Ratification du protocole au Traité de l'Atlantique Nord
DULAIT (André)
Rapport 430 (97-98) - COMMISSION DES AFFAIRES ETRANGERES
Table des matières
-
TRODUCTION
- I. QUELLE ALLIANCE POUR L'APRÈS-GUERRE FROIDE ?
- II. LES PRINCIPAUX ENJEUX DE L'ÉLARGISSEMENT
- III. LES CONSÉQUENCES DE L'ÉLARGISSEMENT
- CONCLUSION
- LES AUDITIONS DE LA COMMISSION
-
M. RÉGIS DE BELENET,
DIRECTEUR DES AFFAIRES STRATÉGIQUES, DE SÉCURITÉ ET DU DÉSARMEMENT AU MINISTÈRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES -
GÉNÉRAL JEAN-PHILIPPE ROUX,
DIRECTEUR ADJOINT DE LA DÉLÉGATION AUX AFFAIRES STRATÉGIQUES AU MINISTÈRE DE LA DÉFENSE -
MME NICOLE GNESOTTO,
PROFESSEUR À L'INSTITUT D'ÉTUDES POLITIQUES DE PARIS,
CHARGÉE DE MISSION AUPRÈS DU DIRECTEUR DE L'INSTITUT FRANÇAIS DES RELATIONS INTERNATIONALES - EXAMEN EN COMMISSION
- PROJET DE LOI
- PROJET DE LOI
- PROJET DE LOI
-
ANNEXE N° 1-
ETUDE D'IMPACT 1818 texte transmis par le Gouvernement pour l'information des parlementaires. -
ANNEXE N° 2 -
TRAITÉ DE L'ATLANTIQUE NORD
(4 AVRIL 1949) -
ANNEXE N° 3 -
ACTE FONDATEUR SUR LES RELATIONS, LA COOPÉRATION ET LA SÉCURITÉ MUTUELLES ENTRE LA FÉDÉRATION DE RUSSIE ET L'ORGANISATION DU TRAITÉ DE L'ATLANTIQUE-NORD
TRODUCTION
Mesdames, Messieurs,
Nous sommes aujourd'hui invités à examiner trois projets de loi
autorisant l'accession de la Pologne, de la Hongrie et de la République
tchèque au
traité de Washington
du 4 avril 1949 instituant
l'Alliance atlantique.
La base légale de ce processus d'élargissement est
l'article
10
de ce traité, qui précise que "
Les Parties peuvent, par
un accord unanime, inviter à accéder au traité tout autre
Etat européen susceptible de favoriser le développement des
principes du présent traité et de contribuer à la
sécurité de la région de l'Atlantique Nord. Tout Etat
ainsi invité peut devenir partie au traité en déposant son
instrument d'accession auprès du gouvernement des Etats-Unis
d'Amérique (...)".
Cette disposition juridique s'inscrit dans le contexte politique
général établi par
l'Acte final d'Helsinki
de 1975
reconnaissant aux Etats parties le droit d'appartenir ou non à "
des
organisations internationales, d'être partie ou non à des
traités bilatéraux ou multilatéraux y compris le droit
d'être partie ou non à des traités d'Alliance
".
L'Alliance atlantique a déjà eu, par trois fois, l'occasion de
s'élargir à de nouveaux membres : à la Grèce et
à la Turquie en 1952, en 1955 à la République
Fédérale d'Allemagne et à l'Espagne en 1982.
Toutefois, l'élargissement qu'il nous est à présent
proposé d'accepter revêt une dimension historique. Il est la
spectaculaire traduction juridique, politique et militaire de l'ère
nouvelle dans laquelle notre continent est entré au début des
années 1990, après la chute de l'Union soviétique
-l'ennemi d'hier- et l'émancipation des nations qu'elle avait
dominé pendant 40 ans.
Dès le sommet de l'Alliance qui s'est tenu à Bruxelles en janvier
1994, les dirigeants des pays membres avaient donné une réponse
de principe favorable à l'accession "
d'autres Etats
européens
" en son sein. Ce n'est que plus de quatre ans plus tard,
au sommet de Madrid du 8 juillet 1997 que ces mêmes responsables ont
décidé d'inviter, parmi douze candidats, la Hongrie, la Pologne
et la République tchèque à engager les pourparlers
d'adhésion avec l'OTAN.
Ces négociations ont été l'occasion, pour les trois pays
retenus dans cette "première vague" d'élargissement, de souscrire
aux objectifs et aux valeurs de l'Alliance, de s'engager à accepter son
acquis juridique et politique, de participer pleinement à ses
activités politiques et militaires, de ne pas bloquer de futurs
élargissements et de contribuer aux dépenses communes.
C'est à la réunion de Bruxelles des ministres des affaires
étrangères de l'Alliance atlantique, le 16 décembre 1997,
que furent alors signés les trois protocoles d'adhésion, en vue
d'une entrée effective des trois pays au sein de l'Alliance avant le
sommet de Washington d'avril 1999, à l'occasion du cinquantième
anniversaire de l'Alliance.
Votre Commission des Affaires étrangères, de la Défense et
des Forces armées, pour l'examen de ces trois projets de loi, a
procédé à des auditions
1(
*
)
approfondies de représentants et d'experts du ministère des
Affaires étrangères, du ministère de la Défense et
du monde universitaire.
Lors de l'examen du présent rapport, au cours de sa réunion du
mercredi 13 mai, votre Commission des Affaires étrangères, de la
Défense et des Forces armées a été le cadre d'un
débat où se sont exprimées de vives réserves
à l'encontre du processus que traduisent ces trois textes. Plusieurs
commissaires se sont émus de voir l'Alliance atlantique évoluer
et changer d'une façon aussi significative sans que le Parlement y ait
été, préalablement, davantage associé. Des
inquiétudes se sont fait jour sur le retour à un partenariat
privilégié entre les Etats-Unis et la Russie pour la gestion de
la sécurité européenne, au détriment du cadre
spécifiquement européen que nous souhaitons promouvoir. Ne
prend-on pas un risque politique majeur à engager un processus qui
provoque une crispation aussi évidente en Russie, surtout lorsque
l'actuel exécutif aura cédé la place à de nouveaux
responsables ? N'engageons-nous pas enfin une démarche dont le
véritable objectif serait de favoriser des intérêts
politiques ou économiques américains ?
L'importance politique de l'enjeu et la prise en compte du nouveau contexte
stratégique en Europe ont conduit votre Commission des Affaires
étrangères, de la Défense et des Forces armées
à adopter les trois présents projets de loi.
C'est néanmoins à ces légitimes interrogations que votre
rapporteur se propose d'apporter des éléments de réponse
en rappelant l'évolution récente de l'Alliance atlantique et les
ambitions qu'elle se donne pour conforter la sécurité sur notre
continent.
I. QUELLE ALLIANCE POUR L'APRÈS-GUERRE FROIDE ?
A. LES PRÉMICES DE L'ÉLARGISSEMENT DE L'OTAN
1. Le temps des élargissements pour une Europe réconciliée
La chute
du mur de Berlin et la fin de l'URSS, marquant ensemble la fin de 45 ans
de guerre froide, ont légitimement entraîné de la part des
démocraties d'Europe occidentale une politique de "la main tendue", afin
de permettre
la réunification historique et politique du
continent
. La meilleure façon, et la plus légitime, de
concrétiser la fin du partage de Yalta a été de mettre en
oeuvre divers processus d'élargissement vers l'Est des institutions
internationales d'Europe occidentale, quels que soient leurs objectifs et leur
raison d'être, militaire, économique et politique.
Ainsi en a-t-il été pour
l'Union européenne
.
Celle-ci a, tout d'abord, rapidement conclu avec chacun des pays d'Europe
centrale et orientale des accords d'association d'un type nouveau, comportant
des dispositifs de libéralisation commerciale et de dialogue politique
s'inscrivant dans la perspective de l'élargissement de l'Union. Les
négociations d'adhésion ont ensuite été
officiellement engagées, en mars 1998, avec six des pays candidats.
De même,
l'Union de l'Europe occidentale
a-t-elle, à
défaut d'élargissement symétrique à celui de
l'Union européenne, accordé aux pays de l'ex-Pacte de Varsovie le
statut particulier d'associés-partenaires qui leur permet, à
l'instar des autres pays associés ou observateurs, de participer au
Conseil de l'UEO, aux côtés des 10 membres de plein exercice.
Enfin, dans une autre logique, plus particulièrement celle du
parachèvement démocratique et des droits de l'homme,
le
Conseil de l'Europe
a accueilli en son sein progressivement la quasi
totalité des pays d'Europe centrale et orientale.
2. Concurrence ou complémentarité des élargissements ?
Les
élargissements en cours de l'Union européenne d'une part et de
l'OTAN d'autre part, s'ils procèdent d'une démarche identique
d'ensemble tendant à effacer la fracture historique de Yalta, n'en
relèvent pas moins d'objectifs différents et spécifiques.
D'un côté on ouvre -assez vite-, une organisation
politico-militaire de défense collective au sein de laquelle s'exerce
une forte prépondérance des Etats-Unis, de l'autre on
intègre, sur un délai plus long, des nouveaux Etats au sein d'une
organisation politique, économique, commerciale, fondée sur des
politiques et des normes communes, ou à tout le moins convergentes selon
les domaines considérés. Schématiquement, on peut dire que
l'une répond à un souci de sécurité, l'autre
à une demande de prospérité.
Pour les pays candidats, cette concomitance peut être synonyme de
concurrence : les efforts économiques et financiers demandés par
l'Union européenne aux six pays avec lesquels se sont engagées
les négociations d'adhésion seront par exemple difficilement
compatibles avec l'effort budgétaire significatif que l'OTAN attend de
la Pologne, de la Hongrie et de la République tchèque, pour
mettre à niveau leurs forces et leurs infrastructures militaires.
Bien souvent ces pays devront donc opérer des choix de priorités
budgétaires, faute de quoi la poursuite harmonieuse de cette double
ambition pourrait s'avérer délicate.
Sur le plan politique, il peut s'agir d'une
complémentarité
positive
, singulièrement pour les pays candidats qui, ne figurant
pas parmi les trois premiers pays invités à rejoindre l'OTAN, ont
au moins été retenus par le Conseil européen à
participer, dès maintenant, aux négociations d'adhésion
à l'Union européenne : à savoir l'Estonie
et la
Slovénie
2(
*
)
. Cette
complémentarité
peut en revanche apparaître
négative
aux pays candidats aux deux élargissements mais
retenus, pour l'heure, ni dans l'un ni dans l'autre des processus
engagés depuis le début de l'année 1998, en particulier la
Bulgarie, la Roumanie, la Slovaquie, la Lituanie et la Lettonie, alors que
c'est cette perspective même d'adhésion qui a stimulé les
efforts de toute nature consentis depuis des années par les populations
et les gouvernements de ces pays.
C'est pour éviter ce sentiment d'une "double exclusion" que certains,
notamment aux Etats-Unis, ont plaidé pour que l'Union s'ouvre rapidement
à certains exclus de la première vague d'élargissement de
l'OTAN, pour lesquels l'entrée au sein de la Communauté pouvait
dès lors apparaître comme une solution d'attente et un "lot de
consolation" à leur mise à l'écart -temporaire- de
l'élargissement de l'Alliance. De fait, si l'appartenance à
l'Union peut répondre, en partie, et à terme, à un besoin
de sécurité -à travers l'UEO- et offrir une garantie de
stabilité économique et politique, les enjeux et les contraintes
respectives sont de nature fort différente selon que l'on prépare
l'entrée dans l'une ou l'autre des deux organisations.
3. L'élargissement de l'OTAN : des spécificités
Dans ce
contexte d'ouverture politique et d'extension géographique à
l'Est des instances de l'Europe occidentale, l'élargissement de l'OTAN,
pour légitime qu'il soit, revêt cependant quelques
spécificités.
En effet, l'OTAN a été avant tout conçue et mise en oeuvre
en tant qu'outil politique et surtout militaire de défense collective,
en application de l'article 5 du traité de Washington du
4 avril 1949 créant l'Alliance Atlantique. Il s'est agi, pendant 45
ans, de se prémunir contre toute agression territoriale vers les Etats
membres, en provenance de l'Union soviétique et/ou de ses Etats
satellites qui s'étaient regroupés d'ailleurs, en 1952, en une
organisation comparable, au sein du Pacte de Varsovie.
La fin de l'Union soviétique et la dissolution du Pacte de Varsovie
pouvaient donc laisser entrevoir celle de l'OTAN, celle-ci ayant en quelque
sorte perdu sa raison d'être. C'était compter sans les nombreux
ressorts de l'Organisation qui, bien loin de se considérer comme une
survivance anachronique, a démontré, depuis huit ans, une
vitalité certaine et une étonnante capacité d'adaptation.
Ainsi peut-on relever trois éléments principaux qui, selon votre
rapporteur, ont abouti à un renouveau de l'OTAN plutôt qu'à
sa disparition.
En premier lieu,
l'OTAN constitue pour les Etats-Unis la seule instance
où ils peuvent entretenir une influence particulière sur
l'évolution du continent européen,
considéré
comme la première ligne de défense de leurs intérêts
vitaux. Il était peu probable que les Etats-Unis renoncent à un
instrument au sein duquel leur prééminence générale
n'est que rarement contestée.
En second lieu,
pour 13 des 14 membres européens de
l'Alliance
3(
*
)
, l'OTAN constitue le cadre
privilégié de leur défense,
une part importante de
leurs forces étant affectée à l'Organisation atlantique.
Ceci explique non seulement leur réticence durable à
l'égard de l'émergence d'une organisation européenne de
défense qui soit distincte de l'OTAN, mais aussi leur attachement
indéfectible à celle-ci.
En troisième lieu et enfin,
pour les pays d'Europe centrale et
orientale eux-mêmes, l'accession à l'OTAN constitue le symbole
suprême de leur émancipation et la garantie irrévocable de
leur nouveau statut de démocraties parlementaires en même temps
que celle de leur sécurité.
Dans l'ordre de priorité
vers de nouvelles appartenances, l'Union européenne pour
l'économie de marché, le Conseil de l'Europe pour leur brevet de
démocratisation, c'est l'OTAN qui, pour leur sécurité,
occupe assurément le premier rang. Le président tchèque,
Vaclav Havel, déclarait ainsi : "
Sur le plan de la
sécurité, il est pour nous plus urgent d'adhérer à
l'OTAN qu'à l'Union européenne. Personne ne sait comment la
situation en Russie va évoluer et si nous n'allons pas connaître
des surprises désagréables de ce côté. Il est
vraiment temps de négocier notre adhésion à l'OTAN, elle
seule offre une garantie de sécurité. L'intégration dans
l'Union européenne demeure un processus à long terme"
4(
*
)
.
Pour ces pays, l'organisation de
sécurité qu'est l'OTAN et l'existence de ce lien
privilégié impliquant les Etats-Unis dans leur avenir, font de
l'appartenance à l'OTAN la marque indélébile de leur
nouveau statut.
L'élargissement de l'OTAN ne survient pas brutalement, il est
l'aboutissement d'un processus progressif,
engagé dès le
lendemain des bouleversements européens.
.
Le Conseil de Coopération Nord Atlantique (CCNA)
Le CCNA, qui a rassemblé jusqu'à 45 Etats (y compris
4 observateurs) a été créé par le sommet de
l'OTAN de Rome en novembre 1991, afin d'instaurer un
dispositif de
consultations régulières
entre l'OTAN et les nouvelles
démocraties d'Europe centrale et orientale et de la zone eurasiatique.
Symbole de l'approche "coopérative" de la sécurité, il a,
le premier, incarné la volonté de l'Alliance atlantique de
poursuivre ses objectifs sécuritaires sur des bases plus politiques que
militaires. Durant six années, le CCNA a permis d'établir une
consultation sur les questions politiques et de sécurité, dont le
contenu d'ailleurs a largement évolué avec le temps : des
conditions du retrait des troupes de l'ex-Union soviétique des Etats
baltes et du conflit du Haut Karabakh, par exemple au renforcement des
relations de bon voisinage ou au maintien de la paix.
Le CCNA a permis également d'avancer sur des dossiers concrets : la mise
en oeuvre de dispositions sur la vérification du traité sur les
forces conventionnelles en Europe, la conversion des industries de
défense, etc...
.
Le Partenariat pour la Paix (PPP)
Créé dans le cadre du CCNA, lors du sommet de l'OTAN de Bruxelles
en janvier 1994, le Partenariat pour la Paix a constitué une
étape complémentaire au CCNA destinée à
réaliser une coopération plus ciblée. Il se traduit par un
contrat de partenariat
, conclu entre chacun des pays partenaires d'une
part et l'OTAN d'autre part, qui permet de répondre au voeu du pays
partenaire : chaque programme de partenariat individuel peut être
adapté et spécifique, en quelque sorte "sur mesure". La Pologne a
ainsi placé l'intéropérabilité de ses forces au
premier rang de ses priorités -défense aérienne et
communications notamment-, la Géorgie pour sa part a sollicité de
l'OTAN une aide pour rien moins que la constitution de ses propres forces
armées.
Dans ce cadre, vingt-trois Etats de l'ex-Pacte de Varsovie et de la CEI, dont
la Russie, ont passé un accord de partenariat avec l'OTAN, auxquels
s'ajoutent d'ailleurs la Finlande, la Suède, l'Autriche et... la Suisse.
Le Partenariat pour la Paix a cet avantage de répondre à trois
profils de nations dans leurs relations présentes ou prévisibles
avec l'Organisation atlantique :
- les nations qui doivent intégrer l'OTAN rapidement, en clair les trois
pays faisant l'objet des trois présents protocoles : la Pologne, la
Hongrie et la République tchèque,
- celles qui souhaitent adhérer, mais qui devront attendre -pour une
période encore indéterminée- une deuxième vague
d'adhésion,
- celles enfin qui n'entendent pas intégrer l'Organisation mais
souhaitent bénéficier d'un savoir-faire et tenir leur place dans
l'organisation de la sécurité européenne.
Les activités du Partenariat pour la Paix recouvrent aussi bien les
exercices destinés à développer
l'intéropérabilité, dans la perspective notamment d'une
participation des pays partenaires à des opérations de maintien
de la paix, que la mise en place d'un contrôle démocratique des
forces armées ou encore l'acquisition de matériels de
défense, la coordination du trafic aérien, les plans civils
d'urgence...
.
Le Conseil de Partenariat euro-atlantique
Indéniablement, le Partenariat pour la Paix a constitué une
réussite technique qui a conduit le Conseil atlantique, en mai 1997
à Sintra (Portugal) à lui conférer un volet politique
nouveau, le Conseil de Partenariat euro-atlantique (CPEA). Celui-ci,
conçu comme un
lieu de dialogue et de concertation
-mais non de
décision- regroupe à ce jour
44 Etats, dont la Russie
,
soit 28 "partenaires" aux côtés des actuels 16 membres de plein
exercice.
Parallèlement, il a été également
décidé à Sintra d'élargir le partenariat à
l'ensemble des missions militaires. A cette fin, des cellules
d'état-major du Partenariat seront créées et
installées dans les états-majors les plus importants de l'OTAN.
Dirigées par un officier allié, ces cellules, auxquelles
participeront d'ailleurs des officiers français, seront
composées, à hauteur de 60 %, d'officiers des pays partenaires.
Ce nouveau "tandem" Partenariat amélioré-CPEA, à base de
coopération technique plus étroite pour les questions militaires
et d'une concertation politique plus dense, pourrait constituer un outil
diplomatique et sécuritaire privilégié,
parallèlement à un processus d'élargissement dont on ne
peut aujourd'hui préjuger le rythme et l'ampleur à
venir.
B. L'OTAN DE 1998 EST PROFONDÉMENT RÉNOVÉE
Les développements que vient de décrire votre rapporteur concernant le vaste mouvement de coopération et de dialogue lancé entre l'OTAN et ses partenaires de l'Est européen, symbolisent la tentative de transformation progressive de l'OTAN d'une organisation essentiellement militaire en un outil de prévention plus politique . De fait l'OTAN d'aujourd'hui est éloignée du modèle qu'elle représentait au début des années 1980. C'est l'une des conséquences de "l'aggiornamento" atlantique initié dès 1990 au sommet de Londres et formalisé, un an plus tard à Rome, en novembre 1991, à travers "le nouveau concept stratégique" déjà appelé lui-même à être prochainement révisé.
1. L'OTAN à la recherche d'un nouveau concept stratégique
Immédiatement après les bouleversements
européens, l'Alliance a adapté ses missions et ses ambitions au
nouveau contexte. Tel a été l'origine du nouveau concept
stratégique, formalisé en
1991
, qui constatait que
désormais
"les risques pour l'Alliance tiennent (...) moins à
l'éventualité d'une agression calculée contre le
territoire des alliés qu'aux conséquences (...)
d'instabilité qui pourraient découler des graves
difficultés économiques, sociales et politiques, y compris les
rivalités ethniques et les litiges territoriaux que connaissent de
nombreux pays d'Europe centrale et orientale".
Les ministres de l'OTAN en
concluaient que ces tensions pouvaient
"aboutir à des crises mettant
en cause la stabilité en Europe, et même conduire à des
conflits armés susceptibles d'entraîner l'implication de
puissances extérieures ou de se répercuter sur des pays
alliés, ayant ainsi un effet direct sur la sécurité de
l'Alliance".
L'Alliance a donc, au cours des années qui ont suivi, adapté sa
façon de penser et d'agir à cette nouvelle donne. La
planification des forces a cessé d'être concentrée sur
cette menace et la "défense de l'avant", a fait place à une
"présence en avant" substantiellement réduite. Logiquement, le
délai antérieur d'intervention des forces -deux jours pour la
quasi-totalité des forces terrestres, 70 % pour l'aviation de combat et
75 % pour les principaux navires de guerre-, est passé désormais
à trente jours pour près de la moitié des forces de
l'OTAN. De même depuis 1990, l'OTAN a très substantiellement
réduit ses effectifs : de 24 % pour le personnel militaire, 35 % pour
les forces terrestres, 32 % pour les unités navales et 41 % pour
les avions de combat. Parallèlement, les pays de l'OTAN ont
réduit de quelque 22 % leurs dépenses de défense. Quant
aux armes nucléaires basées à terre -sur aéronefs
à double capacité- elles ne représentent plus que 20 % des
stocks détenus en 1990. En Allemagne, les deux tiers des forces
positionnées ont été rappelées et le nombre
d'avions de combat y a été réduit de 70 %. Enfin les
forces américaines stationnées en Europe sont passées de
300 000 à 100 000 hommes
5(
*
)
.
Progressivement, l'OTAN a commencé à réviser sa
priorité accordée à la notion de "défense
territoriale" visée à son article 5, pour prendre en compte une
conception plus large de la défense reposant sur une coopération
politique, appréhendant tous les thèmes qui, de près ou de
loin, risqueraient d'affecter la sécurité. C'est l'un des enjeux
de la négociation en cours destinée à donner à
l'Alliance un "nouveau concept stratégique" pour le siècle
à venir. La place respective accordée à la défense
collective et aux "nouvelles missions
non-article 5
", les rapports avec
l'ONU, la conception globale ou territoriale de la sécurité des
membres de l'Alliance seront les éléments essentiels que les
négociateurs auront à préciser.
2. Une structure militaire aménagée et allégée
La
structure militaire de l'OTAN, conçue sur la base d'un environnement
stratégique largement modifié, se devait également de
s'adapter. Cela a fait l'objet d'analyses et de travaux durant quatre
années, qui ont abouti aux décisions arrêtées par
les ministres de la défense de l'Alliance le 2 décembre 1997.
