B. LE CHARBON

Les activités charbonnières doivent être analysées à la lumière du " Pacte charbonnier " signé le 20 octobre 1994 qui prévoit la fin de l'extraction charbonnière en France en 2005. Ce pacte a pour objet de garantir l'emploi des agents des CDF et des Houillères de bassin jusqu'à la fin de l'extraction.

1. Une situation structurellement déficitaire

a) Une production peu compétitive

En dix ans, la production nationale de charbon a diminué de près de moitié, passant de 16,3 millions de tonnes en 1985 à 7,4 millions de tonne en 1997. Or, malgré cette rationalisation, marquée notamment par l'arrêt de toute production dans le bassin du Nord-Pas-de-Calais à la fin de 1990, le coût d'extraction demeure très supérieur au prix moyen des charbons importés : 700 francs en moyenne par tonne contre 225,6 francs par tonne pour le charbon importé.

Cette différence de coût s'est en outre brutalement aggravée à partir de 1994. Ainsi, en 1995, sur l'ensemble des houillères, le coût moyen des charbons nationaux s'élevait à 705 francs la tonne, contre 230 francs, pour le charbon importé. La perte moyenne à la tonne atteignait 412 francs, au lieu de seulement 211 francs en 1993.

Suite aux observations de la Cour des comptes dans son rapport public de 1994, trois sites ont cessé leur exploitation : le site de La Mure dans le Dauphiné (fin mars), la mine de Carmaux dans le Tarn (juin 1997). La mine de Forbach en Lorraine devrait cesser son activité d'ici la fin de l'année.

L'année 1998 ne devrait connaître aucun événement marquant dans le cadre du Pacte charbonnier. Il n'est en particulier prévu aucune fermeture de mine.

L'exécution du Pacte conduira en 1998 à la poursuite de la décroissance régulière des effectifs du groupe CDF en fonction essentiellement des possibilités offertes dans le cadre des mesures d'âge ainsi qu'à une diminution progressive de la production charbonnière française (de 7,4 Mt à 6,5 Mt).

b) Une situation structurellement déficitaire

Depuis le début des années 1980, à la seule exception de 1985 (et de 1995 pour des raisons strictement comptables), le résultat final après subvention de Charbonnages de France a été déficitaire.

Ce déficit a atteint un maximum de 5,4 milliards de francs en 1991 et a ensuite connu une légère amélioration. En 1996, il devrait s'établir à 5,3 milliards de francs.

Cette situation provient de la dégradation des pertes d'exploitation, désormais proches de 3 milliards de francs par an, mais également du poids des charges financières, reflet de l'endettement important de Charbonnages de France.

De fait, l'endettement à long et moyen terme de Charbonnages de France s'est beaucoup accru depuis 3 ans. Il est aujourd'hui supérieur à 27 milliards de francs , les charges financières représentant plus de 50 % du chiffre d'affaires de l'entreprise.

En conséquence, le résultat final, après subvention de Charbonnages de France, devrait être de - 4,57 milliards de francs en 1997.

c) Une subvention budgétaire décroissante

Avec 2,92 milliards de francs, la subvention à Charbonnages de France diminue de 20 millions de francs par rapport à celle de 1997. Elle avait déjà diminué de plus de 35 % en 1997.

Le graphique ci-après retrace l'évolution de la subvention du budget de l'industrie à Charbonnages de France depuis 1992.



Ce graphique met en évidence la très forte contraction de la subvention budgétaire à CDF depuis 1994 : elle a en effet été divisée par près de 2,5 en l'espace de 4 ans. Or, cette baisse a pour corollaire un accroissement sensible de l'endettement de l'établissement public qui, à terme, viendra inévitablement s'ajouter à la dette, déjà fort élevée, de l'Etat.

Il convient de retracer l'historique de la dotation budgétaire à Charbonnages de France. En 1994, cette dotation atteignait 6.490 millions de francs, dont 2.433 millions au titre de la subvention d'exploitation et 4.057 millions au titre de la couverture des charges spécifiques de l'entreprise.

En 1995, ces crédits ont été regroupés sur un seul chapitre, le chapitre 45-12 intitulé " Subvention à Charbonnages de France ", et leur montant a été réduit de 2 milliards de francs.

