B. LE RAPPORT DE LA COMMISSION DES COMPTES DE LA SÉCURITÉ SOCIALE ET L'ANNEXE B DU PROJET DE LOI DRESSENT UN PREMIER BILAN PLUS PRÉCIS MAIS ENCORE INCOMPLET DE L'APPLICATION DE LA PREMIÈRE LOI DE FINANCEMENT
Ces deux documents présentés à une
quinzaine de jours d'intervalle, constituent, cette année, les seules
sources détaillées d'informations sur l'application de la loi de
financement pour 1997. Leur approche est néanmoins sensiblement
différente. Si l'annexe b apparaît comme un document
essentiellement financier, le rapport de la Commission des comptes de la
sécurité sociale aborde, en outre, des questions d'ordre
institutionnel.
Dans son introduction, le rapport de la Commission des comptes de la
sécurité sociale de septembre 1997 aborde la question des
conséquences du nouveau cadre juridique créé par la loi de
financement de la sécurité sociale : "
dans le nouveau
contexte institutionnel dont le changement de calendrier n'est que le signe,
quel contenu donner à nos travaux et pour quels objectifs
"
s'interroge ainsi M. Philippe Nasse, le nouveau secrétaire
général de la Commission des comptes de la sécurité
sociale.
Selon lui, la loi de financement modifie, en effet, la signification, le
contenu et le rôle des prévisions examinées par la
Commission des comptes de la sécurité sociale :
-
avant
les décisions politiques prises dans le cadre de la
loi de financement, le rôle des prévisions est de décrire
des évolutions tendancielles ;
-
après
la prise des décisions politiques, le
rôle des prévisions est de décrire les inflexions que ces
décisions ont amenées dans ces évolutions tendancielles.
De fait, les prévisions présentées à l'automne par
la Commission des comptes de la sécurité sociale ont,
a
priori
, une dimension purement tendancielle. Elles n'intègrent pas
les décisions de la loi de financement, bien que celles-ci aient
été, cette année, présentées
simultanément par le ministre de l'emploi et de la solidarité.
En revanche, la réunion qui se tient au printemps permet à la
Commission des comptes de la sécurité sociale d'examiner pour la
première fois les conséquences de la loi de financement
précédemment adoptée par le Parlement, mais pour le seul
régime général.
La question soulevée par le secrétaire général est
donc de savoir si ce dispositif doit être maintenu ou bien amendé
et dans quel sens.
Votre commission des Affaires sociales considère, en effet, qu'il
s'agit d'une question essentielle et ne peut que constater la limite encore
imprécise, dans le dernier rapport de la Commission des comptes de la
sécurité sociale, entre ce qui relève des
évolutions tendancielles et ce qui résulte des orientations
arrêtées par le Gouvernement.
Ainsi, s'agissant par exemple de la branche maladie du régime
général, elle observe que l'hypothèse d'une
évolution des dépenses pour les soins de ville de + 2,2 %,
est fort proche des objectifs fixés en 1998 par le Gouvernement. De
telles prévisions ne peuvent que fausser la nature du débat sur
la portée des mesures prévues par le présent projet de loi
concernant cette branche.
Au-delà de cette question de fond, le rapport de la Commission des
comptes de la sécurité sociale présente essentiellement un
premier bilan d'évaluation sur les agrégats votés par le
Parlement et sur la mesure de substitution de la CSG aux cotisations maladie.
1. Les prévisions de recettes et objectifs de dépenses ont été pratiquement respectées
Ces deux documents (rapport de la Commission des comptes de la sécurité sociale et annexe b) conduisent au même constat : une mise en oeuvre plutôt satisfaisante des dispositions de la loi de financement pour 1997.
