AVIS n° 87 Tome XIV - PROJET DE LOI DE FINANCES ADOPTE PAR L'ASSEMBLEE NATIONALE - LOGEMENT
M. William CHERVY, Sénateur
Commission des Affaires économiques et du Plan - Avis n° 87 - Tome XIV - 1997/1998
Table des matières
-
PREMIÈRE PARTIE -
LE REPLI DE L'ACTIVITÉ DU BÂTIMENT EST MARQUÉ POUR 1997, AVEC DES PERSPECTIVES MEILLEURES
POUR 1998 -
DEUXIÈME PARTIE -
LE BUDGET POUR 1998 TÉMOIGNE D'UN EFFORT CONSIDÉRABLE EN FAVEUR DU LOGEMENT -
CHAPITRE IER -
UNE VOLONTÉ DE JUSTICE SOCIALE À TRAVERS LE FINANCEMENT DES AIDES À LA PERSONNE -
CHAPITRE II -
LES MESURES EN FAVEUR DU LOGEMENT DES PERSONNES DÉFAVORISÉES -
CHAPITRE III -
LE RENFORCEMENT DES MOYENS DESTINÉS AU LOGEMENT LOCATIF SOCIAL -
CHAPITRE IV -
LES ÉLÉMENTS D'INCERTITUDE DU RÉGIME DE L'ACCESSION SOCIALE À LA PROPRIÉTÉ- I. LA RÉGLEMENTATION DU PRÊT À TAUX ZÉRO
- II. BILAN D'APPLICATION DU PRÊT À TAUX ZÉRO
- III. LES INCERTITUDES QUANT AU RÉGIME ET AU FINANCEMENT DU PRÊT À TAUX ZÉRO
-
CHAPITRE V-
DES ORIENTATIONS FAVORABLES POUR LE LOGEMENT PRIVÉ- I. L'EFFORT BUDGÉTAIRE EN FAVEUR DU PARC DE LOGEMENTS PRIVÉS
- II. LES ENCOURAGEMENTS FISCAUX SUR LE LOGEMENT PRIVÉ
- III. LES INCERTITUDES QUI PÈSENT SUR LES INCITATIONS FISCALES EN FAVEUR DE L'INVESTISSEMENT IMMOBILIER PRIVÉ
- EXAMEN PAR LA COMMISSION
N° 87
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 1997-1998
Annexe au procès-verbal de la séance du 20 novembre 1997.
AVIS
PRÉSENTÉ
au nom de la commission des Affaires économiques et du Plan (1) sur le projet de loi de finances pour 1998 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE,
TOME XIV
LOGEMENT
Par M. William CHERVY,
Sénateur.
(1) Cette commission est composée de :
MM. Jean
François-Poncet,
président
; Philippe François,
Henri Revol, Jean Huchon, Fernand Tardy, Gérard César, Louis
Minetti,
vice-présidents
; Georges Berchet, William Chervy,
Jean-Paul Émin, Louis Moinard,
secrétaires
; Louis
Althapé, Alphonse Arzel, Mme Janine Bardou, MM. Michel Barnier, Bernard
Barraux, Michel Bécot, Jean Besson, Jean Bizet, Marcel Bony, Jean Boyer,
Jacques Braconnier, Gérard Braun, Dominique Braye, Michel Charzat,
Marcel-Pierre Cleach, Roland Courteau, Désiré Debavelaere,
Gérard Delfau, Fernand Demilly, Marcel Deneux, Rodolphe
Désiré, Michel Doublet, Mme Josette Durrieu, MM. Bernard
Dussaut
,
Jean-Paul Emorine, Léon Fatous, Hilaire Flandre, Aubert
Garcia, François Gerbaud, Charles Ginésy, Jean Grandon, Francis
Grignon, Georges Gruillot, Mme Anne Heinis, MM. Pierre Hérisson,
Rémi Herment, Bernard Hugo, Bernard Joly, Gérard Larcher, Edmond
Lauret, Pierre Lefebvre, Jean-François Le Grand, Kléber
Malécot, Jacques de Menou, Louis Mercier, Jean-Baptiste Motroni,
Jean-Marc Pastor, Jean Pépin, Daniel Percheron, Jean Peyrafitte, Bernard
Piras, Alain Pluchet, Jean Pourchet, Jean Puech, Jean-Pierre Raffarin, Paul
Raoult, Jean-Marie Rausch, Charles Revet, Roger Rigaudière, Roger
Rinchet, Jean-Jacques Robert, Jacques Rocca Serra, Josselin de Rohan,
Raymond Soucaret, Michel Souplet, Mme Odette Terrade, M. Henri Weber.
Voir les numéros
:
Assemblée nationale
(
11
ème législ.) :
230
,
305
à
310
et T.A.
24
.
Sénat
:
84
et
85
(annexe n°
24
)
(1997-1998).
Lois de finances. |
Mesdames, Messieurs,
Dans une interview au journal " Le moniteur ", le
27 septembre
dernier, M. Louis Besson, secrétaire d'Etat au Logement, se
félicitait de ce que " globalement le logement aurait un
très bon budget ", ce qui confirmait l'intérêt que
portait le Premier ministre au secteur. En effet, dans le discours de politique
générale de juin dernier, ce dernier avait déclaré
que le logement devait constituer une priorité.
Les premières mesures prises par le Gouvernement ont porté sur
l'actualisation et la revalorisation des aides personnelles au logement, le
financement de 50.000 Primes à l'amélioration des logements
à usage locatif et à occupation sociale (PALULOS)
supplémentaires, la dotation supplémentaire de 300 millions
de francs pour la Prime à l'Amélioration de l'Habitat et de
200 millions de francs pour l'Agence nationale pour l'amélioration
de l'habitat.
Et, dans un contexte budgétaire difficile, il convient de souligner
l'effort remarquable en faveur du logement, affiché dans le projet de
loi de finances pour 1998.
Si on s'en tient au seul " périmètre " du
secrétariat au logement, les crédits (dépenses ordinaires
et crédits de paiement) diminuent légèrement de 1,3 %
pour s'établir à 39,83 milliards de francs.
Mais, pour avoir une vision complète de l'effort budgétaire en
faveur du logement, il convient d'y ajouter le produit des comptes
d'affectation spéciale, notamment celui qui finance le prêt
à taux zéro, et surtout il faut tenir compte des dépenses
fiscales relatives au logement social, car il s'agit de substituts à des
aides à la pierre.
Sous cet angle de vue, le montant des dépenses budgétaires et
fiscales en faveur du logement s'élève à
51,3 milliards de francs, soit une augmentation d'environ 13 %, et
les priorités gouvernementales sont affichées avec force.
La première concerne les aides à la personne qui augmentent de
9,8% en raison des mesures de revalorisation décidées en juillet
dernier, et qui marquent une rupture avec l'attitude du précédent
Gouvernement. Cependant, tout en étant favorable à une
actualisation régulière des barèmes qui maintient le
pouvoir d'achat des aides, il convient de réfléchir à des
mesures de rationalisation de ces aides, afin de mettre fin à certaines
aberrations, -flagrantes dans le cas de l'allocation de logement social,
versées aux étudiants, sans tenir compte de la situation des
familles-, et en tout état de cause, de plus en plus complexes, puisque,
en traitant les ressources des ménages différemment selon leur
nature, on en vient, dans des cas extrêmes, à favoriser les
ménages vivant de revenus de remplacement, par rapport à ceux
ayant des revenus d'activité de même niveau.
La deuxième concerne le logement locatif social avec un effort
particulier pour la réhabilitation. Le Gouvernement élargit le
dispositif de la TVA à taux réduit voté l'an dernier sur
la construction de logements sociaux, aux travaux de rénovation qu'ils
soient financés sur les fonds propres des organismes HLM ou
subventionnés.
Dans le même temps, le Gouvernement utilise le surcroît de
subventions ainsi économisé pour améliorer le financement
des PLA-TS, à propos desquels il faut reconnaître que les
programmes physiques de réalisation ne correspondaient pas toujours aux
engagements affichés. L'offre de PLAT-TS sera également
diversifiée pour mieux traiter les cas sociaux les plus lourds ou pour
programmer des opérations de reconstruction-démolition.
Mais pour accompagner cet effort budgétaire en faveur de la construction
de logements sociaux, il faudrait également trouver des solutions au
problème du niveau trop élevé des taux
d'intérêt réels des crédits au logement social.
La troisième concerne le parc de logements privés dont on peut
considérer qu'il bénéficie également de l'effort
budgétaire consenti pour 1998.
- Après les majorations de dotations décidées en
juillet 1997 concernant les primes à l'amélioration de l'habitat
et pour l'Agence nationale d'amélioration de l'habitat, ces dotations
sont dans le projet de loi de finances pour 1998, maintenues au niveau
réellement atteint en 1997.
- Le mécanisme de l'amortissement accéléré
prévu jusqu'au 31 décembre 1998 n'est pas remis en
cause et il ira jusqu'à son terme, ce qui devrait favoriser la
construction de 30.000 logements par an.
- Enfin, on ne peut que se déclarer très favorable aux
préoccupations du secrétaire d'Etat au logement concernant la
définition d'un dispositif pérenne favorisant la reconnaissance
d'un véritable statut du bailleur privé, pour encourager
l'émergence d'une nouvelle génération de bailleurs, et
définir, aux côtés du secteur locatif social, un secteur
locatif privé conventionné dans lequel, en contrepartie
d'avantages fiscaux ou de garanties sur le paiement des loyers, les bailleurs
s'engageraient sur des modérations de loyers.
Au-delà de ces aspects positifs, il convient de faire état de
plusieurs inquiétudes, dont certaines avaient déjà
été exposées l'an dernier.
Tout d'abord, et de façon mécanique, la mesure contenue dans le
projet de loi de financement de la sécurité sociale
prévoyant l'augmentation du taux de la contribution sociale
généralisée sur l'ensemble des revenus, va, pour les
revenus fonciers, faire passer ce taux de 4,9 % à 10 %, ce qui
représente un prélèvement supplémentaire d'environ
huit milliards de francs. Ceci va certainement accroître les
difficultés de beaucoup de petits propriétaires privés.
En ce qui concerne l'accession sociale à la propriété
à travers le prêt à taux zéro, il faut tout d'abord
en souligner le succès, ce qui veut bien dire qu'il répond aux
aspirations profondes de nombre de nos concitoyens. Mais, a contrario, on peut
s'inquiéter de la diminution de 5,1 % des financements
prévus pour 1998, ce qui laisse à penser que toutes les demandes
de prêts ne seront pas satisfaites. De plus, cette diminution de
crédits s'inscrit en violation de la convention signée le
16 septembre 1996 avec les gestionnaires du 1 % logement,
puisque 500 millions de francs sont prélevés sur le compte
d'affectation spéciale alimenté par le prélèvement
exceptionnel sur les avoirs du 1 % logement, pour financer les aides
à la personne, alors même que la convention ne prévoyait
qu'un financement des aides à la pierre.
- Il convient d'être très réservé sur la
méthode retenue par le Gouvernement, pour remédier à cette
diminution de crédits, puisque il restreint les conditions de
distribution de ces prêts, au risque de segmenter le marché
immobilier, et qu'il alourdit les charges de remboursement en raccourcissant la
période de différé de remboursement total ou partiel, ce
qui contribue à fragiliser la situation financière des
acquéreurs les moins aisés.
- Au-delà de ces correctifs, force est de constater que rien n'est
prévu au-delà du 31 décembre 1998 pour financer le
prêt à taux zéro et le secrétaire d'Etat au logement
a même reconnu qu'il était dans une impasse.
On peut rappeler que la commission des affaires économiques, tant lors
de l'examen du projet de loi de finances pour 1997 que du projet de loi portant
création de l'Union d'économie sociale du logement s'était
montrée extrêmement réservée sur le principe du
prélèvement exceptionnel opéré sur les avoirs du
1 % logement en 1997 et en 1998.
Aujourd'hui, on ne peut que réaffirmer l'attachement de notre commission
au maintien du 1 % logement, car il est indispensable pour permettre
localement le bouclage d'opérations de constructions sociales, voire de
réhabilitations lourdes, ou aider au logement des salariés. De
plus, en 1997, l'Union d'économie sociale du logement, nouvellement
créée, a fait la preuve de son dynamisme, en mobilisant les
ressources internes des organismes collecteurs et en recourant à
l'emprunt. Conformément à l'engagement pris dans la convention du
17 septembre 1996, sa capacité totale d'investissement a
été de 14 milliards de francs pour 1997, et du
même montant pour 1998.
Mais, elle ne pourra renouveler le même exploit en 1999, si le
prélèvement exceptionnel est prolongé au-delà de
1998.
Il convient donc, dans les plus brefs délais, de réfléchir
à des financements de substitution, qui ne pourront être
uniquement budgétaires étant donné la faiblesse des marges
de manoeuvre des pouvoirs publics.
PREMIÈRE PARTIE -
LE REPLI DE
L'ACTIVITÉ DU BÂTIMENT EST MARQUÉ POUR 1997, AVEC DES
PERSPECTIVES MEILLEURES
POUR 1998
I. LA CRISE DU BÂTIMENT PERSISTE
A. UN RECUL TRÈS NET EN 1996
Selon l'étude INSEE publiée en
juillet 1997, il se confirme qu'en 1996 l'activité du
Bâtiment et des Travaux publics (BTP) a été
inférieure d'environ 2 % en volume à celle de 1995.
Depuis 1990, le nombre de logements mis en chantier n'a connu qu'une seule
année de croissance, en 1994. Le seuil des 300.000 logements avait
alors de nouveau été dépassé. Cette progression ne
s'est pas confirmée par la suite ; l'année 1996 a connu une
nouvelle baisse avec la mise en chantier de 273.000 logements
(-4,2 %).
On observe, comme en 1995, une grande différence d'évolution
selon le type de logement : alors qu'il a baissé de 13 % dans le
collectif, le nombre des mises en chantier s'est accru de 4 % dans le
logement individuel. Ce repli du logement collectif est imputable pour une
large part au secteur de la construction locative aidée, qui a
pâti d'une diminution du nombre des PLA (8.000 de moins) et n'a pu
bénéficier qu'en fin d'année des effets de la loi
Périssol, dont les décrets d'application ont été
pris en octobre 1996. Le prêt à taux zéro a
joué surtout en faveur du logement individuel.
L'investissement en logement neuf, hors acquisition de terrain, a baissé
de 1,4 %. La récession du logement collectif s'est traduite par un
repli important de l'investissement des organismes HLM, alors que celui des
ménages (les trois quarts du total) a stagné.
Les travaux de gros entretien et de réhabilitation représentent
une part de l'investissement total en BTP presque aussi élevée
que celle des logements neufs (environ 43 % de la Formation brute de
capital fixe (FBCF) totale). La réforme du financement de l'accession
sociale à la propriété (prêt à taux
zéro) pouvant s'appliquer à l'achat de logements anciens sous
condition d'une certaine quotité de travaux, l'abaissement du minimum
imposé, de 35 % à 20 % du coût total, ainsi que
la bonne tenue du marché de l'occasion au second semestre, ont
arrêté en fin d'année le recul du gros entretien
(- 1,6 % en 1996). Les autres travaux aidés ont plus nettement
régressé en raison d'une baisse des subventions de l'Agence
nationale pour l'amélioration de l'Habitat (ANAH) et des primes PALULOS.
