RAPPORT GENERAL N°85 TOME III ANNEXE 26 - PROJET DE LOI DE FINANCES POUR 1998 ADOPTE PAR L'ASSEMBLEE NATIONALE - MER : PORTS MARITIMES
M. Marc MASSION, Sénateur
COMMISSION DES FINANCES, DU CONTROLE BUDGETAIRE ET DES COMPTES ECONOMIQUES DE LA NATION - RAPPORT GENERAL N°85 TOME III ANNEXE 26
Table des matières
- AVANT PROPOS
-
PRINCIPALES OBSERVATIONS
-
I. LE CONTEXTE ÉCONOMIQUE ET FINANCIER
- A. UNE PROGRESSION MODEREE DU TRAFIC PORTUAIRE
- B. UNE SITUATION ECONOMIQUE CONTRASTEE
- C. DES EFFORTS DE PRODUCTIVITE ET D'ASSAINISSEMENT FINANCIER
- II. LE PROJET DE BUDGET POUR 1998 : UNE INFLEXION DANS UNE TENDANCE DE LONG TERME À LA DIMINUTION DES CREDITS CONSACRES AUX "PORTS MARITIMES"
- III. L'INVESTISSEMENT DANS LES PORTS MARITIMES FRANÇAIS
- IV. DE NOUVEAUX ENJEUX POUR AMELIORER LA COMPETITIVITE DES PORTS FRANÇAIS
-
I. LE CONTEXTE ÉCONOMIQUE ET FINANCIER
-
ANNEXE
EXÉCUTION DES CONTRATS DE PLAN ETAT-RÉGION - EXAMEN EN COMMISSION
N° 85
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 1997-1998
Annexe au procès verbal de la séance du 20 novembre 1997.
RAPPORT GÉNÉRAL
FAIT
au nom de la commission des Finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la Nation (1) sur le projet de loi de finances pour 1998 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE ,
Par M. Alain LAMBERT,
Sénateur,
Rapporteur général.
TOME III
LES MOYENS DES SERVICES ET LES DISPOSITIONS SPÉCIALES
(Deuxième partie de la loi de finances)
ANNEXE N° 26
ÉQUIPEMENT, TRANSPORTS ET LOGEMENT :
IV
.
- MER :
·
PORTS MARITIMES
Rapporteur spécial
: M. Marc MASSION
(1) Cette commission est composée de :
MM.
Christian Poncelet,
président
; Jean Cluzel, Henri Collard,
Roland du Luart, Mme Marie-Claude Beaudeau, MM. Philippe Marini,
René Régnault,
vice-présidents
; Emmanuel
Hamel, Gérard Miquel, Michel Sergent, François Trucy,
secrétaires
; Alain Lambert,
rapporteur
général
; Philippe Adnot, Bernard Angels, Denis Badré,
René Ballayer, Bernard Barbier, Jacques Baudot, Claude Belot,
Mme Maryse Bergé-Lavigne, MM. Roger Besse, Maurice Blin, Joël
Bourdin, Guy Cabanel, Auguste Cazalet, Michel Charasse, Jacques Chaumont, Yvon
Collin, Jacques Delong, Yann Gaillard, Hubert Haenel, Claude Haut,
Jean-Philippe Lachenaud, Claude Lise, Paul Loridant, Marc Massion, Michel
Mercier, Michel Moreigne, Joseph Ostermann, Jacques Oudin, Maurice Schumann,
Henri Torre, René Trégouët.
Voir les numéros
:
Assemblée nationale
(
11
ème législ.) :
230
,
305
à
310
et T.A.
24
.
Sénat
:
84
(1997-1998).
Lois de finances. |
AVANT PROPOS
Les ports maritimes français constituent un atout
majeur pour l'aménagement du territoire et le développement
économique de la France.
Leur développement génère de nombreuses activités
industrielles et commerciales, qui contribuent à l'équilibre de
nombreuses régions dotées d'une façade maritime et au
développement de l'ensemble du territoire national.
Or, depuis plusieurs années, l'activité des ports français
connaît un déclin significatif, tant en raison d'une diminution
tendancielle du transport maritime au profit du transport routier, que de
détournements de trafic au profit des ports de l'Europe du Nord.
L'ensemble du trafic portuaire français s'élève à
298 millions de tonnes en 1996, c'est-à-dire qu'il représente le
trafic du seul port de Rotterdam (290 millions de tonnes).
Les ports français subissent les effets de la concurrence
européenne mais d'autres facteurs, tels que la réforme de la
politique agricole commune et le développement du trafic lié au
tunnel sous la Manche, conduisent à des retournements de situation, qui
fragilisent l'équilibre financier des ports.
Les difficultés financières auxquelles sont confrontés les
ports français les ont conduits à réaliser d'importants
efforts d'ajustement, qui se traduisent aujourd'hui par une redressement de
leur capacité d'autofinancement, un aménagement de leur dette et
une modération de leurs coûts tarifaires.
Ces efforts sont essentiels pour restaurer la compétitivité des
ports français mais ils seraient insuffisants et vains s'ils devaient
s'accompagner d'un désengagement de l'Etat.
Le projet de budget "ports maritimes", d'un niveau modeste puisqu'il
n'atteint
pas 600 millions de francs, progresse de 1 % pour 1998. Votre rapporteur note
que ce budget rompt avec une tendance régulière à la
diminution des crédits et prévoit une revalorisation des moyens
d'engagement en faveur de l'investissement des ports maritimes ainsi qu'une
augmentation des crédits d'entretien pour les ports
d'intérêt national.
Il souhaite que cette revalorisation soit effective et que des mesures
d'annulations ne viennent pas, en cours d'année, anéantir les
augmentations de crédits accordées.
Il apparaît en effet que si les règles de répartition des
financements entre l'Etat et les établissements portuaires sont
clairement exprimées par les dispositions du code des ports maritimes,
les financements de l'Etat se sont situés nettement en retrait par
rapport à ces dispositions, obligeant en conséquence ces
établissements à substituer un financement par les
collectivités locales et leur budget propre (donc en définitive
par l'usager).
Votre rapporteur estime cependant que le soutien de l'Etat ne saurait
être exclusivement budgétaire, et devra également englober
des actions déterminées en faveur d'enjeux décisifs pour
la compétitivité des ports français, au premier rang
desquels figure la desserte terrestre et en particulier la desserte ferroviaire
des ports.
En effet, si le développement portuaire ne doit pas répondre
à une gestion entièrement centralisée, les
autorités publiques ont un rôle essentiel à jouer dans la
réalisation des infrastructures.
Les autorités communautaires envisagent de mettre en place des corridors
de fret ferroviaires dès 1998.
Les premiers projets examinés n'incluaient pas les ports maritimes
français : il est donc impératif, afin que les ports
français ne subissent pas de nouveaux détournements de trafic, de
développer des propositions qui permettent d'insérer nos ports
dans ce nouveau réseau européen de transport de fret et
d'orienter ce réseau vers un axe ouest-est, reflet des
potentialités de développement du trafic portuaire
français.
PRINCIPALES OBSERVATIONS
Le projet de budget pour 1998 marque un soutien au
redressement des ports français
L'année 1996 a vu un léger redressement de l'activité des
ports maritimes français, du fait de l'amélioration du commerce
mondial.
En 1996, le résultat net global des ports autonomes est redevenu
positif (87,7 millions de francs) grâce à la progression du
chiffre d'affaire du Havre et de Saint-Nazaire.
Depuis 1995,
les ports se sont engagés dans une réduction
significative de certains de leurs postes de dépenses
, afin de
réduire leur déficit d'exploitation et
ils ont engagé
un effort de désendettement
qui a conduit à
l'amélioration de leur marge nette d'autofinancement, en progression de
20 % en 1996 par rapport à 1995.
En regard de ces efforts, le projet de loi de finances 1998 marque
un
arrêt de la diminution des crédits en faveur des ports maritimes
avec une stabilisation des dotations pour les crédits d'entretien et
d'exploitation
(+1,2%) et une hausse de 14,4% des dotations aux ports
d'intérêt national.
Votre rapporteur se félicite de cette stabilisation globale
même s'il déplore que les crédits des ports maritimes
connaissent toujours des mesures de régulation importante.
Une rénovation attendue du patrimoine des ports
maritimes
Votre rapporteur observe que la progression des crédits
d'équipement destinés aux ports maritimes pour 1998 se conjugue
avec un accroissement des financements par fonds de concours.
Le projet de loi de finances 1998 prévoit en effet une progression
significative des crédits d'engagement en faveur des ports maritimes.
Votre rapporteur se félicite qu'une rénovation du patrimoine des
ports autonomes et des ports d'intérêt national puisse ainsi
être entreprise.
Depuis 1995
les crédits d'équipement des ports maritimes ont
en effet connu une diminution constante, renforcée par de
régulières mesures d'annulation
. L'augmentation des
autorisations de programme pour 1998 rompt avec une tendance à la baisse
qui a fait passer de 257 millions de francs en 1992 à 161 millions de
francs en 1997 les moyens d'engagement pour les investissements des ports
maritimes.
