G. AUDITION DE M. JEAN-LUC CAZETTES, PRÉSIDENT DE LA CAISSE NATIONALE D'ASSURANCE VIEILLESSE DES TRAVAILLEURS SALARIÉS (CNAVTS)

Réunie le mardi 28 octobre 1997, sous la présidence de M. Jean-Pierre Fourcade, président , puis de M. Louis Souvet, vice-président , puis de M. Jacques Bimbenet, vice-président, la commission a procédé à l'audition de M. Jean-Luc Cazettes, président de la Caisse nationale d'assurance vieillesse des travailleurs salariés (CNAVTS) sur le projet de loi de financement de la sécurité sociale.

M. Alain Vasselle, rapporteur pour la branche vieillesse
a, tout d'abord, demandé à M. Jean-Luc Cazettes de bien vouloir commenter l'avis rendu par le conseil d'administration de la CNAVTS sur le projet de loi de financement de la sécurité sociale.

Il a ensuite souhaité connaître l'impact du basculement des cotisations d'assurance maladie vers la CSG pour les retraités.

Il s'est également interrogé sur l'incidence de la mise en oeuvre de la prestation spécifique dépendance (PSD) sur l'action sociale de la CNAVTS et a demandé à M. Jean-Luc Cazettes combien de conventions avaient déjà été signées entre les départements et les organismes de sécurité sociale, en application de l'article premier de la loi du 24 janvier 1997 instaurant la prestation spécifique dépendance.

S'agissant de la situation de l'assurance veuvage, il s'est interrogé sur la revalorisation de l'allocation veuvage dont le montant est aujourd'hui très faible.

Enfin, il s'est enquis des mesures nouvelles proposées par M. Jean-Luc Cazettes pour faire face à la dégradation prévisible du déficit de la branche vieillesse dans les prochaines années. Il a évoqué une éventuelle extension à la valeur ajoutée des entreprises de l'assiette des cotisations sociales à la charge des employeurs et a souhaité connaître le sentiment de M. Jean-Luc Cazettes à ce sujet.

En réponse à M. Alain Vasselle, rapporteur pour la branche vieillesse, M. Jean-Luc Cazettes a indiqué que le conseil d'administration de la CNAVTS - à l'exception de la délégation de la Confédération française démocratique du travail (CFDT) et de deux personnes qualifiées - avait rendu le 1er octobre 1997 un avis négatif sur le projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 1998. Il a néanmoins ajouté que cet avis négatif ne portait pas à proprement parler sur la partie assurance vieillesse du projet de loi dans la mesure où, à l'exception de la délégation de la CFDT et d'une personne qualifiée qui avaient exprimé leurs positions uniquement sur les points concernant la branche vieillesse, les composantes du conseil d'administration avaient exprimé un avis sur l'ensemble du texte.

M. Jean-Luc Cazettes a expliqué que les délégations de la Confédération générale du travail (CGT) et de Force ouvrière (FO) avaient exprimé un avis défavorable en raison de leur hostilité au basculement des cotisations d'assurance maladie sur la CSG. Il a ajouté que les représentants des employeurs avaient également émis un avis défavorable en raison de l'augmentation des prélèvements prévus par le projet de loi de finances et de la hausse sensible des dépenses d'assurance maladie. Il a enfin indiqué que les délégations de la Confédération française de l'encadrement - Confédération générale des cadres (CFE-CGC) et de la Confédération française des travailleurs chrétiens (CFTC) avaient émis un avis négatif du fait de leur désaccord total avec la mise sous condition de ressources des allocations familiales.

Il a indiqué que le basculement des cotisations d'assurance maladie sur la CSG aurait un impact théoriquement nul pour les retraités. Il a ajouté toutefois que ce basculement pénaliserait les retraités bénéficiaires d'une majoration de 10 % pour enfant, majoration sur laquelle ils ne payaient pas de cotisation d'assurance maladie. En réponse à M. Louis Souvet, vice-président, il a précisé que les retraités bénéficiaires de la majoration de 10 % pour enfant représentaient 42 % de l'ensemble des retraités. M. Charles Descours, rapporteur, a alors souligné qu'il s'agissait d'une nouvelle pénalisation pour les personnes ayant eu des enfants.

