B. UNE AMBITION TOUTEFOIS NETTEMENT EN RETRAIT PAR RAPPORT AU PRÉCÉDENT PROJET
Qu'il s'agisse de l'" appel de préparation à la défense " ou des contours du volontariat, force est de constater que le présent projet de loi repose sur des objectifs nettement moins ambitieux que le précédent projet.
1. L'" appel de préparation à la défense " : des objectifs minimalistes
.
Le choix d'une durée très fortement
réduite par rapport au " rendez-vous citoyen " (une
journée au lieu de cinq) se traduit par la définition d'objectifs
très modestes au regard des enjeux. Présenté comme un
recentrage sur des préoccupation prioritairement militaires,
l'" appel de préparation à la défense " ne
permettra en fait de consacrer à la sensibilisation des jeunes aux
questions de défense que quatre heures et demie. Cette initiation sera
fondée sur des exposés, présentés par des officiers
d'active et de réserve, et consacrés aux enjeux de la
défense (" Pourquoi se défendre ? ", " Comment et
avec qui se défendre " ?), ainsi qu'à l'organisation et aux
moyens de la défense. Ces quatre heures et demie d'information sur la
défense comprendront la projection d'un film d'une demi-heure sur le
" devoir de mémoire ", préparé par le
Secrétariat d'Etat aux anciens combattants.
.
Le projet de programme ci-après montre, si besoin est, un
recul important par rapport aux objectifs du " rendez-vous
citoyen "
. En effet, la vocation de celui-ci ne s'arrêtait pas
aux questions relatives à la défense, mais concernait
également l'
aide aux jeunes en difficulté
, auxquels il
visait à donner
une deuxième chance,
à travers un
bilan d'orientation scolaire et professionnel, en fonction duquel il pouvait
être proposé à certains un parcours individuel d'insertion.
Dans la même logique, un
bilan de santé
, conçu
notamment dans une perspective de santé publique, devait permettre un
" rattrapage " sanitaire pour les trop nombreux jeunes que
les
difficultés sociales actuelles maintiennent en marge du système
de santé.
Or, des diverses implications du " rendez-vous citoyen ",
seule
subsiste dans l'" appel de préparation à la
défense ", la détection de l'illettrisme (encore celle-ci
n'était-elle pas mentionnée par le texte initial du
présent projet de loi). Ce test peut, certes, si son suivi est
correctement organisé vers un rattrapage des apprentissages
fondamentaux, avoir une incidence positive, et il aurait été
inadmissible de ne pas l'intégrer au programme de l'" appel de
préparation à la défense ". L'abandon de l'examen de
santé traduit cependant une réduction très significative
en termes d'ambition.
DÉROULEMENT DE L'" APPEL DE PRÉPARATION À LA DÉFENSE "
8 h 30 - 9 h 30 |
Formalités d'accueil et vérifications administratives |
9 h 30 - 10 h 30 |
Enjeux de la défense - 1ère partie : Pourquoi se défendre ? |
10 h 30 - 10 h 45 |
Pause |
10 h 45 - 11 h 45 |
Enjeux de la défense - 2ème partie : Comment et avec qui se défendre ? |
11 h 45 - 12 h 30 |
Test d'évaluation des acquis scolaires fondamentaux |
12 h 30 - 13 h 30 |
Repas (RICR) (1) |
13 h 30 - 14 h 00 |
"Le devoir de mémoire" |
14 h 00 - 15 h 00 |
Organisation de la défense |
15 h 00 - 15 h 15 |
Pause |
15 h 15 - 16 h 15 |
Les moyens et les métiers de la défense |
16 h 15 - 17 h 00 |
Bilan/entretiens (illettrisme - évaluation finale - attestation) |
(1) Ration individuelle de combat réchauffable.
2. Le volontariat : une logique d'emploi de préférence à la logique de générosité qui caractérisait le précédent projet
Le passage du service national obligatoire à un
système volontaire était motivé, dans la logique dont
relevait le précédent projet de loi, à la fois par le
souci de ne pas se priver de l'héritage du service national
-coopérants, scientifiques du contingent, appelés
" ville " ...-, et par l'idée que le dévouement des
jeunes volontaires employés à des missions d'intérêt
général (îlotage, soutien scolaire dans les quartiers
difficiles, aide aux personnes dépendantes, coopération au
développement, contribution à l'action de la France dans le monde
...) pourrait contribuer à lutter contre la " fracture
sociale ". Dans cet esprit, il avait été proposé
d'offrir aux volontaires, comme votre rapporteur l'a précédemment
rappelé (voir supra, I-A) non pas un salaire, mais une indemnité
destinée à couvrir les frais susceptibles de résulter pour
chacun de son engagement.
Alors que le volontariat relevait, selon l'ancien projet de loi, d'une logique
de
service rendu à la collectivité
, le présent
projet de loi se fonde sur la notion d'
emploi
. Ainsi la
rémunération mensuelle prévue pour les futurs volontaires
dans les armées sera-t-elle voisine de 4 000 F, compte non tenu des
primes et des avantages en nature (logement, nourriture et prise en charge des
transports SNCF) qui porteront la rémunération réellement
perçue par chacun à des montants sensiblement supérieurs.
De manière générale, le futur volontariat a
été organisé par le présent projet de loi en
référence aux
" emplois jeunes "
prévus
dans le cadre du projet de loi relatif au développement
d'activités pour l'emploi.
La modification de la durée du volontariat par rapport au
précédent projet de loi confirme cette
convergence d'objectifs
et de moyens entre le volontariat et les " emplois
jeunes ".
Ainsi un volontariat pourrait-il, dans les armées du moins -car le
présent projet ne définit pas les modalités
d'exécution des volontariat civils- être souscrit pour douze mois,
et renouvelable chaque année dans la limite de soixante mois (soit cinq
années), alors que le précédent projet de loi renvoyait
à une durée comprise entre neuf et vingt-quatre mois.
Il n'est donc pas étonnant que la définition du service national
que proposait le texte initial du présent projet n'ait pas compris le
volontariat, mais se soit limitée au recensement, à
l'" appel de préparation à la défense ", et
à l'" appel sous les drapeaux ", c'est-à-dire à
la conscription (dans l'hypothèse où celle-ci serait
rétablie). En effet, le volontariat auquel se réfère le
présent projet de loi est conçu, dans la logique d'ailleurs des
" emplois jeunes ", comme un
service rendu aux jeunes
par la
collectivité, et non comme un service rendu par les jeunes à la
collectivité
.