Projet de loi de finances pour 2002 - Tome III - Annexe 24 : Equipement, transports et logement : III. Transports et sécurité routière : Aviation et aéronautique civiles
MARINI (Philippe), Rapporteur général ; COLLIN (Yvon), Rapporteur spécial
RAPPORT GENERAL 87 (2001-2002) - TOME III - Annexe 24 - COMMISSION DES FINANCES
Rapport au format Acrobat ( 181 Ko )Table des matières
-
CHAPITRE PREMIER : LES MOYENS CONSACRÉS
À L'AVIATION CIVILE
- I. PRÉSENTATION GÉNÉRALE DU BUDGET ANNEXE DE L'AVIATION CIVILE : LES GRANDES MASSES BUDGÉTAIRES
-
II. LES OBSERVATIONS
-
A. UNE PROGRESSION DES DÉPENSES
MAÎTRISÉE SEULEMENT EN APPARENCE
- 1. La poursuite de l'accroissement des charges de personnel
- 2. Une progression modérée des dépenses de fonctionnement des services
- 3. Une forte progression des contributions à des organismes extérieurs
- 4. L'évolution des opérations du budget annexe en 2001 est partiellement optique
- 5. Les dépenses en capital sont davantage maîtrisées
- B. LA VULNÉRABILITÉ DU BUDGET ANNEXE DE L'AVIATION CIVILE
-
A. UNE PROGRESSION DES DÉPENSES
MAÎTRISÉE SEULEMENT EN APPARENCE
- III. LES CRÉDITS DE TRANSPORT AÉRIEN
-
CHAPITRE DEUXIÈME : LA SITUATION DE
L'AVIATION CIVILE
- I. LES CONSÉQUENCES DES ATTENTATS DU 11 SEPTEMBRE 2001 SUR LE TRAFIC AÉRIEN
- II. UN IMPACT IMPORTANT SUR LES COMPAGNIES AÉRIENNES
- III. UN IMPACT IMPORTANT SUR LE FINANCEMENT PUBLIC DE L'AVIATION CIVILE
- CHAPITRE TROISIÈME : LA SITUATION FRANÇAISE
- LES MODIFICATIONS ADOPTÉES A L'ASSEMBLÉE NATIONALE
- EXAMEN EN COMMISSION
N° 87
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 2001-2002
Annexe au procès verbal de la séance du 22 novembre 2001
RAPPORT GÉNÉRAL
FAIT
au nom de la commission des Finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la Nation (1) sur le projet de loi de finances pour 2002 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE,
Par M.
Philippe MARINI,
Sénateur,
Rapporteur général.
TOME III
LES MOYENS DES SERVICES ET LES DISPOSITIONS SPÉCIALES
(Deuxième partie de la loi de finances)
ANNEXE N° 24
ÉQUIPEMENT, TRANSPORTS ET LOGEMENT :
III.- TRANSPORTS ET SÉCURITÉ ROUTIÈRE :
AVIATION ET AÉRONAUTIQUE CIVILES
Rapporteur spécial
: M. Yvon COLLIN
(1) Cette commission est composée de : MM. Alain Lambert, président ; Jacques Oudin, Gérard Miquel, Claude Belot, Roland du Luart, Mme Marie-Claude Beaudeau, M. Aymeri de Montesquiou, vice-présidents ; MM. Yann Gaillard, Marc Massion, Michel Sergent, François Trucy, secrétaires ; Philippe Marini, rapporteur général ; Philippe Adnot, Bernard Angels, Bertrand Auban, Denis Badré, Jacques Baudot, Roger Besse, Maurice Blin, Joël Bourdin, Gérard Braun, Auguste Cazalet, Michel Charasse, Jacques Chaumont, Jean Clouet, Yvon Collin, Jean-Pierre Demerliat, Eric Doligé, Thierry Foucaud, Yves Fréville, Adrien Gouteyron, Hubert Haenel, Claude Haut, Alain Joyandet, Jean-Philippe Lachenaud, Claude Lise, Paul Loridant, François Marc, Michel Mercier, Michel Moreigne, Joseph Ostermann, Jacques Pelletier, René Trégouët.
Voir
les numéros
:
Assemblée nationale
(
11
ème
législ.) :
3262
,
3320
à
3325
et T.A.
721
Sénat
:
86
(2001-2002)
Lois de finances. |
CHAPITRE PREMIER : LES MOYENS CONSACRÉS À L'AVIATION CIVILE
Les
crédits consacrés à l'aviation civile sont répartis
entre :
- le budget annexe de l'aviation civile (BAAC) ;
- le Fonds d'intervention pour les aéroports et le transport
aérien (FIATA) ;
- le budget général, section « Transports »,
s'agissant des aides à la construction aéronautique.
De manière agrégée, les moyens globaux consacrés
à l'aviation civile sont retracés dans le tableau suivant :
(en millions d'euros)
|
2001 |
2002 |
Budget annexe de l'aviation civile |
||
Dépenses ordinaires |
1.046,6 |
1.128,1 |
Crédits de paiement |
319,1 |
289,6 |
Total moyens de paiement |
1.365,7 |
1.417,7 |
Autorisations de programme |
213,6 |
198,1 |
Total moyens d'engagements |
1.260,2 |
1.326,2 |
Construction aéronautique civile |
||
Crédits de paiement |
242,4 |
266,8 |
Autorisations de programme |
329,4 |
329,4 |
Fonds d'intervention pour les aéroports et le transport aérien (FIATA) |
||
Dépenses ordinaires |
9,6 |
38,6 |
Dépenses en capital |
32,9 |
25,9 |
Total moyens de paiement |
42,5 |
64,5 |
Autorisations de programme |
32,9 |
25,9 |
Total moyens d'engagement |
42,5 |
64,5 |
Ensemble du secteur aérien |
||
Moyens de paiement |
1.650,6 |
1.749,0 |
Moyens d'engagement |
1.632,1 |
1.720,1 |
I. PRÉSENTATION GÉNÉRALE DU BUDGET ANNEXE DE L'AVIATION CIVILE : LES GRANDES MASSES BUDGÉTAIRES
Le BAAC retrace l'intégralité des actions de la direction générale de l'aviation civile et non plus seulement l'activité de navigation aérienne, exception faite des crédits de construction aéronautique civile, qui figurent au budget du ministère des transports.
