III. EXAMEN DU RAPPORT
Réunie le mercredi 5 novembre 1997 sous la
présidence de M. Jean-Pierre Fourcade, président
, la
commission a procédé à
l'examen du rapport de
MM. Charles Descours (équilibres financiers généraux
et assurance maladie), Jacques Machet (famille) et Alain Vasselle (assurance
vieillesse) sur le projet de loi n° 70
(1997-1998)
relatif au
financement de la sécurité sociale pour 1998
.
M. Charles Descours, rapporteur pour les équilibres
généraux et l'assurance maladie,
a d'abord indiqué que
l'examen du projet de loi de financement de la sécurité sociale
pour 1998 s'inscrivait dans un contexte radicalement différent du
précédent.
En effet, le nouveau Gouvernement a défini des orientations et des
dispositions qui remettent en cause les principes fondamentaux de notre
système de protection sociale. En outre, le projet de loi prévoit
une série de mesures qui conduisent à une aggravation
considérable des prélèvements ; alors que les
économies nettes sur les dépenses représentent
3,5 milliards de francs, le total des prélèvements
supplémentaires s'élève à 14,5 milliards de
francs. L'augmentation des prélèvements traduit, de plus, un
" ciblage " inacceptable des mesures sur les familles,
l'épargne et les travailleurs indépendants.
Dressant un premier bilan de l'application de la loi de financement pour 1997,
il a regretté le manque d'information sur les conséquences de la
substitution de la contribution sociale généralisée (CSG)
aux cotisations maladie.
Evoquant les conditions de l'équilibre financier pour 1998, il a
successivement examiné la nouvelle opération d'apurement de la
dette et les prévisions générales de recettes, de
dépenses et de trésorerie pour 1998.
Il a indiqué que l'article 25 relatif à la caisse
d'amortissement de la dette sociale (CADES) appelait trois observations
principales.
En premier lieu, il induit des prélèvements sur les
générations futures d'une ampleur sans précédent.
Ensuite, la nouvelle reprise de la dette sociale ne contribue pas à
introduire des comportements plus responsables en matière de
dépenses.
Enfin, les modalités retenues sont susceptibles de conduire à des
réactions du corps social. En effet, le mécanisme de reprise de
la dette ne bénéficie, à l'heure actuelle, qu'au
régime général alors que l'ensemble de la population est
appelé à financer la CADES par le biais de la contribution pour
le remboursement de la dette sociale (CRDS).
Il a estimé qu'un tel dispositif n'était " acceptable "
que si l'opération ne se reproduisait pas et qu'il y avait donc un
impératif absolu de rétablissement définitif des comptes
à partir de 1999.
S'agissant des recettes de l'ensemble des régimes pour 1998,
l'augmentation est de + 63,8 milliards de francs et l'on constate une
fiscalisation très forte des ressources de la sécurité
sociale.
Concernant les dépenses en progression de + 45 milliards de
francs, il appert que la branche vieillesse enregistre la plus forte hausse
suivie par la branche
maladie-maternité-invalidité-décès.
L'évolution des dépenses de la branche famille apparaît
donc dans ce contexte, modérée. Celles-ci ne progressent que de
5,1 milliards de francs, soit une hausse de 2,1 %.
M. Charles Descours, rapporteur pour les équilibres
généraux et l'assurance maladie
, a ensuite examiné
plus spécifiquement l'équilibre financier du régime
général en 1998.
Pour ce régime, les recettes progresseraient de 3,9 % et les
dépenses de 1,7 %.
Le solde prévisionnel se répartirait de la manière
suivante : - 6,5 milliards de francs pour la branche maladie,
+ 1,4 milliard de francs pour la branche accidents du travail
- 4,3 milliards de francs pour la branche vieillesse,
- 2,6 milliards de francs pour la branche famille.