La dotation prévue en moyens d'engagement est donc
équivalente à celle de 1995.
Votre rapporteur rappelle cependant que ce soutien reste très
limité car les ports concurrents bénéficient de soutiens
publics massifs
. A titre d'exemple, le plan " Rotterdam 2010",
dont
l'investissement total est estimé à 300 milliards de francs,
prévoit la participation de l'Etat pour 30 milliards de francs
d'investissement en infrastructures portuaires, ferroviaires et
routières.
La desserte terrestre, enjeu essentiel de la
compétitivité des ports français
Votre rapporteur estime que la question de la desserte terrestre des ports
maritimes est aujourd'hui plus que jamais essentielle
car c'est sur le
transport terrestre que peuvent être réalisés les plus
importants gains de productivité.
S'agissant de la
desserte routière
, un certain nombre de travaux
ont été entrepris. Cependant, la liaison complète
Abbeville-Rouen-Alençon-Tours ne devrait pas être mise en service
avant l'an 2000.
Concernant la desserte fluviale
, le canal à grand gabarit
Seine-Nord doit relier le bassin de la Seine au canal Dunkerque-Escaut,
améliorant ainsi la desserte des ports du Nord de la France mais aussi
de Belgique et des Pays-Bas.
En matière de
fret ferroviaire
,
une politique volontariste du
nouvel établissement public Réseau Ferré de France est
plus que jamais nécessaire
.
Votre rapporteur estime que l'engagement en faveur de la desserte
ferroviaire
doit s'inscrire dans un cadre européen
,
afin
de préserver les intérêts des ports français
,
notamment dans les décisions à venir en matière de
"corridors de fret ferroviaire". Ces liaisons rapides et à grande
capacité seront un élément essentiel de
développement des trafics de marchandises.
Les axes qui seront privilégiés au niveau européen
(Nord-Sud ou Ouest-Est), auront des conséquences décisives sur
l'activité et la compétitivité des ports français.
Faciliter le passage portuaire
En dehors des strictes dotations budgétaires,
l'Etat a un rôle
essentiel à jouer pour faciliter les procédures de passage dans
les ports maritimes français.
En matière de
facilités douanières
, un certain
nombre de mesures ont déjà été prises. Depuis mai
1997, une liaison télématique entre Paris et Le Havre permet
l'impression puis la délivrance de ces titres sur le port.
Des conventions d'application des
plans d'action
"Douanes-Ports"
constituant des chartes de qualité ont été signées
depuis 1995 dans de nombreux ports français, les derniers en date
étant Sète et la Guadeloupe, et les prochains Brest et Dunkerque.
Pour 1998, la mise en oeuvre du programme européen "Douane 2000"
d'harmonisation des procédures douanières devrait être une
priorité de la direction générale des douanes et des
droits indirects.
Une démarche analogue à celle menée avec la direction des
douanes est en cours, avec le concours des
services du ministère de
l'agriculture, de la pêche et de l'alimentation
.
Votre rapporteur estime qu'à l'instar des avancées
réalisées en matière de simplification et d'harmonisation
douanière, une réforme des contrôles
vétérinaires et phytosanitaires est indispensable, avec les
précautions qu'exige la garantie d'un haut niveau de
sécurité.
I. LE CONTEXTE ÉCONOMIQUE ET FINANCIER
A. UNE PROGRESSION MODEREE DU TRAFIC PORTUAIRE
1. Le trafic des ports français progresse légèrement en 1996 mais plus significativement au premier semestre 1997
a) Une faible progression du trafic portuaire français en 1996
L'année 1996 a enregistré un léger
redressement de l'activité des ports maritimes français, du fait
de l'amélioration du commerce mondial.
Les ports maritimes français ont connu une progression de 0,4 % de
leur trafic en 1996
alors que le trafic des ports d'Allemagne et du Benelux
régressait légèrement (respectivement -0,4 % et -0,5 %).
Toutes marchandises confondues, la croissance des tonnages cumulés des
grands ports européens (ports français inclus) a
été inférieure à celle des ports français,
puisque elle s'est élevée seulement à 0,2% en 1996.
Parmi les plus importants ports européens, il faut constater une baisse
de tonnage à Anvers (-1,4%), Hambourg (-1,4%) ou Rotterdam (-0,5%). A
l'inverse, les trafics des ports de Marseille ou du Havre sont en forte
progression (respectivement +4,7% et +4,4%).
Les résultats sont contrastés suivant les zones
géographiques
: la façade méditerranéenne a
connu une forte de progression dans son ensemble (+3,2%), alors que le trafic
stagnait en Europe du Nord (-0,1%) et régressait significativement
sur la façade atlantique (-4,6%).
source : direction du transport maritime, des ports et du littoral.
La progression du trafic des ports maritimes français a concerné les ports autonomes comme les ports d'intérêt national.
Bilan d'activité des ports français en 1996
(en millions de tonnes)
Entrées |
Sorties |
Total |
||||
Ports métropolitains, dont : |
215,81 |
(+0,2 %) |
82,33 |
(+1,4 %) |
298,14 |
(+0,5 %) |
Ports autonomes |
177,82 |
(+0,3 %) |
55,42 |
(+0,8 %) |
233,24 |
(+0,4 %) |
Ports d'intérêt national |
34,78 |
(+0,2 %) |
25,78 |
(+4,0 %) |
60,56 |
(+1,8 %) |
Ports décentralisés |
3,21 |
(-6,0 %) |
1,13 |
(-19,2 %) |
4,34 |
(-9,8 %) |
Ports d'outre-mer |
7,32 |
(+2,3 %) |
1,83 |
(+3,8 %) |
9,15 |
(+2,6 %) |
Source : Direction du transport maritime, des ports et du littoral
Si les ports autonomes totalisent 78 % du trafic des ports
métropolitains,
les ports d'intérêt national, dont le
poids économique d'ensemble est plus modeste, ont connu en 1996 une
croissance plus soutenue de leur trafic
puisqu'elle s'est
élevée à 1,8 %.
Il faut noter également une progression relativement plus importante du
trafic des
ports d'outre-mer
en 1996 (+2,6%).
b) La progression du trafic portuaire s'est prolongée et amplifiée au premier semestre 1997 pour tous les types de marchandises
Le trafic total des ports français a
augmenté de 13,2 % au premier semestre 1997
, principalement sous
l'effet d'une reprise des trafics de vracs solides et de marchandises diverses.
Tous les types de marchandises sont concernés (vracs solides, vracs
liquides, conteneurs, marchandises diverses) mais la progression varie de
manière importante entre le trafic des marchandises diverses (+23%) et
celui des vracs liquides (+ 5%).
Ces résultats sont liés principalement à une reprise des
exportations de céréales pour les vracs solides, à la
poursuite de la progression des trafics de conteneurs ainsi qu'au
redémarrage des trafics particuliers concernant les marchandises
diverses, comme à Bayonne, où une aciérie s'est
installée fin 1996.
Le trafic de conteneurs atteint 10 millions de tonnes au premier semestre
1997, et progresse de 11,9 % par rapport au premier semestre 1996.
Il faut toutefois tenir compte de la structure du trafic portuaire
français : la faible progression des vracs liquides est
enregistrée sur un volume global déjà important. Si le
trafic de conteneurs progresse de 12 %, sa part dans l'ensemble du trafic
portuaire français demeure relativement faible.
2. Un léger redressement qui doit être relativisé par les caractéristiques et la structure du trafic portuaire français
Plusieurs éléments peuvent être observés quant à la structure et aux caractéristiques du trafic portuaire:
a) Une régression du trafic portuaire français sur moyen terme
Sur le moyen terme (1991-1996), il faut constater une
régression en termes réels du trafic total des ports
français puisque
le tonnage global, de 298 millions de tonnes en
1996, est inférieur à celui de 1991 (304 millions de tonnes).
Cette régression est en partie liée au déclin tendanciel
de l'utilisation de la voie maritime pour l'acheminement du commerce
extérieur, au profit du transport terrestre.
L'acheminement par voie maritime tend en effet à diminuer au profit de
l'acheminement par voie terrestre, même si ces trois dernières
années, une certaine stabilisation peut être constatée.
Alors qu'en 1991-1992, les deux modes de transports se répartissaient
à part égale, en 1996 la voie maritime ne représente plus
que 48 % du tonnage total.
Répartition de l'acheminement du commerce
extérieur entre la voie maritime
et la voie terrestre
Commerce extérieur |
1991 |
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
Exportations + importations |
458 336 |
456 476 |
432 920 |
451 613 |
454 364 |
455 862 |
Par voie terrestre |
50% |
50% |
49% |
52% |
53% |
52% |
Par voie maritime |
50% |
50% |
51% |
48% |
47% |
48% |
(en milliers de tonnes)
b) Une relative stabilité en structure
La répartition par catégorie de marchandises montre une relative stabilité en structure du trafic portuaire français avec toutefois une diminution tendancielle du trafic des vracs solides au profit des marchandises diverses , et notamment du trafic de conteneurs.