Il en ressort en premier lieu un
allégement de la structure
traditionnelle
puisque de 65, le nombre de quartiers généraux
sera réduit à 20. Plus précisément, la nouvelle
structure de commandement de l'OTAN entend répondre à trois
contraintes : maintenir l'efficacité militaire, préserver le lien
transatlantique, développer, au sein de l'Alliance, l'identité
européenne de sécurité et de défense.
La nouvelle organisation maintient
deux commandements
stratégiques
(CS) : le CS Atlantique, situé à Norfolk
(EU) et le CS Europe à Mons (Belgique), tous deux placés sous
responsabilité américaine.
Du
CS Atlantique
dépendent
trois commandements
régionaux
(CR) -le CR Ouest (Norfolk - USA), le CR Est (Northwood -
RU) et le CR Sud-Est (Lisbonne - Portugal)- ainsi que deux quartiers
généraux de forces maritimes : celui de la flotte d'intervention
de l'Atlantique (Strikfltlant) et celui des forces sous-marines alliées
de l'Atlantique (Subaclant).
Du
CS Europe
dépendent
deux commandements régionaux
subordonnés (au lieu de 3 précédemment), le CR Nord
(Brunssum - Pays-Bas) et le CR Sud (Naples - Italie), ce dernier demeurant
dirigé par un amiral américain, et qui a fait, comme chacun
sait, l'objet d'une négociation difficile entre les Etats-Unis d'une
part, la France et certains alliés européens d'autre part. Cinq
commandements subordonnés relèvent du commandement de la
région Nord, six relèvent du commandement régional Sud.
Plus souple et plus transparente, cette nouvelle structure devrait être
également en mesure d'intégrer l'innovation que constituent les
GFIM (groupes de forces interarmées multinationales), destinés
à permettre la conduite d'opérations, par les européens,
avec des moyens de l'OTAN. De fait, deux QG de GFIM devraient être en
mesure, au regard de la nouvelle structure, d'entreprendre des
opérations à grande échelle, complétés par
des QG de GFIM terrestres ou maritimes plus réduits (de niveau brigade
ou division).
Enfin le nouvel aménagement sera suffisamment souple pour accueillir les
trois futurs nouveaux membres et permettre une participation appropriée
des futurs partenaires. Ainsi l'adhésion de le Hongrie, de la Pologne et
de la République tchèque
n'impliquera pas la mise en place
d'états-majors supplémentaires de l'OTAN.
II. LES PRINCIPAUX ENJEUX DE L'ÉLARGISSEMENT
A. EFFACER LES LIGNES DE FRACTURE DE LA GUERRE FROIDE
Il est difficile d'imaginer symbole plus fort de la fin de la guerre froide que l'intégration au sein de l'OTAN de trois des pays qui représentèrent, pendant près de cinquante ans, l'ennemi ou la menace désignée. Comme votre rapporteur l'a déjà évoqué, la demande d'élargissement adressée tant à l'OTAN qu'à l'Union européenne a pour principal ressort cette volonté des gouvernements et des peuples d'Europe centrale et orientale d'effacer cette division de l'Europe, qui les a isolés de la partie d'un continent à laquelle tout les rattache. L'adhésion à l'OTAN -comme à l'Union européenne, vient donc clore une pénible parenthèse et couronner enfin les efforts de toute nature -économique, politique- consentis par ces pays depuis huit ans pour parachever leur marche vers l'économie de marché et la démocratie politique. Enfin, un élargissement qui aurait négligé la situation particulière de l'Ukraine et de la Russie aurait été, dès le départ largement fragilisé. C'est pourquoi l'OTAN a conclu en 1997 une charte spécifique avec l'Ukraine et surtout avec la Russie 6( * ) .
1. Un premier élargissement limité
Cela
étant, l'élargissement de l'OTAN, sur ce plan, peut avoir son
revers. Au sommet de Madrid, les dirigeants des 16 pays membres n'ont
proposé l'adhésion qu'à trois des 12 pays
candidats
7(
*
)
, ceux qu'ils estimaient les plus
aptes à répondre aux critères posés : la Pologne,
la Hongrie, la République tchèque. Ce faisant, le risque a
été pris de donner aux autres pays un signal négatif selon
lequel ils risqueraient fort de demeurer longtemps encore à
l'écart de l'Alliance, en dépit des efforts consentis. Il a pu
faire retomber l'espoir, qu'à tort ou à raison, les gouvernements
de ces pays non retenus dans la première vague, nourrissaient devant les
perspectives d'intégrer l'OTAN. On a ainsi légitimement pu mettre
en garde contre le risque d'apparition d'une nouvelle fracture en Europe,
l'ancienne étant simplement repoussée un peu plus à l'est
et contre les éventuelles incidences politiques internes
négatives (regain des nationalismes, relâchement des efforts
économiques...) qu'elle pouvait avoir dans chacun des autres pays
candidats.
Ce sentiment est d'ailleurs d'autant plus compréhensible que les trois
pays invités ne sont pas l'objet de menaces réalistes ou de
risques d'instabilité, au contraire de certains autres, en particulier
des Etats baltes ou de certains pays de l'Europe méridionale.
Cela étant, tout processus d'élargissement obéit à
une logique de critères, de progressivité et donc de
sélection. Pas plus que l'élargissement de l'Union
européenne, celui de l'OTAN ne saurait s'opérer indistinctement
et immédiatement à l'égard de tous les pays candidats,
sachant qu'il convenait également de veiller à ce que
l'élargissement n'aboutisse pas à "importer" en son sein des
litiges entre nouveaux membres.
En réalité, le futur périmètre de l'OTAN à
l'issue d'éventuels élargissements ultérieurs
déterminera la nature même de l'Organisation atlantique. Certains
craignent en effet qu'un élargissement non contrôlé
contribue à une dilution de l'Alliance et à sa transformation
d'une organisation militaire de défense collective à un forum de
sécurité collective plus proche de l'OSCE que de ce qu'est
aujourd'hui l'organisation euratlantique.
Pour atténuer ce sentiment d'une nouvelle fracture entre les nouveaux
membres et les "exclus" de la première vague, l'Alliance entend
s'appuyer sur ce que l'on pourrait appeler son "deuxième cercle", et que
votre rapporteur a déjà évoqué, constitué
des relations tissées grâce au partenariat pour la paix
couplé au forum de consultation du CPEA. Pas tout à fait
"dedans", les autres postulants ne sont ainsi plus tout à fait au
dehors, et ce réseau de coopération et de consultation constante
constitue la traduction de la politique dite "de la porte ouverte" que l'OTAN
entend conduire au-delà des trois prochains
élargissements.
2. Les incertitudes concernant l'Europe du Sud-Est
S'il ne
faut pas perdre de vue la déception causée dans certains pays par
le choix de seulement trois pays pour la première vague
d'élargissement, il convient également de prendre en compte le
problème spécifique que représente l'Europe du Sud-Est,
qui ne sera pas représentée à l'OTAN par de nouveaux
membres après cette première vague. C'est d'ailleurs pour tenter
d'éviter cette coupure Nord-Sud que la France, avec plusieurs de ses
partenaires européens, a plaidé à Madrid pour que
la
Roumanie et la Slovénie
soient invités à la
première vague d'adhésion, au côté des trois Etats
d'Europe centrale. L'Europe du Sud-Est a en effet été le
théâtre de la première véritable crise militaire sur
notre continent. Par delà la mise en oeuvre de l'accord de Dayton pour
la Bosnie-Herzégovine, l'environnement sécuritaire actuel de
cette partie de l'Europe, avec la situation au Kosovo ou en Albanie, demeure
plus qu'instable.
La communauté internationale a pris conscience de cette
difficulté et les initiatives sont nombreuses qui se proposent
d'instaurer pour cette zone des
mécanismes régionaux de
prévention et de coopération
.
Ainsi l'Union européenne a-t-elle pris l'initiative
du "processus de
Royaumont",
rassemblant la plupart des Etats de la région
8(
*
)
aux côtés des Quinze, de la Russie, du
Conseil de l'Europe et de l'OSCE. Destiné à promouvoir,
éventuellement par la conclusion d'un traité, la
stabilité, la confiance et le bon voisinage dans l'Europe du Sud-Est, ce
projet est concurrencé par la
Southeast Cooperation Initiative
(SECI),
initiative américaine décidée à
Genève en 1996 et destinée à encourager la
coopération régionale sur des questions pratiques telles que le
passage des frontières, l'aménagement des infrastructures, la
promotion des échanges, l'énergie...
Nombreux sont également les
projets régionaux
: initiative
centre-européenne, conférences balkaniques lancées par la
Bulgarie, négociations sur les mesures de stabilisation régionale
et de maîtrise des armements dans le Sud-Est de l'Europe, prévues
par les accords de Dayton/Paris, sans oublier
le partenariat pour la paix et
le CPEA
auxquels participent les Etats de la zone. Une telle floraison
quelque peu désordonnée d'initiatives témoigne de la
sollicitude d'une communauté internationale légitimement
préoccupée par une région dont les principaux pays, comme
la Bulgarie et la Roumanie, ne participent à aucun des processus
d'élargissement actuellement en cours des organisations
européennes et euro-atlantiques et qui est le théâtre de
conflits latents. On peut toutefois regretter que ce souci de ne pas
concrétiser une nouvelle fracture Nord-Sud en Europe ne donne pas lieu
à un projet plus cohérent, plus clair et plus lisible rassemblant
et catalysant cet évident besoin de dialogue régional et
d'actions préventives.
B. DE LA DÉFENSE TERRITORIALE A LA SÉCURITÉ COLLECTIVE, QUELLE OFFRE DE SECURITE PAR L'OTAN ?
1. Les nouvelles missions de l'Alliance
Comme
nous l'avons déjà indiqué, l'OTAN a été
conçue pour assister militairement tout pays membre qui serait victime
d'une agression ; c'est, au demeurant, le principe même de toute instance
de défense collective, fondé en l'occurrence sur la notion
d'indivisibilité de la sécurité du continent ouest
européen. Ce principe, que formalise l'article 5 du traité de
Washington, tout en restant au coeur du dispositif et du nouveau concept
stratégique élaboré en 1991, devrait, de fait, se trouver
complété par les "nouvelles missions" dites de "non article 5" de
l'Alliance, adaptées aux "nouveaux risques", pesant non seulement sur la
sécurité euro-atlantique -critère géographique de
la "zone OTAN", mais sur les intérêts des membres, entendus
largement.
Concrètement, c'est vers l'exécution de ses
"nouvelles
missions" de gestion des crises et de maintien et rétablissement de la
paix
que s'oriente l'OTAN. La création d'unités
multinationales, l'accent mis sur la mobilité des forces, en
témoignent. C'est d'ailleurs dans ce cadre que l'OTAN a
réalisé en Europe sa première opération militaire,
sur le théâtre de l'ex-Yougoslavie, par des frappes
aériennes tout d'abord, puis par le déploiement de l'IFOR-SFOR
après la conclusion, en décembre 1995, des accords de
Dayton-Paris. Cette opération à elle seule incarne le type de
missions que l'Alliance s'assigne pour l'avenir, d'autant qu'elle est
également l'occasion d'y associer des forces des pays du partenariat
pour la paix, voire d'utiliser, comme base, certaines de leurs infrastructures
sur leur territoire même (comme en Hongrie).
L'un des risques de l'élargissement eût été, en
accueillant les nouveaux membres d'Europe centrale et orientale, "d'importer"
leurs litiges territoriaux ou leurs conflits de voisinage. C'est pourquoi l'une
des conditions essentielle à l'adhésion des pays candidats a
été le
règlement préalable des différends
qui pouvaient les opposer à leurs voisins
. Ainsi la Hongrie est-elle
parvenue à régler ses litiges de frontières et de
minorités avec la Slovaquie et la Roumanie. La Pologne est parvenue
également à régler des différends anciens avec
l'Ukraine et la Lituanie, étant d'ailleurs allée jusqu'à
créer, avec ces deux pays, des unités communes de maintien de la
paix. De même en est-il de la Roumanie avec l'Ukraine.
C'est donc avec précaution que, par ce premier élargissement
à trois Etats considérés comme durablement
stabilisés, l'Alliance se propose d'apporter la garantie du
traité de Washington où
l'article 5
demeure
formellement inchangé
et continue d'être la base
essentielle de la solidarité alliée. L'OTAN entend cependant
dépasser cette seule hypothèse puisqu'au demeurant, la
réunion des conditions d'une agression territoriale
caractérisée s'avère heureusement plus
improbable.
2. Une organisation sécuritaire ambitieuse
L'OTAN a
donc de vastes ambitions :
"les nouvelles missions"
qu'elle se
donne l'affranchissent
de facto
des limites géographiques
traditionnelles, en fait celles de ses Etats-membres ; sa conviction d'incarner
les valeurs de liberté, de démocratie et d'économie de
marché font d'elle une référence politique et son concept
de sécurité globale la légitime sur tous les fronts de la
sécurité. Les reliquats d'incertitude concernant l'avenir de pays
comme l'Ukraine ou le Belarus, les républiques caucasiennes mais
également l'instabilité en Méditerranée, dans
l'Europe du Sud et au proche-orient, la prolifération d'armes de
destruction massive, la sûreté des voies d'approvisionnement
énergétiques, le terrorisme, les mouvements migratoires... tous
ces risques pourraient, selon certains, relever de sa "juridiction". La
concurrence avec l'ONU pourrait revêtir un caractère aigu et
conduire l'OTAN à s'estimer libre d'initier une opération -ce
à quoi la France s'oppose- sans parrainage du Conseil de
Sécurité. Certains analystes américains, tout en
reconnaissant la compétence de l'ONU pour prévenir certains de
ces risques planétaires entendent bien voir l'OTAN y tenir une place
centrale. "
Il se peut que certains alliés ne souhaitent pas s'en
remettre dans tous les cas aux structures de l'ONU. De temps à autre,
l'OTAN, dont on connaît la capacité d'organiser avec succès
consultations et actions coordonnées pourrait avoir une importance
essentielle dans certaines circonstances. Quoi qu'il en soit, l'OTAN offre un
cadre fiable de coalitions qui sera vraisemblablement, au siècle
prochain, l'un des principaux points d'ancrage de la stabilité
internationale"
9(
*
)
.
Cette conception "maximaliste" du futur rôle de l'OTAN s'appuiera sur un
système de consultation politique renforcé par cette conception
globale et élargie de la notion de "sécurité" et
valoriser, comme élément essentiel du traité, son
article 4
aux termes duquel "
Les parties se consulteront chaque fois
que de l'avis de l'une d'elles, l'intégrité territoriale,
l'indépendance politique ou la sécurité de l'une des
parties sera menacée
". C'est cette fonction de forum de
coopération et de consultation politiques qui est supposée
prendre de l'importance à l'avenir. "
Les consultations au sein du
Conseil de l'Atlantique Nord et de ses nombreux organes subordonnés, la
coordination pratique instaurée dans les travaux du Comité
militaire, la collaboration quotidienne à l'intérieur de la
structure de commandement intégrée, et désormais la
coopération et la consultation entre Etats membres et Etats partenaires
y compris la Russie et l'Ukraine, sont des atouts uniques et essentiels pour la
réalisation des missions de l'OTAN
"
10(
*
)
.
C. QUELLES RELATIONS AVEC LA RUSSIE ?
1. L'hostilité russe et le dialogue nécessaire
L'opposition de la Russie à l'élargissement de
l'OTAN
demeure constante. Les déclarations faites à cet égard par
les diverses personnalités politiques et militaires russes, ne se
comptent plus. Récemment encore, le Maréchal Igor Sergueiev,
ministre de la Défense de la Fédération de Russie,
rappelait que "
la Russie ne peut demeurer passive devant
l'élargissement de l'OTAN à l'Est. Notre opposition à ces
plans est bien connue. Leur réalisation, sous leur forme actuelle,
pourrait être un facteur de déstabilisation des relations
internationales contemporaines
".
Pour désamorcer cette hostilité frontale, l'OTAN a conclu, le 27
mai 1997, avec la Russie,
l'Acte fondateur
sur les relations, la
coopération et la sécurité mutuelles (cf annexe
ci-jointe), créant notamment, à travers le Conseil conjoint
permanent, un mécanisme de consultations régulières et de
coopération. Cet accord complète les liens de partenariat
établis précédemment entre la Russie et l'OTAN à
travers le PPP et le CPEA. Conclue symétriquement avec l'Ukraine le 8
juillet 1997, la "Charte sur un partenariat spécifique entre l'OTAN et
l'Ukraine" entend instituer un cadre de dialogue entre l'OTAN et un pays qui,
certes non candidat à l'OTAN, n'a pas manifesté, à
l'égard de son élargissement, la même hostilité que
la Russie.
L'accord OTAN-Russie repose sur la reconnaissance du rôle majeur que
tient la Fédération de Russie dans la sécurité
européenne et du danger qu'il y aurait à isoler ce grand pays des
débats sur le sujet en lui donnant le sentiment d'élargir l'OTAN
contre elle, alors même que la Fédération est aujourd'hui
confrontée à une instabilité politique et
économique chronique liée à sa transition chaotique vers
la démocratie et l'économie de marché.
L'Acte fondateur, en ce qu'il permet une consultation permanente et un dialogue
entre les deux parties, constitue donc
une réponse adaptée
qu'il convient de valoriser au mieux. L'exercice n'est pour autant pas exempt
d'ambiguïtés. Certains de nos alliés critiquent le
dispositif au motif qu'il reviendrait à donner à la Russie un
veto "de fait" à certaines orientations de l'Alliance bien que l'Acte
fondateur n'ait pas la caractéristique d'un traité juridiquement
contraignant. Ils souhaitent donc limiter le rôle du Conseil permanent
conjoint (CPC) à celui d'une "chambre d'enregistrement" de
décisions préalablement agréées au sein du Conseil
Atlantique.
S'il convient en effet de ne pas mettre la Russie en position
d'empêcher l'OTAN de décider et d'agir, l'esprit de l'Acte
fondateur est bien néanmoins de donner à la Russie voix au
chapitre dans la gestion des affaires de la sécurité
européenne
.
Symétriquement, on fait observer que la Russie pourrait utiliser le CPC
comme un moyen de contrôler l'évolution de l'OTAN et son
élargissement futur, et de s'opposer à toute nouvelle vague
d'élargissement, après celle qui nous concerne aujourd'hui.
Mais par-delà ces arrière-pensées, le CPC est bien un lieu
de dialogue nécessaire entre l'OTAN et la Russie sur des questions
sensibles de sécurité que seront par exemple les futures
opérations de maintien de la paix, ou l'évolution des
stratégies et des doctrines militaires. la coopération en
Bosnie-Herzégovine, où la Russie doit continuer d'être
impliquée à travers la présence de ses unités dans
la force post-SFOR, voire enfin les questions nucléaires, notamment la
réduction des armes tactiques, la sûreté des armes
nucléaires et leur déciblage.
2. Le contenu de l'Acte fondateur
L'Acte
fondateur va au-delà de la structure de coopération qu'il met en
place. Il comporte plusieurs dispositions qui précisent les limites que
l'OTAN a elle-même posées à son élargissement
à venir, dans son souci de ménager les réactions russes.
En premier lieu, l'OTAN y déclare, unilatéralement, n'avoir
"
aucune intention, aucun projet et aucune raison de déployer
les
armes nucléaires
sur le territoire de nouveaux membres
".
En second lieu, s'agissant des forces classiques, l'OTAN affirme
ne pas
viser une politique de stationnement permanent de forces
importantes
sur
les territoires des nouveaux membres, estimant "
préférer
l'interopérabilité, l'intégration et la capacité de
renforcement nécessaires
" à un "
stationnement permanent
supplémentaire de forces de combat
". La possibilité est donc
cependant reconnue d'un
stationnement temporaire
-pour le
déroulement d'exercices par exemple- ou pour le "
renforcement, en cas
de besoin, pour assurer la défense contre une menace d'agression et pour
les missions de soutien de la paix, en conformité avec la charte de
l'ONU et les principes directeurs de l'OSCE
".
L'Acte fondateur fait ainsi référence
à
l'adaptation
de certaines dispositions du
traité sur les forces
conventionnelles en Europe (FCE).
Conclu en 1990 entre les deux "blocs"
-l'OTAN et le Pacte de Varsovie- il a eu pour objet de définir des
plafonds et de réduire fortement, dans la zone d'appplication
(Atlantique à Oural) les équipements militaires
11(
*
)
installés en Centre-Europe. Entre son
entrée en vigueur en 1992 et la première "conférence
d'examen" du traité en 1996, ce sont quelque 58 000 pièces
d'armement qui ont ainsi été éliminées.
Une nouvelle configuration du Traité se dessine donc. Sa structure "bloc
à bloc" sera remplacée par un réseau de plafonds nationaux
et territoriaux ;
- les
plafonds nationaux
ont déjà fait l'objet, de la part
des membres de l'Alliance, de propositions de réductions, compte tenu de
l'écart séparant, dans de nombreux pays, le plafond
théorique autorisé du nombre réel, souvent
inférieur, d'équipements en dotation.
- les
plafonds territoriaux
, qui remplaceront les limites par zones du
traité originel incluront non seulement les équipements nationaux
mais aussi ceux d'éventuelles troupes stationnées. En effet, si
l'acte fondateur a été l'occasion pour l'Alliance d'affirmer son
intention de ne pas procéder à des stationnements permanents de
forces en nombre
important
, elle a préservé la
possibilité de stationnements permanents modérés sur les
territoires des nouveaux membres.
Des autorisations de dépassement de ces plafonds territoriaux seront
prévues pour faciliter soit des exercices, soit des mouvements
militaires liés au déroulement d'opérations de maintien de
la paix effectuées sur mandat de l'ONU ou de l'OSCE.
Deux points font l'objet de négociations délicates :
- Celui des déploiements temporaires de forces en cas de crise ne
relevant pas d'un des mandats précités. De fait, l'octroi d'une
telle facilité pour l'Alliance entraînerait la
réciprocité pour la Russie qui pourrait -par exemple- y recourir
en Belarus ou dans l'enclave de Kaliningrad.
- Celui du régime de la zone des "flancs" qui, notamment pour la Russie,
limite ses potentialités de déploiement d'équipements
militaires, en particulier sur son flanc sud (Sud-Caucase) dont
l'instabilité la préoccupe.
L'Acte fondateur et son Conseil permanent conjoint, le régime de
stationnement proposé pour les forces dans les nouveaux pays membres, le
non-stationnement de forces nucléaires, constituent globalement les
"ouvertures" ou les "concessions" faites à la Russie
pour tenter
de dissiper son hostilité initiale. La culture de coopération et
de dialogue ainsi mise en place avec la Russie est essentielle mais l'OTAN est
loin d'en constituer le cadre exclusif, singulièrement pour les Russes,
pour lesquels
"l'architecture de sécurité devrait s'appuyer
sur l'OSCE, seule organisation internationale du continent qui reflète
pleinement les intérêts de tous les pays participants à ses
activités et qui leur assure des droits égaux, qu'ils
appartiennent ou non à différentes unions ou alliances"
12(
*
)
.
III. LES CONSÉQUENCES DE L'ÉLARGISSEMENT
A. LA CONFIGURATION DES ARMÉES POLONAISE, TCHÈQUE ET HONGROISE
1. Des effectifs en forte réduction
Les trois pays ont en commun, comme d'ailleurs la plupart des armées, une réduction substantielle de leurs effectifs. Si la Pologne entend affecter à l'OTAN la totalité de ses forces, la République tchèque le fera à hauteur de 90 %, et la Hongrie attribuera le gros de ses forces à la défense principale alliée multinationale.
-
•
Pologne
Les forces armées polonaises sont passées, de 1989 à 1997, de 350 000 hommes à 242 770 hommes , de nombreuses unités -brigades, divisions- ayant été supprimées. Aujourd'hui l'effectif de 242 770 hommes est supérieur au plafond FCE fixé à 234 000 hommes. Après mobilisation, l'armée polonaise serait en mesure de mettre sur pied 750 000 hommes.
