B. LES DISPOSITIONS À CARACTÈRE GÉNÉRAL DE LA LOI DE FINANCES
La présente loi de finances contient plusieurs dispositions directement liées à la politique de l'environnement, outre l'instauration de la TGAP déjà évoquée dans le premier chapitre.
1. Article 18 (carburants)
L'article 18 du projet de loi de finances pour 1999
modifie les
tarifs des taxes intérieures de consommation sur les produits
pétroliers et sur le gaz naturel.
Il est prévu d'amorcer ainsi la réduction, décidée
par le Gouvernement, de l'écart de taxation entre le gazole et le
supercarburant sans plomb qui doit être aligné, en sept ans, sur
l'écart communautaire moyen.
Si la TIPP sur le gazole devrait ainsi augmenter de 7 centimes par litre
le 11 janvier prochain, elle restera inchangée en ce qui concerne
le gaz de pétrole liquéfié (GPL) et le gaz naturel
véhicules (GNV).
Ses tarifs, pour ce qui est du supercarburant plombé, ainsi que ceux de
la taxe intérieur de consommation sur le gaz naturel, devraient
être indexés sur l'indice des prix à la
consommation.
2. Article 18 ter nouveau (GPL)
Cet article additionnel, introduit par l'Assemblée nationale, porte de 6.500 à 9.000 litres de GPL et de GNV, le plafond de l'exonération de TIPP accordée aux taxis par l'article 265 sexies du code des douanes.
3. Article 21 (déchets)
Le taux
réduit de TVA devrait être appliqué, selon cet article,
modifié par l'Assemblée nationale, aux prestations de collecte,
de tri et de traitement des déchets ménagers portant sur des
matériaux ayant fait l'objet d'un contrat entre une commune et une
entreprise agréée au titre de la loi du 15 juillet 1975.
Il s'agit d'une incitation fiscale à la mise en oeuvre de la nouvelle
politique du Gouvernement concernant les déchets ménagers et
assimilés qui poursuit deux objectifs :
- l'interdiction, d'ici le 1er juillet 2002, du stockage de
déchets autres qu'ultimes ;
- le développement de leur valorisation matière (recyclage)
biologique (compostage) ou énergétique (avec une mise aux normes
des installations d'incinération tendant à éliminer les
émissions de dioxine dans l'atmosphère).
Il s'agit, en fait, de limiter à la fois les mises en décharge
(réservées aux déchets ultimes) et l'incinération
(qui paraît toutefois incontournable dans les grandes
agglomérations).
Toutes les techniques de traitement supposent, de toute façon, des
collectes sélectives ou un tri affiné qui peut être
mécanisé.
L'application à ces opérations du taux réduit de TVA
faciliterait leur rentabilisation qui demeure difficile.
La rédaction de l'article 21 est cependant ambiguë (voir
observation), notamment en ce qui concerne la valorisation
énergétique et l'assujettissement des déchets
résiduels des journaux, magazines et des fermentescibles.
Il est en effet parfois difficile, dans ce dernier cas, de distinguer, au stade
des opérations de ramassage des déchets, celles qui se rapportent
à des produits recyclables et qu'il faut donc inclure dans la collecte
sélective ou séparative.
Il serait souhaitable, afin d'éviter tout contentieux, d'étendre
l'application du taux réduit à
l'ensemble
des
opérations de collecte et de traitement des ordures
ménagères mais il en coûterait alors 1,3 milliard de
francs au lieu de 327 millions de francs.
4. Article 30 (TGAP)
Ont
déjà été commentés dans ce rapport le
regroupement des cinq taxes au sein de la TGAP ainsi que le peu de changement
concernant leurs redevables, leurs faits générateurs et leurs
assiettes (sauf pour les huiles usées).
Mais, le débat sur la désaffectation de chacune des
catégories de recettes concernées, du fait de leur fusion qui
permet le libre usage de leur produit globalisé, ne doit pas faire
oublier la forte augmentation des taux à laquelle il est
procédé.
Le tableau ci-après en rappelle l'ampleur.
Augmentation du taux des taxes regroupées dans la TGAP |
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|
1998 (F) |
1999 (F) |
Déchets ménagers ou assimilés
|
40/T |
60/T |
- provenance extérieure à la zone du plan d'élimination |
60/T |
90/T |
- montant minimal annuel par installation |
2.000 |
3.000 |
Déchets industriels spéciaux |
|
|
- provenance extérieure au périmètre du plan d'élimination |
|
|
Pollution atmosphérique |
|
|
- oxydes d'azote et autres composés oxygénés de l'azote |
180/T |
250/T |
- hydrocarbures non méthaniques, solvants et autres composés organiques volatiles |
|
|
Nuisances sonores aéroportuaires |
|
|
- groupe 1 |
51/T |
68/T |
- groupe 2 |
18,75/T |
25/T |
Huiles de base |
150/T |
200/T |
Le taux de la taxe sur les déchets ménagers et assimilés et le montant minimal annuel par installation de stockage augmentent, notamment, de 50 %.
5. Article 31 (amortissement des véhicules propres)
Selon
cet article, enfin,
les véhicules fonctionnant en bicarburation et
les accumulateurs nécessaires à leur fonctionnement
bénéficieraient de l'amortissement exceptionnel sur douze
mois
jusqu'alors réservé aux véhicules fonctionnant
exclusivement à l'électricité et aux accumulateurs
correspondants, ainsi qu'à ceux utilisant le gaz naturel ou le gaz de
pétrole liquéfié (GPL).
Ces mesures fiscales, qui ne sont pas décidées par le
ministère de l'environnement, ont souvent un impact financier bien
supérieur à celui des mesures nouvelles de ce budget (hors
énergie) qui seront examinées dans le chapitre suivant.
L'augmentation de la taxe sur les déchets ménagers rapporte, on
l'a vu, 462 millions de francs. Le remboursement partiel aux routiers de
la TIPP sur le gazole coûtera 320 millions de francs à
partir de l'an 2000. La non indexation du super sans plomb
représente une perte budgétaire de 535 millions de francs,
etc.
*
* *
Les
considérations de ce chapitre ne tendent pas à minimiser le
rôle des services de l'environnement mais, au contraire, à rendre
hommage à ce "ministère de l'impossible" qui s'est jusqu'ici
acquitté plus qu'honorablement de sa tâche difficile avec peu de
moyens. Il a été montré que la politique de
l'environnement présente de doute façon un caractère
essentiellement décentralisé, déconcentré et
interministériel. Dans ces conditions, l'efficacité du
ministère dépend de son pouvoir de persuasion, de son aptitude
à la concertation, de son rôle de coordination et de ses actions
d'incitation. Elle ne se mesure pas à l'aune de ses effectif ou de ses
crédits propres.
Votre rapporteur souhaite que le ministère de l'environnement demeure
une administration de mission et n'échappe pas à l'effort
général de maîtrise des dépenses publiques qui
s'impose.
Il y aurait contradiction à alourdir, au nom de l'environnement, la
pression fiscale globale déjà excessive sur les entreprises dont
dépend
in fine
l'amélioration de notre cadre de vie et le
développement durable de notre économie.