Projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 1999, adopté par l'Assemblée nationale,
DESCOURS (Charles)
RAPPORT 58 (98-99), Tome I - COMMISSION DES AFFAIRES SOCIALES
Table des matières
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TRAVAUX DE LA COMMISSION
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I. AUDITION DE MME MARTINE AUBRY,
MINISTRE DE L'EMPLOI ET DE LA SOLIDARITÉ
ET DE M. BERNARD KOUCHNER,
SECRÉTAIRE D'ÉTAT À LA SANTÉ -
II. AUDITIONS
- A. AUDITION DE M. PIERRE JOXE, PREMIER PRÉSIDENT DE LA COUR DES COMPTES
- B. AUDITION DE M. JEAN-MARIE SPAETH, PRÉSIDENT DE LA CAISSE NATIONALE D'ASSURANCE MALADIE DES TRAVAILLEURS SALARIÉS (CNAMTS)
- C. AUDITION DE M. BERNARD CARON, PRÉSIDENT DE L'AGENCE CENTRALE DES ORGANISMES DE SÉCURITÉ SOCIALE (ACOSS)
- D. AUDITION DE M. FRANÇOIS DE PAILLERETS, PRÉSIDENT DE LA CONFÉRENCE NATIONALE DE LA SANTÉ
- E. AUDITION DE M. EDMOND MALINVAUD, PROFESSEUR HONORAIRE AU COLLÈGE DE FRANCE
- F. AUDITION DE JEAN-FRANÇOIS CHADELAT, INSPECTEUR GÉNÉRAL DES AFFAIRES SOCIALES
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I. AUDITION DE MME MARTINE AUBRY,
- AVANT-PROPOS
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PREMIÈRE PARTIE
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ÉQUILIBRES FINANCIERS GÉNÉRAUX-
I. LES LOIS DE FINANCEMENT : UN INSTRUMENT PERFECTIBLE
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A. AMÉLIORER LE CONTENU DES LOIS DE FINANCEMENT
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1. Clarifier les enjeux des lois de financement
- a) Une confusion entre des soldes tendanciels et des soldes corrigés par la loi de financement
- b) Deux dispositions normatives difficiles à apprécier
- c) Des objectifs de dépenses et de recettes votés par le Parlement, mais ne constituant pas un équilibre
- d) L'utilisation de comptes hétérogènes
- e) Un discours consacré quasi exclusivement aux comptes du régime général
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2. Compléter l'information du Parlement
- a) Un " vert " loi de financement apparaît nécessaire
- b) Le calendrier d'examen de la loi de financement devra tenir compte de l'évolution du calendrier d'examen de la loi de finances
- c) La proposition d'un véritable débat d'orientation sur le financement de la sécurité sociale dans le cadre du débat d'orientation budgétaire
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1. Clarifier les enjeux des lois de financement
- B. ASSURER LA TRANSPARENCE DES COMPTES
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A. AMÉLIORER LE CONTENU DES LOIS DE FINANCEMENT
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II. LE BILAN D'APPLICATION DES DEUX PREMIÈRES LOIS DE FINANCEMENT DE LA
SÉCURITÉ SOCIALE : LE RETOUR À L'ÉQUILIBRE DES
COMPTES EST FRAGILE
- A. LA RÉFORME DU FINANCEMENT DE LA SÉCURITÉ SOCIALE ET LA CROISSANCE RETROUVÉE EXPLIQUENT LA TENDANCE D'UN RETOUR À L'ÉQUILIBRE DES COMPTES SOCIAUX
- B. SEULE LA MAÎTRISE DES DÉPENSES PERMET DE TENIR DURABLEMENT L'ÉQUILIBRE DES COMPTES SOCIAUX
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III. LE PROJET DE LOI DE FINANCEMENT POUR 1999 : LE GOUVERNEMENT SE
CONTENTE D'ENGRANGER LES FRUITS DE LA CROISSANCE SANS PRÉPARER
L'AVENIR
- A. LES INCERTITUDES ÉCONOMIQUES MENACENT LA PRÉVISION D'UN ÉQUILIBRE GLOBAL DU RÉGIME GÉNÉRAL EN 1999
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B. LES MESURES PROPOSÉES PAR LE GOUVERNEMENT
- 1. Les mesures correctives sur l'équilibre tendanciel ont un impact très limité
- 2. La politique gouvernementale laisse planer une incertitude de plus sur l'équilibre des comptes
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3. L'absence de réformes structurelles
- a) La réforme des cotisations patronales est enlisée par l'accumulation de " diagnostics "
- b) Le financement du déficit structurel de la branche vieillesse n'est pas assuré
- c) Le financement de la couverture maladie universelle n'est pas défini
- d) Le " dispositif permanent de financement des services d'aide aux personnes " n'est pas présent dans le projet de loi initial
- e) La question de l'affectation des excédents du régime général est esquissée dans des termes inquiétants
- C. LES ORIENTATIONS DE VOTRE COMMISSION DES AFFAIRES SOCIALES
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I. LES LOIS DE FINANCEMENT : UN INSTRUMENT PERFECTIBLE
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DEUXIÈME PARTIE
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ASSURANCE MALADIE-
I. LES SEULES DÉCISIONS IMPORTANTES DU GOUVERNEMENT EN 1998 : DES
PÉNALITÉS FINANCIÈRES POUR LES PROFESSIONNELS DE
SANTÉ, SANCTIONS DE SON PROPRE IMMOBILISME
- A. L'OBJECTIF 1997, POURTANT RIGOUREUX, A ÉTÉ RESPECTÉ
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B. LA DÉCLINAISON D'UN OBJECTIF 1998 PLUS GÉNÉREUX
- 1. Un préalable à la répartition de l'ONDAM 1998 : les corrections apportées à l'ONDAM 1997
- 2. La définition de l'objectif de soins de ville
- 3. Le montant des dépenses autorisées des établissements de santé financés par dotation globale
- 4. L'objectif quantifié national des cliniques privées
- 5. L'objectif de dépenses des établissements médico-sociaux
- C. LE DÉRAPAGE DES DÉPENSES EN DÉBUT D'ANNÉE ET LES SANCTIONS FINANCIÈRES PRISES PAR LE GOUVERNEMENT
- D. L'ONDAM 1998 NE DEVRAIT PAS ÊTRE RESPECTÉ
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II. UNE POLITIQUE DES SOINS DE VILLE QUI SE RÉSUME À DES
CONTRIBUTIONS FINANCIÈRES À LA CHARGE DES PROFESSIONNELS
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A. MÉDECINE DE VILLE : LE GOUVERNEMENT FAIT LE CHOIX D'UNE
MAÎTRISE EXCLUSIVEMENT COMPTABLE DES DÉPENSES
- 1. Le Gouvernement ne parvient pas à dialoguer avec les médecins
- 2. Des choix politiques périlleux : l'exemple de la politique de régulation de la démographie médicale
- 3. Le projet de loi de financement, en instituant des lettres-clés flottantes et des reversements collectifs, multiplie les outils de régulation purement comptables des dépenses médicales
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B. PHARMACIE : LE PROJET DE LOI DE FINANCEMENT DE LA SÉCURITÉ
SOCIALE VEUT METTRE FIN À LA POLITIQUE CONVENTIONNELLE DU
MÉDICAMENT
- 1. La politique conventionnelle du médicament et les principaux enjeux de la politique du médicament
- 2. Au lieu d'améliorer la politique conventionnelle du médicament et de la rendre attractive pour les entreprises, le Gouvernement, avec le concours de l'Assemblée nationale, semble pour l'instant vouloir lui ôter toute crédibilité
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A. MÉDECINE DE VILLE : LE GOUVERNEMENT FAIT LE CHOIX D'UNE
MAÎTRISE EXCLUSIVEMENT COMPTABLE DES DÉPENSES
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III. HÔPITAL : SILENCE ! LE PROJET DE LOI DE FINANCEMENT DE LA
SÉCURITÉ SOCIALE EST MUET SUR L'HÔPITAL PUBLIC, QUI
CONSTITUE POURTANT L'ENJEU PRINCIPAL POUR L'AVENIR DU SYSTÈME DE
SANTÉ ET DE L'ASSURANCE MALADIE
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A. MALGRÉ L'URGENCE DES ENJEUX, LE GOUVERNEMENT " FAIT DE LA
PROSPECTIVE "
- 1. Un an et demi après son entrée en fonctions, le Gouvernement... met en place des groupes de travail sur l'hôpital
- 2. Il ne met pas à profit les résultats des études qu'il a lui-même demandées : ainsi, le dossier des praticiens hospitaliers n'a fait l'objet d'aucune décision malgré une réflexion préalable de qualité
- 3. Les instruments créés par l'ordonnance du 24 avril 1996 ne sont utilisés qu'avec retard
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B. IL NE DONNE PAS L'IMPULSION NÉCESSAIRE À L'ADAPTATION DE
L'HÔPITAL PUBLIC AUX BESOINS DE LA POPULATION
- 1. Le Gouvernement semble avoir oublié pendant plusieurs mois de publier les décrets relatifs au fonds d'accompagnement social pour la modernisation des hôpitaux
- 2. Au lieu d'augmenter les dotations du fonds d'investissement pour la modernisation des hôpitaux, le Gouvernement veut les réduire en 1999.
- 3. L'objectif de dépenses hospitalières pour 1999 : des marges qui semblent plus destinées à financer des mesures salariales qu'à adapter l'hôpital
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A. MALGRÉ L'URGENCE DES ENJEUX, LE GOUVERNEMENT " FAIT DE LA
PROSPECTIVE "
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I. LES SEULES DÉCISIONS IMPORTANTES DU GOUVERNEMENT EN 1998 : DES
PÉNALITÉS FINANCIÈRES POUR LES PROFESSIONNELS DE
SANTÉ, SANCTIONS DE SON PROPRE IMMOBILISME
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ANNEXE
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ASSURANCE MALADIE
LISTE DES PERSONNES AUDITIONNÉES
PAR LE RAPPORTEUR
N° 58
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 1998-1999
Annexe au procès-verbal de la séance du 10 novembre 1998
RAPPORT
FAIT
au nom de la commission des Affaires sociales (1) sur le projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 1999 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE,
TOME
I
ÉQUILIBRES FINANCIERS GÉNÉRAUX
ET ASSURANCE MALADIE
Par M. Charles DESCOURS,
Sénateur.
(1)
Cette commission est composée de :
MM. Jean Delaneau,
président
; Jacques Bimbenet, Louis Boyer, Mme Marie-Madeleine
Dieulangard, MM. Guy Fischer, Jean-Louis Lorrain, Louis Souvet,
vice-présidents
; Mme Annick Bocandé, MM. Charles
Descours, Alain Gournac, Roland Huguet,
secrétaires
; Henri
d'Attilio, François Autain, Paul Blanc, Mme Nicole Borvo, MM.
Jean-Pierre Cantegrit, Bernard Cazeau, Gilbert Chabroux, Jean Chérioux,
Philippe Darniche, Christian Demuynck, Claude Domeizel, Jacques Dominati,
Michel Esneu, Alfred Foy, Serge Franchis, Francis Giraud, Claude Huriet,
André Jourdain, Philippe Labeyrie, Dominique Larifla, Henri Le Breton,
Dominique Leclerc, Marcel Lesbros, Simon Loueckhote, Jacques Machet, Georges
Mouly, Lucien Neuwirth, Philippe Nogrix, Mme Nelly Olin, MM. Lylian Payet,
André Pourny, Mme Gisèle Printz, MM. Henri de Raincourt,
Bernard Seillier, Martial Taugourdeau, Alain Vasselle, Paul Vergès,
André Vezinhet, Guy Vissac.
Voir les numéros :
Assemblée nationale
(
11
ème législ.) :
1106
,
1147
,
1148
et T.A.
192
.
Sénat
:
50
et
56
(1998-1999).
Sécurité sociale. |
TRAVAUX DE LA COMMISSION
I. AUDITION DE MME MARTINE AUBRY,
MINISTRE DE L'EMPLOI
ET DE LA SOLIDARITÉ
ET DE M. BERNARD KOUCHNER,
SECRÉTAIRE
D'ÉTAT À LA SANTÉ
Le
mercredi 4 novembre 1998
, sous la
présidence de M. Jean
Delaneau
,
président
, la commission a procédé
à
l'audition de Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi sur la
solidarité
sur le
projet de loi de financement de la
sécurité sociale pour 1999.
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité,
a
estimé que le projet de loi de financement de la sécurité
sociale pour 1999 s'organisait autour de l'objectif du retour à
l'équilibre du régime général après des
déficits de 53 milliards de francs en 1996, de 33 milliards de
francs en 1997 et de 13 milliards de francs en 1998.
Elle a estimé que l'équilibre financier était le meilleur
gage de pérennité de la sécurité sociale et qu'il
était atteint sans prélèvement nouveau, ni suppression de
remboursement. Elle a affirmé que ce retour à l'équilibre
pouvait s'expliquer, pour un quart, par la croissance et, pour les trois quarts
restants, par des mesures structurelles de redressement prises l'an dernier.
Elle a ensuite abordé la branche de l'assurance maladie. Elle a
précisé que la croissance de l'objectif national des
dépenses d'assurance maladie (ONDAM) serait fixée à
2,6 % pour 1999, soit un taux supérieur à l'objectif de
2,27 % pour 1998 et de 1,7 % pour 1997.
Elle a estimé qu'un tel taux était nécessaire, à la
fois pour mettre en oeuvre les programmes de santé publique et pour
respecter l'accord salarial de la fonction publique. Mais elle a
considéré que ce taux était également rigoureux
rappelant que la croissance de l'économie française serait de
3,8 % en 1999. Elle a affirmé que cette évolution
modérée était nécessaire pour aboutir à une
meilleure allocation des dépenses. Elle a également
rappelé qu'un projet de loi sur la couverture maladie universelle serait
déposé dans quelques semaines au Parlement.
Elle a fait part de sa conviction que l'équilibre de la branche maladie
ne pourrait être assuré que grâce à des
réformes structurelles, soulignant parallèlement le fait que ces
réformes prenaient du temps à être mises en oeuvre dans la
mesure où elles nécessitaient un large débat avec
l'ensemble des acteurs de santé.
Elle a rappelé que de nombreux accords avaient été
signés depuis le début de l'année avec les professionnels
de la santé : médecins généralistes, industries
pharmaceutiques, pharmaciens, internes. Elle a également affirmé
qu'une négociation était en cours avec le personnel hospitalier.
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité
, a
déclaré que ces réformes structurelles ne relevaient pas
d'une logique partisane, mais d'une démarche pragmatique,
précisant qu'elle entendait conserver les volets les plus positifs des
réformes précédentes et compléter les lacunes des
dispositifs existants.
Elle a rappelé que plusieurs réformes avaient été
engagées avec succès depuis un an. Elle a ainsi souligné
que l'informatisation avait été relancée en constatant
qu'aujourd'hui 50 % des médecins étaient
informatisés, contre 30 % seulement il y a un an.
Concernant la démographie médicale, elle a indiqué qu'un
accord avait été signé avec les représentants des
internes de médecine et que le projet de loi proposait une
réforme du mécanisme d'incitation à la cessation
anticipée des médecins en le recentrant sur les régions ou
les spécialités excédentaires.
Elle a également estimé qu'il était nécessaire de
donner une base légale aux réseaux de soins et aux
filières organisées autour d'un médecin
généraliste choisi par le patient, jugeant qu'une telle
réforme permettrait notamment d'éviter les doubles emplois et une
meilleure prise en charge du malade.
Elle a précisé que la réforme de la nomenclature et du
codage des actes serait terminée en 2000.
S'agissant de médicaments, elle a déclaré qu'une politique
de bon usage et de lutte contre la surconsommation avait été
engagée. Elle a expliqué que la politique conventionnelle
traditionnelle visait avant tout à maintenir des prix de manière
artificielle alors que les réformes entreprises cherchaient plutôt
à rendre plus cohérents les prix et les taux de remboursement en
fonction de l'efficacité thérapeutique du médicament.
Rappelant que la mesure annoncée en juillet avait permis de
récupérer 1,5 milliard de francs, elle a
déclaré que l'accord conclu avec les laboratoires avait permis
d'éviter l'institution d'une nouvelle taxe pharmaceutique.
S'agissant de l'hôpital, elle a affirmé que l'objectif du
Gouvernement était d'adapter l'offre hospitalière aux besoins de
la population. Elle a insisté sur son souci de rattraper les retards
existants en s'engageant à un effort tout particulier sur cinq ans pour
les trois régions les plus défavorisées par rapport au
reste de la Nation.
Elle a également estimé que la révision des schémas
régionaux d'organisation de la santé visait à assurer
l'établissement de pôles de qualités technique et
professionnelle dans chaque région et à garantir le maintien de
services de proximité pour les maladies chroniques.
Elle a rappelé que la réduction des capacités
excédentaires se poursuivait, en concertation avec les élus, avec
la suppression de 2.900 lits excédentaires et avec la reconversion de
330 établissements hospitaliers.
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité,
a
affirmé que le projet de loi de financement de la sécurité
sociale pour 1999 tendait à renforcer ces évolutions
structurelles.
Concernant la médecine, elle a indiqué que le projet de loi
proposait de renforcer les unions régionales des médecins
libéraux et de créer, au sein de la Caisse nationale d'assurance
maladie (CNAM), un fonds d'aide à la qualité des soins de ville
qui serait doté de 500 millions de francs pour 1999.
S'agissant de la politique du médicament,
Mme Martine Aubry, ministre
de l'emploi et de la solidarité,
a indiqué que le projet de
loi favoriserait l'essor des médicaments génériques moins
coûteux, en instituant un droit de substitution accordé aux
pharmaciens.
Elle a estimé que ces réformes de fond devraient porter leurs
fruits de manière progressive jugeant par exemple que l'informatisation
permettrait à la fois d'offrir une aide à la prescription et
d'éviter les interactions médicamenteuses.
Elle a jugé nécessaire que, dans l'attente des résultats
de sa politique structurelle, soient mises en place les clauses de
régulation visant à responsabiliser les prescripteurs. Elle a
souligné que cette clause consistait en un dispositif de
" reversement " vers l'assurance maladie si l'objectif de
dépenses était dépassé de 0,3 à 0,5 %
par le prescripteur. Elle a souhaité que ce mécanisme n'ait pas
à jouer grâce notamment à des rendez-vous infra-annuels
entre les partenaires conventionnels et la CNAM.
S'agissant des maladies professionnelles,
Mme Martine Aubry, ministre de
l'emploi et de la solidarité,
a indiqué que le projet de loi
cherchait à mieux garantir les droits des victimes et qu'il permettait
la réouverture des dossiers liés à l'amiante.
Abordant la politique familiale, elle a rappelé que le projet de loi
prenait en compte les décisions annoncées lors de la
conférence de la famille, qu'il s'agisse de la suppression de la mise
sous condition de ressources des allocations familiales, de l'extension de
l'allocation de rentrée scolaire aux familles n'ayant qu'un enfant ou de
l'ouverture du droit aux allocations familiales pour tous les jeunes
dépourvus de ressources propres jusqu'à l'âge de 20 ans.
Elle a rappelé que la politique familiale se fixait trois objectifs pour
1999 : la révision de l'articulation entre vie familiale et vie
professionnelle, l'amélioration de la situation des jeunes adultes et
une aide aux parents qui ont des difficultés à remplir leur
rôle éducatif.
Abordant la question des retraites,
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi
et de la solidarité,
a annoncé que le commissariat
général du Plan avait terminé son diagnostic sur les
perspectives des retraites et qu'il entrait désormais dans une phase de
concertation avec les partenaires sociaux. Elle a précisé que son
rapport serait rendu public avant la fin février et qu'il serait suivi
d'un grand débat public.
Elle a également rappelé avoir annoncé à
l'Assemblée nationale l'abrogation de la loi Thomas, indiquant que ce
dispositif serait remplacé par la mise en place de fonds
d'épargne à long terme qui pourraient bénéficier
à tous et qui seraient gérés par les partenaires sociaux.
Elle a indiqué que le projet de loi prévoyait également la
mise en place d'un fonds de réserve pour les retraites, doté de
2 milliards de francs, mais qui pourrait être abondé,
à hauteur de 15 à 20 milliards de francs, grâce au
transfert d'une partie des fonds des caisses d'épargne.
S'agissant des personnes âgées,
Mme Martine Aubry, ministre de
l'emploi et de la solidarité,
a estimé que le projet de loi
constituait une avancée sensible sur la question des aides à
domicile, rappelant qu'un amendement adopté à l'Assemblée
nationale permettait l'exonération à 100 % des cotisations
sociales pour les associations d'aides à domicile des personnes
âgées.
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité,
a
enfin estimé que la réforme du financement de la
sécurité sociale devait être poursuivie. A cet
égard, elle a rappelé que l'Assemblée nationale avait
souhaité le dépôt d'un projet de loi avant la fin du
premier trimestre 1999 sur la réforme de l'assiette des cotisations
sociales des employeurs.
Elle a estimé que ce projet devrait permettre une répartition des
charges plus favorables à l'emploi et elle a annoncé qu'une
consultation des partenaires sociaux serait engagée dans les semaines
qui viennent.
M. Charles Descours, rapporteur pour les équilibres financiers
généraux et l'assurance maladie,
s'est interrogé sur
le taux d'inflation prévu pour 1999, chiffré à 1,2 %
hors tabac. Il a indiqué que cette prévision lui semblait
difficilement crédible dans le contexte actuel. Il a observé
qu'une moindre inflation aurait des effets sur la croissance de la masse
salariale en valeur. Après avoir relevé que la compensation des
exonérations de charges sociales dues aux trente cinq heures serait
finalement intégrale en 1999, il s'est interrogé sur le moyen,
pour le Gouvernement, de remettre en cause cette compensation intégrale
en cours d'année. Il a relevé que l'article 3 bis (nouveau) du
projet de loi voté par l'Assemblée nationale, résultant
d'un amendement du Gouvernement, remettait en cause -concernant les aides
à domicile- le principe de la compensation intégrale posé
par la loi du 25 juillet 1994 sur la sécurité sociale. Il a
demandé à Mme Martine Aubry si la mission
interministérielle portant sur la poursuite de la réforme des
droits constatés avait été mise en place.
Concernant l'assurance maladie, après avoir remarqué que le mot
" hôpital " n'était cité dans aucun article du
projet de loi, il a fait état d'un communiqué de presse de la
Fédération hospitalière de France, montrant que le total
des enveloppes de l'objectif national de dépenses d'assurance maladie
(ONDAM) n'atteignait pas le montant indiqué à l'article 33
du projet de loi. Il a observé que la marge de progression de l'ONDAM
était très faible, du fait du dérapage des dépenses
intervenu en 1998. Il a demandé si le projet de loi sur la couverture
maladie universelle serait discuté avant ou après la tenue des
Etats généraux de la santé. Il s'est interrogé sur
la modification de l'article 25 du projet de loi, instituant une clause de
sauvegarde applicable à la progression du chiffre d'affaires de
l'industrie pharmaceutique, alors même que l'article 26, créant
une contribution perçue sur l'industrie pharmaceutique au titre de
l'année 1998, avait été retiré par le Gouvernement.
Après avoir remarqué que seulement deux projets avaient
été approuvés par la commission présidée par
M. Raymond Soubie, il a souhaité connaître la position du
Gouvernement sur les réseaux et filières de soins. Enfin, il
s'est interrogé sur la pertinence de relever le numerus clausus, alors
que le mécanisme d'incitation à la cessation d'activité
(MICA) ne permettait pas de distinguer entre les spécialités.
M. Jacques Machet, rapporteur pour la famille
, s'est interrogé
sur l'utilisation des excédents prévisionnels de la branche
famille sur les années 1999, 2000 et 2001. Il a demandé si ces
excédents allaient servir à alimenter le fonds de réserve
pour les retraites créé à l'article 2 du projet de
loi. En tant que président du groupe d'étude des problèmes
du veuvage, il s'est interrogé sur le réel progrès
représenté par le nouvel article 29 bis, résultant d'un
amendement du Gouvernement.
M. Alain Vasselle, rapporteur pour l'assurance vieillesse,
s'est
interrogé sur les autres sources de financement -en dehors des 2
milliards de francs prévus et des sommes tirées de la
réforme des caisses d'épargne- du fonds de réserve pour
les retraites. Il a demandé à Mme la ministre de l'emploi et de
la solidarité de décrire les grandes lignes du projet de loi sur
l'épargne-retraite, et notamment de préciser le caractère
obligatoire ou non de l'adhésion à cette forme de capitalisation.
Enfin, après avoir rappelé qu'il avait interrogé à
ce sujet Mme la ministre de l'emploi et de la solidarité le
15 octobre 1998, dans le cadre des questions d'actualité, il s'est
interrogé sur les conditions d'examen par le Parlement de l'amendement
de séance présenté par le Gouvernement au cours du
débat à l'Assemblée nationale, modifiant
profondément le cadre législatif dans lequel s'inscrit l'aide
à domicile.
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité,
répondant à M. Charles Descours, a observé que
les prévisions de croissance avaient déjà
été contestées lors de la discussion du projet de loi de
financement de la sécurité sociale pour 1998. Elle a
indiqué que les organismes internationaux avaient retenu pour la France,
en 1999, les mêmes prévisions de croissance que le Gouvernement.
Elle a rappelé que la loi du 25 juillet 1994 sur la
sécurité sociale n'avait institué le principe de la
compensation intégrale des exonérations de charges sociales
qu'à partir de la date d'entrée en vigueur de la loi et que
l'exonération de 30 % dont bénéficient actuellement les
associations d'aide à domicile n'était pas compensée. Elle
a indiqué que, dans le cadre de la réduction du temps de travail,
les exonérations de charges sociales reposaient sur un mécanisme
fondamentalement différent de celui de la ristourne dégressive,
puisqu'il était possible de déterminer le nombre d'emplois
créés grâce aux effets des trente-cinq heures. Après
avoir estimé que les " retours " pour la
sécurité sociale étaient chiffrés aux alentours de
30 %, elle a confirmé que la compensation intégrale
s'appliquerait en 1999. Elle a précisé que cette compensation
n'avait pas pour autant vocation à demeurer intégrale et qu'un
bilan précis serait effectué, à l'issue d'une année
d'application de la loi d'orientation et d'incitation à la
réduction du temps de travail. Elle a estimé que le Gouvernement
n'avait pas l'intention de remettre en cause, pour l'ensemble des
exonérations de charges sociales, le principe posé par la loi de
1994.
Evoquant la situation des hôpitaux, et constatant que la progression de
leurs dépenses était de 2,50 % contre 2,29 % pour les
cliniques, elle a estimé qu'il n'y avait aucune raison d'affirmer que
l'hôpital public était pénalisé. Elle a
déclaré que la présence ou l'absence d'un article du
projet de loi sur l'hôpital n'était pas un critère
pertinent pour juger de la politique hospitalière du Gouvernement. Elle
a reconnu que des problèmes importants étaient néanmoins
posés, notamment du fait du mécanisme de
péréquation entre les régions. Elle a rappelé
qu'une marge restait dans l'ONDAM à la disposition du Gouvernement. Elle
a observé que la marge de l'année dernière avait
été très utile pour prendre en compte des problèmes
spécifiques posés par certains hôpitaux.
Elle a indiqué que le taux d'augmentation des dépenses avait
été fortement dépassé en 1998 pour certains
spécialistes, dont les radiologues. Elle a estimé que des bilans
en cours d'année (quatre mois et huit mois) permettraient de mieux
réagir à l'évolution des dépenses de santé.
Elle a confirmé que le projet de loi sur la couverture maladie
universelle serait déposé avant la fin de l'automne 1998.
Evoquant les articles 25 et 26 du projet de loi, elle a précisé
que les négociations avaient commencé depuis le mois de juillet
1998 avec les laboratoires pharmaceutiques. Elle a indiqué que le
Gouvernement s'était opposé à l'amendement modifiant
l'article 25, adopté par l'Assemblée nationale, tout en
reconnaissant que les arguments invoqués par les députés
n'étaient pas sans fondement. Elle a souhaité défendre la
politique conventionnelle, en indiquant que le syndicat national de l'industrie
pharmaceutique (SNIP) et le Gouvernement discutaient toujours pour aboutir au
meilleur dispositif possible.
Concernant la réforme des droits constatés, elle a rappelé
qu'il s'agissait d'une réforme récente. Elle a
précisé qu'une mission interministérielle sur
l'harmonisation des plans comptables était en cours d'installation, ce
qui permettrait de disposer dans des délais plus brefs des comptes des
régimes de sécurité sociale.
En réponse à M. Jacques Machet, rapporteur pour la famille,
Mme Martine Aubry
a indiqué que l'allocation veuvage, qui
était auparavant versée de manière dégressive sur
trois ans, serait désormais accordée pendant deux années
seulement, mais au taux de le première année, soit 3.107 francs
par mois.
En réponse à M. Alain Vasselle, rapporteur pour l'assurance
vieillesse,
Mme Martine Aubry
a déclaré que la
création d'un fonds de réserve avait pour objectif de conforter
les régimes de retraite par répartition. Après avoir
affirmé que ce fonds de réserve constituait une grande
réforme, malgré le caractère symbolique des financements
qui lui étaient affectés, elle a ajouté que les efforts du
Gouvernement consisteraient désormais à trouver des moyens
financiers pour alimenter ce fonds.
Evoquant l'abrogation de la loi du 25 mars 1997 créant les plans
d'épargne-retraite dite " Loi Thomas ", annoncée par le
Gouvernement,
Mme Martine Aubry
a considéré que cette
loi, d'inspiration anglo-saxonne, comportait des dispositifs
d'exonération de charges sociales trop avantageux qui risquaient de
conduire à un " siphonnage " de la sécurité
sociale. Elle a également ajouté que cette loi ne
prévoyait pas de garanties suffisantes quant à l'utilisation des
sommes collectées.
Mme Martine Aubry
a ensuite évoqué le nouveau
dispositif d'épargne-retraite que le Gouvernement souhaitait mettre en
place au cours de l'année 1999. Elle a indiqué que ce dispositif,
ouvert à tous et facultatif, devait répondre aux besoins
d'épargne à long terme des Français et comporter des
avantages fiscaux incitatifs égaux pour tous. Elle a
précisé que les fonds ainsi créés devraient
être gérés par les partenaires sociaux et qu'ils auraient
également pour objet, tout en garantissant une certaine
sécurité des placements, de conforter l'assise financière
des entreprises françaises.
S'agissant de la situation des associations d'aide à domicile,
Mme Martine Aubry
a considéré que les
problèmes qu'elles rencontraient -coût du travail, concurrence du
gré à gré, professionnalisation- présentaient un
caractère plus structurel que conjoncturel. Après avoir reconnu
que l'adoption, par l'Assemblée nationale, de la réforme de
l'aide à domicile avait été caractérisée par
une certaine précipitation,
Mme Martine Aubry
a cependant
souligné qu'elle n'avait eu connaissance du rapport Hespel-Thierry que
depuis quelques semaines et qu'elle avait souhaité agir rapidement.
S'agissant de la prestation spécifique dépendance (PSD),
Mme Martine Aubry
a rappelé qu'elle avait déjà
mis l'accent, l'année précédente, sur les avancées
que comportait cette nouvelle prestation, notamment l'évaluation de la
dépendance grâce à la grille Autonomie gérontologie
groupe iso-ressources (AGGIR) et la coordination des actions des
différents intervenants. Elle s'est réjouie de la progression du
nombre de bénéficiaires, passé de 15.000 personnes
l'année précédente à 60.000 à la fin du mois
de juin 1998. Elle a estimé que l'on pouvait espérer attendre 80
à 100.000 bénéficiaires à la fin de
l'année 1998.
Après avoir relevé que cinq départements ne versaient
toujours pas la PSD,
Mme Martine Aubry
a précisé que
les décrets porteurs de la réforme de la tarification des
établissements paraîtraient incessamment. Elle a
considéré que cette réforme de la tarification apporterait
plus de transparence dans les financements et les services offerts par les
établissements.
Mme Martine Aubry
a déclaré qu'elle entendait
réfléchir aux modifications souhaitables du dispositif de la PSD
à partir du mois de janvier 1999, au vu du bilan établi au
31 décembre 1998. Elle a précisé qu'il conviendrait
éventuellement de modifier le seuil de récupération sur
succession et, le cas échéant, d'instaurer, par voie
réglementaire, des minima nationaux pour les montants de la prestation
versée en établissement
M. Claude Huriet
s'est interrogé sur les déclarations du
Gouvernement sur le plan Juppé de réforme de la
sécurité sociale, sur le rôle des unions régionales
de médecins libéraux, sur la définition juridique des
médicaments génériques et sur la compatibilité
d'une régulation infra-annuelle des dépenses médicales
avec l'existence de pathologies saisonnières ; il a souligné
la difficulté à définir les besoins dans le domaine de la
santé dès lors que l'on souhaite y adapter l'offre et
l'inadéquation du Programme de médicalisation du système
d'information (PMSI) et des points ISA lorsqu'ils sont appliqués
à certaines activités hospitalières notamment dans le
domaine de la gériatrie.
M. Jean-Pierre Cantegrit
a rappelé que, le 15 décembre
prochain, serait célébré le cinquantenaire de la caisse de
sécurité sociale des Français de l'étranger et il a
souhaité que les deux rapports demandés par la ministre, l'un sur
cette caisse, l'autre confié à Mme Monique Ben Guiga, sur la
paupérisation des Français de l'étranger puissent donner
lieu à débat ; il a souhaité que le dispositif
annoncé d'épargne-retraite n'exclut pas les Français de
l'étranger.
M. Alain Gournac
s'est interrogé sur les différentes
déclarations des membres du Gouvernement sur l'épargne-retraite
et s'est inquiété de l'article 35 bis introduit par
l'Assemblée nationale concernant la gestion de la trésorerie des
différentes branches du régime général ; il a
souligné les difficultés rencontrées dans l'application
sur le terrain de la politique en faveur des handicapés.
M. Jean Chérioux
s'est associé à cette
dernière observation ; il a souligné par ailleurs que
l'alimentation en fonds propres des entreprises n'était pas
nécessairement compatible avec la garantie nécessaire des
retraites ; abordant les problèmes de l'hôpital, il a
souligné que les mesures tendant à réguler la
démographie médicale coexistaient avec de nombreux postes vacants
dans les hôpitaux.
M. François Autain
s'est inquiété de la
réforme du système d'aide au départ à la retraite
anticipée des médecins et son impact sur les médecins qui
pourraient voir, de ce fait, leurs projets remis en cause ; s'agissant de la
clause de sauvegarde applicable aux dépenses médicales, il a
souhaité que le texte de l'article 21 distingue davantage entre les
généralistes et les spécialistes.
M. Philippe Darniche
s'est interrogé sur le droit de substitution
de médicaments génériques et sur une modification
éventuelle des seuils de population pour la création d'officines.
M. Bernard Cazeau
s'est interrogé sur la
télétransmission des feuilles de soins, sur le choix entre
responsabilité collective et responsabilité individuelle pour la
mise en oeuvre d'une régulation des dépenses, ainsi que sur le
cumul des rémunérations privées et publiques des
praticiens hospitaliers.
Mme Nicole Borvo
s'est félicitée de la perspective d'une
abrogation rapide de la loi Thomas ; elle a regretté que le projet de
loi ne comporte pas de réforme de l'assiette des cotisations employeurs
et qu'il n'y ait pas concomitance entre le projet de loi de financement de la
sécurité sociale et le projet de loi relatif à la
couverture maladie universelle ; elle a estimé qu'une réforme de
la loi du 30 janvier 1975 relative aux institutions sociales et
médico-sociales aurait dû précéder la
régulation des dépenses introduites par l'article 27 du projet de
loi ; elle a en outre fait part de sa crainte d'une remise en cause de
l'Assistance publique-hôpitaux de Paris à travers les critiques
qui lui sont adressées.
M. Francis Giraud
a souhaité insister sur la question de la
formation initiale et continue des médecins.
M. Marcel Lesbros
a dénoncé la campagne de presse dont ont
été l'objet les chirurgiens-dentistes sur la question des
prothèses.
M. Serge Franchis
a mis l'accent sur les conduites à risque et
les moyens d'une action permettant de responsabiliser les
intéressés.
En réponse aux intervenants,
Mme Martine Aubry
a souligné
qu'elle avait souhaité s'abstenir pendant un an de toute
déclaration sur le plan Juppé, mais qu'il lui semblait que
l'action du Gouvernement relevait d'un esprit différent, fondé
moins sur la coercition que sur la négociation et la mise en place
d'outils permettant de soigner mieux à un moindre coût. A l'appui
de ses propos,
Mme Martine Aubry
a cité notamment la politique du
Gouvernement dans le domaine de l'informatisation médicale et l'accent
mis notamment sur l'aide au diagnostic et sur la veille
épidémiologique, les négociations conduites avec les
internes permettant de mieux répondre aux besoins par
spécialités, l'accord global conclu avec les pharmaciens, la
demande faite aux directeurs des agences régionales d'hospitalisation de
mieux prendre en compte les réalités du terrain, le point de vue
des élus et les besoins de la population.
Mme Martine Aubry
a souligné que le grief fait à la loi
Thomas était d'ouvrir une possibilité de réserver le
dispositif de l'épargne-retraite à certaines catégories de
salariés et de permettre un " siphonnage " des recettes de la
sécurité sociale, que le dispositif envisagé par le
Gouvernement serait ouvert à tous mais sans obligation.
Elle a par ailleurs insisté sur l'effort budgétaire consenti en
faveur des handicapés dans le projet de loi de finances pour 1999.
Elle a souligné que la péréquation régionale dans
le domaine hospitalier avait été réformée,
l'objectif était de conforter les dotations des trois
départements les plus défavorisés et que la situation des
différents départements serait prise en compte au sein de la
région Ile-de- France.
Considérant que, s'il appartenait aux caisses d'assurance maladie de
contrôler les excès, elle ne croyait pas en revanche à
l'individualisation dans la régulation des dépenses
médicales consistant à dire à chaque médecin, quels
que soient ses patients ou son lieu d'exercice, combien il doit
dépenser. Elle a estimé que le dispositif mis en place par
l'article 21 était plus souple et plus juste que le
mécanisme précédent.
Mme Martine Aubry
a souligné par ailleurs les difficultés
à réaliser un consensus sur la réforme de l'assiette des
cotisations patronales au sein des organisations de salariés et
d'employeurs et la nécessité d'un délai de
réflexion supplémentaire sur un sujet difficile.
S'agissant de la régulation des dépenses des
établissements sociaux et médico-sociaux financés par
l'assurance maladie prévue par le projet de loi, elle a souligné
qu'il s'agissait largement de mettre le droit en accord avec la pratique ; elle
a observé qu'au demeurant l'enveloppe de ces dépenses progressait
plus fortement que les autres enveloppes de l'objectif national de
dépenses d'assurance maladie.
Répondant à son tour aux intervenants,
M. Bernard Kouchner,
secrétaire d'Etat à la santé
, a précisé
les points suivants :
- trois spécialités nouvelles ont été
créées pour l'internat ; le numerus clausus serait porté
à 3.800 postes afin de faire face à des besoins précis en
2003 et 2005 ; les internes, dans le cadre des négociations
menées sur les quotas par spécialités, n'ont pas
accepté le principe d'une répartition géographique ;
- tous les dossiers de départ à la retraite
constitués par les médecins seront pris en compte jusqu'au
1
er
juillet 1999 conformément au dispositif en vigueur ;
- le ministère a, d'ores et déjà, donné son
agrément à l'un des trois dossiers ayant reçu un avis
favorable de la commission présidée par M. Raymond Soubie ;
- le projet de loi comporte plusieurs dispositions permettant la prise en
charge, par l'assurance maladie, de dépenses non prescriptives et il
ouvre la possibilité de rémunérations forfaitaires en
complément du paiement à l'acte ;
- le droit de substitution par du médicament
générique accordé aux pharmaciens a été
accepté par la quasi-totalité d'entre eux mais également
par une majorité de médecins ; l'économie attendue de la
prescription des génériques existant actuellement pourrait
être évaluée à 4 milliards de francs et
pourrait atteindre jusqu'à 11 milliards de francs compte tenu du
nombre de médicaments pouvant donner lieu à fabrication de
génériques ;
- la mise en place de la formation médicale est actuellement
bloquée faute d'un accord avec la profession et le Gouvernement
prévoit d'insérer dans le prochain projet de loi portant diverses
mesures d'ordre social, les dispositions législatives nécessaires
;
- les unions régionales de médecins libéraux auront
un rôle essentiel dans l'évaluation et l'amélioration des
pratiques médicales.
Enfin, s'agissant des conduites à risque,
M. Bernard Kouchner
a
estimé que la communication était difficile à
l'égard de jeunes dépourvus de perspectives d'avenir, notamment
professionnelles ; il s'est félicité de l'amendement
adopté par l'Assemblée nationale majorant les taxes sur le tabac
car la hausse du prix du tabac a un impact direct sur la
consommation.
II. AUDITIONS
A. AUDITION DE M. PIERRE JOXE, PREMIER PRÉSIDENT DE LA COUR DES COMPTES
Réunie le
jeudi 15 octobre 1998
, sous la
présidence de M. Jean Delaneau, président,
la commission a
procédé à
l'audition de M. Pierre Joxe, Premier
Président de la Cour des Comptes,
accompagné de
M. Gabriel
Mignot, président de la VIe chambre et Mme Anne-Marie Boutin, rapporteur
général de cette chambre,
sur le rapport annuel de la Cour
consacré à l'application des lois de financement de la
sécurité sociale.
M. Jean Delaneau, président,
a tout d'abord souligné
l'importance de cette audition pour la commission, la Cour des Comptes
étant chargée par l'article 47-1 de la Constitution d'assister le
Parlement dans le contrôle de l'application des lois de financement. Il a
indiqué que le rapport déposé par la Cour le 13 octobre
1998 était le premier rapport permettant de disposer du bilan d'une loi
de financement, à savoir celle de 1997.
Puis,
M. Jean Delaneau
a souhaité formuler trois observations
liminaires. Il a tout d'abord fait part de l'irritation des parlementaires face
aux nombreuses " fuites " dont est l'objet chaque année le
rapport qui, selon la loi organique, doit être remis au Parlement
" sitôt son arrêt par la Cour des Comptes ". Il s'est
interrogé sur la part relativement réduite du rapport
consacrée spécifiquement à l'application de la loi de
financement pour 1997 ; il a enfin souhaité savoir s'il
était possible pour la Cour d'avancer la date de remise de son rapport.
M. Pierre Joxe
a tout d'abord considéré que les finances
sociales demandaient un certain degré de spécialisation, en
raison de la complexité des dispositions législatives et
réglementaires et de l'organisation même des régimes
sociaux. Il a estimé que le choix par le Sénat d'une commission
réservée aux affaires sociales, ainsi que le mode de
renouvellement triennal, donnaient à la Haute Assemblée des
atouts intéressants dans le cadre de l'examen des lois de financement.
M. Pierre Joxe,
en réponse aux interrogations de M. Jean
Delaneau, a indiqué que si la Cour avait parfois le moyen de prouver
l'origine des fuites dont ses rapports étaient l'objet, elle n'en
était pas moins désarmée, en raison de la procédure
contradictoire et de l'envoi de tout ou partie du rapport à un grand
nombre de ministères et d'organismes. Il a rappelé l'origine du
rapport de la Cour des comptes sur la sécurité sociale, provenant
d'un amendement sénatorial, et il a indiqué que l'ensemble du
rapport contribuait -au moins de façon indirecte- à
l'éclairage du Parlement dans son contrôle de l'application des
lois de financement. Il a souligné le manque d'expérience dont
dispose la Cour vis-à-vis du contrôle des finances sociales,
à la différence de celui effectué sur le budget de l'Etat.
Il a observé que la sixième chambre de la Cour, consacrée
spécifiquement à la sécurité sociale,
s'était constituée depuis seulement l'année
dernière. Il a indiqué que ne lui paraissait pas fondée la
distinction faite habituellement entre des lois de finances contraignantes et
des lois de financement moins normatives. En recettes, comme en
dépenses, il lui a semblé que les lois de financement
étaient véritablement un " budget-bis ".
Il a observé que la Cour n'avait été destinataire des
comptes des régimes sociaux qu'à la mi-septembre 1998. Il a
rappelé que le rapport de la Cour des Comptes sur l'exécution des
finances était désormais disponible en juillet, parce que les
données de l'Etat étaient disponibles dès le mois de mai,
en raison de la normalisation et de l'homogénéisation des
comptes. Il a souligné le manque d'homogénéité et
de rigueur des comptes sociaux. Il s'est montré soucieux que
l'utilisation par les commissions parlementaires compétentes du rapport
de la Cour des Comptes sur la sécurité sociale valorise le
travail effectué par la haute juridiction.
M. Gabriel Mignot, président de la sixième chambre,
a
présenté l'articulation du rapport de la Cour. Il a
observé que si un seul chapitre reprenait effectivement les articles de
la loi elle-même, les développements des première et
deuxième parties permettaient de mieux apprécier l'application de
la loi de financement pour 1997. Il a remarqué que des
développements avaient été consacrés dans les
troisième (branche maladie), quatrième (branche famille) et
cinquième parties (branche vieillesse) à la demande des
commissions parlementaires compétentes. Il a indiqué que la
sixième partie du rapport était relative à la gestion des
branches et des organismes et que la septième partie du rapport
était consacrée à l'activité des comités
départementaux d'examen des comptes des organismes de
sécurité sociale (CODEC). Il a insisté sur l'importance et
l'originalité de la huitième partie qui établit un bilan
des propositions faites par la Cour dans ses trois premiers rapports.
M. Gabriel Mignot
a observé que l'accélération des
délais de remise des comptes serait un processus qui demanderait
quelques années.
Abordant la réalisation des objectifs de dépenses et de recettes
pour 1997, il a indiqué que ces objectifs avaient été
atteints ce qui était tout à fait remarquable, eu égard
aux masses financières.
Il a précisé que la Cour critiquait le concept de plafond
d'avances, adapté à une comptabilité en
encaissements/décaissements mais non à une comptabilité en
créances et dettes, ainsi que le processus d'affectation de recettes
provenant de la contribution sociale généralisée, qui
d'une part intervient très tardivement et d'autre part se
révèle d'une complexité redoutable.
Il a observé que la structure de financement de la
sécurité sociale évoluait et qu'elle se
caractérisait par une augmentation de la part des impôts et des
taxes et une diminution de la part des cotisations sociales.
Concernant les relations financières entre l'Etat et la
sécurité sociale, il a indiqué que la Cour souhaitait un
traitement comptable différent des exonérations de cotisations.
Abordant les questions de trésorerie, il a relevé la complication
entre les dispositions relatives à l'unité de caisse du
régime général, gérée par l'ACOSS, et celles
relatives à la séparation comptable des branches. Il a
indiqué que l'unité de caisse paraissait favorable à la
Cour, de même que la gestion par l'ACOSS ou par la Caisse des
Dépôts et Consignations d'un compte unique centralisant les
établissements publics de santé, leur principal financeur
étant la sécurité sociale.
M. Charles Descours, rapporteur pour les équilibres financiers
généraux et l'assurance maladie,
a tenu tout d'abord à
féliciter la Cour des Comptes pour le travail réalisé. Il
s'est interrogé sur la manière de mieux définir la notion
de branche et sur la pertinence d'avoir choisi de mettre en oeuvre la
réforme -par ailleurs nécessaire- des droits constatés
avant de disposer d'un plan unique de comptabilité pour les organismes
sociaux et d'une hiérarchisation des agents comptables entre Caisses
nationales et caisses de base. Il a demandé pourquoi le rapport 1998 de
la Cour ne consacrait aucun développement au contrôle de
l'assiette de la masse salariale du secteur public et si la Cour avait
avancé dans ses réflexions sur la constitution d'un
véritable régime spécial de retraite des fonctionnaires
civils et militaires de l'Etat. Il s'est interrogé sur les analyses de
la Cour vis-à-vis de l'avenir général des régimes
de retraite. Il a souhaité savoir si la fiabilité des
statistiques d'assurance maladie ne posait pas problème, alors
même qu'elles fondent le système de régulation des
dépenses.
M. Gabriel Mignot
a indiqué que le contrôle de l'assiette
de la masse salariale du secteur public ferait partie du prochain programme de
travail de la Cour des Comptes.
Mme Anne-Marie Boutin
a
précisé que le rapport sur l'exécution des lois de
finances abordait également cette question.
M. Pierre Joxe
a rappelé qu'il avait demandé il y a quatre
ans une étude approfondie sur les rémunérations du secteur
public et que cette étude, selon l'expression consacrée,
rencontrait quelques difficultés dans son déroulement mais que
ces difficultés étaient surmontées.
Abordant la question des retraites,
M. Gabriel Mignot
a indiqué
que le rapport de la Cour lui consacrait une présentation
générale, en intégrant les régimes
complémentaires. Il a précisé, à la demande de M.
Charles Descours, qu'un magistrat de la sixième chambre était
associé aux travaux du commissariat général du plan.
Mme Anne-Marie Boutin
a reconnu que l'absence de définition de
branche pour l'ensemble des régimes sociaux, à la
différence du régime général, posait un grave
problème. Elle a indiqué que la direction de la
sécurité sociale souhaitait progresser sur ce point. Elle a
observé que le projet de loi de financement pour 2000 serait l'occasion
de mieux définir l'ensemble des concepts utilisés.
Abordant la question relative à la comptabilité des organismes de
sécurité sociale, elle a reconnu que l'un des problèmes de
fond était celui du statut juridique de l'ordonnateur et du comptable et
de l'organisation entre les caisses centrales et les caisses de base.
Concernant les dépenses d'assurance maladie,
Mme Anne-Marie Boutin
a souligné combien leur suivi était handicapé par des
lacunes fondamentales. Elle a observé que les données produites
ou utilisées par l'assurance maladie ne permettaient pas de
décrire les actes médicaux. Elle a estimé que les
dépenses non encadrées, d'un montant global de 70 milliards
de francs, étaient très peu connues, de même que la
consommation de médicaments à l'hôpital.
M. Charles Descours, rapporteur,
a observé qu'une disposition du
projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 1999
procédait désormais à l'encadrement des dépenses du
secteur médico-social. Il a interrogé les représentants de
la Cour des comptes sur l'ampleur d'une éventuelle externalisation des
dépenses de l'hôpital dans le secteur privé et sur
l'opportunité d'introduire une fongibilité des enveloppes de
l'ONDAM.
Mme Anne-Marie Boutin
a expliqué que les prescriptions d'un
certain nombre de médecins, comme par exemple les médecins
à la retraite, n'étaient pas encadrées. Elle a fait
état de médicaments achetés en pharmacie, mais prescrits
à l'hôpital. Elle a observé que les dépenses du
secteur médico-social étaient mal connues, de même que leur
répartition entre dépenses médicales et dépenses
relevant de l'action sociale.
Mme Anne-Marie Boutin
a aussi indiqué que les dépenses
hospitalières étaient particulièrement mal suivies. Elle a
observé que le travail d'élaboration de nouvelles
références médicales opposables (RMO) avait
été ralenti. Elle a précisé que les
références de bonne pratique devraient également
être applicables dans les hôpitaux. Concernant le tarif
interministériel des prestations sanitaires (TIPS), elle a fait
remarquer qu'il n'avait de sens que dans les cliniques privées et que
-citant l'exemple des défibrillateurs cardiaques- les innovations
médicales n'étaient que tardivement prises en
considération par le TIPS en raison d'une procédure
administrative particulièrement lourde. Elle a indiqué que les
tarifs de remboursement variaient considérablement en fonction des
prescripteurs et des prestataires de soins.
Mme Anne-Marie Boutin
, faisant part d'une réflexion globale sur
les outils d'une meilleure connaissance des dépenses médicales, a
estimé que les objectifs variaient considérablement dans le
temps, jusqu'à la contradiction. Prenant l'exemple de SESAM-VITALE, elle
a observé que l'objectif premier d'une productivité accrue dans
le traitement des feuilles de soins avait été relayé par
un objectif de maîtrise médicalisée des soins. Elle a
indiqué que la répartition des dépenses par prescripteur
ou par région pouvait aboutir à des découpages n'ayant
plus de sens. Abordant la question de la fongibilité des enveloppes,
elle a estimé que les agences régionales d'hospitalisation
étaient prêtes à en assumer les conséquences, mais
qu'il convenait de tenir compte de la différence existant entre les
règles de fonctionnement et de financement des établissements de
santé publics et privés.
M. Jacques Machet, rapporteur pour la famille,
a relevé que la
Cour des Comptes, dans son rapport, invitait à revoir l'ensemble des
avantages vieillesse consentis aux personnes du fait qu'elles ont eu ou
élevé des enfants. Il s'est enquis des éventuelles
propositions que la Cour des Comptes serait en mesure de formuler sur ce point.
Mme Anne-Marie Boutin
a estimé qu'il était
nécessaire de clarifier les 70 milliards de francs constituant les
différents avantages donnés aux personnes âgées
ayant élevé des enfants. Elle a remarqué que la majoration
de pension ne donnait pas lieu à cotisations sociales. Elle a
observé que ces différentes allocations n'avaient pas toutes une
finalité redistributive et que des solutions de plafonnement et de
forfaitisation semblaient souhaitables.
M. Dominique Leclerc
s'est interrogé sur les progrès
récents réalisés en matière de comptabilité,
sur la compensation par l'Etat des exonérations de cotisations sociales
et sur la gestion déléguée aux mutuelles autres que celles
du monde étudiant.