La répartition par armées est aujourd'hui la suivante :
Armée de terre
144 336
Armée de l'air et défense aérienne
57 814
Marine de guerre et aéronavale
17 080
Divers (formation, administration)
23 524
Personnels détachés (ONU)
1 501
A l'horizon 2002, les effectifs devaient se stabiliser à 180 000 hommes . Le service militaire pourrait, en 1998, être réduit de 18 à 12 mois et la professionnalisation toucherait, en priorité, les unités projetables.
• Hongrie
De 1989 à 1998, les forces armées hongroises sont passées de 155 700 à 43 826 hommes 13( * ) , ce qui constitue la réduction d'effectif la plus importante des trois pays considérés et qui place l'armée hongroise à un niveau inférieur de plus de la moitié au plafond FCE, fixé à 100 000 hommes. L'armée hongroise est à même de mobiliser, en cas de besoin, 150 000 hommes -militaires et civils confondus. Elle devrait, à l'horizon 2005-2010, compter entre 45 000 et 55 000 personnes et être entièrement professionnalisée, sous réserve des ressources financières suffisantes et d'un niveau de recrutement satisfaisant tant sur le plan quantitatif que qualitatif.
La répartition par armées se présente comme suit :Armée de terre
23 408 hommes
Armée de l'air
11 495 hommes
Divers (formation, administration)
8 923 hommes
Personnels détachés
163 hommes
L'armée hongroise compte encore aujourd'hui dans ses rangs un nombre pléthorique d'officiers -au grade de lieutenant-colonel et de colonels en particulier. Le nombre des engagés oscille autour de 5 000, alors que celui des appelés diminue régulièrement du fait de la réduction en novembre 1997 du service militaire à 9 mois.
• République tchèque
Armée de terre |
25 321 |
Armée de l'air |
15 757 |
Logistique |
3 717 |
Divers |
17 265 |
Personnels détachés |
690 |
L'objectif à l'horizon 2000-2005 est d'obtenir une
armée plus compacte (50 000 hommes) et professionnalisée
à 100 % pour les unités de la force de réaction
immédiate.
Comme pour l'armée hongroise, un rééquilibrage de la
pyramide des grades s'impose pour la République tchèque où
les officiers représentent près de 70 % des militaires de
carrière. La création d'un corps de sous-officiers a
été lancée, mais le nombre de volontaires demeure faible
compte tenu du faible attrait de la carrière militaire (image de marque
négative, faiblesse des soldes et perspectives de carrière
réduites).
L'institut international d'études stratégiques de Londres (IISS)
a conclu assez positivement, en décembre 1997, sa propre analyse
concernant
les capacités futures des trois armées
:
- leurs capacités militaires
devraient être sensiblement
renforcées
pour 2007,
- les stocks d'armements existants ne sont pas beaucoup plus anciens ou moins
efficaces sur le plan technique que ceux d'autres membres de l'OTAN,
- l'abaissement du rapport entre le nombre d'officiers supérieurs et les
autres, l'augmentation de la part et de la qualité des sous-officiers
ainsi que le nombre de personnels de carrière par rapport aux
appelés conduiront à des forces très professionnelles,
- le coût de modernisation des forces pourrait être rendu moins
élevé si l'on cédait aux nouveaux membres les
équipements des pays de l'OTAN à mesure qu'ils seront
remplacés par des systèmes de nouvelle
génération.
2. Un nécessaire effort budgétaire
En
mettant fin, en 1997, à la diminution constante de leurs budgets
militaires depuis la chute du communisme, la Pologne, la Hongrie et la
République tchèque ont voulu démontrer la
réalité de l'effort qu'ils étaient prêts à
consentir afin de faire entrer, dans l'OTAN, des forces armées disposant
des capacités nécessaires à leur modernisation.
Le dernier
budget militaire polonais
, en progression de 3,8 % par
rapport à l'exercice précédent, s'élève
à 20,5 milliards de francs, et représente 8 % du budget de l'Etat
et
2,26 % du PIB
.
Le
budget militaire hongrois
a augmenté en 1997 de 9,5 % par
rapport à 1996 et atteint 3,7 milliards de francs, soit
1,3 % du
PIB
.
Quant aux
efforts tchèques
, ils ont conduit, de 1997 à
1998, à une hausse de 10 % du budget militaire d'une année sur
l'autre pour atteindre 6,96 milliards de francs, soit 6,9 % du budget de l'Etat
et
2,1 % du PIB
.
Part
des budgets de la Défense des pays d'Europe centrale dans le PIB
depuis 1989
|
1989 |
1990 |
1991 |
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
Tchécoslovaquie puis Rép.tchèque (1.93) |
6,8 % |
3,6 % |
3,6 % |
3,8 % |
2,7 % |
2,7 % |
2,8 % |
2,1 % |
1,7 % |
2,1 % |
Hongrie |
6,3 % |
2,0 % |
2,1 % |
2,2 % |
2,3 % |
1,8 % |
1,4 % |
1,2 % |
1,2 % |
1,3 % |
Pologne |
8,0 % |
5,4 % |
4,6 % |
2,3 % |
2,6 % |
2,4 % |
2,5 % |
2,3 % |
2 ,3 % |
2,3 % |
Source :
IISS-Londres
Les budgets militaires de ces trois pays ont en commun de consacrer une place
prépondérante aux
crédits de fonctionnement -80
à 82 % du budget-
au détriment des crédits
d'équipement. Les économies de fonctionnement progressivement
générées par les réductions d'effectifs et la
rationalisation d'infrastructures devraient permettre un nouvel
équilibre indispensable au
renouvellement des matériels
.
Ceux-ci en effet, selon les normes OTAN, seront
très largement
périmés
en 2004 et
95 % d'entre eux ne sont pas
interopérables
avec ceux en service dans les forces armées
des pays membres de l'Alliance. La situation est d'ailleurs plus critique en
République tchèque que dans les deux autres Etats, dans la mesure
où les autorités tchèques ont refusé dès le
début toute modalité de remboursement de sa dette par la Russie
sous forme de matériels militaires, ce qui n'a pas permis le maintien
à niveau de son parc d'équipement.
Enfin, les trois armées ont subi
d'importantes réformes de
structures
, engagées dès 1990 afin de modifier l'ancien
dispositif hérité du Pacte de Varsovie. Elles affectent tous les
échelons de commandement : ministère, état-major
général, états-majors de forces, unités corps
d'armée et division, afin de les rendre compatibles avec les normes de
l'OTAN.
L'analyse de la valeur opérationnelle des forces armées des trois
pays candidats place sans conteste la Pologne au premier rang, sachant que les
trois armées, et singulièrement l'armée tchèque,
sont confrontées, à des degrés divers, à
l'obsolescence de leurs matériels, à une certaine
démoralisation des personnels ainsi qu'aux conséquences, sur
leurs capacités d'entraînement, des difficultés
financières des trois pays concernés. Il reste que les
réformes engagées devraient permettre aux trois armées,
d'ici à quelques années -sous réserve d'un effort
financier soutenu- de rattraper le retard considérable qui les
sépare encore de leurs homologues occidentales.
3. Des équipements à renouveler
Chacun
des trois pays devra donc procéder à de nombreuses acquisitions
d'armements. Ne serait-ce que pour satisfaire à
l'intéropérabilité, ils devront rénover leurs
bases aériennes
avec des équipements d'avitaillement, de
communications et d'aide à l'atterrissage. De même devront-ils
acquérir des
systèmes de communications
compatibles avec
ceux de l'OTAN. La nécessité d'un contrôle cohérent
de l'espace aérien entraînera l'acquisition de
radars et de
centres de contrôle.
Un des marchés importants concernera
enfin l'acquisition de nouveaux
avions de combat
, après une phase
de modernisation des actuels appareils russes.
Pour relever ce défi d'un nouvel équipement militaire, les trois
nouveaux Etats pourront difficilement s'appuyer sur leurs seules industries de
matériels d'armements. De conception ancienne, extrêmement
spécialisées, elles souffrent particulièrement de la
réduction du marché mondial de l'armement, d'un manque de
capitaux et de technologies modernes. Leurs composantes les plus fiables
devront donc s'intégrer dans un cadre de coopération avec des
industries occidentales.
Les Etats-Unis entendent bien bénéficier de l'ouverture de ce
marché centre-européen. Ils y développent une politique de
présence très active qui les a déjà conduit
à transférer vers ces pays des avions de combat et des
hélicoptères, dans des conditions qui s'apparentent plus au don
qu'à la vente. Cependant, l'Europe et la France en particulier, sont en
mesure, dans certains domaines d'excellence -transmissions,
télécommunications de com-mandement, radars, missiles ou
hélicoptères- de développer avec nos nouveaux partenaires
des coopérations fructueuses.
Depuis 1990, les principales fournitures d'armement à la Hongrie,
à la Pologne et à la République tchèque ont eu les
provenances suivantes :
Hongrie :
Russie
(au titre de la dette russe) ; avions MIG 29, véhicules
blindés à roues BTR 80, missiles anti-chars Metisz.
Biélorussie
: chars T 72
Allemagne
: (dons) : hélicoptères Mi 24 et avions L 39.
France
: missiles anti-aériens courte portée Mistral,
systèmes de protection NBC.
Etats-Unis
: Systèmes d'identification IFF.
Pologne :
Russie
(dette russe) : pièces détachées.
Allemagne
(dons) : navires et hélicoptères Mi 24 de l'ex
RDA.
France :
Systèmes d'identification IFF, postes de
radiocommunications tactiques PR4G, équipements NBC.
République tchèque
: avions MIG 29 échangés
contre des hélicoptères SOKOL.
Israël :
missile anti-char héliporté NTD, avionique
de l'hélicoptère SOKOL (dossier encore en instance).
République tchèque
:
Italie
: modernisation du char T72
Israël
: modernisation du char T72
France
: systèmes de vision nocturne
Etats-Unis
: avionique de l'avion d'entraînement L159.
Depuis cette même date (1990), les industriels français ont
remporté 600 MF de prises de commandes en Pologne et 570 MF en
Hongrie.
4. Multinationalité, opérations et entraînement conjoints
Les
armées polonaise, hongroise et tchèque ne fonctionnent plus en
"circuit fermé", depuis plusieurs années.
Les
nombreux exercices conjoints
menés dans le cadre du
partenariat pour la paix, permettent à leurs états-majors et
à leurs forces de se familiariser progressivement avec les usages et les
procédures en cours dans les armées occidentales, en particulier
dans le cadre d'entraînements à des opérations de maintien
de la paix.
Au surplus, les armées de chacun des trois pays participent à de
multiples unités multinationales
dont le symbole est triple :
elles signifient clairement l'engagement au bon voisinage, elles sont soit
vouées à la défense collective "article 5", soit
constituent la base d'unités ad hoc pour des opérations de
maintien de la paix et s'insèrent ainsi exactement, en quelque sorte par
anticipation, dans le concept stratégique rénové de
l'organisation. Ainsi peut-on aujourd'hui dénombrer les unités
multinationales suivantes auxquelles participent des unités
tchèque, polonaise et hongroise : le
corps germano-polono-danois
,
fort de 30 000 hommes et dont l'état-major multinational est basé
en Pologne à Szczecin ; les
bataillons polono-ukrainien et
polono-lituanien
ont un rôle essentiel pour l'ancrage de l'Ukraine
dans l'Europe et constituent un signal positif pour la Lituanie. Ils
bénéficient d'aides britanniques, américaines et
canadiennes -instruction, procédures, apprentissage de l'anglais etc.-
Une participation de la France à ce dispositif aurait une forte valeur
politique. Le
bataillon hungaro-roumain
est un signal fort pour les
relations entre deux pays qu'un contentieux de voisinage à longtemps
opposés -à travers la minorité hongroise de Transylvanie,
en même temps qu'il intègre un pays de la "première vague"
à un Etat fortement désireux de participer à la
"deuxième vague" d'adhésion.
Dans le même esprit, plusieurs projets ont récemment vu le jour.
Ainsi en est-il d'un
projet autrichien de brigade de maintien de la paix des
pays d'Europe centrale
. Associant l'Autriche, la Suisse, la
Slovénie, la Slovaquie, la République tchèque, la Hongrie
et probablement la Roumanie, cette brigade donnerait une forte identité
régionale à l'Europe centrale, affirmerait un potentiel militaire
crédible à côté des grands pays du continent que
sont l'Allemagne, la Russie, l'Ukraine et la Pologne. Enfin, outre un projet de
brigade italo-hungaro-slovène
lancé en 1997, se fait jour
l'idée d'une "
Force multinationale pour la paix dans le sud-est de
l'Europe
" réunissant six pays de la région : Roumanie,
Bulgarie, Grèce, Turquie, ancienne république yougoslave de
Macédoine (ARYM) et Albanie. Elle pourrait être utilisée
dans des opérations de prévention des conflits et de maintien de
la paix dirigées par l'OTAN et l'UEO sous mandat des Nations unies et de
l'OSCE. Ses objectifs seraient la contribution à la paix et à la
sécurité en Europe, le renforcement des relations de bon
voisinage et l'amélioration de l'interopérabilité entre
les Alliés et les pays partenaires.
B. QUE COÛTERA L'ÉLARGISSEMENT DE L'OTAN ?
1. Des premières estimations maximalistes
L'estimation du coût financier lié à
l'élargissement de l'OTAN a fait l'objet
d'analyses
contradictoires
conduisant parfois à des
prévisions
particulièrement alarmistes.
Parmi les principales études, celle du "Congressionnal Budget Office"
(CBO) du
Congrès
des Etats-Unis considérait en mars 1996
que l'élargissement coûterait 110,5 milliards de dollars sur dix
ans ; celle de la
Rand Corporation
l'évaluait pour sa part en
novembre de la même année à 42 milliards de dollars sur la
même période, une étude du
Pentagone
,
réalisée en février 1997, aboutissait quant à elle
à une fourchette située entre 27 et 35 milliards de dollars sur
treize ans.
En réalité, l'explication de ces écarts dans les
estimations et leur montant
astronomique
résidait dans les
critères d'analyse tant de la menace prévisible que de
l'état des infrastructures des nouveaux membres. De même,
certaines des études incluaient, dans le coût de
l'élargissement, les efforts financiers que les pays membres et
invités devaient consentir pour développer les capacités
de mobilité et de projection de leurs forces, conformément au
concept stratégique de l'alliance et aux "nouvelles missions" de l'OTAN.
Ainsi l'étude du CBO se fondait encore sur un environnement
stratégique de type "guerre froide" nécessitant la
possibilité de mettre en place, sur les territoires des nouveaux membres
une posture de "défense de l'avant" afin d'être à
même de répondre à une menace type "article 5", alors
même que pour les dix années à venir, ce type de menace
territoriale massive demeure par bonheur fort improbable, les nouveaux risques
relevant plus de crises régionales limitées. De même, les
deux autres études prenaient-elles en compte les coûts des
transformations des structures de forces en vue de les adapter aux
nécessités de mobilité et de projection. En
réalité, ces adaptations relèvent de chacun des Etats et
la plupart des membres de l'Alliance ont déjà largement
engagé, sur financement national -c'est le cas de la France-, la
réorganisation de leurs forces pour plus de mobilité et pour des
capacités accrues de projection. C'est également le cas, toutes
choses égales par ailleurs, des trois pays invités. Enfin, ces
premières analyses avaient fait une estimation très
"catastrophiste" de l'état des infrastructures d'accueil des pays
membres : capacités portuaires -pour la Pologne- ferroviaires,
routières ou aéroportuaires, que des expertises
ultérieures devaient démentir.
2. L'estimation réaliste de l'OTAN : 1,5 milliard de dollars sur 10 ans
A la
suite du sommet de Madrid du 8 juillet 1997, le Comité principal de
ressources de l'OTAN a été chargé d'estimer les
coûts
entraînés par l'élargissement de l'OTAN
pour les seuls budgets communs de l'Alliance
et dans la seule
perspective minimale d'intégrer les nouveaux membres aux objectifs de
défense collective et
d'interopérabilité aux
réseaux de commandement et de contrôle OTAN
(C2), à
ceux
de contrôle et de commandement des opérations
aériennes
(ACCS), d'améliorer leurs
infrastructures
d'accueil
d'éventuels renforts -en cas de crise- et
d'améliorer leurs
capacités d'entraînement et
d'exercices
, toujours dans le souci d'interopérabilité.
-
Commandement et contrôle
(C2) : l'estimation a pris en compte
l'extension du réseau OTAN de commandement et de contrôle vers les
nouveaux membres en assurant une interopérabilité minimale. Une
phase initiale (avant l'accession) prévoit une capacité minimale
par l'établissement de connexions transfrontalières et
l'acquisition de moyens de communications adaptés. Une seconde phase
après accession prévoit la mise en place de standards
supplémentaires.
-
Défense aérienne intégrée :
le coût
en la matière correspond à l'intégration rapide des
nouveaux membres au sein du Système de défense aérienne
intégré de l'OTAN. Avant l'accession, seront
réalisées une interopérabilité et des interfaces
entre les systèmes de défense aérienne nationaux de chacun
des trois nouveaux membres et les installations de commandement et de
contrôle OTAN. Après l'accession, des efforts seront consentis par
l'Alliance pour financer l'intégration progressive des nouveaux membres
à l'ACCS. Le coût prend en compte l'acquisition de systèmes
de radars de défense aérienne pour les trois nouveaux membres.
-
Capacités d'accueil de renforcement :
il s'agit
d'améliorer les capacités des installations portuaires et
aéroportuaires des nouveaux membres. De même conviendra-t-il
d'améliorer à la marge certains aspects du réseau
ferré et des capacités de stockage. Les capacités
portuaires de la Pologne satisfont aux standards OTAN, sous réserve,
là encore, d'aménagements mineurs.
-
Entraînement et exercices :
bien que l'estimation du
comité principal de ressources sur les capacités
d'entraînement existant dans les nouveaux Etats ait été
positive, des financements ont été prévus pour des
améliorations ponctuelles en particulier les capacités de
transports de troupes.
Ainsi, le coût estimé de l'élargissement sur une
période de dix ans (1998-2008) apparaît-il le suivant (en millions
de dollars), totalisant approximativement
1,5 milliard de
dollars
.
|
Equipement |
Fonctionnement |
Commandement et contrôle |
51 |
79 |
Défense aérienne |
560 |
21 |
Capacités de renforcement |
694 |
5 |
Entraînement, exercice |
6 |
36 |
|
1,311 |
141 |
Par
nouveau pays membre, les dépenses d'équipement au profit de la
Pologne s'élèveraient à 700 millions de dollars, 315,5
millions de dollars pour la Hongrie et 266,5 millions de dollars pour la
République tchèque.
Plus précisément, en millions de francs, les perspectives sont
les suivantes :
Equipement |
En coût estimé sur 10 ans |
Commandement et contrôle
|
300
MF
|
Défense aérienne et
besoins C2
|
3 274
MF
|
Renforcement |
3 149 MF |
Entraînements, exercices |
34 MF |
TOTAL |
6 757 MF |
|
|
Fonctionnement |
En coût annuel estimé |
Commandement et contrôle,
interopérabilité
avec les nouveaux membres
|
55 MF
|
Défense aérienne et
besoins C2 ;
interopérabilité avec les nouveaux membres
|
29 MF
|
Renforcement : fourniture d'installations terrestres, maritimes et aériennes |
5 MF |
Entraînement, exercices, autres besoins |
20 MF |
Total annuel estimé |
109 MF |
3. La structure financière de l'OTAN
Elle
fait apparaître trois budgets distincts : le budget militaire, le budget
civil et le budget d'investissement.
-
le budget militaire
Le budget militaire
de l'OTAN, globalement assimilable à notre titre
III, ne recouvre que des dépenses de fonctionnement. Pour 1998, ce
budget a été fixé à
4,12 milliards de francs.
Fonctionnellement, il se décompose de la façon suivante :
Répartition fonctionnelle des dépenses militaires de
l'OTAN
Défense aérienne |
1 489 MF |
36,1 % |
Structure de commandement |
1 115 MF |
27 % |
Support C3 de cette structure |
764 MF |
18,5 % |
Remboursement aux nations |
274 MF |
6,6 % |
Recherche et développement |
165 MF |
4 % |
Exercices |
157 MF |
3,8 % |
Partenariat pour la paix |
83,5 MF |
2 % |
Régime des pensions |
68 MF |
1,6 % |
Divers (hors SFOR) |
16 MF |
0,2 % |
Les contributions nationales se présentent comme suit, la part réduite de la France étant liée à sa non participation à l'organisation intégrée, qui n'en fait que le sixième contributeur.
Etat
des contributions nationales au budget militaire international en 1998
(en
millions de francs)
Pays |
Contribution |
Pourcentage |
Rang |
France |
188,88 |
4,58 % |
6 |
Belgique |
136,35 |
3,30 % |
8 |
Canada |
303,41 |
7,35 % |
4 |
Danemark |
80,28 |
1,95 % |
9 |
Allemagne |
867,65 |
21,03 % |
2 |
Grèce |
20,28 |
0,49 % |
14 |
Islande |
5,9 |
0,04 % |
16 |
Italie |
285,81 |
6,93 % |
5 |
Luxembourg |
4,22 |
0,10 % |
15 |
Pays-Bas |
140,62 |
3,41 % |
7 |
Norvège |
56,53 |
1,37 % |
11 |
Portugal |
29,45 |
0,71 % |
13 |
Espagne |
30,73 |
0,74 % |
12 |
Turquie |
73,07 |
1,77 % |
10 |
Royaume-Uni |
593,72 |
14,39 % |
3 |
Etats-Unis |
1 313,96 |
31,84 % |
1 |
Compte tenu de la clé de répartition adoptée pour les nouveaux membres, leurs contributions respectives seraient les suivantes sur la base du budget 1998 :
République tchèque : |
0,9 % |
soit 37 MF |
Hongrie : |
0,65 % |
soit 27 MF |
Pologne : |
2,48 % |
soit 102 MF |
-
le
budget civil
Le budget civil
, fixé en 1998 à
956 MF
, recouvre :
-
• les rémunérations d'active, des pensions et des
pécules du personnel civil,
• les rétributions des consultants, des boursiers et des bénéficiaires des programmes scientifiques,
• l'entretien du siège de l'OTAN, la presse, l'information et les publications.
La France , avec une clé de répartition de 16,5 %, est le troisième contributeur à ce budget avec 154 MF. Les participations des pays s'établissent comme suit (en MF) :Etat des contributions nationales
au budget civil en 1998Pays
Contribution
Rang
Etats-Unis
218,56
1
Royaume-Uni
176,16
2
France
154,44
3
Allemagne
145,45
4
Italie
53,82
5
Canada
52,42
6
Espagne
32,76
7
Belgique
25,83
8
Pays-Bas
25,74
9
Danemark
14,88
10
Turquie
14,88
11
Norvège
10,39
12
Portugal
5,90
13
Grèce
3,56
14
Luxembourg
0,75
15
Islande
0,47
16
- le budget d'investissement
Enfin, le budget d'investissement , fixé pour 1998 à 3,407 milliards de francs , recouvre les dépenses d'infrastructures.
La part de la France, évaluée à 152 MF en 1998, recouvre trois actions :
• participation au programme de défense aérienne (ACCS) : 18 %
• participation aux programmes de communications/contrôle/
- • programmes liés aux opérations de la SFOR : 22 %.