Les mises en chantier de locaux non résidentiels ont été
plus faibles (- 1,3 %) que celles de 1995 et les autorisations de
construire ont chuté au cours du quatrième trimestre. La
construction destinée au secteur public a nettement reculé
(- 9 %), notamment dans les domaines de la santé
(- 19 %) et de la culture (- 14 %). Dans le secteur
privé, la construction de grandes surfaces commerciales
(- 8,5 %) a été limitée par le décret du
26 mars 1996 qui restreint le champ d'application de l'autorisation
d'équipement commercial.
S'agissant des bureaux, le recul persistant de la construction
(- 11 % en 1996) a fini par stabiliser le stock des surfaces
vacantes. Les transactions ont d'ailleurs augmenté pour la
quatrième année consécutive (1,6 million de m²
en 1996). Néanmoins, l'offre restait pléthorique, avec
3,8 millions de m² en fin d'année. Le marché du neuf
est resté le plus actif, avec 57 % des transactions et une baisse
des stocks.
En 1996, l'évolution de la production a peu différé de
celle des mises en chantier : 3 % de recul annuel, dont 13 % dans le
domaine public, 10 % dans le commerce et 7 % dans les bureaux. Seules
les constructions neuves à usage industriel ou agricole ont
augmenté.
Quant au gros entretien de bâtiments non résidentiels, à
l'image du logement, son recul est plus modéré que celui de la
construction neuve : - 0,6 %.
Les conséquences de la crise sont réelles en matière
d'emploi.
Environ 35.000 entreprises se sont créées dans le BTP en
1996. Ce chiffre est loin de compenser les cessations d'activité. Les
défaillances, qui en font partie, se sont toutefois stabilisées
ces trois dernières années à environ 10.500 par an, un
chiffre inférieur à ceux de 1992 et 1993. L'emploi lié
à l'activité du BTP, a baissé de 39.000 postes par an
en moyenne depuis 1990 (32.000 pour l'emploi salarié soit
- 2,5 %). Avec 45.000 postes de travail salarié perdus,
le recul de 1996 est plus important que celui des deux années
précédentes. Les derniers chiffres trimestriels confirment ces
tendances. En 1996, la branche BTP n'a employé, en moyenne, que
1,2 million de salariés, dont 80 % dans le bâtiment. Ce
chiffre ne tient pas compte du travail intérimaire qui, avec
69.00 salariés en équivalent temps plein, a employé
7.000 personnes de moins qu'en 1995.
B. UNE MOINDRE BAISSE DE L'ACTIVITÉ EN 1997
En 1997, l'activité du secteur du bâtiment
serait en baisse de 1 % environ, en volume, malgré une certaine
amélioration de la situation en 1997 dans le secteur du logement. Cela
résulterait du recul persistant de l'activité liée
à la construction de logements collectifs et de bâtiments
non-résidentiels alors qu'une progression de l'activité
liée à l'entretien-amélioration de logement et à la
construction de maisons individuelles serait enregistrée.
Sur l'ensemble de l'année, le niveau des mises en chantier devrait
s'élever à 277.000 logements, soit une progression de
3.200 unités. Une augmentation de la construction de maisons
individuelles de 7.600 unités interviendrait, sous l'effet du
faible niveau des taux d'intérêt et du prêt à taux
zéro qui rencontre un vif succès auprès des
acquéreurs de ce type de logement, alors qu'une diminution de l'ordre de
4.400 logements collectifs serait enregistrée. La construction de
logements locatifs sociaux reculerait de 9.000 unités en 1997
compte tenu des difficultés rencontrées par les organismes HLM
dans le montage des opérations, notamment dans le bouclage des plans de
financement. Quant à la mesure d'amortissement fiscal de l'achat d'un
logement neuf destiné à la location, elle n'aurait qu'un impact
faible sur les mises en chantier en 1997, d'environ 5.000 logements ;
l'accroissement des ventes lié à ce produit a pour l'essentiel
contribué à la diminution des stocks des promoteurs.
L'activité liée à l'entretien-amélioration de
logement renoue avec la croissance en 1997. Une hausse d'environ un point, en
volume, par rapport à l'année 1996 est attendue.
Dans la première partie de l'année 1997, la progression de
l'activité de ce secteur a été essentiellement due
à l'augmentation des travaux non aidés et surtout à ceux
financés par un prêt à taux zéro en 1996. Au
quatrième trimestre, l'activité sera notamment soutenue par la
décision du Gouvernement d'accroître le nombre de logements
à réhabiliter tant dans le domaine public que privé. En
effet, le programme supplémentaire de réhabilitation de
50.000 logements dans le parc social (PALULOS) et de 50.000 logements
dans le parc privé (35.000 PAH et 15.000 ANAH) devrait induire
3,8 milliards de francs hors taxes de travaux pour les entreprises du
secteur, dont un peu plus de 700 millions en 1997.
L'activité liée à la construction et à l'entretien
de bâtiments non résidentiels reculerait en 1997, pour la
sixième année consécutive. La baisse serait d'environ
3 %, à prix constant. Le repli de l'activité en construction
neuve s'amplifierait en 1997, sous l'effet conjugué des contraintes
budgétaires de l'Etat et des collectivités locales, afin de
limiter les déficits publics et de la priorité accordée
par les entrepreneurs aux investissements de productivité ou de
renouvellement. En outre, la réforme de la réglementation sur les
implantations de grandes surfaces commerciales jouera encore
négativement sur l'activité de construction.
C. LES PERSPECTIVES POUR 1998 : LE BTP ESQUISSE UN MOUVEMENT DE REPRISE
Des éléments positifs sont en place qui
pèseront favorablement sur l'activité du bâtiment, à
savoir la croissance du PIB estimée à 3 % et le maintien
à leur niveau actuel des taux d'intérêt. En revanche, la
croissance soutenue de l'investissement des entreprises n'aura qu'un faible
impact sur l'activité du secteur du bâtiment. De ce fait, la
progression de l'activité des entreprises de bâtiment ne sera que
de faible ampleur en 1998, malgré la hausse prévue, de l'ordre de
1 % à 1,5 %, du chiffre d'affaires lié à la
construction et à l'entretien de logements.
Cette prévision repose sur un maintien des financements au niveau de
1997 pour la construction locative sociale, sur une poursuite de la reprise des
ventes de logements destinés à l'investissement locatif et sur un
arrêt du destockage de la part des promoteurs immobiliers. Elle
intègre, par ailleurs, la limitation du prêt à taux
zéro aux seuls primo-accédants en 1998.
Dans ce contexte, 285.000 logements pourraient être mis en chantier
en 1998, si les promoteurs immobiliers procèdent au lancement de
nouvelles opérations afin de répondre à l'accroissement de
la demande et si les difficultés rencontrées par les organismes
HLM dans le bouclage de leurs plans de financement sont levées -ce qui
devrait être le cas avec la généralisation de la TVA
à taux réduit dans le logement social-. L'activité
liée à la construction de logements progresserait alors d'un peu
moins de 2 % en volume, l'an prochain.
L'activité liée à l'entretien-amélioration de
logement, sous l'hypothèse d'un maintien des aides publiques en faveur
de ce secteur, progresserait d'un demi-point à un point en volume, par
rapport à l'année 1997. Cette croissance résulterait
essentiellement de la forte progression de l'activité impulsée
par les aides de l'Etat qui contribueront à accroître les travaux
d'entretien de logements en 1998. En effet, le programme supplémentaire
de réhabilitation mis en place en juillet 1997 fera encore sentir
ses effets au début de l'année 1998.
A l'inverse, la décision de limiter l'octroi du prêt à taux
zéro aux seuls primo-accédants impliquera une baisse de
l'activité liée à ce financement en 1998. Toutefois, on
peut estimer que l'accroissement du pouvoir d'achat du revenu disponible des
ménages lié en partie aux transferts des dépenses maladies
sur la CSG et le bas niveau des taux d'intérêt devraient
contribuer à dynamiser le secteur.
II. DES SITUATIONS EN DEMI-TEINTE OU CONTRASTÉES EN EUROPE
En 1994 et 1995, le secteur de la construction de logements
neufs avait connu une croissance respectivement de 10,3 % et 2,7 %
pour les cinq grands pays d'Europe occidentale.
Mais en 1996, on a constaté un recul de 4,1 % sur l'ensemble des
pays, mais plus accentué pour l'Espagne.
La production du secteur de la construction est estimée à
726 millions d'écus en 1997 pour les quinze pays membres (contre
720 en 1994), soit 4,72 milliards de francs. L'activité du secteur
de la construction s'est globalement ralentie en 1996 et son cycle a du mal
à suivre la croissance du PIB depuis 1995.
NOMBRE DE LOGEMENTS COMMENCÉS
DANS LES CINQ GRANDS PAYS D'EUROPE
1994 |
1995 |
1996 |
|
France |
302.000 |
286.000 |
274.000 |
Italie |
265.000 |
247.000 |
240.000 |
Allemagne* |
573.000 |
603.000 |
590.000 |
Espagne |
270.000 |
310.000 |
284.000 |
Royaume-Uni |
186.000 |
190.000 |
180.000 |
Source Euroconstruct
* pour l'Allemagne, il s'agit des logements terminés.
Les prévisions pour 1997 et 1998 sont favorables en ce qui concerne le
secteur de la rénovation qui progresserait de + 2 % en 1997 et
1998. En revanche, la construction neuve connaîtrait un recul en 1997
avant une légère amélioration pour l'année 1998, le
recul étant cependant particulièrement net pour la construction
de logements.
DEUXIÈME PARTIE -
LE BUDGET POUR 1998
TÉMOIGNE D'UN EFFORT CONSIDÉRABLE EN FAVEUR DU LOGEMENT
A s'en tenir au seul budget du secrétariat d'Etat au
logement, on peut considérer que les crédits demandés pour
le logement dans le projet de loi de finances pour 1998 diminuent de 1,3 %
par rapport à 1997 pour être fixés à
39,8 milliards de francs.
- Les dépenses ordinaires qui représentent 83,6 % des
crédits du logement continuent d'augmenter très sensiblement en
valeur absolue et en pourcentage des emplois dans le budget logement. Elles
atteignent 33,3 milliards de francs contre 29,9 milliards de
francs en 1997 et financent quasi intégralement les aides à la
personne.
- Les dépenses en capital (crédits de paiement)
représentent 6,5 milliards de francs, soit une diminution de 37,3%
par rapport à 1997, mais comme l'an dernier, il faut prendre en
considération le compte d'affectation spéciale institué en
1997, qui pour cette année encore, va contribuer au financement de
l'accession à la propriété à hauteur de
6,89 milliards de francs.
En réalité, on ne peut s'en tenir à ce strict point de vue
pour appréhender l'ampleur de l'effort budgétaire en faveur du
logement. Si l'on tient compte de l'appui des comptes spéciaux du
Trésor, du Fonds d'aménagement pour la région
Ile-de-France (FARIF) (510 millions de francs) et surtout du fonds pour le
financement de l'accession à la propriété (FAP :
7,4 milliards de francs), les crédits sont alors en augmentation de
6,4 % à 47,7 milliards de francs. Au-delà, si l'on
tient compte des dépenses fiscales relatives au logement social,
puisqu'il s'agit de substituts à des aides à la pierre,
l'augmentation est d'environ 13 % et le budget en faveur du logement
s'élève à 51,3
milliards de francs.
L'EFFORT BUDGÉTAIRE EN FAVEUR DU LOGEMENT EN 1997 ET 1998
(millions de francs)
LFI 1997 |
PLF 1998 |
EVOLUTION |
|||
AP |
DO ou CP |
AP |
DO ou CP |
DO ou CP |
|
Aides à la personne |
|||||
Aides personnelles au logement |
29 730 |
33 155 |
+ 11,5 % |
||
Accompagnement social (FSL, ALT, FAAD) |
450 |
457
|
+ 1,5 % |
||
Total aides à la personnes |
30 180 |
33 612 |
+ 11,4 % |
||
Aides à la pierre |
|||||
Ligne fongible |
2 695 |
3 575 |
2 928 |
3 197
|
- 10,5% |
ANAH |
2 015 |
1 893 |
2 200 |
2 105 |
+ 11,2 % |
PAH |
600 |
710 |
800 |
690 |
- 2,8% |
Sous-total interventions dans l'ancien |
2 615 |
2 603 |
3 000 |
2 795 |
+ 7,4% |
Prêt à taux zéro |
7 000 |
7 000 |
6 260 |
6 640 |
- 5,1% |
FGAS |
400 |
400 |
260 |
260 |
- |
Sous-total accession à la propriété |
7 400 |
7 400 |
6 520 |
6 900 |
- 6,7 % |
Opérations les plus sociales |
348 |
179 |
350 |
349 |
+ 95% |
Divers |
168 |
100 |
64 |
124 |
+ 24 % |
Total aides à la pierre |
13 226 |
13 857 |
12 862 |
13 365 |
- 3,5% |
Autres (études, information, associations) |
35 |
94 |
29 |
98 |
+ 4 % |
Total dépenses budgétaires |
13 261 |
44 131 |
12 891 |
47 075 |
+ 6,7 % |
Mesures fiscales |
|||||
TVA à 5,5 % pour les PLA neufs |
1 300 |
2 020 |
|||
TVA à 5,5 % pour les travaux HLM sur le parc existant |
- |
2 200 |
(*) En 1998, les crédits consacrés aux FSL et
à l'ALT ne sont pas financés par un compte d'affectation
spéciale, alimenté par la taxe sur les surloyers, mais
rebudgétisés.
(**) La suppression des subventions PLA, consécutive au PLA fiscal
d'octobre 1996, produit des effets sur plusieurs années, compte tenu de
la durée d'une opération PLA.
(Source
: l'Information immobilière. Octobre 1997)
En définitive, on peut considérer que les aides à la
personne progressent de 11,4 % en 1997 et 1998 pour être
fixées à 33,6 milliards de francs, tandis que le total des
aides budgétaires et fiscales pour le logement social passe de
4,87 milliards de francs à 7,41 milliards de francs, soit une
augmentation de 52 %. En revanche, l'aide à l'accession sociale
à la propriété, à travers le prêt à
taux zéro diminue de 5,1 % pour être fixée à
6,64 millions de francs.
CHAPITRE IER -
UNE VOLONTÉ DE JUSTICE SOCIALE
À TRAVERS LE FINANCEMENT DES AIDES À LA PERSONNE
I. LA FORTE PROGRESSION DES CRÉDITS CONSACRÉS AUX AIDES À LA PERSONNE
Les crédits consacrés au financement des aides
à la personne s'élèvent dans le projet de budget pour 1998
à
32,655 milliards de francs
contre 29,730 milliards de
francs, soit une progression de 9,8 %.
La dotation budgétaire demandée pour 1998 se décompose
ainsi :
La contribution de l'Etat au fonds national de l'habitation (FNH), qui finance
l'aide personnalisée au logement, s'élève à
14,54 milliards de francs,
soit une progression de 9 %.
La contribution de l'Etat au fonds national d'aide au logement (FNAL) qui
finance l'allocation de logement à caractère social, est
fixée à
18,110 milliards de francs
, en hausse de
10,5 % par rapport à 1997.