M. Gabriel Mignot
a indiqué que si la Cour des Comptes
s'était penchée cette année sur la gestion de la mutuelle
étudiants, elle consacrerait l'année prochaine des investigations
aux autres mutuelles d'assurance maladie.
M. Pierre Joxe
a précisé que le programme de travail de la
Cour n'était pas extensible, sa nouvelle mission ne s'étant
accompagnée d'aucune création de postes. Il a observé que
la chambre sociale ne comprenait qu'une quinzaine de magistrats.
Mme Anne-Marie Boutin
a estimé que si la réforme des
droits constatés avait été mise en place de façon
correcte, l'harmonisation des pratiques comptables n'avait fait l'objet d'aucun
progrès sur la dernière année.
En ce qui concerne les exonérations de cotisations, elle a
observé que leur gestion posait problème, d'où une
récente mission de l'Inspection générale des finances et
de l'Inspection générale des affaires sociales concernant l'ACOSS.
Abordant la question de la compensation démographique des régimes
vieillesse, elle a fait état d'une mécanique très
compliquée, avec des systèmes de calcul différents et
parfaitement arbitraires selon les compensations. Elle a observé que
même lorsque la comptabilité des organismes de
sécurité sociale sera homogène, des problèmes de
consolidation demeureront, en raison de transferts de compensation ne portant
pas sur le même exercice.
A
M. Louis Boyer
, s'interrogeant sur la lecture par les cabinets
ministériels des rapports de la Cour des Comptes,
M. Pierre Joxe
a indiqué que lorsqu'il était ministre, il était
parfaitement attentif aux propositions effectuées par la Cour, mais
qu'il n'était pas toujours en mesure de réformer lui-même
ce qui était critiqué. Il a observé que dans le domaine
nouveau des finances sociales, les propositions de la Cour faisaient l'objet
d'un taux de réponse élevé.
M. Guy Fischer
, faisant référence aux déclarations
d'un directeur de caisse national, a demandé quelles étaient les
économies à attendre en matière de protection sociale.
M. Pierre Joxe
a indiqué que la fixation claire de grands choix
de santé publique, comme une meilleure organisation économique
pouvaient générer d'importantes économies.
B. AUDITION DE M. JEAN-MARIE SPAETH, PRÉSIDENT DE LA CAISSE NATIONALE D'ASSURANCE MALADIE DES TRAVAILLEURS SALARIÉS (CNAMTS)
Réunie le
mardi 13 octobre 1998
, sous la
présidence de M. Jean Delaneau, président,
la commission a
procédé à
l'audition de M. Jean-Marie Spaeth,
président de la Caisse nationale d'assurance maladie des travailleurs
salariés (CNAMTS),
accompagné par
M. Jean-Paul
Phélippeau, directeur délégué,
sur le
projet
de loi de financement de la sécurité sociale pour 1999
.
M. Jean-Marie Spaeth
a présenté l'avis du conseil
d'administration de la CNAMTS sur le projet de loi de financement de la
sécurité sociale pour 1999. Après avoir rappelé
qu'il n'appartenait pas à ce conseil d'administration de se prononcer
pour ou contre un projet de loi, mais de formuler un avis, il a indiqué
que la progression de l'objectif national de dépenses d'assurance
maladie (ONDAM) de 2,6 % n'était justifiée que si les marges
qui en découlaient étaient utilisées pour favoriser la
restructuration du système de soins.
Evoquant le plan d'orientations stratégiques adopté le matin
même,
M. Jean-Marie Spaeth
a aussi affirmé que le
conseil d'administration de la CNAMTS avait confirmé l'existence d'une
responsabilité économique des professionnels de santé
à côté de celles des assurés sociaux et des
financeurs et qu'il ne souhaitait pas que les dispositions de la loi du
25 juillet 1994, prévoyant la compensation intégrale par
l'Etat des exonérations de charges qu'il institue, soient remises en
cause à l'occasion de la mise en oeuvre de la loi d'orientation et
d'incitation relative à la réduction du temps de travail.
M. Charles Descours, rapporteur pour les équilibres financiers
généraux et l'assurance maladie,
a demandé à M.
Jean-Marie Spaeth des précisions sur la répartition de l'ONDAM.
Il s'est également interrogé sur l'ampleur des mesures de
restructuration au projet de loi de financement de la sécurité
sociale et il a observé qu'aucune de ses dispositions ne concernait
l'hôpital. Il a fait siens les propos de M. Jean-Marie Spaeth sur la
nécessité d'une compensation, par l'Etat, des exonérations
de charges liées à la mise en oeuvre de l'abaissement de la
durée légale du travail. Il a enfin interrogé le
président du conseil d'administration de la CNAMTS sur la prise en
compte des observations formulées l'an dernier par la Cour des Comptes
au sujet de l'activité du contrôle médical, sur la vente
des immeubles appartenant à la CNAMTS, ainsi que sur l'éventuelle
expérimentation de projets tels que ceux qui avaient été
présentés par la société AXA assurances ou des
groupements mutualistes.
En réponse,
M. Jean-Marie Spaeth
a indiqué qu'en
l'état, le projet de loi de financement de la sécurité
sociale ne remettait pas en cause l'application de la loi de 1994 sur la
compensation des exonérations de charges, mais qu'il conviendrait
d'être vigilant lors des débats en séance publique, un
amendement pouvant toujours être déposé. Il a
affirmé que, conformément aux dispositions de la convention
d'objectifs et de gestion, la CNAMTS serait consultée sur la
répartition de l'ONDAM et que cette dernière comptait jouer un
rôle actif, au sein du comité économique du
médicament, dont elle est désormais membre.
M. Jean-Marie Spaeth
a énuméré quelques
dispositions du projet de loi de financement de la sécurité
sociale qui allaient dans le sens d'une restructuration du système de
soins : l'institution d'un fonds pour la qualité des soins en
médecine de ville, les mesures concernant les réseaux de soins ou
les nouvelles perspectives ouvertes en matière de mode de
rémunération des professionnels de santé. A l'inverse, il
a souligné les insuffisances de la loi dans le domaine sanitaire et il a
souhaité que soient périodiquement votées des lois
d'orientation sanitaire définissant une véritable politique de
santé publique. Il a estimé que le niveau régional
était pertinent pour mettre en oeuvre une politique d'adaptation aux
besoins du tissu hospitalier, mais il a fait part de son impatience afin que
les procédures d'accréditation et de contractualisation
hospitalières prévues par les ordonnances soient rapidement mises
en place. Après avoir indiqué que la vente d'immeubles de la
CNAMTS était en cours, il a enfin évoqué les propositions
formulées par un assureur privé, la société AXA
assurances. Observant qu'aucun projet n'avait été
déposé devant la commission présidée par M. Raymond
Soubie et estimant qu'une intervention du législateur serait
nécessaire pour mettre en oeuvre un plan qui apparaissait contraire aux
dispositions du code de la sécurité sociale en vigueur, il a
affirmé que les assureurs avaient évolué : rejetant la
sélection des malades, ils ont compris que la maîtrise des
dépenses de santé reposait sur une maîtrise de l'offre et
ils proposent désormais la sélection des offreurs de soins. A cet
égard, il a fermement déclaré que, si la CNAMTS disposait
de la faculté de sélectionner les offreurs de soins, l'assurance
maladie coûterait moins cher à la collectivité. Ainsi, il a
estimé que la formation médicale ne devait pas être
organisée en fonction de besoins hospitaliers à court terme et
qu'elle devait répondre aux besoins de santé de la population ;
il a également regretté que les pouvoirs publics aient mis en
place des systèmes de préretraite pour les médecins qui
n'étaient sélectifs, ni en fonction de critères
géographiques, ni en fonction des spécialités
médicales, et que le numerus clausus soit relevé. Il a aussi fait
part du souhait de la CNAMTS de disposer d'une carte des besoins
médicaux en médecine de ville.
M. Jean-Paul Phélippeau
a indiqué qu'à la suite du
constat fait par la Cour des Comptes sur l'activité du contrôle
médical, de nouvelles orientations avaient été
officialisées au mois de juin 1998. Il a affirmé que cette
activité, largement centrée sur la délivrance d'avis
individuels, souvent prévus par la réglementation, et qui, dans
certains cas, étaient obsolètes ou peu efficaces, allait
diminuer. En contrepartie, les activités de santé publique et
d'évaluation, notamment en matière de pratiques collectives,
progresseront.
M. Dominique Leclerc
s'est prononcé en faveur d'une
réforme rapide de l'internat.
Mme Marie-Madeleine Dieulangard
a demandé à M. Jean-Marie
Spaeth si le ministère de l'emploi et de la solidarité soutenait
sa proposition d'adoption périodique de lois d'orientation sanitaire, et
si le travail des observatoires régionaux de la santé ne pouvait
pas en constituer la base.
M. Gilbert Chabroux
a rappelé que la situation financière
de l'assurance maladie était en voie d'amélioration. Il a
interrogé le président du conseil d'administration de la CNAMTS
sur les méthodes de mise en oeuvre de la responsabilité
économique des professionnels de santé.
Mme Nicole Borvo
a affirmé que la définition d'une
politique de prévention, comme la mise en oeuvre d'une couverture
maladie universelle, appelaient l'attribution de moyens supplémentaires
et elle a souhaité que le fonctionnement de la CNAMTS comporte une
composante démocratique accrue, notamment grâce au rôle des
usagers.
Répondant aux intervenants,
M. Jean-Marie Spaeth
a affirmé
qu'à ce stade, la mise en oeuvre d'une véritable politique de
prévention n'était pas une question de moyens et qu'il convenait
avant tout de savoir comment utiliser l'argent disponible. Il a estimé
qu'il en était de même pour la politique d'accès aux soins,
dont le succès reposait sur une meilleure organisation du système
de soins, plutôt que sur l'attribution de moyens supplémentaires.
Evoquant d'éventuelles lois d'orientation sanitaire, il a rappelé
que la définition d'une politique de santé publique relevait du
législateur et non de l'assurance maladie. Il a fait siens les propos de
M. Dominique Leclerc sur la réforme de l'internat et il a
déclaré avoir du mal à accepter que le ministère de
l'éducation nationale, en fixant le numerus clausus, définisse
l'offre de soins de demain.
C. AUDITION DE M. BERNARD CARON, PRÉSIDENT DE L'AGENCE CENTRALE DES ORGANISMES DE SÉCURITÉ SOCIALE (ACOSS)
Réunie le
mercredi 14 octobre 1998
, sous la
présidence de M. Louis Souvet, vice-président,
la
commission a procédé à
l'audition de M. Bernard Caron,
président de l'Agence centrale des organismes de sécurité
sociale (ACOSS)
et
M. Jean-Louis Buhl, directeur,
sur le
projet
de loi de financement de la sécurité sociale pour 1999
.
M. Bernard Caron
, après avoir précisé qu'il
s'exprimait sur cette question à titre personnel, a souligné la
complexité des lois de financement de la sécurité sociale.
Il a rappelé que le champ des recettes par catégorie
n'était pas identique au champ des dépenses par branche. Il a
indiqué que la comparaison forcément ambiguë des objectifs
de recettes et de dépenses montrait un " excédent "
prévu en 1999 de 10,3 milliards de francs, après un
" déficit " de 8,3 milliards de francs en 1998.
Tout en reconnaissant que les prévisions macro-économiques pour
1998 s'étaient vérifiées, il a souligné la
fragilité des hypothèses retenues pour 1999, dépendant de
la conjoncture internationale.
M. Bernard Caron
a souhaité attirer l'attention sur
l'évolution des cotisations fictives, qui à la différence
des cotisations effectives, continuaient à progresser. Il a
considéré qu'elles représentaient en fait une subvention
importante de l'Etat aux régimes spéciaux.
M. Charles Descours, rapporteur
, s'est interrogé sur l'absence,
dans le projet de loi de financement de la sécurité sociale pour
1999, de dispositions relatives à la non-compensation intégrale
des exonérations de cotisations sociales accordées dans le cadre
de la loi d'orientation et d'incitation à la réduction du temps
de travail, sur la fixation par le projet de loi d'un plafond d'avances pour le
régime général de 24 milliards de francs, sur les
relations financières entre l'Etat et l'ACOSS et sur les
développements du rapport 1998 de la Cour des Comptes concernant
l'agence centrale.
M. Bernard Caron
a rappelé le principe de la compensation
intégrale des mesures d'exonération posé par la loi du 25
juillet 1994. Il a souligné combien le dispositif complexe
envisagé par l'exposé des motifs du projet de loi sur les
trente-cinq heures ne reposait sur aucune démonstration
mathématique.
M. Jean-Louis Buhl
a précisé qu'en l'absence de
disposition expresse dans le projet de loi de financement de la
sécurité sociale pour 1999, le principe de la compensation
intégrale lui semblait maintenu.
S'agissant du plafond d'avances pour le régime général,
MM. Bernard Caron et Jean-Louis Buhl
ont indiqué que le
plafond de 24 milliards de francs prévu par le projet de loi
n'intégrait pas l'hypothèse d'une majoration de l'allocation de
rentrée scolaire
. M. Bernard Caron
a estimé que ce
plafond lui semblait insuffisant.
M. Jean-Louis Buhl
a expliqué
que le plafond prévu par le projet de loi était supérieur
au plafond prévu par la loi de financement pour 1998, malgré une
amélioration des comptes du régime général, en
raison d'une variation de trésorerie en 1999 fondamentalement
différente de celle de 1998, ce qui s'explique par la reprise de dette
intervenue le 1er janvier 1998.
Concernant les relations financières entre l'Etat et l'ACOSS,
M. Bernard Caron
a estimé que si l'assiette de la masse
salariale du secteur privé était soumise à un strict
contrôle, l'Etat employeur ne s'acquittait pas convenablement de ses
obligations, alors même que les unions régionales pour le
recouvrement des cotisations de sécurité sociale et d'allocations
familiales (URSSAF) n'avaient pas les moyens d'agir. Il a rappelé le
problème posé par les primes des fonctionnaires et par les
différents avantages en nature des employeurs du secteur public, qui
échappent aux cotisations sociales.
M. Jean-Louis Buhl
a précisé que les URSSAF souhaitaient
une amélioration de la qualité des documents transmis par les
employeurs publics.
S'agissant des compensations d'exonération et des versements
effectués par les régimes de sécurité sociale pour
le compte de l'Etat, il a rappelé que la convention annuelle conclue
entre l'Etat et l'ACOSS en 1994 tendant à la neutralité en
trésorerie de ces opérations avait représenté un
grand progrès. Il a précisé que si certaines
opérations échappaient encore à la convention, l'un des
engagements de l'Etat dans la convention d'objectifs et de gestion de 1998-2001
concernait précisément une extension du champ d'action de la
convention de trésorerie. Il a estimé qu'en raison d'erreurs de
prévision, certaines mesures d'exonération étaient
sous-estimées en loi de finances.
Concernant le rapport 1998 de la Cour des Comptes,
M. Jean-Louis Buhl
a
observé que les critiques adressées à l'ACOSS
étaient relatives à l'année 1997, avant la mise en place
au 1er janvier 1998 du projet RACINE, qui permet de ventiler à la source
et par branche les encaissements comptables.
M. Charles Descours, rapporteur,
a demandé à M. Bernard
Caron de préciser les orientations du Conseil national du patronat
français (CNPF) concernant sa participation à la gestion des
organismes de Sécurité sociale.
M. Bernard Caron
, après avoir rappelé qu'il s'exprimait
à titre personnel, a estimé que la position des employeurs en
tant que co-gestionnaires était délicate, alors même que
les pouvoirs publics fixaient les différents paramètres. Il a
observé que la question d'une participation des employeurs ne se posait
pas dans les mêmes termes selon les branches. Il a indiqué ainsi
que la branche famille ne lui paraissait plus relever de la compétence
du CNPF.
A
M. Guy Fischer
, l'interrogeant sur les raisons de l'avis
négatif de l'ACOSS sur le projet de loi de financement de la
sécurité sociale pour 1999,
M. Bernard Caron
a
répondu que la délégation patronale avait tout d'abord
souhaité attirer l'attention sur les difficultés de
compréhension des lois de financement, sur l'affectation contestable des
excédents de la contribution sociale de solidarité sur les
sociétés au Fonds de solidarité vieillesse (FSV) et sur
les conditions de mise en place d'un fonds de réserve ne
répondant pas aux enjeux de financement de la branche vieillesse dans
les années à venir.
M. Jean-Louis Buhl
a souligné
deux autres aspects : l'un relatif à la fragilité des
prévisions macro-économiques, l'autre à l'absence de
compensation des mesures d'exonération concernant l'embauche du premier
salarié, dont les conditions sont modifiées par le projet de loi.
A
M. André Jourdain
, l'interrogeant sur la réforme des
cotisations patronales,
M. Bernard Caron
a répondu qu'il ne lui
paraissait pas envisageable d'entamer une réforme de l'assiette des
cotisations patronales, de même qu'une surcotisation des salaires les
plus élevés, tant qu'une réflexion n'était pas
menée sur la manière d'optimiser l'utilisation des
prélèvements très lourds affectant l'économie
française. Citant le taux de prélèvements obligatoires, en
France, en 1998,
M. Bernard Caron
a estimé que l'objectif
essentiel était de maintenir la compétitivité de
l'économie.
M. Jean-Louis Buhl
a précisé qu'il lui apparaissait
nécessaire de ne pas augmenter la complexité des mesures
législatives et réglementaires en vigueur, qui affectait à
la fois les cotisants et les organismes gestionnaires.
D. AUDITION DE M. FRANÇOIS DE PAILLERETS, PRÉSIDENT DE LA CONFÉRENCE NATIONALE DE LA SANTÉ
Réunie le
mercredi 14 octobre 1998
, sous la
présidence de M. Louis Souvet, vice-président,
la
commission a procédé à
l'audition de François de
Paillerets, président de la conférence nationale de la
santé,
accompagné par
MM. Louis Serfaty et Jacques
Vleminckx, membres du bureau,
sur le
projet de loi de financement de la
sécurité sociale pour 1999
.
M. François de Paillerets
a d'abord indiqué que les
travaux de la Conférence nationale de santé, en 1998,
s'étaient inscrits dans la continuité des années
précédentes. Il a ainsi observé que les trois
thèmes étudiés cette année figuraient parmi les dix
thèmes retenus dès la première conférence nationale
de santé.
M. Jacques Vleminckx
a évoqué le premier de ces trois
thèmes, la réduction des inégalités inter et
infra-régionales d'accès aux soins de santé. A cet
égard, la Conférence nationale de santé a formulé
quatre propositions : passer d'un dispositif centré sur l'offre de
soins à une démarche partant des besoins en prestations
sanitaires et créer une enveloppe financière spécifique
complémentaire aux autres enveloppes relatives aux soins, promouvoir le
niveau régional, adapter le fonctionnement des établissements de
santé et les pratiques des professionnels de santé, notamment en
établissant une régulation géographique de leur
installation et favoriser les plus démunis. A cet égard,
M.
Jacques Vleminckx
a souhaité l'adoption d'une nouvelle loi sur
l'allocation autonomie des personnes âgées, ainsi que celle d'une
loi sur la couverture maladie universelle.
M. François de Paillerets
a ensuite évoqué le
second thème étudié, la prévention et le traitement
du diabète. Il a indiqué que les propositions formulées
par la Conférence nationale de santé pour cette maladie
étaient exemplaires de ce qui pourrait être fait pour
améliorer la prise en charge d'autres maladies chroniques. La
Conférence nationale de santé propose d'abord un dépistage
simple, ciblé et rentable du diabète. 100.000 glycémies
par an pourraient être ainsi réalisées en fonction de
considérations liées à l'âge et aux
antécédents familiaux : ce chiffre doit être
confronté aux 25 millions de glycémies effectuées
chaque année en France et qui n'ont pas toujours d'utilité
réelle. La Conférence nationale de santé propose
également une meilleure prise en charge du diabète, trop de
diabétiques légers étant soignés à
l'hôpital et, inversement, trop de diabétiques lourds étant
traités exclusivement en ville. Enfin, elle souhaite une meilleure
éducation du patient, le traitement du diabète nécessitant
une adhésion du malade.
M. François de Paillerets
a enfin brièvement
évoqué le troisième thème d'études de la
Conférence nationale de santé, la réduction des accidents
iatrogéniques. Il a estimé que le tiers de ces accidents
était évitable et il a rappelé que mieux prescrire,
c'était souvent moins prescrire.
M. Louis Serfaty
a estimé
que les questions liées à la iatrogénie pouvaient
être entendues de manière très large, englobant par exemple
celles de l'indemnisation de l'aléa thérapeutique.
Après avoir indiqué que la prochaine Conférence nationale
de santé se tiendrait au printemps prochain afin que ses recommandations
puissent être prises en compte dès la préparation du projet
de loi de financement de la sécurité sociale,
M.
François de Paillerets
a fait part d'observations personnelles sur
les travaux de la Conférence. Il a reconnu que, si la Conférence
n'était pas du tout en mesure, aujourd'hui, de proposer au Parlement un
taux de progression de l'objectif national de dépenses d'assurance
maladie (ONDAM), peut-être pourrait-elle bientôt fournir des
éléments pour définir le panier de biens et services
médicaux remboursables. Il a observé que, d'ores et
déjà, plusieurs propositions formulées par la
Conférence nationale de santé avaient été mises en
oeuvre. Il a ainsi cité la mise en place de 20 heures
d'éducation à la santé à l'école et celle du
réseau en cancérologie et il a constaté qu'aucune
dérogation à l'interdiction de la publicité en faveur de
l'alcool n'avait été accordée lors de la coupe du monde de
football. Au-delà, il a affirmé que les travaux de la
Conférence nationale de santé contribuaient à
l'émergence d'une culture de santé publique dans notre pays.
M. Charles Descours, rapporteur pour les équilibres financiers
généraux et l'assurance maladie,
a souligné le
rôle très positif de la Conférence nationale de
santé, mais il a regretté l'insuffisante articulation de ses
travaux avec ceux du Parlement. Evoquant les propositions formulées par
la conférence, il a rappelé que toutes ne relevaient pas du
domaine législatif. Après s'être déclaré
favorable à l'adoption d'une loi sur la couverture maladie universelle
et observé que le Gouvernement n'avait toujours pas déposé
ce projet de loi très attendu, il a demandé aux
représentants de la Conférence nationale de santé s'ils
souhaitaient instituer une cinquième branche de la
sécurité sociale pour couvrir le risque de la dépendance.
Il a observé l'absence de consensus sur la nécessité d'une
loi sur l'aléa thérapeutique et surtout sur la question de son
financement. Il a enfin demandé à M. François de
Paillerets si, parallèlement à des actions de santé
publique prioritaires, la Conférence nationale de santé
était en mesure d'énumérer des dépenses peu
efficaces ou inutiles afin que le Parlement soit mieux en mesure de
définir une politique de santé publique et de la financer.
M. Jean-Louis Lorrain
a évoqué la question du
dépistage du cancer et il a demandé à M. François
de Paillerets comment s'articuleraient les prochains travaux de la
Conférence nationale de santé avec ceux des " Etats
généraux de la santé " organisés par le
Gouvernement.
Mme Marie-Madeleine Dieulangard
a abordé la proposition
formulée par M. Jean-Marie Spaeth, président de la Caisse
nationale d'assurance maladie des travailleurs salariés (CNAMTS),
d'adopter des lois d'orientation sanitaire et elle a regretté que les
observatoires régionaux de la santé manquent de moyens et voient
leurs travaux insuffisamment reconnus.
M. Guy Fischer
a souligné l'importance des difficultés
d'accès aux soins actuellement ressenties par les plus démunis et
leurs conséquences sur le fonctionnement des établissements de
santé.
M. Francis Giraud
, après avoir évoqué la question
du dépistage du diabète, a déclaré que si les
programmes de vaccination avaient eu une influence très positive sur
l'état de santé des Français, il convenait
d'apprécier scrupuleusement le rapport bénéfices/risques
de toutes les vaccinations nouvelles.
Mme Gisèle Printz
a enfin regretté que les travaux de la
Conférence nationale de santé n'aient pas abordé la
question des dépistages bucco-dentaire et ophtalmologique.
Répondant aux orateurs,
M. François de Paillerets
a
affirmé que les représentants de la Conférence nationale
de santé étaient à la disposition du Parlement pour
organiser une meilleure coordination de leurs travaux respectifs. Il a
indiqué qu'en raison de la tenue des Etats généraux de la
santé, les Conférences régionales de santé ne
seraient pas réunies cette année. Il a regretté que la
Conférence nationale de santé ne soit pas encore en mesure
d'énumérer des dépenses qui pourraient être
évitées mais il a souhaité qu'elle puisse le faire dans un
proche avenir. Il a reconnu que la question de la prestation autonomie
n'était pas évoquée suffisamment dans le détail
dans le rapport de la Conférence, mais il a indiqué que le
thème central de ses travaux, l'an prochain, serait consacré au
vieillissement de la population. Il s'est déclaré favorable
à des lois d'orientation sanitaire, mais il a estimé qu'il
conviendrait de prendre garde au risque de séparation encore accru entre
le curatif et le préventif dans notre système de santé. Il
a estimé indispensable de soutenir les observatoires régionaux de
la santé et de leur donner les moyens suffisants et il a rappelé
que la Conférence nationale de santé souhaitait qu'ils
constituent le pivot de l'organisation des banques de données en
santé publique proposée dans ses rapports.
E. AUDITION DE M. EDMOND MALINVAUD, PROFESSEUR HONORAIRE AU COLLÈGE DE FRANCE
Réunie le
mardi 13 octobre 1998
, sous la
présidence de M. Jean Delaneau, président,
la commission a
procédé à
l'audition de M. Edmond Malinvaud, professeur
honoraire au collège de France,
sur le
projet de loi de
financement de la sécurité sociale pour 1999
.
Elle a tout d'abord entendu
M. Edmond Malinvaud
,
Professeur honoraire
au collège de France,
sur son rapport au Premier ministre
consacré aux cotisations sociales à la charge des employeurs.
M. Edmond Malinvaud
a tenu à préciser que son
étude, qualifiée d'analyse économique, avait eu pour objet
de donner des repères et non de proposer une réforme
particulière. Il a insisté sur le fait qu'elle s'adressait aux
effets à long terme (10 ans et plus) à attendre de
réformes adoptées immédiatement et
considérées comme devant être maintenues durablement sans
changement.
M. Edmond Malinvaud
a indiqué que l'arrière-plan
scientifique du travail accompli n'était pas aussi robuste qu'il
l'aurait souhaité, évoquant les obstacles constitués par
les interdépendances complexes entre prix et quantités, les
substitutions entre facteurs de production ou encore les incertitudes
concernant les effets à attendre d'une réforme des cotisations
patronales sur la croissance.
M. Edmond Malinvaud
a déclaré que son étude visait
à éclairer les réponses à trois questions : la
première tendant à valider l'intuition consistant à penser
qu'une réforme des cotisations patronales, s'appliquant à tous
les niveaux de qualification, stimulerait assez l'emploi pour justifier ses
difficultés pratiques de mise en oeuvre ; la deuxième ayant pour
objet de déterminer quelles seraient les modalités des
réformes de ce type les plus favorables à l'emploi ; la
troisième essayant de prendre position sur l'intérêt de la
pérennisation, voire du renforcement, d'une différenciation des
taux de cotisation en faveur des bas salaires.
M. Edmond Malinvaud
a déclaré qu'il avait pensé,
dans un premier temps, ne pouvoir donner que des indications qualitatives en
réponse à ces questions. Il a observé qu'il lui avait
été finalement possible d'introduire des éléments
de quantification.
Concernant les principales conclusions de son étude,
M. Edmond
Malinvaud
a considéré que les réformes de la
fiscalité et de la parafiscalité qui concerneraient
indistinctement toutes les qualifications auraient beaucoup moins d'effet sur
le coût réel du travail que leurs impacts directs ne conduisaient
à le faire penser. S'agissant d'un traitement différentiel des
bas salaires,
M. Edmond Malinvaud
a estimé que la conclusion
serait autre en raison d'un déséquilibre plus marqué et
plus durable entre offre et demande de travail et du fait également de
l'existence d'un salaire minimal légal. Il a plaidé en faveur de
l'introduction, à titre définitif, d'un barème des
cotisations patronales comportant de faibles taux en bas de l'échelle.
M. Edmond Malinvaud
a ensuite fait part des résultats qui
pouvaient être escomptés d'une diminution des charges sociales
pesant sur les salaires compensée, à due concurrence, par un
prélèvement reposant respectivement sur la taxe sur la valeur
ajoutée (TVA), l'ensemble des revenus (contribution sociale
généralisée), les résultats des entreprises
(impôts sur les sociétés) ou encore à travers
l'introduction d'une nouvelle assiette " valeur ajoutée ".
Dans le cas d'une baisse du taux des cotisations patronales de trois points,
compensée par une hausse de la TVA,
M. Edmond Malinvaud
a
estimé qu'il en résulterait une baisse du coût du travail
de 3 %, qui se traduirait en termes d'emploi par la création de
70.000 postes au bout de dix ans. Dans l'hypothèse d'une baisse des
cotisations accompagnée de l'introduction d'une nouvelle assiette sur la
valeur ajoutée,
M. Edmond Malinvaud
a déclaré que
les résultats en termes d'emploi resteraient comparables à ceux
induits par un basculement sur la TVA, c'est-à-dire un gain d'environ
70.000 emplois. Il a toutefois mis en évidence les difficultés
créées par une telle assiette qui taxerait les amortissements
ainsi que le profit pur ; celui-ci rémunérant le risque, il
pourrait en résulter une moindre incitation au développement
d'activités nouvelles dans les hautes technologies par exemple.
Evoquant l'intérêt d'un traitement différentiel des bas
salaires,
M. Edmond Malinvaud
a estimé qu'il pourrait
être justifié par le fait que l'on pouvait diagnostiquer, pour les
années à venir, des difficultés d'emploi
particulières pour les salariés les moins bien
rémunérés. Il a par ailleurs considéré que
les bas salaires, étant fortement liés au salaire minimum
interprofessionnel de croissance (SMIC), étaient assez peu sensibles
à l'état du marché du travail, ce qui constituait un
facteur de chômage pouvant justifier des allégements particuliers
sous la forme d'un barème progressif.
M. Edmond Malinvaud
a estimé que le barème actuel
était trop progressif, entre 1 et 1,3 fois le SMIC.
Il a déclaré qu'un employeur qui souhaitait augmenter de 100
francs le salaire d'un de ses employés payé au SMIC devrait en
fait payer 300 francs compte tenu des charges sociales.
M. Edmond Malinvaud
a fait part de sa préférence pour un
barème moins progressif, qui s'appliquerait à l'ensemble des
salaires compris entre une et deux fois le SMIC.
Afin de financer un tel dispositif,
M. Edmond Malinvaud
a
envisagé trois possibilités, l'une d'entre elles consistant
à augmenter d'environ 2 % les cotisations sur les plus hautes
rémunérations. Il a estimé qu'une telle réforme
pourrait se traduire par la création de 300.000 emplois à
l'horizon de 10 ans.
M. Charles Descours, rapporteur pour les équilibres financiers
généraux et l'assurance maladie,
a souhaité savoir si
le rapport présenté était un rapport demandé par le
Premier ministre dans le cadre du Conseil d'analyse économique ou s'il
devait être considéré comme étant le rapport du
Gouvernement au Parlement prévu par l'article 6 de la loi de financement
pour 1998, rapport " analysant les conséquences sur le financement
de la sécurité sociale et sur la situation des entreprises d'une
modification de l'assiette des cotisations sociales à la charge des
employeurs, notamment appuyée sur la valeur ajoutée ".
M. Edmond Malinvaud
a répondu que son rapport n'avait pas un tel
objet et qu'il devait être considéré comme un rapport
réalisé dans le cadre du Conseil d'analyse économique.
M. Charles Descours, rapporteur,
a demandé ensuite si le
diagnostic d'une évolution plus favorable que par le passé de la
masse salariale tenait compte de la modération en termes de hausse des
salaires observée depuis l'annonce de la loi d'orientation et
d'incitation à la réduction du temps de travail.
M. Edmond Malinvaud
a répondu que son étude ne prenait pas
en compte l'impact de la loi sur les 35 heures. Il a par ailleurs
observé qu'une distinction devrait être faite entre le taux de
salaire horaire, qui continuerait à croître, et la
rémunération globale qui pourrait effectivement évoluer en
fonction de la durée du travail.
M. Charles Descours, rapporteur,
s'est enfin interrogé sur le
risque qu'une surcotisation imposée aux salaires les plus
élevés puisse avoir un effet de " fuite des cerveaux ",
notamment dans le domaine des nouvelles technologies.
En réponse,
M. Edmond Malinvaud
a considéré que les
emplois les plus rémunérés étaient les moins
sensibles à une augmentation du coût du travail. Il a par ailleurs
observé qu'il avait proposé d'autres pistes de réforme.
M. Jean Delaneau, président,
a souhaité savoir si les
considérations contenues dans le rapport, relatives au SMIC en tant que
facteur de rigidité par rapport aux évolutions du marché
du travail devaient être considérées comme une critique
d'une rémunération minimale fixée par voie administrative.
En réponse,
M. Edmond Malinvaud
a indiqué qu'il avait
considéré la question des coûts salariaux et qu'il avait
retenu l'hypothèse d'un abaissement des charges sur les bas salaires
pour obtenir une réduction de ces coûts.
Mme Marie-Madeleine Dieulangard
et
M. François Autain
se
sont interrogés sur le nombre de créations d'emplois qui pourrait
être attendu d'un transfert plus important de cotisations patronales sur
la cotisation sociale généralisée (CSG) d'une part, et sur
la TVA d'autre part.
M. Edmond Malinvaud
leur a répondu que les résultats en
termes d'emplois seraient du même ordre, que le transfert ait lieu sur la
CSG ou sur la TVA. Afin de donner un ordre de grandeur, il a rappelé
qu'un transfert de trois points des cotisations patronales permettrait la
création de 70.000 emplois et qu'un transfert plus important
permettrait la création d'un supplément d'emplois
proportionnellement plus élevé.
Mme Marie-Madeleine Dieulangard
s'est interrogée sur
l'intérêt qu'il pourrait y avoir à exonérer de
cotisations sociales les premiers 1.000 francs de l'ensemble des salaires.
M. Edmond Malinvaud
a considéré que ce système
avait des vertus à long terme, notamment du fait de sa
simplicité, mais il a estimé qu'il créerait moins
d'emplois que d'autres dispositifs envisagés.
Mme Nicole Borvo
s'est interrogée, quant à elle, sur
l'intérêt de baisser le coût du travail après avoir
constaté que la baisse observée ces dernières
années avait été sans effet sur l'emploi.
M. Edmond Malinvaud
a déclaré que le coût du travail
n'avait pas baissé mais qu'on avait simplement assisté au
développement des inégalités notamment au détriment
des jeunes qui devaient faire face à une plus grande
précarité des emplois. Il a considéré par ailleurs
que de nombreuses études avaient mis en évidence l'existence d'un
lien entre le coût du travail et la demande d'emploi.
Enfin,
M. André Jourdain
a demandé à M. Edmond
Malinvaud de donner son avis sur l'intérêt d'une cotisation assise
sur la valeur ajoutée.
M. Edmond Malinvaud
a souhaité simplement souligner qu'il
s'agirait d'un impôt nouveau difficile à mettre en oeuvre
notamment du fait des obstacles pouvant apparaître dans le contrôle
de son recouvrement.
F. AUDITION DE JEAN-FRANÇOIS CHADELAT, INSPECTEUR GÉNÉRAL DES AFFAIRES SOCIALES
Réunie le
mardi 13 octobre 1998
, sous la
présidence de M. Jean Delaneau, président,
la commission a
procédé à
l'audition de M. Jean-François
Chadelat, inspecteur général des affaires sociales.
M. Jean-François Chadelat
a tout d'abord tenu à rappeler les
conditions d'élaboration du rapport dont il avait été
chargé par une lettre de mission de M. Alain Juppé, alors
Premier ministre, en date du 24 décembre 1996.
Il a relevé que M. Alain Juppé reprenait, dans cette lettre, les
termes de son discours du 15 novembre 1995 sur la réforme de la
sécurité sociale dans lequel il déclarait vouloir mener
à bien l'élargissement de l'assiette de la contribution sociale
généralisée (CSG), le basculement progressif des
cotisations salariales vers une CSG élargie et enfin, une réforme
des cotisations patronales " dont l'assiette devrait être
diversifiée en intégrant par exemple des éléments
fondés sur la valeur ajoutée ".
M. Jean-François Chadelat
a souligné que son rapport ne
portait donc pas sur la lutte contre le chômage mais d'abord sur la
réforme du financement de la protection sociale.
Puis, il a indiqué que le rapport posait d'abord la question de savoir
s'il était nécessaire de modifier l'assiette des cotisations
patronales et qu'il avançait cinq raisons pour répondre
positivement à cette question.
En premier lieu,
M. Jean-François Chadelat
a souligné
qu'il fallait déterminer l'assiette la plus dynamique possible pour
assurer le financement de la sécurité sociale.
Il a constaté, à cet égard, que la part de la masse
salariale dans la valeur ajoutée se réduisait constamment sur les
quinze dernières années. Ainsi, de 1980 à 1997,
l'écart en moyenne annuelle entre l'augmentation du produit
intérieur brut (PIB) et celle de la masse salariale a été
de 0,7 %, soit un manque à gagner de 7 milliards de francs par
an qui se cumulent.
En second lieu,
M. Jean-François Chadelat
a observé que
notre système de sécurité sociale restait majoritairement
financé par des cotisations assises sur les revenus du travail et
principalement sur les salaires, qu'il pesait donc sur le coût du travail
et pénalisait l'emploi.
Il a précisé qu'il avait choisi volontairement de ne pas mettre
l'accent en premier lieu sur cet argument, dans la mesure où le rapport
qui lui était demandé portait prioritairement sur le financement
de la sécurité sociale.
En troisième lieu,
M. Jean-François Chadelat
a
souligné le caractère positif d'une diversification des
ressources de la sécurité sociale : remarquant, à cet
égard, que la France était dans une situation
" atypique " par rapport à ses principaux partenaires, dans la
mesure où elle accordait la première place aux cotisations
sociales assises sur les salaires, ceci malgré l'effort que
représentait la mise en place de la CSG, il s'est demandé si
notre pays ne courait pas un risque à " mettre tous ses oeufs dans
le même panier ".
En quatrième lieu, il a insisté sur la nécessité
d'engager en matière de cotisations patronales une réforme
parallèle à celle conduite pour élargir l'assiette de la
cotisation salariale par la mise en place de la CSG qui tient compte du fait
que les revenus des ménages n'étaient pas composés
uniquement de revenus salariaux.
Il a estimé qu'il serait paradoxal de ne pas suivre, pour les
cotisations patronales, le même raisonnement que pour les cotisations
salariales et de ne pas tenir compte de tous les éléments qui
" font la richesse des entreprises ".
Enfin, tout en reconnaissant le caractère quelque peu caricatural de la
formule, il a déclaré ne pas comprendre pourquoi, du point de vue
de l'égalité de traitement, une entreprise " employant
100 salariés et utilisant 10 machines ne verserait pas la
même contribution que l'entreprise employant 10 salariés et
utilisant 100 machines ".
Puis,
M. Jean-François Chadelat
a indiqué que la seconde
partie de son rapport examinait comment réformer les cotisations
patronales de sécurité sociale.
Tout d'abord, il a relevé que, compte tenu de la masse financière
en cause, il était nécessaire de recourir à une assiette
de cotisation la plus large possible, supérieure ou au moins
égale à l'assiette constituée par la masse salariale.
Il a souligné, en effet, qu'il serait déraisonnable d'instituer
des taux nominaux de prélèvements excessifs ainsi que de se
fonder sur une assiette trop fluctuante en raison de son étroitesse.
Dans ces conditions,
M. Jean-François Chadelat
a constaté
qu'il n'existait que deux possibilités pour asseoir la contribution
sociale des entreprises, soit une assiette fondée sur le chiffre
d'affaires, soit celle fondée sur la valeur ajoutée.
Concernant le chiffre d'affaires, il a estimé que cette notion,
apparemment séduisante, qui était déjà
utilisée, à un taux très faible, pour financer la
contribution sociale de solidarité à la charge des
sociétés (C3S) présentait des inconvénients car
elle induisait une taxation en cascade sur les intermédiaires d'un
même circuit de production et elle avantageait donc les circuits
commerciaux courts au détriment du petit commerce de détail. Sur
ce point, il a rappelé que, statistiquement, la somme des chiffres
d'affaires des entreprises était deux fois supérieure au montant
du PIB.
Considérant donc comme inévitable le recours à une
assiette fondée sur la valeur ajoutée, il a précisé
que, dans son rapport, il examinait la question de la
" faisabilité " du transfert en remarquant que ce
problème n'avait pas été franchement abordé dans
les multiples rapports précédents.
Il a noté, à cet égard, que dans les travaux
antérieurs, les conséquences macro-économiques du passage
à des cotisations patronales assises sur la valeur ajoutée
avaient été largement analysées.
Il a ainsi été démontré que les secteurs qui
utilisent peu de capital et emploient beaucoup de salariés (textile,
bâtiment) seraient avantagés par la réforme et qu'en
revanche seraient pénalisés les secteurs dans lesquels la masse
salariale est faible et le montant des investissements importants en capital
(pétrochimie, informatique).
M. Jean-François Chadelat
a noté, non sans ironie, que les
analyses économétriques ne faisaient sur ce point que confirmer
les conclusions auxquelles permettaient d'aboutir un raisonnement
économique relativement simple.
Concernant en revanche la question plus complexe des modalités de mise
en oeuvre du passage à la nouvelle assiette, il a souligné
qu'aucun problème ne serait insoluble dès lors qu'un groupe
restreint de décideurs seraient habilités à
résoudre les difficultés subsistantes avec une obligation de
résultat, nonobstant les réticences des administrations
concernées.
Concernant la définition de la valeur ajoutée,
M.
Jean-François Chadelat
a préconisé le recours à
la notion de valeur ajoutée comptable déjà utilisée
par le code général des impôts dans le dispositif de
plafonnement de la taxe professionnelle par rapport à la valeur
ajoutée.
S'agissant du champ d'application, il a émis des doutes sur
l'opportunité de l'introduction de la valeur ajoutée dans le
secteur non marchand. A cet égard, il a remarqué que la notion de
valeur ajoutée d'une administration publique ou d'une association
à but non lucratif avait peu de sens et qu'elle serait largement
identifiée, par des biais comptables, aux charges de personnel, ce qui
entraînerait des distorsions par rapport au secteur marchand.
En outre, il a mis l'accent sur la nécessité d'éviter des
effets pervers au détriment des travailleurs indépendants.
Constatant que le changement avantagerait en moyenne les entreprises comptant
entre 5 et 400 salariés, il a estimé nécessaire de
définir un seuil minimum d'assujettissement qui permettrait d'exclure
les plus petites entreprises.
Enfin, il a considéré qu'un sort particulier devrait être
réservé au secteur agricole caractérisé par une
forte proportion d'entreprises individuelles et dans lequel la majorité
des exploitants cotise au forfait.
En matière de contrôle de recouvrement,
M. Jean-François
Chadelat
a souligné l'effort à accomplir en matière
d'information des entreprises ainsi que la vigilance nécessaire à
l'égard des évasions et fraudes possibles.
Administrativement, il a estimé envisageable que les opérations
matérielles de recouvrement soient effectuées par les Unions de
recouvrement des cotisations de sécurité sociale et d'allocations
familiales (URSSAF), tout en soulignant que seuls les services fiscaux
bénéficiaient du savoir-faire et de la compétence
nécessaire pour assurer les tâches de contrôle des
entreprises.
En définitive,
M. Jean-François Chadelat
a souligné
que son rapport faisait apparaître que l'introduction progressive de la
notion de valeur ajoutée dans le financement de la
sécurité sociale était inéluctable et souhaitable
et qu'aucune difficulté technique ne semblait insoluble en ce domaine.
Il a souhaité ne pas porter de jugement sur le rapport de juillet 1988
remis au Premier ministre sur l'analyse économique des cotisations
sociales à la charge des employeurs.
Il a relevé toutefois que, dans ce rapport, il lui était
reproché de ne pas envisager le basculement immédiat des
12,8 points de cotisations patronales d'assurance maladie sur une nouvelle
cotisation assise sur la valeur ajoutée et que cette prudence
était interprétée comme un manque de conviction.
Evoquant le principe statistique selon lequel " la nature n'agissait pas
par saut ", il a souligné qu'une réforme brutale, " en
marche d'escalier ", provoquerait inévitablement une catastrophe.
En revanche, il a souligné la pertinence d'une réforme
progressive et lente, en rappelant que le déplafonnement des cotisations
de sécurité sociale, engagé depuis 1978 et poursuivi
pendant quatorze ans, avait entraîné des transferts
considérables entre secteurs et entreprises, de l'ordre de
200 milliards de francs, sans difficulté particulière.
M. Charles Descours, rapporteur pour les équilibres financiers
généraux et l'assurance maladie,
a remercié
l'intervenant, a souligné qu'il avait répondu dans ses propos
liminaires aux questions qu'il lui avait adressées et il s'est
interrogé sur l'article 2 du projet de loi de financement de la
sécurité sociale relatif à la C3S.
M. Jean-François Chadelat
a indiqué que cette disposition
constituait en fait la suite d'un article de la loi de financement de la
sécurité sociale pour 1998 prévoyant que les
excédents de CSG, dégagés à l'occasion du
basculement des cotisations salariales d'assurance maladie, devaient être
affectés en priorité pour combler le déficit de la Caisse
nationale d'assurance maladie (CNAM) et, le cas échéant, de la
Caisse nationale d'assurance maladie maternité des professions
indépendantes (CANAM).
Il était également prévu que les excédents de C3S
étaient affectés à la Caisse autonome nationale de
compensation de l'assurance vieillesse des artisans (CANCAVA) et à
l'organisation autonome nationale de l'industrie et du commerce (ORGANIC). Le
projet de loi prévoit donc que les excédents
éventuellement restants soient affectés au financement du fonds
de solidarité vieillesse.
M. Jean-François Chadelat
a admis que des excédents
pourraient effectivement être dégagés en 1999 sur la C3S en
considérant qu'il était difficile de se prononcer au-delà
dans un tel dispositif.
M. André Jourdain
s'est interrogé sur la situation des
grandes entreprises au regard de la valeur ajoutée.
M. Jean-François Chadelat
a remarqué que les entreprises,
de plus de 400 salariés, utilisaient également beaucoup de
capital ce qui expliquait qu'elles ne trouvaient pas toujours avantage au
passage à une contribution assise sur la valeur ajoutée.
Il a constaté à cet égard que, statistiquement, la
réforme avantageait les entreprises pour lesquelles la masse salariale
intervient pour plus de deux tiers dans la formation de leur valeur
ajoutée.
M. François Autain
a estimé que le problème
essentiel était celui de la création d'emplois et il s'est
interrogé sur l'opportunité d'un changement d'assiette des
cotisations patronales dès lors que certains avançaient que le
passage à la valeur ajoutée ne créerait qu'un faible
nombre d'emplois.
M. Jean-François Chadelat
a indiqué que les simulations
demandées pour la préparation de son rapport présentaient
des fourchettes d'estimations extrêmement larges variant de 40.000
à 400.000 emplois supplémentaires. Il a souligné, de
manière générale, la difficulté et les aléas
des chiffrages en matière de création d'emplois. Il lui a
semblé clair, en revanche, qu'une réduction des charges sociales
pesant sur les salaires allait dans un sens favorable à l'emploi.
Se demandant si ce gain justifiait un changement aussi considérable, il
a constaté que la France avait poussé la logique bismarckienne de
la protection sociale à un niveau caricatural, en finançant la
sécurité sociale de manière quasi exclusive par l'assiette
des revenus du travail.
Soulignant que, sur le plan économique, une entreprise avait toujours
intérêt à maximiser ses profits et à minimiser ses
coûts et en particulier les salaires qui constituent les dépenses
les plus importantes, il a considéré qu'il serait absurde de
continuer à financer la sécurité sociale à partir
d'une assiette que les entrepreneurs cherchent à réduire.
M. Guy Fischer
s'est demandé si le maintien du statu quo actuel
ne pourrait pas entraîner un sentiment d'injustice de la part des
Français ainsi qu'un fort taux de chômage.
En réponse,
M. Jean-François Chadelat
a estimé que
certaines entreprises pouvaient effectivement considérer que le maintien
du régime actuel les pénaliserait injustement.
AVANT-PROPOS
Mesdames, Messieurs,
Pour la troisième fois depuis la réforme constitutionnelle de
1996, le Sénat est appelé à débattre d'un projet de
loi de financement de la sécurité sociale.
Le projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 1999
est marqué, avant tout, par l'affirmation d'un retour à
l'équilibre des comptes sociaux.
Pourtant, à l'examen, le projet du Gouvernement se révèle
à la fois fragile dans ses équilibres, inabouti dans ses analyses
et peu cohérent dans ses propositions.
Fragile dans ses équilibres, le projet l'est en raison tant du choix de
prévisions économiques volontaristes, que d'un redressement des
comptes obtenu, moins par la maîtrise des dépenses que par la
mobilisation des recettes tirées de la croissance et de l'alourdissement
spectaculaire des prélèvements décidés l'an dernier.
Il est fragile enfin dans la mesure où l'équilibre, apparent et
global, ne traduit pas un assainissement en profondeur de l'ensemble des
branches : les excédents de la branche famille masquent le
déficit persistant de la branche vieillesse.
Le projet du Gouvernement est en outre inabouti dans ses analyses. Rarement la
représentation nationale aura été sollicitée par
autant d'annonces de réformes qui, toutes, sont censées aboutir
en 1999, mais dont aucune ne figure, sous une forme achevée, dans le
texte qui lui est soumis. Ces réformes sont pourtant essentielles et
marquées par l'urgence : avenir des retraites, poursuite de la
réforme du financement de la sécurité sociale, couverture
maladie universelle.
Enfin, ce projet est peu cohérent dans ses propositions.
Ainsi, la création d'un fonds de réserve destiné à
conforter l'avenir des retraites par répartition qui, selon le
Gouvernement lui-même, a valeur symbolique, se double d'une
revalorisation exceptionnelle des pensions qui aggrave le déficit actuel
de la branche vieillesse.
Le message apparaît ainsi singulièrement brouillé qui
consiste à affirmer simultanément le souci -au demeurant
légitime, mais au prix de déficits accrus- de faire participer,
dès aujourd'hui, les retraités aux
" fruits de la
croissance "
et la nécessité impérieuse de
constituer des réserves pour payer les pensions de demain.
De même, la situation financière excédentaire de la branche
famille ne justifie aucunement les nouvelles économies par lesquelles le
Gouvernement gage les quelques mesures positives annoncées lors de la
Conférence de la famille.
Après les mesures d'une gravité exceptionnelle mises en oeuvre
l'an dernier -notamment la mise sous condition de ressources des allocations
familiales à laquelle se substitue cette année le plafonnement du
quotient familial- le Gouvernement donne le sentiment que la politique
familiale se résume à la mise en excédent de la branche
famille.
Enfin, les développements copieux que consacre le projet de loi à
l'assurance maladie ne traduisent aucune réforme majeure mais
détaillent de nouvelles contributions, véritables usines à
gaz comptables, à la charge des professionnels de santé et des
laboratoires pharmaceutiques.
Face à ce constat, et tout en considérant que le Parlement devra
tôt ou tard revoir la copie du projet de loi de financement pour 1999,
votre commission avance un certain nombre de propositions
développées tant dans le présent rapport que dans ceux
consacrés à la famille et à l'assurance
vieillesse.
PREMIÈRE PARTIE
-
ÉQUILIBRES FINANCIERS
GÉNÉRAUX
I. LES LOIS DE FINANCEMENT : UN INSTRUMENT PERFECTIBLE
Les lois
de financement de la sécurité sociale, mises en place par la loi
organique du 22 juillet 1996, constituent un progrès essentiel de la
démocratie et de la transparence, salué désormais par
l'ensemble des forces politiques.
L'examen et le suivi des lois de financement par le Parlement supposent une
information fiable et cohérente. Cette question de l'information reste
majeure. Certes, les progrès réalisés depuis une vingtaine
d'années sont importants. La réforme voulue avec courage par M.
Alain Juppé a conforté un processus amorcé par la
création, en 1979, de la Commission des comptes de la
sécurité sociale.
L'information est désormais
présente ; elle demeure complexe et multiple.
La réforme
constitutionnelle et la loi organique de 1996 n'ont pas toujours défini
les concepts utilisés, d'où une période de
" rodage " inévitable. Beaucoup d'informations sont
disponibles ; peu s'avèrent réellement
" utiles "
1(
*
)
. Il convient
désormais de préciser, de hiérarchiser et
d'homogénéiser les tableaux de bord, afin d'assurer un meilleur
suivi de l'évolution des recettes et des dépenses.
Loin de considérer qu'il s'agit là d'un débat
réservé aux techniciens, votre rapporteur estime que ces
questions sont de nature politique. Pour ne donner qu'un seul exemple, la mise
sous condition de ressources des allocations familiales -décision
politique
annoncée par M. Lionel Jospin dans son discours de
politique générale le 19 juin 1997- est justifiée
a
posteriori
par une argumentation
technique
: le dérapage
des dépenses de la branche famille. Votre rapporteur constate que ce
dérapage a été surestimé.
Les chiffres ont plus que jamais des conséquences politiques et
normatives.
