C. QUELLES RELATIONS AVEC LA RUSSIE ?
1. L'hostilité russe et le dialogue nécessaire
L'opposition de la Russie à l'élargissement de
l'OTAN
demeure constante. Les déclarations faites à cet égard par
les diverses personnalités politiques et militaires russes, ne se
comptent plus. Récemment encore, le Maréchal Igor Sergueiev,
ministre de la Défense de la Fédération de Russie,
rappelait que "
la Russie ne peut demeurer passive devant
l'élargissement de l'OTAN à l'Est. Notre opposition à ces
plans est bien connue. Leur réalisation, sous leur forme actuelle,
pourrait être un facteur de déstabilisation des relations
internationales contemporaines
".
Pour désamorcer cette hostilité frontale, l'OTAN a conclu, le 27
mai 1997, avec la Russie,
l'Acte fondateur
sur les relations, la
coopération et la sécurité mutuelles (cf annexe
ci-jointe), créant notamment, à travers le Conseil conjoint
permanent, un mécanisme de consultations régulières et de
coopération. Cet accord complète les liens de partenariat
établis précédemment entre la Russie et l'OTAN à
travers le PPP et le CPEA. Conclue symétriquement avec l'Ukraine le 8
juillet 1997, la "Charte sur un partenariat spécifique entre l'OTAN et
l'Ukraine" entend instituer un cadre de dialogue entre l'OTAN et un pays qui,
certes non candidat à l'OTAN, n'a pas manifesté, à
l'égard de son élargissement, la même hostilité que
la Russie.
L'accord OTAN-Russie repose sur la reconnaissance du rôle majeur que
tient la Fédération de Russie dans la sécurité
européenne et du danger qu'il y aurait à isoler ce grand pays des
débats sur le sujet en lui donnant le sentiment d'élargir l'OTAN
contre elle, alors même que la Fédération est aujourd'hui
confrontée à une instabilité politique et
économique chronique liée à sa transition chaotique vers
la démocratie et l'économie de marché.
L'Acte fondateur, en ce qu'il permet une consultation permanente et un dialogue
entre les deux parties, constitue donc
une réponse adaptée
qu'il convient de valoriser au mieux. L'exercice n'est pour autant pas exempt
d'ambiguïtés. Certains de nos alliés critiquent le
dispositif au motif qu'il reviendrait à donner à la Russie un
veto "de fait" à certaines orientations de l'Alliance bien que l'Acte
fondateur n'ait pas la caractéristique d'un traité juridiquement
contraignant. Ils souhaitent donc limiter le rôle du Conseil permanent
conjoint (CPC) à celui d'une "chambre d'enregistrement" de
décisions préalablement agréées au sein du Conseil
Atlantique.
S'il convient en effet de ne pas mettre la Russie en position
d'empêcher l'OTAN de décider et d'agir, l'esprit de l'Acte
fondateur est bien néanmoins de donner à la Russie voix au
chapitre dans la gestion des affaires de la sécurité
européenne
.
Symétriquement, on fait observer que la Russie pourrait utiliser le CPC
comme un moyen de contrôler l'évolution de l'OTAN et son
élargissement futur, et de s'opposer à toute nouvelle vague
d'élargissement, après celle qui nous concerne aujourd'hui.
Mais par-delà ces arrière-pensées, le CPC est bien un lieu
de dialogue nécessaire entre l'OTAN et la Russie sur des questions
sensibles de sécurité que seront par exemple les futures
opérations de maintien de la paix, ou l'évolution des
stratégies et des doctrines militaires. la coopération en
Bosnie-Herzégovine, où la Russie doit continuer d'être
impliquée à travers la présence de ses unités dans
la force post-SFOR, voire enfin les questions nucléaires, notamment la
réduction des armes tactiques, la sûreté des armes
nucléaires et leur déciblage.