ARTICLE 62 D
RAPPORT SUR LA COMMISSION NATIONALE DU DEBAT
PUBLIC
Le présent article a pour objet de demander au
Gouvernement le dépôt d'un rapport sur le rôle et
l'évolution des moyens de la commission nationale du débat public.
Votre commission des finances a considéré que la demande de
rapports au Gouvernement par voie législative devait être
réservé à des objets prospectifs importants. A cet
égard elle a considéré que la demande formulée au
présent article pouvait très aisément être
satisfaite par l'usage des pouvoirs de contrôle des rapporteurs
spéciaux des commissions des finances des assemblées
parlementaires.
Aussi, la commission des finances a-t-elle adopté un amendement de
suppression du présent article.
LES TRAVAUX DE LA COMMISSION
I. L'AUDITION DE MME DOMINIQUE VOYNET, MINISTRE DE L'AMENAGEMENT DU TERRITOIRE ET DE L'ENVIRONNEMENT PAR LA COMMISSION DES FINANCES
Réunie le jeudi 6 novembre sous la présidence
de M. Jean Cluzel, vice-président, puis de M. Christian
Poncelet, président, la commission des finances a procédé
à l'audition de
Mme Dominique Voynet, ministre de
l'aménagement du territoire et de l'environnement.
Mme Dominique Voynet
, a présenté les
crédits de l'environnement pour 1998.
Elle a indiqué que la progression modeste de + 0,9 % en dépenses
ordinaires et en crédits de paiement et de + 1,92 % en dépenses
ordinaires et autorisations de programme des crédits de l'environnement
devait être analysée en tenant compte d'apports financiers
extérieurs à son budget. Elle a souligné que son
ministère disposerait en réalité de moyens
renforcés grâce au fonds de concours abondé par les agences
de l'eau et au relèvement du tarif de la taxe sur la pollution
atmosphérique gérée par l'agence de l'environnement et de
la maîtrise de l'énergie (ADEME).
S'agissant du fonds de concours des agences de l'eau, le ministre a
rappelé que celui-ci permettait de renforcer les crédits
affectés à la restauration des rivières et des zones
naturelles d'expansion des crues à hauteur de 110 millions de francs en
cours d'année.
S'agissant de la taxe sur la pollution atmosphérique, elle a ensuite
indiqué que le relèvement de son tarif de 180 francs à 250
francs par tonne permettrait de dégager 37 millions de francs
supplémentaires, portant ainsi le montant des financements
affectés à l'équipement et au fonctionnement des
réseaux de mesure de la qualité de l'air à un total de 207
millions de francs.
Sur ce point,
Mme Dominique Voynet
s'est félicitée
de la mise en œuvre du principe du "pollueur-payeur", dont
elle a en
outre noté qu'il permettait d'assurer une plus grande stabilité
des ressources financières affectées à l'environnement.
Le ministre a relevé qu'en tenant compte de ces ressources
extérieures, les moyens financiers du budget de l'environnement
connaissaient une progression supplémentaire d'un point en
dépenses ordinaires et crédits de paiement et de près de
deux points en dépenses ordinaires et autorisations de programme.
Elle a ensuite présenté les trois priorités de ce budget.
A cet égard, elle a tout d'abord indiqué que les crédits
consacrés à la protection de la nature des sites et des paysages
augmenteraient en 1998 de 6,3 % en dépenses ordinaires et crédits
de paiement, pour atteindre 43 % des dotations d'intervention de son
ministère. Elle a souligné que ces crédits devaient
permettre d'assurer à la fois les moyens de fonctionnement des espaces
protégés existants et de procéder à la
création de nouveaux parcs nationaux, parcs naturels régionaux et
réserves naturelles. Elle a, par ailleurs, relevé que ces espaces
constituaient un grand potentiel.
Mme Dominique Voynet
a ensuite décrit l'effort
consacré à la prévention des risques naturels et à
la lutte contre les pollutions. Dans ce domaine, elle a insisté sur
l'importance des crédits qui seraient consacrés à la
prévention des risques d'inondation grâce au renforcement des
outils des services d'annonces des crues. Sur ce point, elle a noté que
les plans "Loire" et "prévention des risques" seraient
dotés de
202 millions de francs, auxquels s'ajouteront 110 millions de francs provenant
du fonds de concours des agences de l'eau, ainsi que 22 millions de francs
transférés, en cours de gestion, à partir des budgets des
ministères de l'équipement et de l'agriculture.
Puis,
Mme Dominique Voynet
a présenté le
renforcement des moyens de fonctionnement de son ministère. Rappelant
qu'il s'agissait d'un ministère "pauvre", elle a en effet
souligné la nécessité de lui donner les moyens d'assurer,
à la fois, ses missions de conception et de réglementation et ses
missions de contact et de dialogue.
Elle a indiqué que la satisfaction de ce double objectif avait
nécessité la création nette de 34 emplois pour 1998, soit
une augmentation de 1,4 % des effectifs dont elle a précisé
qu'ils bénéficieraient principalement aux directions
régionales de l'environnement (DIREN), dont les fonctions se sont
considérablement développées. A cet égard, elle a
insisté sur sa volonté que ces nouveaux emplois favorisent un
meilleur dialogue avec le monde associatif et les élus dans le domaine
de l'environnement. Sur ce point, elle a ajouté que les subventions
versées aux associations connaîtraient une progression de
près de 14 %.
