II. VERS LA REORIENTATION DE LA POLITIQUE SPATIALE DE LA FRANCE ?
La ministre a, à plusieurs reprises, indiqué son
souhait de réduire l'effort financier en matière de vols
habités et de travaux en microgravité ou micropesanteur.
Il a proposé de réorienter la politique spatiale de la
France vers le développement des satellites de
télécommunications, l'exploration du système solaire, et
l'observation de la Terre, estimant que les vrais enjeux du secteur spatial
sont économiques et industriels.
Cependant, un tel changement de cap ne saurait être réalisé
sans une évaluation préalable de la politique actuelle en la
matière.
En effet, M. Daniel Goldin, administrateur de la NASA, a relevé, lors de
son audition devant l'Office parlementaire d'évaluation des choix
scientifiques et technologiques, le 12 novembre, les atouts des vols
habités. Il a précisé notamment que l'homme disposait
d'une flexibilité que les robots ne possédaient pas, ajoutant
qu'une coopération homme/robot devait de toute façon être
envisagée.
Il a également noté que les vols habités permettaient
d'apprécier les conditions de vie en apesanteur et leur mesure, et,
surtout, d'en analyser les retombées éventuelles sur Terre,
notamment dans les domaines des nouveaux matériaux et de la
médecine (recherche sur le cancer, conservation du sang...).
C'est ainsi que M. Goldin a étayé sa thèse en faveur
de la construction d'une station spatiale internationale.
Le ministre a en effet relativisé l'importance de ce projet, même
s'il a confirmé l'engagement que la France avait pris à Toulouse
en 1995.
La station spatiale internationale, d'abord baptisée Alpha puis I.S.S.,
est un projet de laboratoire orbital habité, suffisamment grand pour
accueillir six astronautes en permanence. Il associe les Américaines,
les Russes, les Japonais, les Canadiens et les Européens, ces derniers
s'étant engagés à y contribuer à hauteur d'environ
17 milliards de francs, pris en charge par l'Allemagne pour 41 %, par la France
pour 27,6 % et par l'Italie pour 18,9 %.
L'Europe devrait ainsi financer, d'une part, un laboratoire scientifique, qui
s'arrimera à la station, et d'autre part, un véhicule de fret
destiné à emmener du matériel sur la station.
Le 30 octobre, le centième tir (vol 502) de la fusée Ariane
a été un succès.
Ariane 5 est destinée à succéder à Ariane 4 pour
assurer jusqu'en 2015-2020, à la fois l'autonomie de l'Europe en
matière d'accès à l'espace et la
compétitivité de son lanceur sur le marché mondial des
services de lancement.
Ariane est aujourd'hui le grand atout spatial de l'Europe. Elle contrôle
de 55 à 60 % du marché mondial des services de lancement. Son
taux de réussite est excellent : 99 lanceurs ont été
tirés et seulement 7 ont connu l'échec (7 %) ; si seuls les tirs
d'Ariane 4 sont pris en compte, le taux de réussite passe de 93 %
à 95,5 % (soit le meilleur du monde).
Ariane 5 est un lanceur d'une conception complètement différente
de celle des précédents modèles de la famille Ariane. Elle
présente en effet de nombreux avantages : sa puissance au
décollage, sa capacité à mettre des satellites aussi bien
en orbite géostationnaire basse que moyenne, sa faculté à
lancer des sondes planétaires, voire à servir de vecteur à
un véhicule de transport de fret et à un transport
d'équipage.
Son prochain défi est d'être capable, pour lancer des satellites
"en grappe", de les placer sur des orbites différentes, les uns
après les autres.
Ariane 5 va donc faire une entrée attendue sur le marché des
lanceurs de satellites. En effet, le domaine spatial entre, pour la
première fois depuis 20 ans, dans une période où l'offre
de lanceurs sera plus importante que la demande. Une concurrence vive va donc
probablement se développer sur ce marché, face aux
Américains notamment. En outre, le prochain enjeu consistera à
élaborer un lanceur ayant une capacité de retour.
Arianespace, grâce à Ariane 4, avait réussi à
conquérir plus de la moitié des services civils de lancement.
Ariane 5 se doit donc de maintenir cette position.