2. La substitution CSG/cotisation maladie s'est révélée une opération complexe
La loi de financement de la sécurité sociale pour 1997 a procédé à un élargissement de l'assiette de la CSG et à une substitution d'1% de CSG à 1,3 % de cotisation d'assurance maladie.
a) L'élargissement de l'assiette de la CSG
S'agissant de l'assiette de la CSG, les informations de la
Commission des comptes de la sécurité sociale et de
l'annexe b se recoupent largement :
- sur les
revenus d'activité
, l'élargissement de
l'assiette a permis une simplification des opérations de
précompte incombant aux entreprises puisque désormais, sur ces
revenus, les assiettes CSG et RDS sont identiques. L'extension d'assiette a
porté sur les indemnités de licenciement, de rupture ou de
modification du contrat de travail, les contributions patronales
finançant la prévoyance et la retraite supplémentaire
ainsi que sur les allocations parentales complémentaires. Cette
extension d'assiette est évaluée par la Commission des comptes de
la sécurité sociale à 550 millions de francs par point de
CSG, en année pleine, soit un produit conforme aux estimations initiales.
- sur les
revenus de remplacement et de transfert
, cette mesure a
permis l'assujettissement des pensions des personnes imposables du fait des
réductions d'impôt. Sont également prises en compte les
indemnités journalières maladie, maternité et accidents du
travail. L'extension d'assiette est estimée, dans ce cas, à 825
millions de francs en année pleine, soit un montant supérieur aux
prévisions du projet de loi de financement de la sécurité
sociale de 1997 ;
- sur les
autres revenus
, enfin, l'élargissement a
également rapproché les assiettes CSG et RDS. Pour les revenus du
patrimoine et des placements, l'assiette de la CSG est identique à celle
du RDS. L'assiette CSG inclut donc désormais les revenus de capitaux
mobiliers non soumis à prélèvement libératoire, les
plus values professionnelles à long terme, les primes d'épargne
des comptes et plans d'épargne logement, les produits des bons ou
contrats de capitalisation en assurance vie, les produits de plan
d'épargne populaire, les retraits opérés sur les plans
d'épargne en actions, les revenus des plans d'épargne retraite,
les revenus de placements en valeurs mobilières effectués en vue
d'un engagement d'épargne à long terme ainsi que les revenus et
gains de capital risque. Les gains des jeux sont également soumis
à la CSG.
b) La substitution CSG/cotisations maladie
La Commission des comptes de la sécurité sociale
rappelle que la hausse d'1 point de la CSG s'est accompagnée d'une
diminution de 1,3 % des cotisations maladie sur les revenus
d'activité et de 1 % sur les revenus de remplacement.
Ce basculement a eu plusieurs conséquences :
- sur les
revenus d'activité
, des salariés comme des
non salariés, il a fait apparaître une hausse de pouvoir d'achat
notamment du fait que l'assiette de la CSG correspond à 95 % du salaire
brut alors que celle des cotisations maladie est identique au salaire brut. En
ce qui concerne les fonctionnaires, la CSG s'est appliquée aux primes
mais l'Etat a financé la contrepartie financière correspondant au
différentiel d'assiette. Enfin, pour les non salariés non
agricoles, une diminution globale de 1,3 point des taux de cotisation maladie a
été prévue.
- sur les
revenus de remplacement
, le transfert CSG/cotisations
maladie s'est déroulé alors qu'avait été
décidé un certain nombre de hausses de taux de cotisations
maladie sur ces revenus. Le paysage dans ce domaine est donc extrêmement
variable, le taux moyen s'établissant à 2,8 %, mais pouvant
aller de 0,8 % à 3,8 % selon les régimes.