M. Jean-Luc Cazettes a ajouté que le basculement des cotisations d'assurance maladie vers la CSG allait avantager les retraités domiciliés à l'étranger pour lesquels aucune CSG n'était perçue et qui ne paieraient donc plus de cotisations d'assurance maladie.

Toujours en réponse à M. Alain Vasselle, rapporteur pour la branche vieillesse, M. Jean-Luc Cazettes a indiqué que la CNAVTS réserverait désormais ses prestations d'aide ménagère aux personnes âgées appartenant aux groupes 4, 5 et 6 de la grille Autonomie-gérontologie groupes iso-ressources (AGGIR) puisque les personnes appartenant aux groupes 1, 2 et 3 seraient prises en charge par la prestation spécifique dépendance (PSD), versée par les conseils généraux. Il a déclaré que la CNAVTS allait désormais recentrer son action sur la prévention de la dépendance pour les groupes 4, 5 et 6 et sur les personnes qui ne pourraient bénéficier de la prestation spécifique dépendance en raison du niveau trop élevé de leurs ressources. Il a en outre précisé que le conseil d'administration de la CNAVTS avait décidé d'exclure du bénéfice de l'aide ménagère les personnes ayant refusé la PSD. Il a enfin ajouté que cinq conventions avaient d'ores et déjà été signées entre les départements et les organismes de sécurité sociale, dans l'Aisne, le Gers, la Moselle, le Nord et l'Oise.

En réponse à M. Alain Vasselle, rapporteur pour la branche vieillesse, M. Jean-Luc Cazettes a reconnu que le montant de l'allocation veuvage était effectivement très faible dès la deuxième année de versement de l'allocation. Il a néanmoins considéré que les veufs et les veuves pouvaient également bénéficier du revenu minimum d'insertion (RMI). Il a expliqué que l'assurance veuvage représentait 2 milliards de francs environ de cotisations pour seulement 450 millions de francs de prestations versées. L'excédent, qui s'élevait donc à 1,6 milliard de francs, contribuait à l'équilibre du régime vieillesse.

M. Alain Vasselle, rapporteur pour la branche vieillesse, est alors intervenu pour indiquer qu'il s'agissait là, selon lui, d'un problème de principe. L'allocation veuvage était une prestation de protection sociale dont le bénéfice était ouvert par des cotisations payées par les salariés pour se prémunir d'un risque. Le RMI procédait d'une toute autre logique, celle de la solidarité et de l'aide sociale. M. Jean-Luc Cazettes a considéré que l'analyse de M. Alain Vasselle, rapporteur pour la branche vieillesse, était tout à fait pertinente. Il a cependant souligné que toute revalorisation éventuelle de l'allocation veuvage se traduirait par un problème de financement pour l'assurance vieillesse.

Puis, M. Jean-Luc Cazettes a estimé qu'il était effectivement devenu nécessaire de réfléchir à de nouvelles mesures permettant d'assurer le financement à long terme de la branche vieillesse. Il a alors suggéré plusieurs pistes de réforme.

M. Jean-Luc Cazettes a indiqué tout d'abord que l'on pouvait réfléchir à une modification de l'assiette des cotisations sociales à la charge des employeurs ; il a évoqué comme nouvelle assiette le chiffre d'affaires, l'excédent brut d'exploitation ou la valeur ajoutée. Il a considéré que le rapport préparé par M. Jean-François Chadelat fournirait une base de réflexion et de discussion intéressante.

M. Jean-Luc Cazettes a également indiqué que l'on pouvait imaginer une extension de l'assiette de cotisation à l'ensemble des revenus du travail - y compris les primes, les rémunérations accessoires, les produits de l'intéressement et de la participation -, une augmentation du taux de la cotisation patronale, une meilleure prise en charge du financement des avantages non contributifs par le fonds de solidarité vieillesse et le remboursement par l'Etat de toutes les exonérations de cotisations sociales datant d'avant juillet 1994.

M. Charles Descours, rapporteur, a alors souhaité connaître le montant des exonérations de charges sociales non compensées. M. Jean-Luc Cazettes a indiqué que ce montant était de 15 milliards de francs par an pour l'ensemble du régime général ; il a souligné que toutes les exonérations décidées depuis 1994 étaient désormais compensées par l'Etat et a rappelé que toutes les exonérations antérieures à cette date ne faisaient en revanche l'objet d'aucune compensation.

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