A. LES DÉPENSES
Le budget annexe de l'aviation civile qui, l'an dernier, avait augmenté de 2,8 % en 2001, devrait encore augmenter de 3,8 % en 2002.
Evolution des dépenses du BAAC entre 2001 et 2002
(en millions d'euros)
|
|
|
Variations |
|
|
2001 |
2002 |
En niveau |
En % |
Dépenses de fonctionnement (1) |
1.046,66 |
1.128,13 |
+ 81,47 |
+ 7,78 |
Dépenses en capital |
319,14 |
289,57 |
- 29,57 |
- 9,27 |
Total |
1.365,8 |
1.417,7 |
+ 51,9 |
+ 3,80 |
(1)
Le terme "dépenses de fonctionnement" est plus approprié que
celui de "dépenses d'exploitation", directement issu de l'ordonnance
organique du 2 janvier 1959.
Le total des dépenses s'élève à 1.417,7 millions
de d'euros.
Les dépenses en capital
, qui représentent
en 2002 20,4 % de l'ensemble des dépenses contre 26,4 % en 1998,
sont
en diminution de près de 10 %
. En revanche,
les
dépenses de fonctionnement augmentent fortement
, de 7,8 %,
après une hausse de 3,5 % en 2001. L'évolution des
dépenses de fonctionnement varie fortement d'une catégorie
à l'autre.
Évolution des dépenses de fonctionnement
(en millions d'euros)
|
Variations |
|||
|
2001 |
2002 |
en niveau |
en % |
Achats et services |
110,22 |
113,27 |
+ 3,05 |
+ 2,77 |
Services extérieurs |
13,33 |
14,85 |
+ 1,52 |
+11,44 |
Impôts |
4,76 |
5,21 |
+ 0,45 |
+ 9,37 |
Charges de personnel |
695,167 |
753,88 |
+ 58,72 |
+ 8,45 |
Autres charges de gestion courante |
191,40 |
202,80 |
+ 11,40 |
+ 5,95 |
Charges financières |
25,92 |
28,36 |
+ 2,44 |
+ 9,41 |
Charges exceptionnelles |
3,05 |
3,05 |
- |
- |
Doivent être soulignées les fortes augmentations des postes « Services extérieurs » du fait de la croissance des dépenses d'informatique et de télématique affectées à la navigation aérienne, et du poste « Charges de personnel », sous l'effet notamment de l'application du protocole d'accord de la DGAC du 7 décembre 2000.
B. LES RESSOURCES
L'évolution des différentes catégories de ressources par rapport aux prévisions de la loi de finances initiale pour 2001 est retracée dans le tableau ci-après :
Evolution des grandes catégories de ressources 2002/2001
(en millions d'euros)
Intitulé |
Loi de finances pour 2001 |
Projet de loi de finances pour 2002 |
Evolution 2002/2001
|
PRODUITS |
|||
Redevance de route |
770,4 |
850,1 |
10,3 |
Redevances pour services terminaux en métropole |
174,1 |
188,8 |
8 |
Redevances pour services terminaux en outre-mer |
18,2 |
19 |
4,3 |
Taxe de l'aviation civile |
216,2 |
223,6 |
3,2 |
Autres produits |
- |
11,4 |
- |
Produits financiers |
1 |
1 |
- |
Subvention |
18,2 |
|
- |
|
1.272,4 |
1.320,7 |
3,7 |
CAPITAL |
|||
Autofinancement |
225,9 |
192,6 |
- 14,7 |
Recettes sur cession |
- |
- |
|
Emprunt |
93 |
96,9 |
4,1 |
Autres recettes |
- |
- |
|
Dotations aux amortissements |
- 225,9 |
|
- |
Total net |
1.365,5 |
1.417 |
3,8 |
Depuis 1994, les ressources du BAAC ont profondément évolué :
Evolution des grandes catégories de ressources du BAAC depuis 1994
(en millions de francs et en millions d'euros )
Catégorie de ressouces |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2001 |
2002 |
Redevance de route |
4.374,6 666,9 |
4.527,2 690,2 |
4.487,6 684,1 |
4.586,7 699,2 |
4.892,9 745,9 |
5.189,6 791,1 |
5.081,6 774,7 |
5.054,2
|
5.578,9
|
RSTCA 1( * ) |
917,4 139,9 |
1.198,1 182,6 |
1.070,5 163,2 |
1.053,1 160,5 |
1.114,2 169,9 |
1.170,0 178,4 |
1.227,2 187,1 |
1.142,0
|
1.239,1
|
Taxe de l'aviation civile 2( * ) |
593,2 90,4 |
601,0 91,6 |
701,4 106,9 |
866,1 132,0 |
1.217,2 185,6 |
1.413,8 215,5 |
1.444,2 220,2 |
1.418,2
|
1.466,7
|
Autres recettes d'exploitation |
190,5 29,0 |
157,3 24,0 |
157 24 |
168,6 25,7 |
144,6 22,0 |
137,1 20,9 |
319,3 48,7 |
29,5
|
27,6
|
Subvention du budget général 3( * ) |
244,3 37,2 |
222,8 34,0 |
221,0 33,7 |
183,0 27,9 |
215,0 32,8 |
215,2 32,8 |
210,3 32,1 |
120
|
0
|
Emprunts contractés |
380 58 |
840 128 |
911 139 |
984,3 150,1 |
1.042,5 158,9 |
830 127 |
0
|
610
|
635,8
|
Recettes totales (hors emprunt) |
6.338,5 966,3 |
6.784,6 1.034,3 |
6.673,2 1.017,3 |
6.872,7 1.047,7 |
7.618,7 1.161,5 |
8.147,9 1.242,1 |
8.315,7 1.267,7 |
8.349,4
|
8.663,3
|
Source : rapport d'activité 2000-2001 de la
direction
générale de l'aviation civile
La ressource la plus dynamique du BAAC est la taxe d'aviation
civile
4(
*
)
, dont le produit a
dépassé celui de la redevance pour les services terminaux de la
circulation aérienne à compter de 1998
.
L'augmentation de
la fiscalité affectée permet de compenser la suppression de la
subvention versée par le budget général.
II. LES OBSERVATIONS
A. UNE PROGRESSION DES DÉPENSES MAÎTRISÉE SEULEMENT EN APPARENCE
1. La poursuite de l'accroissement des charges de personnel
Le BAAC est, pour moitié, un budget de rémunérations. Les charges de personnel s'accroîtraient de près de 8,4 % par rapport à 2001.
