B. UNE RÉPRESSION BRUTALE DANS UN CONTEXTE D'HOSTILITÉ À LA FRANCE ET À L'UNION EUROPÉENNE

1. Une répression policière brutale et meurtrière

Les dernières manifestations d'ampleur se sont déroulées à la mi-novembre 2022, pour un bilan, après trois mois de manifestations, de 527 morts dont une soixantaine d'enfants selon l'ONG Hrana , et près de 20 000 arrestations.

En raison de la terreur provoquée par les arrestations arbitraires, les condamnations à mort et es exécutions publiques, on ne rapporte plus de manifestations de rue à partir de la mi-décembre.

Au nom de la guerre culturelle à mener contre un Occident qui manipulerait les populations et les pousserait à la révolte, le guide suprême a encouragé une stratégie policière de répression méthodique et de contrôle social . Usant d'une répression brutale - rafles aléatoires de groupes d'étudiants, tabassage sur la voie publique, viols sur des manifestantes visant à déshonorer leur famille, etc. -, les autorités ont également utilisé l'arbitraire des tribunaux comme une arme de terreur, l'issue des procédures judiciaires étant incertaine et pouvant conduire à la peine de mort. Sur 24 condamnations à mort recensées en décembre, 5 exécutions ont eu lieu (2 en décembre 2022 et 3 en janvier 2023).

2. Cette crise des droits de l'Homme vient renforcer le contexte général d'hostilité des autorités iraniennes vis-à-vis de l'Occident

Alors que l'Iran était jusqu'à présent essentiellement perçue comme une menace nucléaire, cette crise des droits l'Homme constitue un nouvel enjeu de crispation de relations déjà tendues avec l'Occident, et notamment l'Union européenne . À cet égard, les autorités iraniennes n'hésitent pas à instrumentaliser le contexte international à des fins de politique intérieure :

- on note un regain d'hostilité vis-à-vis des États-Unis, d'Israël et de l'Union européenne , accusés de fomenter depuis l'extérieur le mouvement de contestation. La détention d'otages d'État, qualifiés comme tels par le Quai d'Orsay depuis octobre 2022, et la diffusion d'aveux forcés participent d'une stratégie de menaces et d'intimidation. Ainsi, sept ressortissants français, et une quarantaine de ressortissants européens, sont aujourd'hui détenus dans des conditions très difficiles avec un accès restreint aux visites consulaires ;

- la crise sur le nucléaire iranien perdure, sans volonté de retour à la table des négociations , l'Iran violant par ailleurs les règles instituées par l'accord de Vienne de 2015 en poursuivant son programme de production d'uranium enrichi à 60 %. On peut considérer que les livraisons de drones armés à la Russie, bien qu'elles ne soient pas officiellement assumées, participent de ce défi lancé par la République islamique, plus qu'elles ne traduisent une réelle alliance avec la Russie ;

- enfin, les tensions régionales perdurent au Moyen-Orient , attisées par l'Iran qui use de son influence par groupes interposés, au Yémen et dans le croissant chiite au Liban, en Syrie et en Irak, et qui joue de la menace de son programme balistique.

Il ne faut pas perdre de vue ce contexte international et régional à l'heure de discuter des condamnations et sanctions que le Gouvernement français et l'Union européenne pourraient adopter à l'encontre des autorités iraniennes.

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