre
hommage à ce "ministère de l'impossible" qui s'est jusqu'ici
acquitté plus qu'honorablement de sa tâche difficile avec peu de
moyens. Il a été montré que la politique de
l'environnement présente de doute façon un caractère
essentiellement décentralisé, déconcentré et
interministériel. Dans ces conditions, l'efficacité du
ministère dépend de son pouvoir de persuasion, de son aptitude
à la concertation, de son rôle de coordination et de ses actions
d'incitation. Elle ne se mesure pas à l'aune de ses effectif ou de ses
crédits propres.
Votre rapporteur souhaite que le ministère de l'environnement demeure
une administration de mission et n'échappe pas à l'effort
général de maîtrise des dépenses publiques qui
s'impose.
Il y aurait contradiction à alourdir, au nom de l'environnement, la
pression fiscale globale déjà excessive sur les entreprises dont
dépend
in fine
l'amélioration de notre cadre de vie et le
développement durable de notre économie.
CHAPITRE TROIS
L'ÉVOLUTION DES CRÉDITS
AU SEIN DE CHAQUE AGRÉGAT
I. LE RENFORCEMENT DES MOYENS DE L'ADMINISTRATION GÉNÉRALE
A. LES AUGMENTATIONS D'EFFECTIFS
Les augmentations d'effectifs prévues pour 1999 et la situation statutaire des personnels mis à la disposition du ministère de l'environnement ont déjà été évoquées dans les chapitres précédents.
B. LES MESURES D'ACCOMPAGNEMENT
La
progression de 11,2 % des crédits des chapitres 34-94 et 34-98
(moyens de fonctionnement des services déconcentrés et centraux)
ainsi que la très forte augmentation du chapitre 57-91 (Equipement
immobilier des services) constituent des mesures d'accompagnement des
140 créations d'emploi analysées plus haut.
Les opérations de regroupement des locaux des DIREN doivent être
accélérées.
Il est
prévu par ailleurs que les dépenses de formation et celles
liées à l'informatique augmentent.
Le ministère a déjà bénéficié, en
1997, d'une extension de ses locaux avenue de Ségur.
Pour 1999, les augmentations de crédits devraient permettre :
- une amélioration du parc automobile,
- une majoration des frais de déplacement liée à la
montée en puissance de l'action internationale du
ministère.
II. LA PROGRESSION SPECTACULAIRE DES ACTIONS DE CONNAISSANCE DE L'ENVIRONNEMENT ET DE COOPÉRATION INTERNATIONALE
Cet
agrégat -dont les crédits augmentent, on l'a vu, de 33,8 %-
regroupe deux types d'actions :
- amélioration des connaissances et de l'information dans le
domaine de l'environnement ;
- développement de coopérations diverses.
A. LE SOUTIEN À L'AMÉLIORATION DES CONNAISSANCES ET DE L'INFORMATION
1. L'IFEN
Outre la
création de neuf postes, déjà évoquée, dont
trois pour la consolidation de fonctions précédemment
sous-traitées, l'Institut français de l'environnement et
d'investissement voit augmenter les subventions de fonctionnement et
d'investissement qui lui sont accordées afin :
- d'étendre le réseau des pôles statistiques
régionaux développés conjointement avec l'INSEE ;
- de renforcer les systèmes d'observation des milieux (notamment
les zones humides, la qualité de l'air et les pollutions par les
produits phytosanitaires) ;
- de poursuivre sa politique de diffusion de l'information.
2. La politique de sensibilisation et d'éducation
L'effort
d'information, de sensibilisation et d'éducation du ministère se
traduit par des campagnes de communication auprès du grand public, la
participation à des salons professionnels ou des expositions, et des
actions orientées spécifiquement vers les jeunes.
Il y est souvent question de la contribution de la protection de
l'environnement à la création d'emplois.
Le ministère s'efforce, dans le cadre du plan "nouveaux
services-nouveaux emplois", de susciter ou d'accompagner la création et
le développement de projets probants à cet égard. C'est
dans cette orientation que se situe la charte d'objectifs signée avec
les différents partenaires de la filière "déchets" ou le
projet de mobilisation de 8.000 emplois-jeunes pour la mise en oeuvre
d'opérations locales montées par les agences de l'eau.
Mais, il est reconnu que "
la transformation en emplois durables des
gisements d'activité d'utilité sociale que recèle le
secteur de l'environnement est difficile
et nécessite des moyens
d'accompagnement "démultipliés" (les trois quarts des projets ne
concernent qu'un seul emploi).
On peut donc s'interroger sur leur efficacité.
Dans le domaine proprement éducatif, l'opération
"1.000 défis pour ma planète" lancée en 1993, sera
poursuivie.
Au total, les crédits concernant l'éducation à
l'environnement s'élèvent à 7,2 millions de francs et
progressent de 36,4 %. Ceux affectés à la communication
atteignent 11,4 millions de francs et augmentent plus fortement encore
(+ 54,3 %).
B. LES PARTENARIATS
1. Diverses collaborations
Les
crédits d'intervention du service des affaires internationales sont
accrus afin de renforcer la participation de délégations
françaises à des réunions multilatérales ou
à l'activité d'organisations mondiales ou encore à des
projets menés en coopération.
La mise en oeuvre de grandes conventions d'environnement global (climat,
biodiversité, désertification) devrait être ainsi,
notamment, mieux suivie.
Le ministère encourage aussi des partenariats tendant à favoriser
un développement durable (chartes de branche professionnelle, etc.).
Enfin, et surtout, c'est dans cet agrégat que se trouvent les
crédits consacrés au soutien aux associations.
2. Les subventions aux associations
Sur
1.500 associations agrées au titre de l'environnement, plus de
300 se trouvent ainsi subventionnées.
Votre rapporteur s'associe aux remarques formulées par ses
collègues, députés et sénateurs, concernant le
manque de lisibilité des documents budgétaires et l'insuffisance
des informations fournies au sujet de ces subventions.
Le tableau ci-dessous, extrait d'une réponse au questionnaire
budgétaire de votre commission, donne une idée de la dispersion
des crédits concernés.
Les
critères d'attribution avancés dans cette réponse
paraissent très vagues, le montant des subventions pour 1999 n'est pas
précisé. Il est simplement indiqué qu'il devrait
être plus élevé qu'en 1998".
Il est signalé par ailleurs qu'"e
n dehors des subventions, quand le
ministère souhaite une prestation particulière correspondant le
plus souvent à une mission de service public, il passe une commande
directe à telle ou telle association
".
Cette phrase est de nature à éveiller pour le moins des
soupçons (voir observations).