La clé de répartition "théorique" pour la France est, à ce budget infrastructures de 13,4 %. Appliquée intégralement, elle entraînerait pour la France une participation annuelle de quelque 120 MF aux coûts communs de l'élargissement. Dans les faits, la France ne participe qu'au financement de programmes qu'elle choisit, compte tenu de sa situation spécifique -comme ce fut le cas pour l'Espagne jusqu'en 1997- au sein de la structure militaire intégrée. La clé "effective" pour la France est donc proche de 4 %. Elle couvre, en tout état de cause, tout ce qui est notamment lié à la défense aérienne et au contrôle des opérations aériennes (ACCS).
Les dépenses liées à l'élargissement proviendront quasi exclusivement de ce budget d'infrastructures. Etant donné qu'elles concerneront tout particulièrement l'interopérabilité minimale (ACCS, C3...), la France pourrait être -pour des raisons tant fonctionnelles que politiques voire industrielles- impliquée dans leur financement. A l'horizon 2003-2005, lors de la réalisation effective des travaux au profit des trois nouveaux membres, la quote-part réelle de la France pourrait alors passer de 4 à 7-8 % de ce budget. Au demeurant la participation financière des nouveaux membres, ainsi que celle de l'Espagne désormais, pourrait conduire, comme d'ailleurs pour les deux budgets de fonctionnement civil et militaire, soit à réduire les cotisations des membres actuels et maintenir un niveau de ressources inchangé, soit à maintenir ces cotisations et accroître le niveau global de ressources de l'OTAN. La volonté de la France, exprimée par le Président de la République au sommet de Madrid, de "ne pas augmenter sa contribution à l'OTAN du fait de l'élargissement", ne pourrait, dans ce contexte, être respectée que si d'autres programmes d'investissements anciens, décidés ou en cours, devaient être à l'avenir soit supprimés, soit étalés dans le temps..
Pour conclure sur ce point, on peut rappeler que deux ministères participent à la contribution française à l'OTAN :
- le ministère des affaires étrangères au titre du budget de fonctionnement civil (154 MF en 1998)
- le ministère de la défense au titre du budget de fonctionnement militaire (189 MF en 1998) et à celui du budget d'infrastructures (152 MF en 1998).
CONCLUSION
Le
processus d'élargissement qui s'engage ouvre, certes, des interrogations
:
.
L'élargissement renforcera-t-il ou fragilisera-t-il
l'identité européenne de défense au sein de l'OTAN ?
Les adaptations internes de l'Alliance, décidées en
décembre 1997, ont fait droit à certaines des demandes en faveur
de l'identification d'un pôle européen de défense au sein
de l'Alliance : les GFIM en sont une illustration, de même que la mise
à disposition éventuelle de l'UEO de moyens de l'OTAN. Cependant,
le rééquilibrage des responsabilités entre
européens et américains au sein de l'Alliance reste à
faire, dans des conditions qui, demain, pourraient d'ailleurs se
révéler plus difficiles :
- en entrant dans l'OTAN, les nouveaux membres semblent souscrire davantage
à une garantie américaine qu'à une protection
européenne, dont ils discernent encore mal les contours politiques,
institutionnels et militaires ;
- ensuite, le fonctionnement du Conseil permanent conjoint OTAN-Russie
sera-t-il de nature, comme le redoutent certains experts, à conduire, de
fait, à un "double parrainage" Etats-Unis-Russie du futur ordre
politique européen, ressuscitant
"sinon la réalité, du
moins la tentation ou l'apparence de condominium d'antan"
14(
*
)
?
Une telle marginalisation des Européens
dans la construction sécuritaire du continent irait à rebours des
efforts déployés depuis des années par la France et ses
partenaires de l'Union. Dans ce domaine comme dans d'autres, une
cohésion européenne doit s'exprimer.
.
Jusqu'à quel point le futur concept stratégique de
l'OTAN pourrait-il modifier
l'architecture générale de la
sécurité européenne
?
- La gestion des crises internationales, surtout lorsqu'elles impliquent des
engagements militaires relèvent prioritairement de la
compétence du Conseil de sécurité de l'ONU.
Or ce
principe, auquel souscrivent de nombreux pays, à commencer par la
France, est l'un des sujets sensibles de la négociation engagée
sur le futur concept stratégique. Au sein de l'Alliance, on rappelle
qu'aucun texte formel ne requiert l'aval du Conseil de sécurité
pour une intervention de l'OTAN, celle-ci pouvant dès lors s'affranchir
d'un veto du Conseil de sécurité sur tel ou tel projet
d'opération. L'inscription d'un tel principe dans un document de
l'Alliance modifierait gravement les règles d'action de la
communauté internationale.
- Dans une logique de "sécurité globale", une tendance se
confirme de faire de l'OTAN l'instance centrale de coopération
diplomatique et de gestion militaire des crises. Or, sans
méconnaître le rôle de
l'OTAN
, celle-ci
ne saurait
éclipser ni l'ONU, ni l'OSCE
, enceintes au sein desquelles la
répartition plus équilibrée du poids politique de chaque
nation préserve l'expression des souverainetés nationales ou
régionales. Un tel transfert de fait, vers l'OTAN, de compétences
exercées par ces organisations pourrait affecter la
spécificité diplomatique que l'Europe doit se donner les moyens
d'exprimer.
.
Enfin,
comment évoluera désormais la position de la
France à l'égard de l'OTAN ?
Si notre pays, depuis les
décisions du 5 décembre 1995, a repris une place active et
délibérative au sein des instances intergouvernementales qu'il
avait quittées en 1966 (Conseil des ministres de défense,
comité militaire...), il a décidé, en décembre
1997, de ne pas poursuivre la démarche en ce qui concerne la structure
militaire intégrée, arguant notamment de son
rééquilibrage insuffisant entre Américains et
Européens.
L'Espagne ayant pour sa part intégré la structure militaire, et
les trois nouveaux pays ayant vocation à le faire sans réserve,
la France gardera une position dont la singularité n'en sera que plus
visible.
Certes, cette position n'empêche pas la France d'être
impliquée là où il faut l'être, en particulier dans
les structures de commandement mises en place au cas par cas dans le cadre des
"nouvelles missions" comme en Bosnie-Herzégovine, et notamment au sein
des GFIM. Symétriquement, l'appartenance à une structure
militaire intégrée, conçue et organisée dans le
cadre de la guerre froide n'a plus la même signification ni la même
utilité qu'autrefois.
Militairement cohérente, la position de
la France pourrait cependant s'avérer
politiquement
délicate,
en tout cas difficilement compréhensible pour
nos nouveaux partenaires. Une spécificité est souvent un atout,
elle peut aussi être un poids si, aux yeux des autres, elle devient
synonyme d'isolement.
Pour votre rapporteur, la position de la France demeure cohérente tout
en restant spécifique en raison de son histoire stratégique.
A n'en pas douter, nos partenaires, y compris les nouveaux, continueront
d'entériner cette spécificité, au service de l'Europe et
qui n'a jamais entamé la solidarité de la France avec les autres
Européens sur les différents théâtres d'intervention
depuis quarante ans.
Le débat qui a eu lieu au sein de votre Commission des Affaires
étrangères, de la Défense et des Forces armées a
été l'occasion d'exprimer des interrogations, ces
inquiétudes et des oppositions : quel sera, à l'avenir, le
rôle de l'article 5 ? N'y a-t-il pas danger à élargir
l'Alliance vers les frontières de la Russie ? L'élargissement
contribuera-t-il vraiment à améliorer la sécurité
en Europe ? Le processus engagé ne tend-il pas à ouvrir aux
industries américaines de l'armement des nouveaux marchés au
détriment des capacités européennes ?
Votre rapporteur ne conteste pas la légitimité des questions
ainsi posées. Toutefois, s'il vous propose d'adopter les trois projets
de loi qui nous sont soumis, c'est que l'élargissement de l'OTAN
à la Pologne, à la République tchèque et à
la Hongrie, en symbolisant à la réconciliation européenne,
non seulement s'inscrit dans un déroulement positif de l'Histoire, mais
participe également, au-delà même des trois nouveaux Etats,
au renforcement de la sécurité et de la confiance sur l'ensemble
du continent européen.
Pour votre rapporteur, trois raisons au moins justifient cette
appréciation :
-
l'OTAN
-et la France a tenu à cet égard un rôle
qui mérite d'être salué-
est parvenue, en échange
de contreparties justifiées et contrôlées, à
réduire sinon à supprimer l'hostilité initiale de la
Russie
. Ce pays ne saurait en effet être tenu à l'écart
d'aucune démarche tendant à consolider la sécurité
en Europe. Comment pourrait-il d'ailleurs en être autrement, à
l'heure où la libéralisation commerciale et économique
conduit les partenaires de la Russie à multiplier les cadres de
coopération avec ce pays, y compris dans le domaine militaire ?
- De même, à l'égard des pays qui n'ont pas
été retenus pour ce premier élargissement, s'il ne faut
pas en mésestimer les conséquences potentiellement
déstabilisantes sur le plan politique, l'OTAN se devra de mettre
à profit les
mécanismes de coopération
créés par le Partenariat pour la paix et le Conseil de
Partenariat euro-atlantique
et qui constituent le
"deuxième
cercle"
de l'OTAN. Il reste que le processus engagé ne doit pas
"marquer le pas" et que les négociations en vue de futures invitations
à l'horizon du sommet de Washington d'avril 1999 devraient reprendre au
plus vite pour ne pas faire de la politique de la "porte ouverte" une promesse
n'engageant que ceux qui l'ont reçue.
- Enfin l'offre de sécurité par l'OTAN correspond aux
besoins
européens
dans l'avenir prévisible
. Plus que de moyens
traditionnels de riposte à une agression territoriale
caractérisée, les pays européens s'appuieront ensemble,
dans le cadre de coalitions, sur des
capacités de gestion de
crises
, avec des forces de réaction réduites, mobiles,
flexibles et multinationales. Ce postulat est d'ailleurs cohérent avec
les principes qui ont fondé notre propre réforme militaire.
Aujourd'hui, l'élargissement de l'Alliance correspond surtout au souci
d'associer pleinement les nouveaux membres aux responsabilités de la
paix et de la stabilité en Europe.
Au bénéfice de ces observations, votre Commission vous invite
à adopter les trois projets de loi qui nous sont soumis.
LES AUDITIONS DE LA COMMISSION
La
commission a effectué le mercredi 29 avril 1998 un ensemble d'auditions.
Elle a successivement entendu :
- M. Régis de Belenet, directeur des affaires stratégiques, de
sécurité et du désarmement au ministère des
affaires étrangères
- le Général Jean-Philippe Roux, directeur adjoint de la
délégation aux affaires stratégiques au ministère
de la défense
- Mme Nicole Gnesotto, professeur à l'Institut d'études
politiques de Paris, chargée de mission auprès du directeur de
l'Institut français des relations internationales (IFRI).
Par ailleurs, avec M. Xavier de Villepin, président, votre rapporteur
s'est entretenu avec Son Exc. M. Béla Szombati, ambassadeur de Hongrie,
Son Exc. M. Stefan Meller, ambassadeur de Pologne, et Son Exc. M. Petr Lom,
ambassadeur de la République tchèque.
M. RÉGIS DE BELENET,
DIRECTEUR DES AFFAIRES
STRATÉGIQUES, DE SÉCURITÉ ET DU DÉSARMEMENT AU
MINISTÈRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES
- M.
Régis de Belenet : "Cette séance d'auditions que vous avez bien
voulu organiser à l'occasion de l'examen par votre Commission du projet
de loi autorisant la ratification des protocoles au Traité de
l'Atlantique Nord sur l'accession de la République de Hongrie, de la
République de Pologne et de la République tchèque me
donnent l'occasion d'évoquer successivement deux séries de
questions :
1/ -
Les raisons de la décision d'élargissement
prise par l'OTAN.
2/ - Les problèmes
qui ont
été soulevés,
à ce titre
,
et les solutions
qui leur ont été
apportées
ou qu'il est envisagé d'apporter.
I/ -
POURQUOI CET ELARGISSEMENT DE L'OTAN
?
Il faut garder à l'esprit les fondements juridiques et politiques que
représentent l'article 10 du traité de Washington et l'Acte final
d'Helsinki.
A/
Le fondement juridique et politique
1)
Traité de l'Atlantique Nord du 4 avril 1949
article X
:
"Les Parties peuvent, par accord unanime, inviter à accéder au
Traité tout autre
Etat européen
susceptible de
favoriser le développement des principes du présent
Traité
et de
contribuer à la sécurité de la
région de l'Atlantique Nord.
Tout Etat ainsi invité peut
devenir Partie au Traité en déposant son instrument d'accession
auprès du Gouvernement des Etats-Unis d'Amérique" (Etat
dépositaire).
2)
S'agissant du cadre politique général :
l'Acte Final
d'Helsinki
adopté en 1975 dans la "déclaration sur les
principes régissant les relations mutuelles des Etats participants"
indique au titre du premier principe ("Egalité souveraine, respect des
droits inhérents à la souveraineté") : "Les Etats
participants ont le droit d'appartenir ou de ne pas appartenir à des
Organisations internationales, d'être partie ou non à des
traités bilatéraux ou multilatéraux y compris le droit
d'être partie ou non à des traités d'Alliance. Ils ont
également le droit à la neutralité".
Depuis l'adoption du Traité de l'Atlantique Nord, l'OTAN s'est
déjà élargie à trois reprises :
en 1952 : à la Grèce et à la Turquie ;
en 1955 : à la R.F.A. ;
en 1982 : à l'Espagne.
B/ Le contexte politique
de l'élargissement décidé
lors du Sommet de Madrid de juillet 1997 :
La décision prise à Madrid le 8 juillet 1997 par les Chefs d'Etat
et de Gouvernement des pays membres de l'Alliance d'inviter la Hongrie , la
Pologne et la République tchèque à engager des pourparlers
d'adhésion avec l'OTAN s'inscrit dans
un double contexte :
1)
Le mouvement général de redéfinition de
l'architecture européenne de sécurité, en
conséquence de la fin de la guerre froide
:
Avec la chute du mur de Berlin (novembre 89), la réunification de
l'Allemagne (octobre 90), la désintégration de 'l'Union
Soviétique (décembre 91), les changements spectaculaires
intervenus ailleurs en Europe centrale et orientale, l'attention au sein de
l'OTAN s'est concentrée sur la contribution que l'Alliance pouvait
apporter à l'établissement de la sécurité et de la
stabilité en Europe ;
Cette attention s'est traduite par la création du
Conseil de
coopération nord-atlantique
(CCNA) en 1991, cadre de concertation,
d'abord avec les pays d'Europe centrale et orientale ; en 1994 a
été mis en place le
Partenariat pour la Paix
qui s'est
voulu un instrument plus concret de coopération militaire entre l'OTAN
et ses partenaires, à travers la conclusion d'accords individuels, de
programmes individuels, de coopération. La Russie a adhéré
au PPP en juillet 94 et à signé à ce titre des accords de
coopération en mai 95. Cette évolution a connu une nouvelle
étape en 1997, avec la création du Conseil du Partenariat
Euro-atlantique qui s'est substitué au CCNA et coiffe le Partenariat
pour la Paix. Il regroupe aujourd'hui 44 Etats, les 16 Etats membres de
l'Alliance et 28 Etats partenaires.
2) Le deuxième élément important a été la
volonté de nombre de pays d'Europe centrale et orientale de
s'intégrer pleinement aux structures européennes et
euro-atlantiques.
A ce titre -et à l'occasion d'un dialogue intensifié conduit par
l'OTAN-
douze d'entre eux
ont fait part de leur désir de devenir
membre de l'OTAN : la Hongrie, la Pologne, la République tchèque,
la Roumanie, la Slovénie, la Bulgarie, la Slovaquie, l'Estonie, la
Lettonie, la Lituanie, l'Albanie et la Macédoine.
Cette demande répond en fait, de la part de chacun de ces Etats,
à une double préoccupation :
trouver pleinement sa place dans la Communauté euro-atlantique ;
se prémunir contre tout développement imprévisible
concernant sa sécurité en obtenant l'application à son
territoire, par l'adhésion à l'Alliance, des dispositions de
l'article V du Traité de l'Atlantique Nord.
C/ La réponse de l'OTAN
(p. 1) Une réponse de principe positive
a été
donnée dans
la déclaration adoptée lors du Sommet de
Bruxelles de Janvier 1994
(para. 12).)
"Nous souhaitons voir se consolider les liens avec les Etats
démocratiques à l'Est. Nous réaffirmons que l'Alliance,
selon les dispositions de l'article 10 du Traité de Washington, reste
ouverte à d'autres Etats européens susceptibles de favoriser le
développement des principes du Traité et de contribuer à
la sécurité de la région de l'Atlantique Nord. Nous
escomptons un élargissement de l'OTAN aux Etats démocratiques
à l'Est et nous l'envisagerions favorablement dans le cadre d'un
processus évolutif, compte tenu des développements politiques et
de sécurité dans l'ensemble de l'Europe".
Cette réponse de principe favorable reposait non seulement sur le
sentiment d'un devoir historique et moral à l'égard des pays de
l'"autre Europe", mais aussi sur la conviction que l'élargissement
contribuerait à la fois à renforcer l'Alliance et à
accroître la stabilité et la sécurité de tous les
pays de la zone euro-atlantique en permettant :
d'encourager et de soutenir les réformes démocratiques et de
promouvoir les relations de bon voisinage et la coopération, sur la base
des valeurs démocratique ;
de mettre l'accent sur la défense commune et d'accroître la
capacité de l'Alliance à contribuer à la
sécurité.
2) Une
étude sur l'élargissement
adopté par le
Conseil atlantique à l'automne 95 a fixé les
principes
auxquels l'élargissement devait obéir
. Parmi ces principes,
on peut relever notamment :
la nécessité pour les nouveaux membres de se conformer aux
principes fondamentaux de l'Alliance Atlantique (démocratie, le respect
des libertés individuelles, règne du droit) ;
la stricte conformité à l'article 10 du Traité de
Washington (Etat européen ; contribution à la
sécurité de la région nord atlantique) ;
le bénéfice pour les nouveaux membres de tous les droits mais
aussi l'acceptation par eux de toutes les obligations que comporte
l'appartenance à l'Alliance ;
le renforcement de l'efficacité et de la cohésion de l'Alliance
et la préservation de sa capacité politique et militaire à
remplir ses fonctions essentielles de défense commune.
II/ -
PROBLEMES SOULEVES ET SOLUTIONS
APPORTEES OU QU'IL EST ENVISAGE D'APPORTER
:
En dehors des aspects liés à l'état des forces
armées des pays candidats, aux réorganisations en cours des
structures militaires et aux perspectives de modernisation de l'outil de
défense qui seront traités par le représentant du
Ministère de la Défense lors de son audition, la mise en oeuvre
de la décision d'élargissement de l'Alliance a posé quatre
séries de questions : 1) la gestion de la relation avec la Russie et la
gestion de la relation avec l'Ukraine ; 2) le choix des pays à inviter ;
3) l'évaluation du coût financier de l'élargissement ; 4)
l'adaptation du Traité sur les Forces Conventionnelles en Europe.
(p. 1) La gestion de la relation avec la Russie et avec l'Ukraine.)
a/
Elargissement et Russie
:
Les perspectives d'élargissement de l'OTAN n'ont, semble-t-il, pas
suscité de grandes émotions au sein de la population russe dont
les préoccupations prioritaires sont d'une autre nature. Au sein de la
classe politique russe, différentes opinions se sont manifestées
(par exemple le Général LEBED s'est prononcé en faveur,
considérant que la cohésion de l'Alliance s'en trouverait
réduite). En revanche, au sein de la Douma un consensus des
différentes forces politiques contre l'élargissement existait.
Les Alliés -sous l'impulsion du Président de la République
et du Gouvernement ainsi que du Chancelier Kohl qui ont fait partager cette
opinion au Président Clinton- sont tombés d'accord pour
considérer tout à la fois :
que la Russie n'avait pas de droit de veto à l'égard de
l'élargissement ;
mais que l'élargissement ne devait pas être conduit de
façon à humilier la Russie ou à lui donner le sentiment
d'être tenue à l'écart de la réorganisation de
l'architecture européenne de sécurité. En d'autres termes,
qu'il fallait éviter le passage en force, même si, dans
l'immédiat, on pouvait avoir des doutes sur les capacités de
réaction de la Russie. (Comme le disait à ce sujet M. KOZYNEV,
"on ne crache pas contre le vent").
Il fallait donc démontrer :
que l'OTAN se transformait et entendait transformer ses relations avec la
Russie ;
que l'élargissement ne serait pas une source de menaces pour la Russie
(sans pour autant prendre des engagements susceptibles de faire des nouveaux
membres de l'Alliance, des Alliés de seconde zone) ;
que l'élargissement de l'OTAN ne ferait pas disparaître le
rôle de l'OSCE, seule organisation de sécurité
paneuropéenne.
C'est pourquoi deux séries d'actions ont été menées
:
d'une part, l'élargissement de l'OTAN a été
précédé de la
signature
, lors d'un Sommet des Chefs
d'Etat et de Gouvernement des 16 et de la Russie, le 27 mai 1997, à
Paris
de "l'Acte Fondateur sur les relations, la coopération et la
sécurité mutuelles entre la Fédération de Russie et
l'OTAN" ;
d'autre part, les Alliés sont convenus d'élaborer, dans le cadre
de l'OSCE, une Charte de sécurité européenne
destinée à renforcer les principes communs en matière
d'organisation de la Sécurité en Europe.
Quelques précisions sur ces deux points :
L'Acte Fondateur :
la Russie et l'OTAN déclarent qu'elles ne se considèrent pas
comme des adversaires ;
des mécanismes de consultation et de coopération sont
établis et des domaines de consultation et de coopération sont
précisés ;
des engagements unilatéraux sont pris par l'OTAN : les Alliés
réitèrent qu'ils n'ont aucune intention, aucun projet et aucune
raison de déployer des armes nucléaires ; ils ajoutent qu'il en
va de même s'agissant de l'établissement de dépôts
d'armes nucléaires sur le territoire des nouveaux membres ou de
l'adaptation d'anciennes installations de stockages nucléaires ;
l'Acte Fondateur précise aussi que l'OTAN remplira ses missions en
veillant à assurer l'interopérabilité,
l'intégration et la capacité de renforcement nécessaires
plutôt qu'en recourant à un stationnement permanent
supplémentaire d'importantes forces de combat et qu'en
conséquence, l'OTAN devra pouvoir compter sur une infrastructure
à la mesure de ces missions.
La Charte de Sécurité de l'OSCE :
le principe avait été esquissé lors du Sommet OSCE de
Lisbonne de décembre 1996 ;
le contenu possible et le calendrier d'adoption de ce document ont
été précisés à la réunion
ministérielle de l'OSCE de décembre 1997 à Copenhague : le
prochain Sommet de l'OSCE qui se réunira à l'été ou
à l'automne 1999, devrait être l'occasion de l'adoption de la
Charte de Sécurité Européenne ;
les travaux relatifs à l'élaboration de ce texte sont
actuellement en cours à l'OSCE.
b/
La gestion de la relation avec l'Ukraine
Les problèmes à résoudre n'étaient pas de
même nature que ceux qui se sont posés dans la relation avec la
Russie. En effet, l'Ukraine n'a pas manifesté, pour sa part,
d'opposition à l'élargissement de l'OTAN. Sa préoccupation
tenait à son souci -tout en n'étant pas candidat à
l'adhésion- à ne pas se retrouver dans une situation d'isolement.
Aussi, une Charte de coopération spécifique a-t-elle
été conclue à Madrid entre l'OTAN et l'Ukraine qui
prévoit, elle aussi, des mécanismes particuliers de consultation
et de coopération.
2)
Le choix des pays à inviter
:
Compte tenu des critères retenus par l'Alliance, le débat entre
les Alliés lors de la préparation du Sommet de Madrid a
porté sur la question de savoir s'il convenait d'inviter trois pays
candidats (Hongrie, Pologne, République tchèque) ou cinq (les
trois déjà cités plus la Roumanie et la Slovénie).