M. Charles Descours, rapporteur pour les équilibres financiers
généraux et l'assurance maladie
, a indiqué que la
réduction du solde résultait d'une aggravation de
14,9 milliards de francs de prélèvements, d'économies
concernant essentiellement la mise sous condition de ressources des allocations
familiales et d'un report de la charge de la dette qui allégeait les
frais financiers de 3 milliards de francs. Il a constaté que
l'aggravation des prélèvements porterait massivement sur
l'épargne des Français, principalement celle des classes
moyennes, et que la totalité des efforts d'économie touchait la
branche famille.
M. Charles Descours, rapporteur pour les équilibres financiers
généraux et l'assurance maladie
, a formulé trois
propositions principales qui constitueraient les axes d'un
" autre "
projet de loi de financement.
Le premier axe réside dans la sauvegarde de la politique familiale. Elle
passe par la suppression de la mise sous condition de ressources des
allocations familiales et de la minoration de l'allocation de garde d'enfant
à domicile (AGED). Elle est rendue possible par la majoration, pour un
an seulement, d'un dixième de point du taux de la contribution sociale
généralisée (CSG) affectée à la famille.
Le deuxième axe est de contenir les prélèvements en
proposant la suppression de plusieurs mesures prévues par le projet de
loi : le basculement des cotisations maladie sur la CSG, dont les
conséquences ont été mal mesurées et qui va
conduire à des injustices très graves dans notre système
de financement de la sécurité sociale, l'inclusion des
intérêts et primes des comptes et plans d'épargne logement
et des produits d'assurance vie dans l'assiette des prélèvements
de 2 % institués au profit de la caisse nationale d'allocations
familiales (CNAF) et de la caisse nationale d'assurance vieillesse des
travailleurs salariés (CNATVS), le relèvement de 6 %
à 8 % de la taxe sur les contributions des entreprises à la
prévoyance et la disposition relative au régime des clercs de
notaires qui est totalement discriminatoire. En outre, il conviendra
d'étaler sur deux ans le déplafonnement des cotisations
familiales des employeurs et travailleurs indépendants
Le troisième axe de propositions consiste en un rétablissement de
la maîtrise des dépenses d'assurance maladie et des
dépenses de gestion des caisses.
Dans une seconde partie de son intervention,
M. Charles Descours, rapporteur
pour les équilibres financiers généraux et l'assurance
maladie
, a évoqué la situation de l'assurance maladie.
Il a d'abord montré que les débuts de l'application du plan
Juppé s'étaient soldés, pour l'instant, par des effets
très positifs pour l'assurance maladie.
Se référant au rapport de la commission des comptes de la
sécurité sociale, il a indiqué que les effets du plan
Juppé avaient entraîné de substantielles économies
pour l'assurance maladie et que l'objectif de dépenses, au vu des six
premiers mois de 1997, avait de grandes chances d'être respecté.
Il a estimé que le respect de l'objectif constituerait un succès
d'abord pour les professionnels de santé qui avaient
intégré dans leur pratique quotidienne des comportements
rigoureux allant dans le sens du juste soin, ensuite pour le Parlement et le
précédent Gouvernement.
Il a cependant observé que le respect de l'objectif n'était pas
tout à fait certain. En effet, en conséquence des multiples
signes de relâchement de l'effort adressés par le Gouvernement aux
professionnels de santé, les dépenses d'assurance maladie ont
dérapé à nouveau au mois d'août. Il a estimé
que, si le Gouvernement ne clarifiait pas rapidement ses intentions en
matière de maîtrise de dépenses, l'objectif 1997 pourrait
être dépassé.
Evoquant la réforme introduite par les ordonnances dites Juppé,
il a affirmé qu'elle était fragile et qu'elle pourrait voir ses
effets annulés par le seul attentisme du Gouvernement.
Il a regretté que l'installation de l'ANAES ait été faite
avec retard et que le Gouvernement ait décidé de reporter les
restructurations hospitalières à 1999, en les conditionnant
à l'adoption de nouveaux schémas régionaux d'organisation
sanitaire.
Il a également regretté les critiques formulées par des
responsables gouvernementaux à l'encontre des agences régionales
de l'hospitalisation, qui étaient de nature à remettre en cause
l'autorité de leurs directeurs.