Structure du trafic portuaire français
1990 |
1991 |
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
|
tonnage total |
297 |
304,5 |
303 |
304 |
303,5 |
296,5 |
298 |
vracs liquides |
52% |
52% |
52% |
52% |
51% |
50% |
51% |
vracs solides |
27% |
26% |
27% |
24% |
23% |
24% |
23% |
marchandises diverses |
22% |
22% |
21% |
24% |
25% |
25% |
23% |
dont conteneurs |
5% |
5% |
4% |
5% |
5% |
6% |
6% |
(en millions de tonnes)
L'évolution de la structure du trafic des ports
français montre que l'accroissement du trafic de conteneurs reste
modeste puisque ce trafic ne représente que 6 % du trafic total en 1996.
En 1996, l'essentiel du trafic portuaire français est donc
constitué des vracs liquides (51%), et à part égale des
vracs solides et des marchandises diverses (23% chacun).
La structure du trafic des principaux ports européens concurrents
(Rotterdam, Anvers ...) montre
une proportion de trafic conteneurs
significativement plus importante
.
Ports |
Conteneurs |
Trafic total |
Part du trafic
conteneurs
|
Hambourg |
31 |
71,1 |
43,6% |
Brême |
15,7 |
31,6 |
49,6 % |
Rotterdam |
52,7 |
290,6 |
18,1% |
Anvers |
29,5 |
106,5 |
27,7 % |
(en millions de tonnes)
Par comparaison, le trafic de conteneurs du port du Havre
s'élève à 9,5 millions de tonnes, soit 17 % du trafic
global du port. L'ensemble du trafic de conteneurs des ports français,
qui concerne presque exclusivement les ports autonomes, s'élève
à 18,3 millions de tonnes.
Il représente moins de deux tiers
du trafic de conteneurs du seul port d'Anvers et l'équivalent d'un tiers
du trafic de conteneurs du port de Rotterdam.
En 1996, la progression des trafics de conteneurs a été plus
forte dans les grands ports européens que dans les ports autonomes
français, malgré de bons résultats (+7,9 % contre +6,9 %).
Les ports d'Anvers et d'Algésiras se sont principalement
distingués avec des progressions de 14,2 et 15,8 %.
B. UNE SITUATION ECONOMIQUE CONTRASTEE
1. Les ports autonomes : un redressement encore fragile
En 1996, la situation financière des ports autonomes
s'est globalement amélioré et la production vendue a
augmenté de 3 % sous l'effet des bons résultats
enregistrés au Havre et à Nantes Saint-Nazaire. Cependant, les
résultats de certains ports sont stables ou en régression.
Dunkerque : une situation fragile mais en légère
amélioration
La chute des trafics de minerais, des trafics de céréales et la
diminution de l'activité transmanche ont provoqué une chute du
trafic global du port de 11,3 % et une diminution de 3,5 % de son chiffre
d'affaires en 1996.
Cependant, les résultats observés au premier semestre 1997
montrent un redressement de ces trafics (à l'exception du trafic
transmanche), l'ensemble des vracs solides progressant de 25,7%.
Le Havre : une situation financière en redressement
En 1996, le port du Havre a enregistré une hausse de trafic de 4,3% avec
un trafic de conteneurs de 9,5 millions de tonnes (+ 5%). A la hausse des
trafics de conteneurs s'ajoute celle des produits pétroliers en vracs
liquides (+5,1%).
Le chiffre d'affaires du port a progressé de 8,6 % par rapport à
1995, pour atteindre 833 millions de francs.
Au premier semestre 1997, le trafic progresse de 9,6 % grâce à
l'augmentation du trafic de conteneurs (+ 15,9 %) et des produits
pétroliers (+10 %).
Rouen : un affaiblissement dû à la chute des trafics de
céréales
Le port de Rouen, qui était le premier port exportateur de blé
mondial et le premier port céréalier européen, subit de
plein fouet, depuis 1994, la chute des exportations de céréales,
sous l'effet de la réforme de la politique agricole commune. La chute du
trafic de céréales n'a été qu'en partie
compensée par la croissance des marchandises diverses.
Au premier semestre 1997, le trafic portuaire augmente de 22%, en raison d'une
reprise des exportations de céréales, mais le trafic des
marchandises diverses et des vracs liquides diminue.
Nantes-Saint-Nazaire : une situation en net redressement
Le trafic du port a progressé de 3,6 % en 1996, et de 7,3 % au premier
semestre de 1997, notamment en raison de l'augmentation des trafics de vracs
liquides (+ 9,2%), de vracs solides (+1,6%), de marchandises diverses (+10%),
et plus particulièrement de conteneurs (+14,9 %).
Bordeaux : une position encore fragile
En 1996, le trafic total, de 8,65 millions de tonnes, est stable. En 1997, le
trafic des vracs liquides est en légère régression et le
trafic des marchandises diverses en forte progression, notamment celui des
conteneurs.
Marseille
En 1996, le trafic portuaire a progressé de 4,7 %, en particulier les
trafics d'hydrocarbures et de marchandises diverses parmi lesquelles le trafic
de conteneurs.
Au premier semestre 1997, le trafic des vracs solides (minerais et charbon) et
liquides progresse, alors que le trafic des marchandises diverses diminue,
malgré la poursuite de la progression des conteneurs.
2. Les ports d'intérêt national : une faiblesse persistante
En 1996, le chiffre d'affaires hors taxes pour l'ensemble des
concessions portuaires s'est accru (1,36 milliards de francs, contre 1,32
milliards de francs en 1995), mais il faut tenir compte de la diversité
des résultats des concessions :
- la situation financière de tous les ports de pêche est
délicate, voire critique.
- certaines concessions de commerce connaissent des difficultés durables
ou se trouvent confrontées à des évolutions de trafic
(concurrence du tunnel transmanche, conséquences de la politique
agricole commune) qui perturbent leur équilibre.
Ainsi, le
port de Boulogne
subit les conséquences de la
disparition de l'essentiel du trafic transmanche.
Le
port de Caen
connaît des difficultés en raison de la
diminution du trafic sidérurgique et des exportations de
céréales. Son trafic a chuté de 35 % entre 1993 et 1994 et
a enregistré un nouveau recul en 1996 (-39 % pour le trafic
céréalier, - 20 % pour le trafic roulier, -13 % pour le trafic
passagers).
Le
port de Sète
a enregistré une régression de son
trafic de 5% en 1996 puis une nouvelle chute de 6 % en 1996.
Enfin, le
port de Dieppe
connaît un certain renouveau depuis 1993,
en partie en raison du développement de trafics fruitiers
générés par la réforme de la manutention portuaire.
En 1996, ces trafics ont ainsi enregistré une hausse de 14,7 % par
rapport à 1995.
3. Les ports d'outre-mer
Le trafic global des 3 principaux ports d'outre-mer diminue
de
3 % au premier semestre 1997, pour atteindre 4,1 millions de tonnes.
Le
port de Fort de France
en Martinique connaît une
régression de son trafic (-13,8%), le
port autonome de Guadeloupe
subit une légère baisse (-0,8%) alors que
le port de la
Réunion
enregistre une progression sensible de son activité
(+7,2%).
C. DES EFFORTS DE PRODUCTIVITE ET D'ASSAINISSEMENT FINANCIER
1. Des efforts de productivité
a) Le résultat net des ports français en amélioration
Le résultat net global des ports maritimes
français, positif de 1988 à 1992, était redevenu
négatif de 1993 à 1995
.
Le déficit constaté en 1993 (- 42 millions de francs), en raison
de conflits sociaux et d'une conjoncture économique morose, s'est
aggravé en 1994 pour atteindre 50 millions de francs. En 1994, des
résultats négatifs ont été enregistrés au
Havre (-17 millions de francs) et surtout à Rouen (-36 millions de
francs) en raison de la chute du trafic céréalier.
En 1995, le résultat net global a enregistré un très
léger déficit.
Depuis 1995, les ports se sont engagés
dans une réduction
significative de certains de leurs postes de dépenses
, afin de
réduire leur déficit d'exploitation. En 1996, le résultat
net global des ports autonomes est redevenu positif (87,7 millions de francs)
grâce à la progression du chiffre d'affaire du Havre et de
Saint-Nazaire.
Le chiffre d'affaire (ou production vendue) des ports autonomes
métropolitains, qui regroupe les prestations des services des ports
(droits de port, taxes d'outillage, recettes des domaines ou concessions,
autres prestations de services) s'est établi à 3,1 milliards de
francs en 1996, en hausse de plus de 3% par rapport à 1995.
b) Une modération tarifaire à poursuivre
La décomposition du chiffre d'affaires des 6 ports
autonomes montre que la moitié du chiffre d'affaires provient des droits
de ports (38% pour le navire, 12% pour les passagers, 1% pour les marchandises)
et l'autre moitié comprend les redevances domaniales (13%) et les autres
recettes d'exploitation (38%).
