IV. DE NOUVEAUX ENJEUX POUR AMELIORER LA COMPETITIVITE DES PORTS FRANÇAIS
A. LA DESSERTE TERRESTRE, ENJEU ESSENTIEL DE LA COMPETITIVITE DES PORTS FRANCAIS
1. La desserte terrestre
Votre rapporteur estime que la question de la desserte
terrestre des ports maritimes est aujourd'hui plus que jamais essentielle
car c'est sur le transport terrestre que peuvent être
réalisés les plus importants gains de productivité.
S'agissant de la
desserte routière
, un certain nombre de travaux
ont été entrepris : le désenclavement de la zone
industrielle portuaire de Dunkerque devrait être engagé fin 1997
avec le début des travaux de déviation de la R.D.11. Les liaisons
accompagnant le plan "transmanche" et améliorant la situation des
ports
de la Basse-Seine et leur desserte vers le Nord et l'Est : le tronçon
Abbeville-Boulogne devrait être mis en service au printemps 1998 ainsi
que l'A29 entre Le Havre et l'A28.
Cependant, la liaison complète Abbeville-Rouen-Alençon-Tours ne
devrait pas être mise en service avant l'an 2000.
Concernant la desserte fluviale
, le canal à grand gabarit
Seine-Nord doit relier le bassin de la Seine au canal Dunkerque-Escaut,
améliorant ainsi la desserte des ports du Nord de la France mais aussi
de Belgique et des Pays-Bas. Une concertation sur le tracé
définitif a été engagée et devrait aboutir à
une décision au premier semestre 1998.
En matière de
fret ferroviaire
, depuis 1992 la Compagnie Nouvelle
de Conteneurs (C.N.C) a mis en oeuvre un plan de transport pour l'acheminement
des conteneurs maritimes par des trains d'axe et un système de points
nodaux. En 1996 a été mis en place un service régulier de
navettes ferroviaires directes du port du Havre vers la région
Rhône-Alpes et entre Fos sur mer et le port Edouard-Herriot à Lyon.
Une politique volontariste du nouvel établissement public
Réseau Ferré de France est plus que jamais nécessaire
.
Au cours de la séance plénière du Conseil National des
Communautés Portuaires (C.N.C.P) du 23 septembre 1997 a
été annoncée une réflexion sur la desserte
terrestre des ports maritimes, avec la mise en place de trois groupes
sectoriels, un avis devant être rendu en janvier 1998. Cet avis sera
très attendu, car il devrait fournir les éléments d'une
véritable action en faveur de la desserte des ports.
Votre rapporteur estime que l'engagement en faveur de la desserte
ferroviaire
doit s'inscrire dans un cadre européen
,
afin
de préserver les intérêts des ports français
,
notamment dans les décisions à venir en matière de
"corridors de fret ferroviaire". Ces liaisons rapides et à grande
capacité seront un élément essentiel de
développement des trafics de marchandises.
Les axes qui seront privilégiés au niveau européen
(Nord-Sud ou Ouest-Est), auront des conséquences décisives sur
l'activité et la compétitivité des ports
français.
2. Les corridors de fret ferroviaire
La situation du trafic ferroviaire de marchandises s'est
dégradée en Europe, la vitesse moyenne des trains de marchandises
étant aujourd'hui inférieure à 20 km/h. Le volume de
marchandises transportées par rail a reculé de 22 % entre 1970 et
1994, alors que le transport par la route connaît une progression de 146
%.
La commission européenne a donc exposé, à la fin de
l'été 1996, une réponse à la situation du transport
ferroviaire dans le livre blanc intitulé "une stratégie pour
revitaliser les chemins de fer communautaires".
Ce document a été mis au point par un groupe consultatif
composé d'exploitants de compagnies ferroviaires, d'entreprises de
transport et de syndicats qui a recommandé à la commission de
revitaliser les chemins de fer par la création d'un certains nombre de
"freeways" ferroviaires ou "artères de fret" à travers
l'Europe.
a - Les avantages de ces réseaux seraient les suivants :
- renforcer les priorités au transport de marchandises dans les sillons.
- garantir des redevances d'infrastructures équitables
- créer un guichet unique pour traiter les demandes de sillon
-organiser la commercialisation en commun des accès aux
différentes infrastructures nationales
- réduire la durée des arrêts aux frontières
exigés par les règlements intérieurs des compagnies
ferroviaires.
La commission avait proposé que 3 équipes travaillent chacune sur
les projets de corridors ferroviaires (TransEuropean Rail Freight Freeway -
TERFF) :
- une équipe pour les projets "scandinaves",
- une équipe pour les projets "Ouest-Est",
- une équipe pour les projets "transalpins".
Aucune de ces équipes n'incluait la France
. Or, tout comme la
construction du tunnel sous la Manche, les projets promus et
subventionnés par l'Union européenne comme les corridors de fret
et les réseaux de transports ferroviaires auront un impact direct sur
les ports français.
b - D'autres actions sont prévues au niveau européen
:
- les institutions européennes ont mis en place
un groupe de travail
"transport multimodal"
intitulé "l'intégration des ports
maritimes - ports intérieurs et terminaux terrestres dans le
réseau transeuropéen de transports" qui devrait rendre un rapport
prochainement.
-
un livre vert
est en préparation dans l'objectif d'une grande
conférence sur les ports, et qui devrait aborder les thèmes
suivants : transparence des comptes, desserte des ports et intégration
au sein des réseaux de transports européens, statut des ports,
aides publiques aux ports et notion de port d'intérêt
communautaire.
c -
La France doit être associée à ces
évolutions
L'Union européenne a cité un éventuel corridor ferroviaire
à partir de Rotterdam à travers l'Allemagne et l'Autriche vers
l'Europe du Sud.
Tout corridor orienté Nord-Sud constituerait un axe de
pénétration du trafic en provenance des ports du nord de
l'Europe, tels que Anvers ou Rotterdam, qui en seraient les principaux
bénéficiaires.
Il est donc de la première importance de voir la France
représentée auprès des institutions communautaires, comme
le sont les ports du Nord de l'Europe, afin de promouvoir des réseaux
ferroviaires favorables au développement de ses ports.
Il faut pour cela que la France puisse présenter des projets. Le
gouvernement néerlandais a fait inscrire la réalisation d'une
voie ferrée de fret entre
Rotterdam
et la Ruhr (projet Betuwe
line) au titre des quatorze projets d'infrastructures de transports
européens prioritaires. Le port belge d'
Anvers
a fait inscrire un
projet de desserte ferroviaire du port d'Anvers (projet Rhin d'acier).