Evoquant les soins de ville, il a estimé que le Gouvernement avait
renvoyé à l'automne prochain la définition de sa politique
avec la convocation au printemps d'états généraux de la
santé. Il a regretté que l'informatisation des cabinets
médicaux prenne également du retard et qu'un avenant
conventionnel très contestable, après de longues
hésitations, ait été approuvé. Enfin, il a
souligné que la politique du médicament était en panne.
M. Charles Descours, rapporteur pour les équilibres financiers
généraux et l'assurance maladie,
a ensuite examiné les
dispositions du projet de loi de financement de la sécurité
sociale qui concernent l'assurance maladie. Il a estimé qu'elles ne
réduisaient le déficit que grâce à un alourdissement
des prélèvements.
Il a regretté que le Gouvernement ait retenu, pour fixer l'objectif
1998, les prévisions de dépenses tendancielles, relâchant
ainsi l'effort entrepris pour maîtriser les dépenses. Il a
estimé que le taux d'évolution des dépenses prévu
par le Gouvernement ne pouvait être accepté pour trois raisons
essentielles.
D'abord, les nécessaires ajustements en faveur des professionnels de
santé en cas de respect de l'objectif 97 pouvaient être
honorés avec un taux inférieur à 2,2 %.
De même,
M. Charles Descours, rapporteur pour les équilibres
financiers généraux et l'assurance maladie,
a estimé
que ce taux était inéquitable car il ne prévoyait pas un
effort identique pour l'hôpital et pour la médecine
libérale, et aussi parce qu'environ 10 % de l'objectif de
dépenses, soit près de 70 milliards de francs, sont non
encadrées. Il a cité, à cet égard, l'exemple du
secteur médico-social, pour lequel il a proposé à la
commission un amendement tendant à encadrer l'évolution de ses
dépenses, ainsi que les prescriptions qui sont effectuées par
d'autres médecins que les libéraux.
Il a indiqué qu'il proposerait de réduire l'objectif national de
dépenses de 3,3 milliards de francs.
Il a précisé que cette réduction ne se ferait pas au
détriment des professionnels de santé, mais résulterait de
l'encadrement de dépenses telles que celles du secteur
médico-social.
En conclusion,
M. Charles Descours, rapporteur pour les équilibres
financiers généraux et l'assurance maladie
, a affirmé
que la commission aurait pu, soit refuser de discuter le présent projet
de loi, soit repousser l'ensemble des mesures qu'il comportait, mais qu'il
avait préféré lui proposer d'adopter un texte
profondément amendé qui traduirait l'existence d'une autre
politique.
Puis,
M. Jacques Machet, rapporteur pour la famille
, a d'abord
rappelé solennellement qu'il considérait la cellule familiale
comme le socle essentiel de notre société et que la politique
familiale ne constituait pas un coût, mais un investissement pour la
collectivité.
Il a constaté que le Gouvernement ne semblait pas partager cette
conception puisqu'il proposait, dans le projet de loi de financement de la
sécurité sociale pour 1998, la mise sous condition de ressources
des allocations familiales. Présentée comme une mesure de
" solidarité " et de " justice ", la
mise sous
condition de ressources des allocations familiales procède en
réalité d'une seule volonté d'économies
financières, justifiée par le déficit que connaît la
branche famille dont il s'est proposé d'analyser l'origine.
M. Jacques Machet, rapporteur,
a affirmé que ce dernier
témoignait du succès rencontré par la loi du
25 juillet 1994 relative à la famille mais également de la
multiplicité des charges indues qui pèsent sur cette branche.
Il s'est élevé contre les critiques fréquemment
exprimées qui soulignent le coût élevé de la loi du
25 juillet 1994 précitée, en affirmant qu'il
résultait du succès rencontré par les mesures qu'elle
contenait et qui traduisent leur adaptation aux besoins de la population.
Evoquant les charges indues qui pèsent sur les comptes de la branche
famille, il a cité la gestion du revenu minimum d'insertion (RMI) et de
l'allocation aux adultes handicapés (AAH), pour un coût total de
1,5 milliard de francs, et les cotisations versées par la CNAF
à la CNAVTS au titre de l'assurance vieillesse des parents au foyer
(AVPF) dans la mesure où elles atteignent des montants sans doute
excessifs (20 milliards de francs par an).
