III. LA CONSTRUCTION NAVALE
Le chiffre d'affaires réalisé dans le secteur de
la construction navale ne constitue pas un indicateur économique
représentatif, car les constructions de grands navires
réalisées sur plusieurs années
" n'apparaissent " dans le chiffre d'affaires de l'exercice
courant
qu'au moment de la livraison.
Industrie de main-d'oeuvre (70 à 80 % du montant des facturations),
l'industrie de la réparation navale,
qui avait réussi au
cours de la période 1988-1991 à se stabiliser, a
enregistré, à compter de l'année 1992 une baisse
sensible de son activité.
Ayant déjà dû faire face, au cours de la
décennie 80, à une forte concurrence internationale du fait
du développement de nouvelles capacités de réparation dans
les pays à bas niveau de salaires, tout particulièrement en
Extrême-Orient (Corée, Malaisie, Chine) et dans les pays du Golfe
Persique, l'industrie de la réparation navale s'est trouvée
confrontée au cours des dernières années à une
concurrence toute aussi vive au sein même de l'Union européenne du
fait des dévaluations compétitives opérées par
certains Etats membres.
L'industrie française est présente dans
les principaux
domaines d'équipement des navires marchands
: moteurs de
propulsion et leurs accessoires, production et distribution
d'électricité, automatisme et télécommande, grues
et équipements de pont (treuils, guindeaux...), détection et
lutte contre l'incendie, accessoires de tuyauterie.
Cinq navires ont été commandés au cours du premier
semestre 1997 :
- chantiers de l'Atlantique (Saint-Nazaire) :
un paquebot de
croisières
de 600 cabines pour un armement français et
un
transbordeur
rapide, type Corsaire 11.000, pour un armement
suédois, Rederi AB Gotland. Ce dernier navire sera construit par
Leroux et Lotz ;
- Leroux et Lotz : un
paquebot de croisières
de
45 cabines pour la compagnie des Iles du Ponant et un sablier pour la
compagnie armoricaine de navigation ;
- Piriou (Concarneau) : un
thonier
senneur congélateur
pour un armement français.
Il est à noter que le paquebot de 600 cabines (chantiers de
l'Atlantique) ainsi que celui de 45 cabines (Leroux et Lotz) ont
été commandés au titre de la loi du 5 juillet 1996
sur les quirats.
Huit navires ont été achevés en 1996
:
- Chantiers de l'Atlantique (Saint-Nazaire) : un
méthanier
de 130.000 m3 pour l'armement malaision Petronas (Puteri Zamrud), un
paquebot de croisières
pour Royal Caribbean Curuise Line
(Splendor of the Seas) et un
paquebot transbordeur
pour la SNCM
(Napoléon Bonaparte) ;
- Leroux et Lotz : un
navire de recherche halieutique
à
Dieppe pour l'Ifremer (Thalassa), une vedette à passagers à
Lorient pour Penn-ar-Bed (André Colin) et deux
transbordeurs rapides
(Corsaires 11.000) à Saint-Malo pour la SNCM (NGV Asco et NGV
Aliso) ;
- Piriou (Concarneau) : un
thonier
senneur congélateur pour
France Afrique, Huhn et CMB (Avel Vad).
Trois navires ont été achevés
au cours du
premier semestre 1997
:
- Chantiers de l'Atlantique (Saint-Nazaire) : un
méthanier
de 130.000 m3 pour l'armement malésien
Petronas (Puteri Firuz) et un
paquebot
de
croisières
pour
Royal Caribbean Cruise Line (Rhapsody of the Seas) ;
- Piriou (Concarneau) : un
thonier
de 82 pour Industria
Armatoriale Tonneria (Italie).
Depuis la liquidation de NORMED, les Chantiers de l'Atlantique, filiale du
groupe GEC-Alsthom depuis 1989, constituent avec 4.030 personnes
à Saint-Nazaire le seul grand chantier de construction navale en France
; les Ateliers et Chantiers du Havre sont d'une taille plus modeste
(810 personnes), même s'ils sont en mesure de construire de grands
navires jusqu'à 180 m de long (contre plus de 300 m à
Saint-Nazaire).
Parmi les petits chantiers de construction navale, on peut citer :
- le groupe Leroux et Lotz qui a repris successivement les chantiers de
Dieppe et Saint-Malo puis le chantier de Lorient en 1990 ;
- le groupe GEC Alsthom qui a décidé de reprendre les sites
de Lorient et Saint-Malo.
Les constructions mécaniques de Normandie (CMN) à Cherbourg.
Pour tenter de maintenir la part de marché actuelle des constructeurs
européens de navires confrontés à la pression constante
des pays d'Asie du Sud-Est, la Communauté économique
européenne a autorisé la poursuite du régime d'aides
à la production plafonnées ainsi que d'aides à la
restructuration.
Pendant cinq ans, à l'instigation des Etats-Unis, des
négociations ont eu lieu au sein du groupe de travail n° 6
" Construction navale " du conseil de l'OCDE en vue
d'aboutir
à un accord établissant des conditions normales de concurrence
sur le marché de la construction navale. La commission a
participé à ces négociations en s'exprimant au nom des
Etats membres de l'Union européenne. Elle a accepté, le
17 juillet 1994, un texte d'accord, ad référendum.
Cet accord devait entrer en vigueur au 1er Janvier 1996, sous
réserve de sa ratification par l'ensemble des signataires (Etats-Unis,
Union européenne, Japon, Corée du Sud et Norvège). A ce
jour, seuls les Etats-Unis ne l'ont pas ratifié. Compte tenu de
l'incertitude qui pèse sur une éventuelle ratification de
l'accord par les Etats-Unis,
le Conseil industrie de l'Union
européenne du 23 avril 1997 a, sur demande de la France,
décidé la prorogation de la VIIème directive relative aux
aides à la construction navale jusqu'au
31 décembre 1998
et demandé à la commission
de proposer un nouveau règlement sur les aides à la construction
navale afin de succéder à la directive actuelle dans
l'hypothèse où les Etats-Unis ne ratifieraient pas l'accord OCDE.
Sur les bases de la VIIème Directive communautaire, le Gouvernement
français a poursuivi sa politique dans trois directions :
- l'aide à la prise de nouvelles commandes de constructions de
navires neufs ou de transformations importantes de navires ;
- l'apport d'aides de restructuration pour les chantiers qui doivent
réduire leurs effectifs ;
- des aides à la recherche en faveur d'une part des technologies
nouvelles porteuses de produits nouveaux ou de gains de productivité et
d'autre part du développement de navires à haute valeur
ajoutée, tels que les méthaniers.
Les entreprises de construction navale emploient actuellement
5.700 personnes
. On peut considérer que les emplois
indirects chez les sous-traitants et fournisseurs dans le tissu industriel
français sont de l'ordre du triple des effectifs des chantiers de
construction navale.
L'aide à la construction navale en France a donc un impact sur
environ 23.000 emplois.
Le projet de loi de finances pour 1998 prévoit une couverture de
850 millions de francs en autorisations de programme et de
800 millions de francs en crédits de paiement pour concourir aux
besoins des entreprises de ce secteur.