DOTATIONS BUDGÉTAIRES POUR 1998
(en milliards de francs)
LFI 1997 |
AJUSTEMENT À L'ÉVOLUTION TENDANCIELLE |
MESURES DE RATIONALISATION ET D'ÉCONOMIE |
MOYENS NOUVEAU |
CONTRIBUTION DU CAS ACCESSION |
PLF 1998 |
|
FNH (article10) |
13.370 |
14.510 |
115 |
165 |
0 |
14.545 |
FNAL (article 30) |
16.360 |
18.645 |
385 |
335 |
500 |
18.110 |
TOTAL |
29.730 |
33.155 |
500 |
500 |
500 |
32.655 |
En ce qui concerne la contribution du compte d'affectation
spéciale n° 902-30 " Fonds pour l'accession à la
propriété " qui vient accroître de 500 millions
de francs les crédits destinés au FNAL, on peut s'étonner
de ce procédé, qui affecte la clarté et la
lisibilité des comptes du logement.
En effet, il faut rappeler que ce compte d'affectation spéciale est
alimenté par le prélèvement exceptionnel
opéré sur la participation à l'effort de construction des
employeurs, décidé par la loi de finances pour 1997.
Ce prélèvement exceptionnel prévu pour 1997 et 1998
représente en réalité la totalité de la collecte
annuelle du 1 % logement et doit servir à travers le compte
d'affectation spéciale, à financer le prêt à taux
zéro.
Il est regrettable que par voie d'un abondement -même de faible ampleur-
des fonds affectés par voie conventionnelle au financement de l'effort
de construction, changent d'affectation en contribuant au financement des aides
à la personne. Ceci n'est guère satisfaisant même si le
FNAL finance l'ALS-accession et l'APL-accession pour un total d'environ
800 millions de francs ; ces prestations ont certes un effet indirect sur
la construction, mais ce ne sont pas des aides à la pierre.
Le nombre de bénéficiaires des aides au logement au
31 décembre 1996 se décompose ainsi :
LOCATION |
ACCESSION |
TOTAL |
|
Aide personnelle au logement (APL) |
2.204 |
651 |
2.855 |
Allocation de logement social (ASL) |
2.079 |
63 |
2.142 |
Allocation logement familiale (ALF) |
893 |
259 |
1.152 |
TOTAL |
5.176 |
973 |
6.149 |
(milliers de bénéficiaires)
Source : Secrétariat d'état au logement
Ces statistiques ne font que confirmer la progression continue du nombre de
bénéficiaires des aides au logement depuis 1990.
De 1990 à 1996, les prestations d'aides personnelles versées ont
augmenté de 46 % et cette croissance s'explique essentiellement du
fait de la progression du nombre de bénéficiaires, qui est
passé de 4,5 millions à 6 millions soit une croissance
globale de 33 %.
La généralisation du droit à l'allocation de logement
sociale explique la très forte progression de cette prestation, qui
passe de 10,3 à 19,1 milliards de francs entre 1991 et 1994 pour un
nombre de bénéficiaires estimé à 1 million en
1991 et 1,9 million en 1994.
Outre le flux de construction de logements locatifs sociaux en PLA ouvrant
droit à l'APL, c'est surtout -sur la période- le ralentissement
de la croissance des revenus, l'augmentation du chômage et de la
précarisation des situations qui ont contribué à la
croissance du nombre de bénéficiaires.
Les éléments tirés de l'enquête nationale de 1997
sur l'occupation des logements d'habitation à loyer
modéré, établie par le Centre de recherches pour
l'étude et l'observation des conditions de vie (CREDOC) ne font que
confirmer la précarisation croissante des personnes logées en HLM.
Le parc HLM représentait en 1992 (derniers chiffres disponibles)
40,5 % du parc locatif loué vide soit 3,4 millions
d'unités, pour 7.56 millions d'occupants, soit 13 % de
l'ensemble de la population française.
Les familles monoparentales sont deux fois plus nombreuses dans le parc social
que dans l'ensemble de la population française (15,3 % au lieu de
6,6 %).
50 % des ménages ont des ressources inférieures à
60 % du plafond-PLA. (Le seuil de 60 % du plafond des ressources PLA
correspond au plafond de ressources pour l'attribution des logements
très sociaux (PLA-TS) destinés aux familles
défavorisées.
On constate dans le parc social, un taux de chômage élevé
puisque 22,4 % des occupants actifs sont au chômage contre
12,3 % pour l'ensemble de la population.
Sur l'ensemble de la France métropolitaine, la part de logements sociaux
en zone urbaine sensible (ZUS) s'élève à 29,1 % soit
près de 996.000 logements et le nombre de logements en zone de
redynamisation rurale (ZRR) représente 3 % de l'ensemble soit
106.000 logements. Au total, un tiers du parc social est situé dans
une zone prioritaire.
On peut également rappeler la très forte progression des
crédits destinés au financement des aides personnelles aux
étudiants.
Parallèlement au " bouclage " de l'ALS, à partir de
1991, les étudiants résidant en région parisienne ou dans
les DOM ont pu percevoir l'ALS ; puis à compter du
1er janvier 1993, tout étudiant a pu y avoir droit, dès
lors qu'il occupait un logement autonome n'appartenant pas à ses
ascendants et qu'il s'acquittait d'une charge de logement.
Pour le calcul de cette aide, un plancher de revenu forfaitaire est pris en
compte qui est de 23.500 francs annuel pour 1996, mais les aides
personnelles sont versées indépendamment du fait que les parents
bénéficient ou non d'un avantage fiscal, pour l'étudiant
percevant l'allocation logement, que ce soit par l'octroi d'une demie part
supplémentaire ou d'une pension alimentaire.
En 1996, le montant des prestations logements versées aux
étudiants au titre de l'APL ou de l'ALS s'élevait à
5,8 milliards de francs pour 655 milliers de
bénéficiaires.
COÛT DES AIDES PERSONNELLES AU LOGEMENT DES
ÉTUDIANTS
ET NOMBRE DE BÉNÉFICIAIRES DEPUIS
1993
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
|||||
Prestations (milliards) |
Bénéficiaires (milliers) |
Prestations (milliards) |
Bénéficiaires (milliers |
Prestations (milliards) |
Bénéficiaires (milliers) |
Prestations (milliards) |
Bénéficiaires (milliers) |
|
Au titre APL |
1,2 |
118 |
1,2 |
123 |
1,2 |
124 |
1,2 |
122 |
Au titre ALS |
3,3 |
409 |
4,2 |
474 |
4,4 |
513 |
4,6 |
533 |
TOTAL |
4,5 |
527 |
5,4 |
597 |
5,6 |
637 |
5,8 |
655 |
Un certain nombre de réformes avaient été
envisagées concernant, soit uniquement les aides personnelles
versées aux étudiants soit, plus généralement,
l'ensemble des aides, directes ou indirectes, qui leur sont affectées.
Le dernier projet envisagé consistait à créer une
allocation sociale d'étude (ASE) parallèlement à un
transfert des fonds budgétaires consacrés au paiement des aides
personnelles du ministère du Logement au ministère chargé
de l'Enseignement supérieur. Ce dispositif s'inscrivait dans la
perspective d'une refonte complète des aides aux étudiants, aides
directes telles que les aides au logement ou les bourses, et aides indirectes
telles que les aides fiscales attribuées aux parents des
étudiants.
A priori, pour le moment aucun projet de réforme ne semble
réellement à l'ordre du jour, ce qui est préoccupant, car
dans ces conditions le coût de ce dispositif ne va cesser de
croître sans toujours répondre à un strict critère
de justice sociale. De plus, il est à noter que l'existence de ce
dispositif a des effets pervers sur le marché immobilier : dans la
construction immobilière, l'offre de résidences étudiantes
est sans doute surdimensionnée et la fixation des loyers intègre
le montant de cette allocation.
II. LE PREMIER BILAN DE LA RÉFORME DE L'APL INTERVENUE LE 1ER AVRIL 1997
On peut rappeler que l'article 134 de la loi de
finances
pour 1997 prévoyait la disparition du barème de l'APL2,
c'est-à-dire l'instauration d'un barème unique pour l'ensemble du
parc locatif conventionné. Le Gouvernement voulait ainsi engager une
réforme d'ensemble des aides personnelles au logement fondée sur
la simplification des barèmes et une appréhension plus
équitable des ressources.
Après une concertation approfondie avec les instances
représentées au Conseil national de l'habitat, la création
du nouveau barème propre à l'APL locative a été
approuvée dans le cadre de la Conférence Famille.
Ce barème, qui calcule l'APL à partir d'un taux d'effort des
ménages, lui-même fonction de leur situation familiale, de leurs
revenus et du niveau de leur loyer, fait l'objet du décret
n° 97-289 du 28 mars 1997.
Toutefois, il n'a été mis en oeuvre qu'à partir du mois de
juillet, avec effet rétroactif au 1er avril, dans la mesure
où les organismes payeurs ont dû intégrer un système
assez complexe de compensations destinées à faciliter la
transition entre l'ancien et le nouveau barème. Pour des raisons
sociales le Gouvernement a décidé de ne pas réclamer les
indus des mois d'avril à juin compris, aux bénéficiaires
pour lesquels l'application de ce nouveau barème entraîne une
baisse de leur allocation.
Globalement, le changement de barème a été effectué
à coût constant. Cependant dans la mesure où il est
" calé " sur le taux d'effort des ménages, ceux qui ont
les taux d'efforts les plus élevés voient leur situation
s'améliorer tandis que ceux qui avaient les taux d'effort les plus
faibles ont une aide moins importante.
En résumé, il nous a été indiqué que, compte
tenu des dispositions réglementaires existantes, les ménages
modestes (isolés et couples sans enfant percevant moins de
5.000 francs par mois et familles ayant moins de 6.200 francs de
revenus mensuels) ne subissent aucune perte significative : soit leur aide
reste approximativement stable, pour 68 % d'entre eux (ils perdent ou ils
gagnent moins de 25 francs par mois), soit ils enregistrent un gain
supérieur à 25 francs, pour 32 % d'entre eux.
Cependant, afin d'évaluer l'impact de la réforme le Gouvernement
a demandé à la CNAF de comptabiliser les ménages qui vont
bénéficier des compensations ainsi que les montants
correspondants.
Il subsiste cependant selon l'ancienne formule de calcul, un barème
d'APL spécifique au secteur de l'accession à la
propriété, et deux barèmes d'APL dans les foyers
conventionnés. L'APL 2-foyers est applicable aux logements-foyers de
jeunes travailleurs conventionnés sans travaux à compter du
1er octobre 1990 ainsi qu'aux résidences sociales
conventionnées sans travaux à compter du
1er janvier 1995. L'APL 1-foyers est applicable aux autres
logements-foyers conventionnés.
L'APL attribuée aux accédants à la propriété
ou aux propriétaires occupants effectuant des travaux est
calculée de telle sorte que les bénéficiaires
concernés doivent supporter un taux d'effort d'au moins 24 %
calculé par rapport aux ressources prises en compte pour le calcul de
leur aide.
Pour être tout à fait exhaustif, il convient de rappeler que
quelques différences subsistent entre les deux types d'aides
personnelles au logement : APL et AL. Cependant, lors des revalorisations de
barème successives, des rapprochements ont été
opérés en ce qui concerne le niveau des loyers-plafonds, les
conditions d'attribution et la définition de la base ressources retenues
pour le calcul du montant des aides.
III. LA REVALORISATION DES BARÈMES AU 1ER JUILLET 1997
Le Gouvernement a décidé d'actualiser à
compter du 1er juillet 1997 le barème des aides personnelles
au logement, ce qui représente
2,9 milliards de francs
supplémentaires en année pleine
. Ce montant permet à
la fois de revaloriser les paramètres de calcul conformément aux
dispositions de l'article L. 351-3 du code de la construction et de
l'habitation concernant l'APL et d'augmenter, d'une part, les loyers plafonds
d'un taux supérieur à l'évolution de l'indice du
coût de la construction (1,8 %) -qui est normalement l'indice de
référence retenu pour ce paramètre- et, d'autre part, le
forfait de charges d'un montant supérieur à celui de l'indice des
prix à la consommation hors tabac (1,9 %).
Les paramètres de calcul des aides personnelles ont été
actualisés dans les conditions suivantes :
- les paramètres homogènes à des ressources ont
été réévalués en fonction de la valeur
moyenne de l'indice des prix à la consommation hors tabac pour 1996,
soit de 1,9 % ;
- les loyers plafonds ont été réévalués
de la manière suivante :
. les loyers plafonds des " petits ménages " (isolés
et couples sans personne à charge) ont été
actualisés de 3,5 % en AL et en APL ;
. les loyers plafonds des familles ont été actualisés de
2 % en APL et de 3,5 % en ALF sauf en zone I où ils ont
été actualisés en ALF de 5 % pour les ménages
avec une ou deux personnes à charge et de 10 % pour les
ménages qui ont plus de trois personnes à charge ;
- le forfait de charges a été actualisé de 2,5 %.
Cette revalorisation des barèmes se traduit par des gains d'aide
importants pour les " petits ménages " ainsi que pour les
familles dans le parc non conventionné c'est-à-dire ceux dont le
taux d'effort est le plus élevé.
Par ailleurs, les étudiants dont le loyer dépasse le loyer
plafond (70 % des cas) voient leur ALS augmenter de 2 à 2,5 %,
soit un montant légèrement supérieur à la hausse
des prix.
Les conséquences financières de cette actualisation
doublée d'une revalorisation ont été prises en compte dans
le projet de loi de finances pour 1998, et une provision de 500 millions
de francs a été inscrite en prévision d'une actualisation
du barème au 1er juillet 1998.
Cette augmentation de 2,92 milliards de francs de la contribution de
l'Etat aux aides à la personne se décompose donc ainsi :
Ajustement dû à la
croissance des prestations
(à barème d'aide inchangé : croissance du nombre de
bénéficiaires, évolution des revenus et de la
dépense logement)
|
+ 2.175
|
Solde |
+ 2.925 |
(millions de francs)
CHAPITRE II -
LES MESURES EN FAVEUR DU LOGEMENT DES
PERSONNES DÉFAVORISÉES
L'effort de solidarité en faveur du logement des
personnes modestes se traduit très concrètement dans le projet de
loi de finances pour 1998, par la rebudgétisation des dépenses
afférentes aux fonds de solidarité pour le logement (FSL) et aux
aides au logement temporaire (ALT) destinées aux associations assurant
ce type de logement à des personnes défavorisées.
Dans le projet de loi de finances pour 1997, il était créé
un compte d'affectation spéciale, intitulé " fonds pour le
logement des personnes en difficulté " pour financer la
participation de l'Etat aux FSL et à l'ALT. Les recettes de ce fonds
devaient provenir exclusivement du prélèvement par l'Etat sur le
supplément de loyer de solidarité et 450 millions de francs
étaient inscrits pour 1997 soit un doublement des crédits par
rapport à 1996.
Votre rapporteur s'était, à titre personnel, montré
très réservé sur ce dispositif, considérant qu'on
ne pouvait pas faire porter un effort de solidarité nationale envers les
plus démunis sur les seules familles logées en HLM ayant des
ressources supérieures à un certain plafond.
De plus, compte tenu des prévisions, il était plus que probable
que le produit de la taxe ne couvrirait pas le montant des dépenses
inscrit la loi de finances et aucun engagement n'avait été pris
sur la compensation de cette moins-recette.
La réalité ne nous a pas démenti puisque, sans disposer de
statistiques définitives, il s'avère que seulement 50 % des
recettes prévues ont été versées sur le fonds pour
le logement des personnes en difficulté, et qu'un complément
budgétaire a dû intervenir en cours d'année.
Votre rapporteur se félicite donc de la décision de
rebudgétisation inscrite dans le projet de loi de finances pour 1998 :
il s'agit de l'exercice d'une véritable solidarité nationale
envers les plus démunis et on peut espérer ainsi, que les sommes
inscrites en loi de finances initiale seront effectivement disponibles.