Il a estimé qu'une remise à plat de l'ensemble des transferts et
des charges supportées par la CNAF s'imposait dans les meilleurs
délais et que procéder à une réforme fondamentale
de la politique familiale du seul fait de ce déficit serait une erreur
lourde de conséquences.
M. Jacques Machet, rapporteur
, a affirmé que les mesures
proposées par le Gouvernement dans le projet de loi de financement de la
sécurité sociale remettaient en cause les fondements de la
politique familiale.
Constatant que la branche famille supportait l'essentiel du poids des
économies réalisées dans le cadre de ce projet de loi, il
a observé que la mise sous condition de ressources des allocations
familiales était la mesure la plus choquante et la plus inacceptable.
Il a regretté l'absence totale de concertation avec les partenaires
sociaux et le mouvement familial. En outre, la décision du Gouvernement
précède la réflexion de fond annoncée pour 1998.
M. Jacques Machet, rapporteur
, s'est donc demandé s'il
était nécessaire de bouleverser le cadre de la politique
familiale à la veille d'un réexamen d'ensemble de cette politique.
En effet, elle remet en cause l'universalité des allocations familiales
et transforme la politique familiale en une politique d'aide sociale à
vocation redistributive, ouvrant ainsi la voie aux critères de
ressources pour l'ensemble de la sécurité sociale et notamment
les prestations maladie.
M. Jacques Machet, rapporteur
, a aussi estimé que la diminution
de l'allocation de garde d'enfant à domicile allait pénaliser les
femmes qui travaillent et risquait de favoriser le développement du
travail clandestin.
Cette prestation vient, en effet, suppléer au manque de places en
crèches, particulièrement criant dans certaines
agglomérations.
En conclusion,
M. Jacques Machet, rapporteur
, a précisé
les orientations qui permettraient de donner un nouveau souffle à la
politique familiale.
Il a affirmé que la France se caractérisait par sa tradition de
politique familiale affirmée qui lui permettait de connaître
aujourd'hui une situation démographique moins dégradée que
celle de ses principaux partenaires européens.
Or, pour être efficace, la politique familiale doit s'inscrire dans la
durée. Il est à craindre que les mesures défavorables aux
familles que s'apprête à faire voter le Gouvernement
n'érodent la confiance des Français dans l'avenir de la politique
familiale et se traduisent à terme par une diminution des naissances.
Il a indiqué que la conférence nationale de la famille
constituait une instance de concertation et d'échange indispensable dont
les débuts étaient particulièrement prometteurs, et que le
rapport Gisserot fournissait une base de réflexions
particulièrement riche pour repenser la politique familiale dont notre
pays a besoin. En conclusion,
M. Jacques Machet, rapporteur
, a
affirmé que la politique familiale devait être la politique de la
Nation tout entière.
Puis,
M. Alain Vasselle, rapporteur pour la vieillesse,
a d'abord
constaté que, bien que les prestations servies par les branche
vieillesse de la sécurité sociale, représentent
12,5 % de la richesse nationale, cette branche ne donnait pourtant pas
lieu, dans le texte du projet de loi de financement de la
sécurité sociale, à de longs développements. Or,
nul ne peut cependant ignorer ce qui va se passer dans les années
à venir et les problèmes que généreront les
déséquilibres grandissants. A cet égard, l'adaptation de
nos régimes de retraite aux évolutions démographiques et
économiques futures est l'un des chantiers les plus difficiles qui
attend les gouvernements successifs dans les vingt années à
venir.
M. Alain Vasselle
a donc regretté que l'année 1998
se présente, à cet égard, comme une année perdue.
Dressant l'état des lieux de l'assurance vieillesse, il a indiqué
que, si les déficits de l'assurance vieillesse se stabilisaient, la
situation restait préoccupante à long terme.