Les candidatures de la Hongrie, de la Pologne et de la République
tchèque ont été soutenues par l'ensemble des Alliés
; seule une majorité d'Alliés -dont la France, mais aussi
l'Italie, l'Espagne, le Portugal, la Grèce, la Turquie, le Canada, la
Belgique, les Pays-Bas, le Luxembourg- souhaitant voir invitées aussi la
Roumanie et la Slovénie et cela pour des raisons politiques (les
mérites propres de ces pays en termes de démocratie ; la
nécessité d'éviter de créer une division Nord-Sud)
et pour des raisons stratégiques (la nécessité de
renforcer le flanc sud de l'Alliance).
Parmi les autres Alliés, certaines (RFA) se sont déclaré
prêts à accepter aussi bien un élargissement à cinq
qu'un élargissement à trois ; d'autres (Etats-Unis, Royaume
Uni) estimaient qu'un élargissement trop vaste risquait de mettre en
cause l'efficacité de l'Alliance ; d'autres enfin (les pays nordiques
-Norvège, Danemark, Islande-) considéraient qu'élargir
l'Alliance à un trop grand nombre de pays risquait d'isoler les Etats
baltes.
Le compromis à Madrid s'est dégagé autour des
éléments suivants :
invitation adressée seulement à la Hongrie, à la Pologne
et à la République tchèque ;
affirmation du principe du maintien de la
porte ouverte
,
c'est-à-dire que l'Alliance continuera à accueillir de nouveaux
membres au-delà de ce premier élargissement et que ces
considérations s'appliquent aux futurs candidats, qu'elle que soit leur
situation géographique ;
engagement de réexaminer la question de l'élargissement en avril
1999 lors du Sommet organisé à Washington à l'occasion du
Cinquantième anniversaire du Traité de Washington ;
mention, dans ce contexte, des développements positifs dans le sens de
la démocratie et de la primauté du droit intervenus dans un
certain nombre de pays d'Europe du Sud Est, en particulier la Roumanie et la
Slovénie.
A la suite de l'invitation adressée aux trois pays, des
négociations d'accession ont été engagées qui se
sont conclues par l'envoi par les ministres des affaires
étrangères hongrois, polonais et tchèque de lettres
confirmant la volonté de leur pays d'adhérer, de participer
à la structure militaire intégrée, l'acceptation de tous
les engagements de l'OTAN et de dispositions financières (clés de
répartition). Les protocoles d'accession ont été
signés, lors de la session de décembre 1997, par les ministres
des affaires étrangères de l'Alliance.
3)
L'évaluation du coût financier de élargissement
pour l'OTAN
:
Cette question a, un temps, donné lieu à des analyses quelque peu
fantaisistes de la part de certains aux Etats-Unis (Cf. par exemple
l'étude de la Rand Corporation) dans la mesure où ont
été mêlés trois types d'évaluations :
le coût à supporter par les pays candidats pour mettre leur
système de défense aux normes OTAN et renouveler des
matériels majeurs qui, à l'horizon des cinq ou six prochaines
années, deviendront obsolètes ;
les conséquences pour les membres actuels de l'Alliance de l'extension
du champ d'application de l'article V en termes de capacité de
projection et de renforcement ;
enfin, les coûts communs pour l'OTAN de l'élargissement
(notamment en termes d'infrastructures, d'interoperabilité et de
communications).
En fait, les travaux conduits au sein de l'Alliance en 1997 ont conclu que :
seuls les coûts communs -c'est-à-dire les dépenses
financées collectivement par les membres de l'OTAN selon la clef de
répartition agréée- devaient être pris en
considération ;
s'agissant des deux autres types de dépenses :
d'une part, les futurs membres sont en mesure d'apporter une importante
contribution à leur propre défense. Les lacunes actuelles de
leurs capacités doivent être traitées par eux
progressivement. Et nous ajoutons pour notre part, que la priorité doit
porter plus sur la formation des hommes que sur l'acquisition immédiate
d'équipements.
d'autre part, les membres actuels de l'Alliance disposent d'ores et
déjà de moyens suffisants, notamment en termes de projection et
de renforcement, pour faire face aux obligations liées à
l'élargissement (étant précisé en outre qu'il
s'agit là d'éventuelles dépenses à la charge de
l'allié concerné).
Les coûts communs pour les Alliés du fait de l'adhésion des
trois pays invités ont été évalués à
7,7 Mds de francs au total sur une période de dix ans soit de l'ordre,
en moyenne, de 9% par an du budget total de l'OTAN (Cf. budget civil + budget
militaire + budget infrastrucuture = 8,5 à 9 milliards de francs).
Il est prévu de financer ces dépenses additionnelles par des
redéploiements et par des économies, qu'il s'agisse des
économies résultant de l'allègement des structures
militaires de l'OTAN (Cf. la diminution du nombre de quartiers
généraux qui va passer de 65 à 20) ou de celles
résultant de l'étalement de certains programmes d'infrastructure.
Les études à ce sujet démarrent à l'OTAN.
De plus, bien évidemment, les nouveaux Etats membres participeront
à l'ensemble des dépenses, selon une clé de
répartition définie (Pologne, 2,48%; République
tchèque, 0,9%; Hongrie, 0,65%).
4)
L'adaptation du Traité sur les Forces conventionnelles en
Europe
:
L'évolution de la situation stratégique en Europe notamment la
dissolution du Pacte de Varsovie rendait, en tout état de cause,
nécessaire une adaptation du Traité sur les Forces
conventionnelles en Europe, traité qui, comme on le sait, est
fondé sur un principe d'équilibre quantitatif (plafond collectif)
pour certains équipements conventionnels majeurs (chars, artillerie,
véhicules blindés de combat, hélicoptères
d'attaque, avions de combat) entre deux groupes de pays, ceux de l'Alliance
Atlantique et ceux du Pacte de Varsovie. L'élargissement de l'OTAN rend
cette adaptation encore plus nécessaire :
- l'élargissement n'est pas compatible avec le maintien des limitations
liées au plafond collectif d'autant que les droits à dotation au
titre du plafond collectif sont répartis par zone géographique;
si tel était le cas, l'élargissement serait beaucoup plus
difficile puisque les Alliés devraient faire une place aux
équipements des nouveaux membres sans dépasser les plafonds
collectifs tels qu'ils existent pour les 16.
- mais -c'est la deuxième considération- l'OTAN entend aussi
tenir compte de certaines préoccupations russes à savoir que
l'élargissement ne se traduise pas par une accumulation de forces
à ses frontières.
les Alliés sont convenus de prendre en compte cette préoccupation
mais sans pour autant accepter de dispositions qui pourraient être
discriminatoires à l'égard des nouveaux membres de l'Alliance.
Les solutions en cours de définition
:
Dans l'Acte Fondateur, il a été convenu que le niveau des
nouveaux plafonds nationaux - c'est à dire les droits à dotation
de chaque Etat - seraient agréés par consensus. L'existence de
marges significatives dans certains cas entre les droits à dotation
d'Etats parties au Traité et les dotations effectives de ces Etats
permettra de procéder à certaines réductions de plafonds
nationaux, ce qui constitue en pratique un premier élément de
réponse.
De même les Alliés ont considéré, s'agissant de
stationnements permanents
d'unités de combat de pays membres de
l'Alliance sur le territoire des nouveaux membres, que l'élément
essentiel était d'obtenir que ce
principe
soit
préservé et tel sera bien le cas. Il s'agit d'un point important
pour des raisons de défense mais aussi pour des raisons politiques, au
titre du développement de l'IESD (stationnement permanent
d'unités multinationales). S'ils se produisent, ces stationnements
permanents de forces étrangères doivent se situer dans le respect
des plafonds territoriaux prévus pour chaque Etat.
Il est également essentiel de maintenir dans le fonctionnement des
plafonds territoriaux - c'est à dire en ce qui concerne les niveaux
d'équipements déployés sur le territoire d'un Etat partie
quelle que soit la nationalité de ces équipements - suffisamment
de souplesse pour que des activités communes d'entrainement,
d'exercices, de mouvements de forces liés à des opérations
de maintien de la paix puissent se dérouler sans entrave. Cela est
également admis.
Une question en revanche n'est pas à ce stade résolue au sein de
l'Alliance, et à fortiori avec les autres participants aux
négociations d'adaptation du Traité FCE, c'est celle dite des
déploiements temporaires
, c'est à dire celle du volume de
forces qui pourrait être déployé à titre non
permanent mais pour d'autres activités ou dans d'autres circonstances ;
en cas de crise par exemple. L'évaluation des besoins continuent
à faire l'objet de débats au sein de l'Alliance, avec des
arbitrages délicats entre :
-préoccupations militaires, résultant d'analyses
unilatérales qui pousseraient à demander les marges les plus
fortes possibles pour pouvoir réagir en cas de crise sans avoir à
sortir du traité;
- et des préoccupations liées à la
réciprocité (ce que les Alliés pourront faire en Pologne
ou en Hongrie, les Russes pourraient le faire aussi en Belarus par exemple) et
aux conséquences possibles de telles flexibilités dans la zone
des flancs, au Caucase en particulier.
Je voudrais en conclusion appeler l'attention sur les points suivants :
1) la décision d'adhérer à l'OTAN bénéficie
dans les trois pays concernés d'un large appui :
cas de la Hongrie : un referendum a été organisé ; le
taux d'abstention a certes été élevé mais 85% des
votants se sont prononcés pour le oui à l'adhésion
cas de la Pologne : le vote à la Diete aura lieu au moment du
débat de ratification qui suivra la ratification par les 16 ; les
sondages donnent des pourcentages de plus de 70% en faveur de l'adhésion.
cas de la République Tchèque : approbation par les deux
assemblées, à des très fortes majorités (les trois
quarts) de l'autorisation de ratification.
2) La décision d'élargissement n'a pas eu de conséquences
négatives sur la relation OTAN/Russie comme elle n'a pas eu non plus de
conséquences négatives sur les relations avec la Russie des pays
qui ont signé en décembre 1997 leur protocole d'adhésion.
La relation et la coopération OTAN/Russie se sont
développées comme en témoigne par exemple la participation
de la Russie à l'opération conduite par l'OTAN en Bosnie.
3) Les discussions n'ont pas encore repris dans l'Alliance sur la façon
de poursuivre le processus d'élargissement. Il s'agit là à
l'évidence d'une question majeure pour les prochains mois.".
Le directeur des affaires stratégiques, de sécurité et
du désarmement a ensuite répondu aux questions des
commissaires
.
A l'intention de M. André Dulait, il a précisé que la
nécessité d'une mise à niveau de l'instrument militaire
qui se posait pour la plupart des pays candidats n'avait pas été
un élément suffisant pour écarter, dans un premier temps,
la Slovénie et la Roumanie. Il a souligné que ce dernier pays
avait soulevé quelques interrogations sur son évolution politique
et il a rappelé la crainte suscitée chez certains membres de
l'Alliance, et en particulier aux Etats-Unis, par les risques
qu'entraînerait pour l'efficacité opérationnelle de
l'Alliance un élargissement trop rapide de cette organisation. Il a
également indiqué que la Turquie n'avait pas donné suite
à ses menaces de lier l'élargissement de l'Alliance à son
intégration à l'Union européenne. Il a commenté par
ailleurs les conditions dont le Sénat américain pourrait assortir
la ratification par les Etats-Unis de l'adhésion au traité de
l'Atlantique Nord de la Pologne, de la Hongrie et de la République
tchèque, en soulignant que, si la mention habituelle du "partage du
fardeau" et le rappel que le Conseil atlantique garde sa
prééminence sur le Conseil conjoint OTAN-Russie ne posaient pas
de réels problèmes, d'autres éléments comme
l'établissement d'un lien entre l'élargissement de l'Alliance et
celui de l'Union européenne et un éventuel moratoire sur
l'élargissement (contradictoire avec le principe de la "porte ouverte")
pouvaient constituer des sujets de préoccupation.
M. Régis de Belenet a indiqué à M. Jacques Habert que
l'Acte fondateur signé entre l'Alliance atlantique et la Russie
constituait une déclaration politique destinée à poser des
principes ainsi que des mécanismes de consultation, tout en fixant
certains engagements dans le domaine militaire, s'agissant du
déploiement d'armes nucléaires ou de l'adaptation du
traité sur les forces conventionnelles en Europe ; en aucun cas, l'Acte
fondateur ne donnait à la Russie le moyen de bloquer le fonctionnement
de l'OTAN, les seize membres de l'Alliance retrouvant toute leur autonomie de
décision dans l'hypothèse où aucun accord ne pourrait
être trouvé avec la Russie.
Enfin, le directeur des affaires stratégiques, de sécurité
et du désarmement est revenu avec M. Xavier de Villepin,
président, sur le nouveau concept stratégique de l'OTAN qui
devrait être adopté à Washington en avril 1999, en
indiquant qu'il viserait à mieux définir les nouvelles missions
de l'Alliance (gestion de crises, opérations de maintien de la paix...).
Il a marqué, à cet égard, l'opposition de la France
à un éventuel contournement du Conseil de sécurité
par une auto-saisine du Conseil de l'OTAN. Enfin, il a observé que la
France souhaitait que les mesures d'allègement (en particulier la
simplification des structures de commandement de l'Alliance) se poursuivent et
que leur nécessité soit rappelée dans le nouveau concept
stratégique.
GÉNÉRAL JEAN-PHILIPPE ROUX,
DIRECTEUR
ADJOINT DE LA DÉLÉGATION AUX AFFAIRES STRATÉGIQUES AU
MINISTÈRE DE LA DÉFENSE
- M. le
Général Roux : "A leur réunion du 1
er
décembre 1994, les Ministres des affaires étrangères de
l'Alliance ont décidé d'engager un processus d'examen au sein de
l'Alliance, pour déterminer la manière dont elle
s'élargira.
Ceci faisait suite à un certain nombre de décisions capitales
visant à sortir de la situation générée par la
guerre froide : Création du Conseil de coopération Nord
Atlantique en 1991, du Partenariat pour la Paix, en 1994.
Lors du sommet de Madrid des 8 et 9 juillet 1997 était prise
solennellement la décision de lancer les démarches
concrètes visant à intégrer une première vague de
trois pays : La Hongrie, la Pologne et la République
tchèque. Malgré les efforts soutenus de la France pour
accroître la liste, notamment à la Roumanie, l'Alliance se fondant
avant tout sur une analyse militaire, s'est limitée à ces trois
pays. Elle a cependant affirmé qu'elle resterait ouverte à de
nouveaux membres, conformément à l'article 10 du traité de
Washington.
Après avoir rappelé les grandes lignes des raisons fondamentales,
qui, d'un point de vue Défense, font de ces trois premiers grands pays
de l'ex-Pacte de Varsovie, d'excellents candidats à une entrée
dans l'Alliance, je décrirai les perspectives générales
ouvertes par leur adhésion, avant d'en tirer quelques conclusions quant
aux perspectives qui sont ainsi créées pour nous-mêmes.
Rappelons d'abord les engagements que doivent prendre les nouveaux membres qui
entrent dans l'Alliance :
. Unir de manière réaliste leurs efforts pour la défense
collective et la préservation de la paix et de la sécurité
et s'engager à régler par des moyens pacifiques tous
différends internationaux dans lesquels ils pourraient être
impliqués.
Compte tenu des tensions inhérentes aux décisions internationales
imposées par l'histoire à ces pays en matière de
délimitation des frontières, l'appartenance à l'Alliance,
et surtout la préparation de cette appartenance, entraînent une
garantie réelle de stabilité pour l'Europe.
. Contribuer au développement de relations internationales pacifiques et
amicales en renforçant leurs libres institutions et en
développant les conditions propres à assurer la stabilité
et le bien être.
Ceci constitue une démarche fondamentale, dans le droit fil de ce que
les populations de ces pays ont obtenu, en se dégageant de la tutelle
soviétique. La marche vers le progrès, ainsi
déclenchée, qui implique une renonciation à un effort en
matière d'armement et de préparation des forces hors de
proportion avec la réalité internationale, donne là aussi
une garantie supplémentaire de stabilité à la nouvelle
architecture européenne. Le Pacte de stabilité en Europe,
initié par la France, et dont le suivi a été confié
à l'OSCE, qui comporte déjà de nombreux traités et
accords bilatéraux, reçoit là une nouvelle impulsion.
. Enfin, l'engagement de maintenir l'efficacité de l'Alliance, en
partageant les rôles les risques et les responsabilités et les
coûts.
Ceci entraîne l'assurance que ces pays joueront un rôle à
part entière dans la nouvelle Alliance, sans impliquer une augmentation
hors de propos de l'effort de défense des 16 membres actuels de l'OTAN.
Resituons l'événement dans son cadre général, afin
d'en tirer les leçons.
Il est clair, que l'élargissement de l'Alliance se produit dans des
conditions essentiellement différentes que celles qui prévalaient
jusqu'ici. Les risques de conflit auxquels l'OTAN doit faire face sont
notoirement diminués, et surtout ils ne sont plus, fort heureusement,
à horizon raisonnable dans une problématique d'affrontement de
super puissances. La Russie, par son engagement dans une concertation
étroite avec l'OTAN, par sa participation effective à des
opérations de maintien de la paix aux côtés des
occidentaux, n'est plus l'ennemi d'hier, et le nouveau concept de l'Alliance,
qui sera adopté au sommet de Washington de 1999 en prendra clairement
acte.
Il demeure, et tous les Alliés en conviennent, des risques pour la
sécurité de l'Europe, qui se présentent sous des formes
complexes, politiquement difficilement prévisibles, mais que l'analyse
stratégique, et aussi la mémoire de l'Histoire,
réussissent quand même à cerner.
Il est donc indispensable, sans que cela constitue une alarme excessive pour la
Russie, d'engerber dans une Alliance aussi structurée que l'OTAN, les
grands pays de l'Est, qui vivraient sinon, de manière difficile, leurs
premiers pas de liberté vis-à-vis de l'ancienne puissance
dominatrice.
On peut le vérifier en observant la situation dans le glacis de la
Russie.
La dynamique ainsi créée, ainsi que les efforts énergiques
des nouveaux membres pour se mettre aux standards techniques, mais aussi
démocratiques de leurs nouveaux alliés, aura, on peut en
être certain, un effet d'influence, sur les autres pays, qui aspirent
à être eux-mêmes admis, et aussi, pourquoi pas sur les
anciens membres de l'Alliance, qui ont quelquefois, pour certains d'entre eux,
trop perdu de vue l'esprit du traité de Washington.
L'élargissement de l'Alliance s'inscrit également dans
l'élargissement de l'Union européenne, et introduit un
élément de cohérence entre l'organisation principale de
défense commune des européens et l'Union économique et
monétaire du troisième millénaire.
Dès la décision politique initiale de l'Alliance, des
dispositions précises ont été prises afin de
déterminer les conditions dans lesquelles les pays se trouvaient en
matière de défense, et les engagements qu'ils prendraient pour
appuyer leurs candidatures.
Une première série de travaux s'est centrée sur les
questions spécifiques de la relation future des trois pays avec la
structure militaire de l'Alliance, et surtout sur leur participation à
la planification de défense de l'organisation militaire
intégrée.
Mais les discussions les plus difficiles ont eu trait aux questions
budgétaires et à la détermination des quote-parts et
modalités régissant la participation aux activités de
l'OTAN financées en commun.
Les trois candidats se sont ainsi engagés à souscrire sans
réserve au concept stratégique de l'OTAN, et tout
particulièrement au volet nucléaire. Ils ont bien noté que
dans sa déclaration du 10 décembre 1996, l'OTAN a
déclaré « qu'il n'a aucune intention, aucun projet, et
aucune raison de déployer des armes nucléaires sur le territoire
de nouveaux membres, et n'a aucunement besoin de modifier un quelconque aspect
de son dispositif ou de sa politique nucléaire et n'en prévoit
nullement le besoin pour l'avenir. »
En ce qui concerne la planification opérationnelle, les trois pays se
sont déclarés prêts à participer à toutes les
gammes des missions de l'Alliance.
La République tchèque s'est ainsi engagée à entrer
dans l'Alliance « dans toute la mesure de ses moyens ».
Elle prévoit actuellement, en effet, d'y affecter 90% de ses forces
armées, soit l'intégralité de ses forces
opérationnelles.
La Hongrie a attribué également le gros de ses forces à la
force de défense principale alliée multinationale, et s'est
engagée à fournir des unités au dispositif d'appui
tactique et de soutien aux forces de réaction.
La Pologne, quant à elle destine toutes ses forces
opérationnelles au dispositif militaire de l'Alliance
L'effort le plus sensible, accepté par les trois candidats se situe
incontestablement sur le plan de l'affectation des ressources
financières, qu'ils se proposent de consacrer à la Défense.
La République tchèque dès le 18 septembre 1996, a
adopté une résolution en vertu de laquelle la part des
dépenses militaires dans le PIB augmenterait de 0.1% par an, pour
atteindre environ 2% du PIB d'ici à l'an 2000. Suivant cette
résolution le gouvernement a prévu pour le budget 1998,
d'accroître ses dépenses de défense de 17% en valeur
réelle, soit 26% en valeur nominale, par rapport à 1997.
La république de Hongrie, s'est engagée à faire
enregistrer à ses dépenses de défense une hausse graduelle
et constante dans les prochaines années. Il est planifié
d'accroître chaque année le budget d'environ 10 % en valeur
réelle, et ce sur la période 1999-2001. La part des
dépenses dans le PIB augmenterait ainsi annuellement de 0,1% pour
atteindre 1.81% d'ici 2001. Le budget 1998 affiche en objectif une part de 1,51
% du PIB soit une progression en valeur réelle de 10,2% par rapport
à 1997.
La Pologne s'est déclarée prête, quant à elle,
à mettre en chantier un plan à 15 ans de développement et
de modernisation des forces armées. Au cours des cinq prochaines
années la part du budget de la défense consacrée à
l'acquisition et à la modernisation des équipements devrait
augmenter de 3% de plus que le budget global de l'Etat. D'ici à 2012, le
budget de la défense serait supérieur de 56% en valeur
réelle à celui de 1998.
Les besoins militaires peuvent être traduits en capacités à
l'intérieur de chaque grande fonction étudiée.
L'amélioration des systèmes de commandement des trois pays
invités doit conduire à assurer une
interopérabilité complète avec les systèmes
alliés et surtout à étendre le système de
commandement de l'OTAN à tout le territoire des nouveaux membres.
Mais c'est surtout l'extension du système de défense
aérienne de l'Alliance, qui est significatif. Il est en effet
nécessaire de construire sur des infrastructures souvent
défaillantes, d'une part, un système de communication performant,
compatible avec celui de l'Alliance (stations sol et interface avec le
système allié de détection aéroporté AWACS),
mais aussi de réaliser un réseau de radars de défense
aérienne et des centres de détection et de contrôle, en
mesure de conduire des opérations aériennes de grande ampleur.
En matière d'infrastructure le bilan général est bon, en
ce qui concerne les voies ferroviaires et routières, mais un effort
important est à faire sur les bases aériennes, qui doivent dans
leur ensemble faire l'objet de modernisations.
L'engagement consenti, par l'Alliance, sur 10 ans, au profit des trois pays
candidats, pour leur permettre de rejoindre la "terre promise" de l'OTAN, est
considérable. Notons, par exemple, que pour le commandement et
contrôle, la défense aérienne et l'entraînement; plus
de 7 milliards de francs seront engagés par les 16 membres de
l'Alliance, au profit de leurs nouveaux alliés.