De plus, il est indispensable que les actions en faveur du logement des plus
démunis soient déconnectées du produit de la taxe sur les
surloyers, étant donné les incertitudes qui pèsent sur
cette dernière.
Il importe tout d'abord de faire un bilan exhaustif de la mise en oeuvre de
cette taxe, avant de se prononcer sur son maintien. Sans aller jusqu'à
la suppression, on pourrait explorer les pistes énoncées par le
Secrétaire d'Etat au Logement, relatives à l'instauration d'un
mécanisme de solidarité entre organismes HLM sur la base d'une
contribution acquittée par les organismes HLM " bien
placés ", hébergeant des populations
bénéficiant de revenus stables, qui pourrait être
reversée aux organismes hébergeant les populations les plus
fragiles et qui seraient situés dans des zones urbaines difficiles.
Dans le projet de budget pour 1998 :
- 340 millions de francs sont inscrits pour financer la participation
de l'Etat au FSL ;
- 110 millions de francs sont inscrits pour financer la contribution
de l'Etat à l'ALT ;
- 6,5 millions sont inscrits pour financer la participation au fonds
d'aide aux accédants en difficulté (FAAD), créés
à l'intitiative des départements.
I. BILAN DE FONCTIONNEMENT DES FONDS DE SOLIDARITÉ LOGEMENT
Les ressources des FSL
(millions de francs)
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 (estimation) |
||
1. Dotations obligatoires |
||||||
Crédits Etat
|
171
|
177,2
|
208
|
330
|
250
|
|
S/total 1 |
358 |
359,8 |
418 |
658,3 |
524,4 |
|
2. Dotations volontaires |
||||||
CAF |
Nbre départements
|
62 33,3 |
73 36,2 |
74 59,1 |
81 49,6 |
85 54,1 |
Communes - groupements communes |
Nbre départements
|
69 23,9 |
74 25,8 |
72 30,6 |
74 37,2 |
75 37,6 |
Organismes HLM et SEM |
Nbre départements
|
60 28,9 |
72 25,4 |
78 37,6 |
73 34,7 |
79 40,3 |
S/total 2* |
Nbre départements
|
89 92,9 |
96 93,6 |
96 138,3 |
97 144,8 |
99 160,3 |
S/total 3 - Recettes internes |
571 |
705,6 |
831,7 |
844 |
961,3 |
|
TOTAL |
1.021 |
1.159 |
1.398 |
1.647 |
1.646 |
* ne sont pas comptées dans ce total, les dotations
volontaires versées à l'année N au titre de l'année
N-1
Les recettes des FSL sont composées :
- d'une part, des dotations obligatoires, provenant de l'Etat et du
Conseil général, ce dernier devant verser au moins autant que
l'Etat.
Il est à noter que 1995, année du plan gouvernemental d'urgence,
était une année exceptionnelle en matière de dotations de
l'Etat et des Conseils généraux : l'Etat en loi de finances
rectificative a ajouté 110 millions de francs aux 220 millions
de francs inscrits en loi de finances initiale ;
- d'autre part, des dotations volontaires versées par les caisses
d'allocations familiales, les communes et les organismes HLM.
Le mode de participation des communes est varié : absence totale de
financements communaux, participation de seulement certaines communes ou de
l'ensemble des communes.
Parmi les autres financeurs dont la participation est moins importante, il y a
les collecteurs du 1 % et les Caisses de Mutualité sociale
agricole. Les CMSA ont participé financièrement dans
40 départements en 1995 ;
- et enfin, de leurs ressources internes, qui résultent des reports
de l'année antérieure, des reports des anciens fonds d'aides
(FAIL et FARG) auxquels les FSL se sont substitués, des remboursements
de prêts et des retours de dépôts et des produits financiers.
Les dépenses des FSL
En 1996, les dépenses des FSL se sont élevées à
1.174 millions de francs contre 965 millions de francs en 1995. Les
dépenses 1996 se répartissent en 108,4 millions de francs de
frais de fonctionnement contre 80 millions de francs en 1995 et
1.062 millions de francs d'aides financières aux
ménages
pour le maintien et l'accès, de dépenses
d'accompagnement social lié au logement (ASLL) et de subventions aux
associations contre 880 millions de francs en 1995. Entre 1995 et 1996, on
constate une augmentation de 20 % (contre 15 % de 1994 à 1995)
du montant global des aides accordées par les FSL.
Les aides accordées en 1996 se décomposent en :
- 360,9 millions de francs d'aides au maintien pour le paiement des
impayés de loyer soit 34,0 % des aides ;
- 381,5 millions de francs d'aides à l'accès pour le
paiement des dépôts à l'entrée dans les lieux et les
frais d'installation soit 35,9 % des aides ;
- 31,8 millions de francs de mises en jeu de garanties
consécutives à des impayés de ménages garantis soit
3,0 % des aides ;
- 236,4 millions de francs d'ASLL soit 22,3 % des aides ;
- 12,1 millions de francs de gestion locative, soit 1,1 % des
aides.
En outre, dans 37 départements, 39,3 millions de francs ont
été consacrés à l'hébergement et à
l'urgence, via le financement d'associations (contre 20,1 millions de
francs en 1994 dans 23 départements). Cela correspond notamment au
soutien des associations bénéficiant par ailleurs de l'aide au
logement temporaire (ALT).
Les mises en jeu de garantie augmentent fortement, tout en restant peu
élevées. Les aides à l'accès devancent
désormais les aides aux impayés. Les aides au maintien et les
garanties concernent surtout le parc public. Par contre, les aides à
l'accès sont tournées vers le parc privé.
De façon générale la tendance à la progression des
subventions se confirme depuis 1992.
Le montant moyen des aides au maintien dans les lieux s'accroît
(6.539 francs en 1995) et il est plus élevé dans le parc
public.
Le montant moyen d'une aide à l'accès (dépôt
d'entrée, frais d'installation) est de 3.078 francs en 1995 et il
est nettement inférieur dans le parc public par rapport au parc
privé, du fait notamment du dépôt de garantie
représentant deux mois de loyer pour le parc privé.
La garantie d'impayé couvre en moyenne dix mois d'impayés sur une
période de vingt mois.
Le nombre de ménages aidés s'élevait en 1995 à
167.800 contre 80.500 en 1992. Parmi eux, le nombre de ménages
aidés pour le maintien se stabilise, alors que le nombre de
ménages aidés pour l'accès progresse très fortement
(+ 242 % entre 1992 et 1995).
RÉCAPITULATIF DES DÉPENSES DES FSL
(en
millions de francs)
Années |
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996
|
Aides au maintien |
259,5 |
296,5 |
337,7 |
336,8 |
360,9 |
Aides à l'accès |
113,1 |
196,0 |
247,0 |
321,2 |
381,5 |
Paiement de garanties |
5,4 |
9,6 |
17,4 |
22,4 |
31,8 |
ASLL (1) |
81,5 |
124,2 |
148,0 |
171,0 |
236,4 |
Gestion locative |
8,4 |
12,1 |
|||
Subventions aux associations |
7,0 |
15,9 |
20,1 |
39,3 |
|
Fonctionnement |
37,3 |
55,0 |
72,2 |
80,2 |
108,4 |
Dépenses totales
|
505,0
|
709,2
|
846,1
|
965,6
|
1 174,7
|
NB : Les chiffres figurant dans ce tableau sont les
décaissements de trésorerie.
(1) accompagnement social lié au logement
(2) total des dépenses des FSL non compris les frais de fonctionnement
et les dépenses diverses
(Source : Secrétariat d'Etat au logement)
II. BILAN DE FONCTIONNEMENT DE L'AIDE AU LOGEMENT TEMPORAIRE (ALT)
Entre 1994 et 1996, le nombre d'associations
conventionnées logeant à titre temporaire des personnes
défavorisées a été multiplié par deux (1.231
en 1996 contre 628 en 1994) et elles sont présentes dans
96 départements.
En 1995, on constate une forte montée en charge de l'ALT et
l'augmentation des engagements est de 113,3 % par rapport à 1994.
En 1996, la hausse des engagements est de 32 % par rapport à 1995.
Cela s'explique notamment par la mise en oeuvre du plan d'urgence, les
logements temporaires et d'urgence étant destinés majoritairement
à être conventionnés à l'ALT.
La progression des engagements est estimée à 26,6 % entre
1996 et 1997.
ENGAGEMENT ET CONSOMMATIONS DES CRÉDITS
ALT
(millions de francs)
1994 |
1995 |
1996 |
|
Engagements |
79,1 |
168,9 |
223 |
Consommation |
59,62 |
128,9 |
189,13 |
% consommés/engagés |
75,3 |
76,3 |
84,8 |
Frais gestion |
1,19 |
2,57 |
3,78 |
Total consommé |
60,81 |
131,55 |
192,91 |
(Source : Secrétariat d'Etat au Logement)
Le bilan qualitatif de l'ALT, prévu par la circulaire du
19 mars 1993, est mené par les CAF de septembre à
septembre, sur la base des données fournies par les associations.
NOMBRE DE LOGEMENTS ET PLACES MOBILISÉS
(en
logements-mois ou chambres-mois)
octobre 1993-septembre 1994 |
octobre 1994 - septembre 1995 |
octobre 1995 - septembre 1996 |
|
Nombre de chambres-mois |
22.890 |
45.924 |
63.323 |
Nombre de logements-mois |
8.151 |
24.087 |
41.353 |
(Source : Secrétariat d'Etat au Logement)
Les personnes accueillies sont majoritairement des isolés (85,1 %
des ménages), mais on dénombre aussi des familles monoparentales
(7,7 %), des couples sans enfant (4,1 %) et des couples avec enfants
(2,9 %).
61,2 % des personnes accueillies sont des hommes, 23,0 % des femmes
et 15,7 % des enfants.
80 % des personnes hébergées ont moins de 40 ans.
La durée des séjours est en général courte,
inférieure à un mois dans 64 % des cas. Elle toutefois
supérieure à six mois dans 7 % des cas en 1995.
CHAPITRE III -
LE RENFORCEMENT DES MOYENS
DESTINÉS AU LOGEMENT LOCATIF SOCIAL
I. LA RÉFORME DU FINANCEMENT DES LOGEMENTS LOCATIFS SOCIAUX
A. RAPPEL DES RÉFORMES ARRÊTÉES EN 1996
Le financement des logements locatifs sociaux a fait l'objet
en 1996 de réformes successives qui ont conduit à la mise en
place de deux régimes selon qu'il s'agit d'opérations
d'acquisition-amélioration ou de construction neuve.
En ce qui concerne les opérations d'acquisition-amélioration
pour lesquelles la subvention de l'Etat est maintenue, le calcul de l'assiette
est effectué en fonction de la surface utile de l'opération, qui
a remplacé le plafonnement à 90 % du prix de
référence de l'opération.
Pour les opérations de construction neuve, la subvention de l'Etat a
été remplacée à compter du
1er octobre 1996 par l'application d'un taux de TVA à
5,5 % appliqué au prix de revient des opérations.
Le bénéfice du taux réduit de TVA suppose une
décision favorable d'agrément prise par le préfet, la
signature d'une convention ouvrant droit à l'aide personnalisée
au logement et le financement par un prêt délivré par la
Caisse des Dépôts et Consignations.
En outre, le financement de la construction de logements très sociaux
ou à caractère expérimental bénéficie dans
les mêmes conditions de l'application du taux de TVA à 5,5 %
mais également d'une subvention, qui fait l'objet d'une décision
distincte de l'agrément prise également par le préfet. Le
taux de la subvention est au plus égal à 8 % pour les
opérations d'habitat adapté aux populations rencontrant des
difficultés particulières ; à titre exceptionnel, le
préfet peut, par dérogation, porter ce taux à 13 %.
On peut rappeler que le plafond de ressources des locataires de ce type de
logement est limité à 60 % de celui du PLA-neuf à
l'entrée dans les lieux et que le montant du loyer est limité
à 80 % du loyer maximum PLA sauf dérogation
préfectorale.
B. LE CONTENU DE LA RÉFORME POUR 1998
Deux modifications importantes sont apportées
concernant d'une part les PLA et PLA-TS acquisition-amélioration dans
l'ancien, d'autre part le régime des PLA-TS en général.
A compter du 1er janvier 1998, le taux réduit de TVA
(5,5 %) est étendu aux travaux de réhabilitation,
transformation et rénovation des logements locatifs sociaux.
Cette mesure est notamment applicable aux opérations de production de
logements locatifs sociaux dans l'ancien (PLA acquisition-amélioration).
En contre partie le taux des subventions versées par l'Etat est
diminué pour être fixé ainsi :
- pour le PLA-acquisition amélioration, la subvention est de
5 % sur l'assiette de la surface utile ;
- pour le PLA-TS acquisition-amélioration, la subvention est de
13 % pouvant être portée à 18 % ;
- pour la PALULOS, la subvention est de 10 % du montant
plafonné des travaux (soit 85.000 francs TTC avec une TVA à
5,5 %).
Comme pour la réforme intervenue dans la construction de logements
sociaux en 1996, le bénéfice du taux réduit de TVA
implique une décision favorable d'agrément et un conventionnement
à l'APL. Les travaux d'entretien ne bénéficient pas de ce
taux de TVA réduit, mais en revanche les travaux d'amélioration
financés sur fonds propres par les organismes sociaux peuvent en
bénéficier.
Ces opérations de rénovation sur fonds propres voient leur
coût allégé de 12 %, ce qui représente une aide
de l'ordre de 1,3 milliard de francs. En contrepartie les organismes HLM
devraient s'engager par voie de convention, sur des programmes
d'activité et d'emploi.
L'extension de ce régime de TVA à taux réduit aux travaux
de réhabilitation, tout en maintenant le niveau des crédits
budgétaires correspondants permet au Gouvernement d'effectuer un
redéploiement des subventions budgétaires en faveur d'un
renforcement du volume des programmes physiques de PLA-TS jugés
prioritaires.
On ne peut que se féliciter de cette harmonisation du taux de TVA sur
l'ensemble des travaux (hors entretien courant) menés dans le secteur
locatif social. En supprimant les effets pervers dus aux distorsions de taux de
TVA, ceci devrait permettre aux bailleurs sociaux de programmer de façon
cohérente et rationnelle leurs programmes de travaux, sans être
tentés d'attendre une opération de réhabilitation lourde
par simple calcul fiscal.
En seconde délibération, l'Assemblée nationale a
majoré le montant des aides au secteur locatif social de
7,9 millions de francs dont 1,4 million pour la résorption de
l'habitat insalubre.
II. LE RENFORCEMENT DU DISPOSITIF BUDGÉTAIRE POUR LE LOGEMENT TRÈS SOCIAL
Dans le cadre de la ligne fongible les moyens
consacrés au PLA très social sont portés à
1,6 milliard de francs soit un quasi doublement par rapport à 1996
(858 millions de francs).
Ces moyens supplémentaires devraient permettre de réaliser
effectivement le programme de logements très sociaux annoncés
dans les projets de loi de finances, ce qui n'était malheureusement pas
le cas les années précédentes.
De manière générale, on peut en effet déplorer que
la réalisation des programmes physiques de logements sociaux ne suive
pas au plus près les chiffres annoncés en loi de finances. Le
décrochage a été particulièrement net, comme le
montre le tableau ci-dessous, en ce qui concerne les PLA-TS.