En contrepartie, l'Etat donnait l'autorisation à Charbonnages de France d'emprunter 3 milliards de francs pour couvrir ses besoins de trésorerie. En outre, EDF entrait de façon minoritaire (19 %) au capital d'une société nationale assurant la représentation du pôle électrique de Charbonnages de France (9 centrales assurant 2 % de la production d'électricité nationale et 26 % de la production d'origine thermique).

Il était alors prévu que cette économie de 2 milliards pour le budget de l'Etat resterait ponctuelle, ainsi que cela avait été souligné à votre rapporteur :

" Cette contribution spécifique à l'allégement des charges de l'Etat, qui s'inscrit dans le cadre d'un exercice budgétaire exceptionnellement rigoureux, n'a pas vocation à être reconduite au cours des exercices ultérieurs. Par ailleurs, elle n'aura aucune conséquence sur le fonctionnement des Charbonnages de France qui seront autorisés à emprunter les crédits nécessaires pour équilibrer leur trésorerie ".

En dépit de cette affirmation, la subvention à Charbonnages de France est restée quasiment constante en 1996 par rapport à 1995.

Dans le projet de loi de finances pour 1997, la subvention a été à nouveau réduite de 1,6 milliard de francs étant entendu qu'une dotation en capital de 2,45 milliards de francs devait être versée au cours de l'année 1997 à CDF, à partir du compte d'affectation spéciale alimenté par le produit des cessions de titres appartenant à l'Etat.

Votre rapporteur avait alors souligné le caractère relativement aléatoire de ce nouveau type de financement qui dépendait étroitement du produit et du rythme des privatisations qui devaient être effectuées en 1997, ainsi que des priorités qui seraient définies pour l'attribution de ce produit.

Dans le projet de budget pour 1998, le Gouvernement renouvelle cette opération en prévoyant une subvention d'un montant comparable à celle de 1997 (2,92 milliards de francs contre 2,94 en 1997) et une dotation en capital de 2,4 milliards de francs comptabilisée sur le CAS des recettes de privatisations.

On voit bien l'intérêt pour l'Etat de ne pas remédier immédiatement à l'endettement de CDF : CDF étant un établissement public industriel et commercial, sa dette n'est pas comptabilisée pour le calcul de l'endettement des administrations publiques, au sens du critère de Maastricht. Néanmoins, elle a vocation a être reprise par l'Etat à l'expiration du Pacte charbonnier, quand CDF disparaîtra.

Le tableau ci-après retrace le total des dotations accordées par l'Etat à Charbonnages de France depuis 1993.

2. La rebudgétisation du Fonds d'industrialisation des bassins miniers (FIBM)

Depuis 1988, le chapitre 62-01 " Reconversion " permet de couvrir les actions menées par le Fonds d'industrialisation des bassins miniers (article 10) et par le Fonds d'industrialisation de la Lorraine et le Fonds d'intervention du bassin sidérurgique et ferrifère (article 20).

Ses dépenses nettes ont évolué comme suit depuis 1993 :



Les programmes soutenus ne sont pas des aides directes aux entreprises mais ils visent à une action en profondeur pour créer ou améliorer les conditions d'environnement pour les activités nouvelles. Ainsi, dans les régions principalement bénéficiaires de ces crédits - la Lorraine et le Nord Pas-de-Calais -, ils ont permis d'aider à la constitution de l'immobilier d'entreprise, à la formation et à la recherche et d'assister la création d'entreprises et la mise en place d'actions collectives.

Le fonds d'industrialisation de la Lorraine (FIL) était doté de 80 millions de francs en autorisations de programme en 1997 et de 88,7 millions de francs en crédits de paiement. Le projet de budget pour 1998 reconduit le montant des autorisations de programme au même niveau et accroît de 20 % le montant des crédits de paiement (106,1 millions de francs).

Aucun crédit n'était inscrit dans le projet de budget pour 1997 en faveur de la reconversion des zones minières. Toutefois, comme pour la subvention à Charbonnages de France, une dotation de 160 millions de francs prélevée sur le produit des cessions d'actifs appartenant à l'Etat est venue financer l'activité du fonds d'industrialisation des bassins miniers (FIBM).

Le projet de loi de finances pour 1998 rétablit les moyens budgétaires du fonds en inscrivant 146,4 millions de francs en crédits de paiement et 140 millions de francs en autorisations de programme au budget de l'industrie.

Votre rapporteur se félicite de cette rebudgétisation qui traduit le souci de garantir l'effort financier en faveur de la reconversion des bassins miniers.

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