II. LE PROJET DE LOI DE FINANCEMENT DE LA SÉCURITÉ SOCIALE POUR 1998 : OBJECTIFS ET PRÉVISIONS
Le ministre de l'emploi et de la solidarité a
présenté, dès la réunion de la Commission des
comptes de la sécurité sociale du 26 septembre dernier, les
grandes lignes du projet de loi de financement de la sécurité
sociale pour 1998 établi sur la base de prévisions faisant
apparaître, un déficit du régime général de
37 milliards de francs en 1997 et avant toute mesure nouvelle de
33 milliards de francs en 1998.
La présentation du projet de loi de financement de la
sécurité sociale traduit ainsi la place quasi-exclusive qu'occupe
l'évolution des comptes du régime général dans les
préoccupations du Gouvernement
. De fait, les mesures
annoncées concernent toutes l'équilibre financier de ce
régime.
Or, la loi de financement annuelle de la sécurité sociale a un
objet plus large. La loi organique (Art. L.O. 111-3) dispose que, chaque
année, cette loi :
" 1° - Approuve les orientations de la politique de
santé et de sécurité sociale et les objectifs qui
déterminent les conditions générales de l'équilibre
financier de la sécurité sociale ;
" 2° - Prévoit, par catégorie, les recettes
de l'ensemble des régimes obligatoires de base et des organismes
créés pour concourir à leur financement ;
" 3° - Fixe, par branche, les objectifs de dépenses
de l'ensemble des régimes obligatoires de base comptant plus de vingt
mille cotisants actifs ou retraités titulaires de droits propres ;
" 4° - Fixe, pour l'ensemble des régimes
obligatoires de base, l'objectif national de dépenses d'assurance
maladie ;
" 5 - Fixe, pour chacun des régimes obligatoires de base
visés au 3° ou des organismes ayant pour mission de concourir
à leur financement qui peuvent légalement recourir à des
ressources non permanentes, les limites dans lesquelles ses besoins de
trésorerie peuvent être couverts par de telles ressources.
Votre commission des Affaires sociales ne sous-estime pas le fait que le
régime général représente les deux tiers des
dépenses et des recettes de l'ensemble des régimes de
sécurité sociale. Cependant, elle déplore l'approche faite
du présent projet de loi qui conduit à occulter la situation des
autres régimes alors que celle-ci justifierait une approche globale et
approfondie.
Cette présentation contribue, ainsi, à centrer le débat
parlementaire sur l'évolution du seul régime
général, à faire l'impasse sur les réformes
nécessaires de certains régimes spéciaux et conduit en
définitive à une vision tronquée des comptes sociaux.
Ne seront abordés dans la présente partie que les aspects
relatifs aux conditions de l'équilibre financier pour 1998 et à
l'apurement de la dette sociale. On se reportera, pour les politiques de la
famille, de la santé et de la vieillesse, aux rapports
spécifiques qui leur sont consacrés.
A. LES CONDITIONS GÉNÉRALES DE L'ÉQUILIBRE : UN EXERCICE ENCORE IMPARFAIT
Il convient d'observer en préambule que lors de l'examen du projet de loi en première lecture, l'Assemblée nationale a modifié la présentation du projet de loi de financement en réduisant le nombre de titres à trois au lieu de cinq figurant dans le projet de loi initial et en modifiant l'enchaînement des articles ayant trait aux " conditions générales de l'équilibre financier ".
Présentation des dispositions du projet de loi de
financement de la sécurité sociale pour 1998
Projet de loi initial |
Projet de loi adopté par l'Assemblée Nationale |
Titre I : Orientations et objectifs de la politique de santé et de sécurité sociale |
Sans changement |
Article premier (approbation du rapport annexé) |
|
Titre II : Dispositions relatives aux ressources |
Titre II : Dispositions relatives aux ressources |
Articles 2 à 14 |
Articles 2 à 14 |
Titre III : Dispositions relatives aux conditions générales de l'équilibre financier |
(division supprimée) |
Article 15 (prévisions de recettes) |
Article 15 (prévisions de recettes) |
Article 16 (objectif de dépenses par branche) |
Article 16 à 18 supprimés |
Article 17 (ONDAM) |
|
Article 18 (plafond d'avances de trésorerie) |
|
Titre IV : Dispositions relatives aux dépenses |
Titre IV : Dispositions relatives aux dépenses et à la trésorerie |
Articles 19 à 23 |
Articles 19 à 23 |
Article 23 bis (objectif de dépenses par branche) |
|
Article 23 ter (ONDAM) |
|
Titre V : Dispositions diverses |
(division supprimée) |
Articles 24 et 25 |
Articles 24 et 25 |
Article 26 (plafond d'avances de trésorerie) |
Sans lui donner la portée symbolique, ayant trait au
respect des prérogatives du Parlement, que l'Assemblée nationale
a, semble-t-il, souhaité, cette nouvelle présentation
apparaît plus claire pour l'organisation de la discussion parlementaire :
il apparaît logique que les objectifs de dépenses par branche
figurent après les articles comportant des dispositions susceptibles de
modifier ces objectifs et que l'article fixant le plafond des avances de
trésorerie se situe
in fine
du projet de loi (article 26 nouveau)
dès lors que ce plafond dépend de l'équilibre financier
résultant des prévisions de recettes et des objectifs de
dépenses mais également de l'impact de la reprise de dette
prévue à l'article 25.
