III. UN REGAIN D'INTÉRÊT POUR L'ÉNERGIE NUCLÉAIRE
En
dehors de quelques exceptions,
tous les pays développés ont
fait appel à l'énergie nucléaire quelle que soit leur
situation énergétique initiale
. Cependant, les accidents
survenus sur les centrales de Three Miles Island aux Etats-Unis - qui n'a
pas eu d'incidence significative sur l'environnement - et de Tchernobyl -
qui, lui, a eu des conséquences graves - ont conduit à des
remises en cause du nucléaire
avec des résultats
différents en fonction de la situation technologique, économique,
politique, culturelle et sociale de chaque pays.
Certains pays ont interrompu les programmes en cours de réalisation,
comme l'Italie, d'autres ont bloqué les programmes nouveaux, comme
l'Allemagne et la Suisse, d'autres encore ont poursuivi leurs programmes comme
la France et le Japon ou en ont commencé le développement comme
la Chine. Tous en ont cependant tiré des leçons applicables
à la conception, la réalisation, l'exploitation ou la
surveillance des centrales. Le fonctionnement de ces dernières a ainsi
été particulièrement satisfaisant en 1996 tant sur le plan
de la sûreté que de la production d'électricité.
Par ailleurs, encouragé par les pouvoirs publics, le
développement du nucléaire nécessite des investissements
coûteux et sa rentabilité n'est assurée que dans certaines
conditions de protection du marché. Sa compétitivité
passe, en effet, par des unités de grande puissance et des
réseaux de distribution importants qui requièrent une
mobilisation de capitaux élevée.
Aussi, dans le contexte actuel de libéralisation des marchés et
d'abondance énergétique, le maintien de cette filière
n'est-il pas assuré dans certains pays face à la concurrence des
énergies fossiles bon marché. C'est ainsi que le nucléaire
est redevenu un enjeu électoral en Suède ou en Allemagne.
Au total,
l'avenir de l'énergie nucléaire est suspendu aux
décisions politiques des Etats
. Pour l'instant, en dehors de
quelques pays qui ont mis en place un moratoire sur le nucléaire (Italie
et Autriche), la plupart maintiennent l'option ouverte en attendant le
renouvellement des centrales qui ne devrait pas intervenir avant 2010.
Toutefois, la désaffection dont le nucléaire a pu être
l'objet ces dernières années semble, sauf exceptions, avoir
cédé le pas à un intérêt renouvelé
motivé par les qualités non polluantes de l'atome.
L'énergie nucléaire est en effet la seule source d'énergie
à ne pas produire de gaz carbonique.
Une chose est certaine :
aucun sondage ne fait apparaître de
rejet massif de l'électricité nucléaire
, même
dans les pays à tradition écologique ancrée. Ainsi, deux
tiers des Allemands restent favorables à l'énergie
nucléaire, tandis que les Suédois semblent désavouer
aujourd'hui les résultats du référendum de 1980 par lequel
ils s'étaient prononcés pour le démantèlement de
leur parc de centrales.
Enfin, le Commissariat Général du Plan observe dans un rapport
précité que "
si le nucléaire risque d'entrer,
pour des raisons politiques, dans une phase de stagnation, sinon de
régression en Amérique du Nord et en Europe occidentale, il n'en
est pas de même en Asie, où la faiblesse des ressources
énergétiques associée à une expansion
économique rapide, provoquent d'importants besoins en
électricité. Le nucléaire constitue une solution
appréciée dans cette région du monde, dans la mesure
où les moyens nécessaires au financement des investissements
peuvent être réunis
".
Et le Commissariat Général du Plan d'ajouter :
"
Ceci pourrait conduire, si l'on n'y prend pas garde, à la
disparition de pans entiers des industries électronucléaires
occidentales au profit de leurs concurrentes asiatiques. Il serait dangereux,
tant sur le plan de la sécurité des approvisionnements
énergétiques que sur celui de la stabilité
économique et sur celui de la protection de l'environnement, de ne pas
maintenir un ensemble industriel cohérent dans ce domaine
".