Pour financer cet effort, il a été choisi de redéployer
les ressources rendues disponibles par les économies résultant de
la restructuration de l'OTAN. C'est à ce titre, que l'on est en droit de
se demander si les plans prévus seront bien tenus, car on doute qu'une
organisation aussi lourde que l'OTAN échappe à une augmentation
de son coût de fonctionnement, même au prix de la réduction
de près de deux tiers de ses états-majors.
La France a un intérêt stratégique évident à
promouvoir l'avènement de ces trois candidats, même si sa vision
n'est pas identique à celle de certains de ses alliés.
En effet, l'offre faite de mettre en oeuvre les dispositions de l'article 10 du
traité de Washington est totalement compatible avec la vision
française de l'identité européenne de défense.
Accroître la zone de stabilité et de sécurité plus
à l'Est, ne pas laisser livrés à eux-mêmes les
anciens obligés de l'URSS, relève de la plus
élémentaire prudence.
En revanche, limiter cette ouverture à trois pays revient à
donner un signal doublement négatif.
Négatif d'abord vis à vis de la Russie qui tirera vite la
conclusion que sont uniquement admis dans l'Alliance les pays qui
représentent un potentiel militaire significatif pour l'OTAN, donnant
ainsi une connotation résolument offensive à cet
élargissement. Il ne s'agit pas, selon nous, de reporter à l'Est
ce qui fut pendant 40 ans la ligne de démarcation des deux blocs
antagonistes, issus de la deuxième guerre mondiale.
Négatif aussi vis-à-vis des autres pays, qui se sentiront
victimes d'un jugement discriminatoire et dotés d'un statut moins
honorable que leurs plus puissants voisins. Par définition dans une
situation moins enviable, ils risquent de perdre leur élan vers la
démocratie et même, pour certains, de retourner vers une nostalgie
du passé. Personne ne peut souhaiter une telle situation.
C'est pourquoi, dès le sommet de Madrid, la France a plaidé
jusqu'au dernier moment, pour une conception plus généreuse, plus
stratégique de l'élargissement et aussi, admettons-le, moins
militaire. Cet effort sera poursuivi dans la perspective du sommet de
Washington.
Il était également tout aussi primordial de ne pas donner aux
futurs nouveaux alliés le sentiment que la position de la France vis
à vis de l'organisation militaire intégrée, sa vision plus
généreuse de l'élargissement en faisait un allié
moins enthousiaste pour accueillir les nouveaux arrivants. C'est donc sans
aucune arrière pensée, que la France a déployé ses
efforts pour apporter toute l'aide possible aux trois candidats à
l'intégration, soit en bilatéral, soit en multinational,
notamment dans le cadre du partenariat pour la paix.
Venons-en maintenant pays par pays, à une approche plus analytique du
problème, à travers le prisme de notre propre vision
stratégique.
La Pologne est, de par ses caractéristiques exceptionnelles, au premier
rang des efforts français de coopération de défense. Sa
population de 39 millions d'habitants, et ses effectifs militaires qui
dépassent les 200 000 hommes la placent aisément à la
première place parmi les pays ECOB.
La Pologne participe activement à la sécurité et à
la coopération régionale, sans d'ailleurs cacher sa
légitime ambition de faire la preuve de son rang de puissance à
part entière. Depuis 1989, sa politique étrangère poursuit
quatre objectifs majeurs :
- l'ancrage occidental
- la normalisation et le développement des relations avec l'Allemagne
- le développement des relations avec les nouveaux Etats issus de l'URSS
- la recherche d'une coopération régionale active.
Elle s'est fortement engagée dans la coopération régionale
dite de « VISEGRAD », avec la république
tchèque la Slovaquie et la Hongrie, mais surtout, au sein du triangle
de WEIMAR (France Allemagne Pologne). Elle y déploie, notamment en
matière de défense, une politique équilibrée et
résolue, visant à obtenir le meilleur appui de ses deux grands
alliés, pour faciliter son intégration dans l'OTAN.
Dans leur déclaration clôturant leur réunion des 2 et 3
novembre 1997, les trois ministres ont d'ailleurs solennellement
déclaré qu'ils entendaient faire porter l'effort sur les domaines
suivants :
. la mise en oeuvre complète du programme triennal pour la
coopération militaire et politico-militaire, incluant une
révision annuelle des objectifs en fonction des résultats
déjà obtenus
. la poursuite des travaux d'harmonisation dans la perspective d'une politique
de défense commune ;
. l'intensification des mesures de soutien à l'intégration de la
Pologne à l'Alliance atlantique en particulier dans le domaine des
infrastructures de l'OTAN, de la préparation du personnel, du processus
de planification des forces armées, ainsi que des procédures
opérationnelles.
A cette occasion, M. Alain Richard, ministre de la défense, a
indiqué à ses deux collègues, M. Ruehe et M. Onyzskiewicsz
qu'il lançait trois initiatives visant à promouvoir l'effort
ainsi défini :
. la participation d'un groupe d'avions de combat français à des
activités de formation et d'entraînement commun en Pologne dont la
première étape serait matérialisée par la mise en
place d'un demi-escadron de Mirage 2000, à l'été prochain
. la mise à disposition des autorités polonaises d'un concours
français en experts spécialisés dans l'audit des bases
aériennes
. la constitution à Varsovie d'une véritable mission militaire
française suffisamment étoffée, pour faire face aux
besoins et à la dynamique de la coopération en procédant
par redéploiement de nos moyens en personnels dès 1998.
Lors de la dernière réunion du triangle de Weimar, le 19 avril 98
à St Rémy de Provence, ont été
réitérées ces intentions et signé, le lendemain,
entre les deux ministres français et polonais, un accord relatif aux
procédures liées aux principes du trafic aérien
réciproque des aéronefs d'Etat dans l'espace aérien
contrôlé par les deux Pays.
Dans notre effort bilatéral de coopération, la Pologne est donc
bien identifiée parmi les pays d'Europe centrale, comme le pays
prioritaire, avec un rôle de pays relais dans sa zone géographique
naturelle d'influence.
La coopération franco-polonaise repose sur un arrangement signé
le 15 juin 1992. Il est apparu, depuis, compte tenu de l'intensité de
notre coopération que cet arrangement de 1992 méritait
d'être complété. Les deux ministres de la défense
ont ainsi convenu de procéder au cours de l'année 1998 à
la signature d'un accord intergouvernemental sur la coopération de
défense, juridiquement plus contraignant et d'une portée
politique supérieure.
Par ailleurs, un projet d'accord de sécurité de protection des
informations classifiées est en cours.
Enfin, pour l'année 1998, il convient de noter qu'une centaine
d'actions de coopération est programmée, dont la plus
spectaculaire est évidemment le déploiement, déjà
cité, de Mirage 2000 sur la base de Minsk MAZOWIECKI.
Sur le plan géostratégique, la Hongrie constitue un trait d'union
entre l'Europe orientale du Nord au Sud. Elle dispose de frontières avec
les Etats centre européens (Autriche, Slovaquie, Roumanie) avec des pays
issus de la recomposition de l'Ex-Yougoslavie (Slovénie, Croatie,
Serbie) et avec l'Ukraine issue de l'Ex-URSS. En revanche, elle ne
possède aucune frontière avec des Etats appartenant à
l'OTAN. Sa population de 10.2 millions d'habitants, et ses effectifs militaires
d'environ 44 000 hommes situent la Hongrie en bonne place parmi les pays ECOB.
Par ailleurs, la présence de minorités magyares dans les pays
proches stimule la normalisation des rapports avec les Etats abritant ces
minorités. (Roumanie, 1.7 millions, Slovaquie 600 000, ex Yougoslavie
400 000, Ukraine 200 000) ; Ne serait ce que dans ce domaine les efforts
déployés, dans la perspective de l'adhésion à
l'OTAN sont d'une valeur stratégique primordiale.
Le jeu de l'alternance et la stabilité institutionnelle
démontrent la maturité politique de la Hongrie. Il est important
de noter, que l'objectif d'intégration à l'OTAN est graduellement
rattrapé par celui de l'adhésion à l'Union. La Hongrie a
nettement opté, sans contredire ses déclarations initiales pour
« avoir l'armée de ses besoins et non l'armée que
pourrait désirer l'OTAN ». Elle affiche dans cette optique une
nette préférence pour l'intégration de ses forces
armées au commandement sud de l'Alliance (AFSOUTH) et indique,
déjà, qu'il faudrait faire évoluer ce commandement trop
marqué par sa dimension navale, afin de répondre aux
défis de l'Europe du Sud Est et du Caucase. C'est dire que la politique
de la France, vis à vis de ce commandement est comprise, même si
pour l'instant, pour des raisons évidentes, la Hongrie reste dans une
réserve prudente.
La coopération de défense de la Hongrie avec la France repose sur
l'arrangement administratif du 21 juin 1991, et comporte pour 1998, 53 actions
de coopération. La visite du Président de la République
à Budapest, en février 97, l'accueil très positif
réservé au Ministre de la défense les 22 23 février
derniers, ainsi que la première livraison, le 22 janvier des missiles
MISTRAL de MATRA, ainsi que la signature de l'accord de sécurité
franco-hongrois le 23 février, constituent autant de signes qui incitent
à développer, surtout qualitativement, notre coopération
de défense avec la Hongrie.
Elle s'articule sur des échanges bilatéraux d'unités et un
soutien visant à favoriser la mise aux normes occidentales des forces
armée hongroises.
Enfin, et compte tenu des bons résultats initiaux, la France s'efforce
de développer une coopération industrielle de premier plan, dans
une dynamique européenne.
Les Etats-Unis et l'Allemagne sont les pays qui ont mis en oeuvre les plans de
coopération les plus ambitieux avec la République tchèque.
La France se situe à la troisième place, et si le dialogue
franco-tchèque est très intense et emprunt d'une grande
franchise, en revanche, force est de constater que l'absolue priorité
à l'intégration dans l'OTAN, et partant, à la
consolidation des liens avec les Etats-Unis, freine les réalisations
concrètes franco-tchèques, en particulier dans le domaine de la
coopération en matière d'armement.
Il est intéressant de noter, pour illustrer ce propos, que la
république tchèque, en mars 97, a décidé
d'appliquer l'embargo sur les relations avec la Libye, et s'est
signalée, lors de la récente crise Nations Unies Irak, par
l'offre immédiate d'un soutien logistique, en cas d'attaque contre
l'Irak.
L'arrangement franco-tchèque, qui fonde notre coopération de
défense, a été signé le 14 novembre 1997, par nos
deux Ministres de la Défense. Sa véritable entrée en
vigueur dépend cependant de l'adoption d'un accord intergouvernemental
relatif au séjour temporaire des membres des forces armées sur le
territoire de l'autre Etat.
La coopération bilatérale est organisée par un plan annuel
fourni, et a permis, en 97 la réalisation de 85 actions. Cette
coopération est à dominante terre avec un accent particulier sur
les forces spéciales. Dans le domaine technique, nos activités
sont diversifiées avec un effort sur la formation des cadres.
Nous entretenons également un dialogue politico-militaire à
fréquence semestrielle, sous l'égide du côté
français, de la Délégation aux affaires
stratégiques.
En matière d'équipement, nous avons fourni la totalité de
l'infrastructure de télécommunications des armées, mais
n'avons pas, en revanche, encore débouché sur des
réalisations d'envergure, comme la modernisation de la flotte
d'hélicoptères, la fourniture de missiles sol-air ou de postes
radios de la 4
ème
génération.
Nous portons nos efforts, actuellement sur la définition d'un projet
majeur pluriannuel sur un sujet transversal, notamment dans le domaine de la
formation des personnels.
Ainsi la France participe de manière efficace et transparente à
l'intégration dans l'Alliance des trois pays retenus lors du sommet de
Madrid, en application des orientations arrêtées par le Chef de
l'Etat, et de la politique menée par le Gouvernement.
Cette attitude est accueillie très favorablement par les futurs
alliés qui auraient pu redouter que la non-intégration de la
France dans les structures militaires, se répercute sur le calendrier de
leur propre adhésion.
La vitalité de notre coopération bilatérale,
l'indépendance de nos options stratégiques fondamentales, en
même temps que notre adhésion sans faille à l'esprit et
à la lettre du traité de Washington, assurent à la France,
une place particulière dans l'architecture européenne de
sécurité.
Les investissements matériels et moraux, consentis au profit des trois
futurs membres, donneront leurs pleins résultats, car les
intérêts stratégiques de ces derniers feront peser la
balance dans la direction que nous souhaitons, tant dans le domaine du
nécessaire rééquilibrage des responsabilités
euro-atlantiques que dans la mise en oeuvre d'une politique dynamique et
stabilisatrice d'élargissement de la nouvelle Alliance".
Le général Jean-Philippe Roux a ensuite répondu aux
questions des commissaires
.
En réponse à MM. André Dulait et Maurice Lombard, le
général Jean-Philippe Roux a estimé qu'à
l'égard des partenaires potentiels que constituaient les trois nouveaux
membres de l'OTAN, la France était desservie par deux facteurs
négatifs : la réticence de ces pays à sélectionner
des matériels français, elle-même issue de la disposition
à privilégier les propositions commerciales des Etats-Unis ;
l'existence d'un parc américain surabondant en matériels encore
de bonne qualité, permettant des propositions de prime abord
attractives, notamment dans le domaine aéronautique. La France se devait
donc d'obtenir avant tout, à l'OTAN, comme chez les nouveaux
partenaires, le respect des procédures d'appel d'offres. La France
était en mesure de proposer des produits compétitifs dans des
créneaux précis -radars et systèmes de communication par
exemple.
Le général Jean-Philippe Roux n'a pas exclu qu'après une
phase favorable aux matériels américains, les nouveaux pays
membres de l'OTAN se tournent vers des alliés européens plus
susceptibles d'offrir un partenariat équilibré, et notamment
français.
Le général Jean-Philippe Roux a également
précisé à M. André Dulait que la non-participation
de la France à la structure intégrée ne fragiliserait pas
notre position au sein de l'Alliance.
Le général Jean-Philippe Roux a également souligné
qu'il était essentiel, que, dans la démarche engagée, la
Russie ne se sente pas isolée, même si son potentiel militaire
nucléaire et conventionnel demeurait impressionnant. En outre, il
convenait de garder en mémoire l'immense sentiment de frustration
ressenti, en 1989, par les militaires russes, contraints dans des conditions
matérielles difficiles de quitter les pays de l'ex-pacte de Varsovie, et
qui pouvait se traduire ici et là par le développement d'un
sentiment de revanche.
En réponse à M. Xavier de Villepin, président, sur le
risque d'étendre la garantie de l'article 5 du traité de
Washington, le général Jean-Philippe Roux a rappelé que
cet article prévoyait uniquement "qu'une attaque contre un pays membre
sera considérée comme une attaque contre toutes les parties" mais
que chaque Etat restait maître des actions qu'il jugerait
nécessaires, "y compris l'emploi de la force armée".
MME NICOLE GNESOTTO,
PROFESSEUR À L'INSTITUT
D'ÉTUDES POLITIQUES DE PARIS,
CHARGÉE DE MISSION AUPRÈS
DU DIRECTEUR DE L'INSTITUT FRANÇAIS DES RELATIONS
INTERNATIONALES
Evoquant
tout d'abord les raisons qui ont conduit à l'élargissement de
l'OTAN, Mme Nicole Gnesotto a souligné le paradoxe que constitue le fait
que l'élargissement de cette institution militaire aux trois pays
concernés ait été motivé par des raisons beaucoup
plus politiques que militaires. En effet, les problèmes de
sécurité qui se posent actuellement en Europe ne concernent pas
la zone géographique à laquelle appartiennent ces pays.
Mme Nicole Gnesotto a alors mentionné les motivations politiques des
Etats-Unis. Elle a successivement mentionné le souci américain de
réussir la réconciliation avec les vaincus de la guerre froide en
vertu de ce qu'elle a appelé un "anti-Traité de Versailles", afin
de promouvoir un ordre de sécurité plus stable et plus durable en
Europe, et la volonté des Etats-Unis de consolider l'OTAN après
la disparition de la menace soviétique. Mme Nicole Gnesotto a ainsi
souligné le "double élargissement" de l'OTAN souhaité par
les Etats-Unis, à la fois sur les plans géographique et
fonctionnel, l'extension de l'OTAN à l'Est allant de pair avec une
modification des missions de l'OTAN en dehors des cas prévus par
l'article 5.
Puis Mme Nicole Gnesotto a commenté les autres justifications de
l'élargissement :
- contribuer à la stabilisation des processus de démocratisation
en Europe centrale et orientale, l'élargissement devant, dans cette
perspective, consacrer l'enracinement démocratique des pays de l'ancien
bloc soviétique ;
- répondre favorablement à des demandes d'alliance impossibles
à refuser à des pays qui semblent tenir toutes leurs promesses
en matière de libéralisme économique et de
démocratisation ;
- éviter que l'Allemagne ne se situe à la frontière
orientale de l'Alliance et de l'Union européenne, cette motivation
étant plus spécifique à l'Allemagne qu'aux autres membres
de l'OTAN.
Une dernière motivation américaine, dont Mme Nicole Gnesotto a
relevé le caractère secondaire, résidait enfin dans le
désir des Etats-Unis d'obtenir de nouveaux marchés en
matière de ventes de matériels d'armement, dans le cadre de la
rivalité euro-américaine dans ce domaine.
Mme Nicole Gnesotto a ensuite abordé les questions soulevées par
l'élargissement, compte tenu des inquiétudes exprimées par
le Congrès américain et par certains pays européens.
En ce qui concerne la situation de la Russie, Mme Nicole Gnesotto a
montré les concessions effectuées par l'administration
américaine dans le cadre de l'"Acte fondateur" signé en mai 1997,
qui a reconnu, de fait, à la Russie un droit de veto sur certaines
activités de l'OTAN, tout en évitant une extension à l'Est
de l'appareil militaire de l'OTAN et des Etats-Unis. Selon Mme Nicole
Gnesotto, les modalités de l'élargissement de l'OTAN ne
sauraient, de ce fait, être jugées humiliantes pour la Russie.
Quant aux difficultés soulevées par les pays exclus de
l'élargissement, dont certains auraient pu craindre qu'ils soient
rejetés dans la sphère de sécurité russe, Mme
Nicole Gnesotto a estimé que les nombreux accords de coopération
conclus par l'OTAN avec des pays de l'ancien bloc soviétique
contribuaient à atténuer la différence entre les nouveaux
membres et les autres pays candidats, et que l'élargissement ne
créait pas une nouvelle ligne de fracture sur le continent
européen.
Mme Nicole Gnesotto a alors commenté l'incidence financière,
selon elle relativement modique, de l'élargissement -que les Etats-Unis
voulaient imputer aux seuls pays européens de l'Alliance- les
dernières estimations portant sur un coût relativement modeste de
1,5 milliard de dollars sur dix ans, alors que les premières
estimations portaient sur une dépense supplémentaire de 120
milliards de dollars sur la même période.
Mme Nicole Gnesotto a donc, sur ce point, conclu que les principales
inquiétudes suscitées par l'élargissement de l'OTAN
avaient été apaisées. Elle a ensuite jugé positives
les conséquences de ce premier élargissement sur la
stabilité Est-Ouest, relevant, par ailleurs, des conséquences
selon elle ambiguës pour le fonctionnement de l'OTAN, en raison de
consensus par définition plus difficiles à atteindre avec 19
membres. Mme Nicole Gnesotto a, de surcroît, évoqué
certaines inquiétudes récemment exprimées aux Etats-Unis
à l'égard du maintien du leadership américain au sein de
l'Alliance. Elle a également exposé les difficultés
susceptibles de résulter, à court terme, pour l'instauration
d'une défense européenne, de ce premier élargissement,
même si, à plus long terme, ce processus pourrait augmenter le
poids des pays européens au sein de l'OTAN.
Mme Nicole Gnesotto a ensuite mentionné les suites possibles du
processus d'élargissement à la Roumanie, à la
Slovénie et à l'Autriche. Elle a estimé que cette
deuxième phase de l'élargissement ne pourrait intervenir
qu'après une pause, s'interrogeant sur l'attitude des Etats-Unis
à l'égard de la candidature roumaine, et jugeant
prématurée l'intégration de l'Autriche. Elle a
également souligné l'obstacle important que constitue
l'opposition de la Russie à un nouvel élargissement, ainsi que
les craintes américaines concernant des opérations de maintien de
la paix auxquelles les Etats-Unis ne seraient pas favorables.
A la suite de cet exposé, M. André Dulait a posé la
question de l'aptitude de l'OTAN et de l'Union européenne à
répondre aux demandes sécuritaires des Etats baltes. Il s'est
également interrogé sur l'avenir de l'Union de l'Europe
occidentale (UEO) au sein d'une Alliance atlantique élargie,
rénovée et susceptible de s'approprier tous les aspects de la
sécurité européenne. M. André Dulait a, par
ailleurs, souhaité savoir si, selon Mme Nicole Gnesotto,
l'élargissement de l'OTAN serait de nature à répondre aux
inquiétudes suscitées par les risques d'instabilité en
Méditerranée et au Proche-Orient.
M. Maurice Lombard a insisté sur le très vif sentiment
d'humiliation suscité, selon lui, en Russie, par l'extension
géographique de l'OTAN, celle-ci ne pouvant paraître aux yeux du
peuple russe que comme "le geste du vainqueur", et non comme un
"anti-traité de Versailles". M. Maurice Lombard a alors, avec M. Xavier
de Villepin, président, estimé qu'une éventuelle extension
de l'OTAN aux Etats baltes constituerait pour la Russie une manifestation
encore plus évidente de sa défaite, et induirait des
conséquences très préoccupantes en matière de
sécurité européenne.
M. Xavier de Villepin, président, a ensuite posé la question du
risque d'une éventuelle marginalisation de la France au sein d'une
Alliance atlantique élargie.
En réponse aux intervenants, Mme Nicole Gnesotto, partageant le point de
vue exprimé par MM. Maurice Lombard et Xavier de Villepin,
président, sur les risques que poserait un éventuel
élargissement de l'OTAN à d'anciens territoires
soviétiques, a rappelé que les accords conclus par les Etats-Unis
avec l'Ukraine et les trois Etats baltes étaient destinés
à rassurer la Russie et à exclure toute demande d'adhésion
de ces pays à l'OTAN. A cet égard, Mme Nicole Gnesotto a
relevé que la charte de partenariat entre les Etats-Unis et les Etats
baltes devait conduire l'Estonie à ne plus postuler à l'OTAN,
alors même que l'intégration à venir de ce pays dans
l'Union européenne justifierait une demande d'adhésion à
l'UEO, considérée pourtant comme l'antichambre de l'OTAN.
Abordant ensuite, en réponse à une question de M. André
Dulait, l'avenir de l'UEO après l'élargissement de l'OTAN, Mme
Nicole Gnesotto s'est prononcée en faveur d'une admission
simultanée de la Pologne, de la République tchèque et de
la Hongrie à l'OTAN et à l'UEO, sans que cette formule trahisse,
selon elle, la logique maastrichtienne qui reviendrait à maintenir la
priorité de l'appartenance à l'Union européenne sur une
adhésion à l'UEO. Or l'extension de l'Union européenne aux
pays baltes sans adhésion simultanée à l'UEO reviendrait,
selon Mme Nicole Gnesotto, à affaiblir celle-ci. En effet, si, dans la
logique de l'émergence d'une défense européenne, l'UEO
doit devenir un outil de gestion des crises, il est logique, a estimé
Mme Nicole Gnesotto, que les nouveaux membres de l'OTAN appartiennent
également à l'UEO.
En ce qui concerne l'extension éventuelle, évoquée par M.