Votre rapporteur a jugé utile de procéder à un rapide
et premier bilan de la réforme institutionnelle de 1996, à l'aide
notamment des documents de la Cour des comptes et de la Commission des comptes
de la sécurité sociale.
En effet, les lois de financement de la sécurité sociale sont
encore très récentes, à l'inverse des lois de finances,
contemporaines de l'histoire des Parlements, et dont l'architecture est
fixée depuis quarante ans par la Constitution de 1958 et l'ordonnance
portant loi organique du 2 janvier 1959.
Il apparaît possible
d'améliorer le contenu des lois de
financement de la sécurité sociale (A)
et de
renforcer la
transparence des comptes (B).
A. AMÉLIORER LE CONTENU DES LOIS DE FINANCEMENT
1. Clarifier les enjeux des lois de financement
La clarification des enjeux des lois de financement passe d'abord par une meilleure définition des soldes tendanciels des régimes de sécurité sociale -présentés lors de la Commission des comptes de sécurité sociale- et des soldes corrigés par le projet de loi.
a) Une confusion entre des soldes tendanciels et des soldes corrigés par la loi de financement
Les
comptes tendanciels justifient pour une grande part les mesures correctrices
prises par le Gouvernement.
Les soldes tendanciels, établis par la Commission des comptes de la
sécurité sociale, s'appuient sur des objectifs de croissance de
la masse salariale qui peuvent être sous-estimés ou
surestimés. Les effets financiers des mesures de correction semblent
-à leur tour- mal appréciés.
L'exemple des prévisions concernant la branche famille pour
l'année 1998 apparaît caricatural. Le déficit tendanciel
était de
11,8 milliards de francs
2(
*
)
. Le déficit estimé est
désormais de
0,9 milliard de francs
. Les mesures
d'économie contestées lors de la discussion du projet de loi de
financement pour 1998
(mise sous condition de ressources des allocations
familiales et plafonnement de l'AGED)
sont chiffrées à 4,6
milliards de francs. En ce qui concerne la mise sous condition de ressources
des allocations familiales, mesure sur laquelle le Gouvernement revient en
arrière dans le projet de loi de financement pour 1999, Mme Martine
Aubry argumente ce "
pas de clerc
"
3(
*
)
par l'impératif de financement.
Il s'avère que si ces mesures contestées n'avaient pas
été prises,
le déficit n'aurait été que
d'un peu plus de 5 milliards, puisque les autres mesures de redressement ont eu
un effet plus important que prévu et que l'ensemble des recettes avait
été sous-estimé.
On ne saurait méconnaître que la prévision est un art
difficile et l'erreur toujours possible. Mais, au-delà, la
séparation entre ce qui relève des " prévisions
tendancielles " et ce qui tient des " mesures de correction "
est très floue.
Les prévisions effectuées en septembre 1998 sont -de ce point de
vue- tout à fait étonnantes pour deux raisons principales :
- elles prennent en compte des mesures gouvernementales, et notamment le
plan Aubry assurance maladie de l'été 1998, à hauteur des
effets souhaités par le Gouvernement ;
- les dépenses d'assurance maladie sont calculées sur la
base d'un ONDAM progressant de 2,6 %, ce qui est le chiffre retenu par le
Gouvernement dans le projet de loi.
La définition d'un ONDAM tendanciel mérite certes discussion :
doit-il être une simple reconduction de l'existant (ONDAM de
l'année précédente) ou une prévision s'appuyant sur
l'évolution spontanée des dépenses d'assurance maladie ?
Quoi qu'il en soit, dans le cas présent, le Gouvernement se contente de
constater l'évolution " tendancielle " des dépenses.
En outre, la confusion entre le " tendanciel " et le
" correctif " est symbolisée par l'annonce, le même
jour, des prévisions de la Commission des comptes de la
sécurité sociale et des mesures correctrices du Gouvernement.
C'est dans le cadre de la réunion de la Commission des comptes que le
Gouvernement présente les grandes lignes du projet de loi de financement
et diffuse son dossier de presse.
La Commission des comptes de la sécurité sociale
La
commission se réunit deux fois par an, une session de printemps
étant consacrée aux comptes du régime
général et une session d'automne à l'ensemble des comptes
des régimes de sécurité sociale.
Un débat récurrent agite la Commission des comptes : faut-il que
ses membres disposent du rapport quelques jours avant la réunion ou au
moment même de la réunion ?
S'agissant d'un rapport de plus de cinq cents pages, il apparaîtrait plus
logique de le distribuer préalablement, afin que les membres de la
commission puissent en prendre connaissance. Il n'est pas essentiel de
réserver aux partenaires sociaux la primeur de l'annonce de ces comptes.
La réunion devrait ainsi mieux distinguer :
- ce qui relève d'une simple observation des comptes (le
" tendanciel "),
- ce qui relève des mesures proposées par le Gouvernement
dans le projet de loi de financement de la sécurité sociale (le
" correctif ").
b) Deux dispositions normatives difficiles à apprécier
Les lois
de financement contiennent deux dispositions normatives, l'ONDAM et le plafond
d'avances de trésorerie, qui apparaissent pourtant difficiles à
apprécier.
•
L'ONDAM est marqué par des incertitudes
statistiques, empêchant de disposer d'une estimation claire de sa
réalisation en cours d'année
La création par la loi organique de 1996 d'un outil pour contrôler
l'évolution des dépenses d'assurance maladie représente un
grand progrès. La question essentielle est désormais celle de son
suivi.
Deux statistiques différentes sur les dépenses d'assurance
maladie, alors même qu'elles se nourrissent des mêmes sources, sont
disponibles
4(
*
)
:
- les prévisions de la Direction de la sécurité
sociale, qui ne sont pas rendues publiques ;
- les prévisions de la CNAM, qui utilise une application
dénommée GERICO (gestion des risques et contrôle des
prévisions) ayant l'intérêt d'être
décentralisée.
Ces prévisions -rendues publiques-
concernent le régime général, le régime agricole et
le régime des non-salariés non agricoles (CANAM).
Il n'est pas possible, à partir de ces statistiques, d'arriver à
un chiffre réellement pertinent sur une exécution mensuelle de
l'ONDAM. La CNAM révise d'ailleurs de mois en mois ses chiffres, donnant
ainsi l'impression d'un manque de fiabilité. Le 15 mai 1998, Mme Martine
Aubry et M. Bernard Kouchner ont demandé à l'IGAS de
contrôler les conditions de collecte de ces statistiques.
Il est tout à fait révélateur que le Parlement ne dispose
pas, à l'occasion de la discussion du présent projet de loi de
financement, d'une estimation précise portant sur la réalisation
de l'ONDAM 1998.
Pour pouvoir suivre avec précision l'évolution des
dépenses d'assurance maladie en disposant du même cadre que celui
fourni par le législateur, le rapport de la Commission des comptes de la
sécurité sociale propose ainsi de mensualiser et de
régionaliser l'ONDAM.
•
Le plafond d'avances de trésorerie consenties au
régime général a été à deux reprises
relevé par le pouvoir réglementaire
La deuxième mesure normative des lois de financement est relative aux
plafonds d'avances de trésorerie.
Or, l'exécution des deux premières lois de financement s'est
traduite par une modification de ces plafonds par voie réglementaire.
Le système est d'une grande souplesse. Une procédure d'alerte
existe entre l'ACOSS et l'Etat, permettant de recourir à un simple
décret en Conseil d'Etat pour relever le plafond d'avances. Un rapport
au Parlement est transmis dans les dix jours suivant la parution du
décret au Journal Officiel.
Le Gouvernement argumente le relèvement du plafond d'avances du
régime général opéré par le décret
n° 98-753 du 26 août 1998 par :
- la majoration de l'allocation de rentrée scolaire (ARS) ;
- le dérapage des dépenses d'assurance maladie ;
- la perception en fin d'année des recettes provenant des
prélèvements sur les revenus du capital.
En ce qui concerne la majoration de l'allocation de rentrée scolaire, la
solution d'un décret d'avance, permettant au Budget
général de mettre à la disposition de la CNAF les sommes
nécessaires au versement de cette prestation, s'impose.
En effet, dès lors que le Gouvernement persiste à ne
décider qu'au dernier moment de l'opportunité d'une majoration de
l'allocation de rentrée scolaire et qu'une mesure réglementaire
" d'urgence " est donc nécessaire, le recours à un
décret d'avance a le mérite de ne pas faire peser cette
décision pendant plusieurs mois sur la trésorerie de la
CNAF.
c) Des objectifs de dépenses et de recettes votés par le Parlement, mais ne constituant pas un équilibre
L'ambition de la réforme de 1995-1996 ne se limitait
pas au
seul régime général. Son objectif était au
contraire de considérer l'ensemble des régimes de
sécurité sociale, pour pouvoir enfin disposer de masses globales
pour tous les régimes obligatoires de plus de 20.000 cotisants.
A cet égard, la distinction entre la réunion de printemps de la
Commission des comptes, consacrée au seul régime
général, et la réunion d'automne, consacrée
à l'ensemble des régimes sociaux, apparaît obsolète,
comme l'indique le secrétaire général de la commission, M.
Philippe Nasse
5(
*
)
.
Mais le législateur de 1996 n'a pas souhaité introduire un
article d'équilibre dans les lois de financement, ni global (le
périmètre des objectifs de dépenses et des
prévisions de recettes n'étant pas identique), ni
a
fortiori
par branche (seuls les objectifs de dépenses étant
présentés par branche, les prévisions de recettes
l'étant par catégorie). Deux raisons principales ont
été avancées.
La première raison tient à l'impossibilité d'assimiler
les finances sociales au budget de l'Etat.
L'expérience de la première loi de financement permet de
considérer que les recettes sociales sont tout à fait comparables
aux recettes fiscales. Elles dépendent étroitement de la
réalisation des mêmes hypothèses de croissance.
Les dépenses sociales apparaissent, au premier abord, plus
éloignées des dépenses du budget de l'Etat.
Les dépenses de santé ne peuvent pas être contraintes. Les
dépenses famille et vieillesse sont la conséquence d'une
articulation entre, d'une part, la législation et la
réglementation en vigueur et, d'autre part, l'évolution
démographique. Les régimes de sécurité sociale ne
peuvent cesser leurs paiements ou leurs remboursements faute de crédits
disponibles. De fait, les montants de dépenses par branche inscrits dans
le projet de loi de financement de la sécurité sociale restent
des objectifs et ne sont pas limitatifs.
Il reste que les dépenses budgétaires, dans leur grande
majorité, sont dans la même situation : charges obligatoires de la
dette, remboursement des allégements de charges sociales, traitements
des fonctionnaires, etc. Certaines de ces dépenses ont explicitement un
caractère évaluatif.
Les lois de financement de la sécurité sociale définissent
bien un " budget bis ", selon l'expression employée par M.
Pierre Joxe, Premier président de la Cour des comptes, lors de son
audition devant votre commission le 15 octobre 1998.
La deuxième raison tient au nombre élevé de
régimes comptant moins de 20.000 cotisants ou retraités
titulaires de droits propres, alors que leurs dépenses
représentent moins de 1 % de l'ensemble.
La loi organique du 22 juillet 1996 a ainsi établi une distinction entre
des objectifs de dépenses par branche pour les régimes
obligatoires de plus de 20.000 cotisants et des objectifs de recettes par
catégorie.
Ces raisons demeurent naturellement fortes. Il reste que l'expérience
des trois premiers projets de loi de financement montre que la notion
d'équilibre est au coeur du débat mais que ce dernier
porte de
façon réductrice sur l'équilibre du seul régime
général
sur lequel, au demeurant, le Parlement ne se prononce
pas (
voir ci-après e)
).
Les annexes prévues par la loi organique contiennent un grand nombre
d'informations générales de très grande qualité. En
revanche, celles qui sont censées détailler les chiffres inscrits
dans le projet de loi ne sont pas réellement exploitables, parce que
trop souvent fondées sur un champ différent, ce qui est
lié à l'utilisation de comptes hétérogènes
(cf. ci-après).
Par exemple, l'annexe d prévue par l'article LO 111-4 II du code de la
sécurité sociale décrit
" pour l'année en cours
et l'année suivante, par catégorie, les ressources des
régimes obligatoires de base de sécurité
sociale "
. Le descriptif de cette annexe n'est pas identique au
contenu obligatoire des lois de financement -voté par le
législateur (art. 12 du présent projet de loi)- qui doit
" prévoir par catégorie les recettes de l'ensemble des
régimes obligatoires de base et des organismes créés pour
concourir à leur financement "
(art. LO 111-3 I-2°).
Pour résumer, le législateur autorise un ensemble de recettes.
Cet ensemble de recettes est détaillé selon des règles
différentes dans l'une des annexes qu'il tient à sa disposition.
La différence s'explique par l'existence du Fonds de Solidarité
Vieillesse et des " transferts ", qui correspondent à la
nuance introduite par le membre de phrase
" organismes
créés pour concourir à leur financement "
. Dans
le projet de loi de financement pour 1999, cette distinction est
expliquée par un rapide paragraphe, situé au bas de la page 14 de
l'annexe c.
d) L'utilisation de comptes hétérogènes
La loi
organique de 1996 n'a pas défini la notion de " branche ".
Cette notion n'a été clairement identifiée que pour le
seul régime général, par la loi du 25 juillet 1994 sur la
sécurité sociale.
En l'absence de définition générale, le Gouvernement a
adopté un certain nombre de conventions pour la ventilation des
dépenses qui sont précisées à l'annexe c du projet
de loi.
Or, de nombreux régimes n'individualisent pas leurs dépenses de
charges annexes par branche et l'annexe c de la loi de financement n'apporte
aucune précision sur la ventilation de ces charges qui ne correspondent
pas à des prestations versées
6(
*
)
.
Par ailleurs, la Cour des comptes relève que le concept de
dépenses utilisé par la loi organique ne recoupe pas exactement
celui d'emplois retenu dans les comptes présentés à la
Commission des comptes de la sécurité sociale, les
différences résultant :
- du traitement des dépenses et des recettes des
départements d'outre-mer dans les comptes de la sécurité
sociale ;
- des doubles emplois qui apparaissent dans ces comptes de la
sécurité sociale du fait des transferts internes aux
régimes de base considérés et des dépenses qui
constituent la contrepartie des cotisations prises en charge par les
régimes de sécurité sociale ;
- de l'exclusion des régimes de base de moins de
20.000 cotisants ou bénéficiaires de droits propres.
Enfin, la direction de la sécurité sociale utilise deux cadres
comptables pour les comptes présentés à la Commission des
comptes de la sécurité sociale.
Le premier, utilisé pour le seul régime général,
classe les comptes en " recettes " et en
" dépenses ". La différence forme la
variation du
fonds de roulement
.
Le second, utilisé pour les autres régimes, classe les comptes en
" emplois " et en " ressources ". La différence
forme le
solde des opérations courantes
.
Ce second cadre comptable est utilisé par les annexes du projet de loi
de financement.
Cette situation, d'après les informations communiquées à
votre rapporteur
7(
*
)
, serait corrigée
à l'occasion du prochain projet de loi de financement.
La question des transferts entre branches du régime
général, par exemple, est traitée par la Cour des comptes
dans son rapport 1997
8(
*
)
. On résumera
ainsi le problème : comment traiter les transferts entre branches
du régime général, alors même que la loi du 25
juillet 1994 a réaffirmé la gestion séparée des
branches ? A l'heure actuelle, la convention retenue est la
suivante : l'objectif des dépenses de la branche versante inclut
les transferts versés aux autres branches, tandis que l'objectif de
dépenses de la branche bénéficiaire est
présenté net des transferts reçus des autres branches. La
Cour des comptes a proposé une formule différente, consistant
à conserver les transferts versés aux autres branches, mais
à ne pas faire apparaître les transferts dans l'objectif de
dépenses de la branche bénéficiaire. Un état des
transferts entre branches serait souhaitable.
De manière générale, la Cour insiste dans son rapport 1998
sur le flou des notions de " branche ", de
" régime ", de " risque ", de " caisse ".
Cette critique est liée à l'organisation même des
régimes de sécurité sociale, historiquement très
complexe.
e) Un discours consacré quasi exclusivement aux comptes du régime général
Les
mesures correctives annoncées par le Gouvernement lors de la loi de
financement restreignent le débat au seul régime
général. Ces mesures corrigent les chiffres
" tendanciels " présentés lors la Commission des
comptes de la sécurité sociale. Lors de la discussion du projet
de loi de financement pour 1998, le déficit prévisionnel du
régime général était de 33 milliards. Les
mesures correctives proposées par le Gouvernement étaient de 21
milliards, pour parvenir à un déficit de 12 milliards. Il n'a
été nullement question d'équilibrer l'ensemble des
régimes sociaux.
Pourtant, la loi de financement ne vote pas explicitement les dépenses
et les recettes du régime général. Mais le débat
sur l'équilibre se concentre sur la page 28 de l'annexe c) du projet de
loi de financement consacré à l'effet des mesures du projet de
loi sur le solde des différentes branches.
Cette restriction du débat au seul régime général
est fâcheuse pour deux raisons :
- ne parler que du déficit du régime général fait
porter sur ce seul régime la responsabilité des dérapages ;
- en sens inverse, les effets du projet de loi de financement sur les autres
régimes sont passés sous silence. A titre d'exemple, le fait
d'avoir attribué la deuxième répartition CSG et droits sur
alcools prioritairement à la CNAM en 1998 a eu pour effet de diminuer
son déficit ; en revanche, cette mesure a été
défavorable à la CANAM. Les intérêts propres des non
salariés, échappant à la " norme " du
régime général, sont souvent méconnus, comme l'a
montré le basculement CSG/cotisations d'assurance maladie de 1998.
Au-delà même de l'ensemble des régimes obligatoires, le
périmètre de la loi de financement devrait être
confronté au besoin ou à la capacité de financement des
administrations de sécurité sociale défini par la
comptabilité européenne, et appelé communément
"
déficit au sens du traité de Maastricht
" qui
est désormais une référence essentielle des finances
publiques.
La
définition du besoin ou de la capacité de financement
des
administrations publiques en comptabilité européenne
Le
secteur des administrations publiques regroupe les catégories suivantes :
- l'Etat (budget général, comptes spéciaux, budgets
annexes) ;
- les organismes divers d'administration centrale (ODAC) : il s'agit des
organismes publics ou privés financés majoritairement par des
taxes affectées ou par des subventions de l'Etat ;
- les administrations publiques locales (APUL) : elles recouvrent les
collectivités locales proprement dites, les établissements
publics locaux et les organismes divers d'administration locale (centres
communaux d'action sociale, caisses des écoles, organismes consulaires,
agences de bassin) ;
- les administrations de sécurité sociale (ASSO) : elles
sont constituées de l'ensemble des régimes d'assurance sociale
obligatoire (régime général, régimes
complémentaires, régimes spécifiques, UNEDIC,...), ainsi
que des organismes financés par ces régimes (dont les
hôpitaux publics ou privés participant au service public
hospitalier).
Le champ couvert par la comptabilité européenne est plus large
que celui des lois de financement : il intègre les régimes
complémentaires obligatoires et l'UNEDIC.
En France, il correspond au compte de la protection sociale, compte satellite
des comptes nationaux de l'INSEE ou à l'effort social de la nation
Il est à noter que la notion de besoin de financement en
comptabilité européenne n'est pas identique au concept habituel
de déficit budgétaire (écart entre les charges et les
ressources, quelle que soit leur nature). Le besoin de financement correspond
aux flux nets de dettes des flux nets de créances.
L'application des droits constatés aux organismes de
sécurité sociale devrait leur permettre d'être
familières à cette notion de besoin de financement.
Le rapport économique, social et financier du projet de loi de finances
pour 1999 donne une évolution de la capacité de financement des
administrations publiques, dont les administrations de sécurité
sociale.
(en points de PIB) |
1997 |
1998 |
1999 |
Administrations de sécurité sociale |
- 0,6 |
- 0,15 |
+ 0,15 |
Administrations publiques |
- 3,0 |
- 2,9 |
- 2,3 |
Le jaune
budgétaire " Effort social de la nation " permet de disposer
d'informations utiles, mais datant des années précédentes.
La question d'une meilleure compréhension des différents champs
des comptes sociaux demeure ainsi posée.
2. Compléter l'information du Parlement
a) Un " vert " loi de financement apparaît nécessaire
Aucun
document n'est fourni aux parlementaires à l'issue du vote de la loi de
financement de la sécurité sociale hormis naturellement la loi
promulguée. Par analogie avec les lois de finances, il n'y a donc pas de
"
vert
" lois de financement. Ce type de documents
apparaît pourtant fort utile puisque la discussion parlementaire peut
apporter des modifications sensibles par rapport aux chiffres
présentés par le Gouvernement. De plus, une des recettes des
régimes d'assurance maladie -les droits sur les tabacs- dépend du
vote de la loi de finances.
La loi promulguée comporte par définition les objectifs de
dépenses et de recettes. Mais le projet de loi s'adosse sur des
éléments -que l'on retrouve dans certaines annexes
9(
*
)
- qui dépendent directement des objectifs
votés. Ces éléments gagneraient à être
actualisés en fonction des votes intervenus. Il est bien sûr hors
de question que le Gouvernement réédite l'ensemble des annexes.
En revanche, il serait souhaitable que le Parlement dispose des comptes du
régime général tels qu'ils résultent des objectifs
de dépenses et de recettes votés en loi de financement.
En conséquence, il serait souhaitable qu'un document -bref- soit
transmis au Parlement, au cours du mois de janvier suivant l'adoption des lois
de finances et de financement de la sécurité sociale,
comprenant :
- le récapitulatif des dépenses du régime
général par branche ;
- le récapitulatif des recettes du régime
général par branche. L'observation de la Cour des
comptes
10(
*
)
trouverait ainsi sa place :
"
La Cour souhaite que, pour le régime général en
particulier, les recettes soient décrites par branche dans les comptes
annexés au projet de loi de financement, ce qui serait en
cohérence avec la loi de juillet 1994
";
- le récapitulatif des incidences financières des mesures
votées, tant pour le régime général que pour
l'ensemble des régimes sociaux.
En l'état actuel, il est nécessaire d'attendre la réunion
de printemps de la Commission des comptes de la sécurité sociale
(cette année, le 11 mai), pour disposer de ces informations.
b) Le calendrier d'examen de la loi de financement devra tenir compte de l'évolution du calendrier d'examen de la loi de finances
•
L'articulation entre la loi de finances et la loi de financement
est nécessaire
Contrairement aux craintes exprimées lors de la discussion de la loi
organique de 1996, le double examen par le Parlement, à l'automne, de la
loi de financement et de la loi de finances s'effectue de telle manière
que toute discordance entre les deux textes de loi semble avoir
été évitée, en dehors du BAPSA
11(
*
)
. La cohérence des prévisions
macro-économiques (croissance du PIB, croissance de la masse salariale)
est nécessaire. Tout décalage de calendrier rendrait impossible
cette cohérence.
De fait, la question du calendrier n'est pas tant celle de l'articulation loi
de finances/loi de financement, mais celle des délais très
serrés laissés aux partenaires sociaux et au Parlement.
•
Un calendrier très serré, mais susceptible
d'évoluer
D'un point de vue strictement parlementaire, il est profondément
regrettable que le projet de loi de financement ait été
adopté en Conseil des ministres le 7 octobre 1998, laissant à
l'Assemblée nationale à peine quinze jours avant l'ouverture de
la discussion générale et au Sénat à peine plus
d'une semaine entre l'adoption du texte à l'Assemblée nationale
et le début de la discussion dans la Haute Assemblée.
Ce calendrier serré n'est pas une fatalité ; il souffre du
délai de production des comptes de la sécurité sociale et
de l'évaluation des compensations.
La réforme comptable doit
accélérer ce délai.
La Commission des comptes de la sécurité sociale pourrait se
réunir dès l'adoption en Conseil des ministres du projet de loi
de finances. Cette année, le projet de loi de finances -et c'est un
progrès- a été présenté dès le 9
septembre 1998. En conséquence, il est regrettable que la Commission des
comptes de la sécurité sociale n'ait été
réunie que le 22 septembre 1998. Une modification du décret
n° 96-834 du 20 septembre 1996 pourrait être nécessaire,
puisque ce décret prévoit que cette commission se réunit
deux fois par an : entre le 15 avril et le 15 juin, entre le 15
septembre et le 15 octobre.
En outre, il serait souhaitable que le rapport de la Cour des comptes soit
rendu public peu de temps avant la réunion de la Commission des comptes.
Il apparaît important de souligner que ce rapport -qui apporte beaucoup
dans la compréhension des comptes de la sécurité sociale-
est remis trop tardivement au Parlement, alors même que des
" fuites " répétées sont observées chaque
année, permettant à certains journaux d'en faire état
dès le début du mois de septembre.
Le délai de consultation des caisses (qui est de 7 jours, selon le
décret du 10 septembre 1996) semble actuellement très court. Une
réunion plus précoce de la Commission des comptes permettrait de
donner davantage de temps aux partenaires sociaux.
Les étapes du projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 1999
22, 23 et 24 juin 1998 |
Conférence nationale de santé |
9 septembre 1998 |
Adoption du projet de loi de finances en Conseil des ministres |
22 septembre 1998 |
Réunion de la Commission des comptes de la sécurité sociale |
23 septembre 1998 |
Transmission de l'avant-projet de loi aux caisses |
30 septembre 1998 |
Avis des caisses |
1 er octobre 1998 |
Avis du Conseil d'Etat |
7 octobre 1998 |
Adoption du projet de loi de financement en Conseil des ministres |
13 octobre 1998 |
Sortie du rapport de la Cour des comptes |
15 octobre 1998 |
Dépôt du projet et de ses annexes à l'Assemblée nationale |
27 octobre - 3 novembre 1998 |
Discussion à l'Assemblée nationale |
La
volonté du Gouvernement d'adopter le projet de loi de finances en
conseil des ministres dès la fin du mois de juillet, à partir de
1999
12(
*
)
, après l'étape
intermédiaire de 1998 (présentation en deux temps : fin
juillet, les grandes orientations, notamment fiscales ; début
septembre, le projet lui-même), aura des conséquences sur le
projet de loi de financement :
- positives, si le projet de loi de financement est présenté
également plus tôt, ce qui aura pour effet une réunion de
la Commission des comptes de la sécurité sociale beaucoup plus
avancée, ce qui correspondra à l'objectif affiché plus
haut ;
- négatives, s'il apparaît un décalage trop important
entre les grandes orientations macro-économiques adoptées en
juillet, et les chiffres présentés en septembre.
A tout le moins, il est nécessaire que le Gouvernement précise
ses intentions concernant le calendrier de la loi de financement.
c) La proposition d'un véritable débat d'orientation sur le financement de la sécurité sociale dans le cadre du débat d'orientation budgétaire
Lors de
la discussion de la loi organique de 1996, M. Jacques Barrot, alors ministre
des Affaires sociales, s'était engagé à organiser au
printemps 1997 un débat d'orientation sur le financement de la
sécurité sociale, à l'image des débats
d'orientation budgétaire. Un tel débat ne s'est tenu ni en 1997,
en raison de la dissolution de l'Assemblée nationale, ni en 1998.
De fait, un débat spécifique consacré au financement de la
sécurité sociale n'apparaît pas souhaitable pour deux
raisons. La première raison est liée au processus de
qualification à l'euro, tout comme les engagements souscrits au titre du
Pacte de stabilité et de croissance de juin 1997, qui imposent la
référence au
" besoin de financement des administrations
publiques "
, dépassant le cadre de la loi de finances, et
incluant les finances des collectivités locales et de la
sécurité sociale. La seconde raison est liée à la
nature des lois de financement de la sécurité sociale, qui
forment une seconde catégorie de lois de finances publiques.
L'évolution logique serait que le débat d'orientation
budgétaire, spécifiquement consacré aux ressources et
dépenses de l'Etat, devienne un
" débat d'orientation sur
l'évolution des finances publiques "
, selon l'expression du
Président Jean-Pierre Fourcade
13(
*
)
. Le
débat d'orientation budgétaire, qui s'est tenu au Sénat le
25 juin 1998, a montré que le Gouvernement était resté
à la " croisée des chemins ". Certes, trois des quatre
objectifs fixés dans le rapport déposé par le Gouvernement
à l'occasion du débat concernaient de près ou de loin les
finances sociales. Mais, le Gouvernement, en l'absence du ministre de l'emploi
et de la solidarité, n'a pas indiqué de véritables
orientations sur ce que serait le projet de loi du financement de la
sécurité sociale, les analyses consacrées aux finances
sociales étant restées très insuffisantes.
A titre anecdotique, on peut rappeler que les ministres des Finances et du
Budget expliquaient à l'occasion de leur audition devant la commission
des finances de l'Assemblée nationale le dérapage des
dépenses d'assurance maladie par une simple épidémie de
grippe, alors qu'au même moment, Mme Martine Aubry ne voyait aucune
raison sanitaire à cette dérive.
La proposition d'organiser un véritable débat sur les finances
publiques, au cours du mois de juin, est pertinente. Elle permettrait d'amorcer
un débat au Parlement, qui pourrait se continuer avec les organismes
professionnels
14(
*
)
pendant trois mois, avant
que le Gouvernement ne dépose le projet de loi devant le Parlement.
M. Christian Sautter, secrétaire d'Etat au Budget, a donné acte
de cette proposition : "
Peut-être faudra-t-il qu'en 1999,
dans le prochain débat d'orientation budgétaire, nous trouvions
ensemble une façon de traiter plus directement de la question de la
sécurité sociale
"
15(
*
)
.
Votre rapporteur est naturellement prêt à toute concertation
allant dans ce sens.
B. ASSURER LA TRANSPARENCE DES COMPTES
1. Améliorer le suivi de la loi de financement
a) Il est nécessaire de relancer la réforme comptable
L'application du principe de comptabilisation en droits
constatés aux opérations des organismes de la
sécurité sociale constitue pour la Cour des comptes "
un
progrès -dans la voie de la clarification des comptes de la
sécurité sociale- dont il importe de souligner
l'importance
"
16(
*
)
.
Les considérations du rapport de la Commission des comptes de la
sécurité sociale relatives à l'application de la
réforme sont nettement moins enthousiastes
17(
*
)
.
Les deux principes de comptabilisation
Une
comptabilité en
encaissements - décaissements
consiste
à n'enregistrer les opérations qu'à partir du moment
où celles-ci sont recouvrées (cotisations) ou payées
(prestations).
Pour résumer, une comptabilité en encaissements -
décaissements est une comptabilité de trésorerie.
Une comptabilité en
droits constatés
consiste à
rattacher à un exercice les dépenses et les recettes dès
la naissance du fait générateur. En fin d'exercice, les
opérations qui ont pris naissance dans l'année mais qui n'ont pas
donné lieu à encaissement ou paiement sont rattachées
à l'exercice comptable sous forme de produits à recevoir
(créances), de provisions ou de charges à payer (dettes).
Pour résumer, une comptabilité en droits constatés est une
comptabilité de créances et de dettes.
Avant la réforme, les comptes des caisses du régime
général étaient en encaissements-décaissements.
Néanmoins, elles utilisaient déjà, pour certaines
opérations, la technique des droits constatés (exemple de
certaines avances ou compensations de l'Etat).
En revanche, les régimes complémentaires et les compagnies
d'assurance étaient déjà en droits constatés.
•
La réforme des droits constatés :
histoire et avantages
L'histoire de la réforme des droits constatés montre une certaine
unanimité des acteurs ; de plus, les avantages du principe des
droits constatés sont bien réels.
En 1990, M. Claude Evin, alors ministre de la Solidarité, a
demandé à un groupe de travail interministériel,
placé sous la responsabilité d'un expert comptable, M. Robert
Mazars, d'étudier la comptabilité et les conditions de
consolidation des comptes de la sécurité sociale. Le rapport
Mazars -rendu public en décembre 1990 par M. René Teulade- a
formulé un certain nombre de propositions, parmi lesquelles l'adoption
du principe des droits constatés. A la suite du rapport Mazars, tant les
rapports de la Cour des comptes, rendus chaque année au Parlement
à la suite de la loi de 1994, que les rapports de la Commission des
comptes de la sécurité sociale ont plaidé pour la mise en
oeuvre rapide de cette réforme.
Un groupe de travail
18(
*
)
, associant les
administrations de l'Etat et les représentants a été
constitué en 1994. Le décret n° 96-448 du 23 mai 1996,
a officialisé la comptabilisation en droits constatés dans les
organismes du Régime général à compter du
1
er
janvier 1996.
Puis, il a été décidé d'appliquer la réforme
dans les autres régimes à partir du 1
er
janvier
1997. Trois décrets du 18 mars 1997 ont étendu le principe des
droits constatés aux organismes d'assurance maladie et maternité
des travailleurs salariés des professions non agricoles, aux
organisations d'assurance vieillesse de ces professions (ORGANIC, CANCAVA et
CNAVPL notamment) et aux organismes tels que la Caisse mutuelle d'assurance
maladie des cultes (CAMAC), la Caisse mutuelle d'assurance vieillesse des
cultes (CAMAVIC), la Caisse des français à l'étranger
(CFE), la Caisse de retraite et de prévoyance des clercs et
employés de notaires (CRPCEN) ou la Caisse autonome nationale de
sécurité sociale dans les mines (CANMSS). Enfin, un décret
du 31 mai 1997 étend le principe au régime agricole.
La réforme des droits constatés est ainsi une réforme qui
s'est poursuivie sur un certain nombre d'années, sous des ministres
différents. Les avantages attendus sont, en effet, importants :
Les avantages attendus de la réforme des droits constatés
Le
mécanisme des droits constatés en matière de
sécurité sociale présente -pour la Cour des comptes-
quatre avantages :
1) Un résultat indépendant des événements
venant perturber le règlement des cotisations ou le paiement des
prestations ;
2) Une étape importante vers l'harmonisation des
comptabilités et des méthodes comptables de l'ensemble des
régimes ;
3) Un cadre comptable similaire pour l'ensemble des régimes, les
régimes complémentaires et les mutuelles ;
4) Une transparence financière entre les différents acteurs
de la sécurité sociale, puisque les droits constatés font
apparaître les créances et les dettes respectives de chacun.
La mise en oeuvre de la réforme elle-même ne semble pas poser de
problèmes majeurs, contrairement aux craintes émises en 1994.
Ces craintes pouvaient se justifier.
Un organisme de
sécurité sociale n'est pas une entreprise privée. La
définition d'un fait générateur -qui va de soi dans le
cadre d'une activité lucrative- apparaît beaucoup plus complexe.
La notion de résultat est beaucoup moins pertinente.
Grâce à l'opiniâtreté et au pragmatisme du groupe de
travail, grâce aux efforts réalisés par les agents
comptables, des réponses ont été apportées aux deux
principales questions, à savoir la définition des faits
générateurs et les modalités de rattachement à
l'exercice. Des applications informatiques de comptabilité, lourdes
à faire évoluer, sont en train d'être modifiées pour
tenir compte de la réforme.
•
Le bilan de la réforme apparaît aujourd'hui
décevant par rapport aux espoirs affichés
Le groupe de travail s'est vu confier, par lettre du 12 novembre 1997, quatre
nouveaux objectifs :
1. veiller à la mise en oeuvre de la réforme ;
2. s'engager dans la voie de l'homogénéisation des pratiques
comptables ;
3. accélérer la sortie des comptes ;
4. réfléchir à la suppression à terme aussi
proche que possible de la présentation des comptes en
encaissement/décaissement.
La poursuite de la mission du groupe de travail placé sous
l'autorité de M. Alain Déniel montre que le bilan de la
réforme, eu égard aux avantages attendus, est plus que
nuancé. L'année 1998 est venue confirmer cette impression :
alors que la méthode de comptabilisation en droits constatés
devait éviter normalement les trop longues périodes
complémentaires, les comptes des régimes sociaux pour 1997 ont
été remis avec beaucoup de retard. Les comptes 1997 de la CNAF,
par exemple, ont été approuvés le 9 septembre 1998.
Deux ans après l'application de la réforme pour le régime
général et un an après l'extension de cette
réforme, trois questions principales sont apparues, qui avaient
été probablement sous-estimées :
- La question du basculement
Les résultats 1996, 1997 et 1998 du régime général
sont présentés à la fois en droits constatés et en
encaissements/décaissements, afin de garantir la continuité des
informations comptables. En effet, les lois de financement pour 1997 et 1998
ont été votées en encaissements/décaissements. Il a
donc été nécessaire de reconstruire des comptes en
encaissements/décaissements à partir de comptes originaux en
droits constatés, ce qui est incontestablement une source de
complication supplémentaire et de retard pour la fourniture des comptes.
Les incertitudes statistiques dont fait part le rapport de la Commission des
comptes de la sécurité sociale de mai 1998 trouvent pour une
bonne part leur source dans cette reconstruction.
Il est possible d'apprécier les différences de déficit
entre le système des encaissements/décaissements et le
système des droits constatés :
Solde du régime général |
1996 |
1997 |
Encaissements/décaissements |
- 53 |
- 33 |
Droits constatés |
- 56 |
- 24 |
en
milliards de francs
La date du basculement a été fixée au projet de loi de
financement de la sécurité sociale pour 2000. Il faut
espérer que la réforme puisse être mise en oeuvre à
temps par les régimes spéciaux.
- La question des relations financières
Etat-sécurité sociale
Les relations financières entre l'Etat et la sécurité
sociale sont nombreuses, complexes et financièrement lourdes.
Si l'Etat tient une comptabilité générale en droits
constatés, celle-ci n'est guère utilisée. L'Etat reste
dans une logique de caisse -dépendant de l'ordonnance portant loi
organique du 2 janvier 1959- pour sa comptabilité budgétaire. Le
régime de retraite des fonctionnaires et le budget annexe des
prestations sociales agricoles (BAPSA) restent ainsi en
encaissements/décaissements.
- La question de l'harmonisation des comptes
La réforme des droits constatés ne semble pas avoir
été l'occasion d'une harmonisation des comptes. Il est d'ailleurs
légitime de se demander si la réforme de l'organisation comptable
n'aurait pas dû précéder la réforme des droits
constatés.
La comptabilité des organismes de sécurité sociale ne
permet pas ainsi :
- de mettre en évidence des opérations réciproques
entre les organismes et de procéder à leur
élimination ;
- de comptabiliser les transferts entre régimes de manière
homogène.
•
Les pistes de réforme
A la lecture des actes d'un colloque consacré à ce sujet le 15
mai 1997
19(
*
)
, des rapports de la Cour des
comptes de septembre 1997
20(
*
)
et de la
Commission des comptes de la sécurité sociale, quatre pistes de
réforme sont envisageables (
cf. encadré
).
Quatre propositions pour réussir la réforme comptable
1. Harmoniser les plans comptables des organismes de
sécurité sociale.
Un plan comptable unique des organismes de
sécurité sociale devrait être approuvé par le
Conseil national de la Comptabilité. Il faudra réfléchir
aux notions d'amortissement et insister sur la réforme patrimoniale.
L'exercice devra aboutir à la consolidation des comptes au niveau de la
branche, qui est le niveau retenu par les lois de financement.
2. Unifier les pratiques comptables
, ce qui signifie
hiérarchiser et contrôler les différents organismes. A cet
égard, le système actuel ne permet pas de savoir, par exemple, si
les 125 caisses d'allocations familiales passent leurs écritures dans
les mêmes conditions. La fixation de normes de liquidation est
nécessaire. Par ailleurs, il est à noter qu'il n'existe aucun
texte établissant une autorité directe des agents comptables des
caisses nationales sur les caisses primaires, ni de texte relatif à la
responsabilité des uns par rapport aux autres. Il serait envisageable de
donner aux caisses du régime général la
responsabilité de la centralisation et de la consolidation des comptes
des différents régimes, pour arriver aux comptes d'une
" branche ", au sens des lois de financement. La question de la
répartition des pouvoirs entre directeur et agents comptables est
également posée.
3. Lier plus étroitement systèmes comptables et
systèmes d'information.
L'architecture des systèmes
d'information pourrait être le moyen d'assurer une unité des
systèmes comptables. Une comptabilité n'a plus seulement
aujourd'hui pour but de décrire des opérations de gestion
administrative, elle doit donner des informations nécessaires et
suffisantes sur les recettes et les dépenses.
4. Clarifier les relations financières entre l'Etat et les
organismes de sécurité sociale dans le cadre de la réforme
des droits constatés
; à cet égard, il serait
souhaitable que la réforme de la comptabilité de l'Etat,
initiée par M. Jean Arthuis, soit réamorcée dès
maintenant.
Il est désormais important de disposer d'une démarche globale. Le
rapport demandé, en juin 1997, par M. Lionel Jospin, Premier ministre,
à MM. Jacques Bonnet et Philippe Nasse sur l'état des
finances publiques mentionnait une difficulté
méthodologique : "
Une dernière difficulté
examinée durant notre mission concerne le passage à la
comptabilité en " droits constatés " (...). La
comptabilité nationale doit, ultérieurement, passer en droits
constatés bien que l'Etat ne prévoie pas de traiter ses comptes
dans ce système. Cette situation est troublante. Nous avons donc
cherché à mesurer si l'introduction des droits constatés
dans les comptes des organismes de sécurité sociale pouvait
modifier notre prévision du déficit de 1997 en nous appuyant sur
l'information de 1996 disponible dans les deux systèmes. Nous avons
dû renoncer à anticiper, même seulement, le signe de la
correction, tant l'interprétation du double résultat de 1996 nous
a semblé difficile. Par ailleurs, nous n'avons pas abordé ce que
pourrait être l'effet d'un retraitement des comptes de l'Etat les
rapprochant des droits constatés
. "
21(
*
)
.
Une mission interministérielle, sous l'égide du ministère
de l'emploi et de la solidarité et en accord avec le ministre de
l'économie, des finances et de l'industrie, a été
chargée de la refonte des dispositifs comptables des régimes de
sécurité sociale en vue de leur harmonisation. Sa mise en place,
décidée en mai 1998, n'est toujours pas effective, alors que ses
axes de travail semblent aller dans le bon sens :
- définition d'un plan comptable des régimes de
sécurité sociale ;
- neutralisation des transferts financiers permettant d'agréger les
comptes des différents régimes au niveau de la branche ;
- description plus claire des relations financières entre l'Etat et
la sécurité sociale ;
- propositions d'accélération des délais de
production des comptes.
Si votre commission ne peut être qu'approuver de tels objectifs, elle
s'étonne néanmoins du peu d'empressement mis à installer
cette mission. Six mois, depuis mai 1998, ont d'ores et déjà
été perdus, alors même que la fiabilité des chiffres
est mise en doute au plus haut niveau, à travers la mission
confiée à l'IGAS.
b) La réforme comptable devrait permettre l'élaboration de tableaux de bord et de suivi incontestables
La
réforme comptable est le moyen de disposer d'une information fiable
annuelle, mais également infra annuelle.
Il n'est pas possible pour le Gouvernement, comme pour les responsables de la
sécurité sociale, de se contenter d'effectuer chaque année
un vague bilan des comptes de la sécurité sociale et, à
l'issue de l'adoption de la loi de financement, de donner rendez-vous pour
l'année suivante au Parlement et aux partenaires sociaux. Des tableaux
de bord et de suivi infra-annuels, ce que M. Philippe Nasse, secrétaire
général de la Commission des comptes de la sécurité
sociale, appelle le
" reporting social "
, sont
désormais nécessaires
22(
*
)
.
Certes, les principaux régimes publient de telles données, mais
leur agrégation se révèle délicate. Il faut bien
comprendre que les chiffres publiés par la Commission des comptes sont
une agrégation effectuée par la direction de la
sécurité sociale du ministère de l'emploi et de la
solidarité (division des évaluations économiques et
financières, devenue sous-direction de la prévision et des
études financières) à partir des chiffres fournis par les
caisses
23(
*
)
.
La réforme des droits constatés porte en elle-même des
enjeux de nature politique
, qu'il convient de clarifier. Le Parlement
doit contribuer à cette tâche : ces réformes sont la
condition d'un débat véritablement démocratique. Les
comptes de la sécurité sociale doivent devenir incontestables,
puisqu'ils sont opposables à un certain nombre de professions.
2. Assainir les relations financières entre l'Etat et la sécurité sociale
Les relations financières entre l'Etat et la sécurité sociale sont complexes. Elles ont tendance à l'être chaque année davantage. Cette question recouvre des aspects multiples :
a) L'Etat employeur
La
question du contrôle de la cohérence entre les versements de
cotisations de l'Etat et l'assiette salariale correspondante se pose. Le bilan
des encaissements 1997 montre une progression de l'assiette salariale du
secteur public de 1,4 %. Ce chiffre ne correspond pas à
l'évolution de la masse salariale brute résultant de
l'évolution des rémunérations et du glissement vieillesse
technicité (GVT). La Cour des comptes a confirmé que le calcul
des cotisations patronales de l'Etat employeur était effectuée
sur la base d'une assiette minorée. Le décret n° 95-38
du 6 janvier 1995 limite l'assiette aux traitements soumis à retenue
pour pensions (2
ème
alinéa de l'article D. 712-38
du code de la sécurité sociale), alors que les articles
L. 241-6 et L. 242-1 précisent la règle
générale : l'assiette est constituée par la
totalité des sommes versées aux salariés. Même si
elle n'est pas en mesure de chiffrer l'ampleur du manque à gagner pour
le régime général
24(
*
)
,
elle l'a estimé de 10 à 15 milliards de francs par
an
25(
*
)
.
Le contrôle apparaît difficile, les URSSAF n'ayant pas
d'habilitation juridique pour effectuer le contrôle des versements de
l'Etat employeur au régime général. Il faut remarquer que
c'est seulement depuis 1997 que la part patronale des cotisations maladie des
fonctionnaires est versée aux URSSAF et non plus à l'ACOSS.
Enfin, la loi du 25 juillet 1994 sur la sécurité sociale a
donné mission à la Cour des comptes d'opérer le
contrôle de déclaration de l'assiette des administrations
centrales et services déconcentrés de l'Etat.
Cette situation est dénoncée depuis de nombreuses années
-à juste titre- par les employeurs privés, qui -strictement
encadrés par la réglementation- s'y conforment sous le
contrôle exigeant des URSSAF.
b) Les exonérations de cotisations
Grâce aux travaux de la Commission des comptes et de la
Cour
des comptes, on dispose désormais d'une bonne évaluation du
montant des cotisations exonérées et non remboursées par
l'Etat :
16,9 milliards de francs en 1998
, correspondant à
des mesures prises avant la loi du 25 juillet 1994, c'est-à-dire avant
que ne soit posé le principe de la compensation intégrale.
Ces exonérations concernent principalement les contrats emploi
solidarité, les contrats emplois consolidés, l'embauche premier
salarié et le temps partiel.
Exonérations de cotisations non compensées
en milliards de francs
1996 |
1997 |
1998 (prévisions) |
1999 (prévisions) |
15,0 |
16,8 |
16,9 |
17,3 |
Le
montant des exonérations de cotisations patronales compensées
intégralement par l'Etat a connu une très vive augmentation
à partir de 1996, année marquée par la fusion des deux
dispositifs généraux d'allégement de charges sur les bas
salaires -exonération de cotisations d'allocations familiales et
ristourne dégressive-, par la montée en charge du contrat
initiative emploi et par les premiers effets de la " loi Robien ".
Les différentes mesures relèvent des interventions de plusieurs
chapitres budgétaires ministériels (Budget, Emploi et
Solidarité et DOM), alors que leurs objectifs sont très proches.
Deux chapitres budgétaires étaient jusqu'à cette
année principalement concernés : le chapitre 44-75
" Mesures exceptionnelles en faveur de l'emploi et de la formation
professionnelle "
(budget des charges communes) et le chapitre 44-78
" Exonération de cotisations sociales en faveur de l'emploi et
de la formation professionnelle "
(budget du travail, de l'emploi et
de la formation professionnelle).
Exonérations de cotisations prises en charge par l'Etat
Année |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
Montant en millions de francs |
29.531 |
53.216 |
66.492 |
65.525 |
61.402 26( * ) |
La
refonte de la nomenclature à l'occasion du projet de loi de finances
pour 1999, et la création dans le fascicule " Emploi " d'un
nouveau chapitre intitulé
" compensation de l'exonération
des cotisations patronales "
(44-77) a permis de regrouper les mesures
du chapitre 44-75 et du chapitre 44-78.
Cette refonte de la nomenclature va dans le sens d'une clarification ;
en conséquence, votre rapporteur s'en félicite.
A la suite du rapport 1997 de la Cour des comptes, estimant que les estimations
des exonérations de cotisations étaient trop
"
dépendantes de la qualité des déclarations des
employeurs
" et "
les contrôles réalisés
par l'ACOSS insuffisants
"
27(
*
)
, une
mission d'enquête a été décidée en septembre
1997
28(
*
)
par le ministère de
l'économie et le ministère de l'emploi et de la
solidarité. Elle a été confiée à
l'Inspection générale des finances (IGF) et à l'Inspection
générale des affaires sociales (IGAS). Présentées
fin juillet aux administrateurs de l'ACOSS, les conclusions ont
été rendues publiques fin août 1998. "
Les
faiblesses importantes
" sont "
peu compatibles avec l'enjeu
que ces mesures représentent pour le budget de l'Etat et la politique de
l'emploi
"
Le projet RACINE, qui a débuté le 1
er
janvier 1998,
devrait permettre d'améliorer la gestion des mesures
d'exonération, en raison d'un caractère plus
détaillé des imputations comptables et de la plus grande
rapidité de leur remontée, qui permettra de calculer
mensuellement la dette de l'Etat, ainsi que de la possibilité de
décentraliser, en les affinant, les contrôles jusque là
réalisés par l'ACOSS. Mais les auteurs du rapport notent que la
mise en place de RACINE devra s'accompagner d'un développement de la
politique de contrôle de l'ACOSS et des URSSAF.
Votre commission observe que la gestion pour l'instant déficiente des
exonérations est une des conséquences de la complexité des
différents dispositifs établis sans
cohérence.
c) Les remboursements de prestations
Des
prestations sont gérées et versées par le régime
général pour le compte de l'Etat. Il s'agit principalement de la
CNAF, qui a été jugée la mieux placée pour
gérer ce type de prestations, pour des raisons de proximité.
Malheureusement, l'Etat ne verse pas le plus souvent de participation aux frais
de gestion. Le montant total des prestations versées pour le compte de
l'Etat est de l'ordre de 96,95 milliards de francs. L'Etat participe à
hauteur de 380 millions (seule l'allocation de logement à
caractère social fait l'objet d'une participation aux frais de gestion).
Si l'Etat remboursait aux caisses un montant de 3 % pour participation aux
frais de gestion de l'ensemble des prestations servies pour son compte, il
devrait verser 2,9 milliards de francs.
En sens inverse, l'Etat fait payer à l'ACOSS un taux de
prélèvement pour frais d'assiette et de recouvrement
opéré sur le produit des prélèvements sociaux sur
les produits du patrimoine de 0,5 %
29(
*
)
.
d) Les charges de trésorerie
La
charge de trésorerie pesant sur le régime général
-pour certaines prestations- est loin d'être neutre. La majoration de
l'allocation de rentrée scolaire est principalement à l'origine
du décret du n° 98-753 du 26 août 1998
30(
*
)
, qui a relevé le plafond des avances de
trésorerie au régime général de 20 à 31
milliards de francs.
Des prestations liées aux fonds logement sont remboursées
ex
post
par l'Etat. A l'inverse, le versement de prestations comme le revenu
minimum d'insertion (RMI) et l'allocation aux adultes handicapés (AAH)
fait heureusement l'objet d'une mensualisation.
Les effets de trésorerie de la CSG ne sont pas négligeables ; la
CSG sur patrimoine (6,4 milliards de francs en 1997) est recouvrée selon
les mêmes règles que l'impôt sur le revenu, par voie de
rôle. Elle est reversée à l'ACOSS le
15 décembre de chaque année, à la différence
de la CSG sur les placements (prélèvement libératoire),
versée en plusieurs acomptes, mais le plus souvent en fin d'année
(2,2 milliards de francs en 1997).
La création par la loi de financement d'une contribution unique de
2 % affectée à la CNAVTS et à la CNAF, se substituant
aux deux contributions de 1 % existantes, a également
modifié le reversement de cette contribution, en l'alignant sur le
système mis en place pour la CSG sur patrimoine ou sur placements.
Plus d'une quinzaine de milliards de francs seront ainsi perçus par la
sécurité sociale à la fin de l'année 1998.
Dans son rapport adressé au Parlement pour justifier un plafond des
avances de trésorerie au régime général
supérieur aux objectifs fixés par la loi de financement pour
1998, le Gouvernement évoque lui-même cet argument, après
ceux relatifs à la majoration de l'allocation de rentrée scolaire
et au dérapage des dépenses d'assurance maladie.
Votre rapporteur, Président du Conseil de surveillance de l'ACOSS,
veillera à ce que l'application de la convention d'objectifs et de
gestion signée entre l'Etat et l'ACOSS pour les années 1998-2001
fasse bien respecter le principe de complète neutralité en
trésorerie entre les deux partenaires.
e) Le régime des fonctionnaires
L'Etat
sert les prestations familiales pour les agents de droit public qu'il
rémunère (art. D. 212-3 du code de la sécurité
sociale).
Le taux de cotisation est inférieur au droit commun pour tenir compte du
coût administratif du service et de l'action sociale exercée par
l'Etat.
La comptabilité budgétaire de l'Etat ne décrit pas le
régime des prestations familiales des agents de droit public de l'Etat.