Cette présentation évite ainsi la multiplication des
réserves d'articles lors de la discussion en séance publique ou
la nécessité de procéder à des coordinations
nombreuses. Deux exceptions demeurent toutefois : la modification de l'objectif
national de dépenses d'assurance maladie (ONDAM) (article 23 ter
nouveau) doit, d'une part, entraîner une coordination avec l'objectif de
dépenses de la branche
maladie-maternité-invalidité-décès figurant
à l'article 23 bis nouveau ou la réserve de ce dernier article ;
comme l'a démontré le débat en première lecture
à l'Assemblée nationale, l'article premier et le rapport qui lui
est annexé doivent être, d'autre part, réservés
jusqu'à la fin du projet de loi dès lors que ce rapport se
présente pour bon nombre de ses développements comme la mise bout
à bout des exposés des motifs des différents articles.
Si ce toilettage de la structure du projet de loi facilite les modifications
mineures qui lui seraient apportées lors de la discussion dans une
assemblée, il reste qu'il est inopérant dès lors qu'il
s'agit de modifier substantiellement les conditions générales de
l'équilibre financier.
1. Les prévisions de recettes : une modification de la structure des prélèvements sociaux
Comme l'année précédente, ces
prévisions distinguent sept catégories de recettes dont la
définition est précisée à l'annexe c du projet de
loi.
Pour la définition de chacune de ces catégories, on se reportera
au rapport consacré à l'examen des articles.
Il convient de noter, par ailleurs, que les ressources des régimes
obligatoires de base de sécurité sociale font l'objet d'une
annexe spécifique, l'annexe d.
On soulignera, en outre, que la Cour des Comptes a notamment émis des
réserves sur l'évaluation faite dans la loi de financement de la
sécurité sociale pour 1997 des recettes et notamment sur le
montant des cotisations fictives.
Ainsi, la Cour des Comptes estime que "
du fait des lacunes
qu'elles
présentent au regard des comptes des organismes de
sécurité sociale, les données comptables annexées
au projet de loi de financement ne constituent pas une référence
incontestable, alors qu'elles sous-tendent des prévisions de recettes et
fondent les objectifs de dépenses, notamment l'objectif national
d'assurance maladie (ONDAM) qui est assorti d'effets juridiques
".
Nonobstant ces remarques, on ne peut que constater la forte progression des
recettes sociales en 1998.
a) Une forte progression des recettes
Ces recettes progresseront globalement de 3,8 % passant de
1.658,3 milliards de francs à 1.722,1 milliards de francs.
L'accroissement de recettes porte donc sur 63,8 milliards de francs.
Cette progression est légèrement inférieure à celle
de la masse salariale estimée à 4 % en 1998, mais est nettement
supérieure à la croissance du PIB évaluée à
3 %.
Ressources en milliards de francs
LFSS 1997 |
PLFSS 1998 |
Evolution
|
Evolution
|
|
Cotisations effectives |
1.152,4 |
1.033,7 |
- 118,7 |
- 11,3 |
Cotisations fictives |
181,9 |
186,9 |
+ 5 |
+ 2,7 |
Contributions publiques |
63,9 |
61,5 |
- 2,4 |
- 3,8 |
Impôts et taxes affectés |
223,6 |
403,0 |
+ 179,4 |
+ 80,2 |
Transferts reçus |
4,7 |
4,6 |
- 0,1 |
- 2,2 |
Revenus des capitaux |
1,8 |
1,3 |
- 0,5 |
- 2,8 |
Autres ressources |
30,0 |
31,1 |
+ 1,1 |
+ 3,6 |
Total |
1.658,3 |
1.722,1 |
+ 63,8 |
+ 3,8 |
Ce tableau met en évidence plusieurs évolutions :
- la baisse des cotisations sociales ne compense pas intégralement
la hausse des impôts et taxes affectés : l'écart est, en
effet, de 60,7 milliards !
