B. SEULE LA MAÎTRISE DES DÉPENSES PERMET DE TENIR DURABLEMENT L'ÉQUILIBRE DES COMPTES SOCIAUX
1. Le bilan 1997 : des objectifs de dépenses stricts sont réalisables
a) Les objectifs de dépenses ont été atteints
Dépenses par branche
En milliards de francs |
PLFSS 1997 |
Réalisations septembre 1998 |
Ecarts milliards de francs |
Ecarts % |
Maladie |
662,1 |
663,1 |
+ 1,0 |
+ 0,15 |
Accidents du travail |
54,7 |
55,0 |
+ 0,3 |
+ 0,55 |
Vieillesse |
726,7 |
721,8 |
- 4,9 |
- 0,67 |
Famille (*) |
241,7 |
249,5 |
+ 7,8 |
+ 3,2 |
Total dépenses (*) |
1.685,2 |
1.689,4 |
+ 4,2 |
+ 0,25 |
(*)
Hors majoration de l'allocation de rentrée scolaire
En dehors de la majoration de l'allocation de rentrée scolaire,
intervenant pour 6,3 milliards de francs, le dérapage global est
seulement de 4,2 milliards de francs. Il est principalement imputable à
une sous-estimation des dépenses de la branche famille (7,8 milliards de
francs hors majoration de l'allocation de rentrée scolaire), alors que
la branche maladie connaît un très léger dérapage
d'un milliard de francs. Les dépenses de la branche famille sont
augmentées du montant de la régularisation intervenue en 1997 sur
les versements de l'assurance vieillesse des parents au foyer (AVPF) au titre
de 1996 pour un montant de 3,4 milliards de francs.
Les
dépenses supplémentaires induites par la loi famille de
1994
, tant décriées par Mme Martine Aubry lors de la
discussion du projet de loi de financement pour 1998,
n'ont
représenté finalement en 1997 qu'un montant de 4,4 milliards
de francs.
b) La progression de l'ONDAM a été respectée
La maîtrise des dépenses d'assurance maladie est particulièrement remarquable. Le plan Juppé a représenté un coup d'arrêt à la progression ininterrompue des dépenses. Le premier ONDAM de l'histoire parlementaire est respecté. La progression 1997/1996 est de 1,5 %.
L'ONDAM 1997
Réalisation 1996 |
Objectif 1997 |
Réalisation 1997 |
590,4 |
600,2 |
599,5 |
c) Les frais de gestion des branches du régime général ont pu être contenus
Les dépenses de gestion administrative ont connu une décélération sensible, en raison de la négociation tardive au cours de l'année 1997 des budgets pluriannuels au sein des conventions d'objectifs et de gestion.
Dépenses de gestion administrative 1996-1997
En millions de francs |
1996 |
1997 |
CNAMTS (y compris accidents du travail) |
33.316 |
33.028 |
CNAVTS |
5.690 |
5.697 |
CNAF |
8.022 |
8.297 |
Total |
47.028 |
47.012 |
En définitive, la première loi de financement montre que des objectifs stricts de dépenses, dans un contexte de reprise économique, peuvent être tenus. L'ONDAM a progressé de 1,5 %, alors que la croissance du PIB était de 3,4 % en valeur .
2. Le bilan 1998 : " l'année gâchée "
a) Les objectifs de dépenses ont été dépassés
Le contexte économique de 1998 semble avoir été très favorable. La croissance s'établit à 3,1 %, légèrement au-dessus des prévisions. Les objectifs de recettes faisant apparaître un excédent de 8,5 milliards, il aurait pu être possible -à dépenses constantes- de réduire fortement le déficit des comptes sociaux.
Objectifs de dépenses 1998
En milliards de francs |
Objectifs LFSS pour 1998 (1) |
Prévisions d'exécution (2) |
Ecarts
|
Maladie - maternité - invalidité - décès |
678,5 |
686,0 |
+ 7,5 |
Vieillesse - veuvage |
755,0 |
755,2 |
+ 0,2 |
Accidents du travail |
50,8 |
51,1 |
+ 0,3 |
Famille ( * ) |
246,9 |
246,7 |
- 0,2 |
Total des dépenses ( * ) |
1.731,2 |
1.739,0 |
+ 7,8 |
(
*
)
hors majoration de
l'allocation
de rentrée scolaire
La différence est très nette par rapport à 1997. En dehors
de la majoration de l'allocation de rentrée scolaire, intervenant pour
6,3 milliards de francs, le dérapage global est de 7,8 milliards de
francs, imputable au dérapage des dépenses d'assurance maladie.
La prévision de réalisation de l'ONDAM confirme ce
dérapage. Elle s'établirait à 619,8 milliards de francs,
au lieu des 613,8 prévus.
b) Le régime général en 1998 : les recettes supplémentaires ne compensent pas entièrement les dépenses supplémentaires
Le
dérapage des dépenses du régime général est
de 6,94 milliards de francs en dehors de la majoration de l'allocation de
rentrée scolaire.
Cette dérive des dépenses du régime
général est là aussi principalement due aux
dépenses d'assurance maladie, qui ont connu un dérapage imputable
au Gouvernement, en raison de ses atermoiements à définir une
politique dans ce domaine
47(
*
)
.
Dépenses du régime général en 1998
En millions de francs |
LFSS 1998 (CCSS) |
1998
|
Ecarts |
CNAMTS - Maladie |
586.561 |
592.909 |
+ 6.348 |
CNAMTS - AT |
44.701 |
44.330 |
- 371 |
CNAVTS |
385.359 |
386.405 |
+ 1.046 |
CNAF ( * ) |
248.857 |
248.776 |
- 81 |
Total dépenses ( * ) |
1.265.479 |
1.272.419 |
+ 6.940 |
(
*
)
Hors majoration de
l'allocation
de rentrée scolaire
Les dépenses de gestion administrative du régime
général connaissent une forte croissance en 1998, passant de
47.012 millions de francs à 49.575 millions de francs, soit une
augmentation de 5,45 %. Certes, il s'agit pour beaucoup d'un rattrapage de
la stabilisation observée en 1997 et d'un déport de
dépenses 1997 sur 1998 (programme SESAM-VITALE). Il n'en demeure pas
moins que cette augmentation aussi importante montre, là aussi, un
certain relâchement.
Parallèlement, un supplément de 5,5 milliards de francs de
recettes a pu être enregistré grâce à la croissance
en 1998, de sorte que la dégradation du solde global du régime
général a pu être limitée à 1,4 millliard de
francs (11,9 milliards de francs prévus initialement, 13,3
milliards de francs en prévision actualisée).
L'année 1998 aurait pu être bien meilleure : si les
dépenses n'avaient pas dérapé, le déficit
" global " du régime général s'établirait
à 7 milliards de francs.
C'est pour cette raison que l'année 1998 est, du point de vue des
comptes sociaux, " une année gâchée ".
En définitive, l'enseignement principal des deux premières lois
de financement de la sécurité sociale est le suivant : seule la
maîtrise des dépenses permet de tenir durablement
l'équilibre des comptes.
Le projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 1999
pourrait malheureusement être, après une année 1998
gâchée, celui d'une " année perdue ".