CHAPITRE TROISIÈME : LA SITUATION FRANÇAISE
I. LE PAYSAGE AÉRIEN FRANÇAIS
A. LA BONNE SANTÉ D'AIR FRANCE
1. Les bons résultats financiers d'Air France
Au cours de l'exercice 2000-2001 (clos le 31 mars 2001), la compagnie Air France a transporté 42,4 millions de passagers, soit une hausse de 6,5 % par rapport à l'exercice précédent. Le coefficient d'occupation des vols a atteint le niveau record de 78 %.
Chiffre d'affaires d'Air France
En millions d'euros |
Variation à périmètre comparable n/n-1 |
Chiffre d'affaires à périmètre constant 13( * ) exercice 2000/2001 (n) |
Chiffre d'affaires courant exercice 2000/2001 (n) |
Passagers réguliers |
+ 15,0 % |
8.743 |
9.086 |
Fret |
+ 9,3 % |
1.315 |
1.315 |
Autres activités aériennes |
+ 33,0 % |
614 |
610 |
Total secteur aérien |
+15,1 % |
10.672 |
11.011 |
Maintenance |
+ 0,8 % |
1.263 |
537 |
Catering |
+ 5,3 % |
138 |
|
Autres |
+ 3,8 % |
594 |
|
Total chiffre d'affaires |
+ 13,5 % |
11.935 |
12.280 |
Source : Air France
Le chiffre d'affaires consolidé du groupe Air France
s'élève, pour l'exercice clos le 31 mars 2001, à 12,28
milliards d'euros, en augmentation de 18,9 % par rapport à
l'exercice précédent, et de 15,6 % à
périmètre constant.
Les charges d'exploitation (charges externes frais de personnel, impôts
et taxes et dotations aux amortissements et provisions) augmentent de
19,1 % à 11,93 milliards d'euros, soit un rythme
légèrement supérieur à celui du chiffre d'affaires
(+ 18,9 %) en raison notamment de l'évolution du
périmètre du groupe. A périmètre constant les
charges d'exploitation n'augmentent que de 15,2 %, à
11,53 milliards d'euros.
Elles se répartissent comme suit :
(en % du chiffre d'affaire) |
1997/1998 |
1998/1999 |
1999/2000 |
2000/2001 |
Carburant avions |
9,8 |
8,2 |
9,8 |
13,2 |
Affrètements aéronautiques |
4,8 |
5,1 |
6,2 |
6,0 |
Loyers opérationnels |
2,6 |
2,4 |
2,5 |
3,3 |
Redevances aéronautiques |
7,9 |
7,8 |
7,1 |
6,6 |
Commissariat |
2,9 |
2,9 |
2,7 |
2,6 |
Frais d'escale |
5,3 |
5,4 |
5,5 |
5,7 |
Entretien aéronautique |
4,6 |
4,7 |
4,3 |
4,8 |
Frais commerciaux et de distribution |
9,2 |
9,5 |
9,8 |
9,8 |
Autres charges |
7,9 |
9,0 |
8,9 |
8,8 |
Total charges externes |
55,0 |
55,0 |
57,0 |
60,8 |
Frais de personnel |
30,6 |
32,5 |
30,0 |
27,9 |
Impôts et taxes |
1,8 |
1,7 |
1,6 |
1,3 |
Total dépenses d'exploitation |
87,4 |
89,2 |
88,6 |
90,0 |
Source : Air France
Le tableau ci-dessus souligne que si Air France a su maîtriser ses
coûts, les dépenses de carburant ont explosé, compte tenu
des évolutions du cours du pétrole et du dollar.
Le résultat financier d'Air France est une charge nette de 137 millions
d'euros, en baisse de 27,1 %. A périmètre constant, il
diminue de 39,9 %, essentiellement en raison d'une perte de change de 35
millions d'euros à la clôture de l'exercice 2000/2001, contre une
perte de change de 98 millions d'euros en 1999/2000. Les frais financiers nets
(hors change et provision) représentent une charge de 86 millions
d'euros, contre 99 millions sur l'exercice précédent. Ils
représentent donc 0,70 % du chiffre d'affaire, contre 0,96 %
en 1999/2000.
L'excédent brut d'exploitation de l'exercice 2000/2001
s'élève à 1.200 millions d'euros, soit 10,1 % du
chiffre d'affaires, contre 11,4 % en 1999/2000. Il est en progression de
2 % et de 5,1 % à périmètre constant.
Le résultat courant avant impôts est positif de 397 millions
d'euros, représentant 3,2 % du chiffre d'affaires
, à
comparer à un résultat de 307 millions d'euros sur l'exercice
précédent. Il progresse de 29,3 % et de 50,2 % à
périmètre constant.
