CHAPITRE V-
DES ORIENTATIONS FAVORABLES POUR LE LOGEMENT
PRIVÉ
Le projet de budget pour 1998 fait preuve d'un effort important pour le parc des logements privés, mais de grandes incertitudes demeurent quant aux mesures fiscales favorisant l'investissement immobilier.
I. L'EFFORT BUDGÉTAIRE EN FAVEUR DU PARC DE LOGEMENTS PRIVÉS
Les aides à l'amélioration du parc privé existant comprennent la prime à l'amélioration de l'habitat (PAH), les aides de l'ANAH et les aides à la résorption de l'habitat insalubre (RHI).
DOTATIONS BUDGÉTAIRES POUR 1998
Autorisations de programmes |
Crédits de paiement |
|||
Loi de finances 1997 |
Loi de finances 1998 |
Loi de finances 1997 |
Loi de finances 1998 |
|
RHI |
148 000 |
48 000 |
79 600 |
105 600 |
PAH |
600 000 |
800 000 |
710 000 |
690 000 |
ANAH |
2 015 050 |
2 200 000 |
1 892 750 |
2 105 000 |
TOTAL |
2 763 050 |
3 048 000 |
2 682 350 |
2 900 600 |
A. LE BILAN DES OPÉRATIONS MENÉES POUR LA RÉSORPTION DE L'HABITAT INSALUBRE (RHI)
Le cadre juridique de l'intervention sur l'habitat insalubre
est défini par la loi du 10 juillet 1970 dite loi Vivien.
Cette loi modifie les dispositions du code de la santé publique
concernant les logements insalubres et étend le bénéfice
des dispositions de la loi de 1964 sur la résorption des bidonvilles
à tous les types d'habitat insalubre existantes. Il s'agit de reloger
des familles dans des logements favorisant leur réinsertion, et de
supprimer des logements vétustes, souvent situés en centre-ville.
En métropole, la RHI est la seule procédure qui permet de
conduire des études préalables et des interventions
substantielles sur le bâti de quartiers anciens d'habitat privé
très dégradé.
Dans les sites retenus par la géographie prioritaires de la politique de
la ville, les quartiers anciens très dégradés sont tels
que des " outils " comme les secteurs sauvegardés, les
opérations programmées d'amélioration de l'habitat ne
permettent pas d'inverser le processus de dégradation. La RHI est
l'ultime recours, qui combinée à d'autres " outils "
permet une approche à la fois sociale et urbaine.
Dans les DOM, la RHI est l'instrument principal d'aménagement
utilisé par les communes, car cela permet de généraliser
l'accès au logement des populations des quartiers autoconstruits
(véritables bidonvilles) avec un suivi social pour l'insertion des
habitants et des actions pour la recomposition des quartiers.
L'Etat participe au financement du déficit de ces opérations sur
la base d'un taux de 100 % pour la résorption des bidonvilles et de
70 % à 80 % pour les autres types d'habitat insalubre.
Dans le projet de loi de finances pour 1998, la part des crédits RHI
affectée à l'outre-mer est inscrite sur le budget de l'outre-mer.
En métropole, le projet de loi de finances pour 1998 prévoit
l'inscription de 48 millions de francs en autorisations de programme sur
lesquels s'imputent la subvention d'aires de stationnement pour les gens du
voyage. Par ailleurs, ceci devrait permettre d'affecter environ
30 millions de francs à de nouvelles opérations de RHI. Les
régions les plus concernées sont Provence-Alpes Côte
d'Azur, Nord-Pas-de-Calais, Rhône-Alpes et Ile-de-France.
B. LA PROGRESSION DES DOTATIONS BUDGÉTAIRES DE L'ANAH
Contrairement à l'an dernier, où malgré
la très vive opposition de l'ensemble des parlementaires, le budget de
l'ANAH avait diminué de 11 % en autorisations de programmes et de
7 % en crédits de paiement, le Gouvernement fait un effort
remarqué pour accroître le montant de la dotation
budgétaire de l'Agence.
Ainsi, dans le cadre du programme supplémentaire de
réhabilitation de 100.000 logements annoncé par le Premier
ministre dans son discours de politique générale, en juin 1997,
200 millions ont été attribués à l'ANAH par le
décret d'avance du 9 juillet 1997. Dans le projet de loi de
finances pour 1998, ces crédits sont reconduits.
Le bilan d'activité à l'ANAH fait ressortir le rôle
incitatif indéniable du mécanisme de la subvention, dans un
contexte marqué par la faiblesse de la rentabilité de
l'immobilier.
En 1996, 111.800 logements ont été subventionnés pour
un montant de travaux subventionnables évalué à
9 milliards de francs toutes taxes comprises. Le montant total des
subventions s'élève à 2,59 milliards de francs.
