CONCLUSION
L'avenir de notre coopération repose sur quatre
priorités :
- le maintien, au sein du gouvernement, d'un interlocuteur particulier pour nos
partenaires africains, gage de la pérennité d'un lien
privilégié avec le continent ;
- l'encouragement de la présence française (à travers nos
entreprises comme nos coopérants) en Afrique ;
- une mobilisation de l'Europe en faveur de l'aide au développement dans
la perspective de la mise en place à l'échéance 2000 d'un
nouvel accord entre l'Union européenne et les pays ACP
(Afrique-Caraïbes-Pacifique) alors même que, comme l'ont
montré les négociations sur le montant du huitième Fond
européen de développement, beaucoup de nos voisins sont
tentés par un désengagement ;
- la sauvegarde de l'effort consacré par la France à l'aide
publique au développement.
A cet égard, même si le projet de budget de la coopération
prolonge certaines des évolutions intéressantes engagées
les années passées (en faveur du redressement de l'aide-projet en
particulier), il accentue encore la baisse des crédits dévolus
à ce volet majeur de notre rayonnement international.
Il apparaît aujourd'hui urgent d'infléchir cette tendance
extrêmement préoccupante.
Nos amis africains ne comprendraient toutefois pas que nous rejetions les
moyens, même modestes, consacrés à la coopération ;
c'est pourquoi votre rapporteur vous invite à donner un avis favorable
à l'adoption des crédits du secrétariat d'Etat à la
coopération.
EXAMEN EN COMMISSION
La commission des Affaires étrangères, de la
Défense et des Forces armées a examiné le présent
avis au cours de sa réunion du mercredi 19 novembre 1997.
A la suite de l'exposé du rapporteur pour avis, M. Philippe de Gaulle
s'est interrogé sur les liens existant aujourd'hui entre le Gabon,
l'ex-Zaïre et le Congo. Il a par ailleurs rejeté le jugement selon
lequel les événements récents en Afrique centrale devaient
être mis au débit du précédent gouvernement. Il
s'est enfin interrogé sur l'attitude des gouvernements des pays
concernés au regard de la politique d'immigration adoptée par la
France.
Mme Paulette Brisepierre, rapporteur pour avis, a évoqué les
liens existant entre le Congo, le Gabon et l'ex-Zaïre. Elle a
également souligné le rôle important joué par
l'Angola et estimé que la situation dans l'ex-Zaïre apparaissait
plus fluctuante compte tenu des incertitudes liées aux positions
adoptées par M. Laurent-Désiré Kabila. Elle a par ailleurs
rappelé les enjeux économiques majeurs que constituait
l'existence de ressources pétrolières considérables dans
le Golfe de Guinée. Après avoir évoqué le
récent déplacement qu'elle avait effectué au
Congo-Brazzaville, elle a estimé que pour l'heure, ce pays avait besoin
de tous ses ressortissants dans le cadre de la politique de
réconciliation nationale pour procéder à la reconstruction
économique. En outre, Mme Paulette Brisepierre, rapporteur pour avis, a
estimé que ses interlocuteurs congolais, au plus haut niveau, avaient
souhaité un retour rapide d'une présence française
renforcée dans leur pays.
M. Jacques Habert a d'abord relevé que le souhait manifesté par
le Président de la République, lors de son intervention au sommet
de la francophonie à Hanoi, de favoriser l'obtention de visas pour les
jeunes Africains désireux de venir étudier en France, avait
rencontré une chaleureuse approbation des autres pays membres de la
francophonie. Il a également reconnu, avec le rapporteur pour avis, la
mise en place de nouveaux regroupements régionaux en Afrique, où
l'Angola tenait désormais une place importante. Il s'est par ailleurs
inquiété de l'avenir des coopérants du service national.
Enfin, il a regretté que la Caisse française de
développement (CFD) privilégie le soutien aux grandes entreprises
au détriment des PME-PMI.
M. Xavier de Villepin, président, a précisé que le
Sénat comptait l'un de ses membres au sein du conseil de surveillance de
la Caisse française de développement et a estimé que la
concertation entre cet organisme et le secrétariat d'Etat à la
coopération s'organisait dans des conditions globalement satisfaisantes.
Mme Paulette Brisepierre, rapporteur pour avis, a estimé que, sur le
terrain, les missions de coopération et les agences de la CFD avaient su
nouer, en général, de bonnes relations. En outre, elle a
indiqué que la CFD disposait d'agents compétents et
expérimentés mais qu'il convenait de développer l'appui
apporté par cet acteur majeur de la coopération aux PME-PMI
françaises.
Le rapporteur pour avis a par ailleurs précisé, à
l'intention de M. Jacques Habert, que l'indemnisation, souhaitable, de nos
compatriotes qui avaient tout perdu au Congo, pouvait reposer sur des aides
indirectes telles que des dégrèvements d'impôts ou des
exonérations de taxes que le gouvernement français paraissait en
mesure de pouvoir obtenir de son homologue congolais. Mme Paulette Brisepierre,
rapporteur pour avis, a insisté sur la nécessité d'agir
rapidement dans ce pays où la France pouvait retrouver une position
majeure.
M. Jean Clouet s'est interrogé sur le rôle joué par le
Royaume-Uni dans ses anciennes colonies en Afrique. Mme Paulette Brisepierre,
rapporteur pour avis, a rappelé que le Royaume-Uni s'était
largement désengagé du continent africain. Elle a
également souligné que ce pays n'avait pas tissé des liens
aussi forts que ceux noués par la France avec les pays africains
francophones. Elle a cité en exemple la réussite de
l'enseignement français à l'étranger qui avait permis de
créer une relation privilégiée entre les Français
expatriés et les ressortissants des Etats africains. Elle a
souligné que les pays d'Afrique anglophone sollicitaient de plus en plus
l'aide de la France. Enfin, elle a souligné à nouveau la
nécessité d'une présence française forte sur le
continent africain.
M. Xavier de Villepin, président, a ajouté que les relations
tissées entre le Royaume-Uni et l'Afrique apparaissaient davantage
d'ordre économique que culturel et que si les entreprises britanniques
investissaient en Afrique anglophone, elles le faisaient à leurs propres
risques et sans le soutien de leur pays. Il a également estimé
que la France devait rechercher l'appui de nouveaux alliés sur le
continent, tels que l'Afrique du Sud ou l'Ethiopie.
A la suite de ce débat, la commission a donné un avis favorable
à l'adoption des crédits de la coopération inscrits dans
le projet de loi de finances pour 1998.