Elle cumule toutes les prestations, qu'elles soient servies en métropole
ou dans les départements d'outre-mer. Le solde compensatoire
métropole n'a pas de sens : ce n'est pas la différence entre
les cotisations versées par l'Etat employeur et les prestations
versées par l'Etat, remboursées par la CNAF. Comme l'indiquait la
Cour des comptes en juillet 1997
31(
*
)
:
"
Les comptes de l'Etat se présentent comme s'il avait en charge
les prestations et versait une subvention au régime
général, sous l'apparence d'un solde compensatoire. Ils
traduisent là l'Etat puissance publique plus que l'Etat
employeur.
"
Le régime des retraites des fonctionnaires décrit par les annexes
de la loi de financement n'a pas réellement de sens. Il s'agit d'une
reconstruction ; l'Etat, par le biais des " cotisations fictives ",
l'équilibrera toujours.
La création d'un véritable régime spécifique
pour les fonctionnaires de l'Etat serait de nature à clarifier les
responsabilités et éviter que la puissance publique soit à
la fois juge et partie. Cette mesure s'impose dans le cadre d'un débat
sur les retraites en France.
f) La question du BAPSA
•
Le BAPSA est un héritage historique
Le BAPSA a été créé par l'article 58 de la loi de
finances pour 1960 (n° 59-1454 du 26 décembre 1959). Il est
régi par les articles 1003-1 à 1003-7 du code rural.
La Cour des comptes a consacré à la protection sociale agricole
le chapitre VI de son
Rapport 1996
. Certaines orientations de son
rapport ont pu laisser croire qu'elle remettait en cause l'existence même
du régime.
Au-delà des simplifications techniques, d'une plus grande
cohérence intellectuelle, il faut reconnaître que l'année
1997 a donné des arguments de poids aux partisans d'une
intégration du BAPSA dans la loi de financement. En effet,
l'articulation du BAPSA et de la loi de financement s'est avérée
impossible.
En raison de la structure démographique très défavorable
du monde agricole, le régime des exploitants agricoles est l'un des
régimes de sécurité sociale qui dépend le plus de
la solidarité des autres régimes et du contribuable. Le BAPSA
n'est pas un cas unique ; plusieurs régimes spéciaux
bénéficient de subventions d'équilibre, sans faire pour
autant l'objet d'un budget annexe : SNCF, marins, mineurs...
L'existence d'un budget annexe des prestations sociales agricoles donne au
monde agricole l'assurance que ce budget annexe sera toujours
équilibré, parce que le budget général assurera -en
dernier ressort- cet équilibre.
Il apparaît à l'analyse que le statut de budget annexe n'est pas
-en lui-même- source d'équilibre systématique.
L'exécution du BAPSA peut révéler un excédent ou un
déficit (art. 1003-6 du code rural). Un fonds de roulement existe.
Le système des budgets annexes est un cadre juridique (art. 20 à
22 de l'ordonnance de 1959) créé pour les services de l'Etat
producteurs de biens et services marchands. Un régime de
sécurité sociale -financé par des
prélèvements obligatoires, des transferts et des subventions
diverses- correspond difficilement à cette définition.
•
L'articulation impossible du BAPSA et de la loi de
financement de la sécurité sociale
La lecture comparée du fascicule budgétaire (" bleu ")
BAPSA et des comptes prévisionnels du régime des exploitants
agricoles présentés en annexe du projet de loi de financement
laisse apparaître une différence de présentation. Le BAPSA
est, en effet, plus détaillé, notamment en ce qui concerne les
recettes ; l'annexe de la loi de financement les regroupe par
catégories, alors que le BAPSA permet d'identifier chacune des
cotisations ou des impositions.
Le champ couvert par les deux documents n'est pas le
même :
|
LOI DE FINANCEMENT |
BAPSA |
|
- Frais de gestion du régime |
- Détail des recettes |
Existe |
- Action sanitaire et sociale |
- Prestations familiales agricoles et recettes correspondantes |
Manque |
- Branche famille des exploitants agricoles |
- Fraction des dépenses de pensions de retraite des exploitants (majorations pour enfants) + recettes FSV |
Pour
1998, le projet de BAPSA a été construit " à droit
constant ", sans tenir compte de la poursuite du basculement des
cotisations sociales maladie sur la CSG et de la mise sous condition de
ressources des allocations familiales proposé par le projet de loi de
financement.
Pour 1999, le projet de BAPSA n'est pas non plus cohérent avec le projet
de loi de financement.
D'une part, les mesures " famille " ne sont pas prises en compte,
en-dehors du retour à l'universalité des allocations familiales.
D'autre part, la part d'excédent de contribution sociale de
solidarité sur les sociétés (C3S) affectée au BAPSA
est de 600 millions de francs dans le bleu budgétaire et d'un
milliard de francs dans le projet de loi de financement.
Le calendrier d'élaboration des deux projets n'est pas seul en
cause ; bien évidemment, le projet de loi de finances initial doit
être déposé au plus tard le premier mardi d'octobre, alors
que le projet de loi de financement doit être déposé le 15
octobre, mais le projet de BAPSA est préparé très en amont.
Lors de la discussion du projet de loi de finances pour 1998, un amendement de
coordination a été nécessaire pour mettre en
conformité la loi de finances avec la loi de financement.
Au total, une intégration du BAPSA dans la loi de financement
semblerait logique à votre rapporteur sous trois conditions :
1. Assurer le même niveau d'informations ;
2. Etre préparée en concertation avec le monde agricole ;
3. Garantir l'autonomie du régime agricole.
II. LE BILAN D'APPLICATION DES DEUX PREMIÈRES LOIS DE FINANCEMENT DE LA SÉCURITÉ SOCIALE : LE RETOUR À L'ÉQUILIBRE DES COMPTES EST FRAGILE
A. LA RÉFORME DU FINANCEMENT DE LA SÉCURITÉ SOCIALE ET LA CROISSANCE RETROUVÉE EXPLIQUENT LA TENDANCE D'UN RETOUR À L'ÉQUILIBRE DES COMPTES SOCIAUX
1. L'évolution de la structure du financement de la sécurité sociale
Les années 1997 et 1998 ont été marquées par l'augmentation de la contribution sociale généralisée (CSG), compensée par la diminution des cotisations salariales d'assurance maladie.
a) L'évolution sur les recettes de l'ensemble de la sécurité sociale
Structure des recettes de la sécurité
sociale
(au sens de la loi de financement)
En milliards de francs |
Réal. 1996 |
% |
LFSS 1997 |
% |
LFSS 1998 |
% |
PLFSS 1999 |
% |
Cotisations effectives |
1.160,3 |
72,18 |
1.152,4 |
69,49 |
1.034,1 |
60,02 |
1.063,0 |
59,08 |
Cotisations fictives |
175,9 |
10,94 |
181,9 |
10,97 |
186,9 |
10,85 |
194,8 |
10,83 |
Contributions publiques |
61,0 |
3,79 |
63,9 |
3,85 |
62,0 |
3,60 |
63,8 |
3,55 |
Impôts et taxes affectés |
170,3 |
10,59 |
223,6 |
13,48 |
403,0 |
23,39 |
438,6 |
24,38 |
Transferts reçus |
4,5 |
0,28 |
4,7 |
0,28 |
4,6 |
0,27 |
4,9 |
0,27 |
Revenus des capitaux |
2,1 |
0,13 |
1,8 |
0,11 |
1,3 |
0,08 |
1,4 |
0,08 |
Autres ressources |
33,4 |
2,08 |
30,0 |
1,81 |
31,1 |
1,80 |
32,7 |
1,82 |
Total recettes |
1.607,5 |
100 |
1.658,3 |
100,00 |
1.723,0 |
100,00 |
1.799,2 |
100,00 |
N.B. : les chiffres mentionnés pour 1997, 1998 et 1999 sont les prévisions de recettes en loi de financement.
La part
des
cotisations effectives
connaît une
décélération nette, en raison du basculement cotisations
d'assurance maladie/CSG en 1997 et en 1998. Ce basculement produit encore des
effets en 1999, en raison d'une évolution plus favorable des
Impôts et taxes
affectés, comprenant des sources de
financement très réactives à la conjoncture
économique.
La comparaison des objectifs de recettes 1997 et 1999 est
éclairante :
Les recettes de la sécurité sociale en 1997 (réalisation)
Les
recettes de la sécurité sociale en 1999 (prévisions)
La
catégorie des
cotisations fictives
connaît une grande
stabilité. Il s'agit de l'équivalent des cotisations patronales
provenant du secteur public (Etat, régimes spéciaux). Il en est
de même des
contributions publiques
, qui recouvrent pour
l'essentiel les subventions d'équilibre versées à certains
régimes spéciaux et des remboursements de prestations.
La part des
impôts et taxes
affectés augmente logiquement,
atteignant en 1999 presque le quart de l'ensemble des recettes de la
sécurité sociale. Le financement budgétaire de la
sécurité sociale, en prenant en compte les cotisations fictives
et les contributions publiques, financées également par
l'impôt, est désormais de l'ordre de 40 %.
b) L'évolution sur les recettes du régime général
Lorsque
l'on examine les recettes du seul régime général
32(
*
)
,
la part des cotisations tombe de 83,4 % en 1996
à 67,6 % en 1999
tandis que
la part des impôts et taxes
affectés passe de 5,1 % à 21,5 %.
Le régime général reste ainsi proportionnellement
davantage dépendant de la ressource " cotisations ".
Structure des recettes du régime général 1996-1999
En milliards de francs |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
Cotisations |
959 |
952 |
862 |
880 |
Impôts et taxes affectés |
59 |
103 |
254 |
279 |
Autres ressources |
132 |
158 |
149 |
141 |
TOTAL |
1.150 |
1.213 |
1.265 |
1.300 |
Part des cotisations |
83,39 % |
78,48 % |
68,14 % |
67,69 % |
Part des impôts et taxes |
5,13 % |
8,49 % |
20,08 % |
21,46 % |
Autres ressources |
11,48 % |
13,03 % |
11,78 % |
10,85 % |
Ces
moyennes générales recouvrent des situations très
contrastées suivant les branches :
- la branche
accidents du travail
est quasiment exclusivement
financée par les cotisations des employeurs ;
Structure du financement de la branche accidents du travail
En millions de francs |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
Cotisations |
41.184 |
41.973 |
43.822 |
44.598 |
Autres ressources |
2.286 |
2.198 |
2.261 |
2.364 |
TOTAL |
43.470 |
44.171 |
46.083 |
46.962 |
Part des cotisations |
94,74 % |
95,02 % |
95,09 % |
94,97 % |
Part des autres ressources |
5,26 % |
4,98 % |
4,91 % |
5,03 % |
TOTAL |
100,00 % |
100,00 % |
100,00 % |
100,00 % |
Le
financement de cette branche apparaît logique, et ne devrait pas
connaître d'évolution majeure dans les prochaines années.
- le recul de la part des cotisations est le plus net pour la
branche
maladie
: de 93,3 % à 59,8 % en 1997.
Structure du financement de la branche maladie
En millions de francs |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
Cotisations |
492.116 |
479.236 |
363.540 |
359.871 |
Impôts et taxes |
11.249 |
49.084 |
195.041 |
215.799 |
Transferts reçus |
8.525 |
11.389 |
9.283 |
9.480 |
Autres ressources |
15.315 |
19.086 |
16.529 |
16.911 |
TOTAL |
527.205 |
558.795 |
584.393 |
602.061 |
Part des cotisations |
93,34 % |
85,76 % |
62,21 % |
59,77 % |
Part des impôts et taxes |
2,13 % |
8,78 % |
33,37 % |
35,84 % |
Part des transferts reçus |
1,62 % |
2,04 % |
1,59 % |
1,57 % |
Part des autres ressources |
2,90 % |
3,42 % |
2,83 % |
2,81 % |
TOTAL |
100,00 % |
100,00 % |
100,00 % |
100,00 % |
- la structure du financement de la
branche
vieillesse
et de la
branche famille
, en revanche, est particulièrement
stable de 1996 à 1999 : les cotisations représentent entre
75 à 77 % des recettes de la CNAVTS, 65 à 67 % de celles de
la CNAF.
La part des impôts et des taxes a légèrement tendance
à augmenter dans les deux cas, en raison notamment de l'alignement sur
l'assiette de la CSG des prélèvements 1 % famille et
1 % vieillesse, devenu " prélèvement social " sur
les revenus du patrimoine.
Structure du financement de la branche famille
En millions de francs |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
Cotisations |
153.252 |
158.361 |
165.485 |
171.301 |
Impôts et taxes |
45.106 |
50.551 |
53.898 |
57.169 |
Transferts reçus |
1.459 |
1.457 |
1.529 |
1.603 |
Autres ressources |
28.665 |
33.103 |
33.229 |
27.497 |
TOTAL |
228.482 |
243.472 |
254.141 |
257.570 |
Part des cotisations |
67,07 % |
65,04 % |
65,12 % |
66,51 % |
Part des impôts et taxes |
19,74 % |
20,76 % |
21,21 % |
22,20 % |
Part des transferts reçus |
0,64 % |
0,60 % |
0,60 % |
0,62 % |
Part des autres ressources |
12,55 % |
13,60 % |
13,08 % |
10,68 % |
TOTAL |
100,00 % |
100,00 % |
100,00 % |
100,00 % |
Structure du financement de la branche vieillesse
En millions de francs |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
Cotisations |
271.988 |
276.931 |
289.303 |
301.207 |
Impôts et taxes |
2.722 |
3.060 |
4.570 |
4.838 |
Transferts reçus |
71.010 |
81.294 |
81.655 |
81.586 |
Autres |
5.215 |
5.029 |
5.283 |
5.461 |
TOTAL |
350.935 |
366.314 |
380.811 |
393.092 |
Part des cotisations |
77,50 % |
75,60 % |
75,97 % |
76,63 % |
Part des impôts et taxes |
0,78 % |
0,84 % |
1,20 % |
1,23 % |
Part des transferts reçus |
20,23 % |
22,19 % |
21,44 % |
20,75 % |
Part des autres ressources |
1,49 % |
1,37 % |
1,39 % |
1,39 % |
TOTAL |
100,00 % |
100,00 % |
100,00 % |
100,00 % |
Le financement de la sécurité sociale repose encore principalement sur les cotisations, et dépend fortement de l'évolution de la masse salariale. Seule la partie salariale des cotisations d'assurance maladie a été affectée par le basculement.
2. L'effet des mesures de redressement des deux premières lois de financement
a) La substitution CSG/cotisations d'assurance maladie est complexe
Les lois
de financement 1997 et 1998 comportent toutes deux une mesure de substitution
CSG/cotisations d'assurance maladie, mais d'inégale ampleur.
Votre commission s'est montrée favorable au principe du basculement
des cotisations d'assurance maladie sur la CSG.
La CSG dispose d'une
assiette plus large et fait participer l'ensemble des revenus au financement de
la sécurité sociale. Elle avait appuyé la mesure
limitée du projet de loi de financement pour 1997.
En revanche, votre commission s'est opposée, lors de la discussion du
projet de loi de financement pour 1998, à un "
basculement
massif et inconsidéré
".
Ce nouveau transfert n'a
pas respecté les principes posés en 1996. Au moment où les
dispositions étaient présentées au Parlement, aucun bilan
d'application de la première mesure de basculement n'était
disponible. Par ailleurs, le Gouvernement n'avait pas transmis au moment de la
discussion du projet de loi de financement tous les éléments
d'appréciation, notamment les taux applicables aux non-salariés.
Pour la CSG affectant les revenus de remplacement, la substitution était
parfois impossible, en raison de cotisations d'assurance maladie trop basses,
voire inexistantes.
•
La CSG sur les revenus d'activité
La substitution serait relativement facile à mettre en oeuvre, si toutes
les populations considérées étaient dans la même
situation.
Le cas des salariés du régime général, cas
principal, n'est pas le cas unique. Un basculement des cotisations maladie vers
la CSG est beaucoup plus complexe dans le cas des non-salariés.
L'assiette de CSG-CRDS ne coïncide pas avec leur assiette de cotisations
sociales, à la différence des salariés.
Le Conseil constitutionnel, dans sa décision n° 97-393 DC du
18 décembre 1997 émettait une réserve
d'interprétation sur l'article opérant le basculement, encadrant
ainsi le pouvoir réglementaire :
" Considérant que
les dispositions critiquées se bornent à majorer les taux de la
contribution sociale généralisée et sont sans incidence,
par elles-mêmes, sur les taux des cotisations d'assurance maladie ;
qu'il appartiendra au pouvoir réglementaire de fixer les nouveaux taux
des cotisations d'assurance maladie de façon à ne pas
créer de rupture caractérisée de l'égalité
entre catégories socioprofessionnelles à l'occasion de
l'augmentation des taux de la contribution sociale
généralisée et de la diminution corrélative des
taux des cotisations d'assurance maladie prévue par la loi "
.
Les taux de cotisation d'assurance maladie ont suivi, en conséquence,
une évolution différente entre salariés et
non-salariés.
L'article 5 de la loi de financement pour 1998 a institué une majoration
du taux de la CSG de 4,1 points. La CSG s'établit ainsi à 7,5 %.
Pour les
salariés
, la cotisation d'assurance maladie a
été ramenée de 5,5 % à 0,75 % (baisse de
4,75 points). Au total, le gain de pouvoir d'achat annoncé
était de 1,1 point.
Dans leur majorité, les
fonctionnaires
ont vu leur
rémunération globale légèrement accrue ou maintenue
à son niveau antérieur, dans le cadre du transfert de cotisations
sociales sur la contribution sociale généralisée.
Néanmoins, une proportion importante de fonctionnaires, qu'il est
difficile de chiffrer avec précision, touche un montant significatif de
primes. Ces primes n'étaient pas soumises à cotisations
sociales : à rémunération égale, les
salariés du régime général supportaient une
cotisation plus forte que celle des fonctionnaires. Le basculement des
cotisations d'assurance maladie sur la contribution sociale
généralisée aurait pu avoir pour avantage non seulement de
corriger ce défaut d'assiette, mais également de mettre à
plat les différences de situation entre salariés du secteur
privé et fonctionnaires, comme l'a souligné M. Michel
Charasse, arguant du
" principe d'égalité des citoyens
devant les charges publiques "
, à l'occasion d'une question
écrite adressée à Mme la ministre de l'Emploi et de la
solidarité
33(
*
)
.
Le Gouvernement s'est efforcé de rendre la substitution la plus neutre
possible, afin qu'il n'y ait pas de perte de pouvoir d'achat pour les
fonctionnaires. Les agents bénéficiant d'un niveau de
rémunérations annexes (indemnités de résidence,
supplément familial de traitement, primes et indemnités diverses)
représentant plus de 24 % du traitement se trouvaient perdants. Une
indemnité compensatoire a été instituée par le
décret n° 97-215 du 10 mars 1997, modifié par le
décret n° 97-1268 du 29 décembre 1997
34(
*
)
.
Le coût de cette mesure serait de 800 millions de francs en 1998.
Une circulaire du 3 mars 1998 a précisé le champ d'application,
l'assiette, les personnels bénéficiaires et les modalités
d'application
35(
*
)
.
Cette compensation, en raison du principe de parité entre les fonctions
publiques, "
a vocation à s'appliquer dans les
collectivités locales sous réserve d'une
délibération expresse de chacune d'elles.
"
36(
*
)
. Une circulaire a été diffusée
le 23 janvier 1998 aux préfets, "
leur donnant toutes
informations utiles pour permettre aux assemblées
délibérantes de procéder ainsi à la mise en place
de ce dispositif indemnitaire
".
Le coût de cette mesure de
compensation se répercute ainsi sur les budgets des collectivités
locales et des hôpitaux.
En ce qui concerne les
non-salariés
, le Gouvernement a
compensé la hausse de 4,1 points de la contribution sociale
généralisée par une baisse des cotisations d'assurance
maladie des travailleurs non salariés, de 5,5 points sur la fraction du
revenu n'excédant pas le plafond de la sécurité sociale et
de 3,7 points sur la fraction comprise entre une et cinq fois ce plafond :
les taux de cotisations d'assurance maladie des travailleurs non
salariés sont donc respectivement de 5,9 % sur la fraction du
revenu n'excédant pas le plafond de la sécurité sociale et
de 5,3 % sur la fraction comprise entre une fois et cinq fois ce plafond.
L'opération de substitution se traduit par un gain pour plus de 80 % des
affiliés du régime d'assurance maladie maternité des
travailleurs non salariés des professions non agricoles (CANAM). Le
bénéfice est d'autant plus sensible que les revenus sont bas.
En ce qui concerne les
non-salariés non agricoles
, le
problème est similaire. La CSG perçue sur les revenus agricoles
n'est pas calculée sur la même assiette que celle des cotisations.
L'assiette CSG porte sur 62,6 milliards de francs en 1998, alors que l'assiette
des cotisations maladie agricoles porte sur 49,2 milliards de francs. Elle
est supérieure d'environ 27 %. Pour calculer un taux de baisse des
cotisations maladie assurant la parité de gain de pouvoir d'achat entre
agriculteurs et salariés, il aurait fallu multiplier le taux de baisse
prévu par le Gouvernement (4,75 points), par le rapport des assiettes
(127/95
37(
*
)
), soit 6,4 points.
Le Gouvernement a accordé une baisse de 5,5 points des cotisations
maladie aux agriculteurs, soit une pénalisation de 0,9 point.
Par ailleurs, un certain nombre d'agriculteurs bénéficiant d'un
allégement de cotisations sociales ont perdu cet avantage
différentiel :
- jeunes agriculteurs ;
- pluriactifs agriculteurs à titre secondaire ;
- agriculteurs à titre principal ayant des activités accessoires ;
- préretraités agricoles ;
- retraités agricoles bénéficiant de prestations maladie
d'un autre régime ou poursuivant l'exploitation agricole sur plus d'1/2
surface minimale d'installation (SMI) ;
- conjoints retraités bénéficiant de la seule retraite
forfaitaire ;
- retraités titulaires de majorations de pension pour enfants.
Le Sénat avait adopté, au cours de la discussion du projet de loi
de financement de la sécurité sociale, un amendement permettant
de prendre en compte la situation des jeunes agriculteurs. Cet amendement n'a
pas été retenu par l'Assemblée nationale.
La substitution a favorisé les exploitants modestes et
défavorisé les exploitants les plus aisés (titulaires de
revenus supérieurs à six fois le plafond de la
sécurité sociale, soit 988.000 francs). Le gain est
proportionnellement plus important pour les tranches hautes de revenu (sauf la
plus élevée) que pour les tranches moyennes (revenus compris
entre le plafond de la sécurité sociale, 165.000 francs et
988.000 francs).
La parité de gain de pouvoir d'achat n'a pas été
respectée entre salariés du régime général
et non salariés agricoles, puisque le gain devrait s'élever
à
0,2 %
pour les exploitants.
•
La CSG sur les revenus de remplacement
Pour la CSG affectant les revenus de remplacement, trois cas de figure sont
à considérer :
1°) Le taux " normal " de CSG sur les revenus de
remplacement est de 6,2 % (article 136-8 II du code de la
sécurité sociale).
2°) Un taux réduit de 3,8 % s'applique pour les personnes
assujetties à la taxe d'habitation, mais non redevables de l'impôt
sur le revenu.
3°) Les personnes bénéficiant d'un avantage contributif
servi sous condition de ressources ou dont les revenus justifient
l'exonération de la taxe d'habitation ne payent pas de CSG.
En conséquence, les revenus les plus modestes ne sont pas
affectés par la CSG : 53 % des titulaires des pensions de retraite sont
ainsi exonérés.
Des effets de seuil existent
38(
*
)
.
Le cas spécifique des titulaires de pensions civiles d'invalidité
pose problème.
En effet, si la CSG ne touche ni les pensions militaires d'invalidité,
ni les rentes d'accidents du travail, ni l'allocation aux adultes
handicapés (2.870.000 bénéficiaires), elle concerne les
pensions civiles d'invalidité, soit 430.000 titulaires.
Le taux est passé de 3,4 % à 6,2 %, sans baisse de cotisations
maladie, puisque les pensions d'invalidité ne sont pas assujetties
à ces cotisations.
Les plus modestes ne sont heureusement pas touchés pour les mêmes
raisons expliquées plus haut. Au total, 60 % des titulaires de pension
d'invalidité sont exonérés de CSG
39(
*
)
. Une fois de plus, le problème se pose pour
ceux qui se situent juste au-dessus du niveau de seuil des différents
cas d'exonération.
Il convient de préciser néanmoins que les produits des contrats
d'assurance spécifiques pour les personnes atteintes d'une
infirmité (contrats d'épargne handicap et de rente survie
prévus à l'article 199 du code général des
impôts) sont exonérés de la CSG, contrairement aux autres
revenus financiers. Enfin, les invalides bénéficient d'une
exonération du ticket modérateur.
La réforme de la CSG était censée remédier aux
inconvénients à la fois des cotisations sociales et des
impositions classiques. Elle devait se traduire par une base (nombre
d'assujettis) et une assiette (revenus soumis) larges.
En ce qui concerne les revenus de remplacement, le basculement de 1998 n'a pas
respecté le " cahier des charges initial ". La
fréquence des questions écrites posées au Gouvernement,
par des parlementaires de sa propre majorité, montre que la CSG est
devenue une contribution complexe.
D'une part, plus de la moitié des titulaires de pension
d'invalidité et de pension de retraite sont exonérés alors
même qu'une participation de tous à la solidarité
nationale, dans la mesure de ses moyens, pourrait se justifier. D'autre part,
le système reporte sur les personnes juste au-dessus des seuils une
charge disproportionnée.
•
La CSG et le " prélèvement social " sur les
revenus du patrimoine
Les contribuables viennent de prendre conscience, avec l'envoi des
rôles émis par l'administration fiscale, de l'importance des
prélèvements sociaux sur les revenus du patrimoine :
- 7,5 % de CSG ;
- 0,5 % de CRDS ;
- 2 % du " prélèvement social "
affecté à la CNAF et à la CNAVTS.
Votre commission ne s'était pas montrée, à l'occasion de
la discussion du projet de loi de financement pour 1998, défavorable au
principe d'un rééquilibrage des prélèvements
sociaux entre revenus du travail et revenus du capital.
Elle déplorait l'alourdissement considérable, en une seule
année, des prélèvements sur l'épargne et avait
proposé d'exclure les primes des comptes et plans d'épargne
logement, ainsi que les produits d'assurance vie de l'assiette du nouveau
" prélèvement social ".
L'Assemblée nationale n'a pas retenu cette exonération qui
visait à limiter les effets de cette fiscalité accrue sur les
classes moyennes.
Votre commission observe que ces prélèvements sur
l'épargne ont pour conséquences des incohérences majeures
; une personne exonérée d'impôt sur le revenu, en raison de
revenus de remplacement modestes, se retrouve, vis-à-vis des
prélèvements sociaux exactement dans la même situation que
les contribuables aisés : taxation au premier franc, et au même
taux.
b) Le bilan financier de la substitution CSG/cotisations est difficile à déterminer
Il est possible d'effectuer un bilan financier de la première substitution (loi de financement 1997), grâce aux travaux de la Commission des comptes de la sécurité sociale et de la Cour des comptes. Les pertes de cotisations pour les régimes d'assurance maladie sont compensées non seulement par la CSG, mais également par l'attribution d'une fraction des droits de consommation sur les alcools 40( * ) .
Bilan financier de la première substitution CSG/cotisations (1997)
En milliards de francs |
Prévisions 1997 |
Réalisations
|
CSG maladie |
40,8 |
40,8 |
Droits sur les alcools |
4,6 |
4,1 |
Pertes de cotisations maladie |
- 42,6 |
- 43,5 |
SOLDE |
2,8 |
1,5 |
Cette
première substitution était censée procurer à
l'assurance maladie 2,8 milliards de francs de recettes
supplémentaires. En raison principalement d'une sous-estimation de la
perte de cotisations, le résultat est nettement en dessous de
l'objectif : 1,5 milliard de francs de recettes supplémentaires.
Il n'est malheureusement pas possible d'effectuer un bilan précis de
la seconde opération de substitution
. La Commission des comptes de
la sécurité sociale
41(
*
)
ne
fournit pour 1998 qu'un tableau estimatif relatif aux deux opérations de
substitution,
sans isoler clairement les effets de la seconde
opération par rapport à ceux de la première.
En effet, les effets de la loi de financement 1997 et les effets de la loi de
financement 1998 sur le rendement de la CSG en 1998 sont connus. Le rendement
du point nouveau de CSG affecté à l'assurance maladie en 1997 est
évalué à 46,1 milliards de francs en 1998. Il serait
possible de déterminer les effets de la seconde substitution en
disposant d'une évaluation des pertes de cotisation relatives à
la substitution 1997 et celles relatives à la substitution 1998.
Ces
données sont indisponibles.
Bilan incomplet de la seconde substitution CSG/cotisations (1998)
En milliards de francs |
CSG |
Compensations des pertes de cotisation maladie |
1ere substitution |
46,1 |
indisponible |
2nde substitution |
160,1 |
indisponible |
Sous total |
206,2 |
208,2 |
Le tableau global de la substitution CSG/cotisations maladie est le suivant :
Bilan financier des deux substitutions en 1998
En milliards de francs |
Estimations
|
CSG maladie |
206,2 |
Droits sur les alcools |
4,2 |
Pertes de cotisations maladie |
208,2 |
SOLDE |
2,2 |
Ce solde
de 2,2 milliards de francs revient intégralement à la CNAMTS.
L'annexe b) du projet de loi de financement pour 1999 reprend le tableau de la
Commission des comptes, en omettant de mentionner qu'il s'agit d'un tableau
portant sur les
deux opérations
(1997 et 1998).
Le Gouvernement avait annoncé lors de la discussion du projet de loi
de financement pour 1998 que cette substitution devait rapporter à la
CNAMTS 4,6 milliards de francs. Même si le bilan de cette seconde
substitution est impossible, il est clair qu'il se situe très en
deçà de cette évaluation : peut-être un milliard de
francs.
En outre, les conditions dans lesquelles s'effectue la répartition entre
les régimes d'assurance maladie du produit de la CSG sont
particulièrement complexes.
La
première répartition
a pour objet de compenser
exactement, pour chaque régime d'assurance maladie, la perte de
ressources résultant de la diminution des taux de cotisation d'assurance
maladie au 1er janvier 1997. Il est donc nécessaire d'estimer les pertes
de recettes consécutives à la baisse de la cotisation maladie, ce
qui suppose une bonne connaissance de l'assiette de chaque régime par
catégorie de cotisants.
La
seconde répartition
partage les montants restants en fonction
des déficits comptables des régimes, prioritairement au prorata
et dans la limite du déficit comptable de la CNAMTS, puis de la CANAM,
puis des autres régimes d'assurance maladie
42(
*
)
.
Il est nécessaire d'anticiper les déficits du régime
général et de la CANAM.
La Cour des comptes estime dans son
Rapport 1998
43(
*
)
:
" Dans les deux cas, on a été
contraint de mettre en place un système d'acomptes et de
régularisations complexe et peu lisible. Une simplification de ces
mécanismes apparaît souhaitable "
.
c) Le bilan financier de l'ensemble des mesures de redressement apparaît quasiment impossible
Effectuer un bilan financier des mesures de redressement
portant sur
1997 apparaît une gageure. La Cour des comptes s'en est d'ailleurs
prudemment abstenue dans son rapport 1998. Les dernières
évaluations portant sur ces mesures de redressement ont
été effectuées par l'annexe B du projet de loi de
financement pour 1998, à un moment où la croissance des recettes
était sous estimée et où le déficit du
régime général était estimé au-delà
de 37 milliards de francs.
Il reste à rappeler que le déficit tendanciel du régime
général en 1997 -alors que les prévisions de croissance se
sont avérées exactes- était de 47 milliards de
francs. Le résultat est de 33 milliards de francs. Les mesures de
redressement financier du régime général (17 milliards de
francs prévus en loi de financement 1997) ont joué naturellement
leur rôle.
Pour l'année 1998, la tentative d'un bilan approfondi de la substitution
CSG/assurance maladie montre qu'il s'agit d'un exercice particulièrement
difficile.
Néanmoins, votre rapporteur estime qu'un tel bilan est tout à
fait nécessaire, afin d'améliorer le contrôle du Parlement.
Il déplore à cet égard la faiblesse de l'annexe b) du
présent projet de loi, qui est censée décrire "
la
mise en oeuvre des dispositions de la loi de financement de la
sécurité sociale pour 1998
".
Le tableau suivant est établi à l'aide des éléments
fournis par la Commission des comptes du 22 septembre 1998 :
Bilan financier du plan de redressement du régime général en 1998
|
Recettes |
Dépenses |
||
|
Prévisions
|
Prévisions
|
Prévisions
|
Prévisions
|
CNAMTS |
|
|
|
|
Droits sur les tabacs (loi de finances) |
1.400 |
1.900 |
|
|
Modification règles de compensation CRPCEN/CNAMTS |
200 |
200 |
|
|
Taxe sur les ventes directes de médicaments |
300 |
250 |
|
|
Relèvement taxe sur publicité des laboratoires pharmaceutiques |
300 |
330 |
|
|
Substitution CSG/cotisations maladie |
4.600 |
1.000 |
|
|
Excédent C3S |
1.000 |
1.000 |
|
|
Participation RG à l'ONDAM |
|
|
500 |
500 |
Fonds d'accompagnement social des hôpitaux |
|
|
300 |
300 |
Développement des actions de prévention de la CNAMTS |
|
|
|
|
Total CNAMTS |
7.800 |
4.380 |
1.100 |
1.100 |
CNAVTS |
|
|
|
|
Harmonisation assiette 1 % sur assiette CSG |
1.300 |
1.791 |
|
|
Relèvement taux taxe sur les contributions des entreprises à la prévoyance |
|
|
|
|
Transfert financier régimes vieillesse des non-salariés/non-agricoles (excédent C3S) |
|
|
|
|
Intégration financière de la CAMAVIC |
300 |
200 |
|
|
Total CNAVTS |
3.300 |
3.691 |
|
|
CNAF |
|
|
|
|
Déplafonnement total des cotisations famille des employeurs et travailleurs indépendants |
|
|
|
|
Mise sous condition de ressource des allocations familiales |
|
|
|
|
Modulation AGED |
|
|
- 900 |
- 810 |
Harmonisation assiette 1 % sur assiette CSG |
3.200 |
3.760 |
|
|
Versement des allocations familiales jusqu'à 19 ans |
|
|
|
|
Total CNAF |
3.500 |
4.100 |
-4.600 |
-4.335 |
TOTAUX |
14.600 |
12.471 |
-3.500 |
-3.235 |
Les mesures de correction annoncées étaient de 21,1 milliards de francs, se décomposant en 14,6 milliards de francs de recettes supplémentaires, d'une diminution nette des dépenses de 3,5 milliards de francs et d'une économie de 3 milliards de francs de frais financiers résultant de la reprise de dette par la CADES.
Contenu des mesures de redressement 1998
En milliards de francs |
Prévisions
|
Estimations
|
Recettes supplémentaires |
14,6 |
12,5 |
Diminution nette des dépenses |
3,5 |
3,2 |
Reprise de frais financiers |
3,0 |
3,0 |
Total |
21,1 |
18,7 |
Si l'on
applique ces 18,7 milliards de francs au solde tendanciel 1998 estimé en
1997 (33 milliards de francs), on retrouve un chiffre de 14,3 milliards de
francs, chiffre qui n'est guère éloigné de l'estimation
d'un déficit de 13,3 milliards de francs.
Il
reste à
préciser que le solde tendanciel 1998 est erroné (déficit
surestimé), puisque fondé sur une sous-estimation, en septembre
1997, de la croissance pour cet exercice. De plus, il n'est pas possible
d'isoler, au sein des mesures de redressement, " l'effet
croissance ", qui apporte des recettes supplémentaires aux
prévisions
44(
*
)
.
L'argumentation de Mme le ministre de l'Emploi et de la Solidarité de
dire que la réduction du déficit général s'explique
par "
des mesures de redressement prises en 1997 qui ont
amélioré les comptes de plus de 21 milliards de
francs "
n'apparaît pas tout à fait rigoureuse.
3. Les recettes seront supérieures en 1998 aux prévisions de l'an dernier
L'examen
des recettes par catégorie en 1997 (réalisation) et en 1998
(estimation) montre une grande différence entre les deux lois de
financement.
Pour 1997, hors la majoration de l'allocation rentrée scolaire, qui
constitue un surcroît de recettes et de dépenses (sans effet sur
le solde), les recettes se situent à 1.658,2 milliards de francs, soit
seulement 100 millions de francs de moins que la prévision, ce qui est
un résultat tout à fait exceptionnel, compte tenu d'un premier
exercice de cette nature.
Recettes par catégorie 1997 : de la prévision à la réalisation
En milliards de francs
Catégories de
recettes
|
LFSS 1997 |
Réalisations 1997 |
Ecarts milliards de francs |
Ecarts
|
Cotisations effectives |
1.152,4 |
1.154,9 |
+ 2,5 |
+ 0,22 % |
Cotisations fictives |
181,9 |
181,2 |
- 0,7 |
- 0,39 % |
Contributions publiques ( * ) |
63,9 |
62,3 |
- 1,6 |
- 2,5 % |
Impôts et taxes affectés |
223,6 |
221 |
- 2,6 |
- 1,18 % |
Transferts reçus |
4,7 |
4,8 |
+ 0,1 |
+ 2,08 % |
Revenus des capitaux |
1,8 |
1,4 |
- 0,4 |
- 28,57 % |
Autres ressources |
30,0 |
32,6 |
+ 2,6 |
+ 7,98 % |
Total recettes ( * ) |
1.658,3 |
1.658,2 |
- 0,1 |
0 % |
(*)
hors majoration de l'allocation de rentrée scolaire
Les impôts et taxes affectés ont rapporté 2,6 milliards de
francs de moins que prévu ; l'écart ne porte pas sur la CSG
(+ 0,5 milliard de francs), mais sur différentes taxes affectées
et principalement la C3S (-1,6 milliard de francs) qui a fait l'objet en 1997
d'une régularisation négative au titre de 1996, concernant
essentiellement la CANAM et l'ORGANIC.
Pour 1998, les recettes sont supérieures aux prévisions. Cela
s'explique en raison d'un effet de base : la croissance de l'année
1997 a été sous-estimée en septembre 1997, lorsqu'a
été élaborée la prévision d'objectifs de
recettes.
Recettes par catégorie 1998 : de la prévision à l'estimation
en milliards de francs
Catégories de recettes |
Prévisions LFSS 1998 (1) |
Prévisions d'exécution (2) |
Ecart (2) - (1) |
Cotisations effectives |
1.034,1 |
1.045,7 |
+ 11,6 |
Cotisations fictives |
186,9 |
186,8 |
-0,1 |
Contributions publiques ( * ) |
62,0 |
61,0 |
- 1,0 |
Impôts et taxes affectés |
403,0 |
399,6 |
-3,4 |
Transferts reçus |
4,6 |
4,8 |
+ 0,2 |
Revenus des capitaux |
1,3 |
1,4 |
+ 0,1 |
Autres ressources |
31,1 |
32,2 |
+ 1,1 |
Total des recettes ( * ) |
1.723,0 |
1.731,5 |
+ 8,5 |
(*)
hors majoration de l'allocation de rentrée scolaire
En dehors de la majoration de l'allocation de rentrée scolaire
(6,3 milliards de francs), le supplément de recettes est de 8,5
milliards de francs.
Mme Martine Aubry, ministre de l'Emploi et de la Solidarité, a
expliqué ce supplément de recettes par l'existence d'une
croissance plus forte en 1998 qu'en 1997
45(
*
)
:
"
La croissance a effectivement joué son rôle mais
celle-ci n'explique pas tout. Si nous avions connu en 1998 la même
croissance qu'en 1997, nous aurions eu 6 milliards de recettes en
moins
".
Cette argumentation est inexacte : ces 8,5 milliards de francs disponibles pour
l'ensemble de la sécurité sociale s'expliquent principalement par
l'effet base 1997, puisque la prévision de croissance pour 1998, sur
laquelle était fondée le projet de loi de financement, s'est
avérée.
Cet excédent se retrouve principalement dans les cotisations, qui
augmentent de 11,6 milliards de francs : 8,5 milliards de francs pour le
régime général, 3,1 milliards de francs pour les
autres régimes.
L'annexe b) du projet de loi de financement de la sécurité
sociale pour 1999 explique les raisons des moindres recettes provenant des
impôts et taxes. Cette minoration s'explique principalement en raison du
moindre montant de la CSG, qui découle d'une régularisation
comptable. La CSG maladie des départements d'outre-mer (2 milliards de
francs) avait été présentée dans le projet de loi
de financement de la sécurité sociale pour 1998 avec la CSG
métropole ; elle se retrouve dans les prévisions
d'exécution à la ligne " Autres recettes ". Le
rendement de la CSG serait, en fait, supérieur à la
prévision de 1,3 milliard de francs.
4. Une réduction des déficits sociaux
a) La réduction des déficits sociaux s'explique par une progression des recettes supérieure à celle des dépenses
Il n'est
pas correct, du point de vue comptable, de rapprocher les dépenses par
branche des recettes par catégorie, en raison de leur différence
de périmètre née de la loi organique :
- les recettes par catégorie concernent l'ensemble des
régimes obligatoires de base et des organismes créés pour
concourir à leur financement ;
- les dépenses par branche concernent l'ensemble des
dépenses des régimes obligatoires de plus de 20.000 cotisants
actifs ou retraités titulaires de droits propres.
Il est néanmoins possible d'utiliser l'estimation des dépenses
des régimes de moins de 20.000 cotisants, disponible dans l'une des
annexes du projet de loi de financement
46(
*
)
.
en milliards de francs
Catégories de
recettes
|
1996 réalisations |
1997 réalisations |
1998
|
Total des recettes |
1.607,5 |
1.664,5 |
1.737,8 |
Total des dépenses |
1.647,6 |
1.695,7 |
1.745,3 |
Estimation des dépenses régimes - 20.000 cotisants |
2,6 |
2,6 |
2,5 |
Solde |
- 42,7 |
- 33,8 |
- 10,0 |
Les régimes sociaux retournent globalement à l'équilibre, en raison d'une progression des recettes supérieure à celle des dépenses.
Progression en % |
Prévisions de recettes |
Objectifs de dépenses |
PIB en valeur |
1997 |
3,55 |
3,12 |
3,40 |
1998 |
4,40 |
2,83 |
4,10 |
L'écart de progression entre les recettes et les dépenses est de + 0,43 point en 1997 et de + 1,57 point en 1998, en raison d'une croissance plus importante, de l'alourdissement des prélèvements de la loi de financement pour 1998 et des mesures d'économie prises sur la branche famille (mise sous condition de ressources des allocations familiales).
b) Le régime général en 1997
Le
déficit tendanciel de 1997 était supérieur à
47 milliards de francs. La loi de financement pour 1997 prévoyait
de ramener ce déficit à 30 milliards de francs. Les
différentes évaluations de l'été 1997 (rapport
Bonnet-Nasse sur l'état des finances publiques), ainsi que celles de la
Commission des comptes de septembre 1997 ont permis au Gouvernement actuel
d'ironiser l'an dernier à la fois sur la non-réalisation des
objectifs affichés et sur l'efficacité des mesures prises.
Le tableau suivant permet de suivre avec précision l'évolution
des prévisions affectant les comptes du régime
général 1997.
Solde 1997 du régime général : rappel des différentes prévisions d'exécution
En millions de francs |
1996
|
1997 (tendanciel sept. 1996) |
1997
|
1997
(prévisions
|
1997
|
1997 (définitifs septembre 1998) |
CNAMTS - Maladie |
|
|
|
|
|
|
Recettes |
527.207 |
544.390 |
555.390 |
554.482 |
560.036 |
558.795 |
Dépenses |
563.100 |
575.620 |
572.120 |
570.601 |
574.026 |
573.210 |
Solde d'exercice |
- 35.893 |
- 31.240 |
- 16.730 |
- 16.119 |
- 13.990 |
- 14.415 |
CNAMTS - AT |
|
|
|
|
|
|
Recettes |
43.470 |
44.950 |
44.950 |
44.408 |
45.430 |
44.171 |
Dépenses |
43.298 |
43.190 |
44.190 |
44.262 |
44.158 |
43.897 |
Solde d'exercice |
172 |
1.750 |
750 |
146 |
1.272 |
274 |
CNAVTS |
|
|
|
|
|
|
Recettes |
350.935 |
360.980 |
362.480 |
364.337 |
362.335 |
366.314 |
Dépenses |
358.803 |
369.970 |
369.970 |
372.722 |
371.334 |
371.480 |
Solde d'exercice |
- 7.868 |
- 8.990 |
- 7.490 |
- 8.385 |
- 8.999 |
- 5.166 |
CNAF |
|
|
|
|
|
|
Recettes |
228.466 |
235.080 |
235.080 |
240.771 |
240.363 |
243.472 |
Dépenses |
238.124 |
243.760 |
243.010 |
254.045 |
252.647 |
257.448 |
Solde d'exercice |
- 9.658 |
- 8.680 |
- 7.930 |
- 13.274 |
- 12.283 |
- 13.976 |
ENSEMBLE |
|
|
|
|
|
|
Recettes |
1.150.078 |
1.185.390 |
1.199.650 |
1.203.998 |
1.206.530 |
1.212.752 |
Dépenses |
1.203.325 |
1.232.540 |
1.229.290 |
1.241.630 |
1.241.677 |
1.246.035 |
Solde d'exercice |
- 53.247 |
- 47.150 |
- 29.700 |
- 37.632 |
- 35.147 |
- 33.283 |
Une année après, force est de constater que l'écart entre l'objectif ambitieux affiché en 1997 (déficit de 29,7 milliards de francs) et le résultat final (déficit de 33,2 milliards de francs) n'est que de 3,5 milliards de francs.
c) Le régime général en 1998
Le dépassement prévisible de 1998 (1,4 milliard de francs) est comparable, relativement, au dépassement constaté en 1997 (3,5 milliards de francs).
Solde 1998 du régime général
En millions de francs |
Tendanciel 1998 (prévisions sept. 1997) |
LFSS 1998 (CCSS) |
1998
|
1998
|
CNAMTS - Maladie |
|
|
|
|
Recettes |
572.117 |
580.226 |
582.133 |
584.393 |
Dépenses |
586.391 |
586.561 |
587.099 |
592.909 |
Solde |
- 14.274 |
- 6.335 |
- 4.965 |
- 8.516 |
CNAMTS - AT |
|
|
|
|
Recettes |
46.149 |
46.151 |
45.430 |
46.083 |
Dépenses |
44.701 |
44.701 |
44.158 |
44.330 |
Solde |
+ 1.448 |
1.450 |
1.272 |
1.754 |
CNAVTS |
|
|
|
|
Recettes |
377.790 |
381.100 |
379.667 |
380.811 |
Dépenses |
386.026 |
385.359 |
387.084 |
386.405 |
Solde |
- 8.236 |
- 4.259 |
- 7.417 |
- 5.593 |
CNAF |
|
|
|
|
Recettes |
242.593 |
246.113 |
247.151 |
254.141 |
Dépenses |
254.429 |
248.857 |
248.995 |
255.088 |
Solde |
- 11.836 |
- 2.744 |
- 1.843 |
- 947 |
ENSEMBLE |
|
|
|
|
Recettes |
1.238.000 |
1.253.591 |
1.254.381 |
1.265.429 |
Dépenses |
1.271.000 |
1.265.479 |
1.267.335 |
1.278.731 |
Solde |
- 33.000 |
- 11.888 |
- 12.954 |
- 13.303 |
Cette
dégradation du solde global pose une nouvelle fois la question de
l'endettement du régime général de la
sécurité sociale pour 1998.
En effet, la loi de financement a opéré une reprise de dette par
anticipation, en se fondant sur le solde prévu à l'époque
: 12 milliards de francs.
Non seulement ce solde est supérieur de 1,3 milliard de francs,
mais son contenu a fortement évolué.
La branche famille était censée connaître un déficit
de 2,7 milliards de francs : il est inférieur à un milliard
de francs.
En revanche, les branches maladie et vieillesse du régime
général ont vu leur déficit se creuser.
Contenu du déficit du régime général en 1998
en millions de francs
|
Prévisions
|
Estimations
|
CNAMTS |
- 6.375 |
- 8.516 |
CNAVTS |
- 4.259 |
- 5.593 |
CNAF |
- 2.744 |
- 947 |
TOTAL |
- 13.338 |
- 15.059 |
CNAM-accidents du travail |
1.450 |
1.704 |
Quelle branche sera donc déclarée " responsable " du 1,3 milliard de francs de déficit supplémentaire ?
B. SEULE LA MAÎTRISE DES DÉPENSES PERMET DE TENIR DURABLEMENT L'ÉQUILIBRE DES COMPTES SOCIAUX
1. Le bilan 1997 : des objectifs de dépenses stricts sont réalisables
a) Les objectifs de dépenses ont été atteints
Dépenses par branche
En milliards de francs |
PLFSS 1997 |
Réalisations septembre 1998 |
Ecarts milliards de francs |
Ecarts % |
Maladie |
662,1 |
663,1 |
+ 1,0 |
+ 0,15 |
Accidents du travail |
54,7 |
55,0 |
+ 0,3 |
+ 0,55 |
Vieillesse |
726,7 |
721,8 |
- 4,9 |
- 0,67 |
Famille (*) |
241,7 |
249,5 |
+ 7,8 |
+ 3,2 |
Total dépenses (*) |
1.685,2 |
1.689,4 |
+ 4,2 |
+ 0,25 |
(*)
Hors majoration de l'allocation de rentrée scolaire
En dehors de la majoration de l'allocation de rentrée scolaire,
intervenant pour 6,3 milliards de francs, le dérapage global est
seulement de 4,2 milliards de francs. Il est principalement imputable à
une sous-estimation des dépenses de la branche famille (7,8 milliards de
francs hors majoration de l'allocation de rentrée scolaire), alors que
la branche maladie connaît un très léger dérapage
d'un milliard de francs. Les dépenses de la branche famille sont
augmentées du montant de la régularisation intervenue en 1997 sur
les versements de l'assurance vieillesse des parents au foyer (AVPF) au titre
de 1996 pour un montant de 3,4 milliards de francs.
Les
dépenses supplémentaires induites par la loi famille de
1994
, tant décriées par Mme Martine Aubry lors de la
discussion du projet de loi de financement pour 1998,
n'ont
représenté finalement en 1997 qu'un montant de 4,4 milliards
de francs.
b) La progression de l'ONDAM a été respectée
La maîtrise des dépenses d'assurance maladie est particulièrement remarquable. Le plan Juppé a représenté un coup d'arrêt à la progression ininterrompue des dépenses. Le premier ONDAM de l'histoire parlementaire est respecté. La progression 1997/1996 est de 1,5 %.
L'ONDAM 1997
Réalisation 1996 |
Objectif 1997 |
Réalisation 1997 |
590,4 |
600,2 |
599,5 |
c) Les frais de gestion des branches du régime général ont pu être contenus
Les dépenses de gestion administrative ont connu une décélération sensible, en raison de la négociation tardive au cours de l'année 1997 des budgets pluriannuels au sein des conventions d'objectifs et de gestion.
Dépenses de gestion administrative 1996-1997
En millions de francs |
1996 |
1997 |
CNAMTS (y compris accidents du travail) |
33.316 |
33.028 |
CNAVTS |
5.690 |
5.697 |
CNAF |
8.022 |
8.297 |
Total |
47.028 |
47.012 |
En définitive, la première loi de financement montre que des objectifs stricts de dépenses, dans un contexte de reprise économique, peuvent être tenus. L'ONDAM a progressé de 1,5 %, alors que la croissance du PIB était de 3,4 % en valeur .
2. Le bilan 1998 : " l'année gâchée "
a) Les objectifs de dépenses ont été dépassés
Le contexte économique de 1998 semble avoir été très favorable. La croissance s'établit à 3,1 %, légèrement au-dessus des prévisions. Les objectifs de recettes faisant apparaître un excédent de 8,5 milliards, il aurait pu être possible -à dépenses constantes- de réduire fortement le déficit des comptes sociaux.
Objectifs de dépenses 1998
En milliards de francs |
Objectifs LFSS pour 1998 (1) |
Prévisions d'exécution (2) |
Ecarts
|
Maladie - maternité - invalidité - décès |
678,5 |
686,0 |
+ 7,5 |
Vieillesse - veuvage |
755,0 |
755,2 |
+ 0,2 |
Accidents du travail |
50,8 |
51,1 |
+ 0,3 |
Famille ( * ) |
246,9 |
246,7 |
- 0,2 |
Total des dépenses ( * ) |
1.731,2 |
1.739,0 |
+ 7,8 |
(
*
)
hors majoration de
l'allocation
de rentrée scolaire
La différence est très nette par rapport à 1997. En dehors
de la majoration de l'allocation de rentrée scolaire, intervenant pour
6,3 milliards de francs, le dérapage global est de 7,8 milliards de
francs, imputable au dérapage des dépenses d'assurance maladie.
La prévision de réalisation de l'ONDAM confirme ce
dérapage. Elle s'établirait à 619,8 milliards de francs,
au lieu des 613,8 prévus.
b) Le régime général en 1998 : les recettes supplémentaires ne compensent pas entièrement les dépenses supplémentaires
Le
dérapage des dépenses du régime général est
de 6,94 milliards de francs en dehors de la majoration de l'allocation de
rentrée scolaire.
Cette dérive des dépenses du régime
général est là aussi principalement due aux
dépenses d'assurance maladie, qui ont connu un dérapage imputable
au Gouvernement, en raison de ses atermoiements à définir une
politique dans ce domaine
47(
*
)
.