Il a imputé la stabilisation des déficits à la
réforme des retraites entreprises en 1993, ainsi qu'aux recettes
nouvelles qui ont été affectées à la branche
vieillesse depuis cette date.
Il a indiqué, par ailleurs, que les réformes des régimes
complémentaires Association des régimes de retraites
complémentaires (ARRCO) et Association générale des
institutions de retraite des cadres (AGIRC) limitaient leurs déficits,
mais que de nouveaux efforts seraient néanmoins nécessaires pour
affronter les premières années du siècle prochain.
Il a estimé que les perspectives des régimes spéciaux de
salariés étaient très préoccupantes. En effet, ces
régimes n'ont amorcé aucune réforme ni même aucune
étude prospective alors que leur rapport démographique va se
dégrader rapidement dès l'an 2000, spécialement pour les
fonctionnaires de l'Etat et des collectivités locales. Il a jugé
indispensable d'engager, dès maintenant, une réflexion en
profondeur sur l'avenir des régimes spéciaux de retraite.
M. Alain Vasselle, rapporteur pour la vieillesse
, a ensuite
affirmé que les mesures ponctuelles proposées par le projet de
loi du Gouvernement ne dispenseraient pas d'un examen des problèmes
immédiates et d'une réflexion en profondeur sur l'avenir de notre
système de retraite.
Il a estimé que, pour limiter à 4,3 milliards de francs, le
déficit de la branche vieillesse en 1998, le Gouvernement avait choisi
la facilité avec une augmentation des prélèvements,
l'utilisation de l'excédent de la C3S et l'opération de reprise
de la dette.
Evoquant l'impact pour les retraités du basculement de la cotisation
d'assurance maladie, il a estimé que cette opération ne serait
pas neutre. En effet, certains retraités, par exemple ceux qui
relèvent des régimes de non salariés non agricoles, par
exemple, seront perdants.
Il a, en outre, regretté que le Gouvernement n'ait pas encore
indiqué s'il envisageait une modification du mode d'indexation des
pensions prévu par la loi de 1993, qui devait être
réexaminé avant la fin de l'année 1998.
M. Alain Vasselle
a aussi estimé que le Gouvernement devait,
dès à présent, définir une position sur la
délicate question de la réversion, réfléchir
à la finalité du régime d'assurance veuvage, songer aux
moyens de consolider la retraite par répartition et prendre des
décisions quant à l'avenir des fonds de pension.
Dans une dernière partie de son intervention,
M. Alain Vasselle,
rapporteur pour la vieillesse
, a évoqué la prestation
spécifique dépendance.
Il a rappelé que la loi n°97-60 du 24 janvier 1997 instituant
la prestation spécifique dépendance ouvrait la voie à une
coordination des actions des différents acteurs, souhaitée depuis
longtemps par tous les intervenants.
Estimant qu'il était trop tôt pour tirer les premiers
enseignements de l'instauration de la prestation spécifique
dépendance, il a indiqué que le comité de coordination
gérontologique créé par la loi devrait se réunir
pour la première fois le 25 novembre 1997.
M. Alain Vasselle, rapporteur
, a estimé que la prestation
spécifique dépendance à domicile ne rencontrait pas de
difficultés particulières et semblait être aujourd'hui
opérationnelle dans la quasi-totalité des départements.
S'agissant de la prestation en établissement, l'entrée en vigueur
de la prestation spécifique dépendance est conditionnée
à l'intervention d'une réforme de la tarification des
établissements. Cette réforme de la tarification devrait
impérativement intervenir avant le 31 décembre 1998.
M. Jean Chérioux
s'est félicité de la
démarche suivie par M. Charles Descours en soulignant qu'il s'agissait
d'un choix difficile mais responsable car le Sénat ne serait pas compris
s'il rejetait en bloc l'ensemble du projet de loi de financement de la
sécurité sociale.
S'agissant du relèvement de 0,1 point du taux de la contribution
sociale généralisée (CSG) proposé par le
rapporteur, il a souligné que cette mesure était
présentée à titre provisoire et qu'elle visait à
mettre en demeure le Gouvernement de clarifier les transferts financiers qui
étaient opérés au détriment de la branche famille
dans le projet de loi de financement de la sécurité sociale pour
1998.