III. LA VARIÉTÉ DES ACTIONS BUDGÉTAIRES RELATIVES À L'EAU ET LA SOLLICITATION DES AGENCES POUR LEUR FINANCEMENT
A. DES OBJECTIFS DIVERS
Les
actions dans le domaine des eaux continentales sont menées conjointement
par les agences de l'eau, le Conseil supérieur de la pêche et
divers établissements publics, les collectivités locales et les
services déconcentrés de l'Etat, notamment, les DIREN.
Ces actions sont diverses puisqu'elles considèrent l'eau à la
fois comme une ressource rare, à ménager et à
protéger, et comme la cause éventuelle de dégâts
(glissements de terrain, inondations). Elles doivent également concilier
la protection et les usages économiques ; la gestion des ressources
en eau avec le maintien de leur qualité ; la prévention des
inondations et la préservation des milieux naturels concernés.
A ces différentes missions s'ajoutent celles relatives à la
police de l'eau et à la connaissance des milieux aquatiques.
B. LA MISE EN OEUVRE DES PLANS GOUVERNEMENTAUX
Le plan
"Loire, grandeur nature" et le plan décennal de restauration des
rivières ont été adoptés en janvier 1994. Tous
deux s'inscrivent, au titre de la prévention des inondations (au sens
large), dans le cadre du programme pluriannuel de prévention des risques
naturels.
Les actions correspondantes ont déjà été
évoquées dans ce rapport, ainsi que la difficulté de
distinguer la prévention des dégâts des eaux, au sens
strict, de la gestion des ressources en eau, d'une part, et de la mise en
valeur du patrimoine naturel correspondant, d'autre part. Le plan "Loire" en
est un bon exemple.
346 millions de francs seront consacrés en 1999, comme cela a
déjà été précisé, à
l'exécution de ces deux programmes .
214 millions de francs du budget de l'environnement
12(
*
)
22 millions de francs en provenance de ceux de l'agriculture et de
l'équipement
110 millions de francs de fonds de concours des agences de l'eau.
C. LE RENFORCEMENT DE LA POLICE DE L'EAU
La loi
et la réglementation relatives à l'eau ne sont pas toujours bien
respectées malgré la mise en place des missions interservices de
l'eau (MISE) dans les départements.
Aussi a-t-il été décidé (cf. Supra) de faire
contribuer les agences de l'eau, qui sont des établissements publics en
principe autonomes et spécialisées dans la lutte contre les
pollutions, au financement de l'exécution des missions de police de
l'eau relevant de l'Etat (à hauteur de 50 millions de francs pour
la mise en place de moyens techniques).
Cette participation, hétérodoxe, s'effectuera par
l'intermédiaire d'un fonds de concours qui, devant financer par ailleurs
des actions de collecte et d'exploitation de données sur l'eau
(40 MF), ainsi que le renforcement des moyens techniques des
gardes-pêche (50 MF), sera doté au total de 140 millions
de francs.
Par ailleurs, 28 agents supplémentaires devraient être
recrutés par le Conseil supérieur de la pêche (cf. Supra)
grâce à une subvention de 7 millions de francs du
ministère de l'environnement.
D. LES AUTRES MESURES NOUVELLES
Elles
concernent :
- l'élaboration de schémas départementaux
d'aménagement et de gestion des (SDAGE) dans les DOM : 1 MF,
- la seconde phase de reconquête de l'étang de Berre :
2 MF,
- les études préalables à la restauration du
caractère maritime du Mont St Michel : 0,7 million de
francs.
IV. ENCORE PLUS TRIBUTAIRES DÉSORMAIS DE LA DOTATION DE L'ADEME, LES CRÉDITS DE PRÉVENTION DES POLLUTIONS ET DES RISQUES AUGMENTENT NÉANMOINS, À STRUCTURES CONSTANTES
A. LA PRÉPONDÉRANCE DES CRÉDITS DE L'ADEME
La
dotation de l'ADEME (1834,10 MF) représente plus de 80 %
(83,6) du total de l'agrégat 04 et mobilise plus de 90 %
(94,2 %) de ses mesures nouvelles. Néanmoins, les crédits
progressent, à structures constantes, de 9,6%.
Les trois principaux postes de dépenses concernent par ordre
d'inportance les déchets, l'air et l'énergie.
1. La réorientation de la politique des déchets
Alors
que le rendement des taxes sur les déchets perçues au profit de
l'agence dépasse 1 milliard et demi de francs (1,33 milliard de francs
pour les déchets ménagers et 0,165 milliard de francs pour les
déchets industriels), les subventions d'investissement qu'elle doit
accorder dans ce domaine n'atteindront que 811 millions de francs.
La différence sert, dans une large mesure, à financer les mesures
nouvelles concernant l'énergie (voir plus loin)
La loi du 13 juillet 1992 relative aux déchets transposant en droit
français une directive communautaire du 18 mars 1991 a prévu :
- à compter du 1er juillet 2002, la limitation du stockage aux
seuls déchets ultimes et la valorisation de 75 % des emballages
ménagers ;
- la création d'une taxe sur le stockage des déchets,
déjà évoquée, qu'il est prévu
d'intégrer dans la TGAP ;
- enfin, la mise en place de plans d'élimination des déchets.
Outre le fait que l'élaboration de ces plans a connu un retard
important, il s'avère que leur contenu a :
- largement surestimé le recours à l'incinération
- sous estimé, en revanche, la mise en décharge
- insuffisamment privilégié les filières de recyclage
et de compostage.
En conséquence, la politique gouvernementale en la matière a
été réorientée vers des objectifs
précisés par une circulaire du 28 avril 1998 qui tendent à
- la valorisation matière d'au moins la moitié des
déchets collectés
- en conséquence, une stagnation globale à l'horizon
2005-2007 de la capacité d'incinération, par ailleurs
modernisée, s'accompagnant d'une diminution des tonnages mis en
décharge au profit d'un accroissement de la récupération
de matériaux et du traitement biologique.
La réduction à la source et la valorisation sont
encouragées par les mesures fiscales, déjà
décrites, de la première partie de la loi de finances
(augmentation de la taxe sur le stockage et TVA au taux réduit sur les
opérations de collecte, de tri et de traitement...)
Par ailleurs, une réorganisation de la collective sélective est
envisagée, notamment par une modification des barèmes
d'Eco-emballages et Adelphe, afin que le "barème amont" versé par
les conditionneurs incitent plus à la réduction des emballages et
que le montant de l'aide versée aux collectivités locales
("barème aval") tienne compte du coût de la collecte
sélective pour encourager cette filière.
Enfin, pour favoriser une meilleure mobilisation du Fonds de modernisation de
la gestion des déchets (FMGD), le conseil d'administration de l'ADEME a
adopté le 7 janvier 1998 de nouveaux taux d'aides qui favorisent
notamment la valorisation, avec effet rétroactif au 1er janvier 1997.