Après impôts et prise en compte du résultat des
sociétés mises en équivalence et des intérêts
minoritaires, le résultat net consolidé (part du groupe) de
l'exercice 2000/2001 est un bénéfice de 421 millions d'euros,
contre 354 millions d'euros lors de l'exercice 1999/2000, soit une progression
de 18,9 % et de 54,2 % à périmètre constant.
Les
principaux soldes intérimaires de gestion
(comptes consolidés
du groupe Air France)
En millions d'euros |
1997/1998 |
1998/1999 |
1999/2000 |
2000/2001 |
Chiffre d'affaires |
9.256 |
9.100 |
10.234 |
12.280 |
Excédent brut d'exploitation |
1.127,3 |
978,4 |
1.176 |
1.200 |
Résultat financier |
169,8 |
126 |
188 |
137 |
Résultat courant avant impôts |
200,6 |
227 |
307 |
397 |
Résultat net consolidé (part du groupe) |
285,7 |
249,4 |
354 |
421 |
Capacité d'autofinancement d'exploitation |
1.149,2 |
981 |
1.209,5 |
1.144 |
Source : Air France
Au 31 mars 2001, les capitaux propres consolidés du groupe d'Air France
s'élevaient à 3.899 millions d'euros, la part du groupe
atteingnant 3.874 millions d'euros. Les capitaux propres (part du groupe) ont
augmenté de 389 millions d'euros (+ 11,2 %) par rapport au 31
mars 2000, essentiellement en raison du bénéfice de 421 millions
d'euros de l'exercice écoulé.
Les dettes financières à long terme du groupe sont stables,
à 3.667 millions d'euros. Elles se répartissent par
échéance comme suit (en millions d'euros) :
Echéance |
A plus d'1 an |
Entre 1 et 5 ans |
A plus de 5 ans |
Total |
Au 31/03/1999 |
321 |
1.800 |
1.377 |
3.498 |
Au 31/03/2000 |
813 |
1.452 |
1.433 |
3.698 |
Au 31/03/2001 |
349 |
1.920 |
1.398 |
3.667 |
Source : Air France
L'endettement net du groupe
(dettes financières diminuées
des intérêts courus non échus et des primes de
remboursement ainsi que des valeurs mobilières de placement et des
disponibilités)
s'établissait à 2,86 milliards
d'euros au 31 mars 2001
, contre 1,96 millions d'euros au 31 mars
2000 (+ 45,9 %), principalement à la suite de
l'intégration des filiales régionales. Au 31 mars 2001, le ratio
endettement sur fonds propres était de 0,74 contre 0,56 à fin
mars 2000.
Au total, la situation financière d'Air France apparaît
relativement saine au regard de ses principaux concurrents, et devrait
permettre à la compagnie de faire face à l'impact financier des
attentats du 11 septembre. Avant les attentats du 11 septembre, les analystes
financiers étaient nombreux à penser qu'Air France constituait la
meilleure valeur de son secteur en Europe. Par ailleurs, au 31 août 2001,
la compagnie disposait d'une trésorerie de 1 milliard d'euros, qui
devrait permettre de répondre aux besoins de liquidité d'ici
à la fin de l'exercice et au-delà.
Enfin, le réseau d'Air France apparaît plus
équilibré que celui d'autres compagnies
14(
*
)
, ce qui constitue un atout
important. Ainsi, si la demande pour les vols vers l'Amérique du nord
diminue, le trafic à destination de l'Afrique ou des Caraïbes
continue de progresser, atténuant la perte de recettes pour la
compagnie.
2. L'alliance Skyteam, un atout majeur pour Air France
Les
alliances entre transporteurs aériens permettent aux compagnies
aériennes d'effectuer des économies d'échelle et
d'augmenter leurs parts de marché.
Les modes de coopération utilisés par les compagnies
aériennes sont le partage de code, la franchise, ou simplement des
accords d'assistance technique ou commerciale :
- le partage de code consiste à commercialiser sous son propre code des
sièges sur des vols assurés par un autre transporteur, afin de
permettre aux compagnies d'augmenter leur offre respective sans mettre en
oeuvre des moyens supplémentaires ni avoir à négocier de
nouveaux créneaux horaires ;
- les accords de franchise constituent à la fois une forme
intégrée des accords de partage de code et une forme
d'affrètement. Un transporteur, généralement de petite
taille, verse une redevance pour pouvoir utiliser les éléments
d'identité commerciale d'une grande compagnie. Il
bénéficie ainsi de l'image de marque du grand transporteur et de
son réseau commercial, tout en continuant à assurer lui
même le risque de l'exploitation.