- la progression des impôts et taxes affectés est à
l'origine de la quasi-totalité de l'augmentation des recettes de la
sécurité sociale puisqu'elle présente 60,7 milliards sur
un total de 63,8 milliards de francs ;
- le présent projet de loi opère donc un transfert massif
des cotisations sociales vers l'impôt
en modifiant la structure du
financement de la sécurité sociale.
Le poids relatif des cotisations et des impôts et taxes affectés
varie ainsi fortement, comme le montre le tableau ci-dessous :
Ressources en pourcentage
LFSS 1997 |
PLFSS 1998 |
|
Cotisations effectives |
69,5 % |
60,0 % |
Cotisations fictives |
10,9 % |
10,9 % |
Contributions publiques |
3,8 % |
3,6 % |
Impôts et taxes affectés |
13,5 % |
23,4 % |
Transferts reçus |
0,3 % |
0,2 % |
Revenus des capitaux |
0,1 % |
0,07 % |
Autres ressources |
1,8 % |
1,8 % |
Total |
100 % |
100 % |
Votre commission des Affaires sociales ne peut que constater la fiscalisation croissante des ressources de la sécurité sociale et l'aggravation préoccupante des prélèvements affectés à la sécurité sociale.
b) ... qui traduit une évolution préoccupante sur longue période
L'annexe g du projet de loi consacrée aux comptes de la
protection sociale -concept plus large que celui de la sécurité
sociale, celle-ci étant contenue dans la première- montre que les
tendances prévues pour 1998 accentuent des évolutions
antérieures déjà préoccupantes.
Ainsi, le taux de pression sociale, qui est défini comme le rapport
entre les prélèvements contributifs et fiscaux directement
affectés à des dépenses de protection sociale et le PIB, a
enregistré une croissance soutenue, passant de 23,6 % à 25,7 %,
entre 1990 et 1996. Pendant cette période, ces
prélèvements ont donc évolué plus rapidement que le
PIB.
Evolution du taux de pression sociale (en pourcentage)
1990 |
1991 |
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
|
Cotisations/PIB |
22,6 % |
22,7 % |
23,0 % |
23,3 % |
22,8 % |
23,0 % |
23,3 % |
Impôts et taxes affectés/PIB |
1,0 % |
1,3 % |
1,4 % |
1,7 % |
2,3 % |
2,3 % |
2,4 % |
Cotisations + impôts et taxes affectés/PIB |
23,6 % |
23,9 % |
24,3 % |
25,0 % |
25,1 % |
25,3 % |
25,7 % |
Sur cette période 1990-1996, l'augmentation de 2,1
points du taux de pression sociale est due pour 0,7 point aux cotisations et
pour 1,4 point -soit le double- aux impôts et taxes affectés.
Par ailleurs, l'annexe g souligne que la faiblesse de la croissance
économique ainsi que la montée du chômage ont
engendré une limitation des recettes qui remet en cause, pour partie, le
système de financement de la protection sociale et que ceci a conduit
à des modifications de la structure de son financement.
La part des cotisations sociales dans ce financement est passée de 78,3
% en 1990 à 75,1 % en 1996 -soit une baisse de 3,2 points- au profit des
impôts et taxes affectés.