Désormais, les investissements de collecte séparative, de tri, de
transfert ainsi que les déchetteries peuvent être aidés
à hauteur de 50 % de leur montant, de même, le taux d'aide
aux unités de compostage et de méthanisation des déchets
organiques passent de 20 à 50 % si les déchets sont
triés à la source.
A ces 811 millions de francs pour le financement d'opérations de
recherche, de développement et de réalisation
d'équipements de traitement des déchets ménagers et
assimilés s'ajoutent 118,5 millions de francs pour le ramassage et
l'élimination des huiles usagées.
2. La lutte contre la pollution atmosphérique
Au
total, près de 400 millions de francs devraient être
consacrés en 1999 à la lutte contre la pollution
atmosphérique et à la mise en oeuvre de la loi sur l'air.
- Pour les réseaux de surveillance :
• 50 millions de francs d'aide au fonctionnement de leurs
associations de gestion
13(
*
)
• 109,6 millions de francs pour leurs équipements
(crédits ADEME).
- Pour la prévention et le traitement de la pollution :
• 159 millions de francs de subvention d'investissement de l'ADEME
- Pour des études et travaux divers :
• 60 millions de francs (chapitre 57-20- art.50)
- Enfin, pour la mise en place des outils de planification prévus par la
loi :
• 11 millions de francs (plans régionaux pour la
qualité de l'air, plans de protection de l'atmosphère, plans de
déplacements urbains).
L' ADEME ne finance donc pas l'intégralité des mesures dans ce
domaine.
Du fait de la durée des études préalables à
l'implantation des capteurs et du temps nécessaire à la
constitution, des associations compétentes, certaines
agglomérations de plus de 100.000 habitants n'étaient pas
surveillées à la date butoir du 1er janvier 1998 fixée par
la loi, mais la plupart devraient l'être au 1er janvier 1999.
En revanche, le retard pris dans l'élaboration des plans de
déplacements urbains, dont la loi impose la réalisation pour les
agglomérations de plus de 100.000 habitants avant le 1er janvier 1999,
semble plus préoccupant (aucune des 58 agglomérations
concernées n'aura élaboré son plan à la fin de
l'année 1998).
3. La relance des économies d'énergie et des énergies renouvelables
Il
s'agit d'une des principales actions de ce budget qui lui consacre
333 millions de francs, dont 40 millions de francs au titre de la
création de 100 emplois à l'ADEME et 293 millions de francs
de subvention d'investissement inscrites au chapitre 67-30.
Les mesures correspondantes ont déjà été
décrites en détail au chapitre premier.
On notera seulement que les 500 millions de francs (333 millions de
francs au budget de l'environnement et 167 millions de francs à
celui de l'industrie) équivalent, à peu de choses près,
aux cessions d'actifs (534 MF) auxquelles le commissariat à
l'énergie atomique est contraint de procéder pour financer ses
dépenses de fonctionnement ou au solde de 460 millions de francs
qui lui est nécessaire, compte tenu de l'insuffisance de la subvention
qui lui est versée par l'Etat, pour financer ses investissements.
Or,
aussi estimables que soient les énergies renouvelables, il est
indéniable que l'avenir énergétique de la France
dépend, dans une beaucoup plus large mesure, du nucléaire
qui
sans vouloir sous-estimer les difficultés liées à la
maîtrise de ses techniques ou au stockage de ses déchets,
présente des avantages indéniables (indépendance
d'approvisionnement, absence de pollution de l'atmosphère).
Par ailleurs,
la relance des économies d'énergies ne
correspondent à aucune nécessité urgente dans le contexte
économique actuel.
B. LE RENFORCEMENT DES MOYENS DE L'INERIS
Les
moyens de l'Institut National de l'Environnement Industriel et des Risques sont
renforcés par des recrutements de personnel déjà
évoqués (19 emplois dont 2 emplois de chercheurs financés
sur l'agrégat 06 "recherche").
Au total, les subventions versées à cet organisme, à
partir du budget de l'environnement, devraient augmenter comme suit :
|
Subvention 98
|
Subvention 99
|
Titre IV |
85,6 (3,3) |
101,17 (5) |
Titre VI |
|
|
AP |
10 (10) |
33,9 (9) |
CP |
11,5 (9) |
18,2 (8,7) |
BCRD
: Budget Civil de Recherche -Développement
NB - L'INERIS est aussi subventionné par le ministère de
l'Industrie, Charbonnages de France, l'Union européenne...
En 1998, l'Institut avait restructuré ses activités en
pôles thématiques, en privilégiant plus
particulièrement les risques liés aux explosions de gaz et
poussières, les effets de la pollution de l'atmosphère et des
sols sur la santé et les risques liés aux séquelles de
l'exploitation du sous-sol.
Les mesures nouvelles de 1999 permettront le renforcement de ses
compétences en matière de carrières (+3,9 MF) et
d'écotoxicologie (avec le développement d'une banque de
données sur les substances toxiques : +9 MF).
C. LES AUTRES POLLUTIONS INDUSTRIELLES
1. Les sites orphelins
Le
produit de la taxe sur l'élimination des déchets industriels
spéciaux est affecté à la réhabilitation des sites
pollués "orphelins".
La dotation correspondante, inscrite au budget de l'environnement pour 1999, en
contrepartie de l'intégration de cette taxe dans la TGAP, devrait
être de 107 millions de francs.
2. L'application de la directive "Seveso"
L'application de la directive européenne 96/82/CEE du 9 décembre 1996, dite SEVESO2 nécessite des études et expertises préalables qui justifient l'inscription d'une mesure nouvelle de 6 millions de francs dans les crédits de prévention des pollutions et des risques.
3. Les risques naturels
Enfin, aux diverses actions qui viennent d'être décrites s'ajoutent celles, déjà évoquées dans le chapitre premier, relatives à la prévention des risques naturels (67 millions de francs).
V. LA CROISSANCE PRIVILÉGIÉE DES DÉPENSES DE PROTECTION DE LA NATURE, DES SITES ET DES PAYSAGES
Les
actions de l'agrégat 05 "protection de la nature, des sites et des
paysages" présentent la particularité d'être
financées presqu'entièrement par des ressources
budgétaires, contrairement à celles en faveur de l'eau, qui
mobilisent le produit des redevances des agences de l'eau, et à la
différence de la prévention de la pollution et des risques,
à laquelle sont destinées les recettes des cinq taxes
regroupées dans la TGAP.
L'innovation majeure prévue pour 1999 consiste en la création
d'un fonds de gestion des milieux naturels (FGMN).