PROGRAMME PHYSIQUE DES LOGEMENTS FINANCÉS
1994 |
1995 |
1996 |
||||
Prévision |
Réalisation |
Prévision |
Réalisation |
Prévision |
Réalisation |
|
PLA-CDC |
70.000 |
69.000 |
55.000 |
45.000 |
50.000 |
44.000 |
PLA-TS |
10.000 |
10.000 |
20.000 |
16.000 |
20.000 |
11.500 |
PLA-CFF/PLS |
10.000 |
11.000 |
10.000 |
6.000 |
10.000 |
5.000 |
TOTAL |
90.000 |
90.000 |
85.000 |
68.000 |
80.000 |
60.000 |
(Source : Union nationale HLM)
En 1997, la prévision de logements bénéficiant d'un PLA-TS
est estimée à 30.000, mais le bilan à mi-parcours semble
indiquer que seulement 15.000 seront réalisés.
Les moyens nouveaux dégagés grâce à l'instauration
du taux réduit de TVA serviront à réaliser effectivement
le programme de 30.000 logements très sociaux, affiché dans
le projet de loi de finances pour 1998.
Ces logements très sociaux, dont les loyers sont plafonnés
à 80 % de celui des PLA ordinaires, et qui sont
réservés à des ménages ayant des revenus
inférieurs à 60 % des plafonds de ressources,
bénéficieront :
- de la TVA à 5,5 % (sauf sur l'acquisition de l'immeuble dans
le cas d'acquisition-amélioration) ;
- d'un prêt privilégié de la Caisse des
Dépôts au taux de 4,3 % ;
- d'une subvention de 8 % en construction neuve et 13 % en
acquisition-amélioration.
Afin de répondre aux besoins des ménages qui n'ont pas seulement
un problème de ressources mais rencontrent également des
difficultés d'insertion, un programme spécifique de
10.000 PLA-TS parmi les 30.000 pourra bénéficier d'une
subvention majorée dont le taux sera porté à 20 %.
III. UN PROGRAMME DE DÉMOLITION-RECONSTRUCTION
Le Gouvernement entend également développer des
actions nouvelles pour la réhabilitation des quartiers très
dégradés, en proposant des PLA
" démolition-reconstruction " qui pourraient faire l'objet
de
formules de cofinancement avec les collectivités territoriales.
Ce programme porterait sur 5.000 PLA bénéficiant de la TVA
à taux réduit et subventionnés à hauteur de
50.000 francs.
Cette majoration de la subvention devrait permettre d'obtenir des loyers de
sortie d'un montant comparable à ceux des logements détruits.
CHAPITRE IV -
LES ÉLÉMENTS
D'INCERTITUDE DU RÉGIME DE L'ACCESSION SOCIALE À LA
PROPRIÉTÉ
La nouvelle réglementation du prêt à taux
zéro mise en place en octobre 1995 s'est substituée aux
prêts aidés à l'accession à la
propriété (PAP) et aux mesures fiscales qui y étaient
attachées.
L'arrêté du 2 octobre 1995 relatif aux conditions d'octroi de
l'avance aidée par l'Etat a été modifiée par
l'arrêté du 24 octobre 1996 pour limiter les
durées maximales de la période 1, c'est-à-dire de la
période de différé partiel ou total de remboursement du
prêt à taux zéro. Cette durée varie désormais
de 8 à 17 ans selon les tranches de revenus.
Après avoir rappelé la réglementation du prêt
à taux zéro et présenté le bilan de l'année
1996 qui témoigne du succès du dispositif, il conviendra
d'analyser les éléments d'incertitude qui pèsent sur
l'avenir du prêt à taux zéro.
I. LA RÉGLEMENTATION DU PRÊT À TAUX ZÉRO
A. LE CADRE RÉGLEMENTAIRE
Le prêt à taux zéro peut financer des
opérations :
- de construction ou d'acquisition d'un logement neuf, incluant l'achat du
terrain, d'un logement neuf construit mais jamais habité,
l'aménagement en logement de locaux professionnels ou non
destinés à l'habitation ;
- d'acquisition-amélioration d'un logement existant, à
condition que le logement ait plus de vingt ans et que le montant des
travaux soit au moins égal à 35 % du coût total de
l'opération (achat + travaux).
Pour les offres de prêt émises entre le 1er janvier et le
31 décembre 1996, le montant des travaux exigé avait
été abaissé à 20 %.
Le prêt à taux zéro est accordé, sous condition de
ressources, aux personnes physiques qui acquièrent un logement en vue de
l'occuper en tant que résidence principale.
Les plafonds de ressources varient en fonction du nombre de personnes composant
le ménage accédant à la propriété et de la
zone d'implantation du logement.
PLAFOND DE RESSOURCES ANNUELLES (R.317-3 DU CCH)
(ANNÉE N-2)
Nombre de personnes du ménage |
|||||
1 |
2 |
3 |
4 |
5 et plus |
|
Ile-de-France |
145 000 F |
186 400 F |
207 100 F |
227 800 F |
248 500 F |
Province |
124 300 F |
165 700 F |
186 400 F |
207 100 F |
227 800 F |
Le montant du prêt ne peut excéder un double
plafond :
- 20 % du coût de l'opération pris en compte dans la limite
d'un prix maximal fixé en fonction du nombre de personnes composant le
ménage et de la localisation géographique du logement.
MONTANTS MAXIMUM AU PRÊT À TAUX ZÉRO
Nombre de personnes par ménage |
Ile-de-France |
Province |
||
Montant maximum opération |
Plafond Prêt 0 % |
Montant Maximum
|
Plafond
|
|
1 |
500 000 |
100 000 |
350 000 |
70 000 |
2 |
700 000 |
140 000 |
500 000 |
100 000 |
3 |
750 000 |
150 000 |
550 000 |
110 000 |
4 |
800 000 |
160 000 |
600 000 |
120 000 |
5 |
850 000 |
170 000 |
650 000 |
130 000 |
6 et plus |
900 000 |
180 000 |
700 000 |
140 000 |
- 50% du ou des autres prêts d'une durée
supérieure à deux ans, concourant au financement de
l'opération.
Les modalités de remboursement du prêt à 0 %
dépendent du revenu imposable du ménage, apprécié
comme en matière de plafonds de ressources. Cette forme de modulation
des conditions de remboursement de l'aide publique permet d'ajuster les charges
de remboursement aux capacités financières des ménages.
La réglementation définit les conditions de remboursement en se
référent à deux périodes qui utilisent la technique
du différé d'amortissement. Ce différé peut
être partiel ou total pendant la période 1, permettant ainsi
aux emprunteurs les plus modestes de ne commencer à rembourser le
prêt à taux zéro qu'après avoir remboursé
largement, voire en totalité, le prêt ou les prêts
complémentaires finançant l'opération. Comme il a
été indiqué plus haut la période 1 peut varier de 8
à 17 ans selon les revenus de l'emprunteur.
Le prêt à taux zéro est distribué par les
établissements de crédit habilités par convention avec
l'Etat et ce dernier leur verse une subvention destinée à
compenser l'absence d'intérêt.
Par convention du 5 décembre 1995, l'Etat a donné mandat
à la Société de Gestion du Fonds de Garantie de
l'Accession sociale à la propriété (SGFGAS),
déjà chargée depuis 1993, de la gestion de la garantie des
prêts PAS, de recueillir les déclarations de prêts à
taux zéro faites par les banques, de gérer l'octroi de la
subvention, d'en effectuer le versement aux banques et de diligenter les
contrôles auprès d'elles.
Le prêt à taux zéro ne pouvant jamais être un
prêt principal doit donc être associé à un ou
plusieurs autres prêts dont le prêt à l'accession sociale
(PAS) qui bénéficie automatiquement de la garantie du FGAS.
B. LE FINANCEMENT BUDGÉTAIRE DU PRET À TAUX ZÉRO
Deux sources de financement ont été
utilisées complémentairement puis sucessivement, pour alimenter
le dispositif du prêt à taux zéro : le budget logement et
un compte d'affectation spéciale " Fonds pour l'accession à
la propriété ". Les recettes du Fonds pour l'accession
à la propriété sont constituées d'une contribution
des entreprises assujetties au 1% logement.
En 1996, 7.800 millions de francs ont été ouverts en loi de
finances initiale pour financer le prêt à taux zéro dont
6.900 millions de francs sur le budget logement (5.800 millions de
francs pour annulations de crédits) et 900 millions de francs sur
le compte d'affectation spéciale " Fonds pour l'accession à
la propriété ".
En 1997, 7.000 millions de francs ont été prévus en
loi de finances initiale sur un nouveau compte d'affectation spéciale
alimenté par le 1 % logement et seul financeur du prêt
à taux zéro. 7.000 millions de francs en autorisations de
programme dont 3.500 millions de francs ont été
utilisés en crédits de paiement pour les versements 1997.
Le montant moyen du prêt à taux zéro en 1996 est de
98.000 francs. Sur l'ensemble de l'année, la subvention moyenne par
prêt, représentant le coût budgétaire unitaire, est
de 66.000 francs. Le montant de la subvention unitaire a toutefois
régulièrement décru tout au long de l'année
parallèlement à la baisse des taux d'intérêt. Elle
est en moyenne de 68.000 francs pour la tranche 1 relative aux
ménages les plus modestes, et de 30.000 francs pour la
dernière tranche du barème. Elle varie pour les opérations
dans le neuf entre 66.000 francs et 69.000 francs ; elle est de
53.600 francs pour les opérations dans l'ancien avec plus de
35 % de travaux.
II. BILAN D'APPLICATION DU PRÊT À TAUX ZÉRO
Avec 145.000 offres de prêts enregistrées
entre le 1er janvier et le 31 décembre 1996, le
succès du prêt à taux zéro dépasse largement
les précisions qui tablaient sur 120.000 prêts par an. Selon les
données provisoires disponibles fin août 1997, 50.500 offres
de prêt avaient été enregistrées sur les deux
premiers trimestres 1997.
Le bilan publié par la Société de Gestion des fonds de
garantie de l'accession sociale (SGFAS) permet d'avoir une photographie exacte
du profil des emprunteurs et du type d'opérations financées par
le prêt à taux zéro.
- 78% des acquéreurs ont un revenu mensuel au plus égal
à 15.000 francs nets, 21 % un revenu compris entre 15.000 et
22.000 francs, et seuls 1 % ont un revenu supérieur à
22.000 francs. La proportion des emprunteurs avec des revenus
inférieurs à deux SMIC s'élève à 28% (sur la
base d'un SMIC à 5.000 francs net).
Les ménages composés de trois ou quatre personnes
représentent près de 55% des acquéreurs. 60 % des
emprunteurs ont moins de 35 ans.
Les catégories socioprofessionnelles les plus représentées
sont les ouvriers (32,8 % du total), les employés (26,4 %) et
les professions intermédiaires (20,6%). Dans 69 % des cas, les
emprunteurs sont des salariés du secteur privé contre 19 %
de salariés du secteur public et 10% de non salariés, ce qui est
assez proche de la répartition de la population active.
- L'habitat individuel représente 88% des opérations
financées avec un prêt à taux zéro (58 % en
Ile-de-France et 91 % en province), le collectif 12 % (42% en
Ile-de-France et 9% en province) : 66 % des opérations concernent
l'achat de logements neufs et 34 % des opérations
d'acquisition-améliroation. L'opération type est la construction
d'une maison individuelle en province de 4/5 pièces d'une surface de
108 m
2
d'un coût compris en moyenne entre 614.000
(construction d'une maison individuelle, hors terrain) et 661.000 francs
(avec terrain).
En collectif, le logement type est un trois pièces de
74 m
2
, d'un coût moyen de 710.000 francs.
- Le financement type d'une opération avec un prêt à taux
zéro comprend un apport personnel représentant 19 % du
total, un prêt principal 50%, un prêt à taux zéro
17%, et 14 % pour les autres prêts complémentaires.
Il faut néanmoins déplorer que le projet de sécurisation
des accédants n'ait pas pu être réalisé, les fonds
du " 1 % logement " prévus pour le financer ayant, en
cours d'année, été affectés au financement du
prêt à taux zéro pour les années 1997 et 1998.
Interrogé sur ce sujet, le ministre a déclaré
étudier ce qui se faisait sur le sujet, notamment par les
sociétés de crédit immobilier. Il a relevé
qu'à la différence des anciens prêts PAP, il n'était
pas possible de racheter " un logement financé sur un prêt
à taux zéro " à l'aide de crédits PLA, et que
ceci pourrait constituer une piste de réflexion.
On peut, à ce propos, évoquer les expérimentations
menées par plusieurs organismes HLM : ceux-ci, par voie de
contractualisation, s'engagent à racheter le logement d'un
accédant en difficulté et à reloger celui-ci dans le parc
locatif social.
III. LES INCERTITUDES QUANT AU RÉGIME ET AU FINANCEMENT DU PRÊT À TAUX ZÉRO
Les menaces qui pèsent sur l'avenir du prêt à taux zéro sont très directement liées au succès du dispositif et à l'absence d'un financement suffisant et pérenne pour répondre à ce succès.
A. LA DIMINUTION DES CRÉDITS BUDGÉTAIRES PRÉVUS POUR LE FINANCEMENT DU PRÊT À TAUX ZÉRO
Pour 1998, les dotations inscrites au sein du CAS
n° 902-30, pour le financement du prêt à taux
zéro, s'élèvent à 6,26 milliards en
autorisations de programme et 6, 52 milliards de francs en crédit
de paiement en baisse par rapport aux dotations inscrites en 1997
(7 milliards de francs en autorisations de programme et 7 milliards
de francs en crédits de paiement). On peut rappeler que
500 millions de francs sont prélevés pour alimenter les
aides à la personne et que, de plus, sur les 6,52 milliards de
francs, 0,26 milliard de francs sont affectés à la garantie
des prêts à l'accession sociale.
Or, compte tenu de la consommation des crédits en 1996 et en 1997, le
montant de cette dotation, qui correspond à un coût unitaire de
56.909 francs pour 110.000 prêts, sera sans doute insuffisant.
Il convient de rappeler que l'équation devra se résoudre au sein
du compte d'affectation spéciale qui ne pourra dépenser plus
qu'il n'a reçu et qui ne fera pas l'objet d'un abondement
budgétaire.
Pour limiter la progression de ces prêts, le Gouvernement vient d'adopter
une série de correctifs techniques, mais il laisse en suspens le
problème beaucoup plus grave du financement du dispositif au-delà
du 1er janvier 1999.
B. LES CORRECTIFS TECHNIQUES POUR LIMITER LA PROGRESSION DES PRÊTS À TAUX ZÉRO
Les modifications prévues dans le décret
n° 97-1000 du 30 octobre 1997 et l'arrêté du
même jour publiés au Journal officiel du 31 octobre 1997
s'appliquent aux offres de prêts faites à compter du
1er novembre 1997.
Le bénéfice du prêt à taux zéro est
désormais réservé aux seuls primo-accédants. Il
s'agit, en définitive, des personnes physiques qui n'ont pas
été propriétaires de leur résidence principale au
cours des deux dernières années précédant l'offre
de prêt.
Cette restriction n'est pas opposable aux personnes propriétaires de
leur résidence principale et qui doivent la vendre et en acquérir
une nouvelle, pour des raisons de mobilité professionnelle.
Le motif de mobilité professionnelle sera retenu si la distance entre
l'ancienne résidence et le nouveau lieu de travail est de plus de
70 kilomètres.