a) Les prévisions de recettes
S'agissant des recettes, la Commission des comptes de la sécurité sociale, comme l'annexe b, ne relève qu'un écart positif de 1,6 milliard (+ 0,1 %) par rapport à la prévision initiale, dont la ventilation est précisée dans le tableau ci-après :
Les prévisions de recettes de la loi de financement
pour 1997
Prévisions d'exécution
(milliards de francs)
Catégories de recettes |
Prévisions LFSS (1) |
Prévisions d'exécution (2) |
Ecart (2) - (1) |
Cotisations effectives |
1.152,4 |
1.151,6 |
- 0,8 |
Cotisations fictives |
181,9 |
181,3 |
- 0,6 |
Contributions publiques |
63,9 |
70,4 |
6,5 |
Impôts et taxes affectés |
223,6 |
220,6 |
- 3,0 |
Transferts reçus |
4,7 |
4,4 |
- 0,3 |
Revenus des capitaux |
1,8 |
1,4 |
- 0,4 |
Autres ressources |
30,0 |
30,2 |
0,2 |
Total des recettes |
1.658,3 |
1.659,9 |
1,6 |
Source : direction de la sécurité sociale
(DEEF)
Les pertes prévisionnelles sur les postes de cotisations effectives et
fictives (- 1,4 milliard) et d'impôts et taxes affectés (- 3
milliards de francs) se trouvent compensées par une augmentation des
contributions publiques de 6,5 milliards de francs correspondant
essentiellement à la prise en charge par l'Etat de la majoration de
l'allocation de rentrée scolaire décidée par le nouveau
Gouvernement (+ 6,7 milliards de francs), légèrement
diminuée du fait de subventions d'équilibre aux régimes
spéciaux revues en baisse de 0,2 milliard de francs.
La minoration du poste impôts et taxes affectés de
3 milliards de francs concerne tant le régime général
que les régimes des non-salariés. Elle provient notamment d'une
révision à la baisse du rendement de la CSG maladie et des droits
de consommation sur les alcools.
b) Les objectifs de dépenses par branche
Pour les objectifs de dépenses, les prévisions
de réalisations pour 1997 diffèrent selon les sources. Pour la
Commission des comptes de la sécurité sociale, elles sont de
1.695,5 milliards de francs contre 1.658,2 milliards de francs
prévus initialement, soit un écart de 10,3 milliards de francs.
Pour l'annexe b, les prévisions de réalisations pour 1997
sont de 1.697,6 milliards de francs, soit un écart de
12,4 milliards de francs.
La différence d'évaluation porte sur les prévisions
d'exécution sur la branche vieillesse et la branche famille.
Le tableau ci-après précise la situation pour chaque branche :
Les prévisions de dépenses de la loi de
financement pour 1997
Prévisions d'exécution
(milliards de francs)
Branches |
Prévisions LFSS (1) |
|
|
||
CCSS |
Annexe B |
CCSS |
Annexe B |
||
Maladie |
662,1 |
662,7 |
662,7 |
+ 0,6 |
+ 0,6 |
Accidents du travail |
54,7 |
54,8 |
54,8 |
+ 0,1 |
+ 0,1 |
Vieillesse |
726,7 |
725,9 |
728,0 |
- 0,8 |
+ 1,3 |
Famille |
241,7 |
252,1 |
252,1 |
+ 10,4 |
+ 10,4 |
Total des dépenses |
1.685,2, |
1.695,5 |
1.697,6 |
+ 10,3 |
+ 12,4 |
Source : direction de la sécurité sociale
(DEEF)
Pour la branche vieillesse, l'écart est dû à une
révision à la hausse des frais de gestion de 0,5 milliard de
francs, à une majoration de prestations sociales de 1,6 milliard du
fait de la
sous-estimation initiale des dépenses du régime
général
et à la
revalorisation des pensions
pour certains régimes spéciaux.
L'essentiel de l'écart résulte, toutefois, de la branche famille.
Celui-ci s'explique à hauteur de 6,7 milliards de francs par la
reconduction en 1997 de la majoration de l'allocation de rentrée
scolaire, à la charge de l'Etat et non prévue dans les
dépenses de la Caisse nationale des allocations familiales. La branche
famille enregistre également la montée en charge du plan famille
(+ 1,1 milliard) et des transferts qu'elle assume au titre des cotisations
des parents au foyer et de sa contribution au fonds d'aide au logement.
Il convient de souligner que pour les autres branches, les écarts
prévisionnels restent faibles : + 0,6 milliard pour la branche
maladie, + 0,1 milliard pour la branche accidents du travail.
Le rapport de la Commission des comptes de la sécurité sociale
est très laconique sur l'objectif national d'assurance maladie dont il
constate que "
la prévision d'exécution est conforme
à l'objectif
". En revanche, l'annexe b détaille la
ventilation de l'ONDAM entre quatre objectifs intermédiaires : soins de
ville, hospitalisation, médico-social, cliniques privées. Le
bilan de l'application de cet objectif est présenté dans le cadre
de la seconde partie du présent rapport, consacrée à
l'assurance maladie.
