2. La protection des jeunes contre les pratiques à risque
Les mesures prises en faveur de la santé des jeunes s'inscrivent dans le cadre du plan annoncé par la ministre de la santé le 27 février 2008, plus particulièrement dans sa partie destinée à favoriser l'autonomie et la responsabilité des seize à vingt-cinq ans. On le sait, les adolescents et les jeunes adultes sont particulièrement exposés aux conséquences des conduites à risque. La lutte contre l'abus d'alcool et la consommation de tabac constitue dès lors une priorité dont la mise en oeuvre s'avère malheureusement complexe.
a) Un compromis sur l'alcool
Les jeunes paient en ce domaine un tribut particulièrement lourd en matière d'accidents de la route : un tué sur cinq sur les routes a entre dix-huit et vingt-quatre ans 24 ( * ) ; les accidents de la circulation constituent la première cause de mortalité chez les douze-vingt-cinq ans. Or, si d'autres causes existent également, le lien entre la consommation d'alcool et les accidents de la circulation n'est plus à démontrer. Une étude publiée en octobre 2008 25 ( * ) a souligné la part encore trop importante des comportements à risque. Ainsi, un jeune Français sur quatre a déclaré avoir, au cours de sa dernière soirée, conduit après avoir bu de l'alcool et un sur dix après en avoir bu plus de deux verres. La France est aussi l'un des pays où les jeunes jouent le plus avec les limites légales d'alcoolémie (41 % boivent juste ce qu'il faut pour rester en dessous du taux légal d'alcoolémie, 7 % limitent légèrement leur consommation d'alcool mais pensent être au dessus du taux légal).
Le projet initial du Gouvernement comprenait l'interdiction de la vente d'alcool dans les points de vente de carburant en dehors de ceux qui exercent à titre principal la vente de produits alimentaires, ainsi que l'interdiction de la vente au forfait ou de l'offre gratuite. A l'Assemblée nationale, ces limitations portées à la distribution ont été réduites et la possibilité a été accordée aux producteurs de faire de la publicité sur internet. Cette dernière mesure, qui va au-delà de la simple actualisation des supports publicitaires possibles, leur offre un avantage commercial car ils ne seront que peu touchés par les restrictions appliquées aux conditions de vente. Une plus grande place dans l'espace public est ainsi donnée à un produit dont on ne peut considérer que les effets sur la santé de la population générale soient neutres. De surcroît, Internet est le média d'élection des adolescents et jeunes adultes, qui se trouveront donc plus exposés qu'aujourd'hui à l'incitation commerciale à la consommation d'alcool.
b) La lutte contre la tabacodépendance
Les mesures envisagées par le projet de loi en matière de tabac adoptent une approche principalement tournée vers la protection de la jeunesse : elles interdisent la vente de tabac aux mineurs, quel que soit leur âge, ainsi que la vente ou la distribution à tout public, de certains types de cigarettes au goût modifié susceptibles d'attirer particulièrement de jeunes consommateurs. Ces mesures sont utiles et devraient d'ailleurs être complétées par une harmonisation entre la fiscalité des cigarettes et celle du tabac à rouler qui représente 15 % de la consommation de tabac en France et qui, en raison de son coût, s'est largement substitué chez les jeunes à l'achat de paquets de cigarettes.
* 24 Population & Sociétés n° 434, mai 2007, « La mortalité routière en France peut encore reculer », Claude Got, Patricia Delhomme et Sylvain Lassarre.
* 25 « Les jeunes conducteurs en Europe », sondage BVA, association prévention routière, fédération française des sociétés d'assurance, octobre 2008.