B. QUE COÛTERA L'ÉLARGISSEMENT DE L'OTAN ?
1. Des premières estimations maximalistes
L'estimation du coût financier lié à
l'élargissement de l'OTAN a fait l'objet
d'analyses
contradictoires
conduisant parfois à des
prévisions
particulièrement alarmistes.
Parmi les principales études, celle du "Congressionnal Budget Office"
(CBO) du
Congrès
des Etats-Unis considérait en mars 1996
que l'élargissement coûterait 110,5 milliards de dollars sur dix
ans ; celle de la
Rand Corporation
l'évaluait pour sa part en
novembre de la même année à 42 milliards de dollars sur la
même période, une étude du
Pentagone
,
réalisée en février 1997, aboutissait quant à elle
à une fourchette située entre 27 et 35 milliards de dollars sur
treize ans.
En réalité, l'explication de ces écarts dans les
estimations et leur montant
astronomique
résidait dans les
critères d'analyse tant de la menace prévisible que de
l'état des infrastructures des nouveaux membres. De même,
certaines des études incluaient, dans le coût de
l'élargissement, les efforts financiers que les pays membres et
invités devaient consentir pour développer les capacités
de mobilité et de projection de leurs forces, conformément au
concept stratégique de l'alliance et aux "nouvelles missions" de l'OTAN.
Ainsi l'étude du CBO se fondait encore sur un environnement
stratégique de type "guerre froide" nécessitant la
possibilité de mettre en place, sur les territoires des nouveaux membres
une posture de "défense de l'avant" afin d'être à
même de répondre à une menace type "article 5", alors
même que pour les dix années à venir, ce type de menace
territoriale massive demeure par bonheur fort improbable, les nouveaux risques
relevant plus de crises régionales limitées. De même, les
deux autres études prenaient-elles en compte les coûts des
transformations des structures de forces en vue de les adapter aux
nécessités de mobilité et de projection. En
réalité, ces adaptations relèvent de chacun des Etats et
la plupart des membres de l'Alliance ont déjà largement
engagé, sur financement national -c'est le cas de la France-, la
réorganisation de leurs forces pour plus de mobilité et pour des
capacités accrues de projection. C'est également le cas, toutes
choses égales par ailleurs, des trois pays invités. Enfin, ces
premières analyses avaient fait une estimation très
"catastrophiste" de l'état des infrastructures d'accueil des pays
membres : capacités portuaires -pour la Pologne- ferroviaires,
routières ou aéroportuaires, que des expertises
ultérieures devaient démentir.