*
Au total, hors majoration de l'allocation de rentrée
scolaire décidée par le nouveau Gouvernement et qui est inscrite
en recettes comme en dépenses, les nouvelles estimations font
apparaître une perte de recettes de 5,1 milliards de francs
(- 0,3 %) et une légère dérive des
dépenses de + 5,7 milliards de francs (+ 0,3 %).
Si l'évolution des cotisations sociales a été proche des
prévisions, c'est au niveau des impôts et taxes affectés
qu'on a enregistré l'écart le plus important. Ceci tend à
montrer que la CSG qui constitue la part essentielle de ces impôts et
taxes conduit, dans l'immédiat, à fragiliser le financement des
régimes de sécurité sociale ou du moins accroît
l'incertitude des prévisions. En revanche, les cotisations sociales se
sont bien " tenues " malgré l'effet mécanique de la
correction de 3,3 % à 2,8 % de l'hypothèse de hausse de
la masse salariale. Quant aux dépenses, on constate une certaine
sous-estimation initiale des dépenses (famille, vieillesse). Les
conclusions du rapport Bonnet-Nasse, remis en juillet dernier, sont donc
confirmées : le plan du 15 novembre 1995 s'est bien traduit par une
décélération quasi immédiate des dépenses et
avant même qu'aucun mécanisme contraignant n'ait été
décidé et
a fortiori
mis en oeuvre pour ce qui concerne la
médecine ambulatoire.
c) Les plafonds d'avance de trésorerie
Le rapport de la Commission des comptes de la
sécurité sociale précise que les prévisions de
trésorerie de l'ACOSS font apparaître un besoin de
trésorerie supérieur de 9 milliards de francs au plafond de 66
milliards de francs fixé pour le régime général,
soit un besoin de trésorerie fin 1997 de près de 75,7 milliards
de francs.
L'annexe b précise que ce prêt se décompose en deux
volets : d'une part, un prêt de 15 milliards de francs régi
par une convention du 18 juin 1980, remboursable au taux moyen
pondéré + 0,5 point. Ces avances sont limitées
à 21 jours par trimestre. D'autre part, un prêt de
51 milliards de francs régi par le protocole du
28 février 1997, remboursable au taux moyen pondéré
+ 0,45 point.
Votre commission constate que ce plafond de 66 milliards de francs a
été dépassé le 9 octobre compte tenu des
moindres perspectives de croissance en 1997 par rapport aux prévisions
initiales et du décalage de certains versements de l'Etat (versement des
3 milliards de francs d'EDF notamment).
L'incidence du relèvement de ce plafond de 66 à 80 milliards
est analysé dans le rapport consacré à l'examen des
articles (article 24).
Pour la Caisse de sécurité sociale dans les mines, une
disponibilité de 2,5 milliards de francs a été
accordée par convention, soit un montant supérieur au plafond
figurant à l'article 7 de la loi de financement de la
sécurité sociale pour 1997 (2,3 milliards de francs), mais
n'a pas été utilisée depuis le 1er janvier 1997.
Pour le Fonds spécial des pensions des ouvriers des
établissements industriels de l'Etat (FSPOIE), une convention bancaire
accorde 800 millions de francs de crédit quotidien à
l'organisme. Cette convention est entrée en vigueur le 1er mai 1997
et expirera le 31 mars 1998. Elle a permis de faire face aux besoins de
financement du régime dans les limites fixées par la loi.
Pour le BAPSA, une convention du 31 janvier 1997 passée avec le
Crédit agricole, valable du 1er février 1997 au
2 février 1998, a prévu un plafond de 8,5 milliards de
francs soit le montant fixé par l'article 7 de la loi de financement
pour 1997.
En conclusion, votre commission des Affaires sociales relève que le
décret n° 97-918 du 8 octobre 1997 portant relèvement
du plafond des avances de trésorerie a porté sur le seul plafond
du régime général.
Si la " bonne tenue " des autres régimes doit être
soulignée, elle regrette qu'il n'ait pas été donné
suite à ses observations visant à prévoir une marge de
sécurité plus large que le strict montant du déficit
comptable initialement fixé.
Par ailleurs, elle déplore la transmission tardive du rapport qui
doit accompagner, en application de l'article 8 de la loi n° 96-1160 du
27 décembre 1996 de financement de la sécurité
sociale pour 1997, les décrets d'augmentation des plafonds d'avance de
trésorerie.