Depuis plusieurs années, à l'exception de situations
particulières, la tendance générale est à
la
modération des tarifs portuaires
, qui recouvre en
réalité des baisses ciblées sur certains trafics. En 1997,
de nombreux ports n'ont pas augmenté leurs tarifs : les tarifs des
droits de port sont restés inchangés au Havre et à
Marseille et ils ont baissé de 4 % à Nantes et Dunkerque (en
particulier sur le pétrole brut). De même les tarifs d'outillage
sont restés inchangés au Havre, à Nantes-Saint-Nazaire et
à Marseille.
Ils n'en reste pas moins que
la comparaison avec certains grands ports
européens reste défavorable aux ports français
: sur
la période 1993-1995, le coût moyen des droits de port s'est
élevé à 6,27 francs par tonne en moyenne dans les ports
autonomes français mais à 3,97 francs par tonne dans le port
d'Anvers.
Il semble donc que la modération tarifaire doive être poursuivie,
pour rétablir un équilibre de compétitivité sur ce
point. Des outils d'analyse, de suivi et de transparence devraient être
réunis par la création prochaine d'un observatoire des
coûts de passage portuaire.
c) De nouvelles recherches de gains de productivité
Les efforts de productivité ne résident pas seulement dans la modération tarifaire. Ils peuvent être réalisés par l'intermédiaire d'actions partenariales : c'est le cas de l'expérience originale menée par les ports autonomes de Rouen et du Havre, consistant à créer un groupement d'intérêt économique avec pour principal objectif une collaboration entre ces deux ports qui se veulent complémentaires.
Le groupement d'intérêt économique "Rouen-Le Havre"
Le 4 mars 1996, le ministre de l'Equipement, des transports
et
du logement a procédé à l'installation officielle de la
commission interportuaire de la Seine. Cette commission associe les
responsables des ports autonomes du Havre, de Rouen et de Paris ainsi que du
port de Dieppe, des usagers des différentes places portuaires, des
représentants de l'Etat et des collectivités territoriales. Elle
est présidée par le Préfet de la région
Haute-Normandie. La commission interportuaire a arrêté un certain
nombre d'actions à mener conjointement et
la décision de
créer un groupement d'intérêt économique Rouen- Le
Havre a été prise en juin 1996
pour tirer les
conséquences de cette démarche.
Le
premier bilan de ce rapprochement
est le suivant :
1 -
rapprochement institutionnel
par la création d'une commission
bilatérale de concertation sur les sujets stratégiques, et
notamment les grands investissements.
2 -
concertation dans le domaine technique
, notamment :
- la sécurité et la signalisation maritimes : interconnexion des
systèmes de surveillance, documents d'aide à la navigation
communs, échanges de données,
- l'organisation des dragages,
- l'aménagement de l'estuaire de la Seine : études
d'ingénierie communes,
- le développement des outils informatiques pour accélérer
le transit portuaire,
- le rapprochement des stations de pilotage de Rouen et du Havre en vue de
gains de productivité.
2. Un assainissement financier
Confrontés à des situations
financières difficiles, la plupart des ports maritimes ont engagé
un effort de désendettement
qui a conduit à
l'amélioration de leur marge nette d'autofinancement de 20 % par rapport
à 1995. En 1996, le niveau de la dette des ports d'intérêt
national s'élevait à 1,277 milliards de francs contre 1,315
milliards de francs en 1995, soit une diminution de 2,8%.
Comme le montre la diversité des positions commerciales des
différents ports français,
la situation financière
délicate de certains ports a conduit à mener divers plans de
redressement, tant pour les ports d'intérêt national que pour les
ports autonomes.
Concernant les
ports autonomes
, à titre d'exemple, un plan de
redressement du port de Rouen a été défini au début
de 1997 : le redressement financier devrait passer par une augmentation des
crédits du Fonds européen de développement régional
(FEDER), la revalorisation des produits issus de cessions domaniales et
l'arrêt du recours à l'emprunt.
Parmi les
ports d'intérêt national
, les ports de Boulogne
et Sète sont les plus fortement endettés.
Le port de Sète a dû rééchelonner sa dette à
trois reprises, en 1986-1988, 1990 et 1994, et cette dette atteint aujourd'hui
170 millions de francs. Au 31 décembre 1996, le port de Boulogne est
endetté à hauteur de 175 millions de francs, le port de Caen
à hauteur de 110 millions de francs, Dieppe à hauteur de 90
millions de francs et Bayonne pour 80 millions de francs. Des missions
d'expertise sont en cours de manière à définir des plans
de redressement pour Sète et Boulogne.
L'endettement des ports français s'explique par
leur recours à
l'emprunt
dans les années récentes, pour financer des
investissements qui se sont révélés coûteux en
raison de modifications de trafics. C'est le cas du port de Caen qui, ayant
recouru à l'emprunt en 1992-1993 pour financer un poste transmanche et
la reconstruction du pont de Bénouville, se trouve aujourd'hui
endetté en raison d'un retournement de trafic.
Certaines situations peuvent provenir de véritables erreurs de jugement.
Ainsi le rapport n°1995-305-1C de la Cour des Comptes, concernant la
gestion du port de Nantes-Saint Nazaire, pointe du doigt la construction d'un
terminal fruitier mis en service en novembre 1993, exemple d'investissement
surdimensionné qui n'a pas rencontré le trafic attendu
(7500 tonnes contre 210 000 tonnes annoncées).
Si en 1992, 1993 et 1994, un tiers des investissements dans les ports
d'intérêt national ont été financés par
emprunt, seulement 12 % l'ont été en 1995, 10 % en 1996 et selon
des estimations provisoires, 2 % en 1997.
Dans les ports autonomes, le recours à l'emprunt a été le
plus fort en 1994 et 1995 (22 % et 26 % du financement total des
investissements) et a tendu également à se réduire au
profit d'un financement sur ressources propres.
II. LE PROJET DE BUDGET POUR 1998 : UNE INFLEXION DANS UNE TENDANCE DE LONG TERME À LA DIMINUTION DES CREDITS CONSACRES AUX "PORTS MARITIMES"
Le budget des Ports maritimes correspond à
l'essentiel de l'agrégat 05 " Ports maritimes et
littoral "
du fascicule IV - Mer
du budget de l'Équipement, des Transports et
du logement.
Ainsi définis, les crédits inscrits au budget des Ports
maritimes pour 1998 s'élèvent à
592,7 millions de
francs, en hausse de 1% par rapport au budget voté de 1997.
Cette hausse fait suite à la diminution de 3,1% enregistrée l'an
dernier.
(en millions de francs)
Nature des crédits |
LFI 1997 |
PLF 1998 |
Différence 1997-1998 |
Evolution en % |
Titre III Moyens des services |
37,6 |
43 |
5,4 |
14,4 |
Titre IV Interventions publiques |
394 |
394 |
0 |
0,0 |
Total des dépenses ordinaires |
431,6 |
437 |
5,4 |
1,3 |
Titre V Investissements exécutés par l'Etat |
||||
AP |
157,6 |
180,1 |
22,5 |
14,3 |
CP |
152,7 |
153,7 |
1 |
0,7 |
Titre VI Subventions d'investissement accordées par l'Etat |
||||
AP |
4,5 |
4 |
-0,5 |
-11,1 |
CP |
2,5 |
2 |
-0,5 |
-20,0 |
Total des dépenses en capital |
||||
AP |
162,1 |
184,1 |
22 |
13,6 |
CP |
155,2 |
155,7 |
0,5 |
0,3 |
TOTAL GENERAL (crédits de paiement) |
586,8 |
592,7 |
5,9 |
1,0 |
A. PRESENTATION GENERALE DES CREDITS
1. Les dépenses ordinaires
a) Les dépenses de fonctionnement
Les dépenses de fonctionnement (Titre III) du budget
des Ports maritimes correspondent au
chapitre 35-34 " Ports
maritimes -
Entretien et exploitation ",
destiné aux ports non-autonomes
directement gérés par l'Etat.
Avec une dotation de
43 millions de francs
, les crédits
destinés à l'entretien des chenaux d'accès, des
avant-ports et des infrastructures de bases des ports d'intérêt
national
augmentent de 14,2%
par rapport au budget voté de 1997
(37,64 millions de francs). Ces crédits seront essentiellement
consacrés à la réalisation d'opérations ponctuelles
de rétablissement de profondeur, indispensables à la
sécurité des accès nautiques.
b) Les dépenses d'intervention
Les dépenses d'intervention (Titre IV) du budget des
Ports maritimes correspondent au
chapitre 44-34 " Ports autonomes
maritimes - Participation aux dépenses ",
destiné à l'entretien courant des six plus grands ports de
Métropole.
Ce chapitre, qui représente à lui seul les deux tiers du
budget des Ports maritimes, est reconduit en 1998 à son niveau de 1997,
soit 394 millions de francs.
Au total, les dépenses ordinaires du budget des Ports maritimes sont en
progression.