En ce qui concerne l'attribution des subventions, on note, depuis 1996, le
recentrage de l'ANAH sur des opérations de réhabilitation
importantes : le montant des travaux s'élève en moyenne
à 1.600 francs/m
2
de surface habitable.
La part des engagements dans les secteurs programmés, que sont les
opérations programmées d'amélioration de l'habitat (OPAH)
et les programmes sociaux thématiques (PST) est passée de
38 % en 1994 à 52 % en 1996.
Les mesures de juillet 1995 en faveur des logements vacants remis sur le
marché et conventionnés ont continué à faire sentir
leurs effets. On notera également l'effet incitatif lié à
l'accroissement du nombre d'OPAH à taux majoré de 5 % pour
les logements conventionnés, sous réserve d'une participation au
moins équivalente des collectivités locales. En 1996, ces
majorations ont bénéficié à 7.860 logements et
représentent 156 millions de francs.
Le nombre de logements subventionnés par l'ANAH et conventionnés
en application de l'article L.351-2 du code de la construction et de
l'habitation a continué à croître pour atteindre
12.200 logements en 1996, contre 11.300 en 1995 et 9.000 en 1994. Ces
logements ne représentent que 10 % des logements
subventionnés par l'ANAH mais ils ont mobilisé 1 milliard de
francs, soit 42 % des subventions totales attribuées par l'Agence.
La programmation des crédits pour 1996 a retenu des priorités
particulières à savoir la réduction de la vacance des
logements et la poursuite du plan d'urgence pour les plus démunis.
- L'ANAH a ainsi participé à la remise sur le marché,
et donc à la remise aux normes de 38.500 logements vacants en 1996,
ce qui représente plus du tiers des logements subventionnés, le
plus souvent dans le cadre d'opérations programmées par les
collectivités locales (OPAH ou PST). Cette priorité mobilise les
trois quarts des subventions de l'AHAH et le montant moyen des travaux par
logement vacant s'élève à 3.300 francs/m
2
de surface utile.
Dans le cadre du plan d'urgence, l'ANAH a mis en place, en juillet 1995, un
dispositif de majoration forfaitaire des subventions, déjà
évoqué ci-dessus.
Entre juillet 1995 et décembre 1996, 7.700 logements d'insertion
ont été financés par l'ANAH, pour l'essentiel, dans le
cadre de PST. 50 % de ces PST ont été financés dans
les communes rurales et les unités urbaines de moins de
10.000 habitants, alors qu'il y en a moins de 3 % dans
l'agglomération parisienne.
- De manière générale, et bien que l'ANAH ne
privilégie pas telle ou telle zone, on peut constater que les zones
rurales (communes de moins de 2.000 habitants) captent 31,4 % des
subventions, alors qu'elles représentent 15,2 % du parc des
logements locatifs privés construits avant 1975. Ceci s'explique
notamment par l'importance des OPAH et des PST dans les zones rurales.
C. L'AUGMENTATION DES CRÉDITS INSCRITS POUR LE FINANCEMENT DES PRIMES À L'AMÉLIORATION DE L'HABITAT
La prime à l'amélioration de l'habitat (PAH)
est une subvention réservée aux propriétaires occupants
dont les ressources ne dépassent pas 70 % des plafonds de
ressources des anciens prêts aidés à l'accession à
la propriété (PAP). Le taux de base de la subvention est de
20 % (25 % dans les opérations programmées
d'amélioration de l'habitat). Le taux est majoré à
35 % lorsque les ressources sont inférieures à 50 % des
plafonds PAP, le tout dans la limite d'une dépense subventionnable de
70.000 francs par logement (arrêté du
20 novembre 1979 modifié). Lorsque les travaux ont pour objet
l'adaptation des logements aux handicapés physiques, la subvention peut
atteindre 50 % du coût des travaux dans la limite d'une
dépense subventionnable de 40.000 francs.
En 1996, le nombre de primes accordées a été très
élevé en raison d'un abondement en cours d'exercice. Le montant
total des primes s'est élevé à 767 millions de francs
et le montant moyen à 10.578 francs par logement.
Dans le cadre du programme de réhabitation de l'habitat social
annoncé dans le discours du Premier ministre, les crédits
budgétaires de la PAH ont été augmentés
(+ 200 millions de francs). Cette mesure devrait permettre
l'amélioration de 25.000 logements supplémentaires et
réduire les files d'attente.
Dans le projet de loi de finances pour 1998, en autorisations de programmes,
sont inscrits 800 millions de francs, soit le montant prévu pour
1997 après abondement, mais les crédits de paiement diminuent
légèrement pour être fixés à
690 millions de francs.