F. L'ANTICIPATION DES NOUVELLES TECHNOLOGIES
Le service public exerce une veille attentive, teste des
produits radios expérimentaux, des prototypes d'émissions et de
services, ainsi que des équipements de réception et de
production, pour découvrir comment mieux satisfaire les auditeurs. Il
s'agit de contribuer à la bonne orientation des investissements à
venir et d'anticiper les nécessaires évolutions en matière
de formation des personnels.
L'introduction des nouvelles technologies est soumise aux contraintes
économiques, tandis que le choix des consommateurs parmi les nouveaux
services qui leur sont proposés reste incertain.
Aussi, la politique de Radio France est-elle de prendre des positions sur les
supports ayant les plus grandes potentialités et les possibilités
les plus évidentes, et permettant l'apprentissage et les tests, tant
" techniques " que " produits " dont
les opérateurs
ont besoin.
·
Le RDS
le RDS constitue une amélioration de la MF. Les fonctions les plus
connues sont l'affichage du nom de la station et l'accord automatique des
récepteurs. De nombreuses chaînes de salon, même
relativement bon marché, comportent aussi le radiotexte.
Les services proposés en RDS sont le résultat d'une
démarche multimédia commune à tous les supports. Ainsi le
radiotexte fonctionne maintenant sur FIP, et affiche pour les auditeurs les
titres et interprètes des enregistrements qu'ils entendent. Le MOUV' a
aussi été rendu capable du même service, grâce
à ses outils multimédia. Le radiotexte pourra être
étendu à d'autres programmes au fur et à mesure de
l'évolution et de la numérisation de leurs moyens de production.
Un objectif est que la production amont des données soit commune au RDS
et aux autres techniques numériques, ainsi qu'à Internet. Il
s'agit là d'un tronc commun aux différents projets, source
d'économies d'échelle.
Les fonctions TA et EON-TA sont une autre possibilité mal connue du RDS,
permettant à un automobiliste de choisir, quand il écoute une
cassette ou un programme de Radio France, que son récepteur bascule sur
les bulletins de trafic, par exemple de FIP, où cela fonctionne depuis
longtemps, ou encore sur ceux d'une radio d'autoroute. Ce couplage avec une
radio d'autoroute présente beaucoup d'intérêt et est
à développer. Il a officiellement démarré cette
année avec la Société des Autoroutes
Paris-Rhin-Rhône.
·
Le DAB - Digital Audio Broadcasting
Le DAB permet, rappelons-le, une réception mobile parfaite, une
amélioration de la qualité sonore, et des service nouveaux
(compléments d'information apparaissant sur un afficheur par exemple),
ce qui en fait un moyen multimédia. Les émissions DAB sont
terrestres. Des émissions DAB par satellite pourraient exister un peu
plus tard, la question de la réception mobile restant dans ce cas encore
incertaine.
Les autorisations du Conseil supérieur de l'audiovisuel auront
été un pas très important. Cependant le DAB ne
démarrera vraiment et n'atteindra le public que si des récepteurs
performants à des coûts raisonnables apparaissent sur le
marché. Les derniers salons professionnels ont montré que des
appareils de ce type vont être mis sur le marché pour un
coût de l'ordre de 3 à 5 000 francs.
L'accord qui avait été conclu avec TDF prévoit
d'étendre la couverture des programmes DAB. L'objectif
déclaré est la diffusion en DAB de 5 ou 6 programmes, dont
au moins un nouveau ou non diffusé en FM, à l'intention de
25 % de la population française métropolitaine.
Ceci s'articule avec le " projet-pilote " relevant du cadre
des
" Autoroutes de la Communication " dans lequel Radio France
et TDF
sont associées, et qui a donné lieu à un partenariat
élargi réunissant Radio France, TDF, RTL et éventuellement
Europe 1.
La réalisation de la chaîne de production multimédia (son
et données intégrés) expérimentale et prototype,
qui a permis les importantes démonstrations présentées
lors du Mondial de l'Automobile à la fin de 1996, s'est inscrite dans ce
cadre. Elle a permis de réunir une expérience essentielle. La
conception intrinsèquement multimédia du nouveau programme pour
les jeunes Le MOUV' en découle directement et sera l'un des pivots du
projet-pilote.
Celui-ci doit maintenant se poursuivre par une phase de tests des services
auprès du public. Elle suppose que des financements soient
trouvés pour mise à disposition d'un panel d'utilisateurs d'un
matériel encore très
onéreux - 10 000 francs - si le
récepteur comporte un écran.
·
Le câble et le satellite
Dans ce domaine, incertain comme les autres, le terrain occupé par les
" services pionniers " ne pourra probablement plus être
regagné le jour où câble et satellite représenteront
des volumes d'écoute significatifs. Il est donc essentiel, pour Radio
France, d'y être présente. A terme, Radio France pourrait proposer
une alternative radio, non exclusive mais complémentaire, dans les
domaines où elle bénéficie d'atouts importants :
information, musique et culture.