Elles s'élèvent à 437 millions de francs
pour 1998, en hausse de 1,3%.
2. Les dépenses en capital
Les dépenses en capital progressent en moyens
d'engagement (+13,6 %) et sont stables en moyens de paiement
.
Les crédits d'investissements exécutés par l'Etat (Titre
V) correspondent à
trois des six articles du chapitre 53-30
" Ports maritimes et protection du littoral ".
Le détail de ces dépenses en capital est le suivant :
a) les investissements de capacité, les opérations de
modernisation et les grosses réparations effectuées dans les
ports maritimes de Métropole
(article 30). Ces crédits
s'élèvent à
162,45 millions de francs en autorisations
de programme et 139,1 millions de francs en crédits de paiement
,
soit une progression de 13% en autorisations de programme et 0,3% en
crédits de paiement. La revalorisation de la dotation en autorisations
de programme (+ 25 millions de francs) est notamment destinée à
accélérer la mise en oeuvre des opérations inscrites dans
les contrats de plan "Etat-Région".
Les opérations les plus importantes en matière d'investissement
de capacité et de modernisation concerneront :
- Dunkerque : réaménagement du quai à
pondéreux ;
- Le Havre : études d'extension portuaire ;
- Marseille : poursuite de la modernisation du secteur Joliette (trafic
passagers et roulier) ;
- La Rochelle : extension du terminal forestier de Chef de Baie ;
- Nice : extension des capacités portuaires pour l'accueil des trafics
croisières ;
- Nantes/ Saint-Nazaire : aménagement du terminal marchandises diverses
et conteneurs ;
- Rouen : approfondissement du chenal.
b) Les grosses réparations d'entretien et de restauration dans les
ports maritimes Outre-Mer
(article 70). Ces crédits
s'élèvent à
17 millions de francs en autorisations de
programme et 13,4 millions de francs en crédits de paiement
, soit
une progression de 31% en autorisations de programme et 3% en crédits de
paiement.
Ces dépenses portent exclusivement, comme en Métropole, sur des
opérations d'infrastructures :
- Guadeloupe : diverses opérations, notamment sur le site de la Pointe
Jarry ;
- Guyane : aménagements au port de Dégrad des Cannes ;
- Martinique : nouveau terminal à conteneurs à la Pointe des
Grives.
Concernant ce dernier projet, il s'agit de créer une nouvelle
plate-forme de 16 hectares gagnés sur la mer dans le prolongement de la
zone industrialo-portuaire, de manière à palier la saturation du
terminal actuel et de spécialiser les postes à quai. Le
financement global des infrastructures est évalué à 500
millions de francs dont 49,1 millions de francs de participation de l'Etat et
38,9 millions de francs sur le budget "ports maritimes".
c)
Les études générales liées aux travaux
d'aménagement, d'amélioration et de protection des ports
maritimes
(article 10). Ces crédits s'élèvent à
700 000 francs en autorisations de programme et 1,18 millions de francs
en crédits de paiement
, soit une stabilité des dotations.
Suite à la suppression de l'article 20
du chapitre "63-30 Ports
maritimes et protection du littoral"
, les crédits correspondants ont
été transférés à l'article 10 " ports
maritimes". Il représente
4 millions de francs
en
autorisations de programme et 2 millions de francs en crédits de
paiement
, soit une légère baisse par rapport à 1997.
La subvention de 4 millions de francs en autorisation de programme sera
consacrée à la poursuite des opérations inscrites au
contrat de développement avec le Territoire de Polynésie
Française (construction de postes d'accostage pour ferries à
Vaiare (Moorea) et Bora-Bora et aménagement des installations portuaires
de Uturoa (Raiaeta).
B. UNE INFLEXION DANS LA TENDANCE A LA DIMINUTION DES CREDITS
Evolution des dotations aux ports maritimes
(en millions de francs)
Loi de finances initiale 1997 |
Projet de loi de finances 1998 |
Variation
|
|
Crédits de paiement |
|||
Entretien et exploitation |
|||
Ports maritimes non autonomes en métropole |
34,02 |
39,38 |
+ 15,76 |
Ports maritimes dans les DOM |
3,62 |
3,62 |
- |
Participation aux dépenses des ports autonomes |
|||
Ports autonomes en métropole |
392,50 |
392,50 |
- |
Ports autonomes dans les DOM |
1,50 |
1,50 |
- |
Investissements exécutés par l'Etat |
|||
Etudes générales |
1,10 |
1,18 |
+ 7,27 |
Ports maritimes en métropole |
138,60 |
139,10 |
+ 0,36 |
Ports maritimes outre-mer |
13,00 |
13,40 |
+ 3,08 |
Subventions d'investissement accordées par l'Etat |
|||
Ports concédés outre-mer |
2,50 |
2,00 |
- 20,00 |
Autorisations de programme |
|||
Investissements exécutés par l'Etat |
|||
Etudes générales |
0,70 |
0,70 |
- |
Ports maritimes en métropole |
144,00 |
162,45 |
+ 12,81 |
Ports maritimes outre-mer |
12,95 |
17,00 |
+ 31,27 |
Subventions d'investissement accordées par l'Etat |
|||
Ports maritimes |
4,00 |
6,00 |
+ 50,00 |
1. La stabilisation des crédits d'entretien et d'exploitation
Le projet de loi de finances 1998 marque
un arrêt de
la diminution des crédits en faveur des ports maritimes avec une
stabilisation des dotations pour les crédits d'entretien et
d'exploitation
(+1,2%) et une hausse de 14,4% des dotations aux ports
d'intérêt national.
Votre rapporteur se félicite de cette stabilisation globale
même s'il déplore que les crédits d'entretien des ports
maritimes aient encore connu une régulation importante en 1996: 3,6 %
des crédits ont été annulés.
Il rappelle qu'en matière de dépenses d'entretien (chapitre
44-34), du fait de la loi du 29 juin 1965 sur l'autonomie, les ports autonomes
interviennent à hauteur de 50% de la dépense alors que dans
d'autres pays de l'Union Européenne, notamment l'Allemagne et les pays
du Bénélux, l'Etat prend en charge directement et
intégralement ces dépenses.
Crédits budgétaires consacrés au dragage
(en milliers de francs)
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
||||
LFI |
Après
|
LFI |
Après annulations |
LFI |
Après
|
PLF |
|
Ports autonomes
|
402 200 |
369 102 |
392 500 |
382 339 |
392 500 |
389 510 |
392 500 |
Ports d'intérêt national (chap.35-34) |
36 200 |
33 571 |
34 398 |
29 242 |
34 016 |
33 723 |
39 376 |
Compléments
|
54 800 |
54 419 |
54 000 |
Les crédits budgétaires consacrés au dragage ont diminué en loi de finances depuis 1995, tant pour les ports autonomes que pour les ports d'intérêt national . Pour 1998, une légère inflexion sur le chapitre 35-34 permet d'accroître les moyens consacrés au dragage dans les ports d'intérêt national. Il faut remarquer la progression sensible des fonds de concours enregistrés au chapitre 53-30, avec une augmentation de 20 millions de francs en deux ans.
2. Une rénovation attendue du patrimoine des ports maritimes
La progression des crédits d'équipement
destinés aux ports maritimes pour 1998 se conjugue avec un accroissement
des financements par fonds de concours.
Le projet de loi de finances 1998 prévoit en effet une progression
significative des crédits d'engagement en faveur des ports maritimes.
Une augmentation de 14% des autorisations de programme pour les dépenses
d'investissement de capacité et de modernisation des ports maritimes,
pour un montant total de 162 millions de francs, est prévue pour la loi
de finances 1998.
Votre rapporteur se félicite qu'une rénovation du patrimoine
des ports autonomes et des ports d'intérêt national puisse ainsi
être entreprise même s'il déplore que les crédits
d'équipement des ports maritimes connaissent toujours
une
régulation importante
: 9,7% des autorisations de programme et 4,6 %
des crédits de paiement ont été annulés par
l'arrêté du 9 juillet 1997. Le récent arrêté
du 19 novembre 1997 a encore annulé 2,1 % des crédits du chapitre
53-30 (ports maritimes et protection du littoral).
Evolution des dotations budgétaires relatives à l'équipement des ports maritimes de 1995 à 1998
(en milliers de francs)
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
||||
LFI |
Après
|
LFI |
Après annulations |
LFI |
Après
|
PLF |
|
Equipement en infrastructure |
|||||||
AP |
185.500 |
131.926 |
161.570 |
143.011 |
161.650 |
146.010 |
184.150 |
CP |
196.200 |
166.580 |
178.310 |
168.951 |
154.700 |
147.528 |
155.680 |
Depuis 1995
les crédits d'équipement des
ports maritimes ont connu une diminution constante, renforcée par de
régulières mesures d'annulation
. L'augmentation des
autorisations de programme pour 1998 rompt avec une tendance à la baisse
qui a fait passer de 257 millions de francs en 1992 à 161 millions de
francs en 1997 les moyens d'engagement pour les investissements des ports
maritimes.