André Dulait, des possibilités d'intervention de l'OTAN à
la Méditerranée et au Proche-Orient, Mme Nicole Gnesotto a
mentionné les réflexions en cours en vue de l'élaboration
du nouveau concept stratégique. Elle a rappelé le souhait des
Américains de parvenir à une globalisation des compétences
de l'OTAN, leur permettant de recourir aux infrastructures militaires de l'OTAN
en vue de la gestion de crises non européennes. Elle a également
souligné la volonté américaine -contraire à la
position française- de faire intervenir l'OTAN sans mandat
préalable des Nations unies.
En réponse aux réserves exprimées par M. Maurice Lombard
sur la perception russe de l'élargissement de l'OTAN, Mme Nicole
Gnesotto a insisté sur les concessions obtenues par la Russie
parallèlement à une extension qui s'abstenait, a-t-elle
souligné, de prendre des formes militaires. Elle a estimé que
l'humiliation ressentie par le peuple russe tenait aux échecs militaires
subis en Afghanistan et en Tchétchénie, ainsi qu'à
l'appauvrissement économique de la Russie, plutôt qu'à
l'élargissement de l'OTAN.
Commentant, à la demande de M. Xavier de Villepin, président, la
place de la France au sein de l'OTAN, Mme Nicole Gnesotto a relevé le
risque de marginalisation lié à l'échec qu'a
constitué, à ses yeux, pour la diplomatie française,
l'absence d'accord sur le commandement sud. Elle a néanmoins
relevé le caractère désormais marginal de la question de
l'appartenance aux structures militaires intégrées, se
référant sur ce point à l'importance du rôle de la
France au sein des forces de l'OTAN en Bosnie. Elle a, par ailleurs,
estimé que, si la question de l'autonomie de la défense
française par rapport aux structures intégrées de l'OTAN
demeurait une question essentielle sur le plan politique, ce débat ne
paraissait plus pertinent dans la pratique militaire.
EXAMEN EN COMMISSION
La
commission des Affaires étrangères, de la Défense et des
Forces armées a examiné le présent projet au cours de sa
réunion du mercredi 13 mai 1998.
A l'issue de l'exposé du rapporteur, un débat s'est
instauré entre les commissaires.
M. Christian de La Malène a fait état de la grande
perplexité qu'il éprouvait devant le projet
d'élargissement de l'OTAN. Il avait le sentiment que des
décisions très importantes étaient prises en dehors du
Parlement : l'OTAN se transformait, les rapports avec la Russie étaient
modifiés, de même la portée de l'article 5... En bref,
a-t-il estimé, c'est la réalité du Pacte atlantique qui se
trouvait ainsi fondamentalement changée sans que le Parlement en ait
été suffisamment informé. C'est la raison pour laquelle il
ne pouvait, pour sa part, approuver les projets de loi proposés.
M. André Dulait, rapporteur, a convenu que l'OTAN s'était
transformée, mais dans le but de s'adapter au nouveau contexte
stratégique prévalant aujourd'hui en Europe. Dès lors,
a-t-il estimé, l'adhésion des trois nouveaux Etats à
l'Organisation n'affectait pas les intérêts essentiels de l'Europe
ou de la France.
M. Pierre Biarnès a estimé que cet élargissement
était contraire à nos intérêts nationaux. Il allait,
selon lui, à l'opposé de notre volonté de voir
naître une Europe politique et militaire. Rappelant son hostilité
constante à l'OTAN, M. Pierre Biarnès a estimé que la
position des Etats-Unis révélait à la fois un désir
d'hégémonie sur l'Europe occidentale et la nostalgie du
"partenariat" avec Moscou.
M. Nicolas About s'est demandé si l'élargissement proposé
contribuerait réellement à la défense de l'Europe, la
Pologne, la Hongrie et la République tchèque étant trois
pays stables de l'Europe centrale. Il a craint par ailleurs que,
derrière les règles de l'interopérabilité des
équipements militaires, n'apparaisse par trop le souci des industries
d'armement américaines de conquérir de nouveaux marchés.
Il a enfin estimé que cet élargissement traduisait
l'incapacité de l'Europe à prendre ses responsabilités en
matière de défense et de sécurité. A son avis, les
dépenses consacrées à l'élargissement auraient pu
trouver meilleur emploi pour lutter contre les risques du nucléaire
civil, contre la prolifération ou encore contre les mafias. M. Nicolas
About a conclu en souhaitant que nous ne nous fassions pas les complices de la
lutte d'influence conduite par les Etats-Unis en Europe.
M. Jean-Luc Bécart, après avoir salué la qualité de
la présentation des projets de loi par le rapporteur, a
déclaré que l'élargissement de l'OTAN vers la Russie
était, selon lui, une erreur qui ne servait pas les
intérêts militaires ou politiques de l'Europe.
L'élargissement des compétences de l'OTAN lui paraissait par
ailleurs dangereux. Il convenait, a estimé M. Jean-Luc Bécart, de
ne pas sous-estimer les "crispations" russes et leurs conséquences
éventuelles sur la période de l' "après-Eltsine".
M. Xavier de Villepin, président, a relevé les
déclarations du rapporteur concernant l'article 5 du traité de
Washington et il s'est interrogé sur la portée et la
signification de cet article dans le cadre d'une OTAN qui évolue
considérablement. Il s'est également inquiété de
l'avenir de l'UEO dans ce nouveau contexte. Il a enfin souligné les
risques liés à l'instabilité de certaines régions
européennes, à l'exemple du Kosovo aujourd'hui.
M. André Dulait, rapporteur, a fait observer que l'article 5 demeurait
un élément central de l'Alliance atlantique, mais que
l'évolution stratégique rendait son éventuelle mise en
oeuvre, au sens d'une riposte militaire globale, plus improbable que du temps
de la guerre froide. Il a reconnu que pour les pays candidats à
l'élargissement de l'OTAN, celle-ci représentait -de par
l'implication des Etats-Unis- une garantie de sécurité que ne
leur offrait pas encore le cadre européen.
M. Xavier de Villepin, président, a alors estimé que
l'intérêt de la France était de ratifier cet
élargissement, compte tenu notamment de l'attente très forte des
trois pays concernés, traditionnellement amis de la France. Il a
souligné que les réserves légitimes exprimées par
certains commissaires ne devaient en aucune manière conduire à
rejeter un processus d'élargissement qui répondait à
l'évolution du continent européen dans le contexte de
l'après-guerre froide.
Après que M. Pierre Biarnès eut invité le rapporteur
à informer notre Assemblée des vives réserves
exprimées au cours du débat en commission, M. André
Boyer a indiqué qu'il voterait les trois projets de loi proposés.
Il s'est cependant inquiété des rapports futurs entre l'OTAN et
l'ONU ainsi que de la pertinence des efforts déployés pour doter
l'UEO de forces militaires propres.
La commission a alors, suivant l'avis de son rapporteur, approuvé les
trois projets de loi qui lui étaient soumis.
PROJET DE LOI
(Texte
proposé par le Gouvernement)
Article unique
Est autorisée la ratificatin du protocole au Traité de l'Atlantique Nord sur l'accession de la République de Hongrie, signé à Bruxelles le 16 décembre 1997, et dont le texte est annexé à la présente loi 15( * ) .
PROJET DE LOI
(Texte
proposé par le Gouvernement)
Article unique
Est autorisée la ratification du protocole au Traité de l'Atlantique Nord sur l'accession de la République de Pologne, signé à Bruxelles le 16 décembre 1997, et dont le texte est annexé à la présente loi 16( * ) .
PROJET DE LOI
(Texte
proposé par le Gouvernement)
Article unique
Est autorisée la ratification du protocole au Traité de l'Atlantique Nord sur l'accession de la République tchèque, signé à Bruxelles le 16 décembre 1997, et dont le texte est annexé à la présente loi 17( * ) .
ANNEXE N° 1-
ETUDE D'IMPACT 18(
*
)
sur les projets de lois autorisant la ratification du Protocole au Traité de l'Atlantique Nord sur l'accession de la République de Hongrie, de la République de Pologne et de la République tchèque.
- Etat
de droit et situation de fait existants et leurs insuffisances : néant.
- bénéfices escomptés : indication concrète et de
préférence chiffrée en matière :
* d'emploi : néant.
* d'intérêt général (développement culturel,
protection de l'environnement ...) : néant.
* financière :
Les autorités financières de l'Alliance atlantique ont
évalué les coûts collectifs pour l'OTAN liés
à cet élargissement, à l'exclusion d'autres
catégories des dépenses, comme la modernisation des forces
armées, qui ne relèvent pas directement de l'élargissement
de l'OTAN et qui sont à la charge des futurs membres. Ces mêmes
travaux ont toutefois également établi que les membres actuels de
l'Alliance disposaient déjà des capacités militaires pour
faire face aux nouvelles obligations liées à
l'élargissement et qu'en conséquence des efforts nationaux
supplémentaires n'étaient pas nécessaires.
Les coûts communs, estimés à 1,5 milliard de dollars sur 10
ans, concernent avant tout le financement d'investissements dans le domaine des
infrastructures militaires (défense aérienne, connexion des
nouveaux membres aux réseaux de communication et de contrôle de
l'OTAN ...). Les autres budgets communs -fonctionnement des administrations
civile et militaire- ne sont affectés que de façon marginale par
l'élargissement.
Les alliés devraient pouvoir assumer ces coûts raisonnables dans
le cadre des budgets existants, sans augmenter leurs contributions nationales.
Un travail visant à exploiter les possibilités d'économies
et de redéploiements de ressources a été engagé
à cet effet par les autorités compétentes de l'OTAN.
* de simplification des formalités administratives : néant.
* de complexité de l'ordonnancement juridique : néant.
ANNEXE N° 2 -
TRAITÉ DE L'ATLANTIQUE
NORD
(4 AVRIL 1949)
Les
Etats parties au présent Traité, réaffirmant leur foi dans
les buts et les principes de la Charte des Nations Unies et leur désir
de vivre en paix avec tous les peuples et tous les gouvernements,
Déterminés à sauvegarder la liberté de leurs
peuples, leur héritage commun et leur civilisation, fondés sur
les principes de la démocratie, les libertés individuelles et le
règne du droit,
Soucieux de favoriser dans la région de l'Atlantique Nord le
bien-être et la stabilité,
Résolus à unir leurs efforts pour leur défense collective
et pour la préservation de la paix et de la sécurité,
Se sont mis d'accord sur le présent Traité de l'Atlantique Nord :
Article 1
Les parties s'engagent, ainsi qu'il est stipulé dans la Charte des Nations Unies, à régler par des moyens pacifiques tous différends internationaux dans lesquels elles pourraient être impliquées, de telle manière que la paix et la sécurité internationales, ainsi que la justice, ne soient pas mises en danger, et à s'abstenir dans leurs relations internationales de recourir à la menace ou à l'emploi de la force de toute manière incompatible avec les buts des Nations Unies.
Article 2
Les parties contribueront au développement de relations internationales pacifiques et amicales en renforçant leurs libres institutions, en assurant une meilleure compréhension des principes sur lesquels ces institutions sont fondées et en développant les conditions propres à assurer la stabilité et le bien-être. Elles s'efforceront d'éliminer toute opposition dans leurs politiques économiques internationales et encourageront la collaboration économique entre chacune d'entre elles ou entre toutes.
Article 3
Afin d'assurer de façon plus efficace la réalisation des buts du présent Traité, les parties, agissant individuellement et conjointement, d'une manière continue et effective, par le développement de leurs propres moyens en se prêtant mutuellement assistance, maintiendront et accroîtront leur capacité individuelle et collective de résistance à une attaque armée.
Article 4
Les parties se consulteront chaque fois que, de l'avis de l'une d'elles, l'intégrité territoriale, l'indépendance politique ou la sécurité de l'une des parties sera menacée.
Article 5
Les
parties conviennent qu'une attaque armée contre l'une ou plusieurs
d'entre elles survenant en Europe ou en Amérique du Nord sera
considérée comme une attaque dirigée contre toutes les
parties, et en conséquence elles conviennent que, si une telle attaque
se produit, chacune d'elles, dans l'exercice du droit de légitime
défense, individuelle ou collective, reconnu par l'article 51 de la
Charte des Nations Unies, assistera la partie ou les parties ainsi
attaquées en prenant aussitôt, individuellement et d'accord avec
les autres parties, telle action qu'elle jugera nécessaire, y compris
l'emploi de la force armée, pour rétablir et assurer la
sécurité dans la région de l'Atlantique Nord.
Toute attaque armée de cette nature et toute mesure prise en
conséquence seront immédiatement portées à la
connaissance du Conseil de Sécurité. Ces mesures prendront fin
quand le Conseil de Sécurité aura pris les mesures
nécessaires pour rétablir et maintenir la paix et la
sécurité internationales.
Article 6 19( * )
Pour
l'application de l'article 5, est considérée comme une attaque
armée contre une ou plusieurs des parties, une attaque armée :
- contre le territoire de l'une d'elles en Europe ou en Amérique du
Nord, contre les départements français d'Algérie
20(
*
)
, contre le territoire de la Turquie ou contre les
îles placées sous la juridiction de l'une des parties dans la
région de l'Atlantique Nord au nord du Tropique du Cancer ;
- contre les forces, navires ou aéronefs de l'une des parties se
trouvant sur ces territoires ainsi qu'en toute autre région de l'Europe
dans laquelle les forces d'occupation de l'une des parties étaient
stationnées à la date à laquelle le Traité est
entré en vigueur, ou se trouvant sur la mer Méditerranée
ou dans la région de l'Atlantique Nord au nord du Tropique du Cancer, ou
au-dessus de ceux-ci.
Article 7
Le présent Traité n'affecte pas et ne sera pas interprété comme affectant en aucune façon les droits et obligations découlant de la Charte pour les parties qui sont membres des Nations Unies ou la responsabilité primordiale du Conseil de Sécurité dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales.
Article 8
Chacune des parties déclare qu'aucun des engagements internationaux actuellement en vigueur entre Etats n'est en contradiction avec les dispositions du présent Traité et assume l'obligation de ne souscrire aucun engagement international en contradiction avec le Traité.
Article 9
Les parties établissent par la présente disposition un Conseil, auquel chacune d'elle sera représentée pour examiner les questions relatives à l'application du Traité. Le Conseil sera organisé de façon à pouvoir se réunir rapidement et à tout moment. Il constituera les organismes subsidiaires qui pourraient être nécessaires ; en particulier, il établira immédiatement un comité de défense qui recommandera les mesures à prendre pour l'application des articles 3 et 5.
Article 10
Les parties peuvent, par accord unanime, inviter à accéder au Traité tout autre Etat européen susceptible de favoriser le développement des principes du présent Traité et de contribuer à la sécurité de la région de l'Atlantique Nord. Tout Etat ainsi invité peut devenir partie au Traité en déposant son instrument d'accession auprès du gouvernement des Etats-Unis d'Amérique. Celui-ci informera chacune des parties du dépôt de chaque instrument d'accession.
Article 11
Ce Traité sera ratifié et ses dispositions seront appliquées par les parties conformément à leurs règles constitutionnelles respectives. Les instruments de ratification seront déposés aussitôt que possible auprès du gouvernement des Etats-Unis d'Amérique, qui informera tous les autres signataires du dépôt de chaque instrument de ratification. Le Traité entrera en vigueur entre les Etats qui l'ont ratifié dès que les ratifications de la majorité des signataires, y compris celles de la Belgique, du Canada, des Etats-Unis, de la France, du Luxembourg, des Pays-Bas et du Royaume-Uni, auront été déposées et entrera en application à l'égard des autres signataires le jour du dépôt de leur ratification 21( * ) .
Article 12
Après que le Traité aura été en vigueur pendant dix ans ou à toute date ultérieure, les parties se consulteront à la demande de l'une d'elles, en vue de réviser le Traité, en prenant en considération les facteurs affectant à ce moment la paix et la sécurité dans la région de l'Atlantique Nord, y compris le développement des arrangements tant universels que régionaux conclus conformément à la Charte des Nations Unies pour le maintien de la paix et de la sécurité internationales.
Article 13
Après que le Traité aura été en vigueur pendant vingt ans, toute partie pourra mettre fin au Traité en ce qui la concerne un an après avoir avisé de sa dénonciation le gouvernement des Etats-Unis d'Amérique, qui informera les gouvernements des autres parties du dépôt de chaque instrument de dénonciation.
Article 14
Ce Traité, dont les textes français et anglais font également foi, sera déposé dans les archives du gouvernement des Etats-Unis d'Amérique. Des copies certifiées conformes seront transmises par celui-ci aux gouvernements des autres Etats signataires.
ANNEXE N° 3 -
ACTE FONDATEUR SUR LES RELATIONS,
LA COOPÉRATION ET LA SÉCURITÉ MUTUELLES ENTRE LA
FÉDÉRATION DE RUSSIE ET L'ORGANISATION DU TRAITÉ DE
L'ATLANTIQUE-NORD
La
Fédération de Russie, d'une part, et l'Organisation du
Traité de l'Atlantique Nord et ses Etats membres, d'autre part,
ci-après dénommés la Russie et l'OTAN, se fondant sur un
engagement politique durable souscrit au plus haut niveau politique,
construiront ensemble une paix durable et ouverte à tous dans la
région euro-atlantique, reposant sur les principes de la
démocratie et la sécurité coopérative.
La Russie et l'OTAN ne se considèrent pas comme des adversaires. Elles
ont pour objectif commun d'éliminer les vestiges de l'époque de
la confrontation et de la rivalité, et d'accroître la confiance
mutuelle et la coopération. Le présent Acte réaffirme la
détermination de la Russie et de l'OTAN de donner corps à leur
engagement commun de construire une Europe stable, pacifique et sans division.
Une Europe entière et libre, au profit de tous ses peuples. Prendre cet
engagement au plus haut niveau politique marque le début d'une relation
fondamentalement nouvelle entre la Russie et l'OTAN. Celles-ci ont l'intention
de développer, sur la base de l'intérêt commun, de la
réciprocité et de la transparence, un partenariat fort, stable et
durable.
Le présent Acte définit les objectifs et le mécanisme de
consultation, de coopération, de décision conjointe et d'action
conjointe qui seront au coeur des relations mutuelles entre la Russie et l'OTAN.
L'OTAN a entrepris une transformation historique, qui est appelée
à se poursuivre. En 1991, l'Alliance a revu sa doctrine
stratégique pour tenir compte du nouvel environnement de
sécurité en Europe. En conséquence, l'OTAN a réduit
de manière radicale ses forces conventionnelles et nucléaires et
en poursuit l'adaptation. Tout en préservant la capacité de
remplir les engagements pris dans le Traité de Washington, l'OTAN a
renforcé et continuera de renforcer ses fonctions politiques et s'est
chargée de nouvelles missions de maintien de la paix et de gestion des
crises à l'appui des Nations unies et de l'Organisation pour la
sécurité et la coopération en Europe (OSCE), comme en
Bosnie-Herzégovine, pour relever de nouveaux défis dans le
domaine de la sécurité en étroite association avec
d'autres pays et d'autres organisations internationales. L'OTAN est
engagée dans l'élaboration de l'Identité européenne
de sécurité et de défense (IESD) au sein de l'Alliance.
Elle continuera de développer un mode de coopération large et
dynamique avec les Etats participants de l'OSCE, en particulier au travers du
Partenariat pour la paix, et travaille avec les pays partenaires sur
l'initiative visant à créer un Conseil de partenariat
euro-atlantique. Les Etats membres de l'OTAN ont décidé
d'examiner le concept stratégique de l'OTAN afin de veiller à ce
qu'il soit pleinement compatible avec la nouvelle situation et les nouveaux
défis qui existent en Europe sur le plan de la sécurité.
La Russie poursuit l'édification d'une société
démocratique et la réalisation de sa transformation politique et
économique. Elle élabore le concept de sa sécurité
nationale et révise sa doctrine militaire afin qu'ils soient
parfaitement adaptés aux nouvelles réalités dans le
domaine de la sécurité. La Russie a procédé
à de profondes réductions de ses forces armées, a
opéré, à une échelle sans précédent,
un retrait de ses forces des pays d'Europe centrale et orientale et de la
région de la Baltique, et a retiré toutes ses armes
nucléaires vers son propre territoire national. La Russie est
déterminée à réduire encore plus ses forces
conventionnelles et nucléaires. Elle participe activement à des
opérations de maintien de la paix à l'appui des Nations unies et
de l'OSCE, ainsi qu'à la gestion des crises dans différentes
régions du monde. La Russie contribue aux forces multinationales en
Bosnie-Herzégovine.
I - PRINCIPES
Partant du principe que la sécurité de tous les Etats de la
communauté euro-atlantique est indivisible, la Russie et l'OTAN
travailleront ensemble pour contribuer à l'instauration en Europe d'une
sécurité commune et globale, fondée sur l'adhésion
à des valeurs, engagements et normes de comportement communs dans
l'intérêt de tous les Etats.
La Russie et l'OTAN aideront à renforcer l'Organisation pour la
sécurité et la coopération en Europe, notamment à
développer encore son rôle d'instrument fondamental de diplomatie
préventive, de prévention des conflits, de gestion des crises, de
relèvement après un conflit et de coopération en
matière de sécurité régionale, ainsi qu'à
développer ses capacités opérationnelles pour
l'accomplissement de ces tâches. L'OSCE, seule organisation de
sécurité paneuropéenne, a un rôle clé dans la
paix et la stabilité en Europe. En renforçant l'OSCE, la Russie
et l'OTAN coopéreront à prévenir toute possibilité
de retour à une Europe de division et de confrontation, ou l'isolement
d'un Etat quel qu'il soit.
Tenant compte des travaux de l'OSCE sur un modèle de
sécurité commun et global pour l'Europe du XXIe siècle,
ainsi que des décisions du Sommet de Lisbonne concernant une Charte sur
la sécurité européenne, la Russie et l'OTAN rechercheront
la coopération la plus large possible entre les Etats participants de
l'OSCE, afin de créer en Europe un espace de sécurité et
de stabilité commun, sans lignes de division ni sphères
d'influence limitant la souveraineté d'un Etat quel qu'il soit.
La Russie et l'OTAN posent en prémisses que l'objectif commun du
renforcement de la sécurité et de la stabilité dans la
région euro-atlantique au profit de tous les pays impose de faire face
à des risques et à des défis nouveaux, tels que le
nationalisme agressif, la prolifération des armes nucléaires,
biologiques et chimiques, le terrorisme, la persistance de violations des
droits de l'homme et des droits des personnes appartenant à des
minorités nationales ainsi que les différends territoriaux non
résolus, qui sont autant de menaces pour la paix, la
prospérité et la stabilité communes.
Le présent Acte n'affecte pas, et ne peut être
considéré comme affectant, la responsabilité primordiale
du Conseil de sécurité des Nations unies pour le maintien de la
paix et de la sécurité internationales, ou le rôle de
l'OSCE en tant qu'organisation générale et globale de
consultation, de prise de décisions et de coopération dans sa
zone et en tant qu'accord régional aux termes du Chapitre VIII de la
Charte des Nations unies.
En appliquant les dispositions du présent Acte, la Russie et l'OTAN
observeront de bonne foi les obligations qui sont les leurs en vertu du droit
international et d'instruments internationaux, y compris les obligations
découlant de la Charte des Nations unies et des dispositions de la
Déclaration universelle des droits de l'homme, ainsi que les engagements
qu'elles ont pris aux termes de l'Acte final d'Helsinki et des documents
ultérieurs de l'OSCE, y compris la Charte de Paris et les documents
adoptés au Sommet de l'OSCE à Lisbonne.
