A. LA MAÎTRISE DE LA CONSOMMATION EST FORTEMENT INFLUENCÉE PAR LA VARIATION DU PRIX DES ÉNERGIES
L'évolution de la politique énergétique
américaine en matière d'économies d'énergies ou de
maîtrise de la consommation est emblématique des revirements qui
ont touché tous les pays dans ces domaines. Les Etats-Unis sont en effet
passés par une phase de promotion des énergies de substitution
dans les années 1970 à une phase de " laisser-faire "
dont les récentes déclarations du Président
américain laissent envisager la fin.
La crise énergétique de la décennie 1970 avait
incité le Congrès à faciliter la production
d'électricité par des petits producteurs dénommés
"
Qualifying Facilities
" (QF) et utilisant la
cogénération et les énergies renouvelables. Cela a
constitué la première brèche dans le monopole de
production que possédaient jusqu'alors les compagnies
d'électricité américaines. La loi dénommée
"
Public Utility Regulatory Policies Act
" (PURPA) a contraint
alors les compagnies d'électricité traditionnelles à
acheter le courant produit par cette nouvelle catégorie
d'opérateurs. Toutefois, le rôle des
Qualifying facilities
est resté limité à des projets de petite puissance ou
à la production combinée d'électricité et de
chaleur, compte tenu des conditions de production qu'elles doivent
respecter
32(
*
)
.
L'attitude actuelle des Etats-Unis reflète à l'inverse la
confiance des autorités publiques américaines dans la richesse
des dotations énergétiques nationales
33(
*
)
et dans la puissance diplomatique
américaine. En effet, les
économies d'énergie et la
promotion des énergies renouvelables ont cessé d'être une
préoccupation américaine au profit de la recherche de
l'approvisionnement au moindre coût
. Les considérations de
rendement ou d'indépendance énergétique sont
reléguées au second plan, les Américains estimant, quant
au second point, qu'ils disposent des moyens politiques et militaires de se
garantir l'accès aux ressources.
Dans une période de faibles prix du pétrole et du gaz, cette
politique se traduit par l'accroissement de la consommation des énergies
fossiles (+ 14 % depuis 1990). Pour la première fois depuis
les chocs pétroliers, les véhicules neufs mis sur le
marché consomment plus de carburant que les anciens et le contenu en
énergie du point de croissance marginal a tendance à augmenter.
Le gaz devient la solution de référence pour le
développement énergétique. Une moitié des nouvelles
centrales devrait être alimentée en gaz naturel dans les vingt ans
qui viennent, le charbon conservant, pendant la même période, sa
part relative (environ 55 % de la production d'électricité).
Sur le plan géographique, la dépendance des Etats-Unis à
l'égard des importations de pétrole continue de
s'accroître, dans l'indifférence à peu près
générale. Selon les estimations du département de
l'énergie, les importations devraient couvrir plus de 60 % des
besoins vers 2010.
La priorité américaine dans le domaine extérieur est
dès lors d'assurer un approvisionnement mondial en énergie,
particulièrement en pétrole, en quantité suffisante pour
tirer les prix vers le bas. Elle vise aussi à diversifier les sources
d'approvisionnement de manière à réduire la
dépendance globale à l'égard des pays de l'OPEP. Ainsi,
l'accès aux ressources pétrolières du bassin de la mer
Caspienne apparaît comme la clé de la politique
énergétique internationale des Etats-Unis
. La question que
doivent résoudre les responsables américains est celle de
l'acheminement du pétrole et du gaz vers les marchés mondiaux.
Parallèlement, l'accroissement rapide des besoins
énergétiques chinois constitue l'un des principaux défis
à venir. Il s'agit pour les Américains, d'une part, d'inciter les
Chinois à résoudre leurs problèmes
énergétiques à venir par la coopération
internationale plutôt que par des revendications territoriales (mer de
Chine du Sud), et, d'autre part, de prendre part à des projets de
développement énergétiques situés à la
périphérie chinoise, en collaboration avec les Japonais,
notamment.
Aux yeux des responsables américains, la situation devrait demeurer
confortable au moins pour les vingt ans à venir, les réserves
connues de pétrole et de gaz permettant de satisfaire au moindre
coût une demande mondiale qui devrait passer, pour le pétrole, de
70 à environ 90 millions de barils/jour. Si des pénuries locales
apparaissaient (Turquie), les Américains considèrent qu'ils
disposent des moyens militaires et diplomatiques suffisants pour assurer
l'approvisionnement des marchés en hydrocarbures à moindre
coût.
Néanmoins,
la récente conférence de Kyoto semble avoir
ébranlé les certitudes américaines
. Le
président américain, Bill Clinton, qui a qualifié de
"
plus grand défi actuel
" les changements climatiques
et le réchauffement de la planète, a en effet rendu public, le 4
mai 1998, un
programme d'économies d'énergies dans les
résidences individuelles
dont l'objectif premier est de
réduire les émissions de gaz carbonique. Baptisé
" Partenariat pour le progrès des technologies dans le
logement ", ce programme est fondé sur une coopération
volontaire entre le Gouvernement fédéral, les professionnels de
l'industrie du logement et les autorités locales.
Mettant en oeuvre l'utilisation de nouvelles générations
d'appareils électroménagers, d'ampoules électriques
à énergie solaire et une meilleure isolation thermique, le
programme doit permettre de réduire de quelque 24 millions de
tonnes par an en 2010, les émissions de CO
2
, selon la Maison
Blanche.
S'agissant des économies d'énergie, les objectifs annoncés
sont aussi ambitieux. Le programme doit entraîner des réductions
de consommations d'énergie de 50 % dans les résidences
nouvellement construites et de 30 % dans 15 millions de logements
bâtis. Pour les consommateurs, cela signifierait 11 milliards de
dollars d'économies sur les dépenses énergétiques
d'ici 2010.
Il convient de préciser que l'énergie consommée à
domicile représente quelque 20 % des émissions de gaz
responsables aux Etats-Unis de l'effet de serre. Une maison individuelle
produit en moyenne deux fois plus de CO
2
qu'une voiture. Les
24 millions de tonnes que le programme doit permettre d'économiser
sont l'équivalent de ce que produiraient 20 millions de véhicules
automobiles.
En Finlande, le ministère du commerce et de l'industrie et la
Confédération des employeurs finlandais ont signé un
accord en novembre 1997 destiné à encourager les économies
d'énergie dans l'industrie. Les entreprises adhérant à
l'accord cadre s'engagent à faire une analyse de leur rendement
énergétique et à établir un projet
d'amélioration dont l'avancement fera l'objet d'un rapport annuel.