B. LA RELATION BILATÉRALE DE DÉFENSE
1. L'état de la coopération actuelle
La France est le deuxième partenaire militaire de Chypre derrière la Grèce. Chypre compte sur l'appui français pour maintenir une présence militaire dans la région et pour intervenir politiquement, le cas échéant, auprès de la Turquie.
Pour la France, Chypre constitue un point d'appui stratégique important dans la conduite des opérations militaires françaises en Méditerranée orientale, en particulier, dans la perspective d'évacuation de ressortissants 12 ( * ) depuis le Liban en cas de crise majeure. En outre, ses ports peuvent accueillir des porte-aéronefs et des sous-marins nucléaires d'attaque (SNA).
La coopération est principalement axée sur la formation et l'entraînement des personnels, ainsi que sur l'organisation d'exercices maritimes avec les forces armées chypriotes.
La coopération dans le domaine terrestre concerne principalement l'entraînement entre les forces spéciales. Elle est appelée à se développer davantage à travers la formation de nouveaux officiers chypriotes.
En matière aérienne, la base aérienne de Paphos accueille régulièrement des aéronefs français.
En matière de coopération maritime, les activités communes sont centrées sur les exercices de sauvetage et d'évacuation ainsi que sur des exercices d'entraînement communs avec les batteries côtières et les navires chypriotes. Cette coopération prend également la forme d'échanges d'informations et d'escales. 39 escales ont eu lieu en 2016.
Le programme de coopération bisannuel 2018-2019 prévoit onze activités de coopération, essentiellement des exercices entre marines, entre forces spéciales, ainsi que des exercices de coordination avec la défense anti-aérienne chypriote. À ce titre, la France a notamment participé, au premier semestre de l'année 2018, à l'exercice d'évacuation de ressortissants ARGONAUT, avec l'appui de moyens navals français, ainsi qu'en soutenant la planification de l'exercice.
La coopération structurelle de défense se limite surtout à des actions de formation en France.
En 2017, la coopération structurelle s'est élevée à 21 664 euros et a servi à financer la participation de 2 auditeurs à la session 2017 de l'Institut des hautes études de la défense nationale (IHEDN), un budget dédié à l'enseignement du français sous la tutelle directe de l'attaché de sécurité intérieur auprès de l'ambassade de France à Nicosie, ainsi que deux missions de police (formation à l'analyse et à la fraude documentaire, formation de recherche de personnes avec moyens cynophiles).
En 2018, la Direction de la coopération de sécurité et de défense (DCSD) a financé la participation d'un stagiaire chypriote à la Session Internationale Euro-Méditérranée (SIEM) de l'IHEDN. Par ailleurs, des cours de français sont dispensés en 2018 au profit des forces armées chypriotes par le biais de crédits délégués à hauteur de 6 000 €.
Enfin, en coordination avec la France, Chypre participe également à la livraison d'armement au profit des forces maliennes, dans le cadre de la mission de formation de l'Union européenne au Mali (EUTM Mali), ainsi qu'au profit des forces armées libanaises (FAL) et de la Jordanie.
2. Les forces et le budget de la défense chypriotes
La garde nationale chypriote se compose d'environ 12 000 personnels (dont 10 500 pour l'armée de terre) et de 60 000 réservistes. La mission principale de ces forces vise surtout la défense terrestre du territoire face aux forces turques stationnées en République turque de Chypre du Nord, ainsi que la surveillance de l'espace aérien et maritime national.
Depuis 2017, ont été engagées une modernisation de la garde nationale - professionnalisation partielle avec le recrutement d'environ 3 000 personnes - ainsi qu'une évolution de la doctrine d'emploi des forces, ce qui devrait permettre à Chypre de projeter plusieurs de ces unités professionnalisées lors d'opérations extérieures et de renforcer la composante maritime des forces.
Le budget de la défense chypriote est, à ce jour, stable et s'élève à 320 millions d'euros en 2018, dont un peu plus de 60 millions d'euros consacrés aux investissements. Cette part du budget intervient dans le cadre de la relance de programmes d'acquisition de matériels, gelés depuis près de trois ans.
* 12 Un accord intergouvernemental relatif à l'évacuation de ressortissants (RESEVAC) est en cours de négociation.