A. LE FONDS DE GESTION DES MILIEUX NATURELS
Ce
fonds, qui représente 25% de l'agrégat, est alimenté par
un redéploiement de crédits préexistants et par une
dotation supplémentaire de 90 millions de francs (35 % des
mesures nouvelles de protection de la nature, des sites et des paysages) qui
porte son montant à 164 millions de francs.
Il est destiné à assurer le financement de la part de la
politique de préservation des milieux naturels et de la
biodiversité qui relève d'une gestion contractuelle et d'un
partenariat avec les collectivités locales, le monde associatif et
l'Union européenne. Les mesures nouvelles que le Fonds doit permettre
d'exécuter en 1999 concernent essentiellement :
• la mise en oeuvre du réseau Natura 2000 (66 millions de
francs)
• le renforcement des capacités d'expertise des services
déconcentrées (10 millions de francs)
• les moyens alloués aux nouveaux
parcs naturels
régionaux
et à ceux dont la charte sera renouvelée
(5 millions de francs) ainsi qu'aux CREN (Conservatoires régionaux
d'espaces naturels) et aux réserves de biosphère (1 million
de francs)
• le programme de conservation des espèces animales sauvages et le
réseau des conservatoires botaniques nationaux (
8 millions de
francs).
B. LE RÉSEAU NATURA 2000
La
principale action du FGMN (66 millions de francs) concerne donc la
constitution du réseau de protection des habitats naturels
menacés ou vulnérables (Natura 2000) prévue par la
directive européenne 92/43/CEE du 21 mai 1992 (dite "directive
habitats")
Il s'agit d'un réseau écologique européen destiné
à préserver la biodiversité en assurant le maintien ou le
rétablissement des habitats naturels et des habitats d'espèces,
de faune, et de flore, d'intérêt communautaire.
Chaque Etat membre doit réaliser un inventaire des sites visés
par ces directives, puis envoyer ses propositions à la Commission
européenne chargée, en concertation avec les Etats membres, de
sélectionner ceux d'entre eux dont l'intérêt communautaire
justifie l'intégration dans le réseau prévu.
Les zones en question ne doivent pas constituer des "sanctuaires de nature",
où toute activité humaine serait proscrite.
La mise en oeuvre de la directive dont le processus est très complexe,
connaît un retard important.
Seul a été réalisé à ce jour
l'achèvement, prévu pour juin 1995, de la première des
trois étapes prévues, relative à l'inventaire des sites
susceptibles de faire partie du réseau.
Il reste :
- à établir la liste des sites caractéristiques de chacune
des six régions biogéographiques européennes
- puis à désigner officiellement les "zones spéciales de
conservation" ou "zones de protection spéciale" (concernant les oiseaux
sauvages) constitutives du réseau.
De nombreuses vicissitudes ont été rencontrées (actions de
la commission contre la France devant la Cour de justice européenne,
déficit d'explication du dispositif, manque de concertation...)
Les crédits dégagés pour 1999 permettront la relance du
processus.
Un projet de loi, en préparation, prévoit que la gestion de
chaque site sera arrêtée dans un document d'objectifs
établi en concertation avec l'ensemble des acteurs locaux
concernés.
Un problème juridique grave se pose du fait de l'absence de
transposition en droit français des dispositions de la directive
susceptibles d'imposer des contraintes aux propriétaires ou aux
gestionnaires des espaces concernés, pouvant donner droit à des
compensations financières.
C. LE RENFORCEMENT DU RÉSEAU DES ESPACES NATURELS PROTÉGÉS
Outre la
mise en oeuvre du réseau Natura 2000, le Fonds de gestion des milieux
naturels assurera également le financement de la participation de l'Etat
à la politique des parcs naturels régionaux, des conservatoires
régionaux d'espaces naturels, et des réserves de la
biosphère ; des mesures nouvelles de 6 millions de francs sont
proposées à cette fin ;
- Pour 1999, le projet de budget prévoit par ailleurs un effort
très important (+18 %) pour les dotations de fonctionnement des
parcs régionaux
. Cette augmentation devrait permettre la remise
à niveau des dotations des 36 parcs naturels existants et permettre
la création de cinq nouveaux parcs naturels (Narbonnais, Causses de
Quercy, Guyane, Châtaigneraie et Sucs d'Ardèche, Gâtinais
français).
- Les dotations consacrées aux sept
parcs nationaux
atteindront,
d'autre part, 129 millions de francs en dépenses ordinaires et
44,5 millions de francs en autorisations de programme et crédits de
paiement pour 1999. Les dépenses ordinaires augmenteront de
12,3 millions de francs, soit +10,6 %. Cette augmentation sensible
permettra :
• la création de 15 emplois dans les parcs de Port Cros, des
Pyrénées, des Ecrins et de Guadeloupe (2.375.000 francs) ;
• le renforcement des missions de création des 3 parcs de Corse,
Guyane et Iroise (3.240.000 francs)
• la création de 8 emplois au parc de la forêt tropicale de
Guyane (3.360.000 francs).
- Le budget pour 1999 prévoit également le renforcement des
moyens consacrés aux
réserves naturelles
tant en
fonctionnement (44,2 millions de francs, en progression de
8,6 millions de francs) qu'en investissements (les autorisations de
programme passent de 15,2 à 20,6 millions de francs).
Cette augmentation permettra la création de nouvelles réserves.
Onze sont susceptibles d'être classées en 1999 et 19 autres
projets sont en cours d'instruction pour aboutir, au plus tôt, en 2000.
- Le
Conservatoire de l'espace littoral
, enfin, bénéficie
d'une mesure nouvelle de 5,9 millions de francs qui porte sa dotation
à 147,53 millions de francs. Outre la création de 4 emplois,
cette augmentation de crédits devrait lui permettre d'élargir ses
programme d'acquisitions, alors que de très grands domaines sont en
vente dans des secteurs d'intérêt primordial (notamment dans le
Var et les Bouches-du-Rhône).
D. LES ACTIONS EN FAVEUR DES SITES ET PAYSAGES
L'ambition du Gouvernement est de traiter l'ensemble des
paysages,
sans se limiter aux seuls sites exceptionnels.
En dehors de 3 millions de francs de mesures nouvelles au
bénéfice de l'Ecole nationale supérieure du paysage, le
budget de 1999 reconduit les dotations consacrées, en 1998 :
- à l'amélioration du paysage (études et travaux de
réhabilitation des sites protégés mais
dégradés par une trop grande fréquentation) :
26,8 MF,
- aux mesures agri-environnementales : 6,5 MF.
La politique de l'Etat tend à :
- améliorer la gestion des paysages ainsi que les connaissances et les
compétences en la matière
- préserver et mettre en valeur les paysages exceptionnels
- enfin, faire reconnaître, sur le plan international, la valeur
universelle exceptionnelle de certains paysages français.