- Cette disposition relative aux primo-accédants devrait
écarter du dispositif 7 % seulement des actuels
bénéficiaires. Lors de son audition devant la Commission, M.
Louis Besson a déclaré que cette réforme ne devrait pas
avoir d'effet significatif sur le volume des prêts accordés.
Néanmoins, ce correctif complique la lisibilité du dispositif et
nuit à la fluidité du marché immobilier.
De plus, l'arrêté du 30 octobre 1997 réduit une nouvelle
fois la durée maximale d'amortissement de la période 1 en la
fixant à quinze ans et six mois au lieu de dix-sept ans pour les quatre
premières tranches de revenus.
Pour les tranches suivantes, la réduction est la suivante :
- 13 ans et 6 mois au lieu de 15 ans ;
- 10 ans au lieu de 11 ans ;
- 7 ans au lieu de 8 ans.
A priori, ces mesures sont de portée limitée mais il devrait en
résulter 1 milliard d'économie en année pleine. Selon
votre rapporteur, il conviendrait surtout de ne pas trop raccourcir la
durée de la période 1 pendant laquelle peut jouer le
différé de remboursement partiel ou total, étant
donné le profil " très social " des
bénéficiaires du prêt à taux zéro. On peut
rappeler que ce prêt est un prêt complémentaire et son grand
succès résulte de l'existence du différé de
remboursement qui permet à l'accédant d'avoir achevé ou
largement entamé l'amortissement de son prêt principal avant de
commencer à rembourser le prêt à taux zéro. En 1996,
en raison de la faiblesse de leurs revenus, 78 % des
bénéficiaires d'un prêt à taux zéro ont
bénéficié d'un différé de remboursement,
dont 40 % d'un différé total.
La restriction trop importante de la période de différé du
prêt à taux zéro risque d'écarter les
accédants aux revenus très modestes, ou de fragiliser leur
situation si ils doivent faire face à de trop lourdes
échéances de remboursement.
De plus, on peut encore rappeler que l'investissement immobilier pour
être encouragé, doit être encadré par une
réglementation qui ne soit pas sans cesse modifiée, voire remise
en question. A trop vouloir restreindre les conditions du prêt à
taux zéro, on risque de l'asphyxier progressivement, et tel avait
été le cas du prêt PAP.
On peut enfin indiquer que les établissements distributeurs sont
également mis à contribution, puisque leur taux de marge,
actuellement fixé entre 1,6 % et 1,3 % est abaissé de
0,3 % à partir du 1er janvier 1998.
C. LES INTERROGATIONS SUR LE FINANCEMENT DU PRÊT À TAUX ZÉRO ET LES INQUIÉTUDES SUR L'AVENIR DU 1 % LOGEMENT
1. L'absence de financement pérenne pour le dispositif du prêt à taux zéro au-delà du 1er janvier 1999
Depuis 1995, les organismes collecteurs du 1 % versent
une contribution annuelle au " Fonds pour l'accession à la
propriété " qui finance les aides à l'accession
à la propriété. En 1995, un milliard de francs avait
été versé et en 1996, le principe d'un
prélèvement correspondant à 6,8% de la collecte et des
retours de prêts, soit 900 millions de francs, avait
été décidé.
Pour 1997 et pour 1998 également, une contribution exceptionnelle a fait
l'objet d'un accord des partenaires sociaux à travers la signature avec
l'Etat, le 17 septembre 1996, d'une convention qui avait pour ambition de
conserver et de développer le système du 1 % logement. En
contrepartie, les collecteurs du 1 % logement acceptaient un
prélèvement exceptionnel annuel représentant 50% du total
des sommes perçues (collecte + encours de prêts), soit environ
7 milliards de francs.
Ce prélèvement venait alimenter le compte d'affectation
spéciale " Fonds pour le financement de l'accession à la
propriété " pour financer les prêts à taux
zéro.
Dans l'avis budgétaire de l'an dernier, votre rapporteur avait fait
siennes les craintes de M. Marcel-Pierre Cléach, rapporteur du projet de
loi sur l'Union d'économie sociale du logement.
En effet, au-delà du prélèvement exceptionnel de
7 milliards de francs pour 1997, reconduit en 1998 par l'article 23
du projet de loi de finances pour 1998, et sur le principe duquel il convient
d'être très réservé, il y a tout lieu de
s'inquiéter de l'avenir du dispositif au-delà de 1999.
Force est de constater que rien n'est encore prévu en octobre 1997,
alors même qu'il est inenvisageable de supprimer brutalement un
dispositif dont on connaît le succès et qui correspond si
exactement aux aspirations de nos concitoyens.
Comme l'a reconnu M. Louis Besson, lors de son audition devant la commission
des Affaires économiques, la solution n'est pas encore trouvée
à ce jour et toutes les réflexions sont les bienvenues.
La solution la plus mauvaise serait sans doute de retenir le principe de la
pérennisation au-delà du 1er janvier 1999 du
prélèvement exceptionnel opéré sur les ressources
du 1 %. On peut rappeler que ce prélèvement de
7 milliards de francs représente 50% des sommes reçues
annuellement au titre des versements effectués par les employeurs au
titre du 1 % logement et des remboursements de prêts consentis
antérieurement par les collecteurs. En réalité, c'est la
totalité de la collecte annuelle qui a été
prélevée en 1997 et qui le sera une fois encore en 1998.
Cette solution, si elle était retenue, montrerait que l'Etat ne tient
pas ses engagements, puisque la convention signée avec les partenaires
sociaux le 17 octobre 1996 portait sur un prélèvement
exceptionnel de deux ans. On peut d'ailleurs relever, comme cela a
été dit plus haut, qu'en affectant une fraction de la
contribution du 1 % logement (500 millions de francs) au financement
du Fonds national d'aide au logement, c'est-à-dire aux aides à la
personne, l'Etat ne respecte déjà plus le contenu de la
convention du 16 septembre 1996, qui avait pour seul objectif le
financement des aides à la pierre.
2. Le devenir de la participation des employeurs à l'effort de construction
La loi n° 96-1237 du 30 décembre 1996
sur l'Union d'économie sociale du logement a fait l'objet des
décrets n° 97-143 du 14 janvier 1997 et
n° 97-271 du 21 mars 1997 approuvant les statuts de l'UESL et
ses modalités de fonctionnement, notamment l'engagement de l'UESL de se
substituer à ses associés collecteurs pour les derniers
versements de la contribution exceptionnelle prévue pour 1997.
L'Union d'économie sociale du logement a par ailleurs signé deux
conventions avec l'Etat pour définir ses engagements et ses actions.
Dans la convention signée le 13 mai 1997, l'Union s'engage
à prendre les mesures nécessaires pour permettre à ses
associés collecteurs de maintenir leurs investissements malgré le
paiement de la contribution exceptionnelle de 7 milliards de francs.
Pour ce faire, elle a décidé des mesures suivantes :
- pour les prêts aux personnes physiques sur fonds
réglementés pour l'accession à la propriété
: d'appliquer un taux effectif global unique de 2 % l'an hors assurance et
garanties, sans aucun frais de dossier ;
- pour les prêts aux personnes physiques sur fonds
réglementés pour l'amélioration : de les limiter aux
travaux de mise aux normes d'habitabilité, avec déblocage des
fonds sur factures de travaux émises par des entreprises ;
- pour les prêts locatifs à long terme sur fonds
réglementés : d'appliquer un taux nominal de 2 % l'an et de
mettre en place un dispositif de fluidité des fonds entre les
associés collecteurs.
En outre, l'Union a décidé de compléter ces dispositions
en consentant aux associés collecteurs des concours financiers. A cet
effet, elle a mobilisé successivement les ressources internes provenant
des excédents de trésorerie des associés collecteurs (la
mobilisation de la trésorerie interne directement entre les CIL/CCI est
évaluée à 2 milliards de francs et par
l'intermédiaire de l'UESL à 750 millions de francs), puis
des ressources externes par le recours à l'emprunt bancaire (il serait
de 2 milliards de francs en 1997 et de 4 et 5 milliards de francs en
1998).
Conformément à l'engagement qui a été pris dans la
convention du 17 septembre 1996, la capacité totale
d'investissement dans l'accession à la propriété,
l'amélioration et le secteur locatif, arrêtée à
14 milliards de francs pour 1997 et pour 1998 est de ce fait maintenue.
Elle a été confirmée dans la convention du
13 mai 1997 signée entre l'Etat et l'UESL.
La seconde convention, celle du 14 mai 1997, est relative à
l'emploi de la participation des employeurs à l'effort de construction
en faveur du logement des populations ayant des difficultés
particulières. Ce texte se substitue au dispositif 1/9ème
existant et à la convention du 9% " insertion sociale " qui
est abrogée pour les collecteurs membres de l'UESL.
Cette convention comporte deux volets : une participation à un plan
quinquennal pour les foyers des travailleurs migrants à hauteur de
360 millions de francs par an et des aides prioritaires pour les
populations salariées ou en recherche d'emploi et leurs familles ayant
des difficultés d'accès ou de maintien dans le logement.
Les interventions s'effectuent sous les formes suivantes : financements
destinés aux bailleurs sociaux et associations en vue de faciliter les
opérations de logement d'insertion, de logements de type PLA-TS, de
foyers et de résidences sociales et les opérations de rachat de
logement des accédants en difficulté ; financement de
dépôts de garantie ou octroi de caution pour les jeunes en
situation ou en recherche du premier emploi ; octroi de prêts relais pour
les salariés en situation difficile et octroi de prêts pour les
salariés en situation de déséquilibre financier.
Cette rapide présentation du bilan d'activité de l'UESL pour 1997
témoigne du dynamisme de cette structure et de sa volonté de
participer efficacement au financement du logement social.
On peut rappeler que la participation des employeurs à l'effort de
construction contribue, chaque année, à la construction et
l'acquisition de 60.000 logements locatifs sociaux. Elle permet
également, en complément de la PALULOS, de réhabiliter
100.000 logements. Elle facilite l'acquisition, la construction ou la
réhabilitation par les salariés de 150.000 logements. Elle
contribue ainsi au maintien de 150.000 emplois dans le bâtiment et
industrie annexes.
Il convient donc de lui rendre ces capacités de financement à
compter du 1er janvier 1999 sinon on peut craindre pour sa survie
à très court terme.
Pour trouver d'autres sources de financements pour le prêt à taux
zéro, il faut explorer de nouvelles voies. La réflexion pourrait
porter sur une contribution de l'épargne-logement. Il est paradoxal en
effet que l'Etat verse des primes sur les plans d'épargne-logement pour
encourager l'acquisition de logements alors que sur 1.100 milliards de
francs d'encours d'épargne-logement, seulement 300 milliards de
francs sont utilisés en prêts, soit par seulement 27 % des
détenteurs de plans. Il ne faut pas négliger le fait que d'autres
sont dans l'attente d'une opération à réaliser, mais force
est de reconnaître que pour une part non négligeable de
détenteurs de plans épargne-logement, il s'agit simplement d'un
placement d'épargne intéressant, parce que non fiscalisé,
avec un taux de rémunération correct, amélioré par
la prime versée par l'Etat. On peut donc considérer que le
produit n'est sans doute plus utilisé selon sa vocation d'origine.
CHAPITRE V-
DES ORIENTATIONS FAVORABLES POUR LE
LOGEMENT PRIVÉ
Le projet de budget pour 1998 fait preuve d'un effort important pour le parc des logements privés, mais de grandes incertitudes demeurent quant aux mesures fiscales favorisant l'investissement immobilier.
I. L'EFFORT BUDGÉTAIRE EN FAVEUR DU PARC DE LOGEMENTS PRIVÉS
Les aides à l'amélioration du parc privé existant comprennent la prime à l'amélioration de l'habitat (PAH), les aides de l'ANAH et les aides à la résorption de l'habitat insalubre (RHI).
DOTATIONS BUDGÉTAIRES POUR 1998
Autorisations de programmes |
Crédits de paiement |
|||
Loi de finances 1997 |
Loi de finances 1998 |
Loi de finances 1997 |
Loi de finances 1998 |
|
RHI |
148 000 |
48 000 |
79 600 |
105 600 |
PAH |
600 000 |
800 000 |
710 000 |
690 000 |
ANAH |
2 015 050 |
2 200 000 |
1 892 750 |
2 105 000 |
TOTAL |
2 763 050 |
3 048 000 |
2 682 350 |
2 900 600 |
A. LE BILAN DES OPÉRATIONS MENÉES POUR LA RÉSORPTION DE L'HABITAT INSALUBRE (RHI)
Le cadre juridique de l'intervention sur l'habitat insalubre
est défini par la loi du 10 juillet 1970 dite loi Vivien.
Cette loi modifie les dispositions du code de la santé publique
concernant les logements insalubres et étend le bénéfice
des dispositions de la loi de 1964 sur la résorption des bidonvilles
à tous les types d'habitat insalubre existantes. Il s'agit de reloger
des familles dans des logements favorisant leur réinsertion, et de
supprimer des logements vétustes, souvent situés en centre-ville.
En métropole, la RHI est la seule procédure qui permet de
conduire des études préalables et des interventions
substantielles sur le bâti de quartiers anciens d'habitat privé
très dégradé.
Dans les sites retenus par la géographie prioritaires de la politique de
la ville, les quartiers anciens très dégradés sont tels
que des " outils " comme les secteurs sauvegardés, les
opérations programmées d'amélioration de l'habitat ne
permettent pas d'inverser le processus de dégradation. La RHI est
l'ultime recours, qui combinée à d'autres " outils "
permet une approche à la fois sociale et urbaine.
Dans les DOM, la RHI est l'instrument principal d'aménagement
utilisé par les communes, car cela permet de généraliser
l'accès au logement des populations des quartiers autoconstruits
(véritables bidonvilles) avec un suivi social pour l'insertion des
habitants et des actions pour la recomposition des quartiers.
L'Etat participe au financement du déficit de ces opérations sur
la base d'un taux de 100 % pour la résorption des bidonvilles et de
70 % à 80 % pour les autres types d'habitat insalubre.
Dans le projet de loi de finances pour 1998, la part des crédits RHI
affectée à l'outre-mer est inscrite sur le budget de l'outre-mer.
En métropole, le projet de loi de finances pour 1998 prévoit
l'inscription de 48 millions de francs en autorisations de programme sur
lesquels s'imputent la subvention d'aires de stationnement pour les gens du
voyage. Par ailleurs, ceci devrait permettre d'affecter environ
30 millions de francs à de nouvelles opérations de RHI. Les
régions les plus concernées sont Provence-Alpes Côte
d'Azur, Nord-Pas-de-Calais, Rhône-Alpes et Ile-de-France.
B. LA PROGRESSION DES DOTATIONS BUDGÉTAIRES DE L'ANAH
Contrairement à l'an dernier, où malgré
la très vive opposition de l'ensemble des parlementaires, le budget de
l'ANAH avait diminué de 11 % en autorisations de programmes et de
7 % en crédits de paiement, le Gouvernement fait un effort
remarqué pour accroître le montant de la dotation
budgétaire de l'Agence.
Ainsi, dans le cadre du programme supplémentaire de
réhabilitation de 100.000 logements annoncé par le Premier
ministre dans son discours de politique générale, en juin 1997,
200 millions ont été attribués à l'ANAH par le
décret d'avance du 9 juillet 1997. Dans le projet de loi de
finances pour 1998, ces crédits sont reconduits.
Le bilan d'activité à l'ANAH fait ressortir le rôle
incitatif indéniable du mécanisme de la subvention, dans un
contexte marqué par la faiblesse de la rentabilité de
l'immobilier.