Structure du financement de la protection sociale en 1990
et
1996
1990 |
1996 |
|||||||||||||
Millions de francs |
% |
Millions de francs |
% |
|||||||||||
Cotisations totales |
1.472.691 |
78,3 |
1.832.110 |
75,1 |
||||||||||
Cotisations effectives |
1.301.174 |
69,2 |
1.607.586 |
65,9 |
||||||||||
cotisations d'employeurs |
776.260 |
41,3 |
890.725 |
36,5 |
||||||||||
dont cotisations à la charge des employeurs |
771.498 |
41,0 |
52.686 |
2,2 |
||||||||||
dont cotisations prises en charge par l'Etat |
4.762 |
0,3 |
49.179 |
2,0 |
||||||||||
cotisations de salariés |
416.645 |
22,2 |
528.787 |
21,7 |
||||||||||
autres cotisations effectives |
108.269 |
5,8 |
135.388 |
5,6 |
||||||||||
Cotisations fictives |
171.517 |
9,1 |
224.524 |
9,2 |
||||||||||
Impôts et taxes affectés |
63.827 |
3,4 |
192.388 |
7,9 |
||||||||||
Contributions publiques |
240.598 |
12,8 |
295.187 |
12,1 |
||||||||||
Contrepartie des prestations fiscales |
57.750 |
3,1 |
74.829 |
3,1 |
||||||||||
Autres ressources |
45.332 |
2,4 |
43.535 |
1,8 |
||||||||||
Total |
1.880.198 |
100,0 |
2.438.049 |
100,0 |
c) La part croissante des financements publics
Si on prend par ailleurs en compte les contributions
publiques, on constate que
la part du financement public
a
augmenté depuis 1990 de 3,8 points pour
représenter 20 %
des ressources de la protection sociale en 1996
.
Les contributions publiques et les impôts et taxes affectés ont
augmenté à un rythme annuel de 8,2 % entre 1990 et 1996. Ce
rythme a été soutenu par la croissance rapide des impôts et
taxes affectés de 20,2 % en moyenne annuelle alors que la croissance des
contributions publiques n'était que de 3,5 %.
Le montant des impôts et taxes affectés a ainsi triplé
entre 1990 et 1996 passant de 63,8 milliards de francs à 192,4 milliards
de francs.
Par rapport aux pays de l'Union européenne, la France continue à
se distinguer même si l'accroissement de la part du financement public
tend à la rapprocher des autres Etats. Malheureusement, les statistiques
comparatives les plus récentes ne portent que sur l'année 1994. A
cette date, on constate que :
- la France est le pays où la part des cotisations sociales reste
la plus élevée (76,5 % du total contre moins de 20 % au Danemark)
;
- l'évolution des structures de financement laisse apparaître
une certaine convergence : une part croissante de fiscalisation et la baisse
des cotisations employeurs ;
- la part des financements publics dans l'ensemble des recettes, entre
1981 et 1994, augmente dans huit pays sur douze. La baisse de la part fiscale
ne se produit que dans les pays où les contributions publiques
étaient importantes (Danemark, Irlande, Belgique et Allemagne). A
l'inverse, on assiste à un accroissement du financement public dans les
pays où les cotisations pèsent d'un poids important en
particulier dans les pays d'Europe du Sud.
*
Au terme de cet examen, votre commission des Affaires
sociales
observe que la " pression sociale " s'accroît fortement dans
notre pays en 1998. Si cette évolution n'est pas récente, elle
constate qu'au lieu de la freiner, les mesures contenues dans le présent
projet de loi ne font que l'accentuer.
Elle considère que cette " pression sociale " ajoutée
à la " pression fiscale " tend à asphyxier notre
économie avec des taux de prélèvements excessifs.
2. Les objectifs de dépenses : des évolutions contrastées
Les objectifs de dépenses enregistrent également une progression significative, contrastée toutefois selon les branches.
a) Une notion de branche qui nécessite une harmonisation rapide
La notion de branche n'a été définie que
pour le seul régime général (loi du 25 juillet 1994).
L'absence de définition générale de cette notion a conduit
à adopter un certain nombre de conventions pour la ventilation des
dépenses.
Ces conventions sont précisées à l'annexe c du projet de
loi de financement. Toutefois, à la suite de la Cour des Comptes, on
peut noter plusieurs approximations :
- s'agissant des charges annexes (frais, intérêts) lorsque les
régimes ne les individualisent pas, elles sont réparties en
fonction des clés conventionnelles sur lesquelles l'annexe c n'apporte
pas de précision ;
- par ailleurs, le concept de dépenses utilisé par la loi
organique ne recoupe pas exactement celui d'emplois retenu dans les comptes
présentés à la Commission des comptes de la
sécurité sociale. Ces différences de ressources
résultent principalement du traitement des dépenses des
départements d'outre-mer dans les comptes de la sécurité
sociale, où elles sont consolidées avec les recettes
perçues dans les départements d'outre-mer, des doubles emplois
qui apparaissent dans les comptes de la sécurité sociale du fait
des transferts internes aux régimes de base, des cotisations prises en
charge par les régimes et de l'exclusion des régimes de base de
moins de 20.000 cotisants ou bénéficiaires de droits propres.