Evolution des charges de personnel depuis 1995
(en millions de francs)
année |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2001 |
2002 |
Evolution 2002/1995 |
Evolution
|
M
francs
|
3.311,6 504,9 |
3.632,5 553,8 |
3.766
|
3.990,6 608,4 |
4.198,8 640,1 |
4.361,1 664,8 |
4.559,9 695,2 |
4.946
|
+ 49,35 % |
+ 8,47 % |
La
hausse des charges salariales s'explique largement par la négociation
périodique de protocoles sociaux triennaux qui donne lieu à des
tensions auxquelles les gouvernements successifs se sont toujours
montrés très soucieux d'apporter une réponse non
conflictuelle.
L'augmentation des dépenses de personnel de 8,4 % en 2002
résulte principalement :
-
pour 2,4 %, de l'application des mesures
interministérielles
(participation aux charges de pension, extension
en année pleine des mesures de revalorisation de la fonction publique
2001 et 2002), pour 1,1 %, et des mesures d'ajustement spécifiques
à la DGAC prenant en compte l'évolution des qualifications et les
effets « glissement vieillesse technicité » (GVT),
pour 1,3 % ;
-
pour 5,7 %, des mesures résultant du protocole d'accord du
7 décembre 2000
applicables en 2001 et 2002 ;
-
pour 0,3 %, des mesures nouvelles hors protocole
.
Le protocole d'accord du 7 décembre 2000, établi entre le
Ministre de l'équipement, des transports et du logement et les
organisations syndicales représentatives des personnels de la direction
générale de l'aviation civile, comprend de
«
nouvelles avancées sociales pour les personnels de la
DGAC
», «
en vue des efforts qu'ils seront
amenés à consentir
».
Les extraits du protocole d'accord témoignent de ces avancées
sociales :
«
Le développement rapide de l'activité
aéronautique civile se traduit par une forte augmentation du niveau
d'activité de la DGAC, qui impose des moyens nouveaux et qui s'inscrira
en conséquence dans le cadre d'une politique dynamique de
création d'emplois.
La Direction Générale de l'Aviation Civile procédera ainsi
au cours des trois prochaines années aux recrutements définis en
annexe 1, qui prennent en compte les départs, les retraites par limite
d'âge, les changements de corps prévus ainsi que
l'aménagement et la réduction du temps de travail. Ce sont
globalement 1.339 agents qui seront recrutés à ce titre au cours
de la période ouverte par le présent accord.
Ces valeurs de recrutement ne prennent pas en compte les mouvements de
personnel non prévisibles, en particulier ceux qui interviennent au
titre des disponibilités, congés parentaux, détachements,
mobilité, décès, démissions, retraites
anticipées, nouveaux temps partiels.
Ces mouvements seront compensés, l'année suivante, dans chacun
des corps, par autant de recrutements
supplémentaires. »
En réponse à une question de votre rapporteur spécial, la
DGAC indique que les dépenses de personnel induites par le protocole
2000 auront progressé, à l'issue de la troisième
année, de 11 % par rapport à l'année 2000
5(
*
)
, dont près de la moitié pour les seules
créations d'emplois. Il convient de relever que le protocole d'accord
fixe également le cadre de mise en place de l'aménagement du
temps de travail au sein des services de la DGAC.
Charges résultant du protocole d'accord de la DGAC en année pleine (en millions d'euros)
|
|
PLF 2002 |
|
|
|
Années |
LFI 2001 |
Au titre de 2001 |
2002 |
2003 |
Cumul |
Créations d'emplois |
50 |
32 |
80 |
74 |
236 |
Mesures catégorielles |
35 |
67 |
80 |
61 |
243 |
Total |
85 |
99 |
160 |
135 |
479 |
Source : DGAC
Les recrutements prévus par la DGAC au cours de la période
2001-2003 sont répartis comme suit :
Corps |
Effectifs réels au 01/01/2001 |
2001 |
2002 |
2003 |
Total des créations |
Ingénieurs du contrôle de la navigation aérienne (ICNA) |
4.291 |
210 |
210 |
210 |
630 |
Techniciens supérieurs des études et de l'exploitation civile (TSEEAC) |
1.611 |
80 |
80 |
80 |
240 |
Ingénieurs électroniciens des systèmes de la sécurité aérienne (IESSA) |
1.419 |
45 |
45 |
45 |
135 |
Ingénieurs des études et de l'exploitation de l'aviation civile (IEEAC) |
774 |
24 |
24 |
24 |
72 |
Enseignants de l'Ecole nationale de l'aviation civile (ENAC) |
10 |
5 |
5 |
5 |
15 |
Administrateurs civils |
30 |
1 |
1 |
1 |
3 |
Attachés d'administration de l'aviation civile |
198 |
9 |
9 |
9 |
27 |
Assistants d'administration de l'aviation civile |
346 |
20 |
20 |
20 |
60 |
Adjoints d'administration de l'aviation civile |
162 |
20 |
20 |
20 |
60 |
Ouvriers |
956 |
30 |
30 |
30 |
90 |
Médecin |
13 |
1 |
0 |
0 |
1 |
Infirmiers |
15 |
2 |
1 |
1 |
4 |
Assistant(e) de service social |
12 |
0 |
1 |
1 |
2 |
Total 6( * ) |
11.207 |
447 |
446 |
446 |
1.339 |
Source : DGAC
L'évolution des effectifs réels, en équivalent temps plein
(ETP) a suivi en 2001 la même tendance que celle des deux
dernières années, avec une légère augmentation de
1,5 % (10.415 ETP en 2000, 10.563 ETP en 2001).
L'accroissement des effectifs est justifié par la
nécessité de mettre en place des capacités nouvelles de
traitement du trafic. Votre rapporteur spécial considère
cependant
qu'une évaluation des conditions de formation et de travail
des agents du contrôle aérien devrait être entreprise au
préalable
.
Outre ces créations d'emplois, de nombreuses mesures de revalorisation
des rémunérations sont prévues par le protocole. Elles
s'ajoutent aux mesures générales de revalorisation de la fonction
publique. Il convient cependant de noter que le chapitre
64-10 « revalorisation des rémunérations
publiques » (crédits à répartir) n'est pas
doté en loi de finances pour 2002.