Concernant l'allocation parentale d'éducation (APE), il a rappelé
que ce dispositif jouait indirectement un rôle de lutte contre le
chômage et générait des cotisations sociales au profit de
la sécurité sociale.
M. François Autain
a dénoncé les retards pris dans
la mise en oeuvre des outils de maîtrise des dépenses de
santé en remarquant que la responsabilité de ce retard ne pouvait
pas être uniquement imputée au Gouvernement actuel. Il a
rappelé que la Caisse d'amortissement de la dette sociale (CADES)
reprenait une dette de 87 milliards de francs dont le financement n'avait
pas été prévu pour 1997. Il s'est demandé si les
mesures proposées par M. Charles Descours, rapporteur, ne risquaient pas
d'aggraver le déficit de la sécurité sociale et a
regretté la proposition de révision à la baisse de
l'objectif national de dépenses d'assurance maladie (ONDAM) pour 1998.
M. André Jourdain
a regretté l'insuffisance d'information
par le Gouvernement sur les conséquences de certaines mesures du projet
de loi de financement de la sécurité sociale, ainsi que le manque
de transparence du dispositif de basculement des cotisations salariales
d'assurance maladie sur la CSG. Il s'est déclaré en accord avec
le dispositif proposé par M. Charles Descours, rapporteur, en soulignant
qu'il était important que la logique de ce projet soit respecté
au cours des débats en séance publique.
M. Claude Huriet
s'est félicité de la démarche de
critique constructive du projet de loi de financement de la
sécurité sociale et du souci courageux de M. Charles Descours,
rapporteur, de ne pas aggraver les déficits. Il s'est interrogé
sur l'évolution prévisible de la branche vieillesse, compte tenu
notamment des mesures de retour à l'équilibre prises en 1993. Il
s'est interrogé sur le taux de 2,2 % retenu par le Gouvernement en
matière d'évolution des dépenses d'assurance maladie,
ainsi que sur les dépenses non encadrées, au titre de l'assurance
maladie. Il a souligné le caractère de plus en plus grave du
problème de la prise en charge des handicapés mentaux
âgés.
M. Guy Fischer
a considéré que le projet de loi de
financement de la sécurité sociale soulevait trois
problèmes : la substitution de la CSG à la cotisation d'assurance
maladie, la mise sous condition de ressources des allocations familiales et le
transfert à la CADES de la dette correspondant aux exercices 1996 et
1997. Il a estimé qu'il serait dangereux d'imposer un taux directeur
d'évolution aux dépenses du secteur social et
médico-social sans une concertation préalable avec les
responsables de ce secteur.
M. Alain Vasselle, rapporteur pour la branche vieillesse,
a fait part de
son adhésion à la démarche proposée par M. Charles
Descours, rapporteur ; il a souligné que l'objectif de la commission
n'était pas d'augmenter les prélèvements, mais de conduire
une action vigoureuse contre les déficits en réduisant le niveau
des dépenses de la sécurité sociale. Il a rappelé
que la mesure d'allégement fiscal en faveur des emplois familiaux
décidée en 1993 avait prioritairement pour objet de lutter contre
le chômage. Il s'est demandé si l'allocation aux adultes
handicapés (AAH) entrait dans l'assiette de la CSG.
M. Jean Madelain
a insisté sur la nécessité de
poursuivre l'effort déjà engagé en matière de mise
à jour des autorisations d'ouverture des lits de cure médicale.
Il s'est inquiété du coût croissant de la prise en charge
des personnes handicapées de plus de vingt ans dans les conditions
prévues par l'amendement " Creton ".
M. Jacques Bimbenet
a regretté que les caisses primaires
d'assurance maladie (CPAM) ne disposent pas d'outils de comptabilité
analytique en soulignant le manque d'information sur le coût de la prise
en charge par la sécurité sociale des frais de transport des
malades.