Les objectifs de dépenses par branche figurant à l'article 3 du
projet de loi de financement de la sécurité sociale sont donc
définis
à partir du total des dépenses de l'ensemble
des régimes de base obligatoires
:
-
diminué
des dépenses des régimes de moins de
20.000 cotisants ou bénéficiaires et des transferts internes aux
régimes de base considérés, ainsi que les dépenses
constituant la contrepartie des cotisations prises en charge par la
sécurité sociale et
- et
majoré
des dépenses dans les DOM qui, dans les
comptes de la sécurité sociale, sont consolidées avec les
recettes perçues dans les DOM.
Le tableau ci-après explicite pour 1998 ces opérations pour les
quatre branches retenues :
Passage des dépenses par branche des régimes
de base
aux objectifs de dépenses par branche
Branche maladie-invalidité |
Branche accidents du travail |
Branche vieillesse |
Branche famille |
|
|
Emplois de l'ensemble des régimes de base dans la nomenclature des comptes de la sécurité sociale |
|
|
|
|
|
Recettes DOM |
8,0 |
0,5 |
5,5 |
2,9 |
16,9 |
Transferts internes à consolider |
- 30,2 |
- 5,5 |
- 93,1 |
- 1,2 |
- 130,1 |
Cotisations prises en charge par la sécurité sociale à consolider |
- 5,9 |
0,0 |
0,0 |
- 1,4 |
- 7,3 |
Dépenses des régimes de moins de 20.000 cotisants ou bénéficiaires |
- 0,5 |
0,0 |
- 2,1 |
0,0 |
- 2,6 |
Objectifs de dépenses par branche (régime de plus de 20.000 cotisants ou bénéficiaires) |
|
|
|
|
|
b) Une progression essentiellement liée à la montée en charge des pensions de vieillesse
Par rapport à la loi de financement votée pour 1997, on constate des évolutions importantes, comme le souligne le tableau ci-après :
Evolution des dépenses
En milliards de francs |
LFSS 1997 |
PLFSS 1998 |
Evolution en masse |
Evolution en % |
Maladie-maternité-invalidité-décès |
662,1 |
678,3 |
+ 16,2 |
+ 2,4 |
Vieillesse-Veuvage |
726,7 |
754,3 |
+ 27,6 |
+ 3,8 |
Accidents du travail |
54,7 |
50,8 |
- 3,9 |
- 0,7 |
Famille |
241,7 |
246,8 |
+ 5,1 |
+ 2,1 |
Total des dépenses |
1.685,2 |
1.730,2 |
+ 45,0 |
+ 2,7 |
La progression des dépenses prévisionnelles est
donc inférieure de plus d'un point à celle des recettes. Elles
augmentent, en 1998, de 45 milliards, soit une hausse de 2,7 %.
Ce tableau fait apparaître, en outre, que :
- c'est la
branche vieillesse
qui enregistre la plus forte
progression avec un taux de croissance de 3,8 %. A elle seule, cette branche
est responsable de près de 60 % de l'augmentation des dépenses en
1998 ;
- le second poste qui progresse le plus est celui des dépenses de
maladie-maternité-invalidité-décès
. Avec une
hausse de 2,4 %, ces dépenses s'alourdissent de 16,2 milliards
supplémentaires en un an ;
- l'évolution des dépenses de la
branche famille
reste, dans ce contexte, modérée. Celles-ci ne progressent que de
5,1 milliards de francs, soit une hausse de 2,1 % ;
- enfin, la
branche des accidents du travail
enregistre une baisse
de 0,8 % de ses dépenses, soit un recul de 3,9 milliards de francs.
En valeur relative, on constate que la branche vieillesse-veuvage reste le
premier poste de dépenses de sécurité sociale.
Cette analyse permet de
reconsidérer les priorités
définies
par le présent projet de loi. On constate que,
globalement, c'est la branche vieillesse-veuvage et la branche maladie qui sont
principalement à l'origine de l'augmentation des dépenses. En
revanche, la légère progression des dépenses de la branche
famille est compensée par la diminution des dépenses de la
branche accidents du travail.
En conséquence, votre commission regrette que le Gouvernement n'ait
défini d'orientations -par ailleurs contestables- dans le présent
projet de loi que pour les branches maladie et famille. Ce faisant, il montre
son incapacité à faire face au problème crucial de la
montée en charge des pensions de vieillesse et aux ajustements
inéluctables des règles de cotisations et de prestations des
régimes concernés.