Une part significative de la progression de la masse salariale de la DGAC
résulte de la revalorisation des rémunérations
individuelles
. Celle-ci résulte d'ailleurs surtout de la très
forte augmentation des rémunérations accessoires (primes et
indemnités). Ce phénomène ne peut manquer
d'inquiéter. Alors que se profilent pour les années à
venir de nombreux départs en retraite, la composition du régime
indemnitaire des agents entraîne une
déconnexion de plus en
plus nette entre leurs revenus d'activité et leurs revenus de
remplacement
calculés sur une assiette plus réduite et moins
dynamique. Ce phénomène entretient des revendications sociales
qui n'ont été que partiellement satisfaites dans le passé
au moyen de « demi-mesures ». Un risque important en
résulte, avec la perspective d'une nette augmentation des crédits
pour pensions.
Votre rapporteur spécial constate que les conditions dans lesquelles est
gérée la masse salariale du BAAC débouchent sur
des
évolutions peu raisonnables au regard des contraintes financières
du moment qui s'imposent tant à la fonction publique qu'aux
salariés des entreprises du transport aérien
.
2. Une progression modérée des dépenses de fonctionnement des services
Les dépenses de fonctionnement des services progressent de 3,7 % en 2002, pour atteindre 130 millions d'euros. Elles résultent, pour l'essentiel, de la croissance des emplois de la DGAC.
3. Une forte progression des contributions à des organismes extérieurs
Les contributions au bénéfice des « organismes extérieurs » augmentent de 7,6 %. Cette progression résulte, pour l'essentiel, de la participation de la France à Eurocontrol 7( * ) ( + 2,59 millions d'euros), des coûts des services rendus par Aéroports de Paris et Météo France (respectivement, + 2,30 et + 1,49 millions d'euros) et de la prise en compte de nouvelles dispositions contractuelles liant la Direction générale de l'aviation civile aux autorités suisses en application d'un protocole triennal 2002-2004 (+ 7,07 millions d'euros).
4. L'évolution des opérations du budget annexe en 2001 est partiellement optique
Depuis
la loi de finances pour 1999, des novations très importantes dans le
système de financement des infrastructures nécessaires au
transport aérien français sont intervenues. Il convient de les
prendre en compte afin d'apprécier les variations du BAAC.
Une taxe d'aéroport affectée aux différents
aéroports métropolitains a été créée.
Elle est constitutive d'une double curiosité juridique selon laquelle,
d'une part, des charges correspondant à des missions
d'intérêt général
incombant par nature
à
l'Etat
, selon la jurisprudence du Conseil d'Etat, (comme la
lutte anti-terroriste) ne sont pas retracées dans son budget et, d'autre
part, des personnes totalement privées se voient désignées
comme bénéficiaires d'une imposition. Cette loi de finances a, de
plus, institué un nouveau compte d'affectation spéciale le
«
Fonds d'intervention pour les aéroports et le transport
aérien
» (FIATA), qui finance :
-
les dépenses directes de l'Etat
en fonctionnement et en capital
concernant les services de sécurité-incendie-sauvetage et la
sûreté, à l'exception des dépenses de
personnel ;
-
les subventions aux gestionnaires d'aérodromes
en
matière de sécurité-incendie-sauvetage, de
sûreté, de lutte contre le péril aviaire et de mesures
effectuées dans le cadre des contrôles environnementaux ;
-
les restitutions des sommes indûment perçues ;
-
les dépenses diverses ou accidentelles.
Le FIATA est financé au moyen d'une partie du produit de la taxe
d'aviation civile (TAC) - voir
infra
- dont la quotité de
répartition est fixée chaque année par les lois de
finances. En 2001, la réduction des crédits du FIATA avait
conduit à augmenter la part de la TAC versée au BAAC. Cette
augmentation, qui dispensait le gouvernement d'augmenter le taux de la TAC
-v.
infra
-, reflète notamment le désengagement de
l'Etat du financement des dépenses de sûreté
aéroportuaire. Ce désengagement n'a fait que traduire une
débudgétisation supplémentaire, rendue possible par
l'affectation directe de la taxe d'aéroport.
Le FIATA fait l'objet d'importantes critiques,
l'évaluation des
besoins de financement correspondant à son champ d'intervention
étant marqué par une grande
opacité
. La Cour
des comptes a contrôlé les opérations de ce compte
d'affectation spéciale pour les années 1995 à 2000. Les
observations effectuées suite à ce contrôle ont
été transmises aux commissions des finances de l'Assemblée
nationale et du Sénat, en application de l'article R. 135-1 du code des
juridictions financières
8(
*
)
.
Extraits du référé :
contrôle de
la Cour des comptes sur le compte
d'affectation spéciale
n° 902-25.
Nouvellement dénommé Fonds d'intervention pour
les
aéroports et le transport aérien (FIATA), le Fonds est
désormais alimenté par une fraction, définie annuellement,
de la nouvelle taxe de l'aviation civile (...). Il est chargé à
partir de 1999, non seulement d'octroyer des concours financiers à des
dessertes locales déficitaires, mais aussi de financer des
dépenses intéressant la sécurité - incendie -
sauvetage et la sureté, que ces dernières soient assurées
sous la responsabilité directe de l'Etat ou sous celle des
aéroports.
Cette évolution, qui visait à donner plus de souplesse et
d'efficacité au dispositif de péréquation, devait
permettre en outre de prendre en charge les missions d'intérêt
général relatives à la sécurité - incendie
- sauvetage dont le financement par la redevance pour services terminaux de la
circulation aérienne affectée au budget annexe de l'aviation
civile avait été mis en cause par le Conseil d'Etat le 20 mai
1998.
La Cour a examiné, pour les six exercices écoulés depuis
la création du fonds en 1995 tout à la fois les aspects
financiers de la gestion du compte et l'adaptation de ce dernier aux objectifs
fixés par le législateur.
Elle constate, sur la base de l'analyse des données globales de
l'exécution budgétaire, que les recettes ne correspondent pas au
niveau réel des besoins à financer.
Au cours des cinq premières années, la consommation des
crédits ouverts n'excède pas 40 %, la situation de l'exercice
2000, avec un taux de 59,4 %, apparaissant à cet égard tout
à fait exceptionnelle. Par ailleurs, le niveau des reports augmente
constamment d'un exercice à l'autre : de 120,5 milliards de
francs au 1
er
janvier 1996, il atteint, malgré
l'élargissement des missions du Fonds, 193,6 milliards de francs au
1
er
janvier 2000 et 224,5 milliards de francs au 1
er
janvier 2001.