M. Charles Descours, rapporteur,
a tout d'abord précisé,
s'agissant de la CADES, que le transfert de la dette au titre de 1996 et 1997
soulevait non seulement un problème de principe, en raison du report de
la charge de la dette sur les générations futures, mais
également un problème de justice sociale car le
prélèvement au titre du remboursement de la dette sociale (RDS),
serait versé au seul bénéfice du régime
général qui est seul concerné par cette reprise de dette.
Il a rappelé que l'ensemble du dispositif proposé par la
commission n'entraînerait pas d'aggravation du déficit, qui serait
maintenu à 12 milliards de francs.
Concernant le basculement des cotisations d'assurance maladie sur la CSG, il a
souligné que les conséquences sur les revenus non salariaux
n'étaient pas réellement connues à ce jour, tout en
remarquant que le produit de la CSG serait supérieur à celui de
l'impôt sur le revenu en 1998. Concernant les dépenses non
encadrées des médecins libéraux, il a rappelé que
les observations qu'il présentait étaient inspirées par
celles de la Cour des Comptes dans son rapport annuel.
S'agissant du secteur social et médico-social, il a rappelé que
l'engagement avait été pris, à l'issue du débat sur
la loi de financement de la sécurité sociale pour 1997,
d'appliquer un taux directeur opposable aux dépenses de ce secteur dans
le cadre d'une réforme de la loi du 30 juin 1975 au cours de
l'année 1997.
Concernant l'AAH, il a précisé que celle-ci n'entrait pas dans
l'assiette de la CSG.
S'agissant de l'amendement " Creton ", il a constaté que ce
problème devrait être abordé à l'occasion de la
discussion de la loi de finances et du budget du ministère de l'emploi,
de la santé et de la solidarité.
Il a rappelé qu'une convention avait été passée en
début d'année entre les caisses primaires d'assurance maladie et
les ambulanciers afin d'assurer une maîtrise des dépenses dans le
secteur des frais de transport, tout en reconnaissant les insuffisances de la
comptabilité des caisses sur ce point.
M. Jean-Pierre Fourcade, président,
a tout d'abord indiqué
que la proposition de relever d'un dixième de point le taux de la CSG
était nécessaire pour équilibrer les comptes de la branche
famille et devait être comparée avec la majoration de 4,1 points
que proposait l'article 3 du projet de loi dont la commission demandait par
ailleurs le rejet. Il a précisé qu'au total les propositions du
rapporteur diminuaient les prélèvements par rapport au projet du
Gouvernement.
Il a vivement regretté que les conséquences de ce transfert de
cotisations ne soient pas réellement mesurées pour les
travailleurs indépendants.
Il a souligné que la création de plusieurs régimes
différents de CSG en fonction des catégories de redevables
constituait une dérive dangereuse reproduisant les errements du
système fiscal actuel et rappelant le régime ancien des
" cédules ".
Dans le contexte européen, il a souligné qu'il était
essentiel que le déficit de la sécurité sociale soit
comblé par une réduction des dépenses plutôt que par
une augmentation des recettes.
Répondant à M. Jean Madelain,
M. Alain Vasselle rapporteur
pour la branche vieillesse,
a indiqué qu'il intégrerait ses
observations dans son rapport
Puis la commission a procédé à
l'examen des
articles
du projet de loi sur le rapport de M. Charles Descours, rapporteur.
Elle a d'abord réservé l'article premier portant approbation du
rapport du Gouvernement sur les orientations de la politique de santé et
de sécurité sociale.
Après l'article premier
, elle a adopté un amendement
prévoyant le dépôt d'un rapport sur les régimes
spéciaux de retraite.
A l'article 3
, considérant que les conséquences du
basculement des cotisations maladies vers la CSG n'ont pas été
mesurées et que l'objectif poursuivi semble en réalité
largement étranger à une réflexion sur le financement de
la sécurité sociale, elle a adopté un amendement de
suppression de cet article.
A l'article 3 bis
, elle a adopté un amendement qui
complète cet article en prévoyant le dépôt d'un
rapport dressant le bilan du basculement des cotisations d'assurance maladie
vers la CSG résultant de l'application de la loi n° 96-1160 du
27 décembre 1996.