E. L'ÉVALUATION DE L'IMPACT DES ACTIVITÉS HUMAINES SUR L'ENVIRONNEMENT
Les crédits correspondants (19,8 millions de francs) financent notamment le fonctionnement de la Commission nationale du débat public et de diverses instances consultatives chargées de se prononcer sur les actions de la Direction de la nature et des paysages ou d'assurer des expertises (8,5 millions de francs).
VI. L'IMPORTANCE DE LA RECHERCHE
L'agrégat 06 (Recherche), le plus modeste par son
montant
(80,7 millions de francs) comme par sa progression (+6,9 %)
revêt néanmoins une grande importance dans la mesure où les
décisions prises en matière d'environnement doivent être
fondées, autant que possible, sur des connaissances scientifiques,
même lorsqu'elles s'inspirent du "principe de précaution".
Sont regroupés, dans cet ensemble, l'ensemble des moyens relevant du
BCRD (Budget Civil de la Recherche-Développement), y compris ceux qui
concernent certaines activités de l'INERIS (recherches en
écotoxicologie, risques industriels et pollution atmosphérique)
dont une partie des crédits est pourtant déjà
recensée, comme on l'a vu, dans l'agrégat 04.
Les investigations de l'institut peuvent être classées en trois
domaines d'intervention (milieux et écologie, risques et impacts,
économie et société) et 8 thèmes concernant
notamment la santé, la pollution atmosphérique, l'environnement
urbain, la gestion durable des eaux et des sols, etc...
CONCLUSION
Faut-il
se réjouir de la forte augmentation de ce budget, quand on est, aussi
attaché que votre rapporteur, à la cause de la protection de
l'environnement ?
Il ne le semble pas :
- pour des raisons économiques générales,
- pour des raisons de principes relatives aux deux principales mesures
prévues pour 1999,
- pour des raisons techniques, enfin.
Raisons économiques générales : votre commission des
finances estime que la réduction du déficit budgétaire
prévue pour l'an prochain est insuffisante pour stabiliser, comme il
conviendrait, la part de la dette publique dans le PIB. Cette réduction
ne repose pas, du reste, sur les efforts de l'Etat, dont les dépenses
réelles doivent augmenter, mais sur un excédent des autres
administrations publiques. Elle dépendra, en toute état de cause,
de la croissance économique dont les hypothèses retenues pour
élaborer la loi de finances peuvent paraître optimistes.
L'effort de maîtrise des dépenses publiques de l'Etat est donc
insuffisant. Il devrait être accru. Il n'y a pas de raison
particulière pour que le ministère de l'environnement
échappe à cette contrainte.
Mais, comme le déficit budgétaire ne peut plus être
creusé, toute augmentation des dépenses dont le rythme
dépasse celui de la croissance risque de contribuer à alourdir
les prélèvements obligatoires.
Une telle évolution des finances publiques faisant peser sur les
collectivités locales la charge de la réduction de la dette et
risquant d'accroître
in fine
la pression fiscale globale n'est pas
sans risque pour le financement de la politique de l'environnement.
Celle-ci repose en effet sur les investissements des collectivités et
des entreprises et sur les contributions des ménages.
Trop d'impôt tue l'impôt. Trop de fiscalité
écologique nuit à l'écologie.
Raisons économiques générales donc, mais aussi opposition
de principe à la TGAP et réserves quant à
l'opportunité de la relance des économies d'énergie et des
énergies renouvelables.
- S'agissant, tout d'abord, de la TGAP votre commission, comme la
majorité du Sénat, refuse cette nouvelle imposition pour les
motifs suivants :
- Tout d'abord son instauration s'accompagne d'une forte majoration du
taux de la plupart des taxes regroupées. La mesure n'est donc pas neutre
fiscalement, comme il a été prétendu, et la machine
à taxer est en route ;
- Il risque, ensuite, d'en résulter une perte d'autonomie des
établissements déconcentrés qui, comme l'ADEME aujourd'hui
et les agences de l'eau demain, verront leurs ressources dépendre des
arbitrages budgétaires gouvernementaux. A ce risque est associée
la menace d'une recentralisation des politiques environnementales
concernées et d'une diminution de la concertation entre tous les
partenaires ;
- Une désaffectation de recettes, déjà
illustrée par le financement par la taxe sur les déchets de
mesures concernant l'énergie, peut également être
redoutée :
•
désaffectation conduisant à modifier la
répartition du produit des taxes en fonction des priorités
environnementales du Gouvernement ;
•
désaffectation, en vertu du "deuxième
dividende" ;
•
désaffectation, enfin, profitant à de
toutes autres dépenses, au gré de la conjoncture ou des
changements de politique.
Cette déconnexion entre la dépense et son fait
générateur risque aussi, surtout si elle s'accompagne d'un trop
fort alourdissement de la fiscalité écologique, de conduire les
assujettis à s'impliquer moins qu'auparavant dans la protection de
l'environnement et à réduire le montant de leurs investissements
au strict minimum.
- Ensuite, il semble que la relance des économies d'énergie
ne s'imposait pas, dans le contexte actuel, et que celle des énergies
renouvelables ne résoudra pas, à elle seule, les problèmes
qui se posent à la France dans ce domaine. 500 millions de francs,
c'est justement la somme qui manque au commissariat à l'énergie
atomique pour couvrir ses besoins d'investissement. L'avenir
énergétique de la France ne dépend-il pas beaucoup plus du
nucléaire que du solaire ou des éoliennes ?
Ne faudrait-il pas, d'abord, débattre au Parlement de façon
approfondie, de l'avenir de cette source d'énergie ?
A ces raisons de principe de s'opposer à la forte augmentation de ce
budget liées à la contestation de ses deux principales
nouveautés, s'ajoute le souhait de votre rapporteur de voir le
ministère de l'environnement demeurer une administration de mission.
La politique de l'environnement demeurera, en tout état de cause,
interministérielle, déconcentrée et
décentralisée. L'efficacité du ministère ne se
mesure pas à l'aune de ses effectifs ou de ses crédits propres.
Elle repose sur son pouvoir de persuasion, ses moyens d'incitation et de
coordination et la concertation avec les partenaires intéressés.
C'est en définitive des entreprises, des collectivités locales et
des établissements déconcentrés que dépend le
succès des actions environnementales. "Ministère de
l'impossible", disposant de peu de moyens, le ministère de
l'environnement n'en a pas moins connu de grands succès. C'est tout
à son honneur. La conjoncture économique et budgétaire lui
impose de continuer dans cette voie, du moins tant que les finances publiques
n'auront pas durablement et suffisamment été assainies.