La dotation prévue en moyens d'engagement est donc
équivalente à celle de 1995.
Les crédits de paiement
ne connaissent pas une progression aussi importante mais ils sont
également en hausse, pour la première fois depuis 1992.
D'autre part, les estimations de fonds de concours pour 1998 montrent que
les participations des chambres de commerce et d'industrie et des
collectivités locales aux travaux de construction et d'infrastructures
dans les ports d'intérêt national sont en forte progression
:
235 millions de francs pour 1998, soit une hausse de 7,6% par rapport à
1997 et de 46% par rapport à 1996.
Répartition des crédits alloués par voie de fonds de concours
Chapitre/année |
1 996 |
1 997 |
1 998 |
dépenses de fonctionnement (35-34) |
45 752 256 |
45 000 000 |
45 000 000 |
dépenses en capital (53-30) |
161 607 245 |
217 199 366 |
235 040 080 |
total |
207 359 501 |
262 199 366 |
280 040 080 |
(en francs)
Votre rapporteur rappelle cependant que même en prenant en considération les contributions des fonds de concours, le soutien financier aux ports maritimes français reste très limité car les ports concurrents bénéficient de soutiens publics massifs . A titre d'exemple, le plan "Rotterdam 2010", dont l'investissement total est estimé à 300 milliards de francs, prévoit la participation de l'Etat pour 30 milliards de francs d'investissement en infrastructures portuaires, ferroviaires et routières.
Plan "Rotterdam 2010"
Investisseurs |
Valeur en milliards de F |
Objet |
Port Rotterdam |
16 |
infrastructures portuaires |
Secteur privé |
|
outil industriel, outillage des terminaux et mesures environnementales |
Etat |
30 |
infrastructures portuaires, ferroviaires et routières |
Total |
300 |
III. L'INVESTISSEMENT DANS LES PORTS MARITIMES FRANÇAIS
A. LE FINANCEMENT DES PORTS FRANÇAIS
1. Les règles du financement de ports français
Les règles de répartition des financements entre l'Etat et les établissements portuaires (et donc les usagers au travers des redevances) sont clairement exprimées par les dispositions du code des ports maritimes en ce qui concerne les ports autonomes.
Financement des ports maritimes français
Ports autonomes |
Ports d'intérêt national |
Ports départementaux |
|
Entretien | |||
Accès maritimes |
Etat |
Etat + FC |
coll.loc + Etat (DGD) |
Quais |
P.A |
Etat + FC |
coll.loc + Etat (DGD) |
Routes |
P.A |
Etat + FC ou concession |
coll.loc + Etat (DGD) ou concession |
Voies ferrées |
SNCF |
||
Superstructures |
P. A |
concession : 100% |
concession : 100% |
Investissements | |||
Accès maritimes |
80% Etat -20% P.A |
33% Etat - 66% FC |
coll.loc + Etat (DGD)+FC |
Quais |
60% Etat - 40% P.A |
33% Etat - 66% FC |
coll.loc + Etat (DGD)+FC |
Routes |
essentiel P.A |
33% Etat - 66% FC ou concession |
coll.loc + Etat (DGD)+FC ou concession |
Voies ferrées |
SNCF 50%, P.A 50% |
||
Superstructures |
essentiel P.A |
essentiel concession |
essentiel concession |
P.A : ports autonomes, FC : fonds de concours, coll.loc :
collectivités locales.
Les règles fixant
le niveau de participation de l'Etat
sont moins
précises pour les ports d'intérêt national et sont
discutées projet par projet. Dans les ports départementaux, le
taux d'intervention de l'Etat est fixé chaque année dans le cadre
de la dotation globale de décentralisation et la participation des
collectivités locales est extrêmement variable. Dans les ports
autonomes, elle porte essentiellement sur les superstructures, dans les ports
non autonomes elle concerne également pratiquement
systématiquement les infrastructures.
Ces dernières années
les financements de l'Etat se sont
situés nettement en retrait par rapport à ces dispositions
,
obligeant en conséquence ces établissements à substituer
un financement par les collectivités locales et leur budget propre (donc
en définitive par l'usager).
Le financement des accès
qui devrait être
entièrement à la charge de l'Etat souffre de la diminution des
crédits budgétaires et se transforme en charge interne pour les
ports autonomes. La participation des collectivités locales à
l'investissement a fortement progressé, mais trouvera ses limites dans
les contraintes financières à laquelle elles sont
également confrontées.
2. Le financement des investissements des ports autonomes
Le financement des investissements des ports
autonomes
1991 |
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 (e) |
|
Etat |
14% |
16% |
15% |
12% |
15% |
14% |
10% |
Collectivités locales et tiers (FEDER) |
23% |
20% |
29% |
24% |
27% |
30% |
29% |
Emprunt |
12% |
17% |
16% |
22% |
26% |
19% |
6% |
Port (ressources propres) |
48% |
47% |
40% |
42% |
32% |
36% |
55% |
Total (en millions F) |
1133,4 |
898,3 |
878,1 |
885,2 |
858,8 |
711,2 |
956,3 |
Plusieurs éléments peuvent être
remarqués :
1 -
un fort tassement des investissements des ports autonomes depuis
1991, avec une chute brutale en 1996
, puisque ces investissements sont
alors passés de 858 millions de francs à 711 millions de francs.
Les estimations pour 1997 montrent un important regain de l'investissement
grâce à un accroissement significatif du financement sur les
ressources propres des ports (de 36% à 55% du montant des
investissements) et malgré une diminution de la participation de l'Etat
(de 14% à 10%).
2 -
une modification de la répartition des différents
financeurs
depuis 5 ans, avec :
- une diminution sensible du financement de l'Etat
- une baisse du financement par emprunt
, en partie compensée par une
hausse du financement par les collectivités locales et le fonds
européen de développement régional (FEDER).
Après avoir augmenté depuis 1993, la part de financement des
collectivités locales s'est stabilisée, ce qui confirme les
limites du transfert de charges entre collectivités publiques.
3 -
une décroissance constante du financement par ressources
propres qui semble s'être infléchie depuis 1996
, confirmant le
léger redressement financier des ports français.
3. Le financement des investissements des ports d'intérêt national
L'évolution du financement des ports
d'intérêt national montre
une grande variation des sources de
financement
avec toutefois, depuis 1994, deux faits significatifs :
- une augmentation des investissements sur fonds propres
- une réduction du recours à l'emprunt.
Le niveau des subventions semble se redresser après deux années
de très faible soutien (1995 et 1996) mais il faudra tenir compte des
éventuelles mesures de régulation.
Le financement des investissements des ports d'intérêt national
1991 |
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 (e) |
|
Subventions |
38% |
37% |
37% |
40% |
16% |
21% |
39% |
Emprunts |
12% |
32% |
28% |
22% |
12% |
10% |
2% |
Fonds propres |
51% |
31% |
35% |
38% |
72% |
69% |
58% |
total |
736 |
542 |
595 |
664 |
571 |
921 |
1174 |
(en millions de francs)
La réduction des subventions publiques de l'Etat aux
investissements des ports d'intérêt national a été
compensée par l'accroissement des crédits des fonds de
concours.
Mise à part l'année 1995, très atypique, le financement
public des investissements dans les ports d'intérêt national
montre une progression continue des subventions par voie de fonds de concours
et une diminution importante de la part des crédits de l'Etat. En 1997,
les subventions aux dépenses d'équipement des ports
d'intérêt national étaient versées à 81 % par
le biais de fonds de concours.
Investissements dans les ports d'intérêt national
Etat (A.P) |
en % |
Fonds de concours |
en % |
Total |
|
1992 |
89 082 |
30% |
211 398 |
70% |
300 480 |
1993 |
49 460 |
34% |
95 562 |
66% |
145 022 |
1994 |
67 180 |
33% |
135 185 |
67% |
202 365 |
1995 |
43 226 |
53% |
38 420 |
47% |
81 646 |
1996 |
74 394 |
20% |
295 191 |
80% |
369 585 |
1997 |
80 065 |
19% |
340 281 |
81% |
420 346 |
(en milliers de francs)
4. Un rééquilibrage des investissements entre ports autonomes et ports d'intérêt national
Au total, la répartition de l'investissement dans les
ports maritimes français a évolué de manière
importante puisqu'aujourd'hui,
plus de la moitié de l'investissement
des ports maritimes français concerne les ports d'intérêt
national
, contre moins de 40 % il y a 5 ans.
1991 |
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 (e) |
|
Investissement total |
1869,4 |
1440,3 |
1473,1 |
1549,2 |
1429,8 |
1632,2 |
2130,3 |
Ports autonomes |
61% |
62% |
60% |
57% |
60% |
44% |
45% |
Ports d'intérêt national |
39% |
38% |
40% |
43% |
40% |
56% |
55% |
Les ports autonomes envisagent toutefois des réalisations plus importantes. Un certain nombre de projets d'investissement sont conduits par les ports pour améliorer leur compétitivité, c'est le cas du projet "port 2000" au Havre.
