III. LA MISE EN OEUVRE DES DISPOSITIFS ADOPTÉS EN 1995 POUR AMÉLIORER LA RÉPONSE À L'AFFLUX DES CONTENTIEUX
A. AU SEIN DES JURIDICTIONS JUDICIAIRES
La diversification des recrutements introduite par les lois de 1995 qui accompagnaient la loi de programme connaît des sorts variables en pratique.
1. Les assistants de justice
En application de l'article 20 de la loi n° 95-125
du 8 février 1995, il avait été prévu de
recruter sur cinq ans jusqu'à 269 assistants de justice,
exerçant au maximum à mi-temps pour deux ans et indemnisés
par des vacations horaires, chargés de tâches de documentation et
de préparation des décisions.
Leur recrutement rapide et déconcentré au niveau des cours
d'appel et leur formation juridique antérieure sont
particulièrement appréciés au sein des juridictions
où ils travaillent selon les indications des magistrats.
Fin 1996, avaient déjà été recrutés
205 assistants grâce aux crédits inscrits en lois de finances
(6,5 millions). En 1997, 125 nouveaux assistants ont été
recrutés pour moitié dans les cours d'appel dont
l'activité ou les délais de traitement sont les plus
élevés (Aix-en-Provence, Bordeaux, Douai, Montpellier et
Versailles).
Le projet de loi de finances prévoit 8,4 millions de crédits
supplémentaires pour permettre le recrutement de 220 nouveaux
assistants, ce qui porterait leur effectif à 550 à la fin de
l'année 1998.
L'ensemble des rapports sur leur activité traduisent la satisfaction des
magistrats qui se voient déchargés de tâches
répétitives ou de recherches chronophages.
Les assistants sont le plus souvent chargés de travaux de documentation,
de rédaction de notes de synthèse des dossiers ou de projets de
décisions ou de réquisitoires sur les instructions des
magistrats. Ils assument parfois également le pré-traitement du
courrier pénal général, le tri des dossiers après
la loi d'amnistie, les propositions de recours aux procédures de
médiation-réparation ainsi que la gestion de la médiation
pénale, la confection de recueils de doctrine ou de jurisprudence, la
tenue de statistiques, la gestion des bibliothèques.
En revanche, la spécificité de la procédure d'instruction
n'a semble-t-il pas permis d'affecter des assistants auprès des juges
d'instruction.
La satisfaction exprimée par les chefs de cour à l'égard
des assistants (services rendus et le plus souvent qualité des travaux)
a pour contrepartie le regret de ne pas en disposer davantage (nombre,
durée du travail limitée au mi-temps) et de ne pouvoir les
fidéliser (durée du contrat plafonnée à deux ans,
niveau faible de la rémunération, attractivité d'autres
fonctions où l'expérience acquise par les assistants au sein des
juridictions est semble-t-il reconnue). Une difficulté nouvelle pourrait
surgir de la comparaison de leur rémunération avec celles qui
pourraient être offertes dans le cadre des emplois-jeunes (un assistant,
charges comprises, coûte annuellement 38.362 francs à
mi-temps, un emploi-jeune 115.000 francs à plein temps, charges
comprises).
2. Les conseillers en service extraordinaire
Créés par la loi organique du
19 janvier 1995, ces magistrats sont recrutés au vu de leurs
diplômes et de leur expérience (âgés de 50 à
60 ans et justifiant de 15 ans d'activité professionnelle les
qualifiant particulièrement pour les fonctions judiciaires). Ils
exercent à plein temps et pendant cinq ans non renouvelables. Leur
rémunération est alignée sur le traitement moyen d'un
magistrat du premier groupe du premier grade.
La commission d'avancement qui statue sur les candidatures peut imposer au
candidat une formation complémentaire. En application du décret
du 19 mars 1996 et de la circulaire du 28 octobre 1996, sur
les 30 emplois de conseillers prévus par la loi de programme, 12 ont
été localisés dans 7 cours d'appel en 1995-1996 et 3 ont
été nommés en 1997 (Besançon, Aix et Douai).
La commission de novembre 1997 devait examiner 5 candidatures nouvelles et une
candidature après stage. 12 dossiers étant en cours
d'instruction, les prévisions de recrutement pour 1998 seraient de 6
candidats en stage soit, au mieux, 9 conseillers en service extraordinaire fin
1998, alors que 18 créations de postes de conseillers en service
extraordinaire sont incluses dans les 70 créations de postes de
magistrats annoncées pour le budget 1998. Mme le Garde des Sceaux a
indiqué à votre commission qu'une réflexion était
en cours pour réduire les délais de recrutement.
Sur 37 candidatures examinées, 26 ont été rejetées
par la commission d'avancement. La répartition par catégorie
socio-professionnelle des candidats et la décision prise à leur
égard par la commission d'avancement est retracée dans le tableau
suivant :
Professions d'origine |
Candidatures |
Admis |
En stage |
Rejets |
Avocats |
7 |
2 |
|
5 |
Officiers ministériels |
2 |
|
|
2 |
Greffiers en chef |
|
|
|
|
Fonctionnaires justice |
|
|
|
|
Fonctionnaires et agents de l'Etat |
7 |
1 |
4 |
2 |
Cadres secteur privé |
21 |
|
4* |
17 |
Anciens magistrats |
|
|
|
|
Totaux |
37 |
3 |
8* |
26 |
* Dont deux ont renoncé à leur stage.
3. Les magistrats à titre temporaire
La parution du décret n° 97-4 du
7 janvier 1997 ainsi que de la circulaire du
24 février 1997, attendus depuis 1995, rend désormais
possible le recrutement de magistrats exerçant à titre temporaire
les fonctions de juge d'instance ou d'assesseur dans les formations
collégiales des tribunaux de grande instance. Ils sont recrutés,
pour sept ans non renouvelables, sur proposition de l'assemblée
générale des magistrats du siège de la cour d'appel
après avis conforme de la commission d'avancement.
La Chancellerie prévoit, conformément au rapport annexé
à la loi de programme, une expérimentation durant trois ans, dans
un premier temps auprès de quatre cours d'appel (Aix-en-Provence,
Angers, Colmar et Versailles).
La loi de programme avait prévu 80 postes équivalent temps plein
et, dès 1995, des crédits avaient été inscrits pour
en recruter 16. En 1996, la mise était doublée toujours sans
aucun recrutement, les textes d'application n'ayant pas été
élaborés.
La loi de finances pour 1997 ne prévoyait pas de nouveaux crédits
malgré la parution imminente du décret. La loi de finances pour
1998 porte à 48 équivalent temps plein le nombre des recrutements
de magistrats exerçant à titre temporaire -soit potentiellement
480 personnes à recruter
puisqu'à raison de
120 heures de vacations par an, 10 personnes sont nécessaires pour
obtenir l'équivalent d'un temps plein. Outre les
rémunérations, le projet de budget prévoit des
crédits supplémentaires en faveur de l'ENM pour la formation
probatoire des magistrats à titre temporaire.
Or, il y aurait actuellement 14 dossiers ayant reçu un avis
favorable,
deux candidats en stage
et 19 candidatures en cours
d'instruction. Mme le Garde des Sceaux a indiqué à la
commission que 35 personnes pourraient être nommées en 1998.
Il paraît dès lors difficile d'envisager la concrétisation
de l'utilisation des 27 millions de francs ouverts en 1998.