En outre, et c'est là la dernière raison, celle-là
à caractère technique, de l'opposition de votre rapporteur
à la forte augmentation de ce budget : on peut douter de sa
capacité à maîtriser, en une seule année, un
accroissement aussi massif de ses moyens. Surtout quand on connaît les
problèmes de consommation de certaines dotations rencontrés les
années précédentes.
L'environnement sera vraiment adulte, non pas lorsque les crédits du
ministère auront atteint un certain pourcentage du budget de l'Etat mais
lorsque les technologies propres deviendront un des principaux enjeux de la
compétition économique internationale ou quand diverses
associations cesseront de s'opposer systématiquement à certains
types de projets pourtant compatibles avec un développement durable.
Enfin, la politique de l'environnement, pour importante qu'elle soit, ne peut
pas prétendre résoudre à elle seule tous les
problèmes de la société et notamment l'emploi ou les
inégalités sociales. Elle a suffisamment à faire dans son
propre domaine.
Votre commission vous propose d'adopter les crédits de l'environnement,
modifiés par quatre amendements tendant aux titres III, IV, V et VI
:
- à annuler les créations d'emplois prévues et leurs
mesures d'accompagnement,
- à supprimer les mesures nouvelles en faveur des associations,
- à tirer les conséquences de la suppression par le
Sénat de la TGAP (Taxe générale sur les activités
polluantes).
EXAMEN EN COMMISSION
Réunie le mardi 17 novembre 1998 sous la présidence de
M. Jacques Oudin, vice-président, la commission a
procédé, sur le
rapport
de
M. Philippe Adnot,
rapporteur spécial,
à
l'examen
des
crédits
de
l'aménagement
du
territoire
et
de
l'environnement : II.- environnement,
pour
1999.
Le rapporteur spécial a tout d'abord expliqué les raisons pour
lesquelles, malgré son attachement à la cause de la protection de
l'environnement, il n'était pas satisfait par la forte augmentation de
ce budget.
Il a précisé que ce dernier passait de 1.900 à
3.948 millions de francs compte tenu de la budgétisation
intégrale des ressources de l'Agence de l'environnement et de la
maîtrise de l'énergie (ADEME), et progressait de 14,8 %, soit
environ sept fois plus que la moyenne des dépenses de l'Etat, à
structures constantes.
Mais, a-t-il fait valoir, une telle augmentation est incompatible avec la
maîtrise des dépenses publiques et risque ainsi d'obérer,
en définitive, la capacité de financement des entreprises qui
supportent, en vertu du principe "pollueur-payeur", les charges liées
à l'amélioration de notre environnement naturel.
Or, a-t-il estimé, la progression des crédits de l'environnement
est d'autant plus critiquable à cet égard qu'elle repose sur une
majoration souvent excessive des taxes spécifiques acquittées par
les entreprises et se traduit par un alourdissement durable des charges de
l'Etat à travers de nombreuses créations d'emploi (29 à
l'administration centrale, 111 dans les services déconcentrés,
187 dans les établissements).
Il a redouté que le ministère de l'environnement ne perde ainsi
le caractère d'administration de mission qui devait absolument rester le
sien, en raison de la nature interministérielle et
décentralisée des actions en cause, ce qui permet d'obtenir la
meilleure adhésion possible de tous les intéressés.
Il a rappelé que les contributions environnementales de l'ensemble des
autres ministères (8,45 milliards de francs) et surtout des
collectivités locales (120,4 milliards de francs) et des agences de
l'eau (14,13 milliards de francs) étaient bien supérieures
à ce budget.
M. Philippe Adnot, rapporteur spécial,
a expliqué
ensuite qu'il s'opposait également à l'augmentation
proposée du budget de l'environnement parce qu'elle s'accompagnait de la
création d'une taxe générale sur les activités
polluantes (TGAP) à laquelle il était hostile, ainsi que d'une
relance de la politique de maîtrise de l'énergie et des
énergies renouvelables, sur laquelle il était très
réservé.
Concernant la TGAP, il a tout d'abord fait observer que sa création
n'était pas neutre fiscalement, comme il avait été
prétendu, puisqu'elle s'était accompagnée d'augmentations
de taux des cinq taxes fusionnées, rapportant, au total,
613 millions de francs supplémentaires.
Il a ensuite précisé les autres raisons de son opposition
à la nouvelle taxe : meilleure possibilité d'accroître la
pression fiscale écologique, perte d'autonomie de l'ADEME puis des
agences de l'eau, déconnexion entre le fait générateur et
la dépense permettant, d'une part, le financement de mesures non
directement liées à la défense de l'environnement et,
d'autre part, des désaffectations de recettes préfigurées
par la contribution d'une majoration de la taxe sur les déchets au
financement de mesures relatives à la politique gouvernementale de
l'énergie.
Il a alors estimé que les économies d'énergie et les
énergies renouvelables ne résoudraient pas à elles seules
les problèmes qui se posent à la France en matière
énergétique et a jugé leur relance
prématurée, étant donné, d'une part, le contexte
économique actuel et en l'absence, d'autre part, d'un grand débat
national sur l'avenir du nucléaire.
A ces motifs d'opposition de principe s'ajoute, pour le rapporteur
spécial, une objection à caractère technique, relative aux
difficultés que risque d'éprouver le ministère à
maîtriser une telle augmentation de ses dépenses, au vu des
problèmes de consommation de crédits rencontrés au cours
des précédents exercices.
M. Philippe Adnot, rapporteur spécial,
a ensuite
détaillé les évolutions de crédits prévues
et, notamment, les principales mesures nouvelles dans chaque agrégat.
Il a observé que le premier agrégat, par ordre d'importance des
dépenses, était celui relatif, soit à la prévention
des pollutions et des risques, soit à la protection de la nature, des
sites et des paysages, selon que l'on incluait ou non dans chacun des montants
concernés les ressources de la TGAP.
Il a précisé que les actions les plus coûteuses en
matière de prévention concernaient respectivement les
déchets (811 millions de francs), l'énergie
(293 millions de francs) et la pollution atmosphérique
(268 millions de francs).
S'agissant de la protection de la nature et des sites et paysages, il a
souligné l'importance de la création du fonds de gestion des
milieux naturels, doté de 164 millions de francs.
A propos de l'agrégat relatif à la protection de l'eau et des
milieux aquatiques, il a noté la sollicitation des agences de l'eau par
le budget de l'environnement à travers deux fonds de concours ainsi que
le poids des dépenses concernant la prévention des inondations,
du plan Loire (346 millions de francs) et, plus généralement, des
risques naturels.