Le projet "port 2000"
Le projet port 2000 est présenté par le port autonome du Havre pour faire face au risque de régression de ses trafics à l'horizon 2000. Ce projet consiste en la réalisation de terminaux pouvant traiter les plus grands navires porte-conteneurs transcontinentaux, avec une intégration complète de la logistique terrestre (fleuve, routes et fer) et maritime (cabotage). Le port du Havre va engager une large concertation régionale, dans le cadre de la nouvelle procédure destinée à assurer la transparence et la démocratisation des choix d'infrastructures.
B. LES INVESTISSEMENTS PRIVES
1. Des investissements importants
Les investissements privés représentent une
part non négligeable de l'investissement dans les ports maritimes.
En 1997, les principaux investissements privés mis en service ou
commandés
dans les ports d'intérêt national
concernaient Calais (silo à sucre) pour 50 millions de francs et Bayonne
(grue) pour 20 millions de francs.
Dans les ports autonomes
, les principaux investissements privés
en 1997 concernaient, pour les terminaux alimentaires, Rouen (terminal sucrier)
pour 145 millions de francs sur 1996-1997 et Dunkerque (hangar,
entrepôts) pour 25 millions de francs. Des investissements dans les
autres terminaux industriels concernaient également Dunkerque pour 25
millions de francs en raison de la pose d'un gazoduc et Rouen pour 120 millions
de francs pour diverses opérations, notamment sur les hangars, sur
1997-1998.
2. La gestion du domaine des ports maritimes
Outre le bénéfice direct des investissements
privés, le rééquilibrage de la structure de financement
des ports français pourrait passer par
la revalorisation des produits
des redevances domaniales.
La loi n°94-631 a en effet introduit une nouvelle section dans le code
du domaine de l'Etat et conduit à la délivrance d'autorisations
temporaires d'occupation du domaine public, constitutives de droits
réels
. Après la parution d'un premier décret le 6 mai
1995, un second décret n°96-1958, paru le 2 décembre 1996, a
permis aux gestionnaires effectifs des ports (ports autonomes et
concessionnaires) de délivrer eux-mêmes des autorisations
constitutives de droit réel. Il est encore trop tôt pour
établir un bilan quantitatif d'un dispositif récent, qui n'a
encore connu qu'un petit nombre d'applications, mais cette nouvelle
législation devrait permettre de clarifier la situation des
investisseurs occupant le domaine public et d'apporter une plus grande
sécurité juridique.
C. LE FINANCEMENT DES PORTS FRANÇAIS PAR RAPPORT À LEUR CONCURRENTS EUROPÉENS
La comparaison du financement des port autonomes
français et du port d'Anvers, deuxième port européen, sur
la période 1993-1995, montre un sous-financement des investissements par
l'Etat dans les ports français par rapport à l'exemple d'Anvers.
Le financement public représente 26 % du coût total en France
(dont 9 % assuré par les collectivités locales), alors qu'il est
de 42 % du coût total à Anvers. La différence notable
réside dans le financement par l'Etat des accès portuaires
(à noter que le financement par l'Etat correspond au financement par le
gouvernement flamand pour le port d'Anvers).
Il faut remarquer que la part des recettes domaniales est également
moins importante. Seuls les droits de ports sont plus élevés en
France, et représentant plus de la moitié du financement des
ports, ce qui peut être estimé inquiétant du point de vue
de la compétitivité des ports français par rapport
à leurs voisins européens.
Ports autonomes français |
Port d'Anvers |
|||
(en franc/tonne) |
en % du total |
(en franc/tonne) |
en % du total |
|
Droits de port |
6,27 |
57% |
3,97 |
31% |
Recettes domaniales |
1,91 |
17% |
3,53 |
27% |
Investissement Etat |
0,51 |
5% |
2,32 |
18% |
Investissement collectivités loc. |
0,99 |
9% |
||
financement Etat des accès |
1,38 |
12% |
3,13 |
24% |
Total |
11,06 |
100% |
12,95 |
100% |
source : U.P.A.C.C.I.M
Les règles de l'Union européenne n'incluent pas dans les aides soumises à déclaration au titre de l'article 92 du traité de la Communauté européenne le financement de projets d'infrastructure dans la mesure où leur réalisation constitue une mesure de politique économique générale. La commission comprend explicitement dans ce cadre le financement des accès, des ouvrages extérieurs, des ouvrages d'accostage publics, des terre-pleins publics et de leur aménagement. les ports du Nord de l'Europe font une utilisation extensive de ces dispositions.
IV. DE NOUVEAUX ENJEUX POUR AMELIORER LA COMPETITIVITE DES PORTS FRANÇAIS
A. LA DESSERTE TERRESTRE, ENJEU ESSENTIEL DE LA COMPETITIVITE DES PORTS FRANCAIS
1. La desserte terrestre
Votre rapporteur estime que la question de la desserte
terrestre des ports maritimes est aujourd'hui plus que jamais essentielle
car c'est sur le transport terrestre que peuvent être
réalisés les plus importants gains de productivité.
S'agissant de la
desserte routière
, un certain nombre de travaux
ont été entrepris : le désenclavement de la zone
industrielle portuaire de Dunkerque devrait être engagé fin 1997
avec le début des travaux de déviation de la R.D.11. Les liaisons
accompagnant le plan "transmanche" et améliorant la situation des
ports
de la Basse-Seine et leur desserte vers le Nord et l'Est : le tronçon
Abbeville-Boulogne devrait être mis en service au printemps 1998 ainsi
que l'A29 entre Le Havre et l'A28.
Cependant, la liaison complète Abbeville-Rouen-Alençon-Tours ne
devrait pas être mise en service avant l'an 2000.
Concernant la desserte fluviale
, le canal à grand gabarit
Seine-Nord doit relier le bassin de la Seine au canal Dunkerque-Escaut,
améliorant ainsi la desserte des ports du Nord de la France mais aussi
de Belgique et des Pays-Bas. Une concertation sur le tracé
définitif a été engagée et devrait aboutir à
une décision au premier semestre 1998.
En matière de
fret ferroviaire
, depuis 1992 la Compagnie Nouvelle
de Conteneurs (C.N.C) a mis en oeuvre un plan de transport pour l'acheminement
des conteneurs maritimes par des trains d'axe et un système de points
nodaux. En 1996 a été mis en place un service régulier de
navettes ferroviaires directes du port du Havre vers la région
Rhône-Alpes et entre Fos sur mer et le port Edouard-Herriot à Lyon.
Une politique volontariste du nouvel établissement public
Réseau Ferré de France est plus que jamais nécessaire
.
Au cours de la séance plénière du Conseil National des
Communautés Portuaires (C.N.C.P) du 23 septembre 1997 a
été annoncée une réflexion sur la desserte
terrestre des ports maritimes, avec la mise en place de trois groupes
sectoriels, un avis devant être rendu en janvier 1998. Cet avis sera
très attendu, car il devrait fournir les éléments d'une
véritable action en faveur de la desserte des ports.
Votre rapporteur estime que l'engagement en faveur de la desserte
ferroviaire
doit s'inscrire dans un cadre européen
,
afin
de préserver les intérêts des ports français
,
notamment dans les décisions à venir en matière de
"corridors de fret ferroviaire". Ces liaisons rapides et à grande
capacité seront un élément essentiel de
développement des trafics de marchandises.
Les axes qui seront privilégiés au niveau européen
(Nord-Sud ou Ouest-Est), auront des conséquences décisives sur
l'activité et la compétitivité des ports
français.
2. Les corridors de fret ferroviaire
La situation du trafic ferroviaire de marchandises s'est
dégradée en Europe, la vitesse moyenne des trains de marchandises
étant aujourd'hui inférieure à 20 km/h. Le volume de
marchandises transportées par rail a reculé de 22 % entre 1970 et
1994, alors que le transport par la route connaît une progression de 146
%.
La commission européenne a donc exposé, à la fin de
l'été 1996, une réponse à la situation du transport
ferroviaire dans le livre blanc intitulé "une stratégie pour
revitaliser les chemins de fer communautaires".
Ce document a été mis au point par un groupe consultatif
composé d'exploitants de compagnies ferroviaires, d'entreprises de
transport et de syndicats qui a recommandé à la commission de
revitaliser les chemins de fer par la création d'un certains nombre de
"freeways" ferroviaires ou "artères de fret" à travers
l'Europe.
a - Les avantages de ces réseaux seraient les suivants :
- renforcer les priorités au transport de marchandises dans les sillons.
- garantir des redevances d'infrastructures équitables
- créer un guichet unique pour traiter les demandes de sillon
-organiser la commercialisation en commun des accès aux
différentes infrastructures nationales
- réduire la durée des arrêts aux frontières
exigés par les règlements intérieurs des compagnies
ferroviaires.
La commission avait proposé que 3 équipes travaillent chacune sur
les projets de corridors ferroviaires (TransEuropean Rail Freight Freeway -
TERFF) :
- une équipe pour les projets "scandinaves",
- une équipe pour les projets "Ouest-Est",
- une équipe pour les projets "transalpins".