Une demande du public semble se porter sur des thématiques musicales
assez précises, donnant une grande impression de choix. L'offre du
service public gagnerait à valoriser en particulier le savoir-faire des
programmateurs de Radio France, ainsi que son fonds discographique
exceptionnel. Dans cette optique, la question se pose de l'opportunité
de créer un bouquet de programmes musicaux complètement nouveaux,
et de les proposer en option payante aux abonnés du câble et du
satellite. Toutefois, un peu de temps est encore nécessaire pour avoir
une vision de la montée de l'audience sur ces nouveaux réseaux
qui ont tout de même quelques handicaps : ils ne permettent qu'une
écoute fixe, et ils ne sont généralement accessibles
qu'à la condition d'avoir pris préalablement un abonnement au
bouquet de télévision qui en est le service principal.
S'il n'est pas envisageable, à court terme, de s'engager vers des
services payants, Radio France, n'est pas pour autant restée inactive,
et a développé une présence gratuite. L'ensemble de
programmes diffusé sur CanalSatellite, et qui comportait l'an dernier
France Info, France Musique, Hector, FIP, Radio Bleue et Elisa, a
été complété par France Inter, puis le MOUV'.
L'idée de monter un bouquet sur TPS est toujours en réserve.
·
Les services " en ligne " sur Internet
Au-delà des supports déjà mentionnés, une grande
radio se devait d'être présente sur les services " en
ligne ", qu'ils soient vocaux ou multimédia. Différents
développements ont été engagés pour assurer la
continuité des services Minitel, qui furent pionniers en leur temps.
L'enrichissement du site Internet, qui avait été ouvert
dès l'automne 1995 (et qui a été primé par un jury
de spécialistes), se poursuit avec l'introduction de la diffusion
continue de France Info, l'ouverture d'un site radio Bleue, puis l'introduction
du site du MOUV'. Un objectif raisonnable est de développer les
fonctionnalités de " radio à la carte ", et
d'introduire les nouvelles technologies de consultation comme le
" webcasting ", forme intermédiaire entre la diffusion et la
consultation interactive, où l'usager se voit envoyer
régulièrement des informations sélectionnées par le
serveur Internet en fonction de ses souhaits ou de son profil.
Des accords à durée limitée ont été conclus
avec des fournisseurs de services sur Internet tels qu'Infonie, Wanadoo (France
Télécom), ou Multicâble pour assurer la présence de
Radio France dans leur offre et pour, en même temps, se trouver en
situation d'observer quelle sera la tendance sur ce nouveau média.
Radio France participe à l'expérimentation d'une offre de musique
à la demande. Le projet, qui a été retenu dans le cadre
des " Autoroutes de la Communication ", a été
initialisé par AETA, PME française fournisseur de cartes et
interfaces de codage/décodage de sons. AETA en monte la
réalisation en partenariat avec la Lyonnaise des Eaux (pour le
réseau câblé). Il s'agit d'expérimenter un service
d'écoute à la demande, via Internet sur réseau
câblé, ceci sur un panel d'environ 200 abonnés. Comme
le support de ce service Internet est le réseau câblé, cela
permet d'atteindre une qualité musicale excellente, ainsi qu'une
disponibilité inégalée, car le débit disponible est
nettement supérieur à ce qu'offre une ligne
téléphonique. Des essais, prévus notamment à Paris
et à Annecy, devraient ressortir une première estimation des
attentes d'un public pour ce service, ainsi que quelques vues sur sa
viabilité économique.
·
Les aspects financiers
Dans le budget d'équipement de la société,
l'évolution des modes de production radiophonique et le
développement des services associés occupent une place de plus en
plus importante. En 1997, ils représentent globalement plus de
30 millions de francs, soit près du quart du budget
d'équipement. Cet effort, tant dans le domaine des investissements que
dans celui de la formation professionnelle, devra être sensiblement accru
dans les années suivantes pour répondre aux besoins croissants de
modernisation et d'adaptation aux nouvelles techniques. Toutefois, l'une des
difficultés principales de Radio France réside dans la
nécessité de concilier simultanément plusieurs
exigences :
- le maintien de sa capacité de production avec, pendant quelques
années encore, l'entretien d'un appareil de production classique,
- la gestion de besoins récurrents importants pour la bonne conservation
de la Maison de Radio France dont elle est propriétaire et qui a plus de
trente ans,
- l'accélération indispensable de l'évolution vers les
nouvelles techniques.
En ce qui concerne le passage au DAB, les conditions dans lesquelles s'est
réglé un récent litige entre Radio France et TDF illustre
particulièrement la volonté commune des deux
sociétés de développer ce nouveau mode de diffusion.
Aux termes de la loi de finances pour 1997, il était
précisé que le programme de France Inter devrait cesser
d'émettre sur le réseau ondes moyennes à compter du
1er janvier 1997.
En application de la convention régissant les relations entre Radio
France et TDF, une indemnité de 7 millions de francs devait
être versée à TDF.
La transaction qui a finalement été conclue entre les deux
organismes conduit Radio France à verser une indemnité de
17 millions de francs en 1997, puis une indemnité annuelle de
7,57 millions de francs par an pendant sept ans. Toutefois, les montants
facturés à Radio France par TDF au titre de la diffusion en DAB
viendront en déduction de l'indemnité annuelle, et ce dès
1997.