b) Conséquences de l'irrégularité probable des flux sur l'allocation de la ressource volontaire
Le caractère imprévisible du nombre de volontaires pourrait se traduire par des évolutions sensibles des effectifs d'une année sur l'autre. Bien que l'on se situe encore au stade des conjectures, on peut imaginer que certains types de volontariat pâtiront plus que d'autres de cet aléa. Il n'est pas exclu que les affectations dont les jeunes attendraient certains avantages en termes d'accès à l'emploi -police, entreprise, "service national alterné", administrations françaises à l'étranger-, ou que les volontariats susceptibles d'être intégrés dans un cursus universitaire attireraient un volume relativement stable de jeunes, tant que le marché de l'emploi demeurera défavorable à ceux-ci. Les volontariats relevant plus exclusivement de l'esprit de dévouement et du bénévolat -aide aux populations en difficulté, îlotage social, Samu sociaux...- pourraient, en revanche, se heurter à de plus grandes difficultés.
C'est pourquoi l' égalité de traitement des volontaires revêt une importance cruciale : ceux-ci doivent, en effet, accéder aux mêmes avantages -accès privilégié à la fonction publique, prise en compte du volontariat dans l'ouverture des droits à pension de retraite, gratuité des droits d'inscription...- quel que soit le type de volontariat effectué. L'uniformité de l'indemnité servie aux volontaires est également un élément déterminant de l'égalité, à condition que soient prises en compte les difficultés matérielles particulières posées par certaines affectations (essentiellement à l'étranger), sans toutefois conduire à un volontariat à "deux vitesses".
M. Xavier Emmanuelli, secrétaire d'Etat à l'action humanitaire d'urgence a, lors de son audition par la commission des Affaires étrangères, de la défense et des forces armées, le 23 janvier 1997, évoqué la possibilité d'un arbitrage de la puissance publique afin de garantir une allocation régulière de la ressource dans les formes de volontariat rencontrant moins de succès auprès des jeunes.
Une telle régulation autoritaire des flux semble néanmoins contradictoire avec le principe du volontariat , qui doit laisser libre cours au libre choix de chacun . C'est, en quelque sorte, une logique de marché qui doit gouverner le volontariat, faute de quoi certaines vocations pourraient se trouver découragées par un risque d'affectation à des formes de volontariat jugées peu attractives par les candidats. Comment exiger qu'un étudiant linguiste, soucieux de mettre à l'épreuve ses compétences dans un volontariat à l'étranger, serve dans le cadre de la police ou d'un samu social ? Une telle gestion du volontariat serait très certainement contreproductive en contribuant à tarir la ressource volontaire, alors qu'il convient d'encourager celle-ci.