Dépenses du régime général en 1998
En millions de francs |
LFSS 1998 (CCSS) |
1998
|
Ecarts |
CNAMTS - Maladie |
586.561 |
592.909 |
+ 6.348 |
CNAMTS - AT |
44.701 |
44.330 |
- 371 |
CNAVTS |
385.359 |
386.405 |
+ 1.046 |
CNAF ( * ) |
248.857 |
248.776 |
- 81 |
Total dépenses ( * ) |
1.265.479 |
1.272.419 |
+ 6.940 |
(
*
)
Hors majoration de
l'allocation
de rentrée scolaire
Les dépenses de gestion administrative du régime
général connaissent une forte croissance en 1998, passant de
47.012 millions de francs à 49.575 millions de francs, soit une
augmentation de 5,45 %. Certes, il s'agit pour beaucoup d'un rattrapage de
la stabilisation observée en 1997 et d'un déport de
dépenses 1997 sur 1998 (programme SESAM-VITALE). Il n'en demeure pas
moins que cette augmentation aussi importante montre, là aussi, un
certain relâchement.
Parallèlement, un supplément de 5,5 milliards de francs de
recettes a pu être enregistré grâce à la croissance
en 1998, de sorte que la dégradation du solde global du régime
général a pu être limitée à 1,4 millliard de
francs (11,9 milliards de francs prévus initialement, 13,3
milliards de francs en prévision actualisée).
L'année 1998 aurait pu être bien meilleure : si les
dépenses n'avaient pas dérapé, le déficit
" global " du régime général s'établirait
à 7 milliards de francs.
C'est pour cette raison que l'année 1998 est, du point de vue des
comptes sociaux, " une année gâchée ".
En définitive, l'enseignement principal des deux premières lois
de financement de la sécurité sociale est le suivant : seule la
maîtrise des dépenses permet de tenir durablement
l'équilibre des comptes.
Le projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 1999
pourrait malheureusement être, après une année 1998
gâchée, celui d'une " année
perdue ".
III. LE PROJET DE LOI DE FINANCEMENT POUR 1999 : LE GOUVERNEMENT SE CONTENTE D'ENGRANGER LES FRUITS DE LA CROISSANCE SANS PRÉPARER L'AVENIR
A. LES INCERTITUDES ÉCONOMIQUES MENACENT LA PRÉVISION D'UN ÉQUILIBRE GLOBAL DU RÉGIME GÉNÉRAL EN 1999
1. Les prévisions économiques du Gouvernement sont optimistes
Le 9
septembre 1998, le Gouvernement a revu très légèrement
à la baisse sa prévision de croissance pour 1999 (2,7 % contre
2,8 % au printemps dernier).
Cette hypothèse, ainsi que l'ensemble des paramètres
l'accompagnant (masse salariale, cours du dollar), apparaît
optimiste.
a) Les certitudes : un environnement international perturbé et difficilement prévisible
La crise
financière est apparue en Asie dès l'été 1997. La
demande intérieure et la production se sont affaissées et le taux
de chômage a rapidement augmenté. Au Japon, la situation
économique était déjà fortement
dégradée. Les mesures exceptionnelles décidées par
le gouvernement nippon au printemps 1998 pourraient aider l'activité
à repartir, mais très progressivement. Elles
n'empêcheraient pas l'économie japonaise de connaître une
baisse du PIB sur l'année 1998.
La baisse de la demande asiatique a des conséquences directes sur
l'économie américaine. Si l'activité reste soutenue aux
Etats-Unis en raison d'une demande intérieure très ferme, elle
devrait ralentir progressivement.
Au Royaume-Uni, dès la fin de l'année 1997, l'activité a
amorcé un net ralentissement.
La crise russe n'a fait qu'amplifier l'effet de la crise asiatique. Si la
France n'est pas touchée directement
48(
*
)
, son principal partenaire commercial, l'Allemagne est
plus vulnérable.
La crise des pays émergents apparaît, aux yeux des observateurs,
beaucoup plus grave. Les conséquences d'une crise financière
affectant des pays comme le Brésil pourraient être catastrophiques
sur l'économie américaine.
Dans cet environnement économique particulièrement incertain,
tout au plus peut-on affirmer que :
- les pays européens sont entrés dans une phase de
croissance, entretenue par la vigueur de leur demande interne ;
- les pays européens sont et seront touchés par les
perturbations extérieures ;
- l'ampleur de ces perturbations extérieures est difficile à
déterminer.
b) L'économie française : une reprise constatée dès 1997
L'enquête de conjoncture de l'INSEE de juin 1998
montrait que
la reprise était intervenue en 1997, entraînant un redressement de
la situation de l'emploi :
"
En France, bénéficiant rapidement de la reprise de
l'activité, l'emploi a amorcé son redressement en 1997. Dans les
secteurs marchands non agricoles, environ 160.000 emplois nets ont
été créés. "
En conséquence, l'argumentation actuelle du Gouvernement selon laquelle
il aurait été à l'origine de la reprise économique,
notamment par le basculement cotisations/CSG, apparaît
fallacieuse.
c) Les hypothèses retenues pour 1999 : une croissance de la masse salariale exagérée
Le
cadrage macro-économique des lois de financement de la
sécurité sociale est rigoureusement identique à celui des
lois de finances ; les prévisions gouvernementales annoncées
le 9 septembre 1998 fondent ainsi les hypothèses du présent
projet de loi.
Dans le cadre des finances sociales, trois chiffres attirent plus
particulièrement l'attention :
- la masse salariale ;
- la prévision de l'inflation ;
- la croissance du Produit Intérieur Brut (PIB).
•
La masse salariale
L'étude des prévisions successives de la croissance de la masse salariale 49( * ) en 1997 et en 1998 permet de mieux apprécier la pertinence de l'évolution prévue en 1999.
Prévisions successives de la croissance
de la
masse
salariale en 1997
|
mars
|
septembre 1997 |
septembre 1998 |
Salaire moyen par tête en valeur |
2,2 |
2,3 |
2,7 |
Effectifs |
0,5 |
0,4 |
0,4 |
Masse salariale en valeur |
2,7 |
2,7 |
3,2 |
Source : Commission des comptes de la sécurité sociale - Comptes et budgets économiques de la nation
La croissance de la masse salariale en 1997 a été sous-évaluée, du fait d'une mauvaise estimation du salaire moyen par tête (SMPT).
Prévisions successives de la croissance
de la
masse
salariale en 1998
|
septembre
|
mai
|
septembre
|
Salaire moyen par tête en valeur |
2,6 |
2,3 |
2,2 |
Effectifs |
1,3 |
1,5 |
1,8 |
Masse salariale en valeur |
3,9 |
3,8 |
4,0 |
Source : Commission des comptes de la sécurité sociale
Sur 1998, le salaire moyen par tête progresse de façon moins importante que prévu, alors que l'évolution tenant aux effectifs a été nettement sous-évaluée. L'enquête de conjoncture de l'INSEE de juin 1998 indiquait que " les salaires progresseraient légèrement moins que l'an passé " et que " leur évolution a été modérée en début d'année par la faiblesse des négociations salariales et la prise en compte du bas niveau de l'inflation ". Il est fort possible d'y voir un effet pervers de la loi d'orientation sur la réduction du temps de travail, les entreprises ayant été fortement tentées de conserver un " atout ", afin de négocier les 35 heures dans de meilleures conditions. Le pari d'une augmentation plus importante du salaire moyen par tête au second semestre 1998 ne semble pas tenu, alors que cet élément avait été moteur en 1997. En revanche, la croissance des effectifs a été plus importante que prévue .
Evolution de la masse salariale 1997 - 1999
|
1997 |
1998 |
1999 |
Salaire moyen par tête en valeur |
2,7 |
2,2 |
2,5 |
Effectifs (évolution en moyenne) |
0,4 |
1,8 |
1,8 |
Masse salariale en valeur |
3,2 |
4,0 |
4,3 |
Source : Projet de loi de finances
Le
Gouvernement prévoit, pour 1999, une croissance de la masse salariale de
4,3 %.
L'hypothèse d'une croissance en 1999 du salaire moyen par tête de
2,5 %, après 2,2 % en 1998, ne paraît pas réaliste.
Elle est contradictoire avec la tendance de fond observée depuis
l'annonce de la réduction du temps de travail.
Les premiers accords
signés montrent que cette modération est la condition même
de ces accords
. M. Dominique Strauss-Kahn, ministre de l'économie et
des finances, pouvait déclarer à ce sujet :
" Les
salariés devront accepter des restrictions salariales. Bien que le
Premier ministre ait dit que les salaires ne doivent pas être
baissés, il a dit aussi que les augmentations devraient être
contrôlées. Un gel des salaires nominaux pour une période
donnée et un gel des salaires pour une période plus longue sont
des possibilités. "
50(
*
)
.
Le rapport économique, social et financier du projet de loi de finances
est encore plus précis lorsqu'il parle du pouvoir d'achat du salaire par
tête :
" Une certaine modération devrait intervenir
en 1999 (+ 1,2 %), sous l'effet de la mise en place de la réduction du
temps de travail. Celle-ci s'accompagnerait d'un partage de la masse salariale
favorable à l'emploi, et un peu moins favorable au salaire mensuel. En
termes de salaire horaire, en revanche, une légère
amélioration devrait être enregistrée "
51(
*
)
. Dans le contexte de la réduction du temps
de travail, et selon la logique même du Gouvernement, l'augmentation des
effectifs s'acquiert au prix d'une modération salariale.
Comme en 1998, la croissance de la masse salariale peut être
" sauvée " en 1999 par l'augmentation des effectifs.
Cette augmentation est estimée à 1,8 point. Elle ne prend pas en
compte les emplois créés par la réduction du temps de
travail, en raison de la non compensation intégrale
52(
*
)
. Selon le Gouvernement, le marché de l'emploi
resterait extrêmement dynamique, avec la création de 240.000
emplois dans les secteurs marchands (260.000 en 1998). Le nombre total de
créations d'emplois serait -en comptant 100.000 emplois-jeunes- de
340.000 en 1999. La croissance est plus riche en emplois, en raison d'un
ralentissement tendanciel de la productivité du travail.
Le seuil de
croissance au-delà duquel l'économie française crée
des emplois semble se situer désormais aux alentours de 1,5 %. Les
efforts accomplis en matière d'allégements de charges sur les bas
salaires produisent leurs effets
.
Mais l'évolution des finances sociales dépend fortement de la
croissance. Les créations d'emplois envisagées en 1999 ne seront
atteintes que si la croissance reste celle prévue par le Gouvernement.
Cette prévision de croissance peut être affectée par une
baisse importante du dollar, qui peut avoir des effets sur l'inflation.
• Une inflation surestimée
Pour bon
nombre d'observateurs, la prévision d'inflation établie par le
projet de loi de finances est étonnante. La hausse des prix à la
consommation serait censée passer de 0,9 % en 1998 à 1,3 % en
1999 (1,2 % hors tabac).
Il est tout d'abord possible de constater que les prix au détail
n'enregistrent, sur les neuf premiers mois de 1998, qu'une progression de
0,3 % (en glissement annuel : 0,5 %)
53(
*
)
. De plus, dans une période de crise
extérieure déflationniste, une légère
accélération de l'inflation en France ne semble pas se justifier.
Les prix des matières premières, notamment du pétrole,
n'ont aucune raison d'augmenter. Les monnaies européennes ont tendance
à s'apprécier, notamment par rapport au dollar
54(
*
)
, ce qui signifie que les produits importés
sont moins chers.
" L'inflation sera probablement inférieure
à 1 % l'an prochain "
, estime Hervé
Goulletquer
55(
*
)
, qui résume l'opinion de
la plupart des économistes.
Cette hypothèse est loin d'être neutre en termes de recettes
fiscales, mais également sociales. En effet, la progression du PIB en
valeur, prévue à 3,8 % par le Gouvernement, risque d'être
alors très différente.
• La croissance du PIB
Evolution du PIB en volume - années 1997 - 1999
1997 (réalisation) |
1998 (estimation) |
1999 (prévision) |
2,2 |
3,1 |
2,7 |
L'hypothèse d'une croissance du PIB de 2,7 % est
jugée par le ministre de l'économie et des finances, M. Dominique
Strauss-Kahn, "
vraiment prudente et réaliste "
. La
croissance est " tirée " par la demande
intérieure : consommation et investissement.
Le caractère désormais endogène de la croissance
n'apparaît pas contestable.
La note de conjoncture de l'INSEE d'octobre 1998 note ainsi :
"
Sensible dès l'été 1997, la reprise de
l'investissement des entreprises s'est accentuée début 1998
portant sa progression à un rythme annuel de l'ordre de 10 %. A
l'été 1998, les taux d'utilisation des capacités sont
toujours nettement supérieurs à leur moyenne de longue
période et, malgré un léger tassement, les anticipations
de demande restent favorables. Après la forte accélération
du début d'année, l'investissement devrait donc rester soutenu au
second semestre. Malgré l'extrême modération des prix, la
situation financière des entreprises est restée favorable du fait
de la maîtrise des coûts. Si la demande des entreprises a
contribué nettement à la croissance depuis l'été
1997, la reprise de la demande des ménages est encore plus flagrante.
Depuis le printemps 1997, les anticipations des ménages n'ont
cessé de s'améliorer
. "
Cette prévision " révisée " demeure optimiste.
Beaucoup d'observateurs, et les principaux instituts de conjoncture
décrivent une croissance se situant au-dessous. Une
" moyenne " s'établit à 2,5 %.
Le cours du dollar peut affecter la prévision de croissance. Selon les
calculs de l'INSEE, une baisse de 10 % du dollar ampute d'un demi-point la
croissance française. Cette prévision est néanmoins
à nuancer, en raison principalement du contexte de la baisse des taux
d'intérêt. Des experts économiques avancent
l'hypothèse d'une baisse de 0,2 point
56(
*
)
.
Organisme de prévision |
Hypothèse de croissance en France en 1999 |
Morgan Stanley |
2,0 |
Société Générale |
2,3 |
Rexecode |
2,3 |
CCF |
2,4 |
Caisse des dépôts |
2,5 |
BNP |
2,5 |
Paribas |
2,5 |
Crédit Lyonnais |
2,5 |
Golden Sachs |
2,5 |
Deutsche Bank |
2,5 |
Commission européenne |
2,6 |
OFCE |
2,7 |
Natexis |
2,7 |
BIPE |
2,8 |
Société Française d'Assurance |
3,0 |
Les
experts techniques de la Commission des comptes de la Nation, réunie le
1er octobre 1998, ont retenu le chiffre de 2,4 %.
La réponse du ministre de l'économie et des finances, M.
Dominique Strauss-Kahn, est habile ; il rappelle le grief d'optimisme
adressé lors de la discussion du projet de loi de finances pour 1998. La
prévision du Gouvernement -jugée à l'époque
surévaluée- serait finalement dépassée (3,1 %
au lieu de 3,0 %).
Le Gouvernement fonde cette prévision sur un environnement
extérieur stabilisé. Le débat ne se situe pas sur les
composantes internes de la croissance (consommation /investissement), qui
apparaissent bien orientées, mais sur l'ampleur du choc externe.
Les prévisions gouvernementales sur la croissance des zones OCDE et Euro
apparaissent optimistes.
La prévision de croissance française en 1999 est fondée
sur une croissance dans la zone OCDE à 2,6 % (soit une baisse de 0,2
point) et celle de la zone euro à 2,8 %.
Pour la zone OCDE, les deux grandes incertitudes sont relatives à la
situation des économies japonaise et américaine.
En ce qui concerne la croissance des pays de la zone euro, les perspectives
sont effectivement beaucoup plus rassurantes. L'hypothèse d'une
" zone de croissance " en Europe continentale, alors que le reste du
monde s'engage dans une phase de récession, est tout à fait
possible. L'Europe connaîtrait, avec quelques années de
décalage, le mécanisme de la croissance américaine.
Mais il n'est pas raisonnable de prétendre qu'elle puisse être
à l'abri des perturbations extérieures
.
En conclusion, les prévisions du Gouvernement sont optimistes et
volontaristes.
Ces prévisions ne sont pas pour autant irresponsables : il est
possible que le choc externe ait des effets limités.
Les retournements de conjoncture économique ont des effets aussi
importants sur les finances sociales que sur les finances de
l'Etat.
2. Les effets d'un retournement de conjoncture économique sur les finances sociales
a) Le rappel historique de 1993 - 1996
Les
retournements majeurs de conjoncture restent mal appréciés par
les économistes.
Deux exemples historiquement proches montrent l'impact direct d'une moindre
croissance sur les finances sociales.
En 1993, alors que le Gouvernement avait construit le projet de loi de finances
sur la base d'une croissance de 2,6 %, la France connut la plus sérieuse
crise économique de l'après-guerre. La croissance de la masse
salariale du secteur privé était prévue à 1,7
% ; elle s'est élevée en définitive à 0,3 %.
Les mesures de redressement de la sécurité sociale mises en
oeuvre par le gouvernement Balladur -pourtant particulièrement
courageuses- eurent pour seuls effets de neutraliser les conséquences de
la dégradation de l'environnement économique.
Pour l'année 1996, le projet de loi de finances retenait une
prévision de croissance de 2,8 %. En raison d'une demande
intérieure déprimée et d'un environnement international
moins porteur, la croissance s'éleva finalement à 1,3 %. La
sécurité sociale disposa alors de 29,5 milliards de francs de
recettes en moins
57(
*
)
, ce qui creusa le
déficit du régime général (53 milliards de
francs).
b) Les effets possibles d'une moindre croissance sur les comptes sociaux en 1999
Dans le
cadre des finances sociales, le Gouvernement ne dispose pas, comme pour le
budget de l'Etat, de l'effet bénéfique de la baisse des taux
d'intérêt. En effet, la prévision de taux
d'intérêt pour 1999 est prudente ; le Gouvernement s'est
donné une marge, en comptant largement la charge de la dette publique.
Si cette prévision prudente jouera éventuellement son rôle
pour le déficit budgétaire, elle n'aura pas de
conséquences, en revanche, sur l'évolution de la masse salariale.
Même si le financement de la sécurité sociale s'est
diversifié, les effets de la masse salariale restent très
importants.
Contrairement aux années 1997 et 1998, qui ont été
correctement estimées, il apparaît nécessaire d'être
d'une grande prudence vis-à-vis des prévisions de croissance. Le
Gouvernement actuel a choisi la voie de l'optimisme, en prévoyant une
croissance de la masse salariale à 4,3 %.
A l'autre extrême, M. Eric Chaney, de Morgan Stanley, a prévu une
croissance de la masse salariale de 3,3 %
58(
*
)
.
Il reste à préciser que Morgan Stanley a prévu la
croissance du PIB la plus faible (2 %).
Les effets sont différents suivant la nature de la recette (cotisations
ou CSG).
L'impact d'une croissance inférieure
d'un point de la masse
salariale
serait ainsi, pour le régime général, de
7,2 milliards de francs pour les cotisations
, à répartir
comme suit :
. 2,9 milliards de francs en moins pour la branche maladie ;
. 0,5 milliard de francs en moins pour la branche accidents du
travail ;
. 2,5 milliards de francs en moins pour la branche vieillesse ;
. 1,3 milliard de francs en moins pour la branche famille.
Pour la CSG et les autres ressources fiscales, les pertes sont beaucoup plus
complexes à déterminer, du fait des clefs de répartition
affectant les 5,1 points de CSG maladie, mais peuvent s'évaluer
à 1,8 milliard de francs pour le seul régime
général de sorte qu'un point de masse salariale en plus ou en
moins représenterait 9 milliards de francs de recettes
supplémentaires ou perdues pour le seul régime
général.
Votre commission ne fait pas grief au Gouvernement de son optimisme en
matière de prévisions économiques mais elle déplore
qu'il n'en tire pas toutes les conséquences : présenter des
comptes qui ne sont à l'équilibre que de l'épaisseur d'un
trait, revient à se priver de toute marge d'erreur pour 1999 et de tout
marge de manoeuvre pour les années suivantes.
3. L'évolution tendancielle montre un équilibre global de la sécurité sociale, qui n'est pas atteint par toutes les branches du régime général
a) Evolution tendancielle des objectifs de dépenses et de recettes
A la
différence des comptes du régime général, la
Commission des comptes de la sécurité sociale ne présente
pas l'évolution tendancielle des objectifs de dépenses et de
recettes des comptes de la sécurité sociale, ce qui est
regrettable.
Votre rapporteur s'est fait communiquer, par le ministère de l'emploi et
de la solidarité, les objectifs tendanciels de dépenses 1999,
dans le cadre des pouvoirs qu'il tient de l'article 2 de la loi n° 96-1160
du 27 décembre 1996.
Les principales hypothèses pour déterminer ces évolutions
ont été les suivantes :
- évolution de l'ONDAM à 2,6 % ;
- maintien de la mise sous condition de ressources des allocations
familiales et non-reconduction de la majoration d'allocation de rentrée
scolaire en 1999 ;
- revalorisation de 0,7 % de la BMAF et des pensions vieillesse.
Objectifs tendanciels de dépenses 1999
en milliards de francs
|
Objectifs LFSS 1998 |
Objectifs tendanciels 1999 |
Evolution |
Maladie |
678,5 |
696,4 |
+ 2,63 % |
Accidents du travail |
50,8 |
52,3 |
+ 2,95 % |
Vieillesse |
755,0 |
779,0 |
+ 3,18 % |
Famille |
246,9 |
251,5 |
+ 1,86 % |
TOTAL |
1.731,2 |
1.779,3 |
+ 2,76 % |
b) Evolution tendancielle des comptes du régime général
Les
comptes prévisionnels 1999, annoncés lors de la Commission des
comptes de la sécurité sociale du 22 septembre 1998, s'appuient
logiquement sur les prévisions macro-économiques retenues pour le
projet de loi de finances.
Le solde global du régime
général serait, en tendanciel, un excédent de
352 millions de francs.
La
branche maladie
du régime général -la Commission
des comptes retenant l'hypothèse d'une progression de l'ONDAM de
2,6 %- serait en léger excédent (324 millions de
francs).
Evolution tendancielle par branche
des comptes du
régime général
|
1998 (1) |
tendanciel 1999 |
CNAMTS maladie |
|
|
Recettes |
584.393 |
602.061 |
Dépenses |
592.909 |
601.736 |
Solde |
- 8.516 |
324 |
CNAMTS accidents du travail |
|
|
Recettes |
46.083 |
46.962 |
Dépenses |
44.330 |
45.008 |
Solde |
1.754 |
1.953 |
CNAVTS |
|
|
Recettes |
380.811 |
393.092 |
Dépenses |
386.405 |
399.069 |
Solde |
- 5.593 |
- 5.977 |
CNAF |
|
|
Recettes |
254.141 |
257.570 |
Dépenses |
255.088 |
253.518 |
Solde |
- 947 |
4.052 |
(1)
CCSS Sept. 1998
La
branche accidents du travail
du régime général
serait en excédent (1,9 milliard de francs), alors même que
la baisse du taux de cotisation des entreprises est comprise dans les
hypothèses tendancielles. Cette baisse du taux représenterait un
allégement pour les entreprises de 1 milliard de francs.
La
branche vieillesse
afficherait toujours un déficit structurel
préoccupant (5,9 milliards de francs).
Enfin, la
branche famille
enregistrerait un excédent de 4
milliards de francs.
Le total tendanciel montre, en conséquence, un équilibre
assuré par les excédents de la branche accidents du travail et de
la branche famille.
Recettes et dépenses tendancielles
du régime
général en 1999
Régime général |
1998 |
tendanciel 1999 |
Recettes |
1.208.321 |
1.247.391 |
Dépenses |
1.221.624 |
1.247.039 |
Solde |
- 13.303 |
352 |
Contenu de l'excédent tendanciel 1999
CNAM - Maladie |
324 |
CNAM - Accidents du travail |
1.953 |
CNAVTS |
- 5.977 |
CNAF |
4.052 |
Solde global |
352 |
B. LES MESURES PROPOSÉES PAR LE GOUVERNEMENT
1. Les mesures correctives sur l'équilibre tendanciel ont un impact très limité
a) Régime général
Mme
Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité, et
M. Bernard Kouchner, secrétaire d'Etat à la santé,
ont annoncé, lors de la Commission des comptes de la
sécurité sociale, un certain nombre de mesures, respectant le
solde tendanciel : 4,8 milliards de francs de dépenses
supplémentaires sont financés par 4,8 milliards de francs de
recettes affectés au régime général.
Ces mesures sont principalement liées à la prise en compte
des orientations de la Conférence de la famille du 12 juin 1998
(dégradation de l'excédent famille) et à un transfert
comptable du FSV vers la CNAVTS.
Préalable méthodologique
Les
comptes sont, dans le cadre des annexes du projet de loi de financement,
parfois présentés en emplois et en ressources, parfois en
recettes et dépenses, d'où des différences
(
cf première partie
). Il est à noter que la
page
28 de l'annexe C du projet de loi
, qui indique l'impact des mesures du
projet de loi sur les branches du régime général, ne donne
qu'un résultat d'une variation des soldes. Votre rapporteur s'est
attaché, comme l'an dernier, à retracer les recettes et les
dépenses de chaque branche du régime général
à partir des comptes tendanciels fournis en Commission des comptes. De
très légers écarts peuvent apparaître avec les
tableaux fournis à la page 96 de l'annexe C, consacrée aux
comptes résumés du régime général 1997 -
2001, sans conséquences sur les soldes.
La " nouveauté " de la
page 28 de l'annexe C du projet de
loi
concerne la ligne " Variation produits/frais financiers et
ajustements cotisations prises en charge ". Il s'agit des
conséquences financières des mesures du projet de loi : de
moindres frais financiers pour la branche vieillesse, en raison d'un
déficit moins important, de moindres produits financiers pour la branche
famille, en raison d'un excédent moins important. Les " cotisations
prises en charge " seraient celles des rapatriés.
Les comptes des branches du régime général
s'établissent en recettes et en dépenses de la manière
suivante :
CNAMTS
|
1998 |
Tendanciel 1999 |
Mesures |
Effet mesures sur frais financiers |
PLFSS
|
Recettes |
584.393 |
602.061 |
+ 870 |
|
602.931 |
Dépenses |
592.909 |
601.736 |
+ 1.190 |
+ 10 |
602.936 |
Solde |
- 8.516 |
325 |
- 320 |
- 10 |
- 5 |
Les
recettes supplémentaires sont liées à l'attribution
à la CNAM d'un excédent de CSG (750 millions de francs), à
la rationalisation sur l'exonération de cotisations sociales du premier
salarié (60 millions de francs) et à des mesures permettant un
meilleur recouvrement des contributions sociales (60 millions de francs).
Les dépenses supplémentaires de la branche recouvrent un certain
nombre de mesures disparates (prise en charge des CHAA, création du
fonds d'aide à la qualité des soins, revalorisation des pensions,
etc.)
59(
*
)
.
CNAMTS accidents du travail |
1998 |
Tendanciel 1999 |
Mesures |
Effet mesures sur produits financiers |
PLFSS
|
Recettes |
46.083 |
46.962 |
+ 10 |
- 10 |
46.962 |
Dépenses |
44.330 |
45.008 |
+ 650 |
|
45.658 |
Solde |
1.754 |
1.953 |
- 650 |
- 10 |
1.304 |
Les
dépenses supplémentaires de la branche accidents du travail sont
liées à l'indemnisation des pneumoconioses et lombalgies (+ 200
millions de francs), à la modification de la prescription biennale (+
150 millions de francs), à la mensualisation des rentes accidents du
travail (+ 150 millions de francs) et à la revalorisation des pensions
d'invalidité (+ 1,2 % au lieu de + 0,7 %).
La revalorisation des pensions de retraite accentue l'augmentation des
dépenses de la branche vieillesse (+ 1,81 milliard de francs).
Un transfert du FSV permet de dégager 3,8 milliards de francs de
recettes supplémentaires
60(
*
)
.
CNAVTS |
1998 |
Tendanciel 1999 |
Mesures 1999 |
Effet mesures sur frais financiers |
PLFSS
|
Recettes |
380.811 |
393.092 |
+ 3.860 |
|
396.952 |
Dépenses |
386.405 |
399.069 |
+ 1.810 |
- 60 |
400.819 |
Solde |
- 5.593 |
- 5.977 |
+ 2.150 |
|
- 3.867 |
Pour la CNAF, le solde de 1,2 milliard de dépenses nettes supplémentaires résume des opérations complexes, résultant de la prise en charge par le budget général de l'allocation parent isolé en échange du retour à l'universalité des allocations familiales, ainsi que d'un certain nombre d'améliorations de prestations, partiellement gagées par des économies 61( * ) .
CNAF |
1998 |
Tendanciel 1999 |
Mesures 1999 |
Effet mesures sur produits financiers |
PLFSS
|
Recettes |
254.141 |
257.570 |
+ 40 |
- 20 |
257.590 |
Dépenses |
255.088 |
253.518 |
+ 1.200 |
|
254.718 |
Solde |
- 947 |
4.052 |
- 1.150 |
|
2.872 |
L'examen des comptes du régime général, après correction, apparaît selon le tableau suivant :
Le régime général - comptes en recettes/dépenses
en millions de francs |
LFSS 1998 |
LFSS 1998 (estimations) |
Tendanciel 1999 |
Mesures |
Variations financières |
PLFSS 1999 |
Recettes |
1.253.591 |
1.265.429 |
1.299.684 |
4.780 |
- 30 |
1.304.434 |
Dépenses |
1.265.479 |
1.278.731 |
1.299.332 |
4.850 |
- 50 |
1.304.132 |
Solde |
- 11.888 |
- 13.303 |
+ 352 |
- 70 |
+ 20 |
+ 302 |
Le cadre comptable emplois/ressources utilisé par l'annexe C du projet de loi de financement 62( * ) s'établit de la manière suivante :
Le régime général en emplois ressources
en millions de francs |
1998 |
1999 |
Ressources |
1.255.669 |
1.298.869 |
Emplois |
1.265.696 |
1.295.657 |
Solde des opérations courantes |
- 10.027 |
3.212 |
Solde des opérations en capital |
- 3.276 |
- 2.914 |
Variation fonds de roulement |
- 13.303 |
298 |
Source : annexe C du projet de loi, p. 27
L'équilibre global repose sur une forte progression des recettes.
Par rapport aux " mesures votées " en 1998, le régime
général bénéficiera de
51 milliards de
francs de recettes supplémentaires
: 46 milliards de
francs d'évolution spontanée et 4,8 milliards de francs de
recettes supplémentaires (mesures correctives).
Cette " marge de manoeuvre ", produit conjugué d'une
prévision de croissance forte et des hausses d'impôts
décidées dans le projet de loi de financement de la
sécurité sociale pour 1998, est affectée à hauteur
de :
- 12,2 milliards de francs (24 %) pour réduire le déficit,
- 38,6 milliards de francs (77 %) pour couvrir la progression des
dépenses.
Evolutions des recettes et des dépenses 1998-1999
|
(1)
|
(2)
|
(3)
|
(3)/(1)
|
(3)/(2)
|
Recettes |
1.253.591 |
1.259.129 |
1.304.434 |
4,06 % |
3,60 % |
Dépenses |
1.265.479 |
1.272.431 |
1.304.132 |
3,05 % |
2,49 % |
N.B.
- Hors majoration de l'allocation de rentrée scolaire pour l'estimation
1998 (6,3 milliards de francs).
La variation " réelle " montre une augmentation de 3,60 % des
recettes et de 2,49 % des dépenses.
Le contenu de l'équilibre repose sur les excédents des branches
famille et accidents du travail. L'équilibre
" corrigé " n'est donc pas fondamentalement différent
de l'équilibre " tendanciel ".
Contenu de l'équilibre du régime
général en 1999
après mesures de
correction
CNAM - Maladie |
- 5 |
CNAM - Accidents du travail |
+ 1.304 |
CNAV |
- 3.867 |
CNAF |
+ 2.872 |
Solde global |
+ 304 |
b) Prévisions de recettes et objectifs de dépenses
Les prévisions de recettes par catégorie sont supérieures de 76 milliards de francs à celles votées en 1998.
Prévisions de recettes par catégorie en 1999
|
LFSS
1998
|
Prévisions
1998
|
PLFSS
1999
|
Evolution
|
Evolution réelle
|
Cotisations effectives |
1.034,1 |
1.045,7 |
1.062,9 |
2,79 % |
1,64 % |
Cotisations fictives |
186,9 |
186,8 |
194,8 |
4,23 % |
4,28 % |
Contributions publiques |
62,0 |
67,3 |
63,8 |
2,90 % |
-5,20 % |
Impôts et taxes affectés |
403,0 |
399,6 |
438,6 |
8,83 % |
9,76 % |
Transferts reçus |
4,6 |
4,8 |
4,9 |
6,52 % |
2,08 % |
Revenus des capitaux |
1,3 |
1,4 |
1,4 |
7,69 % |
0,00 % |
Autres ressources |
31,1 |
32,2 |
32,7 |
5,14 % |
1,55 % |
Total recettes |
1.723,0 |
1.737,8 |
1.799,1 |
4,42 % |
3,53 % |
L'évolution de certaines catégories de recettes
retient particulièrement l'attention.
Les
cotisations fictives
ont un rythme d'augmentation nettement
supérieur aux
cotisations effectives
, alors qu'elles devraient
suivre normalement une évolution similaire. Cette ligne montre, en fait,
la forte participation de l'Etat au financement des régimes
spéciaux.
Les
impôts et taxes affectés
augmentent de 8,83 % par
rapport à la prévision de 1998. Cette évolution importante
résulte de la prévision de croissance. Elle montre l'effet
mécanique des dispositions prises en 1997 et en 1998 (substitution
CSG/cotisations maladie). L'assiette CSG est beaucoup plus réactive
à la croissance que l'assiette cotisations.
Les
contributions publiques
comportent, sur la prévision 1998, la
majoration de l'allocation rentrée scolaire, non inscrite en loi de
financement initiale, d'où la baisse " réelle "
observée en 1999.
Ce poste est, par ailleurs, fortement affecté par le financement par
l'Etat, à partir du 1
er
janvier 1999, de l'allocation de
parent isolé (API), pour 4,2 milliards de francs
63(
*
)
.
La prévision tendancielle de recettes pour 1999
64(
*
)
montrait une baisse par rapport au montant inscrit en
loi de financement pour 1998 (de 62,0 milliards de francs à
59,6 milliards de francs), en raison, principalement, de la diminution de
la subvention d'équilibre au BAPSA (de 7,8 milliards de francs
à 4,9 milliards de francs).
Les recettes de la sécurité sociale pour 1999 augmentent de
3,53 %, alors que les dépenses augmentent de 2,43 %. Ce rythme
d'augmentation reste inférieur à celui du PIB (3,8 en valeur en
1999, selon les hypothèses retenues par le Gouvernement).
|
PIB en valeur |
Prévisions de recettes |
Objectifs de dépenses |
1998 |
4,40 |
4,40 |
2,83 |
1999 |
3,80 |
3,53 |
2,43 |
Hors
majoration de l'allocation de rentrée scolaire, les recettes progressent
pour 1999 à un rythme de 3,90 %, tandis que les dépenses
progressent de 2,86 %.
L'effet des mesures correctives sur les comptes de l'ensemble de la
sécurité sociale -obtenues en comparant les objectifs de
dépenses du projet de loi aux objectifs tendanciels - est d'un
surcroît de 9,5 milliards de francs de dépenses, se
répartissant comme suit :
- 1,3 milliard de francs pour la branche maladie ;
- 0,7 milliard de francs pour la branche accidents du travail ;
- 2,1 milliards de francs pour la branche vieillesse (revalorisation des
pensions à 1,2 % au lieu des 0,7 % envisagés en tendanciel) ;
- 5,5 milliards de francs pour la branche famille (retour à
l'universalité des allocations familiales et autres mesures
" positives " annoncées lors de la Conférence de la
famille du 12 juin 1998).
Objectifs de dépenses par branche en 1999
|
LFSS 1998 (1) |
Prévision 1998 (2) |
Tendanciel 1999 |
PLFSS 1999 (3) |
Evolution 1999/1998 (3) / (1) |
Evolution 1999/1998 (3)/(2) |
Maladie |
678,5 |
686,0 |
696,4 |
697,7 |
2,83 % |
1,58 % |
Accidents du travail |
50,8 |
51,1 |
52,3 |
53,0 |
4,33 % |
3,68 % |
Vieillesse |
755,0 |
755,2 |
779,0 |
781,1 |
3,46 % |
3,32 % |
Famille |
246,9 |
246,7 |
251,5 |
257,0 |
4,09 % |
4,17 % |
Total dépenses |
1.731,2 |
1.739,0 |
1.779,3 |
1.788,8 |
3,33 % |
2,86 % |
N.B.
La prévision 1998 est hors majoration de l'allocation rentrée
scolaire.
Les dépenses de la branche vieillesse augmentent nettement plus
rapidement que les dépenses de la branche maladie. Elles
représentent désormais 43,6 % du total, contre 39 % pour la
branche maladie-maternité-invalidité-décès et 14,7
% pour la branche famille.
En 1995,
les dépenses vieillesse représentaient 40,8 % du total des
dépenses, contre 39,7 % pour la branche
maladie-maternité-invalidité-décès et 16,4 % pour
la branche famille.
Le processus de l'augmentation des dépenses vieillesse -avant même
l'arrivée à la retraite des générations du
" baby boom "- est déjà largement engagé.
Les autres régimes de sécurité sociale se retrouvent
à peu près tous à l'équilibre en 1999.
Cette notion d'équilibre n'a pas exactement le même sens que dans
le régime général.
• Des régimes sont équilibrés par la
subvention de l'Etat : exploitants agricoles, fonds spécial des
ouvriers de l'Etat, Mines, SNCF, Marins ;
• Des régimes spéciaux bénéficient des
" cotisations fictives " : fonctionnaires civils et militaires,
EDF-GDF, des employeurs publics, SNCF, RATP, Banque de France ;
• Des régimes peuvent bénéficier de
l'affectation de taxes. En cas de croissance économique, ils reviennent
naturellement à l'équilibre : CANAM (avec les
excédents de CSG et des droits sur les alcools), ORGANIC et CANCAVA
(avec la C3S).
Il convient d'ajouter que ces régimes de base, pour la plupart,
gèrent principalement ou uniquement l'assurance vieillesse
65(
*
)
.
A ce titre, soit ils bénéficient d'un rapport
démographique favorable et contribuent à la compensation (CNRACL,
CNAVPL), soit ils n'en bénéficient pas et reçoivent des
transferts importants dus à la compensation (Régime des cultes,
SNCF, Marins).
La croissance explique le retour à l'équilibre, comme en
témoigne le tableau rapprochant les recettes par catégorie des
objectifs de dépenses par branche.
Tableau de l'équilibre global de la sécurité sociale
|
Réalisations 1997 |
Estimations 1998 |
PLFSS
|
Recettes par catégorie |
1.664,5 |
1.737,8 |
1.799,2 |
Dépenses régimes
|
1.695,2 |
1.745,3 |
1.788,8 |
Estimation des dépenses
régimes
|
2,6 |
2,5 |
2,5 |
Sous total dépenses |
1.697,8 |
1.747,8 |
1.791,3 |
Solde |
- 33,3 |
- 10,0 |
+ 7,9 |
(1) Texte initial
2. La politique gouvernementale laisse planer une incertitude de plus sur l'équilibre des comptes
La
politique menée par le Gouvernement, riche d'ambiguïtés,
laisse planer des incertitudes sur l'équilibre des comptes sociaux. Deux
exemples principaux :
- les trente-cinq heures ;
- les emplois-jeunes.
a) La loi d'orientation et d'incitation relative à la réduction du temps de travail
L'article L. 131-7 du code de la sécurité sociale
affirme solennellement :
" toute mesure d'exonération, totale ou
partielle, de cotisations de sécurité sociale, instituée
à compter de la date d'entrée en vigueur de la loi n° 94-637
du 25 juillet 1994 relative à la sécurité sociale, donne
lieu à compensation intégrale aux régimes concernés
par le budget de l'Etat pendant toute la durée de son
application ".
Pourtant, le Gouvernement avait tenu à annoncer, dès
l'exposé des motifs du projet de loi sur la réduction du temps de
travail et l'étude d'impact jointe au projet, que cette règle ne
serait pas respectée :
"
Afin de tenir compte des rentrées de cotisations que l'aide
à la réduction du temps de travail induira pour les
régimes de sécurité sociale, cette aide donnera lieu,
à compter du 1
er
janvier 1999, à un remboursement
partiel de la part de l'Etat aux régimes concernés. Cette
disposition figurera dans le projet de loi de financement de la
sécurité sociale pour 1999, après concertation avec les
partenaires sociaux sur le taux de cette compensation
"
66(
*
)
"
A l'horizon 1999, et pour le futur système d'abattement
structurel des cotisations, les retours financiers qu'enregistrent les
régimes de sécurité sociale, et l'UNEDIC justifient
d'examiner avec les partenaires sociaux l'affectation de ces
" retours ". Le projet de loi de financement de la
sécurité sociale pour 1999 prévoira à cet
égard un remboursement partiel de l'aide par l'Etat aux régimes
concernés, selon des modalités et un taux qui seront
établis de façon concertée
".
67(
*
)
Cette démarche n'a toutefois pas convaincu les caisses de
sécurité sociale qui ont en conséquence émis un
avis négatif sur le projet de loi le 2 décembre 1997 pour la
CNAF et le 3 décembre 1997 pour la CNAMTS.
Comme l'expliquait votre rapporteur du projet de loi d'orientation et
d'incitation à la réduction du temps de travail, notre excellent
collègue M. Louis Souvet
68(
*
)
, la
démarche du Gouvernement n'est pas convaincante pour trois raisons :
"
Elle remet en cause tout d'abord un principe nécessaire
à une gestion saine et responsable de la sécurité sociale
dans la perspective nécessaire d'un retour à l'équilibre
de ses comptes. Dès lors que toute exonération de cotisations
décidée par l'Etat -du moins faut-il l'espérer- a un
objectif d'intérêt général, le principe de
" solidarité " évoqué par le Gouvernement pourra
toujours justifier la non-application du principe de la compensation
intégrale.
En second lieu, la comptabilité " administrative " des emplois
créés ne prendra en compte ni les effets d'aubaine, ni les
emplois détruits. Elle ne prendra pas davantage en compte l'effet sur
les ressources de la sécurité sociale d'une moindre progression
de la masse salariale imputable à la " modération " des
rémunérations qui, selon les experts, est l'une des conditions
des créations d'emplois. Seules seront prises en compte ces
créations d'emplois et non l'effort demandé aux salariés
en place qui se traduira pourtant par un tassement des cotisations.
La clarification des relations financières entre l'Etat et la
sécurité sociale, que votre commission appelait de ses voeux lors
de l'examen de la loi de financement pour 1998, n'en sortira pas à
l'évidence renforcée.
Comment, dans ces conditions, exiger des gestionnaires des caisses, de leurs
personnels, des assurés et des professionnels, l'effort de rigueur
indispensable au redressement financier de la sécurité sociale
?
"
Ce principe inédit depuis la loi de 1994 d'une neutralité
scrupuleuse de la compensation, grâce à un calcul
méticuleux des " retours " attendus par la
sécurité sociale, gagnerait en crédibilité s'il
s'appliquait à l'ensemble des exonérations de charges, et donc
aux dispositifs antérieurs à la loi de 1994, qui restent non
compensés et dont le coût est évalué à 17
milliards de francs.
Le Gouvernement a fixé, dans le projet de loi de finances pour 1999,
à 3,5 milliards de francs l'enveloppe nécessaire au financement
des allégements de charges. A cette somme, s'ajouterait un
" reliquat " de l'exercice 1998, évalué entre 1,5 et 2
milliards de crédits non consommés dans la loi de finances pour
1998.
Les chiffres du ministère de l'emploi et de la solidarité, datant
de la fin du mois d'août 1998, faisaient état de 150 accords
signés, 127 dans le cadre d'une version " offensive " de la
loi, permettant la création de 1.750 emplois, 23 dans le cadre d'une
version " défensive ", permettant de sauvegarder
428 emplois. La volonté du Gouvernement de créer 35.000
emplois d'ici à fin 1998 apparaît d'ores et déjà
contredite par les faits.
Par ailleurs, 2 à 3 milliards de francs devaient reposer sur les
régimes sociaux, pour arriver à une enveloppe de 7,5 milliards de
francs.
Selon les estimations du ministère de l'emploi, cette somme permettrait
le passage aux 35 heures de 1,5 million de salariés. Pour le
Gouvernement, ce chiffre n'est qu'une estimation et non un objectif. Les aides
à la réduction du temps de travail étant
conditionnées à une augmentation des effectifs de 6 %, il est
possible de déduire que ces 7,5 milliards de francs pourraient
créer -ou sauvegarder- 90.000 emplois.
Les estimations du Gouvernement portant sur les années 1998-1999 sont
donc de 125.000 emplois créés ou sauvegardés.
Mme Martine Aubry a fait état d'une estimation de " retours "
pour la sécurité sociale de l'ordre de 32 %. Cette estimation
aurait été effectuée à l'occasion des
"
études sur les exonérations accordées aux
entreprises qui réalisent les 35 heures
"
69(
*
)
. Elle a réaffirmé le principe selon
lequel l'Etat était fondé à ne rembourser que deux tiers
des exonérations de charges.
La Commission des comptes de la sécurité sociale a retenu pour
principe que l'incidence de la réduction du temps de travail
était considérée comme neutre sur les encaissements :
"
La compensation par l'Etat au Régime général des
pertes de cotisations liées aux abattements de cotisations patronales
n'a pas non plus été intégrée dans le poste
cotisations prises en charge. Il a été fait l'hypothèse
pour ce compte que les suppléments de recettes
générés en 1999 par les emplois créés
neutraliseraient les pertes de cotisations nettes des compensations
prévues par l'Etat
"
70(
*
)
.
Si la ministre de l'emploi et de la solidarité n'a pas renoncé
à une compensation qui ne serait que partielle des exonérations
de charges, elle ne l'a pas pour autant inscrit dans le projet de loi de
financement de la sécurité sociale, comme le laissait
prévoir tant l'exposé des motifs que l'étude d'impact du
projet de loi d'orientation et d'incitation à la réduction du
temps de travail. Ainsi, Mme Martine Aubry a pu déclarer à
l'Assemblée nationale :
" En ce qui concerne la durée du
travail (...), pour l'instant, nous nous en tenons à la compensation
liée à la loi de 1994. Nous dresserons un bilan de l'application
de la loi à mi-année avec les partenaires patronaux et syndicaux
et nous verrons alors si nous devons changer les
règles "
71(
*
)
.
En l'absence de tout dispositif législatif modifiant "
les
règles
", votre commission considère que la compensation
intégrale, dans le cadre des 35 heures, continue à s'appliquer en
1999. Elle s'en félicite.
L'article 12 portant prévisions des objectifs de recettes doit
être, en conséquence modifié. La ligne " cotisations
effectives ", sur laquelle s'imputent les exonérations de charges
compensées, doit être majorée d'un montant de 2,5 milliards
de francs.
Votre commission appelle ainsi l'attention du Gouvernement sur le fait qu'une
remise en cause de ce principe en cours d'année justifierait une loi de
financement rectificative.
b) Les emplois-jeunes
La
prévision d'un succès des emplois-jeunes a des
conséquences non négligeables vis-à-vis de la
prévision de croissance de masse salariale. Les hypothèses du
Gouvernement tablent en effet sur une réussite du plan
emplois-jeunes
72(
*
)
.
Un bilan daté de fin juin 1998 faisait état du recrutement de
66.000 jeunes, dont 33.000 par les établissements scolaires, 5.000
par la police nationale et 28.000 dans les collectivités locales, les
associations et les entreprises. Un bilan du 30 septembre 1998
établissait le nombre d'embauchés à 88.855 et le nombre
d'emplois créés à 138.250, la différence
s'expliquant officiellement par les délais longs entre la date de
création de l'emploi et son recrutement. Le taux de démission
dans l'éducation nationale est de l'ordre de 10 %. Des
premières grèves ont eu lieu à Paris.
Si le ministère de l'emploi espère passer le cap des 150.000
emplois créés d'ici la fin de l'année 1998, il est clair
que les emplois-jeunes ne font pas recette en entreprise, et vont
représenter une sous-fonction publique, bombe à retardement pour
les gouvernements de l'après 2002.
3. L'absence de réformes structurelles
a) La réforme des cotisations patronales est enlisée par l'accumulation de " diagnostics "
Le
présent projet de loi se caractérise par une grande
absence
: la réforme des cotisations patronales. Le dernier
paragraphe de l'introduction du rapport annexé à l'article
premier du projet de loi est une déclaration de principe :
" Enfin, la politique du Gouvernement en matière de
sécurité sociale doit s'inscrire dans la politique
générale qu'il conduit en faveur de l'emploi. Après la
réforme des cotisations salariés entreprise dès
1998
73(
*
)
, le Gouvernement souhaite engager une
réforme des cotisations patronales favorable à
l'emploi. "
•
Un débat ancien
La longue liste de rapports sur la réforme des cotisations
patronales
74(
*
)
pourrait inviter à un
certain pessimisme. Ces rapports ont néanmoins permis de poser un double
constat sur le financement de la sécurité sociale :
1- un décrochage sur les quinze dernières années entre
l'évolution de la masse salariale et celle de la richesse nationale
Entre 1981 et 1996, la masse salariale a évolué en moyenne
annuelle de 0,7 point en dessous du PIB. Sur les sept dernières
années (1991-1997), la masse salariale a évolué en moyenne
annuelle de 0,4 point en dessous du PIB.
Evolution en valeur de la masse salariale et du PIB 1991 - 1997
en % |
1991 |
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
Masse salariale |
4,0 |
3,4 |
0,4 |
2,1 |
4,0 |
3,1 |
3,2 |
PIB |
4,1 |
3,3 |
1,1 |
4,4 |
3,7 |
2,7 |
3,4 |
Cette situation a trois explications :
- la politique de modération salariale ;
- la hausse du chômage ;
- la hausse des taux d'intérêt.
La masse salariale subit de manière très importante les
dépressions conjoncturelles (1993). En revanche, elle réagit avec
retard à l'augmentation de production (1994).
2- un renchérissement du coût relatif du travail par rapport au
facteur capital
L'assise des cotisations sur la masse salariale incite le chef d'entreprise
à remplacer les hommes par les machines. Elle pénalise les
industries à bas salaire (industries de main d'oeuvre).
A la suite d'une demande du Parlement fin 1973 de rechercher
" un
aménagement de l'assiette des charges sociales assumées par les
entreprises pour tenir compte de l'ensemble des éléments
d'exploitation ",
différents rapports vont examiner la
possibilité d'une taxation de la valeur ajoutée. Le rapport du
comité des revenus et des transferts indiquait dès 1976 qu'une
assiette élargie présente " plus
d'inconvénients
que d'avantages ". Les conclusions du
rapport Malinvaud (1998) ne constituent pas, de ce point de vue, une
nouveauté.
La réforme des cotisations patronales : une longue série de rapports
1974
Rapport de Léon Boutbien, (Conseil économique et social)
1975 Rapport de la commission Granger (ministère du travail)
1976 Rapport du comité des revenus et des transferts du VIIème
Plan
1978 Rapport Ripert (Commissariat Général du Plan)
1981 Rapport Maillet (Direction de la Sécurité sociale)
1982 Rapport de Castries (Inspection générale des finances)
1982 Rapport Peskine (ministère de la solidarité nationale)
1983 Rapport Bazy-Malaury et Buisson de Courson
1994 Rapport Foucault (Commissariat général du Plan)
1996 Rapport du groupe de travail sur la réforme des
prélèvements obligatoires (rapport La Martinière)
1997 Rapport de M. Jean-François Chadelat
1998 Rapport de M. Edmond Malinvaud
Les rapports des années soixante-dix sont les premiers à poser la
question du financement au travers des charges pesant sur les entreprises de
main d'oeuvre : le déplafonnement des cotisations en a
été une conséquence directe.
Les rapports les plus récents ont permis de déterminer qu'il
n'existe pas de réforme parfaite du financement de la
sécurité sociale et d'insister sur la nécessité
d'une approche globale des prélèvements sur les ménages et
les entreprises.
Le rapport de M. Jean-Baptiste de Foucault (1994) affirme
" qu'il
n'existe pas d'assiette miracle qui à elle seule permettrait de garantir
l'équilibre financier du système de protection sociale (...) Il
serait donc vain d'espérer pérenniser le système, si le
rythme de croissance des dépenses sociales devait évoluer
durablement et sensiblement plus vite que le PIB "
Le rapport de M. Dominique de la Martinière (1996) montre la
nécessité de disposer d'une vue globale, par le recours au
concept de prélèvements obligatoires.
La France, les prélèvements obligatoires et les prélèvements sociaux
Dans la
structure des prélèvements, l'originalité française
n'est plus, comme on l'a longtemps dit, dans les impôts indirects, mais
dans le poids respectif de l'impôt sur le revenu et des charges de
sécurité sociale. La France a compensé la faiblesse de
l'impôt sur le revenu par les cotisations de sécurité
sociale.
Selon les données statistiques de l'OCDE sur les recettes fiscales
publiques en 1997
75(
*
)
, le taux des
prélèvements obligatoires (impôts + cotisations sociales) a
atteint 46,1 % du PIB en France, contre 37,7 % pour la moyenne des pays membres
de l'OCDE et 42,4 % par rapport à la moyenne des membres de l'Union
européenne.