Les observations finales du rapporteur spécial ont porté
sur :
- les risques de démembrement de l'Etat dans l'accomplissement des
missions de service public du ministère (recouvrement de la TGAP par
l'ADEME, financement de la police des eaux par les agences de bassin,
rôle des associations...) ;
- la nécessité de mieux contrôler les dépenses
des associations ;
- la possibilité de renforcer l'autorité du
ministère par des mesures statutaires ou des redistributions de
compétences, en évitant d'alourdir la dépense publique et
sans qu'il se départisse, pour autant, de son caractère
d'administration de mission.
M. Philippe Adnot, rapporteur spécial,
a soumis à la
commission quatre amendements tendant, à chacun des titres de ce budget,
à tirer les conséquences du vote de suppression de la TGAP, et
à supprimer les créations d'emplois et leurs mesures
d'accompagnement ainsi que les mesures nouvelles accordées aux
associations.
Puis,
M. Roger Besse
s'est étonné qu'il soit aussi
facile de financer des créations d'emplois en matière de police
de l'eau, alors que les effectifs dans la gendarmerie ne sont pas suffisants
pour éviter d'envisager certains redéploiements qui pourraient
entraîner des fermetures d'unités en milieu rural.
M. Philippe Marini, rapporteur général,
a
souligné que l'évolution des crédits de l'environnement
pour 1999 soulevait un problème budgétaire fondamental qui
devrait faire l'objet d'un large débat en séance publique.
Il a évoqué les difficultés d'interprétation que
soulevait la rédaction de l'article 21 du projet de loi de finances
appliquant le taux réduit de taxe à la valeur ajoutée
(TVA) aux opérations de collecte, de tri et de traitement des ordures
ménagères.
M. Gérard Miquel
s'est demandé s'il ne conviendrait
pas d'exonérer les déchets ultimes de la taxe sur le stockage
intégrée dans la TGAP. Il s'est interrogé par ailleurs sur
l'éligibilité au taux réduit de TVA des déchets
recyclés et des équipements de traitement.
La commission a alors
voté
les
quatre amendements
proposés par le rapporteur spécial et
l'ensemble des
crédits du ministère de l'environnement ainsi
modifiés.
ANNEXE
SYNTHÈSE DES RÉPONSES DU
MINISTÈRE DE L'ENVIRONNEMENT AU QUESTIONNAIRE BUDGÉTAIRE DE LA
COMMISSION
L'exécution des objectifs de la politique de
l'environnement
ne dépend pas, on l'a vu, que de l'action du ministère de
l'environnement ou du montant de ses crédits, mais aussi :
- de l'application, par toutes les personnes concernées, de
l'arsenal des mesures législatives et réglementaires qui les
précisent, au niveau tant national que mondial et communautaire ;
- des investissements du secteur privé et des collectivités ;
- de l'évolution des technologies industrielles et agricoles.
Les réponses au questionnaire budgétaire de votre rapporteur
permettent de dresser un bilan très synthétique de cette
politique :
A - CONCERNANT L'EAU
Il est estimé que la France est un des pays européens les mieux
équipés en infrastructures d'assainissement et que la pollution a
diminué dans les secteurs les plus exposés, mais on note, en
même temps, la raréfaction des eaux indemnes de pollution.
De nombreux problèmes sont signalés :
- pollutions diffuses d'origine agricole ;
- eutrophisation des eaux douces et des eaux littorales ;
- lacunes des dispositifs d'assainissement (capacités de collecte
et de traitement parfois insuffisantes, problèmes des fuites et des
rejets) ;
- nécessité de changer les canalisations en plomb des
réseaux de distribution d'eau potable ;
- dans les eaux marines, prolifération d'algues sur le littoral et
inefficacité des procédures pénales à l'encontre
des rejets illicites d'hydrocarbures, etc....
La commission européenne a attaqué la France devant la Cour
européenne de Justice pour mauvaise application de la directive 75/441
relative à la qualité des eaux superficielles destinées
à la production d'eau alimentaire. Elle a également
adressé à notre pays un avis motivé pour application
insuffisante de la directive nitrates 91/676 du
12 décembre 1991.
Des retards sont constatés en ce qui concerne le respect par les
agglomérations de plus de 10.000 habitants des
échéances fixées par la réglementation en
matière de respect des normes d'assainissement ; particulièrement
dans le bassin de l'agence Rhône-Méditerranée-Corse, pour
l'application de la directive européenne du 21 mai 1991 relative au
traitement des eaux résiduaires urbaines.
En général, les investissements en épuration ont
été inférieurs aux prévisions ces dernières
années.
B - CONCERNANT L'AIR
De nombreux textes d'application de la loi du 30 décembre 1996
sont encore en attente (concernant les plans de protection de
l'atmosphère ; l'agrément d'équipements, laboratoires,
experts dans le domaine du contrôle de la qualité de l'air,
etc...).
Le niveau de l'ozone troposphérique (O3) constitue un problème
préoccupant dans l'ensemble des régions françaises.
L'élaboration des plans de déplacements urbains accuse un retard
important.
S'agissant de la pollution par les moyens de transport, on note que les
immatriculations de véhicules électriques demeurent peu
nombreuses, malgré une aide attractive, et que les esters
(biocarburants) d'apparition récente ne font encore l'objet d'aucune
réglementation communautaire.
Le problème de la fixation d'un taux minimum d'oxygène pour les
biocarburants n'a non plus encore été résolu.
C - CONCERNANT LES DÉCHETS
Les plans départementaux d'élimination des déchets ont
dû être réorientés, le recours à
l'incinération ayant été surestimé et la mise en
décharge sous-estimée. Des retards persistent dans leur
élaboration.
En outre, les réalisations relatives à la valorisation des DIB
(déchets industriels banals) sont quasiment inexistantes et l'ADEME n'a
pas de compétence reconnue en matière de mise en décharge
des déchets "ultimes" (les plus nocifs !).
Enfin, on attend toujours la parution d'un décret sur les conditions
minimales de service municipal d'élimination des déchets.
D - CONCERNANT LES ESPACES NATURELS
Le dossier de presse du ministère sur le budget de l'environnement pour
1999 estime que "la France protège ses milieux naturels moins
vigoureusement que ses voisins".
Les problèmes dont font état les réponses aux
questionnaires budgétaires concernent :
- l'exécution des engagements de l'Etat dans le cadre des actions
prévues par les contrats de plan en faveur des parcs naturels
régionaux
- le bilan mitigé des zones périphériques des parcs
nationaux et les difficultés qui peuvent y être rencontrées
- la directive Natura 2000, ses lacunes, ses vicissitudes, les retards de
sa mise en oeuvre
- diverses difficultés financières (du fait de la diminution
du nombre de pêcheurs et de chasseurs, pour la création de
nouvelles réserves naturelles, l'acquisition par le conservatoire du
littoral d'importants domaines fonciers, etc...)