En 1996, 111.800 logements ont été subventionnés pour
un montant de travaux subventionnables évalué à
9 milliards de francs toutes taxes comprises. Le montant total des
subventions s'élève à 2,59 milliards de francs.
En ce qui concerne l'attribution des subventions, on note, depuis 1996, le
recentrage de l'ANAH sur des opérations de réhabilitation
importantes : le montant des travaux s'élève en moyenne
à 1.600 francs/m
2
de surface habitable.
La part des engagements dans les secteurs programmés, que sont les
opérations programmées d'amélioration de l'habitat (OPAH)
et les programmes sociaux thématiques (PST) est passée de
38 % en 1994 à 52 % en 1996.
Les mesures de juillet 1995 en faveur des logements vacants remis sur le
marché et conventionnés ont continué à faire sentir
leurs effets. On notera également l'effet incitatif lié à
l'accroissement du nombre d'OPAH à taux majoré de 5 % pour
les logements conventionnés, sous réserve d'une participation au
moins équivalente des collectivités locales. En 1996, ces
majorations ont bénéficié à 7.860 logements et
représentent 156 millions de francs.
Le nombre de logements subventionnés par l'ANAH et conventionnés
en application de l'article L.351-2 du code de la construction et de
l'habitation a continué à croître pour atteindre
12.200 logements en 1996, contre 11.300 en 1995 et 9.000 en 1994. Ces
logements ne représentent que 10 % des logements
subventionnés par l'ANAH mais ils ont mobilisé 1 milliard de
francs, soit 42 % des subventions totales attribuées par l'Agence.
La programmation des crédits pour 1996 a retenu des priorités
particulières à savoir la réduction de la vacance des
logements et la poursuite du plan d'urgence pour les plus démunis.
- L'ANAH a ainsi participé à la remise sur le marché,
et donc à la remise aux normes de 38.500 logements vacants en 1996,
ce qui représente plus du tiers des logements subventionnés, le
plus souvent dans le cadre d'opérations programmées par les
collectivités locales (OPAH ou PST). Cette priorité mobilise les
trois quarts des subventions de l'AHAH et le montant moyen des travaux par
logement vacant s'élève à 3.300 francs/m
2
de surface utile.
Dans le cadre du plan d'urgence, l'ANAH a mis en place, en juillet 1995, un
dispositif de majoration forfaitaire des subventions, déjà
évoqué ci-dessus.
Entre juillet 1995 et décembre 1996, 7.700 logements d'insertion
ont été financés par l'ANAH, pour l'essentiel, dans le
cadre de PST. 50 % de ces PST ont été financés dans
les communes rurales et les unités urbaines de moins de
10.000 habitants, alors qu'il y en a moins de 3 % dans
l'agglomération parisienne.
- De manière générale, et bien que l'ANAH ne
privilégie pas telle ou telle zone, on peut constater que les zones
rurales (communes de moins de 2.000 habitants) captent 31,4 % des
subventions, alors qu'elles représentent 15,2 % du parc des
logements locatifs privés construits avant 1975. Ceci s'explique
notamment par l'importance des OPAH et des PST dans les zones rurales.
C. L'AUGMENTATION DES CRÉDITS INSCRITS POUR LE FINANCEMENT DES PRIMES À L'AMÉLIORATION DE L'HABITAT
La prime à l'amélioration de l'habitat (PAH)
est une subvention réservée aux propriétaires occupants
dont les ressources ne dépassent pas 70 % des plafonds de
ressources des anciens prêts aidés à l'accession à
la propriété (PAP). Le taux de base de la subvention est de
20 % (25 % dans les opérations programmées
d'amélioration de l'habitat). Le taux est majoré à
35 % lorsque les ressources sont inférieures à 50 % des
plafonds PAP, le tout dans la limite d'une dépense subventionnable de
70.000 francs par logement (arrêté du
20 novembre 1979 modifié). Lorsque les travaux ont pour objet
l'adaptation des logements aux handicapés physiques, la subvention peut
atteindre 50 % du coût des travaux dans la limite d'une
dépense subventionnable de 40.000 francs.
En 1996, le nombre de primes accordées a été très
élevé en raison d'un abondement en cours d'exercice. Le montant
total des primes s'est élevé à 767 millions de francs
et le montant moyen à 10.578 francs par logement.
Dans le cadre du programme de réhabitation de l'habitat social
annoncé dans le discours du Premier ministre, les crédits
budgétaires de la PAH ont été augmentés
(+ 200 millions de francs). Cette mesure devrait permettre
l'amélioration de 25.000 logements supplémentaires et
réduire les files d'attente.
Dans le projet de loi de finances pour 1998, en autorisations de programmes,
sont inscrits 800 millions de francs, soit le montant prévu pour
1997 après abondement, mais les crédits de paiement diminuent
légèrement pour être fixés à
690 millions de francs.
II. LES ENCOURAGEMENTS FISCAUX SUR LE LOGEMENT PRIVÉ
A. LE MAINTIEN DE LA RÉDUCTION D'IMPÔT POUR LES DÉPENSES DE GROS TRAVAUX DANS L'HABITATION PRINCIPALE
Le Gouvernement ne remet pas en cause le mécanisme de
la réduction d'impôt sur le revenu arrêté par
l'article 85 de la loi de finances pour 1997.
Cette réduction d'impôt concerne les contribuables qui font
réaliser de gros travaux dans l'habitation principale dont ils sont
propriétaires.
L'instruction du 28 avril 1997 précise les conditions
d'octroi de cette réduction d'impôt qui peuvent être ainsi
présentées :
- la réduction s'applique aux dépenses de grosses
réparations, d'amélioration et de ravalement à l'exclusion
des dépenses de construction, de reconstruction, d'agrandissement, de
décoration, d'équipement ménager ou d'entretien ;
- dans tous les cas, les travaux doivent être réalisés
par une entreprise ;
- l'immeuble sur lequel les travaux sont réalisés doit
être situé en France et achevé depuis au moins dix ans.
Cette condition d'ancienneté n'est pas exigée pour les travaux
destinés à faciliter l'accès de l'immeuble aux personnes
handicapées et à adapter leur logement. Il en est de même,
sous certaines conditions, lorsque les travaux sont réalisés sur
des immeubles situés dans une zone classée en état de
catastrophe naturelle ;
- pour une même résidence, les plafonds de dépenses
ouvrant droit à réduction d'impôt sont fixés, pour
la période courant du 1er janvier 1997 au
31 décembre 2001, à 20.000 francs pour une
personne célibataire, veuve ou divorcée et à
40.000 francs pour un couple marié ; ces sommes sont
majorées de 2.000 francs par personne à charge,
2.500 francs pour le deuxième enfant et 3.000 francs à
compter du troisième ;
- la réduction d'impôt est égale à 20 % du
montant de ces dépenses ;
- pour une même opération, la réduction d'impôt
pour gros travaux ne peut se cumuler ni avec la réduction d'impôt
pour intérêts d'emprunts prévue à l'article 199
sexies du Code général des impôts, ni avec le
bénéfice de l'avance remboursable ne portant pas
intérêt prévue par l'article R. 317-1 du Code de
la construction et de l'habitation (prêt à taux zéro).
Cette réduction d'impôt se substitue à celle prévue
à l'article 199 sexies C du Code général
des impôts qui s'appliquait aux dépenses payées entre le
1er janvier 1990 et le 31 décembre 1996.
B. L'ENCOURAGEMENT FISCAL POUR LES DÉPENSES D'ENTRETIEN DE LA RÉSIDENCE PRINCIPALE
Le projet de loi de finances pour 1998 crée un
crédit d'impôt ouvert aux contribuables propriétaires ou
locataires pour les travaux d'entretien et de revêtements de surfaces
réalisés dans leur résidence principale.
Il s'agit donc d'une nouvelle catégorie de dépenses qui
s'intercale entre les dépenses pour gros travaux soumis au régime
défini par l'article 85 de la loi de finances pour 1997 et les
petites réparations locatives qui ne bénéficient d'aucune
déduction. La définition de ces dépenses est
extrêmement importante pour apprécier l'étendue de la
mesure.
Ces mesures s'appliquent pour des dépenses réalisées
entre le 1er janvier 1998 et le 31 décembre 2000. On
peut se demander pour quelles raisons la durée de validité de ce
dispositif n'a pas été aligné sur celui en vigueur pour le
crédit d'impôt pour gros travaux, soit le
31 décembre 2001.
Le plafond des dépenses prises en compte pour déterminer le
crédit d'impôt est très faible puisqu'il est fixé
à 4.000 francs pour une personne seule et 8.000 francs pour un
couple. Le crédit d'impôt est fixé à 15 % du
montant des dépenses soit 600 francs pour une personne seule ou
1.200 francs pour un couple.
Cette disposition bénéficiera également aux contribuables
non imposables qui pourront se faire rembourser les sommes correspondantes sur
présentation de factures.
III. LES INCERTITUDES QUI PÈSENT SUR LES INCITATIONS FISCALES EN FAVEUR DE L'INVESTISSEMENT IMMOBILIER PRIVÉ
A. LES INCERTITUDES QUANT AU FINANCEMENT DU DISPOSITIF DE L'AMORTISSEMENT " PERISSOL "
1. Rappel du dispositif
L'amortissement dit " Périssol ",
optionnel
et exclusif du dispositif " Quiles-Méhaignerie " permet aux
contribuables, sur option de leur part, de déduire de leurs revenus
fonciers, un amortissement sur les immeubles neufs acquis ou construits entre
le 1er janvier 1996 et le 31 décembre 1998.
Le taux d'amortissement est fixé à 10 % pendant les quatre
premières années et à 2 % pour les vingt suivantes.
Le taux de la déduction forfaitaire est ramené à 6 %.
En cas d'option, le plafond d'imputation des déficits fonciers sur le
revenu global est porté de 70.000 francs à
100.000 francs. Le propriétaire doit s'engager à louer le
logement pendant une durée de neuf ans. Ce dispositif induit un gain
très sensible du taux de rentabilité d'une opération
d'investissement locatif. Ce gain est en général de l'ordre de
2 % et peut dépasser dans certaines conditions 4 %. Il est
plus intéressant que l'avantage
" Quilès-Méhaignerie " dans presque tous les cas, sauf
pour de petites opérations réalisées par des
ménages disposant de revenus limités. Avec l'amortissement
" Périssol ", les gains de rentabilité sont à
peu près uniformes quel que soit le montant de l'investissement.
Sur la base des estimations effectuées à partir de
l'enquête de la Fédération nationale des promoteurs
constructeurs (FNPC) et des surfaces moyennes des logements vendus au cours du
4ème trimestre 1996, l'amortissement Périssol induirait un
surplus d'activité de 35 % par rapport à la mesure fiscale
" Quilès-Méhaignerie " en faveur de l'investissement
locatif.
La construction de 10.000 logements neufs bénéficiant de
l'amortissement Périssol correspondrait à 3,1 milliards de
francs d'activité hors taxes et à 5.900 emplois
créés ou maintenus dans les entreprises de bâtiment. Dans
le cas de la déduction Quiles-Méhaignerie, le chiffre d'affaires
correspondant à 10.000 logements est de 2,3 milliards de
francs, soit 4.400 emplois associés dans le bâtiment.
Certaines évaluations chiffrent l'effet du dispositif d'amortissement
Périssol à environ 30.000 logements acquis en année
pleine.
2. L'effet report de l'amortissement Périssol
Etant donné que l'amortissement
accéléré porte essentiellement sur des programmes
immobiliers en état futur d'achèvement, il y a un écart de
plusieurs années entre l'année d'achat d'un logement locatif neuf
et celle d'encaissement des premiers loyers, ce qui décale dans les
mêmes proportions l'année où se réalise la
moins-value fiscale pour le budget de l'Etat.
Bien que le dispositif de l'amortissement accéléré expire
le 31 décembre 1998, son coût s'étalera donc
jusqu'à 2005. Pour 1998, le coût estimé de la mesure est de
1,4 milliard de francs.
Le coût fiscal de l'amortissement accéléré sera
maximal en 1999, 2000 et 2001 parce qu'il se cumulera avec la fin du dispositif
Quilès-Méhaignerie. En l'an 2000, l'incidence
budgétaire de l'amortissement accéléré devrait
s'élever à 2,7 milliards de francs ; celle du dispositif
Quilès-Méhaignerie devrait être de 310 millions de
francs, soit 3 milliards au total.
B. LES RÉFLEXIONS SUR LA DÉFINITION D'UN VÉRITABLE STATUT DU BAILLEUR PRIVÉ
Tout en considérant que le dispositif de
l'amortissement accéléré ne peut être
prorogé, en l'état, au-delà du
31 décembre 1998, les pouvoirs publics reconnaissent que
l'offre du logement doit être diversifiées et
" plurielle ". A côté du parc locatif social, il
convient d'encourager un parc locatif privé plus social.
Lors de son audition devant la commission des affaires économiques, le
secrétaire d'Etat au logement a fait état des concertations qui
s'engageaient actuellement avec les professionnels et les associations de
locataires afin de mettre en place un dispositif durable et
équilibré.
Il est intéressant de citer les propos qu'il a tenu sur le sujet dans un
article publié par " l'Information
immobilière "
1(
*
)
.
"
Notre objectif est de parvenir à un dispositif stable et
équilibré, valant statut du bailleur privé, qui en
reconnaisse la fonction économique. L'objectif est double :
- La pérennité : il faut bâtir pour la
durée, et sortir des mesures conjoncturelles qui ont certes des effets
immédiats, mais qui conduisent à des phénomènes
cycliques dans l'activité de l'immobilier et la construction.
- Le souci d'équilibre : les aides majorées
apportées par la collectivités doivent trouver une contrepartie
sociale. Il faudrait donc aboutir à un traitement fiscal qui ne soit pas
pénalisant par rapport aux autres placements.
D'autre part, à côté d'un secteur libre qui continuera
d'exister et de se développer, le Gouvernement souhaite, avec bien
sûr une liberté d'option, développer un secteur
privé conventionné, un peu comme en matière de
santé ; en contrepartie d'une modération des loyers et d'un
engagement de durée de location, la collectivité pourrait
apporter une aide majorée et une sécurité contre les
impayés.
Nous voulons donc travailler sur plusieurs pistes : la déduction
forfaitaire, l'amortissement, la garantie des loyers, la caution, etc...
En résumé, je pense qu'il faut que nous nous efforcions,
collectivement, de susciter de nouvelles générations de bailleurs
privés.
Notre politique qui est de veiller à rendre effectif le droit au
logement en assurant une réelle possibilité de choix, doit
reposer, de manière équilibrée, sur chacun des trois
secteurs majeurs que sont le logement social, le parc privé et
l'accession à la propriété. C'est une offre plurielle qui
permettra de fabriquer la ville plurielle à laquelle chacun
aspire. "
C. LES AMBIGUÏTÉS DES DISPOSITIONS FISCALES EN FAVEUR DU LOGEMENT LOCATIF PRIVÉ DANS LE PROJET DE LOI DE FINANCES POUR 1998
1. Le maintien de certaines des mesures décidées par le précédent Gouvernement
Afin d'encourager la mise en location durable des logements,
de nombreuses mesures avaient été prises d'allégement de
la fiscalité des revenus fonciers et elles sont maintenues dans le
projet de loi de finances pour 1998.