Si l'on considère les seuls prélèvements sociaux, la
France se place en tête avec 19,7 % du PIB. Sur ce plan, les
écarts entre les résultats français et ceux des principaux
pays développés sont très significatifs : les
cotisations sociales représentent 15,5 % du PIB allemand, 14,8 % du PIB
italien, 6,2 % du PIB anglais. La moyenne des pays membres de l'Union
européenne se situe à 12,2 %. Il est néanmoins
nécessaire de nuancer cette première place : la comparaison
est difficile. L'OCDE est d'ailleurs en train de mettre au point des
indicateurs de dépenses sociales nettes
76(
*
)
.
En effet, des dépenses fiscales ont un caractère social, alors
qu'elles sont classées dans les dépenses de l'Etat :
allégements fiscaux à caractère social (cotisations
patronales d'assurance maladie, régimes de retraite privés),
dépenses privées obligatoires, imposition directe des transferts
sociaux, taxation indirecte de la consommation issue des prestations.
Le Premier ministre s'est déclaré résolu à aller
plus loin dans la baisse des prélèvements obligatoires, lors
d'une intervention devant l'assemblée plénière du Conseil
économique et social :
" Grâce au retour de la
croissance, le taux de prélèvement obligatoire va baisser en
1998 ".
•
Le rapport Chadelat a montré les possibilités et les
limites d'une taxation de la valeur ajoutée
En 1996, lorsque le gouvernement de M. Alain Juppé confie à
M. Jean-François Chadelat une mission sur cette question, c'est
pour tenir compte à la fois du basculement d'une partie des cotisations
salariales maladie sur une CSG élargie et de la perspective de
l'assurance maladie universelle. M. Jean-François Chadelat a
rédigé une note sur l'état des réflexions et
travaux antérieurs -intitulée "
note de
problématique
"- et a rencontré courant mars
1997 tous les partenaires sociaux.
Le rapport a écarté tout d'abord la piste d'une cotisation assise
sur le chiffre d'affaires, dans la mesure où elle conduirait à
une taxation en cascade des intermédiaires (par exemple,
pénalisation du petit commerce de détail par rapport aux
distributeurs). Autre solution écartée, celle d'un
élargissement aux immobilisations brutes, dans la mesure où il
risquerait d'avoir un effet négatif sur l'investissement, et donc sur
l'emploi, tout en conduisant à une taxation sans lien avec les
résultats de l'entreprise.
La solution de la taxation de la valeur
ajoutée a été ainsi préférée. Mais le
rapport a rappelé sans détours les inconvénients et
l'ensemble des problèmes posés par cette nouvelle assiette.
Avantages, inconvénients et difficultés d'une cotisation
assise sur la valeur ajoutée
Avantages
-
progression identique au PIB marchand, par définition
(PIB marchand = somme des valeurs ajoutées)
- ralentissement de la substitution du capital au travail
Inconvénients
-
défavorable à l'investissement
- défavorable à l'esprit d'entreprise
- risques de délocalisation (rapport La Martinière, p.46-47)
Difficultés
-
définition de la valeur ajoutée
- organisme de recouvrement (URSSAF ou administration fiscale)
- déclarations particulières
- possibilités de manipulation avantageuse des déclarations
- inadaptation de la nouvelle assiette aux administrations publiques, aux
associations,
aux emplois familiaux, aux entreprises agricoles et aux entreprises ayant une
valeur
ajoutée inférieure à 3 millions de francs
Il est à noter que le rapport Chadelat a apporté un certain
nombre de réponses aux difficultés signalées. Ainsi, en ce
qui concerne la définition de la valeur ajoutée, il a
proposé le choix de la définition fiscale, prévue à
l'article 1647 B
sexies
du code général des impôts,
telle qu'elle est utilisée pour le plafonnement de la taxe
professionnelle. En ce qui concerne les services chargés du recouvrement
de cette cotisation, il a plaidé pour la compétence des services
fiscaux.
Le rapport a proposé également une alternative : soit une
nouvelle assiette valeur ajoutée, soit une modulation des cotisations
par des paramètres valeur ajoutée. La modulation permettrait de
limiter les transferts intersectoriels. Mais cette modulation serait source de
complexité.
Le rapport a été contesté. La Chambre de commerce et
d'industrie de Paris a notamment considéré que
" si elles
devaient conduire à une opération de redistribution à
somme nulle, ces modifications d'assiette ou de taux constitueraient un pari
très risqué pour l'emploi "
. Elle s'est prononcée
pour une baisse nette des cotisations.
Dans cet ordre d'idées, l'économiste Patrick Artus s'est
prononcé pour le transfert des charges sociales des entreprises sur
l'impôt direct, que ce soit l'impôt sur le revenu ou l'impôt
sur les sociétés.
Alors que le rapport Chadelat, commandé par M. Alain Juppé,
était remis en juin à M. Lionel Jospin, le Gouvernement issu des
élections législatives de 1997 n'a pas souhaité amorcer la
réforme des cotisations patronales lors de la discussion de la loi de
financement de la sécurité sociale pour 1998.
"
Nous modifierons progressivement l'assiette d'une partie des
cotisations patronales, en les faisant reposer sur l'ensemble de la richesse
produite par les entreprises et non sur le seul travail
" ; la
brochure
" Changeons d'avenir, changeons de majorité "
,
diffusée à plusieurs centaines de milliers d'exemplaires par le
Parti socialiste avant les élections législatives avait pourtant
l'avantage de la clarté. La réforme des cotisations patronales
fait partie des thèmes du programme économique du PS depuis 1996.
Un rapport complémentaire a été demandé à M.
Jean-François Chadelat. Mais ce nouveau report, comme ce nouveau
rapport, ne signifiaient pas pour autant abandon. Un amendement, introduit par
l'Assemblée nationale à l'initiative de M. Augustin Bonrepaux,
alors rapporteur pour avis au nom de la commission des Finances, a permis
d'inscrire dans la loi de financement (article 6) qu'un rapport serait
déposé sur le bureau des Assemblées par le Gouvernement
avant le 1
er
août 1998,
" précisant les effets,
notamment sur l'emploi, d'une extension de l'assiette des cotisations
patronales à la valeur ajoutée "
. Mme Martine Aubry,
ministre de l'emploi et de la solidarité, affirmait devant le
Sénat le 13 novembre 1997 :
" Nous souhaitons en
effet -je l'ai dit à plusieurs reprises- modifier l'assiette des
cotisations patronales, en espérant pouvoir, dès l'année
prochaine, en faire une première étape. Il conviendra de
travailler sur la notion de valeur ajoutée. "
Dans l'esprit des rédacteurs de cet amendement, il ne s'agissait pas de
renoncer à la réforme de l'assiette des cotisations patronales,
mais -bien au contraire- d'annoncer que cette réforme aurait lieu,
grâce à une date impérative, celle de la remise d'un
rapport.
•
Le rapport Malinvaud privilégie la baisse des charges sur les
bas salaires
Le 6 avril 1998, une lettre de mission signée par M. Lionel Jospin,
Premier ministre, a confié à M. Edmond Malinvaud, dans le cadre
du Conseil d'analyse économique, un nouveau rapport.
Ce rapport a
été rendu public le 3 août 1998 et transmis au Parlement
à la même date, sous couvert de l'article 6 précité
de la loi de financement de la sécurité sociale pour 1998.
Du rapport Chadelat au rapport Malinvaud : le glissement
La
lettre de mission du Premier ministre à M. Edmond Malinvaud,
datée du 6 avril 1998, change la problématique puisqu'elle
met l'accent, dès son premier paragraphe, sur les
" salaires les
plus bas "
et sur
" le développement de
l'emploi ".
Elle ne fait pas mention explicite du rapport Chadelat. Elle souligne que
" parmi les options possibles ",
une attention
particulière sera accordée
" aux avantages et aux
inconvénients d'un élargissement de l'assiette des cotisations
à la valeur ajoutée ".
Le glissement sur le fond (de la réforme du financement de la
sécurité sociale à la politique de l'emploi) est
accompagné d'un glissement sur la forme : la lettre de mission ne
fait pas mention de l'obligation découlant de l'article 6 de la loi de
financement de la sécurité sociale pour 1998.
M. Edmond Malinvaud a précisé, lors de son audition par votre
commission, le mardi 13 octobre 1998, que son rapport ne devait pas être
considéré comme celui prévu à l'article 6 de la loi
de financement de la sécurité sociale pour 1998.
Votre commission s'étonne, en conséquence, de ce
" détournement de rapport " et du non-respect par le
Gouvernement de l'article 6 de la loi du 19 décembre 1997.
Le Conseil d'analyse économique, créé par M. le Premier
ministre, est un organisme qui s'est déjà exprimé en
faveur d'une baisse des charges. Il s'agit d'une idée du rapport de MM.
Blanchard et Fitoussi intitulé " Croissance et
chômage "
77(
*
)
.
Le rapport Malinvaud repose sur trois " diagnostics
78(
*
)
".
Le premier " diagnostic " porte sur la masse salariale. M. Malinvaud
estime qu'elle "
augmentera à l'avenir au moins aussi vite que
la valeur ajoutée - et de façon moins cyclique
",
contrairement à "
certains promoteurs de la réforme de
l'assiette, qui s'appuient sur des années
exceptionnelles
"
79(
*
)
. Pour M.
Malinvaud, les trois facteurs expliquant les années
" exceptionnelles " sont susceptibles de s'inverser sur le moyen
terme : politique de modération de la masse salariale, hausse du
chômage et hausse des taux d'intérêt.
Ce premier diagnostic est contestable pour deux raisons. Premièrement,
les effets de la loi d'orientation sur les trente-cinq heures -qui ne se
traduisent pas forcément par des embauches supplémentaires-
montrent que les chefs d'entreprise sont fortement tentés de
négocier la réduction du temps de travail contre un accord
pluriannuel de modération salariale. Deuxièmement, le
développement de rémunérations non assujetties aux
cotisations sociales, et donc une réduction de l'assiette cotisations
sociales, va dans le sens d'une masse salariale évoluant moins
favorablement que le PIB.
Eléments de rémunération exonérés de cotisations sociales
- sommes
versées au titre de la participation, de l'intéressement, de
l'abondement sur
les PEE ou PER
- déductions supplémentaires pour frais professionnels
accordés à certaines professions
- contributions patronales de retraite et de prévoyance
complémentaire (sous plafond)
- prestations des comités d'entreprise
- une partie des sommes versées à l'occasion de la rupture du
contrat de travail
- contribution des employeurs aux tickets-restaurant
- remboursements de frais de transport
- stock options au-delà de cinq ans
L'ensemble de ces avantages représenterait 200 milliards de francs
d'assiette supplémentaire.
Le second " diagnostic " porte sur le taux de chômage. Pour
M. Malinvaud,
" il est exagérément pessimiste de
raisonner comme si le taux de chômage devait dans les dix prochaines
années osciller autour de son niveau actuel, plus probable que ce taux
diminuera significativement "
. Le rapport cite des exemples pris dans
l'histoire économique (Pays-Bas, Royaume-Uni).
Le troisième diagnostic porte sur le grave handicap des moins
qualifiés, qui n'a pas de raison d'être moindre dans les
prochaines années.
Pour M. Malinvaud, l'introduction assiette valeur ajoutée aurait pour
effet une baisse du coût réel du travail et une hausse du
coût réel de l'utilisation du capital. L'effet positif sur
l'emploi à travers les substitutions se révélerait
limité. Une modification de l'assiette des cotisations patronales serait
un pari risqué.
En revanche, M. Malinvaud indique sa préférence pour une baisse
permanente, stable et durable des charges sur les bas salaires.
Deux rapports, rendus à moins d'un an d'écart, sont ainsi
contradictoires.
Pour la majorité de votre commission, les conclusions du rapport
Malinvaud sur la nécessité de réduire les charges sur les
bas salaires ne constituent pas une révélation. A peine un mois
avant la remise au Premier ministre du rapport Malinvaud, le Sénat avait
consacré son attention à cette question, en adoptant le 29 juin
1998 une proposition de loi, tendant à alléger les charges sur
les bas salaires, déposée par les présidents des
commissions des Affaires sociales et des Finances et les présidents des
groupes RPR, UC et RI.
Cette proposition de loi reprenait les termes de la proposition n° 628,
présentée le 14 janvier 1998 à l'Assemblée
nationale par MM. François Bayrou, Jean-Louis Debré, Jacques
Barrot, Franck Borotra, Robert Galley, Yves Nicolin et les membres des groupes
de l'union pour la démocratie française et du centre (UDF) et du
groupe du rassemblement pour la République (RPR), mais qui n'avait pas
franchi, le 30 janvier 1998, le stade de la discussion générale.
L'excellent rapport de M. Alain Gournac
80(
*
)
montre que la majorité du Sénat est d'une parfaite clarté
sur la question de l'allégement des charges sur les bas salaires. Il
n'en reste pas moins que, pertinent sur la question d'une politique dynamique
pour l'emploi, le rapport Malinvaud n'aborde qu'accessoirement le
problème du financement de la protection sociale.
•
Le projet de Mme Martine Aubry : une réforme
avortée
Le 8 septembre 1998, le Premier ministre a chargé Mme Martine Aubry
d'engager au plus vite des concertations bilatérales avec le patronat et
les syndicats
" dans la perspective d'une réforme des
cotisations patronales ".
Le système proposé de manière tout à fait
informelle aux partenaires sociaux
81(
*
)
semble
avoir été le suivant :
- allégement des charges sur les salaires (jusqu'à 16.000
francs) ;
- surcotisation sur les salaires supérieurs à 20.000 francs.
Cette surcotisation n'étant pas suffisante pour financer la
réduction des charges, il était proposé la création
d'une cotisation sur la valeur ajoutée à un taux de 0,5 %.
Ces concertations n'ont pas abouti. De plus, le Ministre de l'économie
et des finances a " doublé " son collègue de l'emploi
et de la solidarité dans sa volonté d'alléger les charges
sur les entreprises, puisqu'une des mesures du projet de loi de finances pour
1999 concerne la réforme de la taxe professionnelle.
Sans réforme des cotisations patronales, il fallait absolument trouver
une mesure pour donner au projet de loi de financement de la
sécurité sociale une apparence de réformisme. Ce fut
l'acte fondateur du fonds de réserve, dont les partenaires sociaux
apprirent l'existence par les journaux, deux jours avant la réunion de
la Commission des comptes de la sécurité sociale, alors
même qu'ils venaient d'être entendus par Mme la Ministre sur son
projet.
b) Le financement du déficit structurel de la branche vieillesse n'est pas assuré
La
création du " fonds de réserve " est
présentée comme la mesure la plus novatrice du projet de loi de
financement pour 1999. En fait, il s'agit de mettre de côté un
certain nombre d'excédents, tandis que d'un autre côté le
déficit de la branche vieillesse continue d'être important, avant
même l'échéance de 2005/2010.
Le rapport de la Commission des comptes de la sécurité sociale
indique que l'excédent de CSG et l'excédent de contribution
sociale de solidarité sur les sociétés (C3S) ont pour
conséquence "
un accroissement de l'interdépendance
financière de régimes théoriquement
indépendants
", d'où un risque d'arbitraire et
d'opacité
82(
*
)
.
Le Gouvernement propose d'affecter l'excédent structurel de C3S au fonds
de solidarité vieillesse, afin d'alimenter un fonds de réserve
des retraites.
La contribution sociale de solidarité sur les sociétés (C3S)
La C3S,
contribution sur le chiffre d'affaires des sociétés, a
été instituée par la loi du 3 janvier 1970. Son objet
est d'équilibrer les risques vieillesse et maladie des
non-salariés. Elle est recouvrée par l'ORGANIC.
Il s'agit d'une contribution dont le principal mérite est la
simplicité.
Elle a fait l'objet en 1995 d'une réforme destinée à
augmenter son rendement (loi du 4 août 1995 portant loi de finances
rectificative pour 1995) :
- taux porté de 0,1 % à 0,13 % du chiffre d'affaires ;
- champ d'application élargi à des formes de
sociétés jusqu'alors exonérées à
compter du 1er janvier 1996
83(
*
)
;
- seuil d'exonération de la contribution pour les petites entreprises
porté de 3 à 5 millions de francs de chiffre d'affaires.
La loi du 12 avril 1996 portant diverses dispositions d'ordre économique
et financier a explicité les modalités de répartition de
la C3S :
1ère étape : CANAM, ORGANIC (y compris le régime
complémentaire des bâtiments travaux publics) et CANCAVA au
prorata et dans la limite de leurs déficits comptables ;
2ème étape : CNAVPL, BAPSA, CAMAVIC et CNBF au prorata des
sommes reçues au titre de la compensation
généralisée et dans la limite de leur déficit
comptable.
Dans la pratique, le BAPSA et les autres régimes de la " seconde
étape " n'ont profité ni en 1996, ni en 1997 de cette source
de financement (à la différence des années 1992 et 1993).
L'excédent de C3S en 1996 a été reporté sur 1997
(loi de financement du 27 décembre 1996) et l'excédent de C3S en
1997 a été reporté sur 1998 (loi de financement du 19
décembre 1997).
Le rendement de la C3S attendu en 1998 est de 16,1 milliards de francs (soit
une augmentation de 3,8 % par rapport à 1997).
L'excédent structurel de C3S s'explique en raison d'un moindre besoin de
financement de la part de la CANAM, qui s'explique lui-même par le
moindre besoin de la CNAM en matière de CSG/droits alcools. En effet, la
CANAM bénéficie -après la CNAM- de la seconde
répartition. Le produit de la répartition CSG/droits sur les
alcools -du fait de l'équilibre de la CNAM- serait en forte
augmentation : la CANAM bénéficierait de 16,3 milliards de
francs de CSG en 1999 (au lieu de 11,1 milliards de francs en 1998).
Son " besoin " en C3S serait de 1 milliard de francs en 1999 au lieu
de 5,2 milliards de francs en 1998.
Les organismes bénéficiaires de la C3S
En millions de francs |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
CANAM |
1.722 |
5.766 |
4.843 |
1.038 |
ORGANIC |
5.797 |
5.886 |
6.646 |
5.867 |
CANCAVA |
3.856 |
4.111 |
4.526 |
4.013 |
Rég. compl. du bâtiment |
301 |
300 |
330 |
330 |
Total dépenses |
11.676 |
16.063 |
16.345 |
11.248 |
Recettes C3S |
15.305 |
15.622 |
16.233 |
16.950 |
Un solde important de C3S demeure, alors même que le compte présente des excédents cumulés depuis 1996.
Le compte de la contribution sociale de solidarité 1996 - 1999
En millions de francs |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
Ressources |
15.305 |
15.622 |
16.233 |
16.950 |
Emplois |
11.676 |
16.063 |
16.345 |
12.248 |
Solde |
636 |
1.856 |
- 354 |
5.634 |
Réserves |
958 |
2.814 |
2.460 |
8.094 |
L'application des dispositions en vigueur reviendrait à
affecter l'excédent de C3S au BAPSA et à diminuer la subvention
de l'Etat.
Le Gouvernement propose pour 1999 d'affecter 1 milliard de francs au BAPSA et
d'affecter le reste au FSV, dont 2 milliards de francs prévus pour le
" fonds de réserve des retraites ".
Affectation des excédents cumulés de C3S
proposée par le Gouvernement en 1999
BAPSA |
1.000 |
FSV |
7.094 |
Total des excédents cumulés |
8.094 |
L'excédent de C3S pour 1999, venant alimenter le solde
cumulé, repose ainsi sur deux hypothèses :
- L'hypothèse de croissance du PIB de 2,7 %, la C3S étant par
nature très sensible à l'activité économique ;
- L'hypothèse d'une croissance modérée des dépenses
d'assurance maladie.
Le FSV est soumis, de son côté, à des dépenses
supplémentaires :
Conséquences du PLFSS pour 1999 sur l'équilibre du FSV
|
Recettes |
Dépenses |
Solde tendanciel (1) |
2.404 |
|
Attribution au FSV des excédents cumulés de C3S |
7.094 |
|
Attribution à la CNAM d'excédents de CSG |
|
810 |
Indexation des pensions |
|
340 |
Accroissement des transferts à la CNAVTS |
|
3.800 |
Attribution fonds de réserve |
|
2.000 |
Total mesures |
7.094 |
6.950 |
Solde des mesures (2) |
144 |
|
Solde après mesures (1) + (2) |
2.548 |
|
Réserves FSV (1998) |
2.425 |
|
Solde cumulé fin 1999 |
4.973 |
|
L'attribution de 2 milliards de francs au fonds de
réserve
apparaît ainsi relever d'une " usine à gaz ". Elle est
prudente, en raison d'un équilibre du FSV en 1998 et d'un
excédent important en 1999.
Le dispositif proposé fait que, même en l'absence
d'excédent important de C3S, le fonds de réserve sera
alimenté, puisque le FSV se retrouve en excédent en 1999 et
que ce fonds de réserve est alimenté à la fois par les
excédents de C3S, mais également par tout ou partie de
l'excédent de la première section, retraçant les
opérations de solidarité.
Mais ce financement d'un fonds de réserve est, d'une part,
contradictoire avec les déficits prévus de la CNAVTS à
court terme, et d'autre part, représente un montant dérisoire du
financement comparé aux besoins de financement de la branche vieillesse
dans les prochaines années. La mission confiée au commissariat
général au Plan -un rapport de plus- n'apparaissait pas
véritablement nécessaire. Il suffisait d'actualiser les
conclusions du rapport Briet (1995).
Le Gouvernement accumule là aussi les " diagnostics ", en
retardant l'échéance de la prise de décision, du fait des
contradictions de sa " majorité plurielle " sur le recours
à la capitalisation, qui est apparu depuis longtemps à votre
commission comme un complément indispensable -et non une substitution-
aux régimes de retraite par répartition
84(
*
)
.
c) Le financement de la couverture maladie universelle n'est pas défini
Le
Gouvernement fait référence, dans le rapport annexé au
projet de loi, à la couverture maladie universelle. Après
l'annonce, au printemps dernier, d'un dépôt simultané des
deux projets de loi (projet de loi de financement de la sécurité
sociale et projet de loi instaurant la couverture maladie universelle), le
rapport annexé au projet de loi déposé par le Gouvernement
à l'Assemblée nationale précise que "
le
Gouvernement déposera un projet de loi au cours de l'automne
1998
".
Ce calendrier n'apparaît pas compatible avec les exigences fixées
par l'adoption, au cours du même automne, des deux projets de finances
publiques que sont le projet de loi de finances et le projet de loi de
financement de la sécurité sociale.
Le Parlement ne se prononcera pas sur la question avant le mois d'avril 1999,
le temps que la concertation avec l'ensemble des parties prenantes puisse avoir
lieu. Les dispositions de ce projet de loi auront des conséquences sur
l'équilibre financier de la sécurité sociale.
Faudra-t-il prévoir une loi de financement rectificative ?
Mme Martine Aubry semble indiquer que le projet de loi n'aurait des effets que
sur l'exercice de la loi de financement 2000.
Votre commission regrette qu'une priorité plus importante n'ait pas
été donnée à ce projet, qui rassemble pourtant
autour de lui un consensus large.
d) Le " dispositif permanent de financement des services d'aide aux personnes " n'est pas présent dans le projet de loi initial
Les
mesures conjointes de la loi de finances (proratisation de la réduction
des charges sur les bas salaires et diminution de la réduction
d'impôt pour l'emploi d'une personne à domicile) et de la loi de
financement pour 1998 (diminution de l'AGED) ont eu des conséquences
fâcheuses sur les emplois à domicile. Le Gouvernement a
confié à l'Inspection générale des finances et
à l'Inspection générale des affaires sociales une mission
conjointe
85(
*
)
, qui devait envisager une mise
à plat des aides à domicile.
A l'occasion de la discussion du projet de loi portant diverses dispositions
d'ordre économique et financier, M. Christian Sautter, secrétaire
d'Etat au Budget, annonçait que figurerait dans le projet de loi de
financement de la sécurité sociale pour 1999 un
" dispositif permanent de financement des services d'aide aux
personnes "
86(
*
)
.
Il est à noter que :
- aucun dispositif permanent de financement des services d'aide aux
personnes n'était présent dans le projet de loi
déposé à l'Assemblée nationale ;
- le rapport Hespel-Thierry, sous forme d'une synthèse, n'a
été rendu public et communiqué à votre commission
que le 16 octobre 1998, alors que le Gouvernement en disposait depuis
probablement plusieurs mois ;
- il n'a fait pour l'instant l'objet d'aucune concertation.
e) La question de l'affectation des excédents du régime général est esquissée dans des termes inquiétants
L'affectation des excédents des régimes de
sécurité sociale au fonds de réserve est une question
soulevée par Mme Martine Aubry, en se fondant sur des estimations
portant sur les années 2000 et 2001. Ces estimations ont
été effectuées avec une prévision de masse
salariale de 4,3 % sur les années considérées, ce qui est
bien évidemment très optimiste.
Il convient par ailleurs de distinguer clairement ce qui relève des
excédents de trésorerie, et ce qui relève des
excédents comptables.
•
Les excédents de trésorerie
La gestion commune de trésorerie est effectuée par l'ACOSS, au
moyen du compte unique de disponibilités courantes (CUDC) ouvert
à la Caisse des dépôts. Ce système a pour effet de
prendre en charge l'éventuel déficit structurel de
trésorerie d'une ou de plusieurs branches par les excédents des
autres.
Néanmoins, chaque caisse dispose d'une
individualisation de sa
trésorerie
, par un suivi permanent en prévision et en
réalisation comptable (art. L. 225-1 du code de la
sécurité sociale). La séparation comptable exacte des
encaissements entre les branches isole les intérêts
créditeurs et débiteurs résultant de la gestion de
trésorerie (art. L. 255-1).
De manière générale, un excédent de
trésorerie peut apparaître régulièrement, sans qu'il
y ait excédent comptable. L'évolution du solde journalier du
compte ACOSS pour 1998 montre ainsi un excédent jusqu'au mois de juin.
Le compte se redresse de fin juillet à fin août, avant de
connaître une dégradation importante qui connaît son
apogée vers le 12 octobre 1998.
L'ACOSS va placer cet argent, afin de procurer des produits financiers qui
compenseront les charges financières résultant des
déficits de trésorerie intervenant à partir de fin
août.
Les Caisses nationales ont deux possibilités :
-
laisser à l'ACOSS la gestion de leur compte
(article R.
255-6 du code de la sécurité sociale),
dans le cadre du
" pot commun " ;
-
donner à l'ACOSS le mandat de placer les
" excédents durables de trésorerie " (troisième
alinéa de l'article L. 225-1 et article R. 255-3 du code de la
sécurité sociale).
Ces excédents durables de
trésorerie sont ainsi définis : "
le montant des
excédents durables est celui du petit solde prévisionnel de
trésorerie constaté dans le cadre de l'exercice annuel, à
condition que ce solde soit positif
" (art. R. 255-2). Le montant des
sommes placées ne peut être inférieur à 300 millions
de francs.
La Caisse nationale doit se prononcer avant le 31 décembre, au vu de la
prévision de trésorerie fournie par l'ACOSS.
Cette deuxième possibilité ne s'est jamais
vérifiée. Une seule branche remplit en 1998 la condition de
l'article R. 255-3 : la branche des accidents du travail.
La Cour des comptes, dans son rapport 1998
87(
*
)
,
s'est montrée défavorable à la séparation de la
gestion des excédents de trésorerie durables des branches. Elle
constate que "
la séparation comptable de la trésorerie
des branches permet en fait aux branches excédentaires de faire des
placements auprès des branches déficitaires aux conditions
fixées par la convention CDC/ACOSS, sans augmentation de la charge
finale des emprunts opérés pour les branches
déficitaires.
"
•
Les excédents comptables
La notion d'excédents comptables est différente. Au bout d'un
exercice donné, la branche dégage un
" excédent " ou un " déficit ".
Sur l'année 1998, seule la branche accidents du travail devrait
dégager un excédent.
Sur l'année 1999, la branche famille et la branche accidents du travail
seraient excédentaires.
Cet excédent va alimenter le
fonds de roulement
, permettant de
disposer sur l'année suivante d'un meilleur profil de trésorerie.
Une succession d'excédents comptables aurait pour effet de
dégager des excédents de trésorerie durables.
Aucune disposition n'est prévue pour l'affectation des excédents
comptables.
Deux propositions ont récemment été faites :
1- La proposition de votre commission des Finances
L'article 2 de la proposition de loi relative à l'extinction de la
Caisse d'amortissement de la dette sociale (CADES)
88(
*
)
, déposée le 2 juillet 1998 par M.
Jacques Oudin et M. Alain Lambert, prévoit une affectation des
excédents au remboursement de la dette sociale. En raison du silence du
code de la sécurité sociale sur l'affectation des
excédents comptables, la proposition s'appuie sur la notion
"
d'excédents durables de trésorerie de chaque
branche
".
Sur le fond, la proposition a le principal mérite de la vertu :
désendettement et baisse à terme des prélèvements
obligatoires ; elle semble néanmoins remettre en cause ce qu'elle
souhaite défendre, à savoir la séparation comptable des
branches. En effet, il n'est pas possible de déterminer dans le
" stock " de dettes géré par la CADES la part incombant
aux déficits de la branche maladie ou à ceux de la branche
famille, etc. Affecter les excédents de la branche famille au
désendettement reviendrait à faire supporter à la branche
famille les dérapages de dépenses de santé des
années antérieures.
2- La proposition de Mme Martine Aubry
Mme la ministre de l'emploi et de la solidarité a évoqué
la possibilité d'une affectation au fonds de réserve des
excédents dégagés dans l'avenir par les régimes de
sécurité sociale
89(
*
)
.
Cette proposition remet en cause la séparation comptable des
branches.
D'autres organismes de la sécurité sociale peuvent avoir des
excédents. C'est le cas du Fonds de solidarité vieillesse (FSV).
En revanche, il est absurde de prévoir une affectation des
" excédents " de la CADES
90(
*
)
.
Il est dans la nature même de la CADES de faire des
" excédents ", puisque ce sont ces deniers qui permettent de
rembourser la dette sociale, jusqu'en 2009 pour les 110 milliards de francs de
dette reprise à l'Etat, jusqu'en 2014 pour les 224 milliards de francs
correspondant aux déficits 1994, 1995, 1996, 1997 et 1998.
•
L'existence d'excédents a une signification variable
suivant les branches
La question de l'affectation des excédents comptables doit être
distinguée de celle des excédents durables de trésorerie.
La remarque de la Cour des comptes visant à interdire une gestion
séparée des excédents de trésorerie d'une branche
par rapport à une autre mérite examen dans le cadre des
économies d'échelle résultant de la gestion unique de
trésorerie du régime général. Sur la proposition
conjointe de la commission des Affaires culturelles, familiales et sociales et
de la commission des Finances de l'Assemblée nationale, un amendement a
été voté par l'Assemblée nationale supprimant cette
possibilité des branches de placer leurs excédents de
trésorerie. Toutefois, cette mesure est prématurée dans le
contexte actuel et ne règle pas la question des excédents
comptables.
A court terme, il est prématuré de prévoir l'affectation
des excédents comptables de telle ou telle branche. Les excédents
éventuellement réalisés en 1999 -une moindre croissance
pouvant transformer l'excédent de la branche famille en simple
équilibre- permettront d'améliorer le fonds de roulement de ces
branches, et de diminuer les charges de trésorerie sur l'année
2000. Il est également nécessaire d'absorber le déficit
supplémentaire de 1998 (1,3 milliard de francs).
Il reste à déterminer
la signification d'excédents pour
les branches du régime général à moyen et long
terme
.
Pour la branche famille, comme pour la branche maladie et pour la branche
accidents du travail, ces excédents n'ont aucun sens. Ils
résultent d'une progression plus favorable des recettes par rapport
à celle des dépenses. Leur but ne peut pas être de
constituer des " réserves pour l'avenir ". Il n'est pas non
plus souhaitable d'aligner la progression des dépenses sur celle des
recettes : c'est le meilleur moyen de créer, en cas de retournement
brutal de conjoncture, des déficits nouveaux. La seule solution est
celle d'une diminution des recettes. Le Gouvernement a choisi timidement cette
voie pour la branche accidents du travail en 1999 (diminution du taux de
cotisation).
Pour la branche vieillesse, la constitution de réserves a un
véritable sens, dans le cadre de la répartition
provisionnée. Malheureusement, la branche vieillesse est en
déficit structurel sur les années 1999-2000-2001.
La seule solution respectant la séparation comptable des branches serait
à moyen terme de
réaffecter le financement
, à taux
de prélèvements obligatoires inchangés.
C. LES ORIENTATIONS DE VOTRE COMMISSION DES AFFAIRES SOCIALES
Face
à ce constat, et tout en considérant que le Parlement devra
tôt ou tard revoir la copie du projet de loi de financement pour 1999, la
commission avance un certain nombre de propositions qui seront
développées dans les trois rapports sectoriels (assurance
maladie, famille et assurance vieillesse).
•
Pour l'utilisation des marges disponibles à
l'adaptation de l'offre de soins
La commission estime, comme le Conseil d'administration de la CNAMTS, qu'il
convient d'utiliser les marges disponibles pour adapter l'offre de soins,
plutôt que de se contenter d'accompagner l'évolution des
dépenses. Aussi, propose-t-elle de réduire d'un milliard de
francs le montant de l'ONDAM, et d'affecter ces crédits à
l'accompagnement social des opérations de restructuration
hospitalières.
Par ailleurs, inquiète des annonces gouvernementales en la
matière, la commission a choisi de déterminer, pour cette
année, dans la loi le numerus clausus des médecins : il sera
fixé au même niveau qu'en 1998.
•
Pour la mise en place de mécanismes de régulation des
dépenses simples, médicalisés et efficaces
En matière de
régulation des dépenses
médicales
, le dispositif de reversements en vigueur, issu des
ordonnances Juppé, posait problème. Alors que le Gouvernement
souhaite aller jusqu'au bout de la régulation comptable et collective
que ce dispositif comportait, la commission propose au contraire d'aller
jusqu'au bout de l'individualisation de la responsabilité des
médecins à laquelle il faisait aussi appel.
Ainsi, tirant les leçons du passé, elle veut instituer un
mécanisme simple, médicalisé et efficace de maîtrise
des dépenses. Collectivement organisé par les partenaires
conventionnels, il laisse les médecins maîtres de
déterminer les conditions d'exercice de leur responsabilité
individuelle.
Garantissant le respect des objectifs tout en organisant l'amélioration
des pratiques médicales individuelles et collectives, il répond
au double souci de favoriser la qualité des soins dont
bénéficient les français et d'en limiter le coût.
Il tourne le dos aux usines à gaz comptables inventées par le
projet de loi.
Très attachée à améliorer les conditions de la
maîtrise des dépenses pharmaceutiques
et le bon usage des
médicaments dans des conditions compatibles avec le développement
industriel, de la recherche et de l'emploi, la commission refuse
d'entériner la mort de la politique conventionnelle du médicament
inscrite dans le projet de loi. Elle veut au contraire améliorer cette
politique conventionnelle en renforçant ses exigences pour les
laboratoires dans le cadre d'un objectif opposable de dépenses
pharmaceutiques défini annuellement par le gouvernement en fonction de
l'ONDAM.
Elle ne rejette pas le principe de la taxation proposée par le projet de
loi, ni son assiette, ni son taux, mais veut en faire un instrument
encourageant les entreprises à accepter une régulation
conventionnelle sérieuse.
•
Pour un projet cohérent et complet sur les
retraites
Ayant pris acte de la mesure " symbolique " que constitue la
création d'un fonds de réserve pour les retraites par
répartition, la commission juge inutile de " faire semblant ",
comme le fait le projet de loi, d'attribuer à ce fonds un embryon de
ressources, de peaufiner la composition d'un Comité de surveillance ou
de préciser les régimes bénéficiaires.
Alors même que restent parfaitement indéterminés à
la fois la nature des " vraies " ressources qui l'alimenteront et qui
devront se chiffrer en centaines de milliards de francs, l'affectation de ces
fonds, leur mode et leur horizon de placement ou enfin les modalités de
gestion qui devront être cohérentes tant avec l'origine des
ressources qu'avec l'objectif des emplois.
En revanche, elle considère que la mise en place d'un tel fonds de
réserve relève, à l'évidence, d'un
texte
d'ensemble, cohérent et complet
, incluant des mesures permettant de
faire cesser les déficits d'aujourd'hui, de clarifier la situation des
régimes spéciaux et de définir un véritable
régime des fonctionnaires de l'Etat.
•
Pour un traitement équitable de la branche famille
La commission estime que la situation financière excédentaire de
la branche famille ne justifie aucunement de nouvelles économies :
elle rejette en conséquence le décalage de la majoration
d'âge pour les allocations familiales qui n'a aucun fondement au regard
des objectifs de la politique familiale.
Afin de souligner
le poids des charges indues
pesant sur la branche
famille au titre des prestations qu'elle gère pour le compte de l'Etat,
la commission propose un abattement d'un milliard de francs sur les frais de
gestion de la CNAF au titre de la gestion et du contrôle du RMI.
•
Pour l'affirmation sans ambiguïté de la compensation
intégrale des exonérations de cotisations
La commission propose de réaffirmer solennellement le principe,
posé par la loi du 25 juillet 1994, de la compensation intégrale
pour la sécurité sociale des exonérations de charges
sociales postérieures à cette loi. Ce principe est l'un des
fondements de la clarification indispensable des relations et des
responsabilités entre l'Etat et les régimes sociaux.
La commission s'oppose à la remise en cause de ce principe
, que
ce soit pour :
- les exonérations de cotisations dans le cadre d'incitation
à la réduction du temps de travail, au nom d'une prétendue
" neutralité " de la mesure ;
- les dispositifs, antérieurs à 1994 et donc non
compensés, que le Gouvernement proroge au-delà de leur
échéance en les modifiant, telle l'exonération des charges
liée à l'embauche d'un premier salarié ; la commission
estime qu'il y a novation juridique et donc compensation intégrale de
ces nouvelles exonérations en application de la loi de 1994 ;
- les dispositifs, également antérieurs à la loi de
1994, dont le taux d'exonération est fortement majoré, telle
l'exonération portée de 30 % à 100 % pour les
associations d'aide à domicile ; la commission considère qu'elles
doivent être compensées à hauteur de la majoration du taux
d'exonération.
•
Pour une vraie taxe de santé publique sur les tabacs
Attachée aux objectifs de la politique de santé publique, la
commission propose de convertir la majoration du taux de la taxe sur les
tabacs, introduite par l'Assemblée nationale, mais, en l'état,
sans affectation précise sinon au " pot commun " du budget
général, en une " taxe de santé publique "
directement affectée à la CNAM.
•
Pour un projet de loi de financement rectificatif tirant les
conséquences d'un projet initial incertain
La commission des Affaires sociales considère que le Gouvernement,
conformément à la loi organique, serait bien inspiré de
soumettre au Parlement, à la fin du printemps, un projet de loi de
financement rectificatif de la sécurité sociale pour 1999 :
- tirant, d'une part, les conséquences sur les équilibres de
la sécurité sociale des réformes urgentes que le
Gouvernement renvoie au premier semestre de l'année prochaine :
mesures structurelles indispensables dans le domaine des retraites dont la
commission considère qu'elles doivent intervenir dès le
début de 1999, projet de loi instituant une couverture maladie
universelle dont le dépôt doit intervenir avant la fin de
l'année, réforme de l'assiette des cotisations employeurs sur
laquelle le Gouvernement annonce qu'il arrêtera sa position dans les
semaines qui viennent ;
- faisant le point, d'autre part, sur l'évolution des
dépenses et des recettes au vu, notamment, de l'évolution de la
conjoncture ; la commission considère qu'il ne serait guère
acceptable qu'une nouvelle fois le Parlement ne soit saisi d'une dérive
des comptes qu'à l'occasion de la seule ratification en fin
d'année d'un décret majorant le plafond de recours à
l'emprunt par les régimes de sécurité sociale.
•
Pour une réflexion sur l'évolution des lois de
financement
Abordant l'examen de la troisième loi de financement depuis la
réforme constitutionnelle de 1996, la commission constate que cette
réforme constitue un progrès considérable et l'amorce
d'une évolution profonde ; elle constate également que cet
instrument est perfectible. Elle entend, en conséquence, constituer un
groupe de travail chargé de proposer une amélioration de la
présentation des lois de financement et, au-delà d'une
multiplication vaine des annexes, de la qualité et de la
cohérence des informations fournies au Parlement.
Cette réflexion, à laquelle la commission entend associer
étroitement l'ensemble des acteurs de la loi de financement, conduira au
dépôt d'une proposition de loi.
DEUXIÈME PARTIE
-
ASSURANCE
MALADIE
Après les bons résultats de 1997 qui sont
à
inscrire à l'actif de la réforme Juppé, l'ONDAM 1998,
pourtant peu rigoureux, ne sera pas respecté.
Il faut voir dans cet échec les effets de l'immobilisme du Gouvernement
en matière de santé et d'assurance maladie, que votre rapporteur
avait dénoncé lors de l'examen du projet de loi de financement de
la sécurité sociale pour 1998.
Il est en effet regrettable que les premières décisions du
Gouvernement, entré en fonctions au printemps 1997, aient
été prises au mois de juillet 1998.
Il est également regrettable que ces décisions se soient
résumées à des pénalités financières
infligées aux professionnels et aux industriels de santé,
sanctionnant un dérapage des dépenses que, par son abstention,
voire par certaines déclarations ministérielles, le Gouvernement
avait contribué à favoriser.
Il est enfin regrettable que ces décisions aient été
prises par le seul Gouvernement, qui a ainsi placé l'assurance maladie
devant le fait accompli, et l'a mise dans une position délicate face aux
professionnels de santé.
Pour 1999, le projet de loi de financement présente deux
caractéristiques majeures :
- pour la médecine de ville et le secteur pharmaceutique, il se
résume, dans une large mesure, à la définition de
contributions à la charge des professionnels et des
établissements, véritables " usines à gaz "
instituant une maîtrise purement comptable des dépenses ;
- il est totalement muet en ce qui concerne l'hôpital. Le
Gouvernement ne donne aucune impulsion particulière pour
accélérer la mise en place des outils prévus par les
ordonnances, qu'il ne conteste pourtant pas, et choisit des orientations
financières peu incitatives à l'adaptation du tissu
hospitalier.
I. LES SEULES DÉCISIONS IMPORTANTES DU GOUVERNEMENT EN 1998 : DES PÉNALITÉS FINANCIÈRES POUR LES PROFESSIONNELS DE SANTÉ, SANCTIONS DE SON PROPRE IMMOBILISME
L'an
dernier, dans son rapport sur le projet de loi de financement de la
sécurité sociale, votre commission avait dénoncé le
relâchement de la politique de maîtrise des dépenses de
l'assurance maladie, le Gouvernement se contentant de constater
l'évolution des dépenses plutôt que de chercher à la
maîtriser. Elle avait également critiqué l'attentisme dont
faisait preuve le Gouvernement dans la mise en oeuvre des réformes de la
sécurité sociale introduites par les ordonnances d'avril 1996 sur
l'hôpital et la médecine de ville.
Les résultats, malheureusement, ne se sont pas fait attendre.
L'année 1998 se caractérise en effet par un important
dérapage des dépenses : malgré les sanctions
financières prises au mois de juillet, il est à craindre que
l'ONDAM 1998 ne soit pas respecté.
A. L'OBJECTIF 1997, POURTANT RIGOUREUX, A ÉTÉ RESPECTÉ
L'ONDAM
1997 avait été fixé à 600,2 milliards de
francs par la première loi de financement de la sécurité
sociale, en progression de 1,7 % par rapport à 1996. Il avait
été réparti en fixant un taux d'évolution identique
aux dépenses des médecins, des hôpitaux et des cliniques :
seul le secteur médico-social s'était vu autoriser une
progression supérieure. Selon la Commission des comptes de la
sécurité sociale, cet objectif a été
respecté, le taux d'évolution des dépenses n'ayant
été que d'1,5 % par rapport aux réalisations de
l'année 1996.
Les
dépenses des médecins généralistes
ont
très faiblement progressé et sont demeurées en
deçà du montant des dépenses autorisées, avec un
écart de 565 millions de francs. Cette somme a donc fait l'objet
d'un reversement aux médecins, d'un montant de 9.000 francs par
médecin, au printemps de l'année 1998. Le respect de l'objectif
s'est également traduit par une revalorisation tarifaire du C intervenue
au mois d'avril 1998.
L'objectif de
dépenses des médecins spécialistes
,
cependant, n'a pas pu être respecté, ni pour les honoraires
(+ 1,8 % réalisé pour 1,4 % autorisé), ni
pour les prescriptions (+ 1,2 % réalisé pour 0,5 %
autorisé). Les médecins spécialistes ont choisi de ne pas
reverser une somme correspondant à la fraction de l'écart total
prévue par la réglementation (140 millions de francs au
titre des honoraires et 10 millions de francs à celui des
prescriptions ; ils ont préféré que leur objectif de
dépenses pour 1998 soit réduit de cette somme.
Les
établissements de santé sous dotation globale
, dont
l'objectif 1997 s'élevait à 233 milliards de francs ont, à
160 millions de francs près, respecté leur objectif.
L'objectif de
dépenses du secteur médico-social
a
été dépassé de 200 millions de francs. En
revanche, les
dépenses des cliniques privées
(40,6 milliards de francs) ont été inférieures
d'1,3 milliard de francs à l'objectif.
ONDAM
Objectif et réalisations 1997
milliards de francs |
1996
|
1997
|
1997
|
Evolution 97/96 |
Objectif national hors marge de manoeuvre |
590,4 |
600,0 |
599,5 |
1,5 % |
I. Métropole |
577,3 |
586,8 |
585,9 |
1,5 % |
I.1. Soins de ville |
256,6 |
261,8 |
261,3 |
1,8 % |
I.2. Versements aux établissements |
320,7 |
325,0 |
324,6 |
1,2 % |
I.2.1. Etablissements sanitaires |
243,0 |
242,8 |
243,5 |
0,2 % |
I.2.1.1. Etablissements sanitaires sous DG |
230,9 |
233,2 |
233,4 |
1,1 % |
I.2.1.2. Autres établissements sanitaires |
11,3 |
8,9 |
9,5 |
ns |
I.2.1.3. Honoraires du secteur public |
0,7 |
0,7 |
0,6 |
ns |
I.2.2. Médico-social |
39,3 |
40,2 |
40,4 |
2,8 % |
I.2.2.1. Médico-social (E.I. - A.H.) |
27,0 |
27,3 |
27,5 |
1,9 % |
I.2.2.1. Médico-social (personnes âgées) |
12,4 |
12,9 |
13,0 |
4,6 % |
I.2.3. Cliniques privées |
38,4 |
41,9 |
40,6 |
5,9 % |
II. Ressortissants français à l'étranger |
0,9 |
0,8 |
0,9 |
1,9 % |
III. Prestations DOM |
12,3 |
12,4 |
12,7 |
3,2 % |
Marge de manoeuvre résiduelle |
0,0 |
0,2 |
0,0 |
|
Objectif national |
590,4 |
600,2 |
599,5 |
1,5 % |
Source : direction de la sécurité sociale (DEFF-BES)
B. LA DÉCLINAISON D'UN OBJECTIF 1998 PLUS GÉNÉREUX
L'objectif national de dépenses de l'assurance maladie a été fixé, par la loi de financement de la sécurité sociale, à 613,8 milliards de francs, soit une progression de 2,27 % par rapport à l'objectif 1997 qui a été respecté : il s'agissait donc d'une progression " nette " autorisée, à la différence du scénario attendu pour 1999.
1. Un préalable à la répartition de l'ONDAM 1998 : les corrections apportées à l'ONDAM 1997
Tant
pour apprécier la réalisation de l'ONDAM 1997 que pour cadrer
l'ONDAM 1998, les chiffres de 1997 ont fait l'objet d'un retraitement
justifié par l'évolution des règles relatives aux
dépenses et à leur suivi : les objectifs de dépenses 1998
devaient en effet être calculés, non par rapport aux
dépenses réellement réalisées, mais par rapport
à l'ONDAM 1997.
Ce rebasage a concerné tous les postes de dépenses. Il s'est
traduit par :
- la prise en compte des conséquences du basculement des anciens
établissements à prix de journée préfectoral sous
régime contractuel, à la suite des ordonnances d'avril 1997 ;
- le rebasage prévu par l'accord tripartite entre l'Etat,
l'assurance maladie et les cliniques privées ;
- la mise en conformité du périmètre des statistiques
avec les champs des objectifs de dépenses des médecins. En
particulier, les dépenses relatives aux prothèses internes, qui
avaient été comptabilisées à tort dans les
statistiques 1996, ont été retirées en 1997. De
même, le système statistique actuel n'ayant qu'imparfaitement
permis d'isoler les dépenses d'antirétroviraux des statistiques
de suivi, les dépenses retenues pour le constat ont été
minorées d'un montant équivalent à l'estimation que l'on
pouvait faire des dépenses d'antirétroviraux liquidées
comme celles de médicaments ordinaires ;
- la prise en compte de l'incidence des règles de ventilation
statistique et de l'amélioration de la qualité des
données. En effet, les prescriptions dont le prescripteur n'est pas
codé sont ventilées selon des règles qui diffèrent
d'un régime à l'autre, et qui peuvent avoir une incidence sur le
taux d'évolution des dépenses lorsque la masse des prestations
non ventilées décroît, ce qui a été le cas en
1997. Ces améliorations statistiques ont permis de mieux rendre compte
de la réalité des faits.
Enfin, conformément aux engagements pris dans l'avenant à la
Convention d'objectif et de gestion, l'impact des décisions de l'Etat
survenant en cours d'année et susceptibles d'augmenter les
dépenses médicales a été neutralisé : les
dépenses observées ont été minorées de
50 millions de francs pour tenir compte des conséquences de la
modification transitoire du mode de calcul de la marge des officines et de
l'autorisation qui a été accordée aux industriels
d'écouler leurs stocks de médicaments
revignettés.
2. La définition de l'objectif de soins de ville
A la
suite de la publication de la loi de financement pour 1998, un avenant à
la convention entre l'Etat et la CNAMTS a, conformément aux dispositions
de l'article L. 227-1 du code de la sécurité sociale,
défini l'objectif soins de ville, qui comprend, pour les risques
maladie, maternité, invalidité et accidents du travail :
- la rémunération des soins dispensés en cabinet de
ville ou en établissements privés par les professions
médicales, les auxiliaires médicaux, les directeurs de
laboratoires, ainsi que ceux délivrés par les praticiens
exerçant à l'hôpital public ;
- les dépenses résultant de l'exécution des
prescriptions des professions médicales délivrées en ville
;
- les prestations en espèces, à l'exclusion des
indemnités journalières maternité et des rentes d'accident
du travail ;
- et les forfaits scanners et IRM exécutés en ville.
Le montant de cet objectif a été fixé à
267,5 milliards de francs pour l'ensemble des régimes d'assurance
maladie. L'avenant annuel précise que le suivi de sa réalisation
sera effectué à partir des résultats de la CNAMTS, de la
MSA, de la CNMSS, du régime des mines et de celui de la SNCF, dont les
dépenses de soins de ville représentent 98 % des
dépenses tous régimes.
L'Etat et la CNAMTS ont prévu que, si des décisions
étaient prises, en cours d'année, par les pouvoirs publics pour
des raisons de santé publique graves et imprévues, il pourrait
être procédé à leur évaluation et, le cas
échéant, à une modification de l'avenant.
a) L'objectif de dépenses médicales
Le
périmètre de cet objectif a été défini par
l'annexe annuelle à la convention d'objectifs et de gestion.
Il comprend les dépenses suivantes :
ANNEXE
A L'AVENANT ANNUEL
DE LA CONVENTION D'OBJECTIFS ET DE GESTION
Le
champ de l'objectif de dépenses médicales
1.
Il concerne les dépenses présentées au
remboursement hors dépassement engendrées par l'activité
des médecins libéraux, pour tous les régimes et pour les
trois risques (maladie, maternité, accidents du travail).
Ces dépenses sont ventilées en honoraires et prescriptions des
généralistes, honoraires et prescriptions des spécialistes.
Les forfaits scanner et IRM sont inclus dans les honoraires des médecins
spécialistes.
La population de médecins libéraux est constituée des
médecins exerçant libéralement :
- soit à leur cabinet ou au domicile du malade,
- soit dans des établissements d'hospitalisation privée,
- soit à l'hôpital pour ceux qui disposent d'un secteur
privé à l'hôpital.
2. L'objectif des dépenses médicales ne concernant que
les médecins libéraux, un certain nombre de dépenses sont
exclues du champ :
- Les dépenses correspondant à des honoraires et des
prescriptions qui ne sont pas liées à l'activité des
médecins libéraux : honoraires et prescriptions des sages-femmes,
des dentistes et des médecins exerçant en centres de
santé,
prescriptions des médecins hospitaliers publics.
- Les dépenses prises en charge par des associations :
. forfaits de soins à domicile,
. forfaits de soins courants et de sections de cure médicale
des
établissements pour personnes âgées,
. dotations de soins de long séjour,
. forfaits de réadaptation fonctionnelle,
. forfaits de dialyse à domicile,
. insuffisance respiratoire chronique gérée par les
associations.
- Les dépenses n'engageant pas la responsabilité des
médecins libéraux :
. les prestations en espèces maternité,
. les rentes accidents du travail.
- Les dépenses résultant de la prescription par les
médecins libéraux des médicaments antirétroviraux,
des médicaments visés à l'article 1.2 du présent
avenant (médicaments actuellement réservés à
l'usage hospitalier dont le statut pourrait être modifié en cours
d'année), des prothèses internes et des produits d'origine
humaine.