Le 22 juin 2000, Air France, Delta Airlines, Aeromexico et Korean Air ont
signé un accord exclusif afin de créer une nouvelle alliance
globale baptisée « Skyteam », dont les concurrents
principaux sont « Star Alliance » (constituée autour
de United Airlines et de Lufthansa) et « OneWorld »
(consituée autour d'American Airlines et British Airways). Depuis la
création de Skyteam, le compagnie tchèque CSA et la compagnie
Alitalia ont rejoint l'alliance.
L'alliance des six compagnies aériennes représente un trafic
d'environ 206 millions de passagers transportés annuellement, contre
240 millions pour OneWorld et 307 millions pour Star Alliance. Elle
représente également une flotte de 1.600 appareils, 178.000
salariés, et 7.000 vols quotidiens desservant 472 destinations. Il
convient de souligner les avantages de cette alliance : Delta Airlines,
premier transporteur domestique aux Etats-Unis, exploite le plus important
« hub » du pays à Atlanta, tandis que le
« hub » d'Air France à Roissy dispose des plus
importantes capacités de développement en Europe.
Le président d'Air France a estimé que l'alliance rapporterait
à Air France environ 150 millions d'euros par an
(plus de 100
millions d'euros de chiffre d'affaires supplémentaire et un peu moins de
50 millions d'euros de réduction des coûts)
à une
échéance de deux ou trois ans
.
Par ailleurs, Air France a conclu des accords commerciaux avec une trentaine de
compagnies aériennes dans le monde (notamment avec Air India, Japan
Airlines, Iberia, Malev, Maersk Air, Croatia Airlines, Adria Airways et
Austrian Airlines).
3. L'extension du périmètre d'Air France
La
principale modification du périmètre du groupe Air France au
cours de l'exercice 2000/2001 est due à l'intégration des
compagnies
régionales
Brit Air, Proteus, Flandre Air et City
Jet, via Air France Finance
15(
*
)
, filiale à 100 % de la
société Air France.
Air France a pris le contrôle majoritaire de la compagnie Brit Air le
5 octobre 2000 et détient désormais 100 % du capital de
la société. Air France Finance a également racheté
en totalité le capital de la compagnie Proteus Airlines, que
détenait la compagnie Flandre Air. Enfin, la totalité du capital
de Regional Airlines a été rachetée au cours de l'exercice
(Air France Finance en détenant déjà 97,4 % au 31
mars 2000). Les compagnies Regional Airlines, Proteus Airlines et Flandre Air
ont été fusionnées à la fin de l'exercice et la
société résultant de cette opération a pris le nom
de « Régional Compagnie Aérienne
Européenne ».
Par ailleurs, la totalité du capital de la compagnie irlandaise City Jet
a été rachetée par Air France Finance au cours de
l'exercice 2000/2001.
La contribution des filiales compagnies régionales détenues par
Air France Finance aux résultats d'ensemble du groupe est la
suivante :
(en millions d'euros |
Résultat opérationnel |
Résultat net |
Durée de l'intégration |
Brit Air |
11 |
8 |
6 mois |
City Jet |
3 |
2 |
10 mois |
Régional Airlines |
- 34 |
- 40 |
12 mois |
Proteus / Flandre Air |
- 19 |
- 35 |
6 mois |
Total |
- 39 |
- 65 |
- |
Source : Air France
B. LES PROBLÈMES D'AIR LIBERTÉ ET D'AIR LITTORAL
Les
compagnies AOM, Air Liberté et Air Littoral se sont retrouvées
dans le même groupe après la cession d'AOM par le consortium de
réalisation du Crédit Lyonnais et le rachat d'Air Littoral par
les mêmes actionnaires (appartenant aux groupes Marine Wendel et
Swissair). La fusion d'AOM et d'Air Liberté a alors été
décidée, ainsi que le rapprochement de ces compagnies avec Air
Littoral, afin d'harmoniser les réseaux et de redéployer les
moyens des compagnies. Il s'agissait, pour les nouveaux actionnaires, de
constituer un groupe d'une taille suffisante pour faire face à la
concurrence, en obtenant des parts de marché significatives sur les
lignes intérieures françaises et à destination de l'outre
mer. Un temps, la création d'un pôle aérien en mesure de
concurrencer Air France a pu être envisagée.
Les problèmes financiers du groupe Swissair ont cependant porté
un coup définitif à la viabilité de ce nouveau groupe. Par
ailleurs,
les perspectives de développement de la nouvelle
compagnie, Air Lib, sont considérablement affectées par la
conjoncture actuelle.