Il en est ainsi de l'imputation sur le revenu global d'une partie des
déficits fonciers réalisés au cours de l'année. Le
plafond d'imputation des déficits fonciers sur le revenu global a
été porté de 50.000 francs à
70.000 francs pour 1995 par l'article 64 de la loi de finances pour
1995. Le plafond est porté à 100.000 francs en cas d'option
pour le régime d'amortissement.
Par ailleurs, les propriétaires bailleurs de logements situés en
zone franche urbaine qui engagent des travaux en vue de réhabiliter les
immeubles concernés, dans les conditions prévues par
l'article 10 de la loi n° 96-987 du 14 novembre 1996,
bénéficient d'un régime de faveur tant en ce qui concerne
les charges déductibles des revenus fonciers que les déficits
imputables sur le revenu global pour les dépenses payées à
compter du 1er janvier 1997.
Le taux de la déduction forfaitaire sur le revenu brut foncier,
fixé à 13 % pour les revenus perçus à compter
de 1995, par la loi de finances rectificative du 4 août 1995 a
été porté à 14 % pour l'article 86 de la
loi de finances pou 1997, à compter de l'imposition des revenus de 1997.
L'article 10 de la loi n° 94-1162 du
29 décembre 1994 a autorisé les propriétaires
d'immeubles urbains donnés en location à déduire de leurs
revenus fonciers pour leur montant réel les primes d'assurance
afférentes à un contrat dont l'objet exclusif est de couvrir le
risque de loyers impayés.
L'article 22 de la loi de finances initiale pour 1997 étend cette
possibilité de déduction à la fraction de la prime
destinée à couvrir le risque de loyers impayés, lorsque le
contrat souscrit comporte également la couverture d'autres risques.
L'article 31 de la loi portant diverses dispositions d'ordre
économique et financier du 12 avril 1996 porte de 5 à
10 ans le délai d'imputation des déficits fonciers sur les
revenus fonciers des années suivantes. Cette disposition s'applique pour
les déficits de 1996 et ceux constatés depuis 1991.
2. L'alourdissement de la fiscalité sur les revenus fonciers dans le projet de loi de financement de la sécurité sociale
Néanmoins, le maintien en l'état de ces mesures
fiscales ne permettra pas de compenser l'augmentation de 4,9 % à
10 % des contributions sociales sur les revenus fonciers qui se
décompose ainsi : la contribution sociale
généralisée (CSG) au taux de 7,5 %, la contribution
pour le remboursement de la dette sociale (CRDS) au taux de 0,5 %, et
l'institution d'un prélèvement social de 2 %
remplaçant les 1 % CNAF et CNAV. L'impôt sur le revenu
s'applique ensuite, en tenant compte de la déduction de 5,1 % de la
CSG.
Ce prélèvement supplémentaire au bénéfice
des régimes sociaux s'élèvera à environ
4,6 milliards de francs.
*
* *
La Commission des Affaires économiques , dans sa majorité, a émis un avis défavorable à l'adoption des crédits consacrés au logement.
EXAMEN PAR LA COMMISSION
Réunie le mercredi 19 novembre 1997 sous la
présidence de M. Jean François-Poncet, président, la
commission a procédé à l'examen du rapport pour avis de M.
William Chervy sur
les crédits consacrés au logement dans le
projet de loi de finances pour 1998.
Ayant rappelé que la priorité reconnue au logement par le
Gouvernement s'était traduite en juillet 1997 par l'actualisation et la
revalorisation des aides personnelles au logement (APL), le financement de
50.000 primes à l'amélioration des logements à usage
locatif et à occupation sociale (PALULOS) supplémentaires, un
complément de 300 millions de francs pour la prime à
l'amélioration de l'habitat (PAH) et de 200 millions de francs pour
l'Agence nationale pour l'amélioration de l'habitat (ANAH),
M. William Chervy, rapporteur pour avis,
a souligné l'effort
remarquable en faveur du logement affiché dans le projet de loi de
finances pour 1998.
Faisant valoir que pour avoir une vision complète de l'effort
budgétaire en faveur du logement, il fallait, outre le produit des
comptes d'affectation spéciale, tenir compte également des
dépenses fiscales relatives au logement social qui constituaient des
substituts aux aides à la pierre, il a indiqué que le montant des
dépenses budgétaires et fiscales en faveur du logement
s'élevait à 51,3 milliards, soit une augmentation d'environ
13 %.
Le rapporteur pour avis a exposé que la première priorité
concernait les aides à la personne dont les crédits
s'élevaient à 32,65 milliards de francs, soit une
progression de 9,8 %.
Il a indiqué que la réforme de l'APL initiée par le
précédent Gouvernement en avril 1997 avait eu pour objet
l'instauration d'un barème unique fondé sur le taux d'effort des
ménages pour l'ensemble du parc locatif, et il a estimé que, sous
réserve d'une enquête de la Caisse nationale d'allocations
familiales (CNAF) non encore publiée, les ménages modestes
n'avaient subi aucune perte significative du fait de cette réforme.
Rappelant qu'au 1er juillet 1997, le Gouvernement avait
décidé de l'actualisation et de la revalorisation des
barèmes, ce qui représentait 2,9 milliards de francs
supplémentaires en année pleine, il a souligné qu'une
provision de 500 millions de francs était également inscrite
au budget, en prévision d'une actualisation au
1er juillet 1998.
Tout en se déclarant très favorable à une actualisation
régulière des barèmes, le rapporteur pour avis a enfin
attiré l'attention sur certaines aberrations du régime des aides
à la personne -parfois flagrantes dans le cas de l'allocation de
logement social, versées aux étudiants, qui ne tient pas compte
de la situation des familles, ou très complexes à corriger
lorsqu'il s'agissait de la prise en compte des revenus d'activité ou de
remplacement des ménages-.
En ce qui concerne l'effort de solidarité en faveur du logement des
personnes défavorisées, le rapporteur pour avis s'est
félicité de la rebudgétisation des dépenses
afférentes aux fonds de solidarité pour le logement et aux aides
au logement temporaire.
S'agissant du logement locatif social, le rapporteur pour avis a exposé
que le Gouvernement élargissait le dispositif de la TVA à taux
réduit voté l'an dernier pour la construction de logements
sociaux, aux travaux de rénovation subventionnés ou
financés sur fonds propres des organismes d'habitation à loyer
modéré.
Il a fait valoir qu'en contrepartie de la diminution des subventions
autorisée par cette baisse du taux de TVA, le Gouvernement
améliorait le financement des prêts locatifs
aidés-très sociaux (PLA-TS), à propos desquels il a
souligné l'insuffisante réalisation des programmes physiques au
regard des engagements affichés. Il a indiqué que l'offre de
PLA-TS serait également diversifiée pour mieux répondre
aux cas sociaux les plus lourds ou programmer des opérations de
reconstruction-démolition.
Tout en se félicitant de l'effort budgétaire en faveur de la
construction de logements sociaux, le rapporteur pour avis a appelé
l'attention sur le problème des taux d'intérêt réels
trop élevés des crédits au logement social.
Il a, en outre, considéré que le parc de logements privés
bénéficiait également de l'effort budgétaire
consenti pour 1998 en indiquant que les majorations de dotations
décidées en juillet 1997 concernant les primes à
l'amélioration de l'habitat et pour l'Agence nationale
d'amélioration de l'habitat étaient confirmées dans le
projet de loi de finances pour 1998.
Il a fait valoir que le mécanisme de l'amortissement
accéléré prévu jusqu'au
31 décembre 1998 n'était pas remis en cause, ce qui
devrait favoriser la construction de 30.000 logements par an.
Enfin, il s'est déclaré très favorable à la
définition d'un dispositif pérenne sur le statut du bailleur
privé, pour encourager l'émergence d'une nouvelle
génération de bailleurs, et définir aux côtés
du secteur locatif social, un secteur locatif privé conventionné,
dans lequel, en contrepartie d'avantages fiscaux ou de garanties sur le
paiement des loyers, les bailleurs s'engageraient sur des modérations de
loyers.
Le rapporteur pour avis a ensuite fait part de plusieurs inquiétudes,
soulignant que certaines avaient déjà été
exposées l'an dernier.
Il a reconnu que, de façon mécanique, l'alourdissement de
l'ensemble des prélèvements sociaux de 4,9 % à
10 % sur les revenus fonciers induisait un prélèvement
supplémentaire d'environ cinq milliards de francs, très
pénalisant pour de nombreux petits propriétaires privés.
Se félicitant du succès de l'accession sociale à la
propriété à travers le prêt à taux
zéro qui répond aux aspirations profondes de nombreux
concitoyens, il s'est inquiété a contrario de la diminution de
5,1 % des financements prévus pour 1998 et a dénoncé
le prélèvement de 500 millions de francs sur le compte
d'affectation spéciale alimenté par la contribution
exceptionnelle du 1 % logement, pour financer les aides à la
personne, alors même que la convention du 17 septembre 1997
signée avec les partenaires sociaux affectait le produit de cette
contribution au seul financement des aides à la pierre.
Il a considéré que la restriction de l'accès aux
prêts à taux zéro aux seuls primo-accédants risquait
de segmenter le marché immobilier et que le raccourcissement de la
période de différé de remboursement total ou partiel
allait fragiliser la situation financière des acquéreurs les
moins aisés.
De plus, il a reconnu que rien n'était prévu après le
31 décembre 1998 pour financer le prêt à taux
zéro et que le Gouvernement se trouvait dans une impasse.
Evoquant la position très réservée de la commission sur le
principe du prélèvement exceptionnel opéré sur les
avoirs du 1 % logement en 1997 et en 1998, le rapporteur pour avis a
réaffirmé son attachement à ce dispositif, indispensable
pour permettre localement le bouclage d'opérations de constructions
sociales, voire de réhabilitations lourdes.
S'agissant de l'Union d'économie sociale du logement, nouvellement
créée, il a fait valoir qu'en mobilisant ses ressources internes
et en recourant à l'emprunt, elle avait, conformément à
l'engagement pris dans la convention du 17 septembre 1996,
porté sa capacité totale d'investissement à
14 milliards de francs pour 1997 et pour 1998, mais qu'il ne pourrait en
être de même en 1999 si le prélèvement exceptionnel
était prorogé.
Soulignant l'urgence de trouver des moyens de financement nouveaux en dehors du
strict cadre budgétaire, il a évoqué une éventuelle
contribution de l'épargne-logement, dont une très faible part est
effectivement affectée à l'acquisition de logements
-300 milliards de francs sur 1.100 milliards de francs d'encours-
alors même que l'Etat verse une prime sur chaque plan
épargne-logement pour encourager l'accession à la
propriété.
En conclusion, le rapporteur pour avis s'est félicité de la
progression des crédits consacrés au logement et a
souhaité que soient définis de nouveaux outils pour
améliorer la politique du logement. Sous réserve des observations
formulées, il a proposé d'émettre un avis favorable
à l'adoption des crédits du logement pour 1998.
Au cours de la discussion générale qui a suivi,
M. Jacques de
Menou
est intervenu pour faire part de son désaccord sur les
limitations des conditions d'accès au prêt à taux
zéro en vigueur depuis le 1er novembre dernier et souhaiter que le
Gouvernement module les exceptions au critère du primo-accédant
pour tenir compte des obligations de mobilité imposées pour des
raisons familiales. Il s'est félicité de la diminution du taux de
TVA sur les opérations de réhabilitation dans le secteur locatif
social, en rappelant que le précédent Gouvernement l'avait
décidée pour le secteur de la construction sociale et il a
demandé au rapporteur si le bénéfice du taux réduit
de TVA bénéficiait aux opérations menées dans les
maisons de retraite.
M. Jean François-Poncet, président,
a souligné tout
l'intérêt de cette mesure, pour l'ensemble du secteur du
bâtiment et notamment pour les artisans et les petites et moyennes
entreprises.
M. Gérard Braun
a déclaré partager les
inquiétudes du rapporteur sur l'avenir du prêt à taux
zéro et a souhaité également que le critère de
l'agrandissement des familles puisse être pris en compte pour le
bénéfice du prêt à taux zéro. S'agissant du
taux réduit de TVA, il a souhaité qu'il s'applique à tous
les travaux de réhabilitation, en soulignant tout l'intérêt
des opérations de ce type menées par les communes.
Il a déclaré que le prélèvement de
500 millions de francs opéré sur la contribution
exceptionnelle du 1 % logement et décidé par
l'article 23 de la loi de finances pour 1998 était inacceptable,
car il s'agissait d'un détournement de fonds pour le financement des
aides à la personne.
M. Dominique Braye
a déclaré partager les mêmes
inquiétudes que ses collègues s'agissant des restrictions aux
conditions de distribution du prêt à taux zéro, jugeant que
la limitation du bénéfice du dispositif aux seuls
primo-accédants cassait le rythme naturel d'acquisitions
immobilières successives adaptées aux évolutions de la
cellule familiale. Il a dénoncé l'insuffisance des moyens publics
pour en assurer le financement et jugé que l'ensemble des mesures
fiscales récemment décidées allaient, dans le même
temps, décourager l'investissement privé immobilier, en
soulignant que l'accroissement du taux de la contribution sociale
généralisée (CSG) sur les revenus fonciers ne manquerait
pas de fragiliser nombre de petits propriétaires privés qui
avaient investi dans la pierre pour compléter des retraites
insuffisantes.
M. Jean Huchon
s'est associé aux remarques de ses
collègues sur les restrictions apportées au prêt à
taux zéro et sur l'impact très négatif pour les petits
propriétaires privés de la hausse de la CSG. Il a
interrogé le rapporteur sur les aides prévues pour les travaux
effectués par les propriétaires occupants et s'est
déclaré très inquiet des effets de l'abaissement de la
durée du travail, considérant que cela aurait pour effet de
favoriser le travail au noir pour les petits travaux d'entretien et de
réhabilitation.
Leur répondant,
M. William Chervy, rapporteur pour avis,
a
indiqué que le bénéfice du taux réduit de TVA sur
les travaux de réhabilitation concernait le logement social, y compris
celui appartenant aux communes et aux groupements de communes mais il a reconnu
que des précisions devaient être demandées pour les
communes n'ayant pas d'office municipal d'HLM et néanmoins
propriétaires de logements sociaux. S'agissant des aides prévues
pour les travaux effectués par les propriétaires-occupants, il a
rappelé que les crédits pour la prime à
l'amélioration de l'habitat avaient augmenté de 300 millions
de francs dès 1997 et il a fait valoir qu'un nouveau dispositif de
crédit d'impôt pour les travaux de rénovation était
institué, bénéficiant également aux contribuables
non imposés, sous forme de remboursement sur présentation de
factures.
S'agissant de la lutte contre le travail au noir, il s'est demandé s'il
ne faudrait pas, à l'occasion du dépôt d'une demande de
permis de construire en mairie, exiger la liste des entreprises retenues par
les travaux.
M. Alain Pluchet
, tout en félicitant le rapporteur pour avis pour
l'intérêt de son exposé, a souligné que la
majorité sénatoriale, défendant d'autres orientations en
matière de logement, ne pouvait accepter l'aggravation du taux de la CSG
sur les revenus fonciers et qu'en conséquence son groupe donnait un avis
défavorable à l'adoption des crédits du logement.
Puis, la commission, contre l'avis de son rapporteur, a émis
un avis
défavorable à l'adoption des crédits consacrés au
logement
, les groupes socialiste et communiste, républicain et
citoyen votant pour leur adoption, et MM. Georges Berchet et Jean-Marie Rausch
s'abstenant.
1 Information immobilière (octobre 1997), journal d'information des propriétaires et copropriétaires.