Le montant du prélèvement opéré
sur l'usager au travers des opérateurs du transport aérien
apparaît donc disproportionné et excessif.
Le faible niveau de consommation des crédits démontre aussi
l'inadaptation par rapport aux réalités du transport
aérien et aux objectifs initiaux du Fonds, d'un dispositif de subvention
qui semble se révéler à l'usage peu attractif.
La réduction sensible, au fil des ans, des sommes effectivement
consacrées au soutien des lignes aériennes d'aménagement
du territoire, comme du nombre des opérateurs et des liaisons
conventionnées, amène à s'interroger sur la
validité des critères d'attribution des concours financiers
gérés par le Fonds.
Malgré l'importance des moyens financiers dont il dispose, ce dernier
n'a pas eu d'effet tangible sur la création de liaisons aériennes
nouvelles : ainsi, son intervention ne s'inscrit pas de manière
probante dans le cadre plus général d'une politique
d'aménagement du territoire qui s'accompagnerait du renforcement des
réseaux sur l'ensemble du territoire
.
A cet égard, la Cour constate que la Délégation à
l'aménagement du territoire et à l'action régionale, qui
avait joué un rôle déterminant dans la mise au point du
dispositif initial et en particulier dans la fixation à un niveau
élevé - contre l'avis de la Direction générale de
l'aviation civile - du montant de la taxe par passager, ne paraît pas se
considérer comme impliquée dans sa mise en oeuvre. Ainsi, le
Délégué n'a pas répondu au relevé de
constatations provisoires transmis par la Cour le 3 mars 2000 et au
questionnaire qui l'accompagnait.
L'évolution des missions du Fonds que consacre la réforme de 1999
contribue au demeurant à accentuer le décalage existant entre les
objectifs initiaux et la réalité actuelle.
Conçu comme
un instrument de soutien à l'aménagement du territoire, le compte
d'affectation spéciale constitue désormais principalement le
support du financement, au moyen de recettes, affectées, de missions
régaliennes
; dotées à raison d'un peu plus de 17
% en 1999, ces dernières se voient attribuer plus de 63 % des
crédits du Fonds par la loi de finances pour 2001.
Cette situation qui n'est pas conforme aux dispositions de l'ordonnance
n° 59-2 du 2 janvier 1959 portant loi organique relative aux lois de
finances conduit à s'interroger sur la légitimité du
dispositif mis en place et sur l'existence même d'un compte d'affectation
spéciale.
Celui-ci tend en effet, de plus en plus nettement à
couvrir des dépenses relevant par nature du budget
général, dans la mesure où les autres missions du Fonds
deviennent marginales.
Au terme de son contrôle, la Cour préconise donc de supprimer
le compte d'affectation spéciale 902-25 afin de permettre un retour aux
principes fondamentaux du droit budgétaire.
Les observations de la Cour des comptes ne font que confirmer les critiques que
votre rapporteur spécial émet régulièrement
à propos du FIATA et, de manière générale, sur la
prise en charge des dépenses régaliennes de l'Etat par des
recettes affectées.
5. Les dépenses en capital sont davantage maîtrisées
Le niveau des crédits pour dépenses en capital s'élève à 289,57 millions d'euros, en diminution de 9,3 % en crédits de paiement et de 7,9 % en autorisations de programme.
a) Les dépenses d'amortissement financier
Les
dépenses d'amortissement financier correspondent au remboursement en
capital des dettes du BAAC. Leur progression est considérable
(+ 33,8 % en 1999 ; + 21,4 % en 2000, + 9,2 % en
2001). S'élevant à 91,47 millions d'euros en 2002, les
charges d'amortissement financier progresseraient encore de 1,4 %. Cette
tendance reflète l'endettement passé du budget annexe.
Le tableau qui suit retrace la progression de l'endettement brut au
31 décembre de chaque année.
9(
*
)
( en millions de francs et en millions d'euros)
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2001 |
2002 |
1.852,9 282,5 |
1.668,9 254,4 |
1.861,3 283,8 |
2.439,4 371,9 |
3.098,1 472,3 |
3.798,8 579,1 |
4.507,8 687,2 |
4.891,5 745,7 |
4.349,6 663,1 |
4.368,0 665,9 |
4.403,4 671,3 |
De
1992 à 1998, l'endettement a été multiplié par plus
de 2,4. Depuis, l'endettement du BAAC a été stabilisé.
L'évolution des charges d'amortissement enregistrée depuis 1992
rend compte de la croissance de l'endettement du BAAC de 1992 à 1999.
Evolution des charges d'amortissement
( en millions de francs et en millions d'euros)
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2001 |
2002 |
174,9 26,7 |
183,9 28,0 |
187,7 28,6 |
261,9 39,9 |
252,3 38,5 |
283,5 43,2 |
333,5 50,8 |
446,2 68,0 |
514,9 78,5 |
591,9 90,2 |
600
|
De 1992 à 2002, les charges d'amortissement ont été multipliées par 3,4. Votre rapporteur insiste sur le fait que la réduction de l'endettement du BAAC doit être poursuivie afin de mettre un terme définitif à la croissance des charges d'amortissement qui grèvent chaque année davantage le montant des crédits disponibles.
b) Les dépenses d'investissement
Elles s'élèveraient à 198,1 millions d'euros , soit une chute de 7,3 % après la diminution de 2,8 % enregistrée en 2001 .
(1) Les investissements de navigation aérienne
Les
investissements de navigation aérienne nécessiteraient des
autorisations de programme
à hauteur de
155,5 millions
d'euros,
en diminution par rapport à leur niveau de 2001
(- 11,3 %). Les crédits de paiement s'élèvent
à 158,5 millions d'euros, en diminution de 19,4 %.
Les principales actions engagées concernent la poursuite du plan de
renouvellement des aides radio classiques à l'atterrissage et la mise en
oeuvre de systèmes de radionavigation sur les aérodromes qui en
étaient dépourvus ; la poursuite des acquisitions de radars
pour améliorer la sécurité et la fluidité des
mouvements des aéronefs ; l'acquisition de stations
opérationnelles pour parfaire la surveillance du trafic
aérien ; le renouvellement du système de traitement radar
(STR), du système de traitement des plans de vol (STPV), et du
système des positions de contrôle (ODS) ainsi que la
première tranche du développement du futur système
européen des plans de vols (EFPDS).