A l'article 4
, elle a adopté un amendement aménageant
les conditions du déplafonnement des cotisations d'allocations
familiales des employeurs et travailleurs indépendants.
A l'article 5
, elle a adopté un amendement relevant les taux
de la taxe de santé publique sur les tabacs.
A l'article 6
, elle a adopté un amendement tendant à
réduire l'assiette du prélèvement de 2 % sur
l'épargne prévue par cet article au profit de la Caisse nationale
d'allocations familiales (CNAF) et de la Caisse nationale d'assurance
vieillesse des travailleurs salariés (CNAVTS) .
A l'article 7
, elle a adopté un amendement aménageant
la taxation des dépenses de promotion des laboratoires pharmaceutiques
dans un sens plus respectueux de la politique conventionnelle du
médicament.
A l'article 8
, elle a adopté un amendement substituant au
dispositif de taxation des ventes directes de médicaments le
dépôt d'un rapport du Gouvernement sur la distribution de
médicaments remboursables.
A l'article 9
prévoyant une validation de dispositions
réglementaires tendant à majorer les cotisations accidents du
travail, elle a adopté un amendement de suppression.
A l'article 10
, elle a adopté un amendement supprimant
l'augmentation du taux de la taxe sur les contrats de prévoyance.
A l'article 11
, elle a adopté un amendement réduisant
aux excédents actuels de C3S la portée du
prélèvement prévu par le projet de loi.
A l'article 12
instituant un prélèvement de
210 millions de francs sur la caisse des employés et clercs de
notaires, elle a adopté un amendement de suppression.
Après l'article 14
, elle a adopté un article
additionnel proposant de majorer de 0,1 %, pour un an, le taux de la CSG
versée à la branche famille.
Avant l'intitulé avant l'article 15
, elle a adopté un
amendement de forme.
A l'article 19
, prévoyant la mise sous condition de
ressources des allocations familiales, elle a adopté un amendement de
suppression.
A l'article 20
réduisant le taux de prise en charge des
cotisations sociales par l'allocation de garde d'enfant à domicile, elle
a adopté un amendement de suppression.
A l'article 21
, elle a adopté un amendement
élargissant aux personnels des établissements de santé
privés le bénéfice des aides du fonds d'accompagnement
social pour la modernisation des établissements de santé.
A l'article 22
, elle a adopté un amendement limitant
l'opposabilité des montants régionaux de dépenses des
cliniques privées au cas où l'objectif national de
dépenses ne serait pas respecté.
Après l'article 23
, elle a adopté un article
additionnel instituant un mécanisme de régulation de
l'évolution des dépenses du secteur médico-social. Cet
article additionnel avait déjà été adopté
par le Sénat, en première lecture, du projet de loi de
financement de la sécurité sociale pour 1997.
Avant l'intitulé avant l'article 23 bis
, elle a
adopté un amendement de forme.
A l'article 23 bis
prévoyant les objectifs de
dépenses par branche de la sécurité sociale, elle a
adopté un amendement tendant à tirer les conséquences des
amendements précédents, à réduire le montant de
l'objectif national de dépenses d'assurance maladie et à
prévoir des économies de gestion des caisses de
sécurité sociale.
Avant l'intitulé avant l'article 23 ter
, elle a
adopté un amendement de forme.
A l'article 23 ter
fixant l'objectif national de
dépenses d'assurance maladie, elle a adopté un amendement de
conséquence.
Avant l'article 24
, elle a adopté un amendement de forme.
Avant l'article 26
, elle a adopté un amendement de forme.
A l'article 26
, elle a adopté un amendement réduisant
le plafond d'avances de trésorerie du régime
général et supprimant celui de la Caisse nationale de retraites
des agents des collectivités locales (CNRACL).
A l'article premier
, elle a adopté un amendement substituant
au rapport du Gouvernement annexé à cet article un rapport sur
les orientations résultant des votes précédemment
émis par la commission.
Enfin, la commission a approuvé l'ensemble du projet de loi tel
qu'amendé.