3. Les postes statistiques concernés par le champ défini
ci-dessus sont donc, pour les trois risques (maladie, maternité,
accident du travail) :
- HONORAIRES
. consultations
. visites
. actes en K, KE
. actes en KC, KCC (à compter de son entrée en vigueur) et
forfaits chirurgie
. actes en SPM
. actes en Z, ZN
. actes en P
. honoraires de surveillance
. forfaits d'accouchement
. frais de déplacement des médecins
. forfaits thermaux
. autres honoraires
. forfaits scanner
. forfaits IRM
. rémunération forfaitaire annuelle au titre du
médecin référent
- PRESCRIPTIONS
. actes en SFI
. frais de déplacement des sages-femmes
. actes en AMI, AIS
. actes en AMC, AMK
. actes en AMO, AMY, AMP
. frais de déplacements des auxiliaires médicaux
. médicaments
91(
*
)
. actes en B
. actes en KB, PB, TB
. TIPS, dont :
- accessoires et pansements
- optique
- orthopédie
. cures thermales
. frais de transport des malades
. indemnités journalières maladie et accidents du travail
Sera également incluse dans le champ défini ci-dessus, toute
nouvelle lettre-clé (ou tout autre mode de rémunération)
qui serait le cas échéant créée au cours de
l'année 1998.
L'Etat et la CNAMTS sont convenus que les médicaments
antirétroviraux et les médicaments réservés
à l'usage hospitalier, mais dont le statut pourrait changer en 1998, qui
n'entrent pas dans le périmètre de l'objectif, feront l'objet
d'un suivi spécifique de façon à pouvoir déduire
les dépenses y afférent du montant des dépenses
médicales 1998.
Le montant de l'objectif des dépenses médicales a ensuite
été établi par les dispositions conventionnelles relatives
aux médecins généralistes et aux médecins
spécialistes.
Elles ont respectivement prévu :
|
Dépenses remboursables |
Taux de remboursement |
Dépenses remboursées |
||
|
Objectif 1997 " rebasé " |
Evolution 1998/1997 |
Objectif 1998 |
|
Objectif 1998 |
Omnipraticiens |
180.456 |
1,8 % |
183.704 |
0,780.047 |
143.375 |
Honoraires |
36.729 |
1,8 % |
37.391
|
0,76.941 |
28.769
|
Prescriptions |
143.727 |
1,8 % |
146.313 |
0,78.329 |
114.606 |
Spécialistes |
81.205 |
1,6 % |
82.517 |
0,83.245 |
68.691 |
Honoraires |
49.352 |
1,6 % |
50.149
|
0,84.272 |
42.262
|
Prescriptions |
31.852 |
1,6 % |
32.368 |
0,81.653 |
26.429 |
Si
l'objectif applicable aux médecins spécialistes a
été calculé sur une base de progression de 1,8 %, il a
ensuite été réduit du montant du reversement au titre de
1997 : il a donc été fixé à 1,6 %.
Le règlement conventionnel applicable aux médecins en l'absence
de convention médicale, pris par arrêté du 10 juillet 1998,
n'a pas modifié les objectifs des médecins
généralistes et spécialistes à la suite de
l'annulation des deux conventions médicales par le Conseil
d'Etat.
b) Les autres dépenses des soins de ville
Ainsi
que l'indique l'annexe b au présent projet de loi, ces autres
dépenses, qui s'élèvent à 55,4 milliards de
francs, comprennent essentiellement :
- les soins dentaires et les honoraires des sages-femmes, encadrés
par deux objectifs nationaux prévisionnels ;
- les prescriptions exécutées en ville mais prescrites par
d'autres prescripteurs que les médecins libéraux (essentiellement
les médecins hospitaliers). Ces prestations sont, pour partie,
encadrées par les objectifs quantifiés nationaux s'imposant aux
professionnels prescrits (infirmières,
masseurs-kinésithérapeutes, orthoptistes, orthophonistes,
biologie, transports).
En fait, les parties conventionnelles n'ont, pour la plupart des professions,
pas fixé d'objectif pour 1998.
Il s'agit notamment :
- des chirurgiens-dentistes ;
- des infirmières,
- des masseurs-kinésithérapeutes,
- des orthophonistes.
3. Le montant des dépenses autorisées des établissements de santé financés par dotation globale
L'article L. 174-1 du code de la sécurité
sociale
prévoit que sont financés par dotation globale :
- les établissements publics de santé ;
- les établissements de santé privés à but non
lucratif admis à participer à l'exécution du service
public hospitalier ;
- les établissements de santé à but non lucratif
ayant opté pour ce mode de financement.
a) L'encadrement national des dépenses
L'article L. 174-1-1 du code de la sécurité
sociale dispose que, chaque année, les ministres de la santé, de
la sécurité sociale, du budget et de l'économie
déterminent, en fonction de l'ONDAM voté par le Parlement :
- l'objectif provisionnel de dépenses des établissements
visés à l'article L. 174-1 ;
- et, corrélativement, le montant total annuel des dépenses
hospitalières prises en compte pour le calcul de la dotation globale et
des tarifs de prestations de ces établissements.
Est en effet encadré un montant global correspondant à l'ensemble
constitué par la dotation globale et les produits de l'activité
hospitalière (tickets modérateurs, forfaits journaliers, etc.).
Tableau de passage des versements de l'assurance maladie
(ONDAM)
aux dépenses hospitalières
autorisées
|
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Dépenses d'assurance maladie |
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Dépenses hospitalières encadrées* |
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Parlement |
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Objectif
national de dépenses d'assurance maladie
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Ministère |
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Objectif
prévisionnel d'évolution des dépenses des
établissements prises en charge par l'AM (versements sous forme de DG)
:
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Montant
total annuel des dépenses hospitalières (prises en compte pour le
calcul de la DGF et des tarifs)
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Répartition en dotations régionales |
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A R H |
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Arrêté fixant le montant de la dotation globale annuelle et les tarifs de prestations |
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Ventilation de la dotation régionale entre les établissements |
Estimation de la structure des recettes
* Dépenses encadrées : total classe 6 - recettes issues des
activités subsidiaires.
Ainsi, un arrêté du 6 janvier 1998 a fixé à
238,3 milliards de francs (+ 2,2 %) l'objectif
prévisionnel des dépenses d'assurance maladie (résultant
de l'ONDAM), et à 253,3 milliards de francs (+ 2 %) le
montant total des dépenses encadrées prises en compte pour le
calcul de la dotation globale.
b) Les dotations régionalisées
Puis une
circulaire du 16 décembre 1997 a délégué aux
directeurs d'agences régionales de l'hospitalisation les dotations
régionalisées, déterminées en fonction du taux
d'évolution de 2 %.
Ce taux se décompose en :
0,59 % de mesures nationales, constituées essentiellement par
la mise en oeuvre de l'accord salarial dit " Zucarelli " dans la
fonction publique hospitalière ;
1,41 % d'évolution des dotations régionalisées.
Ce taux couvre la reconduction des moyens et le financement de mesures
spécifiques, telles que :
- le basculement de la cotisation maladie sur la CSG ;
- le recrutement d'emplois-jeunes ;
- le recrutement de praticiens adjoints contractuels ;
- le plan de lutte contre les infections nosocomiales ;
- le développement de la formation médicale continue.
Selon la circulaire du 16 décembre précitée, les
dotations régionalisées ont été réparties en
fonction de deux critères :
- un critère de besoins théoriques fondé sur les taux
de recours à l'hospitalisation appelé critère de la
" population hospitalisable " ;
- un critère d'efficience économique mesuré à
travers la valeur moyenne du point ISA produite par le programme de
médicalisation des systèmes d'information (PMSI).
Selon ladite circulaire,
" pour chaque région est
calculée une dotation cible. Cette cible est établie, pour les
activités de médecine, chirurgie et obstétrique hors
enseignement et recherche (MCO), pour moitié à partir du premier
critère, la valeur du ratio " dépenses hospitalières
par habitant hospitalisable dans le secteur public " et pour moitié
à partir du second critère, la valeur moyenne nationale du point
ISA. S'agissant des activités " hors MCO " (soins de suite,
psychiatrie, sujétions particulières comme le SMUR ou les
écoles, activité d'enseignement et de recherche), la cible est
calculée entièrement à partir de la valeur moyenne
nationale du ratio " dépenses hospitalières par habitant
hospitalisable dans le secteur public ".
" Les données 1996 sur les valeurs de point ISA ont
été utilisées pour le calcul de la
péréquation. La durée théorique de
résorption complète des inégalités de ressources,
sur la base de ce modèle, a été fixée à
16 ans.
" Les données relatives à la population hospitalisable
tiennent compte des dernières données démographiques
disponibles, c'est-à-dire les estimations démographiques
réalisées par l'INSEE pour 1995 et les enquêtes de
morbidité de 1990 et 1993. D'autre part, elles intègrent les
patients hospitalisés pour une durée inférieure à
24 heures, pour une IVG ou une séance de dialyse, ainsi qu'en soins
de suite et de réadaptation.
" Le ratio " population hospitalisable " pour la part
correspondant au secteur public est ensuite déterminé en deux
temps. Dans un premier temps, est calculée une population hospitalisable
de la région, au vu de la taille et de la structure de sa population, et
du recours aux soins hospitaliers observé au niveau national pour chaque
tranche d'âge. Dans un deuxième temps, la population
hospitalisable régionale est répartie entre le secteur public
(établissements publics, privés participant au service public
hospitalier et anciens prix de journée préfectoraux basculant en
financement par dotation globale) et le secteur privé (les autres
établissements) dans l'attente des résultats du PMSI sur le
secteur privé. La répartition s'effectue au prorata du nombre
d'entrées observées dans la région dans les
établissements des deux secteurs.
" Par ailleurs, en réponse aux observations formulées
notamment par le Haut Comité de la Santé Publique, il a
été tenu compte pour la première fois des patients
soignés résidant dans une autre région. Toutefois, seule
une partie des flux de patients entre régions peut être
considérée comme légitime au regard de
considérations géographiques (bassins de population),
économiques (production de soins hospitaliers à moindre
coût) ou d'organisation hospitalière (recours à des
spécialités très coûteuses et nécessitant une
qualification particulière). Le calcul des dotations cibles prend donc
en compte la moitié de ces flux, tels qu'ils ressortent de l'application
Pampers de la CNAMTS (Caisse nationale de l'assurance maladie des travailleurs
salariés). Les dotations régionales de dépenses
hospitalières pour 1998 permettent ainsi de financer des soins à
la population effectivement accueillie par les établissements de
santé de la région. "
Afin de permettre une adaptation progressive des structures
hospitalières des régions qui apparaissent comme les mieux
dotées, un niveau minimum d'évolution des dotations
régionalisées a été fixé à
0,35 %, règle dont ont bénéficié les
régions Ile-de-France et Corse.
Les taux d'évolution des dotations régionales, aux termes de la
circulaire du 7 janvier 1998 qui les a notifiés à titre
définitif, ont été fixés entre 0,35 %
(Ile-de-France et Corse) et 2,55 % (Poitou-Charentes) pour la
métropole, soit une moyenne de 1,41 %.
Les départements d'outre-mer ont bénéficié de
progressions beaucoup plus significatives, entre 2,61 % pour la Martinique
et 3,06 % pour la Guyane.
Au total (métropole + DOM), le taux moyen de progression des dotations a
été de 1,44 %.
c) La gestion de la dotation régionale et l'élaboration des budgets hospitaliers
La
circulaire du 16 décembre 1997 prévoit que "
les
règles de gestion de la dotation régionale, bien que reposant sur
le principe de l'annualité budgétaire, doivent s'inscrire dans
une perspective à moyen terme, à l'aide d'instruments, notamment
le PMSI, qu'il importe d'utiliser avec méthode
".
A l'opposé, la circulaire prévoit aussi un étalement
infra-annuel de l'allocation des ressources, en raison d'une
délégation, par l'administration centrale, en cours d'exercice,
de certaines dotations spécifiques. En effet, le coût de certaines
mesures nationales telles que la hausse des traitements de la fonction
publique, ne peut pas être connu
ex ante
.
On a donc :
- une dotation régionalisée, fixée par la circulaire ;
- une dotation régionale, qui est la somme de la dotation
régionalisée et des enveloppes correspondant aux mesures
nationales qui seront déléguées en cours d'année
(à hauteur de + 0,59 % en moyenne en 1999).
Parmi les outils dont disposent les directeurs d'agences pour répartir
leur dotation, le PMSI est utilisé depuis deux ans. La circulaire du
16 décembre précitée définit les
modalités de cette utilisation :
"
Le PMSI ne saurait être considéré, au regard de
l'objectif de correction des inégalités entre
établissements, comme un instrument exclusif dont la technicité
autoriserait une application universelle et mécanique pour la
détermination des budgets. Les informations fournies par le PMSI doivent
ainsi toujours être croisées avec d'autres données,
notamment celles issues de l'analyse budgétaire classique, sans omettre
des référents plus généraux que sont
l'activité et la place de l'établissement dans le secteur et la
région
.
" Par ailleurs, il y a lieu de tenir compte d'une marge d'incertitude
sur les valeurs du point ISA (indice synthétique d'activité)
pouvant résulter notamment des coefficients de variation des coûts
des groupes homogènes de malades (GHM) tels que les a calculés
l'étude nationale de coûts, aux contraintes de
l'établissement sur le plan architectural (structure pavillonnaire,
monobloc) ou au poids des charges fixes dans certains établissements
justifiant une analyse particulière (cas des charges sociales dans les
établissements privés). Il y a lieu d'être
particulièrement attentif aux causes d'une sous-activité
temporaire (due par exemple à une opération de restructuration)
se traduisant par une forte valeur du point ISA.
" Il convient également de porter attention au développement
de thérapies substitutives lourdes dans certains établissements
de santé (par exemple l'orthopédie au détriment de
l'arthroplastie ou la chirurgie cardiaque au détriment de la pose de
pacemakers) dont la finalité première serait de gonfler le nombre
de points ISA produits. De même, il convient de veiller à ce que
des activités comme la chirurgie ambulatoire ne voient pas leur
développement freiné, du fait d'une application
défavorable du critère PMSI. Des mécanismes correcteurs,
incitatifs au développement de ces activités, pourront
être, au cas par cas, contractualisés avec des
établissements ayant développé ce type d'activité.
L'orientation donnée aux dépenses devra ainsi répondre au
souci premier de satisfaire les besoins de santé. Il faut ainsi
préciser que la politique d'organisation des soins hospitaliers permet
de dégager trois priorités pour les prochaines années.
Elles concernent la chirurgie ambulatoire et les alternatives à
l'hospitalisation, la cancérologie et l'accueil des urgences.
" Une fois les inégalités de moyens clairement
identifiées, il convient cependant de se montrer constant, d'un exercice
à l'autre, dans l'application des mécanismes de correction
budgétaire. Il n'apparaît ainsi pas nécessaire de corriger,
chaque année, la position relative de chaque établissement au
gré des fluctuations marginales de sa valeur du point ISA, sauf si
celle-ci faisait apparaître des écarts importants résultant
d'une évolution significative des pathologies prises en charge.
" Il convient à cet égard de préciser que les
régions dont la valeur du point se révèle sensiblement
inférieure à la moyenne nationale, et qui sont donc normalement
appelées à bénéficier d'un
rééquilibrage favorable, ne sauraient se considérer comme
exonérées de l'exigence d'une répartition plus
équitable, au sein même de leur dotation, des ressources
financières entre les établissements, le principe de la
référence à l'efficience demeurant fondamental y compris
pour les régions moins bien dotées.
" Il faut cependant souligner que ce rééquilibrage des
ressources entre établissements ne saurait être l'objectif
exclusif de la gestion des dotations régionales. Les moyens
complémentaires alloués aux régions devront ainsi
être prioritairement affectés à la satisfaction des besoins
de santé de la population. L'emploi de ces crédits
complémentaires devra ainsi être soigneusement ciblé et
motivé
".
La gestion de ces éléments, par les directeurs d'agences
régionales, s'insère dans le calendrier d'élaboration des
budgets hospitaliers, qui est le suivant :
- au 30 juin, élaboration d'un rapport d'orientation ;
- avant le 15 octobre, délibération du conseil
d'administration sur le budget, présenté par groupes fonctionnels
;
- formulation des observations de l'autorité administrative
(directeur de l'agence régionale de l'hospitalisation) dans les
45 jours ;
- réponse de l'établissement aux observations du directeur
de l'agence régionale dans les 15 jours ;
- décision du directeur de l'agence régionale de
l'hospitalisation fixant définitivement le montant des autorisations de
dépenses et les prévisions de recettes dans un délai de
30 jours, à compter de la publication de la loi de financement de
la sécurité sociale.
En 1998, tous les budgets ont ainsi pu être approuvés avant le
23 janvier, laissant les hôpitaux fonctionner seulement pendant un
mois avec une dotation globale provisoire.
4. L'objectif quantifié national des cliniques privées
L'ordonnance n° 96-346 du 24 avril 1996 portant
réforme de l'hospitalisation publique et privée a apporté
une modification importante aux modalités de fixation de l'objectif
quantifié national (OQN) de l'hospitalisation privée.
D'une part, alors que le montant annuel des frais d'hospitalisation à la
charge de l'assurance maladie était, depuis la loi du 31 juillet
1991, défini par accord tripartite entre l'Etat, les caisses et les
fédérations des cliniques privées, il est désormais
fixé, en application de la loi de financement de la
sécurité sociale, par le Gouvernement. Pour 1998, il a
été fixé à 38,7 milliards de francs, soit une
progression de 1,85 % par rapport à l'objectif 1997.
Il faut ajouter à ce montant de dépenses celui des
établissements à prix de journée préfectoral
désormais dans le champ conventionnel, et les établissements ou
prestations hors OQN.
Au total, le montant autorisé des dépenses des cliniques a
été fixé, pour 1998, à 41,8 milliards de
francs.
Une seconde modification résulte de l'ordonnance du 24 avril
1996 : elle se traduit par une régionalisation très
progressive.
En 1998, elle a conduit à la détermination d'une enveloppe de
190 millions de francs prélevée sur l'OQN. Elle a
été décomposée en deux sous-ensembles :
- une enveloppe dite " efficience " d'un montant de
57 millions de francs, qui a pour objectif de tenir compte des premiers
résultats du PMSI privé pour rééquilibrer la
tarification des cliniques privées ;
- une enveloppe dite " contrats " dotée de
133 millions de francs destinée à financer les objectifs
prioritaires des contrats d'objectifs et de moyens qui seront conclus entre les
ARH et les cliniques avant le 31 décembre 1998.
Cette enveloppe constitue le moyen, pour les agences régionales de
l'hospitalisation, de pouvoir accompagner des opérations dans le secteur
privé s'inscrivant dans la logique de recomposition du tissu
hospitalier, et de mise en place de complémentarités, voire de
coopérations entre hospitalisation publique et hospitalisation
privée.
5. L'objectif de dépenses des établissements médico-sociaux
L'objectif de dépenses du secteur médico-social, qui ne s'intégrait pas encore, pour l'année 1998, dans un mécanisme de régulation des dépenses, a été fixé à 41,5 milliards de francs pour 1998. Cette augmentation correspond à une progression de 2,4 % pour les établissements hébergeant des personnes handicapées et de 4,7 % pour ceux qui accueillent des personnes âgées.
C. LE DÉRAPAGE DES DÉPENSES EN DÉBUT D'ANNÉE ET LES SANCTIONS FINANCIÈRES PRISES PAR LE GOUVERNEMENT
La dérive des dépenses de soins de ville, au premier trimestre, a servi de base aux premières décisions importantes du Gouvernement en matière d'assurance maladie depuis sa nomination. Elles se sont traduites par des sanctions financières ainsi, à la suite de l'annulation des conventions nationales des médecins, que par un règlement conventionnel minimal.
1. La forte augmentation des dépenses de soins de ville durant les quatre premiers mois de l'année
Les
chiffres fournis par la Direction des Statistiques et des Etudes de l'assurance
maladie au 15 juin 1998, ont montré une très forte
évolution des dépenses, incompatible en tendance avec le respect
de l'ONDAM 1998.
Pour l'ensemble des médecins libéraux, le total des
dépenses remboursables a en effet évolué de 3,7%.
Les dépenses remboursables des médecins
généralistes, en leur sein, ont progressé de 2,3 %,
avec une progression identique des honoraires et des prescriptions. L'analyse
de cette progression inférieure à la moyenne, doit cependant
tenir compte du fait que la revalorisation de 5 francs du C n'est intervenue
qu'au 1
er
avril 1998 et produira ses effets tout au long de
l'année.
Ce sont les dépenses des médecins spécialistes qui ont le
plus fortement progressé : + 6,9 % au total, soit
+ 4,8 % de progression des honoraires et + 10,1 % de
progression des prescriptions.
La hausse a été particulièrement élevée dans
certaines régions. Ainsi, le volume des prescriptions des
spécialistes a augmenté de 23 % dans les Pays de Loire et de
20 % en Basse-Normandie, contre 2,7 % en Ile-de-France et 3,2 %
en Languedoc Roussillon.
2. Des sanctions décidées unilatéralement par le Gouvernement
La publication de ces chiffres a donné lieu à des mesures concernant les chirurgiens-dentistes ainsi, le 6 juillet 1998, qu'à la présentation d'un plan d'économies d'environ 3 milliards de francs, l'essentiel (1,8 milliard de francs) étant à la charge des laboratoires pharmaceutiques.
a) Les chirurgiens-dentistes
Dès le 26 juin 1998, le Gouvernement a reporté,
par
arrêté, une mesure de revalorisation de la nomenclature de
chirurgie dentaire, pourtant prévue par l'arrêté
interministériel du 30 mai 1997.
En effet, la convention nationale des chirurgiens-dentistes, conclue le 18
avril 1997, et approuvée par cet arrêté, avait
décidé, outre la mise en oeuvre d'une politique de promotion du
dépistage et des soins précoces et la fixation d'honoraires de
référence pour les traitements prothétiques et
orthodontiques, une programmation de révision de la nomenclature.
Compte tenu du coût de cette révision, il a été
décidé que sa mise en oeuvre interviendrait en plusieurs phases.
Au mépris des engagements conventionnels, la date d'entrée en
vigueur d'une de ces phases a été reportée par le
Gouvernement
b) Les radiologues
Une
seconde mesure a concerné les radiologues. Le 11 août 1998, un
arrêté a ainsi baissé de 13,5 % la valeur de la
lette-clé Z1 (électroradio, gastro-entéro, onco-radio). Le
Gouvernement a annoncé qu'il entendait
" récupérer " 450 millions de francs et a donc
consenti à caractériser cette baisse de " temporaire ".
Pour autant, les modalités de suivi des effets de cette mesure n'ont pas
été définies : les radiologues n'ont donc aucune
garantie que, lorsque les 450 millions de francs auront été
récupérés, la lettre-clé Z1 sera à nouveau
évaluée à la hausse.
Cette mesure se caractérise par un profond arbitraire. En effet, s'il
est vrai que les dépenses en Z ont fortement progressé, elle fait
peser sur les seuls radiologues la charge du respect de l'objectif de
l'ensemble des médecins spécialistes. En outre, si l'objectif
pour 1998 était dépassé, les radiologues seraient
appelés, comme les autres médecins spécialistes, à
acquitter une sanction financière supplémentaire. Ils auraient
donc été sanctionnés deux fois, une fois pour ce qui les
concerne, et une seconde fois au titre du dépassement de l'ensemble des
médecins spécialistes.
c) L'industrie pharmaceutique
L'essentiel des économies annoncées par le
Gouvernement (1,8 milliard de francs) concerne l'industrie pharmaceutique.
Il convient à cet égard, d'observer que cette industrie, qui
représente environ
15 % des dépenses de l'assurance
maladie,
sera ainsi appelée à financer à hauteur des
2/3
le plan d'économies gouvernemental.
Les 1,8 milliards de francs attendus se répartissaient ainsi :
- application des engagements conventionnels prix/volume : 450 millions de francs |
- baisses de prix ou ristournes dans les classes à faible service médical rendu : 250 millions de francs |
- ristournes sur les antibiotiques et les antidépresseurs ainsi que dans d'autres classes à forte évolution : 1 milliard de francs |
- autres mesures (déremboursement du MAXEPA, modification du taux de remboursement de certains vasodilatateurs, baisse du prix des médicaments nouvellement inscrits au répertoire des génériques : 100 millions de francs |
Après le déremboursement du médicament
MAXEPA
(Laboratoires Pierre Fabre), le Gouvernement a pris un arrêté du 3
août 1998 diminuant de 65 % à 35 % le taux de
remboursement de 28 présentations de médicaments
vasodilatateurs.
Devant les réactions des professionnels s'indignant que de telles
mesures soient prises sans qu'ils aient été entendus par la
commission administrative compétente, un arrêté du
21 août 1998 a retiré l'arrêté
précédent.
Plusieurs autres arrêtés sont venus mettre en oeuvre une faible
partie des mesures annoncées :
- deux arrêtés du 23 juillet et du 7 août 1998 ont
tiré les conséquences des engagements prix/volumes ;
- deux arrêtés du 7 août et du 30 septembre 1998 sont
venus abaisser le prix de médicaments inscrits sur la liste des groupes
génériques.
L'essentiel des recettes attendues restant à récupérer, le
Gouvernement a inséré dans le projet de loi de financement, un
article 26 menaçant les industriels d'une taxe sur le chiffre d'affaires
au titre de l'année 1998.
Les laboratoires ayant accepté de signer des accords conventionnels, cet
article 26 a été retiré par le Gouvernement lors de
l'examen du projet de loi en première lecture à
l'Assemblée nationale.
3. L'assurance maladie placée devant le fait accompli
Conformément à la légitime
répartition
des rôles entre l'Etat et l'assurance maladie résultant des
ordonnances dites " Juppé ", il appartient au Gouvernement de
définir les orientations générales de la politique de
santé et d'assurance maladie, l'assurance maladie assurant la gestion
quotidienne du système.
Alors que ces orientations étaient attendues depuis son entrée en
fonctions, le Gouvernement est venu, avec le plan d'économies du mois de
juillet, intervenir dans la simple gestion de l'assurance maladie, la
plaçant ainsi dans une situation délicate vis-à-vis des
professionnels avec lesquels elle est appelée à négocier
des engagements conventionnels de maîtrise des dépenses.
Les décisions gouvernementales concernant les chirurgiens-dentistes ont
ainsi donné lieu à une vive réaction des caisses
d'assurance maladie, exprimée par une lettre des trois présidents
(CNAMTS, MSA, CANAM) à madame la ministre de l'emploi et de la
solidarité (8 octobre 1998).
Madame la Ministre,
Par un arrêté du 26 juin 1998, le Gouvernement a reporté la
mesure de revalorisation de la Nomenclature de chirurgie dentaire qui devait
entrer en vigueur le 1
er
juillet. Cette revalorisation,
prévue par l'arrêté interministériel du 30 mai 1997,
figurait pourtant au nombre des engagements de la Convention Nationale qui lie
la profession à l'assurance maladie, convention approuvée elle
aussi par arrêté interministériel du même jour.
Les caisses nationales avaient, à l'époque, regretté cette
décision, qui aboutissait à rompre unilatéralement un
accord conventionnel important, et surtout fragilisait ce très important
changement d'attitude de la profession, laquelle s'engageait enfin dans la voie
-vertueuse- d'une revalorisation des soins dentaires conservateurs, et d'une
maîtrise concomitante des dépassements tarifaires sur les actes
prothétiques.
Au mois de juin dernier, vous avez présenté cette mesure comme
conservatoire, et résultant de l'évolution de 5,5 % des
dépenses de chirurgie dentaire sur les cinq premiers mois de 1998, que
vous jugiez préoccupante.
A la vérité, cette tendance du début 1998 ne
dépassait que d'assez peu le taux de croissance de 4,2 % qui avait
été anticipé et souhaité par les caisses, au cours
des négociations conventionnelles de l'annexe tarifaire pour 1998
(délibération du Conseil d'Administration de la CNAMTS du 28
avril 1998 implicitement approuvée par les autorités de tutelle).
Le taux d'évolution global des dépenses ambulatoires (2,1 %)
ne saurait en effet servir de référence pour des secteurs dans
lesquels l'assurance maladie doit massivement se réinvestir pour combler
un retard préjudiciable aux assurés.
Au surplus, cette première tendance ne paraît pas se confirmer au
vu des chiffres disponibles à la fin du mois de juillet. La hausse des
dépenses remboursables de chirurgie dentaire se situe en effet à
un niveau de 4,1 %, c'est-à-dire non seulement en net retrait par
rapport aux premiers chiffres de 1998, mais surtout dans la cible que visait le
projet d'annexe conventionnelle.
Ce contexte explique le très lourd mécontentement des
chirurgiens-dentistes. Le conflit qui s'installe met aujourd'hui en
péril non seulement une campagne de prévention bucco-dentaire
destinée aux adolescents de 15 à 18 ans (cible
extrêmement importante sur le plan de la santé dentaire), mais
aussi -et surtout- un début d'évolution de la profession vers une
plus grande discipline tarifaire, dans l'intérêt évident
des assurés sociaux.
Cette situation préoccupante nous conduit, Madame la Ministre, à
souhaiter que le Gouvernement réexamine la position provisoire qui fut
la sienne au mois de juin dernier, et donne un signal très clair aux
chirurgiens-dentistes en confirmant que la mesure de suspension de la nouvelle
nomenclature sera rapportée avant la fin de l'année.
Compte tenu des échéances propres aux instances syndicales
signataires de la convention (à la mi-octobre, la CNSD tient une
assemblée générale et l'UJCD un conseil d'administration),
il paraît très important que la teneur de votre réponse
soit connue dans les jours qui viennent.
Nous vous prions d'agréer, Madame la Ministre, l'expression de notre
respectueuse considération.
Jean-Marie SPAETH, Jeannette GROS, Marcel RAVOUX
4. La publication du règlement conventionnel minimal
A la
suite de l'annulation, par le Conseil d'Etat, des conventions nationales des
médecins, le Gouvernement a pris, le 10 juillet 1998, un
règlement conventionnel minimal dont la publication, intervenue le
12 juillet 1998, était depuis longtemps légitimement
attendue par les caisses d'assurance maladie.
Ce règlement a repris les objectifs de dépenses fixés par
les conventions, ainsi que les références médicales
opposables aux médecins et les sanctions applicables, la participation
des caisses d'assurance maladie au financement des cotisations sociales des
médecins.
En revanche, il n'a pas prévu de mécanisme de reversement en cas
de non-respect des objectifs de dépenses.
D. L'ONDAM 1998 NE DEVRAIT PAS ÊTRE RESPECTÉ
Selon la
Commission des comptes de la sécurité sociale,
" de
fortes tensions pèsent sur la réalisation de l'ONDAM
1998 ".
En effet, sur les six premiers mois de l'année, les dépenses de
médecine de ville ont progressé de 5,7 % par rapport
à la même période de l'année 1997. La Commission des
comptes précise en outre qu'une évolution corrigée des
jours ouvrés donnerait un taux de progression de 6,5 %.
Elle craint en outre que, si les dépenses d'hospitalisation sous
dotation globale ne dérapent pas, des effets de champ n'aient
été sous-estimés.
Pour les cliniques privées (+ 6,7 %) et le secteur
médico-social (+ 9,3 %), l'objectif ne serait pas non plus
respecté. Au total, la dérive par rapport à l'objectif
serait de 6 milliards de francs.
L'assurance maladie a publié, le 15 octobre 1998, deux tableaux
récapitulatifs décrivant la réalisation, par grands
agrégats, puis par grands postes de dépenses, de l'ONDAM pour le
Régime général. Ils s'établissent comme suit :
Objectif national de dépenses d'assurance maladie
France métropolitaine - Résultats par grands agrégats
Dépenses remboursées
Régime
général
|
Réalisations risque maladie uniquement |
|
Taux d'évolution tous risques PCAP (1) |
|
Taux d'évolution de l'objectif annuel (3) |
Taux de réalisation de l'objectif RG |
Soins de ville |
140.965 |
149.513 |
6,5 % |
219.600 |
2,6 % |
68,1 % |
Etablissements sanitaires publics |
127.316 |
134.343 |
1,2 % (6) |
206.100 |
2,4 % |
65,2 % |
Etablissements sanitaires privés |
21.703 |
22.788 |
5,6 % |
33.800 |
2,8 % |
67,4 % |
Etablissements médico-sociaux |
18.059 |
18.255 |
7,7 % |
35.500 |
3,0 % |
70,8 % (5) |
dont enfants inadaptés-adultes handicapés |
18.059 |
18.255 |
7,7 % |
25.800 |
1,8 % |
70,8 % |
dont action médico-sociale précoce (4) |
n.d. |
n.d. |
|
320 |
2,6 % |
|
dont personnes âgées (4) |
n.d. |
n.d. |
|
9.380 |
6,3 % |
|
Total objectif de dépenses d'assurance maladie |
308.044 |
324.899 |
4,2 % |
495.000 |
2,5 % |
66,9 % (5) |
(1) Taux d'évolution des dépenses par
rapport
à la période comparable de l'année
précédente.
(2) Part estimée du régime général dans
l'objectif national de dépenses d'assurance maladie tous régimes
(613,8 Mds France entière et 599,6 Mds métropole). En
métropole, le régime général devrait
représenter 82,6 % des dépenses 1998 de l'ensemble des
régimes.
(3) Objectif 1998 rapporté aux réalisations de 1997.
(4) Résultats disponibles en fin d'année uniquement.
(5) Taux calculé hors médico-social personnes
âgées et action médico-sociale précoce.
(6) Le taux d'évolution de la dotation globale est calculé
en neutralisant l'évolution du poids du régime
général par rapport aux autres régimes dans les versements
de 1997 et 1998. Par contre, il ne tient pas compte de l'effet de la
régularisation, opérée à ce titre fin 1997, de
l'exercice 1996.
Statistique mensuelle des dépenses - France métropolitaine
Résultats
détaillés par postes de
dépenses
|
||||
Résultats cumulés à fin Août 1998 |
||||
PRESTATIONS |
Risque maladie |
Tous risques |
||
|
Dépenses en milliers de francs |
Taux d'évolution PCAP (en %) |
Dépenses en milliers de francs |
Taux d'évolution PCAP (en %) |
Consultations |
17.349.712 |
5,2 |
18.300.652 |
4,7 |
Visites |
3.801.925 |
0,7 |
3.831.681 |
0,7 |
Actes en K, KE |
6.503.227 |
1,5 |
6.624.555 |
1,6 |
Actes en KC, et forfaits chirurgicaux |
3.848.391 |
3,3 |
4.038.944 |
3,3 |
Actes en Z, CN et PRA |
5.634.013 |
7,7 |
5.771.999 |
7,7 |
Frais de déplacement des praticiens |
948.340 |
1,0 |
985.205 |
1,0 |
Autres honoraires du secteur privé |
1.240.351 |
1,3 |
1.440.575 |
1,4 |
TOTAL HONORAIRES MÉDICAUX |
39.325.958 |
4,1 |
40.966.612 |
3,9 |
Honoraires dentaires D, DC, Sc, SPR, TO. |
7.955.739 |
4,7 |
7.958.544 |
4,7 |
TOTAL HONORAIRES SECTEUR PRIVÉ (médicaux et dentaires) |
47.281.697 |
4,2 |
48.925.155 |
4,0 |
Auxiliaires médicaux |
13.351.828 |
4,5 |
13.849.243 |
4,4 |
Actes en B, BP et BR |
6.575.313 |
6,5 |
6.916.066 |
7,1 |
Actes en KB, PB et TB |
381.286 |
14,2 |
404.388 |
14,7 |
Dépenses médicaments |
44.748.921 |
8,5 |
45.031.519 |
8,5 |
Produits d'origine humaine |
473.210 |
7,2 |
480.546 |
7,2 |
Appareils matériels de traitement et pansements |
2.550.530 |
38,8 |
2.580.625 |
38,7 |
Autres bien médicaux inscrits au TIPS |
3.748.709 |
5,6 |
3.814.888 |
5,6 |
TOTAL PRESCRIPTIONS |
71.829.796 |
8,3 |
73.077.274 |
8,3 |
Frais de déplacement des malades |
4.801.941 |
8,6 |
4.950.016 |
8,5 |
Autres prestations diverses hors CAMSP |
717.861 |
ns |
750.269 |
ns |
TOTAL AUTRES PRESTATIONS DE SOINS SANTÉ |
5.519.801 |
7,2 |
5.700.285 |
7,2 |
PRESTATIONS EN ESPÈCES |
16.334.005 |
5,5 |
21.269.277 |
5,8 |
Forfaits Scanner et IRMN réalisés en ville |
|
|
540.695 |
14,7 |
TOTAL SOINS DE VILLE |
140.965.300 |
6,5 |
149.512.687 |
6,5 |
Dotation globale hospitalière |
124.462.655 |
3,3 |
131.390.366 |
3,3 |
Prestations autres que dotation globale |
2.435.083 |
- 51,1 |
2.502.917 |
- 51,4 |
Honoraires du secteur à tarification administrative |
418.627 |
39,5 |
449.328 |
38,9 |
TOTAL VERSEMENTS AUX ÉTABLISSEMENTS SANITAIRES À TARIFICATION ADMINISTRATIVE |
127.316.364 |
1,2 |
134.342.611 |
1,2 |
Frais de séjour |
18.360.308 |
5,7 |
19.961.569 |
5,5 |
Dépenses forfaitaires sanitaires |
3.342.877 |
7,6 |
3.367.612 |
7,6 |
Forfaits Scanner et IRM réalisés en ville |
|
|
- 540.695 |
14,7 |
TOTAL VERSEMENTS AUX ÉTABLISSEMENTS SANITAIRES À TARIFICATION CONVENTIONNELLE |
21.703.185 |
6,0 |
22.788.486 |
5,6 |
Enfance inadaptée et Adultes handicapés |
18.059.143 |
7,8 |
18.254.858 |
7,7 |
Médicalisation E.H.P.A. S.S.A.D |
|
- |
|
|
CAMSP |
|
- |
|
|
TOTAL PRESTATIONS MÉDICO-SOCIALES |
18.059.143 |
7,8 |
18.254.858 |
7,7 |
TOTAL ONDAM |
308.043.993 |
4,3 |
324.898.642 |
4,2 |
Prestations en espèces maternité |
|
|
7.204.666 |
2,1 |
Incapacité permanente AT + autres charges techniques |
|
|
13.770.978 |
0,4 |
Assurance Invalidité |
|
|
11.787.749 |
2,7 |
Assurance Décès |
|
|
496.738 |
2,1 |
TOTAL STATISTIQUE MENSUELLE DES DÉPENSES |
|
|
358.158.772 |
4,0 |
II. UNE POLITIQUE DES SOINS DE VILLE QUI SE RÉSUME À DES CONTRIBUTIONS FINANCIÈRES À LA CHARGE DES PROFESSIONNELS
A. MÉDECINE DE VILLE : LE GOUVERNEMENT FAIT LE CHOIX D'UNE MAÎTRISE EXCLUSIVEMENT COMPTABLE DES DÉPENSES
1. Le Gouvernement ne parvient pas à dialoguer avec les médecins
Dès son entrée en fonctions, le Gouvernement
avait
laissé entendre aux médecins libéraux qu'il avait
l'intention d'instituer avec eux un dialogue fructueux et serein, permettant de
prendre en considération leurs aspirations pour faire progresser
à la fois la qualité des soins et la maîtrise
médicalisée des dépenses d'assurance maladie.
Commençant par temporiser, il a confié à M.
François Stasse, conseiller d'Etat, une mission de concertation sur
l'avenir de la médecine de ville. Le rapport issu de cette mission a
été présenté le 15 juin 1998, soit un an
après l'entrée en fonctions du Gouvernement.
A la veille de l'examen, par le Sénat, du projet de loi de financement
de la sécurité sociale pour 1999, le constat est clair : le
Gouvernement n'a réussi a établir les conditions du dialogue
qu'avec un syndicat de médecins, MG-France, sur des bases qui ne
semblent pas acceptables par les autres syndicats.
Après l'annulation, par le Conseil d'Etat, des deux conventions
signées, avec les médecins généralistes et les
médecins spécialistes sous le précédent
Gouvernement, l'avenir de la politique conventionnelle avec les médecins
spécialistes semble compromis.
Le syndicat MG-France, avec lequel pourrait être conclue une convention
spécifique des médecins généralistes
n'apparaît pas non plus accepter de bonne grâce le principe des
lettres-clés flottantes que le projet de loi institue en sus du
système exclusivement comptable de régulation de
l'évolution des dépenses médicales.
La mise en oeuvre des principaux outils de l'ordonnance du 24 avril 1996, tels
que la formation continue obligatoire des médecins ou les
expérimentations de nouveaux modes d'exercice de la médecine
libérale, qui devaient être rendues possibles grâce à
la commission présidée par M. Raymond Soubie, demeurent
bloqués. Ainsi, pour des raisons politiques, le Gouvernement ne veut pas
agréer des projets tels que celui présenté par Groupama,
qui ne présente pourtant aucun risque pour les professionnels ou pour
les patients et contribuerait à améliorer la qualité des
soins dans des zones rurales.
Les médecins demeurent convaincus que l'importance des transferts
d'activité de l'hôpital vers la ville rend peu fiables les
mécanismes de régulation qui leur sont imposés et qui
joueraient ainsi à leur détriment : force est de constater
que le Gouvernement ne met pas tout en oeuvre, loin s'en faut, pour
éclaircir la situation et garantir que, par avance, si l'on peut dire,
" les dés ne seront pas pipés ".
Et, parallèlement, ce Gouvernement fait des choix politiques dont il est
difficile de comprendre les raisons, mais qui sont périlleux pour
l'avenir de la médecine de ville. Il en est notamment ainsi en
matière de démographie médicale.
2. Des choix politiques périlleux : l'exemple de la politique de régulation de la démographie médicale
Le 22
septembre dernier, le ministre de l'emploi et de la solidarité, Mme
Martine Aubry, affirmait que
" la maîtrise de la
démographie médicale est essentielle pour garantir le meilleur
accès aux soins comme pour assurer la maîtrise des
dépenses ".
Cette déclaration confirmait les orientations retenues par le
Gouvernement précédent.
Dès le printemps 1996, en effet, il avait engagé une
réflexion approfondie en confiant une mission à M. Jean Choussat.
Les conclusions du rapport qu'il a remis au Gouvernement avaient conduit ce
dernier à retenir des orientations claires, qui ont été
inscrites au titre II de la Convention d'objectifs et de gestion conclue entre
l'Etat et la CNAMTS au mois d'avril 1997.
Celles-ci reposaient sur le constat qu'
" un excédent global,
quasi unanimement reconnu bien que difficile à chiffrer, des
déséquilibres dans la répartition entre
généralistes et spécialistes ainsi qu'entre
spécialistes, ainsi que des disparités régionales
caractérisent la démographie médicale
française. "
Et l'affirmation selon laquelle la politique de l'Etat doit conduire à
rétablir les équilibres nécessaires débouchait
logiquement sur la conclusion suivante :
" dans cette perspective,
le numerus clausus instauré à l'entrée des études
médicales doit rester stable pendant la durée d'application de la
présente convention et une réduction progressive du nombre de
places offertes à l'internat doit être engagée afin
d'atteindre une proportion de 60 % de résidents et de 40 %
d'internes en spécialités ".
Le Gouvernement actuel, malgré la déclaration
précitée de Mme Martine Aubry, vient cependant de changer de
cap en annonçant qu'il relèverait le
numerus clausus
.
Le motif invoqué par la ministre, l'augmentation nécessaire des
effectifs dans trois disciplines déficitaires (pédiatrie,
gynécologie-obstétrique, anesthésie-réanimation),
n'appelle pas, pour votre commission, une hausse du nombre d'étudiants
en médecine mais une meilleure orientation de ces étudiants vers
ces spécialités.
Elle partage, ce faisant, l'avis du Conseil d'administration de la CNAMTS
exprimé par une annexe à ses orientations stratégiques
adoptées le 13 octobre dernier :
ANNEXE AUX ORIENTATION STRATÉGIQUES DE LA CNAMTS
Démographie médicale et numerus clausus
adoptées le 13 octobre 1998
1/
Numerus clausus et démographie :
Par rapport à l'effectif global existant de médecins (170.000),
il n'existe aucune " pénurie " à attendre dans les 10
ans qui viennent (durée études médicales) qui pourrait
expliquer une augmentation du numerus clausus dès 1999. Tout au
contraire, l'augmentation attendue de 12.000 médecins repousse à
2015 le retour aux effectifs existants et donc, si c'est l'objectif, à
2005 une hausse du numerus clausus.
2/Numerus clausus et santé publique :
La fixation du numerus clausus n'est jamais neutre. Au-delà d'une
expression primaire des besoins en médecins par habitants, elle traduit
la volonté ou non, de rendre l'accès aux soins et la dispensation
des soins plus performants médicalement. Une médecine mieux
coordonnée entre généralistes, spécialistes, ville
et hôpital, c'est une médecine qui, partout dans le monde, offre
plus de qualité dispensée par moins de médecins.
C'est bien cette approche qui avait conduit Jean Choussat à
préciser que " l'excédent de médecins couramment
admis, soit 20.000 environ, sous-estime la réalité en
considérant implicitement comme quasi intangibles les dysfonctionnements
importants du système de santé ". Il proposait donc de
stabiliser l'effectif des médecins à 140.000, " soit 30.000
de moins qu'aujourd'hui et 45.000 de moins qu'en 2005/2010 ". Retenir un
effectif cible de 140.000 médecins conduit à retenir en
première approche les années 2010/2011 pour relever le numerus
clausus
(...)
La hausse du numerus clausus annoncée (plus 200 l'an prochain et plus de
400 en trois ans) met inévitablement en cause la cohérence des
différentes actions publiques déjà entreprises ou
envisagées :
- compatibilité avec l'usage coûteux et le renforcement,
prévue dans le projet de loi de financement de la sécurité
sociale, d'un MICA ;
- développement de la coordination des soins ;
- restructuration de l'offre hospitalière ;
plus généralement, elle amène à examiner la
compatibilité d'une politique de maîtrise des dépenses
s'exerçant notamment sur le volume des acteurs médicaux et d'un
renforcement de la hausse (aujourd'hui) et de l'excédent (demain) du
volume des acteurs (...).
Pour ces raisons, votre commission vous proposera de fixer, exceptionnellement,
le
numerus clausus
des médecins dans la loi pour 1999 : elle
soumettra à votre approbation un amendement au projet de loi de
financement de la sécurité sociale fixant à 3.583, comme
l'an dernier, le nombre d'étudiants en médecine autorisés
à poursuivre leurs études, au lieu des 3.800 annoncés par
le Gouvernement.
3. Le projet de loi de financement, en instituant des lettres-clés flottantes et des reversements collectifs, multiplie les outils de régulation purement comptables des dépenses médicales
Les
développements copieux du projet de loi de financement de la
sécurité sociale en matière d'assurance maladie pourraient
laisser croire à un observateur non averti que le Gouvernement entend
proposer une réforme d'ensemble pour assurer son avenir. Il n'en est
rien : l'essentiel de l'imagination créatrice des auteurs du projet
de loi a en effet été consacré à bâtir de
nouveaux et complexes mécanismes de régulation comptable des
dépenses, encore de nouvelles taxations à la charge des
professionnels.
Ainsi, les articles 21 et 22 du projet, qui mettent en place un
mécanisme de taxation permanent et une taxation spécifique pour
1998, occupent cinq pages et demi du projet de loi !
En effet, le Gouvernement propose d'abord au Parlement de créer, pour
1998, une taxation applicable en cas de dépassement des objectifs
d'évolution des dépenses fixés par le règlement
conventionnel minimal. Il n'en définit, ni le seuil de
déclenchement (le principe d'une marge de tolérance au
delà de l'objectif est en effet retenu), ni le taux, ni les
modalités de calcul, qui seront déterminées par un
décret en Conseil d'Etat.
Un mauvais esprit (mais l'absence de transparence des choix favorise ce type
d'analyse) pourrait conclure que l'ampleur de la marge de tolérance sera
fixée dès que l'on connaîtra les réalisations des
médecins généralistes : ceux-ci pourraient ainsi
être récompensés par une absence de reversement d'avoir
accepté de signer une convention dans les conditions qui leur
étaient proposées...
Le projet de loi propose par ailleurs d'instituer un mécanisme permanent
de régulation des dépenses qui ne fera que pérenniser la
pratique inaugurée en 1998, avec des lettres-clés flottantes en
cours d'année (cf. la décision de baisser la valeur du Z) et des
reversements collectifs en fin d'année (cf. art. 22 du projet de loi,
qui débouchera sur une contribution à la charge des
médecins spécialistes au titre de 1998).
Ainsi, des médecins ayant accepté de signer une convention, et
ayant déterminé au début de l'année, avec les
caisses, un objectif de dépenses médicales et des tarifs pour
l'année, pourraient voir ces tarifs baisser au bout des quatre premiers
mois de l'année, puis une nouvelle fois au bout de huit mois, sans voir
pour autant écartée la perspective d'une contribution en fin
d'année...
A supposer que ce mécanisme de régulation des dépenses
médicales constitue, en fait, la traduction d'une politique des revenus
des médecins, force est de constater que les salariés du secteur
public ou privé ne voient pas fluctuer ainsi les déterminants de
la rémunération de leur activité.
Il est tout de même paradoxal que les médecins soient moins
bien traités que des salariés alors qu'employant un ou plusieurs
salariés, ils sont bien souvent chefs d'entreprise...
Les propositions du Gouvernement traduisent d'abord son renoncement à
enrichir une politique de maîtrise médicalisée des
dépenses dans l'intérêt des malades et des
contribuables
. La maîtrise des dépenses se ferait
désormais en fonction de critères purement comptables, presque au
mois le mois, le revenu des médecins fluctuant avec leur
activité, sans que la préoccupation d'améliorer les
pratiques médicales puisse y trouver sa place.
Elles traduisent aussi une profonde défiance à l'égard
des partenaires conventionnels :
le projet de loi multiplie en effet
les clauses aux termes desquelles, si le Gouvernement n'approuve pas les
décisions prises par les syndicats de médecins et les caisses, il
pourra les rectifier lui-même sans autre forme de procès.
Elles reflètent enfin la méconnaissance des conditions
d'activité des médecins
, qui ont besoin, comme tous les
agents économiques, d'un peu de visibilité (un horizon d'un an ne
semble pas excessif....) et dont le niveau de vie moyen ne comporte pas de
marge suffisante pour permettre une telle incertitude et une telle fluctuation
des revenus.
Votre commission vous proposera de refuser ces dispositifs.
Certes, le mécanisme de reversement établi par l'ordonnance dite
" Juppé " posait problème. Alors que le Gouvernement
souhaite aller jusqu'au bout de la régulation comptable et collective
que ce dispositif comportait, votre commission propose au contraire d'aller
jusqu'au bout de l'individualisation de la responsabilité des
médecins à laquelle il faisait aussi appel.
Ainsi, tirant les leçons du passé, elle veut instituer un
mécanisme simple, médicalisé et efficace de maîtrise
des dépenses. Collectivement organisé par les partenaires
conventionnels, il laisse les médecins libres de déterminer les
conditions d'exercice de leur responsabilité individuelle.
Garantissant le respect des objectifs tout en organisant l'amélioration
des pratiques médicales individuelles et collectives, il répond
au double souci de favoriser la qualité des soins dont
bénéficient les Français et d'en limiter le coût.
Il tourne le dos aux usines à gaz comptables inventées par le
projet de loi.
B. PHARMACIE : LE PROJET DE LOI DE FINANCEMENT DE LA SÉCURITÉ SOCIALE VEUT METTRE FIN À LA POLITIQUE CONVENTIONNELLE DU MÉDICAMENT
Votre commission affirme son attachement à la politique conventionnelle du médicament. Si, à l'évidence, elle méritait d'être enrichie et améliorée, notamment au regard des enjeux européens et nationaux immédiats, elle ne devrait pas être remise en cause. C'est pourtant à une telle remise en cause que se livre le présent projet de loi, aggravé par les amendements adoptés à l'Assemblée nationale.
1. La politique conventionnelle du médicament et les principaux enjeux de la politique du médicament
Le
Comité économique du médicament, placé
auprès des ministres compétents, a pour missions :
- de contribuer à l'élaboration de la politique
économique du médicament,
- de mettre en oeuvre les orientations -qu'il reçoit annuellement
des ministres- relatives à la maîtrise des dépenses de
médicaments,
- et de fixer les prix des médicaments par voie conventionnelle.
Depuis la signature de l'accord-cadre de 1994, le Comité
économique du médicament a ainsi signé 86 conventions
" normales " et 54 conventions dites simplifiées
(émanant de laboratoires dont le chiffre d'affaires est inférieur
à 60 millions de francs), couvrant environ 95 % du chiffre
d'affaires de l'industrie française en médicaments remboursables.
Parmi les signataires, on trouve désormais tous les grands laboratoires
français et étrangers.
Dès son entrée en fonctions, le Gouvernement n'a cependant que
peu soutenu son action. Ainsi, le décret relatif à cette
institution, attendu depuis la mi-1996, n'a été publié que
le 31 décembre 1997. Pourtant, la politique conventionnelle qu'il a mise
en oeuvre, dans le cadre d'un régime de prix administré, a permis
une régulation économique du secteur compatible avec le bon usage
du médicament.