Elle a souligné que les autres créations d'emplois
bénéficieraient aux directions régionales de l'industrie,
de la recherche et de l'environnement (DRIRE) afin de renforcer leurs moyens
dans le domaine du contrôle des installations classées
industrielles. Elle a noté, par ailleurs, que l'administration centrale
ne bénéficierait, quant à elle que de six emplois nouveaux.
Mme Dominique Voynet
a mis en évidence que la hausse des
crédits destinés aux associations avait pour objet de renforcer
la participation de celles-ci aux diverses instances consultatives agissant
dans le domaine de l'environnement, ainsi que les moyens des organisations non
gouvernementales françaises agissant dans le cadre des
négociations internationales.
Le ministre a ensuite insisté sur le considérable gisement
d'emplois qui existerait dans le domaine de l'environnement. A cet
égard, elle a indiqué qu'une grande partie des besoins nouveaux
visés par le plan pour l'emploi des jeunes, se situaient dans ce domaine
et notamment dans le cadre de la politique des déchets ou de la
politique de l'eau.
M. Alain Lambert, rapporteur général,
a tout d'abord
souhaité savoir si cette démarche intégrerait l'objectif
de la création d'emplois dans le secteur marchand, en soulignant qu'il
était opposé à la création d'emplois publics
nouveaux. S'agissant de l'ADEME, il a ensuite souhaité savoir si la
limitation aux deux années 1996 et 1997 du relèvement à 8
% du prélèvement effectué par cette agence sur le produit
de la taxe sur les déchets, imposée par la commission des
finances à l'occasion du projet de loi de finances rectificative de
1996, avait été suivie d'une politique de gestion plus rigoureuse.
S'agissant des emplois-jeunes,
Mme Dominique Voynet
s'est dite en
accord avec la conception présentée par le rapporteur
général, tout en relevant qu'une grande partie de ces emplois,
tels que l'entretien des forêts ou des berges des rivières, ne
pourraient jamais être rentables. Elle a souligné que dans ce
domaine, il n'y aurait aucune forme de concurrence avec le secteur privé
et que des conventions seraient passées avec les principaux partenaires
concernés dans les secteurs des déchets et de l'eau. S'agissant
de l'ADEME, le ministre a précisé qu'un amendement, adopté
par l'Assemblée nationale, à la loi de finances pour 1998, avait
pour objet de reconduire le prélèvement sur la taxe des
déchets pour deux années supplémentaires. Elle a, par
ailleurs, indiqué que la nomination d'un nouveau président de
cette agence interviendrait prochainement, et que celui-ci serait chargé
de réfléchir à la réorganisation de l'agence, ainsi
qu'à l'évaluation de ses missions et qu'il convenait donc de
maintenir, transitoirement, ce financement supplémentaire.
En réponse à
M. Philippe Adnot, rapporteur spécial des
crédits de l'environnement,
le ministre
a tout d'abord
rappelé l'insuffisance "criante" de moyens en personnel des DRIRE pour
la conduite de leur mission de contrôle des installations classées.
Elle a ensuite indiqué que la fiscalité constituait une "arme"
essentielle pour orienter le comportement et les choix des agents
économiques en soulignant que le développement massif du parc
automobile utilisant le gazole comme carburant s'expliquait exclusivement par
la discrimination fiscale en faveur de ce carburant.
Enfin, elle a précisé qu'elle associait le respect de
l'échéance de 2002 pour la mise en œuvre de la loi sur les
déchets à une conception pragmatique de la définition du
déchet dit "ultime". A cet égard, elle a souligné que
seules certaines catégories offraient un réel potentiel de
valorisation et qu'il fallait se garder de condamner arbitrairement les mises
en décharges sur des sites contrôlés.
Un large débat s'est alors ouvert.
Mme Dominique Voynet
a tout d'abord répondu à
MM.
Roland du Luart, Jacques Chaumont et Yann Gaillard
que la mise en
œuvre de la directive Natura 2.000 devait faire l'objet d'une large
consultation et qu'elle souhaitait qu'un dialogue approfondi s'établisse
avec les élus locaux et les propriétaires au sujet de la gestion
des territoires.
Elle a, par ailleurs, évoqué son intention de clarifier le
rôle de l'Office national de forêts dans ce domaine, relevant que
cet office ne contribuait pas toujours à la
sérénité du dialogue.
En réponse à
M. Bernard Angels
, le ministre a
précisé que les plans départementaux d'enlèvement
des ordures ménagères ne devaient pas s'en remettre exclusivement
au choix de l'incinération pour le traitement des déchets.
Enfin, en réponse à
Mme Marie-Claude Beaudeau
, Mme le
ministre a indiqué qu'un important travail d'analyse et de recensement
qualitatif et géographique des pollutions était mené de
façon permanente par les différents établissements publics
soumis à la tutelle du ministère de l'environnement, au premier
rang desquels se trouvent l'ADEME, l'Institut national de l'environnement
industriel et des risques (INERIS) et l'Institut français de
l'environnement (IFEN).