Une part importante des investissements de navigation aérienne concerne
le programme "
Operator Input and Display System
" (ODS). Le coût de
ce programme pour la France pour la première phase correspondant
à la période 1990-2003 est aujourd'hui estimé à
133 millions d'euros. Plus de la moitié de ce montant
(84 millions d'euros) est consacrée à l'achat des
matériels (écrans couleur de haute définition, machines
graphiques, stations de travail et équipements de réseaux
locaux), qui sont ou seront déployés dans les cinq centres de
contrôle, à l'aéroport de Paris-Charles de Gaulle, à
l'Ecole nationale de l'aviation civile (pour la formation des
contrôleurs) et au service technique de la navigation aérienne
(pour les développements, les tests et la maintenance).
Pour la deuxième phase du programme ODS, s'étendant sur la
période 2001-2006, les coûts de développement des logiciels
sont évalués à 18 millions d'euros, répartis
sur les exercices 2001 à 2005. Par ailleurs, la maintenance des
équipements et des logiciels représentera environ 9 millions
d'euros de dépense annuelle à compter de 2002.
Les investissements nationaux réalisés par les pays
européens dans le domaine de la navigation aérienne sont
justifiés par la nécessité d'absorber l'augmentation du
trafic. Votre rapporteur spécial considère qu'une meilleure
intégration des investissements de navigation aérienne en Europe
apporterait de réelles économies.
(2) Les investissements du service des bases aériennes
Dans le domaine des bases aériennes, le niveau des dépenses d'investissement est de 21,34 millions d'euros en autorisation de programme et de 22,11 millions d'euros en crédits de paiement, soit des réductions respectives de - 1,1 % et de - 7,3 %.
Evolution des investissements des bases aériennes
(en
millions d'euros)
|
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2001 |
2002 |
Ecarts en % |
|
|
|
|
|
|
|
|
1999/1996 |
2002/2001 |
Infrastructures
Total |
21,43
|
24,85
|
26,42
|
18,10
|
16,77
|
17,54
|
+ 23,3
|
+ 4,6
|
L'évolution soulignée dans le tableau ci-dessus
est
peu significative compte tenu des transferts de charge entre le budget de
l'Etat et les aéroports qui sont intervenus à l'occasion de la
réforme du système de financement des infrastructures
aéroportuaires réalisée en 1999.
La dotation pour l'année 2002 doit permettre de financer :
- les travaux d'infrastructure et les acquisitions foncières sur les
aérodromes concédés et sur les aérodromes en
régie ;
- l'entretien du patrimoine de la DGAC ;
- la poursuite des contrats de plan ;
- la poursuite jusqu'à leur terme des opérations de
sûreté initialisées sur le BAAC, avant la création
du FIATA, pour lesquelles 4,57 millions d'euros ont été
alloués.
(3) Le contrôle technique et la formation aéronautique
Le
niveau d'investissement du contrôle technique est en accroissement dans
le projet de budget pour 2002, tant en autorisations de programme
(1,22 millions d'euros) qu'en crédits de paiement
(0,92 millions d'euros). Cette dotation doit permettre notamment la
poursuite du financement du développement de logiciels informatiques,
des études liées à la lutte contre les nuisances sonores,
du renouvellement du parc automobile et des travaux au centre des examens
aéronautiques d'Orly.
S'agissant de la formation aéronautique, les dotations sont de
3,27 millions d'euros en autorisations de programme et de
3,58 millions d'euros en crédits de paiement. Cette dotation doit
permettre la modernisation de la flotte, l'adaptation des matériels de
simulation aux normes européennes, l'entretien et la remise aux normes
des centres de formation et la mise en place de dispositifs de
téléformation.
B. LA VULNÉRABILITÉ DU BUDGET ANNEXE DE L'AVIATION CIVILE
1. Des redevances en permanence contestées
La
multiplication des contentieux et des annulations prononcés par les
juridictions administratives témoigne de la vulnérabilité
des recettes du BAAC. Votre rapporteur spécial souligne que les
redevances ne permettent pas d'assurer la sécurité juridique
indispensable aux missions de la DGAC.
De nombreux sujets d'interrogation demeurent sur la conformité de leur
assiette avec les principes juridiques qui en gouvernent la définition.
Ainsi, dix huit des dix neufs requêtes (la plus ancienne datant du
13 octobre 1998, la plus récente, du 23 avril 1999) tendant
à l'annulation de décisions par lesquelles le ministre
chargé de l'aviation civile avait rejeté les oppositions
formées par les compagnies requérantes contre les titres de
perception émis par l'agent comptable de la DGAC pour le paiement de la
redevance pour services terminaux de la circulation aérienne (RSTCA) au
titre de l'année 1998 n'ont pas encore été jugés
par les tribunaux administratifs de Paris et de Fort-de-France. Seul le
tribunal de Saint-Denis-de-la-Réunion a, dans son jugement du 2 mai
2001, fait droit à la requête qu'avait déposée la
compagnie Air Liberté le 23 avril 1999. Cette compagnie avait
formé opposition le 21 août 1998 contre un titre de perception
émis le 29 juillet 1999 au titre de la RSTCA. Une décision
implicite de rejet de cette opposition avait été acquise le 21
février 1999, que la compagnie requérante avait contestée.
Le juge administratif a considéré que la RSTCA portait sur des
droits et obligations de caractère civil au sens des stipulations de
l'article 6-1 de la convention européenne de sauvegarde des droits
de l'homme et des libertés fondamentales (CEDH), en écartant
l'application de l'article 2 de la loi de validation n° 98-1171 du 18
décembre 1998, au motif que l'intérêt financier au titre de
cette loi ne constituait pas un intérêt général et
suffisant.
Afin de faire valoir ses droits, la DGAC s'est immédiatement pourvue en
appel devant la cour administrative de Bordeaux.
Par ailleurs, lors d'un jugement daté du 27 juin 2000, le tribunal
administratif de Paris a rejeté vingt requêtes tendant à
l'allocation d'une indemnité visant à la réparation du
préjudice résultant d'un trop perçu de la RSTCA
résultant des titres de perception rectificatifs adressés aux
compagnies requérantes en juin 1996, sur la base de
l'arrêté du 21 février 1996, au motif que dix neuf des
vingt compagnies requérantes n'avaient pas fait opposition à ces
recours dans les délais réglementaires, et étaient
désormais forcloses à le faire.