Aucune de ces équipes n'incluait la France
. Or, tout comme la
construction du tunnel sous la Manche, les projets promus et
subventionnés par l'Union européenne comme les corridors de fret
et les réseaux de transports ferroviaires auront un impact direct sur
les ports français.
b - D'autres actions sont prévues au niveau européen
:
- les institutions européennes ont mis en place
un groupe de travail
"transport multimodal"
intitulé "l'intégration des ports
maritimes - ports intérieurs et terminaux terrestres dans le
réseau transeuropéen de transports" qui devrait rendre un rapport
prochainement.
-
un livre vert
est en préparation dans l'objectif d'une grande
conférence sur les ports, et qui devrait aborder les thèmes
suivants : transparence des comptes, desserte des ports et intégration
au sein des réseaux de transports européens, statut des ports,
aides publiques aux ports et notion de port d'intérêt
communautaire.
c -
La France doit être associée à ces
évolutions
L'Union européenne a cité un éventuel corridor ferroviaire
à partir de Rotterdam à travers l'Allemagne et l'Autriche vers
l'Europe du Sud.
Tout corridor orienté Nord-Sud constituerait un axe de
pénétration du trafic en provenance des ports du nord de
l'Europe, tels que Anvers ou Rotterdam, qui en seraient les principaux
bénéficiaires.
Il est donc de la première importance de voir la France
représentée auprès des institutions communautaires, comme
le sont les ports du Nord de l'Europe, afin de promouvoir des réseaux
ferroviaires favorables au développement de ses ports.
Il faut pour cela que la France puisse présenter des projets. Le
gouvernement néerlandais a fait inscrire la réalisation d'une
voie ferrée de fret entre
Rotterdam
et la Ruhr (projet Betuwe
line) au titre des quatorze projets d'infrastructures de transports
européens prioritaires. Le port belge d'
Anvers
a fait inscrire un
projet de desserte ferroviaire du port d'Anvers (projet Rhin d'acier).
B. FACILITER LE PASSAGE PORTUAIRE
En dehors des strictes dotations budgétaires, l'Etat a un rôle essentiel à jouer pour faciliter les procédures de passage dans les ports maritimes français.
1. Les procédures douanières
Depuis le 1er janvier 1996, en effet, les exportateurs
peuvent
effectuer leurs opérations de dédouanement dans le bureau des
douanes de l'Etat-membre de leur choix. La procédure douanière
constitue donc un élément essentiel de la
compétitivité des ports.
En matière de
facilités douanières
, un certain
nombre de mesures ont déjà été prises :
l'expérimentation de "guichet unique" menée au Havre depuis
l'été 1996 a permis d'accélérer la
délivrance des titres du commerce extérieur. Depuis mai 1997, une
liaison télématique entre Paris et Le Havre permet l'impression
puis la délivrance de ces titres sur le port.
Des conventions d'application des
plans d'action
"Douanes-Ports"
constituant des chartes de qualité ont été signées
depuis 1995 dans de nombreux ports français, les derniers en date
étant Sète et la Guadeloupe, et prochainement Brest et Dunkerque.
Les gains attendus dans les opérations douanières portent
essentiellement sur la réduction des délais, qui se traduit par
une réduction des coûts pour les clients portuaires.
L'administration des douanes a concentré ses efforts sur les
possibilités de stockage, de groupage et de transformation des
marchandises dans les enceintes portuaires (élargissement du
bénéfice de l'entrepôt franc, personnalisation du
dédouanement, aménagement du cautionnement).
Pour 1998, la mise en oeuvre du programme européen "Douane 2000"
d'harmonisation des procédures douanières devrait être une
priorité de la direction générale des douanes et des
droits indirects.
Il faut remarquer qu'en 1997, 1 million de francs ont été
consacrés au sein des dépenses informatiques pour étudier
l'amélioration de l'interface "douanes - ports".
L'harmonisation des procédures douanières devra se
réaliser à l'échelle européenne, de manière
à ne pas porter atteinte à son efficacité par une
surenchère dans les processus d'allègements des formalités
douanières.
2. L'harmonisation des contrôles au niveau européen
Une démarche analogue à celle menée avec
la direction des douanes est en cours, avec le concours des services du
ministère de l'agriculture, de la pêche et de l'alimentation, sur
deux axes principaux d'actions : harmoniser au bon niveau de
sécurité les conditions dans lesquelles sont effectués les
contrôles vétérinaires et phytosanitaires dans les ports
européens ; réduire les délais de restitution des
compensations monétaires mises en oeuvre par le Fonds Européens
d'orientation et de garantie agricole.
Votre rapporteur estime qu'à l'instar des avancées
réalisées en matière de simplification et d'harmonisation
douanière, une réforme des contrôles
vétérinaires et phytosanitaires est indispensable, avec les
précautions qu'exige la garantie d'un haut niveau de
sécurité.
ANNEXE
EXÉCUTION DES CONTRATS DE PLAN
ETAT-RÉGION
1994 - 1997
Ports maritimes
(en millions de francs)
Région |
|
Crédits d'Etat-Mer-AP-Prévisions 1994-1998 |
|
|
|
|
Nord
|
I - Ports métropolitains
Total Région |
30,00
|
0,65
|
14,23
|
10,00
|
|
Haute Normandie |
Le Havre
Total Région |
124,50
|
3,06
|
18,77
|
28,33
|
|
Pays de la Loire |
Nantes - Saint-Nazaire
Total région |
39,60
|
11,00
|
2,50
|
||
Aquitaine |
Bordeaux
|
60,00
|
4,00
|
7,00
|
||
Provence Alpes Côte d'Azur |
Marseille
|
85,00
|
40,44
|
34,40
|
||
Total I |
688,10 |
59,24 |
62,61 |
66,03 |
57,83 |
|
Guadeloupe |
II - Ports d'outre-mer
|
9,50 |
5,00 |
|||
Martinique |
Fort de France
|
4,90
|
2,70
|
1,90
|
||
Guyane |
Degrad des Cannes
|
2,50 |
||||
Polynésie |
- Aménagements portuaires (1) |
20,00 |
2,25 |
3,62 |
||
Total II
|
75,83
|
2,76
|
2,54
|
7,25
|
3,62
|
(1) Contrat de développement Etat-Territoire
EXAMEN EN COMMISSION
Réunie le mercredi 22 octobre 1997, sous la
présidence de
M. Christian Poncelet, président, la
commission a procédé à l'examen des crédits de
l'
équipement, des transports et du logement, IV. Mer : Ports
maritimes,
sur le rapport de
M. Marc Massion, rapporteur
spécial.
En réponse à
M. Jacques Oudin
, le rapporteur a
indiqué qu'il proposait d'interroger le ministre de l'équipement,
des transports et du logement sur le devenir du projet de loi d'orientation
portuaire. S'agissant de l'application du plan douane-ports et de sa
comparaison avec la rapidité des formalités douanières
à Rotterdam, il a plaidé pour une harmonisation européenne
en matière douanière, mais avec un contrôle minimal. Il
s'est inquiété des retards pris en matière de desserte
routière, et notamment autoroutière, car 75% du transport de
marchandises terrestre se fait par cette voie. Il a relevé à ce
propos certaines distorsions de nature réglementaire puisque le
chargement des camions était limité à 40 tonnes pour la
France et à 44 tonnes pour la Belgique. Toutefois, il a souligné
l'importance stratégique, particulièrement pour les ports de la
Basse-Seine, de la desserte ferroviaire.
En réponse à
M. Yann Gaillard
, qui l'interrogeait sur
l'opportunité de faire une véritable politique portuaire en
direction des ports les plus performants plutôt qu'une politique
d'aménagement du territoire en direction de tous les ports
, M. Marc
Massion
a déclaré que l'exemple de Rotterdam montrait que le
développement d'un port de taille mondiale avait une incidence directe
sur l'activité des ports voisins.
Enfin, à
M. Joël Bourdin
qui l'interrogeait sur les atouts
des ports français, il a répondu que la densité
démographique et l'activité économique des zones entourant
les ports du Nord-Ouest permettaient d'excellents débouchés mais
que cet atout devait être valorisé par un plan de desserte
terrestre adapté. Il a plaidé pour que l'axe Nord-Sud, favorable
aux ports du Nord de l'Europe ne soit pas favorisé au détriment
des intérêts des ports du quart Nord-Ouest de la France.
A l'issue de ce débat, la commission a
décidé
de
réserver
son
vote
sur
les
crédits
des
ports maritimes
jusqu'après l'audition du ministre de
l'équipement, des transports et du logement prévue pour le
6 novembre.
Réunie le mercredi 12 novembre 1997, sous la présidence de
M. Christian Poncelet, président, la commission des finances a
décidé de proposer au Sénat l'adoption des crédits
de l'Equipement, des transports et du logement (IV. Mer : ports maritimes) pour
1998.