Pour réaliser les objectifs du présent Acte, la Russie et l'OTAN
fonderont leurs relations sur un engagement commun en faveur des principes
ci-après :
.
développement, sur la base de la transparence, d'un partenariat
fort, stable, durable et égal ainsi que de la coopération pour
renforcer la sécurité et la stabilité dans la
région euro-atlantique ;
.
reconnaissance du rôle essentiel que jouent la
démocratie, le pluralisme politique, la primauté du droit, le
respect des droits de l'homme et des libertés civiles et le
développement d'économies de marché dans le
développement de la prospérité commune et de la
sécurité globale ;
.
abstention du recours à la menace ou à l'emploi de la
force l'une contre l'autre ainsi que contre tout autre Etat, sa
souveraineté, son intégrité territoriale ou son
indépendance politique, de toute manière qui soit incompatible
avec la Charte des Nations unies et avec la Déclaration sur les
principes régissant les relations mutuelles des Etats participants
consignée dans l'Acte final d'Helsinki ;
.
respect de la souveraineté, de l'indépendance et de
l'intégrité territoriale de tous les Etats et de leur droit
inhérent de choisir les moyens d'assurer leur sécurité, de
l'inviolabilité des frontières et du droit des peuples à
l'autodétermination tels qu'ils sont consacrés dans l'Acte final
d'Helsinki et dans d'autres documents de l'OSCE ;
.
transparence mutuelle dans la formulation et la mise en oeuvre de la
politique de défense et des doctrines militaires ;
.
prévention des conflits et règlement des
différends par des moyens pacifiques conformément aux principes
des Nations unies et de l'OSCE ;
.
soutien au cas par cas d'opérations de maintien de la paix
menées sous l'autorité du Conseil de sécurité des
Nations unies ou la responsabilité de l'OSCE.
II - MÉCANISME DE CONSULTATION ET DE COOPÉRATION, LE CONSEIL
CONJOINT PERMANENT RUSSIE-OTAN
Afin de mener les activités et de poursuivre les buts prévus par
le présent Acte, ainsi que d'élaborer des approches communes de
la sécurité européenne et des problèmes politiques,
la Russie et l'OTAN créeront le Conseil conjoint permanent Russie-OTAN.
L'objectif central de ce Conseil conjoint permanent sera d'instaurer des
niveaux croissants de confiance ainsi qu'une unité de dessein et des
habitudes de consultation et de coopération entre la Russie et l'OTAN,
afin de renforcer la sécurité de l'une et de l'autre et celle de
tous les pays de la région euro-atlantique, sans réduire la
sécurité de qui que ce soit. Si des désaccords surgissent,
la Russie et l'OTAN s'efforceront de les régler dans un esprit de bonne
volonté et de respect mutuel, dans le cadre de consultations politiques.
Le Conseil conjoint permanent offrira un mécanisme de consultation, et,
dans toute la mesure du possible, là où il y aura lieu, de
décision conjointe et d'action conjointe sur les questions de
sécurité d'intérêt commun. Les consultations ne
s'étendront pas aux affaires internes de la Russie, de l'OTAN ou des
Etats membres de l'OTAN.
La Russie et l'OTAN ont pour objectif commun d'identifier et d'exploiter le
maximum de possibilités d'action conjointe. Elles comptent qu'à
mesure que leurs relations se développeront, d'autres
possibilités d'action conjointe se présenteront.
Le Conseil conjoint permanent sera le principal lieu de consultation entre la
Russie et l'OTAN en cas de crise ou dans toute autre situation mettant en cause
la paix et la stabilité. Des réunions extraordinaires du Conseil
se tiendront en plus des réunions ordinaires, pour permettre de
procéder rapidement à ces consultations en cas d'urgence. Dans ce
contexte, la Russie et l'OTAN se consulteront rapidement au sein du Conseil
conjoint permanent au cas où l'un des membres du Conseil constaterait
l'existence d'une menace pour son intégrité territoriale, son
indépendance politique ou sa sécurité.
Les activités du Conseil conjoint permanent se fonderont sur les
principes de la réciprocité et de la transparence. Dans le cadre
du processus de consultation et de coopération, la Russie et l'OTAN
s'informeront mutuellement des problèmes de sécurité
qu'elles rencontreraient et des mesures que chacune compterait prendre pour y
remédier.
Les dispositions du présent Acte ne donnent ni à la Russie ni
à l'OTAN, de quelque façon que ce soit, un droit de veto sur les
actions de l'autre partie ; de même, elles n'empiètent pas sur le
droit de la Russie ou de l'OTAN de prendre des décisions et de mener des
actions de manière indépendante, et ne restreignent pas ce droit.
Elles ne peuvent servir de moyen de porter préjudice aux
intérêts d'autres Etats.
Le Conseil conjoint permanent se réunira à différents
niveaux et sous différentes formes, selon la question à traiter
et les souhaits de la Russie et de l'OTAN. Il se réunira deux fois par
an au niveau des Ministres des affaires étrangères et au niveau
des Ministres de la défense, et une fois par mois au niveau des
ambassadeurs/représentants permanents auprès du Conseil de
l'Atlantique Nord.
Le Conseil conjoint permanent pourra également se réunir, en tant
que de besoins, au niveau des chefs d'Etat et de gouvernement.
Le Conseil conjoint permanent pourra établir des comités ou des
groupes de travail pour des sujets ou des domaines de coopération
particuliers, sur une base ad hoc ou à titre permanent, comme il
conviendra.
Sous les auspices du Conseil conjoint permanent se tiendront également
des réunions des représentants militaires et des chefs
d'état-major ; ces réunions auront lieu au moins deux fois par an
au niveau des chefs d'état-major, et une fois par mois au niveau des
représentants militaires. Des réunions d'experts militaires
pourront être convoquées en tant que de besoin.
Le Conseil conjoint permanent sera présidé conjointement par un
représentant de la Russie, par le Secrétaire
général de l'OTAN et, par roulement, par un représentant
de l'un des Etats membres de l'OTAN.
La Russie et l'OTAN mettront en place les structures administratives
nécessaires au soutien des travaux du Conseil conjoint permanent.
La Russie établira une mission auprès de l'OTAN dirigée
par un représentant ayant le rang d'ambassadeur. Un représentant
militaire de haut niveau et son personnel feront partie de cette mission aux
fins de la coopération militaire. L'OTAN conserve la possibilité
d'établir une présence appropriée à Moscou, selon
des modalités qui restent à déterminer.
L'ordre du jour des réunions ordinaires sera établi
conjointement. Des modalités d'organisation et un règlement
intérieur seront mis au point pour le Conseil conjoint permanent. Ces
dispositions seront en place pour la réunion inaugurale du Conseil
conjoint permanent qui se tiendra au plus tard quatre mois après la
signature du présent Acte.
Le Conseil conjoint permanent s'engagera dans trois activités distinctes
:
.
procéder à des consultations sur les questions
énumérées dans la section III du présent Acte et
sur toute autre question politique ou de sécurité
déterminée d'un commun accord ;
.
sur la base de ces consultations, mettre au point des initiatives
conjointes dans le cadre desquelles la Russie et l'OTAN conviendraient de
s'exprimer ou d'agir en parallèle ;
.
une fois le consensus réalisé au cours des
consultations, prendre des décisions conjointes et mener des actions
conjointes, cas par cas, qui comprennent la participation, sur une base
équitable, à la planification et à la préparation
d'opérations conjointes, y compris des opérations de maintien de
la paix sous l'autorité du Conseil de sécurité des Nations
unies ou la responsabilité de l'OSCE.
Toutes les actions entreprises par la Russie ou l'OTAN? ensemble ou
séparément, devront être en conformité avec la
Charte des Nations unies et les principes directeurs de l'OSCE.
Considérant l'importance d'un approfondissement des contacts entre les
organes législatifs des Etats signataires du présent Acte, la
Russie et l'OTAN encourageront également le développement du
dialogue et de la coopération entre l'Assemblé
fédérale de la Fédération de Russie et
l'Assemblée de l'Atlantique Nord.
III - DOMAINES DE CONSULTATION ET DE COOPÉRATION
En construisant leurs relations, la Russie et l'OTAN concentreront leur
attention sur des domaines spécifiques d'intérêt commun.
Elles se consulteront et s'efforceront de coopérer dans toute la mesure
du possible dans les domaines suivants :
. questions d'intérêt commun liées à la
sécurité et à la stabilité dans la région
euro-atlantique ou à des crises concrètes, ce qui inclut la
contribution de la Russie et de l'OTAN à la sécurité et
à la stabilité dans cette région ;
. prévention des conflits, y compris diplomatie préventive,
gestion des crises et règlement des conflits, compte tenu du rôle
et des responsabilités des Nations unies et de l'OSCE et des travaux de
ces organisations dans ces domaines ;
. opérations conjointes, y compris opérations de maintien de la
paix, cas par cas, sous l'autorité du Conseil de sécurité
des Nations unies ou la responsabilité de l'OSCE, et, si des Groupes de
forces interarmées multinationales (GFIM) sont utilisés dans de
tels cas, participation à ces Groupes de forces à un stade
précoce ;
. participation de la Russie au Conseil de partenariat euro-atlantique et au
Partenariat pour la paix ;
. échange d'informations et consultations sur la stratégie, la
politique de défense et les doctrines militaires de la Russie et de
l'OTAN, ainsi que sur les budgets et sur les programmes de développement
des infrastructures ;
. questions de maîtrise des armements ;
. questions de sûreté nucléaire sous tous leurs aspects ;
. prévention de la prolifération des armes nucléaires,
biologiques et chimiques ainsi que de leurs vecteurs, lutte contre le trafic de
matières nucléaires et renforcement de la coopération dans
certains domaines de la maîtrise des armements, y compris les aspects
politiques et de défense de la prolifération ;
. possibilités de coopération en matière de défense
contre les missiles de théâtre ;
. amélioration de la sécurité de la circulation
aérienne à l'échelle régionale, accroissement de la
capacité de circulation aérienne et échanges mutuels, en
tant que de besoin, pour promouvoir la confiance par des mesures accrues de
transparence et des échanges d'informations concernant la défense
aérienne et les aspects connexes de la gestion du contrôle de
l'espace aérien. Cela comprendra l'exploration des possibilités
de coopération dans des domaines appropriés liés à
la défense aérienne ;
. recherche d'une transparence et d'une prévisibilité accrues
ainsi que d'une plus grande confiance mutuelle au sujet de la taille et des
rôles des forces conventionnelles de la Russie et des Etats membres de
l'OTAN ;
. échanges réciproques, en tant que de besoin, sur les questions
relatives aux armes nucléaires, y compris les doctrines et la
stratégie de la Russie et celles de l'OTAN ;
. coordination d'un programme de coopération étendue entre les
institutions militaires respectives, selon les modalités
détaillées ci-après ;
. recherche de possibilités de coopération en matière
d'armement sous la forme d'une association de la Russie à la
Conférence des Directeurs nationaux des armements de l'OTAN ;
. conversion des industries de défense ;
. mise au point de projets de coopération décidés d'un
commun accord sur des questions économiques, environnementales et
scientifiques en rapport avec la défense ;
. conduite d'activités et d'exercices conjoints dans le domaine de la
préparation civile aux situations d'urgence et des secours en cas de
catastrophe ;
. lutte contre le terrorisme et le trafic de stupéfiants ;
. amélioration de la compréhension par le public de
l'évolution des relations entre la Russie et l'OTAN, notamment par
l'établissement d'un centre de documentation ou d'un bureau
d'information de l'OTAN à Moscou.
D'autres domaines pourront être ajoutés d'un commun accord.
IV - QUESTIONS POLITICO-MILITAIRES
La Russie et l'OTAN affirment leur désir commun de parvenir à une
stabilité et une sécurité plus grandes dans la
région euro-atlantique.
Les Etats membres de l'OTAN réitèrent qu'ils n'ont aucune
intention, aucun projet et aucune raison de déployer des armes
nucléaires sur le territoire de nouveaux membres, et n'ont aucunement
besoin de modifier un quelconque aspect du dispositif ou de la politique
nucléaire de l'OTAN -et n'en prévoient nullement le besoin pour
l'avenir. Cela inclut le fait que l'OTAN a décidé qu'elle n'a
aucune intention, aucun projet et aucune raison d'établir des
dépôts d'armes nucléaires sur le territoire de ces membres,
que ce soit par la construction de nouvelles installations de stockage
nucléaires ou par l'adaptation d'anciennes installations de stockage
nucléaires. Par "dépôts nucléaires", on entend des
installations spécifiquement conçues pour le stationnement
d'armes nucléaires, et ce terme inclut toutes les catégories
d'installations durcies, enterrées ou non (silos ou casemates de
stockage d'armes) qui sont conçues pour entreposer des armes
nucléaires.
Reconnaissant l'importance de l'adaptation du Traité sur les forces
armées conventionnelles en Europe (FCE) pour le contexte plus vaste de
sécurité dans la zone de l'OSCE et les travaux sur un
modèle de sécurité commun et global pour l'Europe du XXIe
siècle, la Russie et les Etats membres de l'OTAN oeuvreront de concert,
à Vienne, avec les autres Etats Parties pour adapter le Traité
FCE afin d'en améliorer la viabilité et l'efficacité,
compte tenu de l'évolution de l'environnement de sécurité
en Europe et des intérêts légitimes de
sécurité de tous les Etats participants de l'OSCE. Ils ont pour
objectif commun de conclure un accord sur l'adaptation dans les meilleurs
délais possible et, à titre de première étape dans
ce processus, ils chercheront de concert avec les autres Etats Parties au
Traité FCE, à conclure, dès que possible, un accord cadre
exposant les éléments fondamentaux d'un Traité FCE,
conformément aux objectifs et principes du Document sur la portée
et les paramètres adoptés à Lisbonne en décembre
1996.
La Russie et l'OTAN estiment qu'un but important de l'adaptation du
Traité FCE devrait être de réduire dans des proportions
sensibles, et compatibles avec les impératifs de défense
légitimes de chaque Etat Partie, la quantité totale d'Equipements
limités par le Traité qui est permise dans la zone d'application
du Traité. La Russie et l'OTAN encouragent tous les Etats Parties au
Traité FCE à envisager des réductions de leurs droits
à dotation en équipements FCE dans le cadre d'un effort global
pour parvenir à des niveaux d'équipement plus bas conformes
à la transformation de l'environnment de sécurité en
Europe.
La Russie et les Etats membres de l'OTAN s'engagent à faire preuve de
retenue au cours de la période de négociation comme il est
prévu dans le Document sur la portée et les paramètres, en
ce qui concerne les postures et les capacités actuelles de leurs forces
armées conventionnelles -et en particulier leurs niveaux de forces et
leurs déploiements- dans la zone d'application du Traité, de
manière à éviter toute évolution de la situation en
matière de sécurité en Europe qui affaiblisse la
sécurité d'un Etat Partie, quel qu'il soit. Cet engagement ne
préjuge pas des éventuelles décisions volontaires des
différents Etats Parties de réduire leurs niveaux de forces ou
leurs déploiements, ni de leurs intérêts légitimes
de sécurité.
La Russie et les Etats membres de l'OTAN partent du principe que l'adaptation
du Traité FCE doit contribuer à garantir le même
degré de sécurité à tous les Etats Parties,
indépendamment de leur appartenance à une alliance
politico-militaire, à la fois pour préserver et renforcer la
stabilité et continuer de prévenir tout accroissement de forces
déstabilisateur dans différentes régions d'Europe et dans
l'ensemble du continent européen. Un Traité FCE adapté
devrait aussi renforcer encore la transparence sur le plan militaire par un
échange d'informations et une vérification étendus, et
permettre l'accession éventuelle de nouveaux Etats Parties.
La Russie et les Etats membres de l'OTAN proposent aux autres Etats Parties de
procéder à une adaptation du Traité FCE qui permette aux
Etats Parties de parvenir, dans la transparence et la coopération,
à des conclusions au sujet des réductions qu'ils pourraient
être prêts à effectuer et des plafonds nationaux qui en
résultent pour les Equipements limités par le Traité. Ces
plafonds auront alors valeur de limites obligatoires dans le Traité
adapté qui sera à approuver par consensus par l'ensemble des
Etats Parties, et à réexaminer en 2001, puis tous les cinq ans.
Dans ce contexte, les Etats Parties tiendront compte de tous les niveaux
d'Equipements limités par le Traité fixés par le
Traité FCE initial pour la zone de l'Atlantique à l'Oural, des
réductions substantielles opérées depuis lors, des
changements dans la situation en Europe et de la nécessité de
veiller à ce qu'aucun Etat ne voie sa sécurité diminuer.
La Russie et les Etats membres de l'OTAN réaffirment que les Etats
Parties au Traité FCE ne devraient maintenir, individuellement ou
conjointement avec d'autres, que les capacités militaires à la
mesure de leurs besoins légitimes de sécurité individuelle
ou collective, eu égard à leurs obligations internationales, dont
le Traité FCE.
Chaque Etat Partie se fondera, pour accepter les dispositions du Traité
adapté relatives à l'ensemble des plafonds nationaux des Etats
Parties, sur ses évaluations de la situation de sécurité
actuelle et future en Europe.
De plus, au cours des négociations sur l'adaptation du Traité
FCE, la Russie et les Etats membres de l'OTAN chercheront, avec d'autres Etats
Parties, à renforcer la stabilité en développant encore
les mesures destinées à prévenir toute concentration de
forces conventionnelles pouvant constituer une menace dans des régions
agréées de l'Europe, qui comprendront l'Europe centrale et
orientale.
La Russie et l'OTAN ont clarifié leurs intentions en ce qui concerne
leurs dispositifs de forces conventionnelles dans le nouvel environnement de
sécurité en Europe et sont prêtes à se consulter sur
l'évolution de ces dispositifs dans le cadre du Conseil conjoint
permanent.
L'OTAN réaffirme que dans l'environnement de sécurité
actuel et prévisible, l'Alliance remplira sa mission de défense
collective et ses autres missions en veillant à assurer
l'interopérabilité, l'intégration et la capacité de
renforcement nécessaires plutôt qu'en recourant à un
stationnement permanent supplémentaire d'importantes forces de combat.
En conséquence, elle devra compter sur une infrastructure
adéquate à la mesure des tâches précitées.
Dans ce contexte, le renforcement peut s'opérer, en cas de besoin, pour
assurer la défense contre une menace d'agression et pour des missions de
soutien de la paix en conformité avec la Charte des Nations unies et les
principes directeurs de l'OSCE, ainsi que pour des exercices compatibles avec
le Traité FCE adapté, les dispositions du Document de Vienne de
1994 et les mesures de transparence agréées d'un commun accord.
La Russie fera preuve d'une retenue comparable dans ses déploiements de
forces conventionnelles en Europe.
La Russie et les Etats membres de l'OTAN s'efforceront de parvenir à une
transparence, à une prévisibilité et à une
confiance mutuelle plus grandes en ce qui concerne leurs forces armées.
Ils respecteront pleinement les obligations qui leur incombent au titre du
Document de Vienne de 1994 et développeront leur coopération avec
les autres Etats participants de l'OSCE, y compris par le biais de
négociations menées sous la forme appropriée, notamment
dans le cadre de l'OSCE, pour promouvoir la confiance et la
sécurité.
La Russie et les Etats membres de l'OTAN utiliseront et amélioreront les
régimes existants de maîtrise des armements et les mesures de
confiance existantes pour créer des relations en matière de
sécurité fondées sur une coopération pacifique.
La Russie et l'OTAN, afin de développer la coopération entre
leurs institutions miltiaires, renforceront les consultations et la
coopération politico-militaires, dans le cadre du Conseil conjoint
permanent, grâce à un dialogue intensifié entre les hautes
autorités militaires de la Russie et celles de l'OTAN et de ses Etats
membres. Elles appliqueront un programme d'activités et de
coopération pratique sensiblement élargies entre la Russie et
l'OTAN dans le domaine militaire, à tous les niveaux. En
conformité avec les principes du Conseil conjoint permanent, ce dialogue
intensifié entre militaires reposera sur le principe selon lequel aucune
partie ne considère l'autre comme une menace ou ne cherche à
porter préjudice à la sécurité de l'autre. Ce
dialogue intensifié entre militaires comprendra des exposés
réciproques, à intervalles réguliers, sur la doctrine
militaire et la stratégie de la Russie et de l'OTAN et sur le dispositif
de forces qui en résulte, et il portera notamment sur les
possibilités générales d'activités de formation et
d'exercices conjoints.
Afin de favoriser ce dialogue intensifié et d'apporter un soutien aux
éléments militaires du Conseil conjoint permanent, la Russie et
l'OTAN établiront des missions de liaison militaires à
différents niveaux sur la base de la réciprocité et
d'arrangements mutuels additionnels.
Afin d'intensifier leur partenariat et d'avoir l'assurance que ce partenariat
soit fondé autant que possible sur des activités pratiques et sur
une coopération directe, les autorités militaires respectives de
la Russie et de l'OTAN étudieront le développement d'un concept
d'opérations de maintien de la paix conjointes de la Russie et de
l'OTAN. Cette initiative devrait s'inspirer de l'expérience positive de
leur coopération en Bosnie-Herzégovine, et les enseignements qui
en ont été tirés serviront à l'établissement
de Groupes de forces interarmées multinationales.
Le présent Acte prend effet à la date de sa signature.
La Russie et l'OTAN prendront les mesures appropriées pour assurer sa
mise en oeuvre conformément à leurs procédures.
Le présent Acte est établi en deux exemplaires originaux dans les
langues russe, française et anglaise.
Le Gouvernement de la Fédération de Russie et le
Secrétaire général de l'OTAN remettront au
Secrétaire général des Nations unies et au
Secrétaire général de l'Organisation pour la
sécurité et la coopération en Europe le texte du
présent Acte en demandant de le distribuer à tous les membres de
leurs Organisations.
1
Les interventions figurent à la fin
du
présent rapport "Auditions de la Commission".
2
Chypre, candidate à l'UE, ne l'est pas à l'OTAN.
3
La France occupe, de ce point de vue, une place singulière.
4
Cité par le Centre d'Etudes et de Recherches
Internationales "La sécurité de l'Europe centrale et orientale
après l'élargissement de l'OTAN", n° 29, juillet 1997.
5
Source : revue de l'OTAN, mai-juin 1997.
6
Sur l'Acte fondateur OTAN-Russie, cf infra, p. 21.
7
Hongrie, Pologne, République
tchèque,
Roumanie, Slovénie, Bulgarie, Slovaquie, Estonie, Lettonie, Lituanie et
Macédoine.
8
Slovénie, Croatie, Bosnie-Herzégovine,
République fédérale yougoslave (RFY), Ancienne
République yougoslave de Macédoine (ARYM), Albanie, Grèce,
Turquie, Bulgarie, Roumanie et Hongrie.
9
Stanley Sloan, Assemblée de l'Atlantique Nord
"L'OTAN au XXIe siècle".
10
Stanley Sloan, ibid.
11 Chars, véhicules blindés de combat, pièces d'artillerie, avions de combat et hélicoptères d'attaque.
12 Maréchal Sergueiev, ministre de la défense de Russie, Revue de l'OTAN, n° 1, printemps 1998.
- 13 auxquels il convient d'ajouter 11 000 civils.
14 Nicole Gnesotto, "Elargissement de l'OTAN : une responsabilité européenne" in Politique étrangère, 1997.
15
Voir le texte annexé au document
Sénat
n° 384 (1997-1998)
16
Voir le texte annexé au document Sénat n° 385
(1997-1998)
17
Voir le texte annexé au document Sénat n° 386
(1997-1998)
18
texte transmis par le Gouvernement pour l'information des
parlementaires.
19
Rédaction nouvelle résultant de l'article 2 du
Protocole d'accession au Traité de l'Atlantique Nord de la Grèce
et de la Turquie, signé le 22 octobre 1951.
20
Le 16 janvier 1963, le Conseil a constaté que toutes les
dispositions de ce Traité qui concernent les anciens départements
français d'Algérie sont devenues sans objet à dater du
3 juillet 1962.
21
Le Traité est entré en vigueur le 24 août
1949, après que tous les Etats signataires eurent déposé
leur ratification.