- les dégâts causés par des espèces
réintroduites à grands frais (loups, lynx, ours...) ou
protégées (grand cormoran...)
- les tensions entre l'office national de la chasse (ONC) et les
fédérations.
Enfin, deux décrets d'application de la loi du 2 février 1995
relative au renforcement de la protection de l'environnement sont à ce
jour, toujours en attente.
Ils concernent :
- l'inventaire départemental du patrimoine naturel
- les attributions et la composition du conseil départemental de
l'environnement.
E - CONCERNANT LE BRUIT
Plusieurs décrets d'application de la loi n° 92-1444 du
31 décembre 1992 relatifs à la réglementation
d'activités particulièrement bruyantes (sports aériens,
chantiers, tirs à l'arme à feu, compétitions automobiles
en des lieux non ouverts à la circulation publique) ne sont toujours pas
parus.
Un besoin général de formation de personnels techniques des
communes en acoustique se fait par ailleurs sentir.
Des problèmes de consommation du produit de la taxe d'atténuation
des nuisances sonores ont été rencontrés.
Enfin, aucune des commissions consultatives d'aide aux riverains des
aéroports ne s'est réunie en 1998 par suite de retards dans la
nomination de leurs nouveaux présidents.
F - AUTRES QUESTIONS
Les autres problèmes évoqués dans les réponses au
questionnaire budgétaire ont trait :
- aux tentatives de l'Union européenne pour promouvoir une
agriculture plus respectueuse de l'environnement (élevage extensif,
préservation de la diversité génétique, programme
leader favorisant notamment l'écotourisme...)
- la sécurité et la sûreté nucléaires
- la prévention et la réparation des pollutions
industrielles (une évaluation du traitement des 896 sites pollués
en 1997 est en cours).
DEUXIEME DELIBERATION A L'ASSEMBLEE NATIONALE
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PROJET DE LOI DE FINANCES 199
Aménagement du territoire et environnement
II - ENVIRONNEMENT
Les
majorations de crédits non reconductibles accordées au budget de
l'environnement concernent :
- au titre IV, pour un total de 4.606.000 francs, le chapitre 44-10
(protection de la nature et de l'environnement), en ses articles 20
(crédits non déconcentrés pour la protection de la nature,
des sites et paysages : 1,3 million de francs), 37 (crédits
déconcentrés destinés à la gestion des cours et des
milieux aquatiques : 0,2 million de francs), 40 (crédits
déconcentrés pour la protection de la nature, des sites et des
paysages : 2,706 millions de francs), 70 (crédits non
déconcentrés pour la coopération et les actions de
partenariat : 0,02 million de francs), 80 et 90 (crédits
déconcentrés et non déconcentrés consacrés
à la prévention des pollutions et des risques : respectivement
0,2 et 0,18 million de francs ) ;
- au titre VI, pour un total de 4.050.000 francs d'autorisations de programme
et autant de crédits de paiement :
• le chapitre 67-20 (protection de la nature et de l'environnement) en
ses articles 40 (prévention des pollutions et des risques, nuisances
urbaines, bruit... : 0,05 million de francs en autorisations de programme et
crédits de paiement) et 80 (Fonds de la recherche scientifique et
technique : 1 million de francs en autorisations de programme et crédits
de paiement) ;
• et le chapitre 67-41 (subventions d'investissement à divers
établissements publics) en son article 10 (Conservatoire de l'espace
littoral et des rivages lacustres : 3 millions de francs en autorisations de
programme et crédits de paiement).
1
En 1997, 274,8 millions de francs
d'aides à l'investissement des agences de l'eau ont
généré 707 millions de francs de travaux. Les
investissements des entreprises sur leurs fonds propres correspondent en
général à trois ou quatre fois le montant des subventions
accordées en retour du paiement des taxes et redevances.
2
Des précédents peuvent être cités en
matière de détournement du produit de certains
prélèvements de leur destination initiale (vignette automobile,
taxe additionnelle au droit au bail au profit de l'Agence nationale pour
l'amélioration de l'habitat, taxe sur les bureaux en Ile de France,
etc...)
3
Cette commission comprenait 7 représentants de l'Etat,
7 élus locaux et 10 personnalités qualifiées.
4
18 membres permanents, dont un tiers d'élus auxquels
se joignent 5 personnalités,
désignées par le
préfet,
selon la formation ("sites et paysages", "protection de la
nature", "faune sauvage captive", "publicité")
5
L'ADEME (agence de l'environnement et de la maîtrise de
l'énergie) est un établissement public à caractère
industriel et commercial créé par la loi du
19 décembre 1990 placé sous la tutelle des ministres
chargés de l'environnement, de la recherche et de l'énergie. Elle
exerce des missions d'animation, de recherche, de conseil technique, de
sensibilisation et d'incitation financière dans les domaines suivants :
économies d'énergie et de matières premières,
énergies renouvelables, déchets, pollution de l'air et des sols,
technologies propres, bruit.
6
L'article 30 du projet de loi de finances intègre dans
le code des douanes de nouveaux articles reprenant, avec des modifications, les
dispositions des anciennes taxes relatives aux redevables
(art. 266 sexies) aux faits générateurs (art.
266 septies) aux assiettes (art. 266 octies) et aux montants en
francs par tonne (art. 266 nonies)
7
Ne sont plus concernées, notamment, afin de mettre fin
à des contentieux, les huiles produites par les raffineries et
consommées, sans résidus, dans la fabrication industrielle de
certains produits.
8
En fait, le bilan global des créations suppressions est de
139, compte-tenu du fait que la création de deux emplois d'inspecteurs
généraux des monuments historiques, des sites et des paysages a
été gagée par la suppression de trois emplois de
contractuels.
9
Plans d'exposition aux risques, périmètres
délimités en application de l'article R.111-3 du code de
l'urbanisme, plans de surfaces submersibles, plans de zones sensibles aux
incendies de forêts
10
dont 45 MF de crédits déconcentrés
11
Une nouvelle redevance relative à la modification du
régime des eaux est en cours de définition
12
dont 11 millions de francs de mesures nouvelles au titre de la
prévention des inondations :
- 2 millions de francs pour la modernisation des annonces de crue
(interconnexion avec les radars de Méréo France)
- 9 millions de francs pour la restauration du domaine public fluvail hors plan
Loire.
13
Cette somme recouvre aussi le financement de la banque de
données sur la qualité de l'air.
Les associations de surveillance de la qualité de l'air sont des
structures regroupant l'ensemble des partenaires locaux impliqués dans
la gestion de la qualité de l'air (collectivités locales,
industriels, administrations, associations de protection de l'environnement,
personnalités qualifiées, etc...)