En effet, les conventions qui ont été proposées par les
laboratoires pharmaceutiques visent à moderniser la structure des prix
des produits tout en permettant de maîtriser les volumes
commercialisés. Toutes les conventions comportent également des
engagements précis relatifs au bon usage du médicament (respect
des indications thérapeutiques, des posologies, respect des avis des
commissions scientifiques compétentes et de la commission de la
publicité, ...) et à la réduction significative des
dépenses de promotion des laboratoires. Les conventions ont enfin
permis, chaque fois que possible, d'encourager le développement de
spécialités génériques.
L'action du Comité économique doit se poursuivre, eu égard
notamment aux principaux enjeux du secteur.
On ne citera ici que quelques exemples : les prix (prix et TVA) du
médicament en Europe, le développement du marché des
médicaments génériques, la " révision des
services votés " et les sorties de médicaments de la
réserve hospitalière.
*
Les prix du médicament en Europe et la TVA sur les
médicaments remboursables.
Les prix des médicaments fixés dans un pays de l'Union
européenne servent de plus en plus de référence lors de la
fixation des prix des mêmes médicaments dans les autres pays de
l'Union. Le développement d'un marché unique du
médicament, et notamment le développement du commerce
parallèle des médicaments, conduit en effet les laboratoires
à mener une politique de convergence des prix dans l'ensemble des pays.
De fait, la référence aux prix européens est une
référence importante lors de la fixation des prix en France,
notamment lorsqu'il s'agit d'innovations majeures : cette
référence a été acceptée dans le cadre de
l'accord-cadre entre l'Etat et le SNIP.
L'ensemble des pays sont confrontés à la problématique des
" prix européens " et il est donc nécessaire de
favoriser les échanges entre les pays sur ce sujet. A ce titre, la
France a eu une participation active au sein du comité consultatif sur
la transparence du prix et du remboursement des médicaments, instance
créée pour suivre l'application de la directive européenne
n° 89/105 sur la transparence des décisions des Etats-membres en
matière de prix et de remboursement. Les représentants
français ont notamment soutenu le projet d'un réseau
européen d'échanges d'informations sur les prix et les conditions
de mise sur le marché des médicaments nouveaux.
La France a également participé activement aux conférences
de Francfort organisées par le commissaire Bangeman sur le marché
unique des médicaments. Ces conférences ont abouti, en 1998,
à l'initiative du Conseil invitant la commission à lui
présenter une communication sur l'évolution future du
marché unique des médicaments.
La question de la TVA sur les médicaments remboursables constitue
également un enjeu important. En effet, deux taux différents
coexistent : depuis la loi de finances pour 1990, un taux réduit de
2,10 % est applicable aux médicaments remboursables (art. 281
octies du code général des impôts), les médicaments
non remboursables demeurant soumis au taux de 5,5 % (art. 278 quater
du même code).
Selon la Commission européenne, la coexistence de deux taux
différents selon que le médicament est ou non remboursable aurait
pour effet que deux médicaments identiques puissent être
taxés de deux taux différents ; or, l'application à des
produits identiques de deux taux différents est contraire aux directives
TVA du Conseil (1
ère
directive du 11 avril 1967 et
6
ème
directive du 17 mai 1977).
C'est pourquoi, depuis 1995, la Commission demande au Gouvernement
français de se conformer au droit européen. Celui-ci a toutefois
maintenu sa position initiale pour plusieurs raisons :
- il existe bien une distinction de nature entre un médicament
remboursable et un médicament non remboursable, en raison non seulement
de leur effet sur les patients, mais aussi de leur différence de statut
juridique au regard des prix et de la publicité, qui implique
l'existence de deux marchés séparés ;
- d'autres produits bénéficient, dans la directive TVA, de
la possibilité d'être taxés avec deux taux distincts en
fonction de leur destination finale ;
- l'alignement sur la position de la Commission correspondrait, en
application des objectifs de convergence des taux européens, au passage
du taux de TVA des médicaments remboursables de 2,1 % à
5,5 %. Le surcoût de cette augmentation de taux serait de 4
milliards de francs, à la charge des ménages (pour
1,3 milliard de francs) et de l'assurance maladie (pour 2,7 milliards
de francs). Or, le surcoût pour les ménages serait un obstacle
à la mise en oeuvre de la politique d'accès aux soins, surtout
pour les plus démunis. Quant au surcoût pour l'assurance maladie,
il devrait être financé par une augmentation des cotisations
sociales. Une telle mesure susciterait l'incompréhension de la
population à l'égard de la politique européenne, d'autant
plus qu'elle augmenterait le coût du travail, ce qui serait en
contradiction avec les recommandations faites par la Commission ;
- compte tenu de l'étanchéité des marchés des
médicaments remboursables et non remboursables, il n'existe pas d'enjeu
concurrentiel entre ces deux marchés ; aucune entreprise n'a jamais
contesté la dualité des taux de TVA ;
- d'autres pays européens appliquent deux taux de TVA distincts
selon le caractère remboursable ou non du médicament.
A ce stade, les procédures écrites de la phase
pré-contentieuse sont épuisées. Le collège des
commissaires européens s'est prononcé en faveur de la saisine de
la Cour de Justice des communautés européennes, sans suite pour
l'instant.
* Le développement du marché des médicaments
génériques
Le marché du médicament générique reste peu
développé en France, notamment en raison d'une politique des prix
du médicament, menée pendant longtemps, qui a favorisé des
prix moyens bas et n'a que faiblement différencié les prix en
fonction du contenu innovant des médicaments.
Ainsi, le chiffre d'affaires industriel du marché des
génériques se situe entre 1 et 3 milliards de francs selon les
définitions du générique retenues, soit un maximum de 4
à 5 % du marché des médicaments en ville, à
comparer à des parts de marché comprises entre 10 et 30 %
dans les autres pays développés.
Environ 50 % du marché du médicament remboursable est
aujourd'hui " génériquable ". Or, des
médicaments génériques ne sont actuellement disponibles
sur le marché que pour seulement 1/3 environ de ces produits. Si des
médicaments génériques remplaçaient en
totalité les médicaments de référence, à un
prix inférieur de 30 %, l'économie serait d'environ
4 milliards de francs pour la sécurité sociale. Il faut
toutefois tenir compte de l'augmentation des prix des médicaments
innovants qui serait, en contrepartie, légitimement demandée par
les laboratoires.
L'objectif poursuivi par le Gouvernement, dans la ligne de la politique
définie par le Gouvernement précédent, est de doubler la
place qu'occupent les médicaments génériques dans la
consommation pharmaceutique d'ici la fin de 1999.
Différentes mesures ont été prises, sont en cours de
réalisation ou en préparation, pour favoriser le
développement des médicaments génériques.
Ainsi, dans le but de clarifier l'identification des médicaments
génériques, (en application des articles 22 et 23 de l'ordonnance
n° 96-345 du 24 avril 1996 relative à la maîtrise
médicalisée des dépenses de soins et du décret
n° 97-221 du 13 mars 1997), la première inscription des
médicaments au répertoire des groupes génériques
réalisé par l'Agence du médicament a été
publiée au Journal officiel du 6 juin 1997.
Puis, le répertoire complet des médicaments
génériques a été publié le 7 juillet dernier
: il comprend 459 spécialités génériques. Par
ailleurs, un arrêté du 14 mars 1997 a précisé les
conditions de dénomination auxquelles ces spécialités sont
soumises en vue de leur prise en charge par les organismes d'assurance maladie.
Par ailleurs, le prix de l'ensemble des génériques a
été mis en conformité avec la règle de plafond de -
30 % des prix du princeps au 1
er
janvier 1996.
En outre, pour accélérer la mise à disposition des
médicaments génériques, une simplification et une
accélération des procédures administratives
nécessaires à leur prise en charge par l'assurance maladie est en
cours. Dès à présent, dès lors que les prix sont
inférieurs au plafond des - 30 % par rapport au prix du
princeps, les inscriptions et les modifications de prix sont traitées
sans délai par le comité économique.
Enfin, pour garantir la qualité et la sécurité de ces
médicaments, l'Agence du médicament a engagé un programme
d'inspection et de contrôle concernant l'ensemble des
génériques du répertoire qui sera achevé d'ici la
fin de l'année.
En vue de favoriser le développement de leur marché, les
médicaments génériques bénéficient de
mesures dérogatoires au droit commun.
Ainsi, pour favoriser la promotion des génériques, la loi de
financement de la sécurité sociale pour 1998 a
procédé à un abattement égal à 30 % du
chiffre d'affaires réalisé en France au titre des
spécialités génériques sur l'assiette de la taxe
sur les dépenses promotionnelles qu'elle a parallèlement
très fortement relevées.
D'autre part, les médicaments génériques ont
été exonérés par la loi de financement de la
sécurité sociale précitée de la taxe sur les ventes
directes des médicaments remboursables.
Si l'article 23 du projet de loi de financement de la sécurité
sociale était adopté tel qu'amendé par l'Assemblée
nationale, un taux de remise maximum dérogatoire de 10,47% (au lieu du
taux de droit commun de 2,5%) serait accordé au bénéfice
des pharmaciens d'officine afin d'encourager des conditions favorables de
commercialisation des médicaments génériques.
Il appartient au Comité économique du médicament
d'apporter une contribution majeure à cette politique : il encourage en
effet contractuellement la mise en oeuvre d'une stratégie de production,
chaque fois que cela paraît possible. Plusieurs laboratoires importants
tels que Rhône-Poulenc Rorer, Roussel Uclaf, Synthelabo ou Lafon
Ratiopharm ont souscrit à cette orientation en proposant la mise sur le
marché de gammes de génériques.
*
La " révision des services votés "
La " révision des services votés " -c'est-à-dire
la révision des classes thérapeutiques- par le Comité
économique du médicament, avec l'aide de la commission de la
transparence, vise à harmoniser les conditions et les taux de prise en
charge ainsi que les prix des spécialités pharmaceutiques
à partir d'une estimation du service médical effectivement rendu.
Les premières études visant à préparer la
révision des classes thérapeutiques ont été
engagées à partir de 1995-1996 par le Comité
économique du médicament en liaison avec le secrétariat de
la commission de la transparence, qui a aidé à définir le
périmètre des spécialités concernées.
Cette politique de " révision " était envisagée
essentiellement sous l'angle traditionnel du déremboursement de
certaines classes thérapeutiques dont l'efficacité sociale et
financière peut être discutée. Le nouveau Gouvernement a
confirmé, dans la communication au conseil des ministres du 18
février 1998, l'importance d'une réévaluation des
conditions de prise en charge de l'ensemble des classes thérapeutiques
mais dans un cadre rénové, centré autour de la notion de
service médical rendu. Il a annoncé une réforme des
conditions d'admission au remboursement et de taux de remboursement, qui sera
entreprise dans ce but avant la fin de l'année.
* La sortie de médicaments de la réserve
hospitalière
Le terme " sortie de la réserve hospitalière "
correspond à plusieurs opérations distinctes :
- la révision par la commission d'autorisation de mise sur le
marché (AMM) des conditions de prescription et de délivrance
figurant à l'autorisation de mise sur le marché, classe
thérapeutique par classe thérapeutique, afin de les adapter au
régime des conditions de prescriptions prévu par le décret
du 2 décembre 1994 : la révision de ces conditions peut donner
lieu à reclassement dans l'une des trois catégories de
prescription restreinte (médicament réservé à
l'usage hospitalier, à prescription initiale hospitalière,
à prescription nécessitant une surveillance spéciale
pendant le traitement), ou à la suppression de toute prescription
restreinte ;
- l'exclusion de la dotation globale : il s'agit d'une modification du
champ de la prise en charge de certains médicaments qui, bien que
destinés à des patients en ville, restent, de manière
dérogatoire, financés par les budgets hospitaliers : en 1996, une
vingtaine de médicaments ne pouvaient être pris en charge que sur
la dotation globale, alors que le régime de droit commun de prise en
charge des médicaments prévoyait que lorsqu'ils sont
rétrocédés (dispensés à des patients non
hospitalisés), les médicaments hospitaliers peuvent être
facturés aux caisses d'assurance maladie. Il reste encore aujourd'hui 11
médicaments sous ce régime ;
- la réserve " de fait " : jusqu'à présent,
les médicaments qui n'étaient pas réservés à
l'usage hospitalier mais qui étaient commercialisés uniquement
à l'hôpital par les firmes pouvaient être traités
comme les médicaments réservés à l'usage
hospitalier (rétrocession et prise en charge par les caisses
autorisées). Un projet de décret sur la rétrocession des
médicaments par les hôpitaux, qui pourrait paraître fin
1998, va limiter la possibilité d'être
rétrocédés et pris en charge par les caisses aux seuls
médicaments réservés à l'usage hospitalier, ce qui
conduira les firmes à demander l'inscription au remboursement en ville
pour les médicaments en réserve " de fait ".
|
1996 |
1997 |
1998 |
prév. 1999 |
sortie de la réserve hospitalière - AMM |
ARV(*) |
|
certains anticancéreux, certains antibiotiques |
|
exclusion de la dotation globale |
janvier
: interférons
|
1er janvier : ARV |
|
1er
janvier :
|
inscription en ville |
janvier : interférons alpha (hép. C) |
30 octobre : ARV |
|
|
(u)
ARV = antirétroviraux
Les médicaments récemment sortis de la réserve
hospitalière sont les interférons alpha dans le traitement de
l'hépatite C et les antirétroviraux.
1 - Interférons alpha - sortis en 1996
|
CAHT ville (source Gers)* |
CAHT
hôpital
|
1996 |
70,8 MF |
204,6 MF |
1997 |
98,5 MF |
187,4 MF |
1998 (6 mois) |
99,0 MF |
- |
* CA
uniquement pour l'indication hépatite C
** CA pour l'ensemble des indications thérapeutiques
prévisions* |
ville |
hôpital |
1999 |
325 MF |
36 MF |
*
uniquement dans l'indication hépatite C, en cas de mise en oeuvre du
plan national de lutte contre l'hépatite C (source ministère
emploi et solidarité)
2 - Antirétroviraux - sortis en 1997
|
CAHT
ville
|
CAHT hôpital (source taxe) |
||
1997 |
67,7 MF |
1.437,8 MF |
||
1998 (6 mois) |
337,5 MF |
|
||
prévisions DH |
Ville + hôpital |
|||
1998 |
1.920 MF |
|||
1999 |
2.092 MF |
3 -
Anticancéreux, antibiotiques
Votre commission n'a pas pu obtenir d'estimation concernant ces
médicaments, la liste des médicaments exclus de la réserve
hospitalière étant en cours d'établissement.
2. Au lieu d'améliorer la politique conventionnelle du médicament et de la rendre attractive pour les entreprises, le Gouvernement, avec le concours de l'Assemblée nationale, semble pour l'instant vouloir lui ôter toute crédibilité
Le
projet de loi de financement de la sécurité sociale comporte
plusieurs articles relatifs à la politique de régulation des prix
et des dépenses pharmaceutiques.
Ses articles 24 et 25 procèdent en effet à la modification du
régime de la politique conventionnelle et à l'institution d'une
taxe de régulation des dépenses pharmaceutiques.
Le texte initial de ces articles, déjà, pouvait être
critiqué en ce qu'il traduisait l'absence de confiance du Gouvernement
dans la politique conventionnelle pour assurer dans de bonnes conditions, non
seulement la fixation des prix des médicaments, mais aussi la promotion
de leur bon usage et la maîtrise de l'évolution de leurs
dépenses.
Mais la version des articles 24 et 25 qui résulte de l'examen du projet
de loi en première lecture par l'Assemblée nationale ne peut,
assurément, être acceptée.
En effet, elle est de nature à décourager les entreprises
à conclure toute convention avec le Comité économique, ces
entreprises pouvant être soumises à une taxation importante de
l'évolution de leur chiffre d'affaires alors même qu'elles ont
respecté à la lettre tous leurs engagements conventionnels ou, si
elles ne les ont pas respectés, qu'elles se sont acquitté des
sanctions prévues par la convention.
L'Assemblée nationale n'a, à l'évidence, pas tiré
les leçons des événements qui ont entraîné le
retrait par le Gouvernement de l'article 26 du projet de loi : devant la
menace de la taxe qu'il instituait, les entreprises ont en effet accepté
de conclure un accord avec le Gouvernement qui est ainsi assuré de
" récupérer ", par la voie conventionnelle plutôt
que par une taxation, le montant des économies qu'il voulait obtenir de
l'industrie.
Pourquoi donc s'obstiner à définir de belles usines à gaz
comptables (la description de la taxe de l'article 25 nécessite...5
pages du projet de loi) alors que le Gouvernement pourrait parvenir au
résultat escompté en confiant au Comité économique
du médicament le soin de négocier de bonnes conventions avec les
laboratoires ? Votre commission ne le comprend pas et espère que
l'Assemblée nationale acceptera, en commission mixte paritaire, de
modifier sa position.
III. HÔPITAL : SILENCE ! LE PROJET DE LOI DE FINANCEMENT DE LA SÉCURITÉ SOCIALE EST MUET SUR L'HÔPITAL PUBLIC, QUI CONSTITUE POURTANT L'ENJEU PRINCIPAL POUR L'AVENIR DU SYSTÈME DE SANTÉ ET DE L'ASSURANCE MALADIE
Le
présent projet de loi est muet sur l'hôpital public.
Ce silence pourrait être compris comme un hommage à la perfection
des dispositions de l'ordonnance du 24 avril 1996 portant réforme de
l'hospitalisation publique et privée.
Il reflète malheureusement l'absence de politique hospitalière du
Gouvernement et son souci, malgré l'urgence des enjeux, de mettre
l'accent sur la réflexion prospective.
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité, n'a
d'ailleurs évoqué l'hôpital, dans son discours de
présentation du projet de loi de financement de la
sécurité sociale, le mardi 27 octobre, que pour souligner
l'importance de ce " travail prospectif ".
Elle a affirmé que ce travail n'avait toutefois pas
entraîné de " pause dans la recomposition de notre tissu
hospitalier ", puisque la réduction des capacités
excédentaires en médecine, chirurgie et obstétrique s'est
poursuivie, avec 2.900 lits supprimés.
Compte tenu de l'excédent estimé de l'offre hospitalière
(31.000 lits, soit 13 % de l'offre totale), il faudra cependant attendre
longtemps avant qu'il soit résorbé si le rythme actuel est
conservé : l'excédent augmente chaque année avec le
progrès technique, et il ne sera, à ce rythme, pas
supprimé dans 10 ans !
Votre commission estime, comme le conseil d'administration de la CNAMTS
(avis sur l'avant-projet de loi de financement de la sécurité
sociale, 29 septembre 1998)
que l'ONDAM 1999 de 2,6 %
" n'a de
justification que si les marges qui en découlent sont orientées
prioritairement vers la restructuration de l'offre de soins ambulatoire et
hospitalière, afin de mieux répondre aux besoins de la
population ".
Or, telle n'est malheureusement pas l'orientation retenue par le présent
projet de loi.
A. MALGRÉ L'URGENCE DES ENJEUX, LE GOUVERNEMENT " FAIT DE LA PROSPECTIVE "
L'immobilisme du Gouvernement en matière
hospitalière
s'était traduit, dès l'an dernier, par la décision
d'engager la révision des schémas régionaux d'organisation
sanitaire (SROS), qui repoussait d'un an et demi les échéances de
la nécessaire adaptation de l'offre de soins hospitaliers
Il n'est pas démenti cette année, le Gouvernement n'ayant
décidé que de mettre en place des groupes de travail et
s'étant abstenu de prendre les mesures qui s'imposent sur des dossiers,
tels que celui des praticiens hospitaliers, pour lesquels la réflexion a
déjà été menée.
Il se traduit aussi par les retards dans la mise en oeuvre des outils
institués par les ordonnances et qui auraient pour ambition
d'accélérer la recomposition de l'hôpital public.
1. Un an et demi après son entrée en fonctions, le Gouvernement... met en place des groupes de travail sur l'hôpital
En
matière hospitalière, la préoccupation du Gouvernement
semble être celle de retarder, toujours, les échéances.
Après la décision de révision des SROS, il compte en effet
mettre en place des groupes de travail sur l'hôpital, afin de conduire
une
" réflexion et une concertation sur les principales
évolutions dans le secteur hospitalier public et privé ".
Placés sous la coordination de M. Alain Bacquet, quatre groupes de
travail vont ainsi être mis en place :
* Groupe 1 : Les réseaux de soins et les relations entre
l'hôpital et la médecine de ville ".
Placé sous la
présidence de M. le Pr. François de Paillerets, Président
de la Conférence nationale de santé, il aura pour objectif :
- de développer une démarche de réseaux de soins
hospitaliers, afin de mettre le patient au centre du système de soins ;
- d'optimiser les moyens pour garantir une qualité, une
continuité et une sécurité des soins alliant prise en
charge globale et soins de proximité ;
- de prendre en compte l'évolution des techniques médicales et de
communication (traitements ambulatoires, télémédecine...) ;
- de développer une culture partagée entre les
établissements et les professionnels de santé hospitaliers et
libéraux par des actions de coopération et de
complémentarité.
* Groupe 2 : " La modernisation du fonctionnement interne de
l'hôpital ".
Placé sous la présidence de M.
Jean-Paul Darnis, il aura pour objectif :
- d'améliorer le processus décisionnel par l'élaboration
participative du projet d'établissement en favorisant la dynamique
collective (sic...) ;
- d'améliorer le dialogue social ;
- de repenser l'organisation du travail ;
- de gérer les risques de manière coordonnée au sein de
l'hôpital et de simplifier les relations entre l'administration, les
personnels médicaux et hospitaliers.
* Groupe 3 : " Evolution et perspective d'évolution de l'offre
hospitalière privée et propositions permettant d'accroître
la coopération public/privé ".
Placé sous la
présidence de M. Michel Durafour, il aura pour objectif :
- de mieux définir le rôle et la place du secteur public et
privé dans le système de santé, en alliant les
critères de sécurité de qualité, d'efficience, de
proximité et de coût pour bien répondre aux besoins de
santé publique et en créant les conditions nécessaires
à une optimisation des coopérations inter-hospitalières
publiques et privées ;
- d'élaborer une charge de coopération hospitalière fixant
les droits et les obligations réciproques des partenaires publics et
privés.
* Groupe 4 : " Améliorer l'évaluation de
l'activité hospitalière pour affecter de manière plus
équitable les ressources ".
Placé sous la
présidence de M. Dominique Noiré, il aura pour objectif :
- de faire en sorte que l'évaluation soit un outil d'aide à la
décision de répartition équitable des ressources pour bien
prendre en compte les besoins de la population et mieux valoriser certaines
activités (soins palliatifs, par exemple) ;
- de définir le rôle et les missions des différents
établissements de santé publics et privés :
- de préciser la place des outils de connaissance ou des informations
existant dans le processus d'allocation des ressources (SROS, contrats
d'objectifs et de moyens, PMSI...).
C'est ainsi l'ensemble de la politique hospitalière qui est
posé comme objet de réflexion.
Votre commission, bien entendu, est favorable à tout travail de
réflexion et de concertation. Elle ne peut toutefois l'encourager quand
il constitue un prétexte à l'inaction ou quand ses
résultats ne sont pas, ensuite, utilisés.
L'exemple du dossier des praticiens hospitaliers montre malheureusement que,
même lorsque la réflexion a eu lieu, le Gouvernement ne semble pas
décidé à agir.
2. Il ne met pas à profit les résultats des études qu'il a lui-même demandées : ainsi, le dossier des praticiens hospitaliers n'a fait l'objet d'aucune décision malgré une réflexion préalable de qualité
Les
difficultés rencontrées par certains hôpitaux à
recruter des médecins spécialistes ont conduit les pouvoirs
publics à engager une réflexion et une concertation approfondies.
Ainsi, le rapport Nicolas a formulé plusieurs propositions en partant
d'une analyse de quatre spécialités (obstétrique,
anesthésie, psychiatrie, radiologie) pour lesquelles ces
difficultés sont les plus graves. Faute de décisions rapides, il
est à craindre que les restructurations hospitalières se fassent,
spontanément, par la pénurie de médecins
spécialistes dans certains hôpitaux qui va de pair avec une
situation pouvant être qualifiée d'excédentaire dans
d'autres établissements.
Or, les restructurations doivent être décidées en fonction
de l'analyse des besoins de la population. Il serait regrettable que des
inadaptations de nature réglementaire concernant les praticiens
hospitaliers se substituent à une telle analyse.
Malgré les propositions faites, voici un an, par le rapport Nicolas,
aucune décision n'a été prise par le Gouvernement.
Depuis 1997, seuls deux décrets sont intervenus :
- le décret n° 97-623 du 31 mai 1997 a modifié le
statut des praticiens hospitaliers pour prendre en compte les dispositions de
l'ordonnance du 24 avril 1996 relatives à l'obligation de formation
continue ; il a également procédé à
l'aménagement des règles concernant la mutation des praticiens
hospitaliers dont l'emploi a été transformé ou
transféré dans le cadre d'une opération de restructuration
ou de coopération ;
- le décret n° 97-1175 du 23 décembre 1997,
instaurant un congé de fin d'exercice et un mécanisme de
cessation progressive d'activité.
Ces mesures ne peuvent être considérées comme une
réponse au problème posé. Les récents mouvements
engagés par les urgentistes et les anesthésistes viennent, si
besoin était, le rappeler.
Votre commission en vient presque à regretter que la
Fédération hospitalière de France ne soit pas investie du
pouvoir réglementaire...
Elle vient en effet d'élaborer un document comportant de très
intéressantes propositions qui devraient être prises en compte.
Elle propose ainsi :
- d'étudier l'institution d'un engagement de servir, comparable
à ce qui se pratique dans la haute fonction publique (prise en charge
d'une partie des études en contrepartie d'un engagement de dix ans, par
exemple) ;
- de procéder à une revalorisation statutaire des praticiens
hospitaliers et de reconnaître des sujétions ou activités
particulières (présidence de CME ou de commissions diverses,
chefferie de service, enseignement) ;
- une reconnaissance prudente des sujétions particulières
liées aux postes, la responsabilité de l'attribution de
compensations étant laissée aux conseils d'administration des
établissements de santé (compensations attribuées pour les
disciplines comportant systématiquement des gardes ou un risque
médico-légal supérieur à d'autres prises en compte
de l'âge pour limiter certaines sujétions telles que les gardes) ;
- des avantages divers accordés aux femmes, tels que la retraite
anticipée ;
- une couverture de la responsabilité pénale et civile des
praticiens hospitaliers, avec la prise en charge de l'assurance par
l'établissement ;
- une révision des procédures de nomination des praticiens
hospitaliers dans le sens d'une plus grande rapidité;
- une plus grande attractivité de la collaboration des
médecins libéraux au fonctionnement de l'hôpital, avec une
révision du statut d'attaché ;
- le règlement de la question des médecins à
diplômes étrangers.
La Fédération hospitalière de France précise, dans
ce document, que
" les mesures qui devront être prises pour
rendre plus attractifs les postes médicaux là où les
besoins sont réels impliqueront, pour les financer, une politique
rigoureuse de suppression des activités et services inutiles ou
redondants ".
Votre commission ne peut qu'encourager le Gouvernement a s'inspirer dans les
plus brefs délais, de l'ensemble de ces propositions.
3. Les instruments créés par l'ordonnance du 24 avril 1996 ne sont utilisés qu'avec retard
Si le
Gouvernement semble avoir renoncé, cette année, à des
déclarations de nature à rendre inconfortable la position des
directeurs d'agences régionales de l'hospitalisation, ces derniers
demeurent toujours demandeurs de recommandations nationales de nature à
harmoniser la politique qu'ils mettent en oeuvre sur l'ensemble du territoire.
En outre, compte tenu, de la décision de réviser les SROS, la
contractualisation des établissements de santé avec les agences
régionales, qui constitue un des instruments majeurs mis en place par
l'ordonnance du 24 avril 1996, n'a pu être prioritaire. Selon le
ministère, 17 contrats seulement auraient été
signés et 38 sont actuellement en négociation.
L'accréditation est aussi en retard, et le calendrier prévu par
l'ordonnance, certes ambitieux, ne pourra probablement pas être tenu.
Aux termes de l'article L. 710-5 du code de la santé publique qu'elle a
institué, tous les établissements de santé devraient
être engagés dans la procédure d'accréditation avant
le 24 avril 2001.
Mais les retards pris pour l'installation de l'ANAES et le temps qu'elle a
dû consacrer au règlement de questions purement administratives se
répercutent aujourd'hui sur ses activités : ce n'est qu'à
la fin de l'année que 40 hôpitaux et cliniques
" expérimentateurs " entreront dans la procédure
d'accréditation et testeront, en quelque sorte, le manuel
d'accréditation publié à la rentrée par l'ANAES.
Votre rapporteur tient à rappeler, à cet égard, qu'il est
favorable à l'accréditation, non seulement des
établissements de santé, mais aussi des services qui les
composent.
B. IL NE DONNE PAS L'IMPULSION NÉCESSAIRE À L'ADAPTATION DE L'HÔPITAL PUBLIC AUX BESOINS DE LA POPULATION
Les
dispositions de l'ordonnance du 24 avril 1996 ne sauraient être
comprises comme devant entraîner l'inaction des pouvoirs publics au
niveau national : non seulement, en effet, l'hôpital a un statut public
qui implique des décisions nationales, mais le Gouvernement devrait
jouer un rôle majeur pour donner aux établissements l'impulsion,
notamment budgétaire, à leur adaptation aux besoins de la
population.
Trois exemples montrent que le Gouvernement ne remplit pas cette mission :
- il semble avoir " oublié " pendant plusieurs mois de
publier les décrets relatifs au Fonds d'accompagnement social pour la
modernisation des hôpitaux institué par la loi de financement de
la sécurité sociale pour 1998 ;
- dans le projet de loi de finances pour 1999, il réduit, au lieu
de les augmenter, les crédits du fonds d'investissement pour la
modernisation des hôpitaux ;
- l'objectif de dépenses hospitalières pour 1999 semble
davantage configuré pour financer des mesures en faveur de la fonction
publique que pour encourager à l'adaptation du tissu
hospitalier.
1. Le Gouvernement semble avoir oublié pendant plusieurs mois de publier les décrets relatifs au fonds d'accompagnement social pour la modernisation des hôpitaux
L'article 25 de la loi de financement de la
sécurité
sociale pour 1998 a institué, pour une durée de cinq ans, un
fonds d'accompagnement social pour la modernisation des établissements
de santé (FASMO), géré par la Caisse des
dépôts et consignations.
Ce fonds doit financer, par la prise en charge d'aides destinées
à favoriser la mobilité et l'adaptation des personnels,
l'accompagnement social des opérations de modernisation des
établissements publics de santé.
L'article 25 de la loi prévoyait que les ressources du fonds seraient
constituées par une contribution des régimes obligatoires
d'assurance maladie, et que seraient éligibles aux aides du fonds les
opérations agréées par le directeur de l'agence
régionale d'hospitalisation compétent.
Lors de la discussion du projet de loi de financement de la
sécurité sociale pour 1998, votre commission avait
adhéré à la démarche conduisant à
l'institution de ce fonds. Elle avait toutefois regretté le faible
montant (300 millions de francs) des crédits qui lui seraient
alloués.
Un an après l'examen de ce projet de loi par le Sénat, cependant,
aucun crédit n'a pu être engagé, aucune aide
financée ; les décrets et arrêtés nécessaires
à la mise en place du fonds
(décret en Conseil d'état
relatif à l'organisation et au fonctionnement du fonds, décret
relatif aux missions du fonds, décret instituant une indemnité de
départ volontaire, arrêté fixant le montant de
l'indemnité de départ volontaire)
n'ont en effet pas
été publiés !
Tout se passe comme si, en préparant le projet de loi de financement
pour 1999, le Gouvernement s'était souvenu de la création de ce
fonds : les projets de textes réglementaires correspondants n'ont ainsi
été examinés par le conseil supérieur de la
fonction publique hospitalière que le 27 juillet dernier. Seul, un
décret relatif au financement du fonds vient d'être publié
le 27 octobre : sa disposition essentielle prévoit, à titre
dérogatoire, le versement des contributions des régimes au plus
tard le ... 31 décembre 1998.
Pour 1999, votre commission renouvelle la critique formulée l'an dernier
: les 300 nouveaux millions de francs prévus pour l'année
prochaine sont insuffisants au regard de l'ampleur des enjeux de modernisation
de l'hôpital public.
Elle vous proposera donc d'augmenter, à coût constant pour
l'assurance maladie, les dotations du FASMO pour 1999.
2. Au lieu d'augmenter les dotations du fonds d'investissement pour la modernisation des hôpitaux, le Gouvernement veut les réduire en 1999.
Parallèlement à la création, par la loi de
financement pour 1998, du FASMO, le Gouvernement a souhaité mettre en
place, en loi de finances, un fonds d'investissement pour la modernisation des
hôpitaux (FIMHO), doté de 500 millions de francs en
autorisations de programmes et de 150 millions de francs en crédits
de paiement (imputés sur le chapitre 66-12 nouveau du budget de l'Etat).
Votre commission avait émis, à l'égard de la
création de ce fonds, un jugement identique à celui concernant le
FASMO : très favorable sur le principe mais réservé quant
à l'ampleur des crédits inscrits.
Sur le principe, la création de ce fonds vient compenser, en effet, la
décroissance continue des subventions de l'Etat à
l'investissement hospitalier au profit des seules opérations de
restructurations.
Article 66-1 du budget de l'Etat
(en millions de francs)
|
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998
|
1999
|
AP |
475,1 |
319,6 |
481 |
334,5 |
43,2 |
49,2 |
62,8 |
CP |
485,7 |
407,1 |
475,7 |
344,6 |
251,7 |
132,7 |
108,5 |
Comptes de recettes d'investissements des hôpitaux publics (1996)
(en milliards de francs)
Subventions, participations |
1,565 |
6,04 % |
Emprunts et dettes assimilées |
7,131 |
27,5 % |
Autres recettes (affectations de résultats, cessions...) |
3,631 |
14,01 % |
Autofinancement brut |
13,596 |
52,45 % |
TOTAL |
25,923 |
100 % |
Cependant, votre commission avait regretté que le fonds
ne
soit pas doté de crédits plus importants.
48 dossiers ont été déclarés éligibles au
titre du FIMHO en 1998. Ils se répartissent comme suit :
- 8 opérations de complémentarité entre
établissements de santé publics et privés
représentant 112 millions de francs, soit 22 % de l'enveloppe
de 500 millions de francs ;
- 7 opérations de regroupement d'établissements de santé
privés à but non lucratif représentant 130 millions
de francs, soit 26 % de l'enveloppe ;
- 10 opérations de fusion ou de complémentarité entre
hôpitaux publics représentant 72 millions de francs, soit
14,50 % de l'enveloppe ;
- 12 opérations d'amélioration des établissements de
santé mentale représentant 50 millions de francs, soit
10 % de l'enveloppe ;
- 9 opérations de restructuration interne aux établissements
publics représentant 135 millions de francs, soit 26 % de
l'enveloppe.
Ayant regretté la modestie des 500 millions de francs ouverts en
1998, votre commission déplore que le Fonds ne soit doté, en
1999, que de 250 millions de francs supplémentaires en
autorisations de programme.
3. L'objectif de dépenses hospitalières pour 1999 : des marges qui semblent plus destinées à financer des mesures salariales qu'à adapter l'hôpital
Les
propositions gouvernementales de répartition de l'ONDAM 1999
(+ 2,6 %), présentées le 20 octobre pour avis,
à la CNAMTS fixent à 2,5 % le taux d'évolution des
dépenses hospitalières l'an prochain. Compte tenu de la
progression du nombre de malades remboursés à 100 % par
l'assurance maladie, ce taux devrait correspondre à une progression
réelle de 2,39 % des budgets hospitaliers.
Il devrait en fait permettre le financement de l'accord salarial dans la
fonction publique et, peut-être aussi, l'application des 35 heures
à l'hôpital public, pourtant non prévue par la loi.
Votre rapporteur a interrogé le Gouvernement sur ce point : la
réponse fournie ne donne pas beaucoup de précisions, ni sur le
calendrier, ni sur le coût d'une telle mesure :
"
Le relevé de conclusions sur le dispositif salarial applicable
dans la fonction publique jusqu'au 31 décembre 1999, signé
le 10 février 1988 avec cinq organisations syndicales
représentatives des fonctionnaires, indique que la situation des trois
fonctions publiques (de l'Etat, territoriale et hospitalière) au regard
du temps de travail, présente des spécificités, en raison
notamment de la grande diversité de la réglementation et des
pratiques ainsi que des contraintes du service public. Il précise que la
réflexion qui s'engagera sur la durée du travail dans les
administrations devra tenir compte de ces particularités et de
l'exigence de qualité des services rendus aux usagers.
" Il convient donc, pour pouvoir mesurer les conséquences, dans
chacune des trois fonctions publiques, de la perspective d'une durée
hebdomadaire du travail de 35 heures, de réaliser tout d'abord un
état des lieux exhaustif de la réglementation et des pratiques au
regard du temps de travail effectif.
" Le Gouvernement a confié cette mission à M. Jacques
Roche, ancien membre de la Cour des comptes. Pour ce qui concerne la fonction
publique hospitalière, un inspecteur général de
l'inspection générale des affaires sociales a été
chargé de procéder, sur le terrain, aux investigations
nécessaires.
" Parallèlement, la direction des hôpitaux au
ministère de l'emploi et de la solidarité a pris l'initiative de
constituer un groupe de travail sur le thème " organisation et
aménagement du temps de travail " ; il convient en effet
d'organiser une discussion d'ensemble suffisamment approfondie pour aboutir
à un cadre juridique rigoureux s'imposant à tous, même s'il
doit laisser des marges de manoeuvre au plan local, et tenir compte des
spécificités et des contraintes propres au service public
hospitalier, lequel doit fonctionner 24 heures sur 24, dans des conditions
d'efficacité et de sécurité
irréprochables.
".
Le taux d'évolution des dépenses de l'hospitalisation publique
permettra donc une reconduction des moyens globale au niveau national, sans
donner d'incitation particulière aux établissements pour
accélérer leur adaptation.
Votre commission estime qu'il eût été
préférable de prévoir une progression inférieure
des dépenses hospitalières encadrées, et de doter
parallèlement le FASMO et le FIMHO de crédits bien plus
élevés que ne le prévoit le Gouvernement.
Les opérations de restructuration, en effet, coûtent cher, tant en
investissements qu'en mesures en faveur des personnels : pourquoi, dans ces
conditions, les négliger en assurant, d'année en année, la
quasi-reconduction des moyens ?
C'est pourquoi votre commission vous proposera de diminuer d'un milliard de
francs le montant de l'ONDAM 1999 fixé par le projet de loi, et de
consacrer cette somme à l'abondement supplémentaire du FASMO,
seulement attributaire en 1999 de 300 millions de francs hors ONDAM selon les
annonces gouvernementales.
*
* *
Sous réserve des amendements qu'elle propose dans le tome IV du présent rapport, votre commission vous demande d'adopter le projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 1999 pour ses dispositions relatives aux équilibres financiers généraux et à l'assurance maladie.
ANNEXE
-
ASSURANCE MALADIE
LISTE DES PERSONNES
AUDITIONNÉES
PAR LE RAPPORTEUR
Auditions du mercredi 30 septembre 1998
- M. Jean GRAS, Président de la Fédération des
médecins de France et MM. Jean-François BAUDRY, Bernard
POMMEY et Bernard BIGNOT
- M. Philippe SOPENA, Président de MG-France
- M. Dinorino CABRERA, Président du Syndicat des médecins
libéraux (SML)
- M. Gilles JOHANET, Directeur de la CNAM
- M. Claude MAFFIOLI, Président de la Confédération des
syndicats des médecins de France (CSMF)
- M. Alain COULOMB, Délégué général de
l'Union hospitalière privée (UHP)
- M. Patrice BARBEROUSSE, Président du syndicat national des cadres
hospitaliers (SNCH), MM. Emmanuel GODDAT, Délégué
national, Jean-Rémy BITAUD, Secrétaire national du SNCH
- M. Louis SERFATY, Président de la Fédération
française intersyndicale des établissements d'hospitalisation
privée (FIEHP)
Auditions du mercredi 7 octobre 1998
- M. Jean-François BÉNARD, Président du Comité
économique du médicament
- M. Claude-François DEGOS, Président du Syndicat national des
médecins, chirurgiens, spécialistes et biologistes des
hôpitaux publics (SNAM-HP) et M. Etienne WEIL
- M. Gérard VINCENT, Délégué général
de la Fédération hospitalière de France
- M. Daniel LAURENT, Conseiller scientifique de M. Claude BEBEAR-AXA
- M. Bernard CAPDEVILLE, Président de la Fédération des
syndicats pharmaceutiques de France
- M. François DELAFOSSE, Président et M. Georges RIFFARD,
Directeur général, de la Fédération des
établissements hospitaliers et d'assistance privés (FEHAP)
- M. François AUBART, Président de la Coordination
médicale hospitalière, Mme de BEAUREPERE, M. Nicolas
SIMON
Auditions du mardi 13 octobre 1998
- M. Dominique COUDREAU, Directeur de l'Agence régionale de
l'hospitalisation d'Ile-de-France
- M. Bernard WINISDOERFFER, Président de l'Union collégiale des
chirurgiens et spécialistes français (UCCSF) et MM. Christian
DUMONTIER, Bernard MALHERBE et Raymond GATELMAND
- M. Jacques REIGNAULT, Président de la Confédération
nationale des syndicats dentaires (CNSD)
- M. Yves MATILLON, Directeur de l'Agence nationale d'accréditation et
d'évaluation en santé (ANAES)
- M. Francis PEIGNE, Président de l'Intersyndicale nationale des
praticiens hospitaliers
Auditions du mercredi 14 octobre 1998
- M. Guy VERGNE, Directeur général du CHU de Montpellier,
Président de la Conférence des directeurs généraux
de CHU
- M. Alexis DUSSOL, Président de la Conférence nationale des
directeurs de centres hospitaliers non universitaires, MM. Jean-Pierre MARIANI
et Bernard GRANDJEAN
- M. Jean-Pierre DAVANT, Président de la Fédération
nationale de la Mutualité française (FNMF)
- M. Jacques ROLAND, Président de la Conférence des doyens des
facultés de médecine et des présidents des
universités médecins
- M. Stanislas JOHANET, rédacteur en chef de la Lettre des
décideurs hospitaliers
- MM. Gilles BRUCKER et Etienne CANIARD, Secrétaires du Comité
d'orientation des Etats Généraux de la Santé
Auditions du jeudi 22 octobre 1998
- M. Jean-François MAZOYER, Président de la
Fédération nationale des médecins, des radiologues (FNMR)
- M. François MAIGNIEN, Président de la Fédération
française des masseurs-kinésithérapeutes
rééducateurs
- M. Patrick BREZAC, Président de la Confédération
nationale des Unions régionales de médecins libéraux
- M. Pierre BERAS, Président de l'Union nationale des pharmacies de
France
- M. Bernard MESURE, Président, et M. Bernard LEMOINE, Directeur
général, du Syndicat national de l'industrie pharmaceutique (SNIP)
Auditions du mercredi 28 octobre 1998
- M. Edouard COUTY, Directeur des hôpitaux
- M. Bernard DELAS, Directeur général de GROUPAMA, M. Philippe
ESPINASSE, Directeur général de GROUPAMA assurances France,
Mme Nadine FILICOTEAUX, Directeur du marché des particuliers et
M. Jean-Paul LABORDE, attaché parlementaire
Audition du mardi 3 novembre 1998
- M. Olivier JOYEUX, Président de la Conférence des commissions
médicales d'établissements des centres hospitaliers
généraux
1 Selon l'expression de M. Philippe Nasse, secrétaire général de la Commission des comptes de la sécurité sociale, lors de son audition par la commission des affaires sociales le 24 juin 1998.
2 Rapport de la Commission des comptes de la sécurité sociale, mai 1998, p. 208.
3 Selon l'expression de votre commission des Affaires sociales (communiqué de presse du 12 juin 1998).
4 Comme l'explique la Cour des comptes dans son Rapport 1996, p. 16.
5
Rapport de la Commission des comptes de la
sécurité sociale, mai 1998, p. 6.
6
Rapport 1997 de la Cour des comptes sur la sécurité
sociale, p. 12.
7
Dans le cadre des réponses adressées par le
Ministère de l'Emploi et de la Solidarité au questionnaire
établi en application de l'article 2 de la loi n°96-1160 du
27 décembre 1996.
8
Rapport 1997 de la Cour des comptes sur la
sécurité sociale, p. 43-45.
9
Principalement la page 28 et la page 96 de l'annexe C.
10
Rapport 1997 de la Cour des comptes sur la sécurité
sociale, p. 38.
11
Sur la question du BAPSA, se reporter au f)
ci-après.
12
Annoncée par M. Dominique Strauss-Kahn lors de son
audition par la commission des Finances du Sénat le 9 septembre 1998.
13
Débats Sénat, séance du 25 juin 1998, p.
3505.
14
Il est à noter que Force Ouvrière a repris
l'idée d'un débat d'orientation dans ses quarante propositions
sur la sécurité sociale annoncées le 15 septembre 1998.
15
Débats Sénat, séance du 25 juin 1998, p.
3540.
16
Cour des comptes, rapport sur la
sécurité sociale de septembre 1997, p. 51.
17
Commission des comptes de la sécurité sociale, mai
1998, p. 12 à 16.
18
Dénommé groupe Delaporte, puis
groupe
Déniel, du nom de son animateur.
19
Ce colloque, organisé par Espace Social Européen
et la Commission des Affaires sociales du Sénat s'est tenu le 15
mai 1997 et avait pour titre : " Modernisation du financement et de
la comptabilité de la sécurité sociale : Enjeux
techniques ou enjeu politique ? " (Espace Social Européen,
Documents et synthèses, n°26).
20
p. 56 à 61.
21
Rapport de MM. Bonnet et Nasse, Regards sur l'actualité
n° 233, La Documentation française, juillet 1997, p. 35.
22
Rapport de la Commission des comptes de la sécurité
sociale, mai 1998, p. 7.
23
Comme l'explique le rapport 1996 de la Cour des comptes sur la
sécurité sociale.
24
En raison de " nombreux problèmes techniques,
notamment dans le cas des agents non titulaires de l'Etat ", Rapport de la
Cour des comptes sur l'exécution des lois de finances pour
l'année 1996, juillet 1997, p. 325.
25
Audition du 1
er
octobre 1997 de M. Pierre Joxe,
Premier président de la Cour des comptes et Mme Marie-Anne Boutin,
rapporteur général par la commission des Affaires culturelles,
familiales et sociales de l'Assemblée nationale (Rapport n°385
1997-1998, p. 65).
26
Hors les 3,5 milliards de francs au titre de la réduction
du temps de travail prévus par le projet de loi de finances.
27
Rapport 1997 de la Cour des comptes, p. 75.
28
Selon la réponse du ministre de l'Economie, des Finances
et de l'Industrie, Rapport 1997 de la Cour des comptes, p. 411.
29
Arrêté du 26 août 1998, paru au Journal
Officiel du 8 septembre 1998, p. 13689.
30
Journal Officiel du 28 août 1998, p. 13216.
31
Rapport de la Cour des comptes sur l'exécution des lois de
finances 1997, juillet 1997, p. 331.
32
Source : Commission des comptes de la sécurité
sociale et annexes du projet de loi de financement de la sécurité
sociale pour 1999
.
33
Question écrite de M. Michel Charasse du 25
septembre 1997, réponse publiée au Journal Officiel Questions
Sénat, 16 avril 1998, p. 1248.
34
Journal Officiel du 30 décembre 1997, p. 19204.
35
Bulletin officiel des services du Premier ministre,
n° 98-1 du 10 avril 1998, p. 11.
36
Selon les termes de la réponse apportée à la
question du 5 mars 1998 de M. Alain Vasselle, publiée dans le Journal
Officiel Questions Sénat du 23 avril 1998, p. 1329.
37 Pour les salariés, la CSG porte sur 95 % de l'assiette salariale.
38
Question du 8 juin 1998 de M. Alain Néri,
parue
au Journal Officiel du 31 août 1998, p. 4810 et 4811.
39
Question du 6 juillet 1998 de M. Jean Rigaud, parue au Journal
Officiel du 31 août 1998, p. 4813.
40
Ces droits sont prévus à l'article 403 du code
général des impôts, d'où l'expression " droits
403 ". Ce sont les articles 18 et 28 de la loi n°96-1160 du 27
décembre 1996 de financement de la sécurité sociale pour
1997 qui ont fixé la répartition de ces droits.
41 Rapport de la commission des comptes de la sécurité sociale, p. 39.
42
La loi de financement de la
sécurité
sociale pour 1998 a déclassé la CANAM de l'affectation
prioritaire, qui est désormais réservée à la seule
CNAMTS.
43
Rapport 1998 sur la sécurité sociale, p. 80.
44
Cet " effet croissance " semble décelable
pour les droits sur les tabacs et l'harmonisation de l'assiette du
" prélèvement social ", affecté à la CNAF
et à la CNAVTS, sur l'assiette de la CSG.
45
Discours de Mme Martine Aubry le mardi 22 septembre 1998 devant
la Commission des comptes de la sécurité sociale, p. 1.
46 Annexe C, p. 9.
47
Voir la partie du tome consacré à
l'assurance maladie.
48
Les échanges avec la Russie représentent aux
alentours de 1 % du commerce extérieur français.
49
Il s'agit ici de la masse salariale du secteur privé
(entreprises non financières non agricoles hors grandes entreprises
nationales, hors mesures jeunes)
50 Déclarations parues dans la revue américaine Leaders , volume 21, n°3.
51
Rapport économique, social et financier,
p. 119.
52
Voir le Rapport de la commission des comptes de la
sécurité sociale de septembre 1998 (tome I), p. 133.
53
INSEE Informations rapides, 25 octobre 1998.
54
Le dollar était à 5,60 francs le 11 septembre 1998,
alors que la prévision du Gouvernement -rendue deux jours auparavant- le
situe à 6,00 francs.
55
Cité par La Tribune du 10 septembre 1998.
56
Eric Chaney, Morgan Stanley, cité par La Tribune du 8
octobre 1998.
57
Selon le rapport de la Commission des comptes de la
sécurité sociale de juin 1996.
58
Lors de son audition par votre commission des
finances, bulletin des commissions, session ordinaire 1997-1998, n°
2 , p. 143.
59
Voir la partie de ce tome relative à l'assurance maladie.
60
Pour un détail de ces mesures, voir le rapport de M. Alain
Vasselle, rapporteur pour l'assurance vieillesse (tome III).
61
Pour un détail de ces mesures, voir le rapport de M.
Jacques Machet, rapporteur pour la famille (tome II).
62
p. 27
.
63
Une nouvelle complication, après la majoration
en cours d'année de l'ARS, dans l'intelligibilité des
comparaisons entre exercices.
64
Annexe D du projet de loi, p. 10.
65 Le régime général ne représente qu'environ 45 % des prestations vieillesse (CNAVTS), contre plus de 80 % pour les prestations maladie (CNAMTS) et 100 % des prestations famille (CNAF).
66
Exposé des motifs du projet de loi
n° 512
AN (11
ème
législature) - 10 décembre 1997.
67
Etude d'impact jointe au projet de loi n° 512 AN.
68
Rapport n° 306 (1997-1998), p. 112-115.
69
La Tribune, 16 octobre 1998.
70
Rapport de la Commission des comptes de la sécurité
sociale, septembre 1998, tome I, p. 133.
71
JO Débats Assemblée nationale, 2ème
séance du 30 octobre 1998, p. 7766.
72
Rapport de la Commission des comptes de la sécurité
sociale, p. 29.
73
Erreur matérielle ou volonté de
réécrire l'histoire ? Il faut lire " 1997 ",
l'Assemblée nationale a heureusement corrigé cette
" coquille ", en supprimant toute référence historique.
74
Cf. " Réformer l'assiette des cotisations
patronales : un débat ancien toujours d'actualité "
d'Alain Gubian - (Travail et Emploi ; DARES n°72, 3/97).
75
Statistiques des recettes publiques 1965-1997, OCDE 26
août 1998.
76
Comment mesurer l'effort social de l'Etat - L'observateur de
l'OCDE n° 211, avril-mai 1998.
77
Conseil d'analyse économique, 1998, n°4.
78
Rapport Malinvaud, p. 14.
79
Rapport Malinvaud, p. 24.
80
Rapport n°500, 1997-1998.
81
Aucun document écrit n'a été remis aux
partenaires sociaux.
82
Rapport de la Commission des comptes de la sécurité
sociale, septembre 1998, p. 15.
83
Sociétés par actions
simplifiées, sociétés en nom collectif, groupements
d'intérêt économique, groupements européens
d'intérêt économique, certaines institutions
financières, certaines entreprises publiques, coopératives.
84
Sur toutes ces questions, se reporter au rapport de M. Alain
Vasselle, rapporteur pour la branche vieillesse.
85
Cette mission a été effectuée
par
Mme Hespel et M. Thierry, d'où le nom de rapport
" Hespel-Thierry ".
86
JO Débats, AN, 20 mai 1998, p. 4148.
87
Rapport sur la sécurité sociale, p. 152.
88
Proposition de loi n 540 (1997-98).
89
Bulletin des commissions de l'Assemblée
nationale 1998 - n°22, p. 2754.
90
Cette proposition semble avoir été envisagée
par le ministère de l'Economie et des Finances. Elle a été
reprise par Force Ouvrière.
91
Les médicaments antirétroviraux sont à
exclure du champ de l'objectif et doivent faire l'objet d'un suivi
spécifique.