Le poids relatif des différentes branches
3. La fixation des plafonds d'avance de trésorerie : des anticipations ambiguës
L'article 18 du projet de loi fixe le plafond des avances de
trésorerie pour 1998.
1(
*
)
Il prévoit des plafonds d'avances pour cinq régimes
(régime général, régime des exploitants
agricoles, Caisse nationale de retraite des agents des collectivités
locales, Caisse autonome nationale de sécurité sociale dans les
mines, Fonds spécial de pensions des ouvriers des établissements
industriels de l'Etat (FSPOEIE))
et interdit
a contrario
aux autres
régimes de recourir à des ressources non permanentes.
Par rapport à 1997, deux différences majeures apparaissent :
a) Emprunter pour compenser : le cas de la CNRACL
Parmi les régimes autorisés cette année
à recourir à des ressources non permanentes, se trouve
un
nouveau régime : la CNRACL
. Son plafond d'avances autorisées
est fixé à 2,5 milliards de francs.
Une telle mesure ne peut que surprendre. En effet, elle ne se justifie pas
à court terme. La CNRACL est un régime structurellement
bénéficiaire et contributeur et elle dispose du meilleur rapport
démographique de l'ensemble des régimes de sécurité
sociale (trois cotisants pour un retraité).
Par ailleurs, cette mesure ne fait que déplacer sur la CNRACL les
déséquilibres enregistrés par les autres régimes
spéciaux qu'elle compense financièrement.
Enfin, elle incite les pouvoirs publics à reporter une fois encore
les réformes nécessaires du système de compensation entre
régimes à l'origine de transferts considérables et
évalués en 1997 à près de 34 milliards de
francs.
b) Majorer a priori pour ne pas avoir à justifier un dépassement ultérieur
Le plafond du régime général
est
fortement réduit puisqu'il passe de 66 à 15 milliards de francs
dans le projet initial du Gouvernement. Ceci est le résultat de la
reprise de dette prévue à hauteur de 87 milliards de francs
par l'article 25 du projet de loi.
Toutefois, ce plafond a été porté à 20 milliards de
francs à l'issue de l'examen du projet de loi en première lecture
à l'Assemblée nationale. La commission des affaires culturelles
familiales et sociales avait proposé dans un premier temps de porter ce
plafond à 30 milliards de francs
" afin d'éviter au
Gouvernement de se voir reprocher de tarder à adresser un rapport au
Parlement en cas de décret visant à relever ce
plafond "
2(
*
)
avant
de
se rallier en séance publique à un " moyen terme " en
l'espèce 20 milliards de francs.
Ce souci
a priori
louable d'épargner au Gouvernement la peine de
prendre un décret majorant le plafond des avances de trésorerie
du régime général est pourtant
doublement
irrecevable
.
Il est en premier lieu impératif que le Gouvernement s'explique au plus
vite devant le Parlement dès lors qu'il apparaît que le
déficit du régime général enregistre un
dérapage.
Il est en second lieu fâcheux, en majorant par précaution le
plafond des avances qui est une des dispositions véritablement
normatives des projets de loi de financement de la sécurité
sociale et qui lui tient lieu en quelque sorte d'article d'équilibre,
d'anticiper voire d'entériner un tel dérapage.
La tenue des comptes sociaux repose largement sur la motivation et la
mobilisation de l'ensemble des acteurs.
Il serait pour le moins étrange de leur signifier que le redressement
des équilibres financiers reste en quelque sorte facultatif.
Mais, en réalité, il semble que cette majoration du plafond
d'avances soit imputable à la modification des structures des ressources
du régime général : le basculement des cotisations vers la
CSG a ainsi un coût en trésorerie.
*
* *
Modifications apportées par l'Assemblée nationale
en
première lecture
(en milliards de francs)
Projet de loi de financement |
Assemblée nationale |
Différence |
|
Prévisions de recettes |
|||
Cotisations effectives |
1.033,7 |
1.034,1 |
+ 0,4 |
Contributions publiques |
61,5 |
62,0 |
+ 0,5 |
Total |
1.722,1 |
1.723 |
+ 0,9 |
ONDAM |
613,6 |
613,8 |
+ 0,2 |
Objectifs de dépenses |
|||
Maladie maternité invalidité décès |
678,3 |
678,5 |
+ 0,2 |
Vieillesse veuvage |
754,3 |
755,0 |
+ 0,7 |
Famille |
246,8 |
246,9 |
+ 0,1 |
Total |
1.730,2 |
1.731,2 |
+ 1,0 |