c) Les résultats financiers
Le tableau ci-joint résume les effets de ces deux opérations, l'élargissement de l'assiette de la CSG et la substitution CSG/cotisations maladie :
Effets de l'extension de l'assiette CSG et de l'opération substitution
(en millions de francs)
Année réelle 1997 |
PLFSS |
LFSS |
Arrêt de répartition |
Extension de l'assiette CSG pour la CNAF |
3.098 |
3.012 |
3.012 |
Extension de l'assiette CSG pour le FSV |
3.661 |
3.560 |
3.560 |
Substitution CSG/Cotisations maladie |
- 1.674 |
- 1.752 |
- 1.919 |
dont perte de cotisations maladie |
- 42.606 |
- 42.606 |
- 42.785 |
dont revenus d'activité |
- 35.761 |
- 35.761 |
- 35.955 |
dont revenus de remplacement |
- 6.845 |
- 6.845 |
- 6.829 |
dont apport de CSG à un point |
40.932 |
40.854 |
40.865 |
dont revenus d'activité |
28.253 |
28.253 |
28.278 |
dont revenus de remplacement |
7.741 |
7.741 |
7.727 |
dont revenus du capital |
4.939 |
4.861 |
4.861 |
Source : Direction de la sécurité sociale
(DEEF)
On constate que :
- la branche famille et le FSV ont largement
bénéficié de ce dispositif avec un supplément
respectif des ressources de 3,012 milliards de francs et 3,560 milliards
de francs ;
-
par contre, l'opération de substitution s'est traduite par une
légère baisse de recettes pour les régimes d'assurance
maladie
.
Elle a dû être compensée par le transfert à ces
derniers des droits sur les alcools antérieurement perçus par les
FSV, à hauteur de 40 %.
Le montant de ces droits en 1997 est estimé à 4,35 milliards de
francs.
Au total, le solde net de ces opérations pour l'assurance maladie
s'élève, en 1997, à 2,4 milliards de francs de recettes
supplémentaires.
Substitution CGS/cotisations maladie et taxe sur les boissons
(en millions de francs)
Année réelle 1997 |
PLFSS
|
LFSS
|
Arrêté de répartition |
Opération substitution sur l'assurance maladie |
- 1.674 |
- 1.752 |
- 1.919 |
Taxe sur les boissons |
5.300 |
4.650 |
4.351 |
Solde global |
3.626 |
2.898 |
2.432 |
Source : Direction de la sécurité sociale (DEEF)
Le mécanisme de répartition de la CSG et de la
taxe sur les alcools a été fixé par l'article 18 de la loi
de financement de la sécurité sociale pour 1997.
Cette répartition s'est opérée en deux temps et a
été précisée par un décret n° 97-465 du
7 mai 1997. Dans un premier temps, chaque régime a communiqué le
montant de sa perte de cotisations et le montant des cotisations qui
était attendu. Une clé de répartition provisoire des
recettes de CSG et de taxe sur les alcools a été ainsi
calculée et a servi à la répartition de ces recettes sous
forme d'acomptes.
Dans un second temps, un arrêté interministériel en date du
29 mai 1997 a fixé le montant des recettes allouées pour
l'exercice en cours à chacun des régimes d'assurance maladie.
Ainsi, en 1997, les régimes d'assurance maladie devrait percevoir 40,8
milliards de francs de CSG et 4,35 milliards de francs de droits sur les
alcools.
En 1998, les montants de CSG et de taxe sur les alcools destinés aux
régimes d'assurance maladie sont estimés, à
législation constante, respectivement à 46,7 milliards de francs
et 5 milliards de francs.
