4. Multinationalité, opérations et entraînement conjoints
Les
armées polonaise, hongroise et tchèque ne fonctionnent plus en
"circuit fermé", depuis plusieurs années.
Les
nombreux exercices conjoints
menés dans le cadre du
partenariat pour la paix, permettent à leurs états-majors et
à leurs forces de se familiariser progressivement avec les usages et les
procédures en cours dans les armées occidentales, en particulier
dans le cadre d'entraînements à des opérations de maintien
de la paix.
Au surplus, les armées de chacun des trois pays participent à de
multiples unités multinationales
dont le symbole est triple :
elles signifient clairement l'engagement au bon voisinage, elles sont soit
vouées à la défense collective "article 5", soit
constituent la base d'unités ad hoc pour des opérations de
maintien de la paix et s'insèrent ainsi exactement, en quelque sorte par
anticipation, dans le concept stratégique rénové de
l'organisation. Ainsi peut-on aujourd'hui dénombrer les unités
multinationales suivantes auxquelles participent des unités
tchèque, polonaise et hongroise : le
corps germano-polono-danois
,
fort de 30 000 hommes et dont l'état-major multinational est basé
en Pologne à Szczecin ; les
bataillons polono-ukrainien et
polono-lituanien
ont un rôle essentiel pour l'ancrage de l'Ukraine
dans l'Europe et constituent un signal positif pour la Lituanie. Ils
bénéficient d'aides britanniques, américaines et
canadiennes -instruction, procédures, apprentissage de l'anglais etc.-
Une participation de la France à ce dispositif aurait une forte valeur
politique. Le
bataillon hungaro-roumain
est un signal fort pour les
relations entre deux pays qu'un contentieux de voisinage à longtemps
opposés -à travers la minorité hongroise de Transylvanie,
en même temps qu'il intègre un pays de la "première vague"
à un Etat fortement désireux de participer à la
"deuxième vague" d'adhésion.
Dans le même esprit, plusieurs projets ont récemment vu le jour.
Ainsi en est-il d'un
projet autrichien de brigade de maintien de la paix des
pays d'Europe centrale
. Associant l'Autriche, la Suisse, la
Slovénie, la Slovaquie, la République tchèque, la Hongrie
et probablement la Roumanie, cette brigade donnerait une forte identité
régionale à l'Europe centrale, affirmerait un potentiel militaire
crédible à côté des grands pays du continent que
sont l'Allemagne, la Russie, l'Ukraine et la Pologne. Enfin, outre un projet de
brigade italo-hungaro-slovène
lancé en 1997, se fait jour
l'idée d'une "
Force multinationale pour la paix dans le sud-est de
l'Europe
" réunissant six pays de la région : Roumanie,
Bulgarie, Grèce, Turquie, ancienne république yougoslave de
Macédoine (ARYM) et Albanie. Elle pourrait être utilisée
dans des opérations de prévention des conflits et de maintien de
la paix dirigées par l'OTAN et l'UEO sous mandat des Nations unies et de
l'OSCE. Ses objectifs seraient la contribution à la paix et à la
sécurité en Europe, le renforcement des relations de bon
voisinage et l'amélioration de l'interopérabilité entre
les Alliés et les pays partenaires.