La compagnie Air Liberté a vu sa demande rejetée au motif que la
requérante n'avait pas contesté la conventionnalité de la
loi de validation du 18 décembre 1998 au regard des stipulations de
l'article 6-1 de la convention européenne des droits de l'homme et des
libertés fondamentales. En conséquence, la compagnie Air
Liberté a formé appel devant la cour administrative d'appel de
Paris et y a soulevé le moyen tiré de l'inconventionnalité
de l'article 2 de la loi de validation.
Dans sa présentation du projet de budget pour 2001, votre rapporteur
spécial avait indiqué qu'il lui semblait que le Conseil d'Etat,
à travers sa Section du Rapport et des Etudes, avait
considéré la loi de validation du 18 décembre 1998
comme incompatible avec la Convention européenne de Sauvegarde des
Droits de l'Homme et des Libertés. Il avait ajouté que, dans ces
conditions, d'éventuels refus de restitution des sommes litigieuses
pourraient donner lieu à des contentieux dont le sort dépendrait
de la norme que les juridictions choisiraient de privilégier.
Il apparaît clairement que, en application de l'article 55 de la
Constitution, la justice administrative a affirmé la
supériorité de la Convention européenne de Sauvegarde des
Droits de l'Homme et des Libertés. Si cette solution était
confirmée par le Conseil d'Etat, les dispositions de l'article 2 de la
loi de validation de 1998 seraient inopérantes, et des décisions
défavorables à la DGAC seraient probablement rendues.
2. Les limites posées à l'affectation de la fiscalité au BAAC
Le
Conseil constitutionnel a, dans sa décision sur la loi de finances pour
1998, rappelé que l'affectation des recettes fiscales à un budget
annexe ne devait pas excéder un certain niveau.
La création du FIATA apporte sans doute sur ce point une certaine marge
en ce sens qu'elle permet de financer à travers la fiscalité des
dépenses qu'un budget annexe ne saurait comporter en trop grande
quantité sans risque juridique.
Néanmoins, la vulnérabilité des redevances perçues
par le budget annexe associée à la montée en charge de
dépenses d'investissement ou financières qu'il sera
délicat de financer par leur moyen conduisent à nourrir des
inquiétudes sur la pérennité du BAAC.
Le projet de budget annexe de l'aviation civile pour l'année 2002 se
caractérise donc principalement par :
- le maintien de la fiscalité affectée au niveau de
l'année 2001 ;
- la suppression de la subvention du budget général ;
- la stabilisation de l'endettement ;
- le respect du protocole d'accord de la DGAC du 7 décembre 2000, qui
entraîne une forte croissance des dépenses de personnel.
Compte tenu de la croissance des dépenses de personnel et de la faible
progression de l'autofinancement, les investissements du BAAC sont en
légère diminution.
III. LES CRÉDITS DE TRANSPORT AÉRIEN
A. PRÉSENTATION GÉNÉRALE
Crédits de paiement du transport aérien
(en millions d'euros)
|
2001 |
2002 |
Ecart en % |
Subvention au BAAC
Total |
18,29
|
0
|
- 100
|
Les
crédits du transport aérien s'élèveraient à
267 millions d'euros
, en progression de 10,3 %, hors subvention au
BAAC.
Le montant des autorisations de programme reste stable par rapport
à l'année 2001, et s'élève à
329,44 millions d'euros.
Le montant de la
subvention versée au BAAC
serait nulle en
2002. Cette évolution confirme la volonté du gouvernement de
désengager l'Etat du financement du budget annexe de l'aviation civile.
Le transport aérien devient ainsi le seul mode de transport
financé en totalité par ses usagers, et par le contribuable
local
.
Le montant des
soutiens à la recherche-amont
diminuerait
nettement par rapport à 2001 et aux années
précédentes.
Les crédits prévus pour payer en 2002 les
échéances des
avances remboursables
augmenteraient,
passant de 202 à 232 millions d'euros, soit une augmentation de
14,9 %.
Le montant des
subventions à des organismes tiers
augmenterait légèrement, et s'établirait à
4 millions d'euros.
B. OBSERVATIONS
Les crédits de recherche amont
connaîtraient une
évolution très défavorable compte tenu de la
nécessité, pour bien figurer dans la compétition
internationale, d'un effort soutenu de recherche. Cette évolution est
liée à la priorité accordée au programme d'Airbus
A380 et aux équipements associés.
La progression des crédits d'avances remboursables
atténuerait les effets défavorables de la réduction des
crédits de recherche-amont. Ces avances concernent les programmes
suivants :
Programmes (en millions d'euros) |
Autorisations de programme |
Crédits de paiement |
Airbus A340 (version -500 et 600) |
25,3 |
29,58 |
Airbus A380 |
152,45 |
137,2 |
Développement des moteurs GE-90-115 et GP7200 |
34,47 |
20,58 |
Nouvel avion d'affaires Falcon FNX |
21,04 |
21,04 |
S'agissant du programme de l'Airbus A380, votre rapporteur
spécial observe que le niveau des intentions de commandes
déjà manifestées par différentes compagnies est de
bon augure pour un projet qu'il a toujours appelé de ses voeux.
Il rappelle que nos modalités de financement public sont à
l'origine d'un handicap de compétitivité de nos entreprises par
rapport à leurs concurrentes américaines qui, de leur
côté, ne sont pas astreintes à un quelconque remboursement
de l'aide qui leur est apportée.
Le sens des transferts entre l'Etat et les entreprises a été, ces
dernières années, au bénéfice du premier d'autant
que l'Etat ampute des dotations budgétaires déjà
insuffisantes par des gels et annulations de crédits.
CHAPITRE DEUXIÈME : LA SITUATION DE L'AVIATION CIVILE
I. LES CONSÉQUENCES DES ATTENTATS DU 11 SEPTEMBRE 2001 SUR LE TRAFIC AÉRIEN
1. Une croissance importante du trafic au cours de la décennie écoulée
Depuis
1982, l'organisation de l'aviation civile internationale (OACI) estime que le
trafic mondial a cru, en moyenne, de 4,3 % par an pour les passagers, et
de 5,5 % pour le fret.
En 2000, 1,65 milliard de passagers ont été
transportés sur les lignes aériennes dans le monde, ainsi que 30
millions de tonnes de fret.