Répartition de la CSG et de la taxe sur les alcools en 1997 et 1998 entre les régimes d'assurance maladie
1997 |
1998 (prév.) * |
|||||
Régimes maladie |
CSG |
Taxe alcools |
Total |
CSG |
Taxe alcools |
Total |
Ensemble |
40.800 |
4.351 |
45.151 |
46.720 |
5.077 |
51.797 |
CNAMTS |
34.832 |
3.715 |
38.546 |
40.042 |
4.351 |
44.393 |
Salariés agricoles |
890 |
95 |
985 |
1.056 |
115 |
1.171 |
CNMSS |
705 |
75 |
780 |
787 |
86 |
873 |
Mines |
84 |
9 |
93 |
144 |
16 |
159 |
SNCF |
468 |
50 |
517 |
489 |
53 |
542 |
RATP |
100 |
11 |
110 |
103 |
11 |
114 |
ENIM |
71 |
8 |
78 |
78 |
8 |
86 |
CRPCEN |
82 |
9 |
90 |
64 |
7 |
71 |
Banque de France |
40 |
4 |
45 |
44 |
5 |
49 |
Exploit. agricoles |
827 |
88 |
916 |
863 |
94 |
957 |
CANAM |
2.662 |
284 |
2.946 |
3.009 |
327 |
3.336 |
CAMAC |
28 |
3 |
31 |
29 |
3 |
32 |
CCIP |
11 |
1 |
12 |
11 |
1 |
12 |
Port autonome de Bordeaux |
1 |
0 |
1 |
1 |
0 |
1 |
* à législation inchangée Source : Direction de la Sécurité sociale (DEEF)
*
Votre commission des Affaires sociales relève plusieurs
motifs de perplexité
à l'énoncé de ce bilan
du transfert de la CSG :
- l'opération de substitution CSG/cotisation maladie de 1997 n'a
généré un
surplus de recettes à la branche
maladie qu'en raison de l'apport constitué par la taxe sur les
boissons
. Les branches vieillesse et famille ont été les plus
grands bénéficiaires des mesures relatives à la CSG de la
loi de financement de la sécurité sociale pour 1997 en raison des
conséquences financières de l'extension d'assiette ;
- les sommes fixées par l'arrêté de répartition
apparaissent peu différentes des prévisions de la loi de
financement de la sécurité sociale. Pour autant, on peut se
demander quel est leur
degré de fiabilité
dans la mesure
où, par exemple, les revenus du capital (4,8 milliards attendus) ne
seront perçus qu'en fin d'année ;
- au sein des revenus d'activité, aucune indication n'est fournie sur la
part respective du
produit de CSG prélevé sur les revenus des
salariés et de celui perçu sur les revenus des
non-salariés
. Or, l'impact est différent puisque pour les
non-salariés, la cotisation maladie est calculée en fonction de
différents plafonds ;
- sur les
produits d'épargne
, les documents transmis par le
Parlement ne présentent pas de ventilation selon le type de placements.
Or, certains d'entre eux ont un poids considérable comme l'assurance-vie
ou les plans d'épargne logement. De sorte que votre commission des
Affaires sociales s'interroge sur l'impact de l'assujettissement à la
CSG de ces placements au regard des encours constatés depuis le
début de l'année ;
- de même, aucune précision n'est communiquée sur
l'impact financier de la déductibilité de la CSG
sur le
montant de l'IRPP payé en 1998, impact inévitable compte tenu de
la différence d'assiette ;
- au-delà de la répartition de la CSG et de la taxe sur les
alcools entre les régimes qui est à travers les flux financiers
présentés dans les documents transmis, on peut s'interroger sur
le
détail des mécanismes de compensation
mis en place au
sein de chaque régime pour atténuer la portée de la
substitution CSG/maladie. Il n'a pas été possible, par exemple,
de connaître le montant des compensations versées aux
fonctionnaires de l'Etat en 1997, compensations pourtant attestées par
un décret n° 97-215 du 10 mars 1997.
Votre commission considère donc ces premiers éléments
sur l'impact du transfert des cotisations maladie vers la CSG encore
très insuffisants.
Il semble qu'il serait de bonne politique qu'un véritable bilan soit
présenté de cette opération une fois que toutes les
conséquences en seront connues, c'est-à-dire courant 1998. Ce
bilan doit être un préalable avant que ne soit mise en oeuvre une
nouvelle étape d'une ampleur de surcroît toute autre.