Sur cette part, les passagers transportés au départ et à
destination des aéroports français est de 102 millions de
passagers, soit près de 7 % du trafic mondial. Le trafic
français a augmenté de 4,6 % par an entre 1990 et 2000, soit
un taux de croissance supérieur à celui du trafic mondial au
cours de la même période (+ 3,3 %).
La croissance du trafic aérien a été importante au
cours de l'année 2000, avec une progression de 7,9 % au niveau
mondial
10(
*
)
. Cette progression a
été sensiblement supérieure pour le trafic international
que pour le trafic intérieur aux Etats (+ 9,7 % contre
+ 5,4 %). Le trafic de fret a, quant à lui, augmenté de
8,1 %, et de 8,3 % pour les seuls services internationaux.
2. Un ralentissement sensible de la croissance du trafic aérien au cours de l'année 2001 et des prévisions pessimistes pour 2002
Au cours
du premier semestre de l'année 2001, le ralentissement de
l'économie mondiale a provoqué une moindre croissance du trafic
aérien, qui ne s'élève qu'à 0,9 % pour le
trafic passager et de 0,5 % pour le trafic de fret.
Sur l'ensemble des routes régulières internationales, le
coefficient de remplissage s'établissait à 71,2 %, en
diminution de 0,6 % par rapport à l'année 2000. De plus, les
compagnies américaines enregistraient, sur les sept premiers mois de
l'année 2001, une légère augmentation du trafic de
passagers (+ 0,4 %) sur l'ensemble de leur trafic et une baisse de
0,5 % sur les liaisons intérieures.
Enfin, pour la première fois, en mois de mai 2001, le trafic a
diminué de 2 % par rapport au mois de mai 2000.
Les attentats du 11 septembre 2001 ont, dans ce contexte, constitué un
choc important.
La crainte des attentats a provoqué une chute
sensible du trafic aérien, notamment en matière de voyages
d'affaires, qui constituent les principales sources de marge des compagnies
aériennes.
Pour l'année 2002, les prévisions de l'organisme européen
Eurocontrol font état d'une progression de 2,6 % du trafic sur
l'ensemble de l'année. Ces prévisions sont cependant largement
dépendantes de l'évolution de la situation économique et
politique internationale.
Néanmoins, la plupart des acteurs de l'aviation civile et le
gouvernement estiment que la crise que traverse actuellement le secteur n'est
que conjoncturelle, et ne remet pas en cause les prévisions de
progression continue de l'activité effectuées avant les
attentats ; la crise n'entraînerait qu'un pallier dans la croissance
du trafic aérien, celui-ci étant appelé à retrouver
son sentier de croissance par la suite.
On rappellera que l'OACI estimait, avant les attentats du 11 septembre,
que le trafic aérien devait connaître un taux de croissance de
4,5 % jusqu'en 2010.
3. Des signes avant-coureurs d'une crise du secteur aérien
Avant
les événements du 11 septembre 2001, les analystes financiers
prévoyaient une perte de 3,5 milliards de dollars pour l'ensemble
des compagnies aériennes dans le monde. Il convient de noter en effet
que, si le trafic de passager a augmenté de près de 5 % par
an depuis le début de la décennie, la rentabilité par
siège est en revanche en diminution depuis trois ans. Cette
évolution a été aggravée par la hausse des salaires
et du prix des carburants.
La situation financière des compagnies aériennes, notamment
américaines, était fragilisée dès avant le
11 septembre 2001, compte tenu des faibles marges réalisées
et du ralentissement de la croissance du trafic aérien.
II. UN IMPACT IMPORTANT SUR LES COMPAGNIES AÉRIENNES
A. UN PREJUDICE FINANCIER IMMÉDIAT
1. La fermeture du ciel américain
Suite
aux attentats du 11 septembre, le ciel américain a été
totalement fermé pendant 4 jours, puis progressivement réouvert
à compter du 16 septembre. Le préjudice pour les compagnies
aériennes résulte, de manière immédiate, des
surcoûts liés à cette fermeture.
A titre d'exemple, Air France a estimé à 60 millions d'euros sa
perte opérationnelle pour la décade qui a suivi les attentats.
2. La hausse du tarif des primes d'assurance
Dès le lendemain des attentats, les compagnies
d'assurance
ont décidé de ne plus prendre en charge la couverture du risque
de guerre, compte tenu des coûts potentiels en cas de nouveaux attentats
visant des aéronefs.
Avant les attentats du 11 septembre 2001, les compagnies aériennes
étaient assurées pour le risque de guerre et d'attentats
jusqu'à concurrence de 2 milliards de dollars. Suite aux attentats du 11
septembre, les assureurs ont décidé de rapporter leur couverture
à 50 millions de dollars. Pour les compagnies aériennes, la
décision des assureurs équivaut à une multiplication par
40 de leur facture (puisque, à montant de prime inchangé, le
montant couvert est 40 fois inférieur à celui d'avant les
attentats).
Les gouvernements de l'Union européenne ont décidé de
prendre en charge la tranche comprise entre 50 millions de dollars et 2
milliards de dollars (en France, c'est la caisse de réassurance qui a
été chargée de cette tâche) à titre
provisoire, jusqu'au 31 décembre 2001.
A compter du 1
er
janvier 2002, une solution pérenne devra
être trouvée au problème de l'assurance des compagnies
aériennes.
Plusieurs options peuvent être
envisagées :
- soit la situation internationale et l'évolution du marché de
l'assurance permettent de prendre en charge le risque d'attentat à un
coût que les compagnies aériennes seront en mesure de
supporter ;
- soit un système nouveau devra permettre aux compagnies d'être
couvertes pour ce risque.
Un système de mutualisation des risques
dans le cadre de l'Union européenne pourrait alors être
envisagé.
3. L'impact financier majeur de la conjonction de la croissance des coûts et du ralentissement du trafic aérien
Face
à la croissance des coûts et au ralentissement du trafic
aérien, les compagnies aériennes ont du faire face à des
difficultés financières importantes. Dès la reprise des
cotations des entreprises à la bourse de New York, les compagnies
aériennes américaines voyaient ainsi leur cours de bourse
diminuer de moitié.
En Europe, les compagnies les plus fragiles financièrement, comme Sabena
ou Swissair, ont été contraintes de mettre un terme à leur
activité. D'autres compagnies pourraient subir le même sort,
notamment celles ne disposant pas d'un marché intérieur
suffisamment important.
B. LA RÉACTION DES COMPAGNIES AÉRIENNES
Les
conséquences des attentats du 11 septembre 2001 sur les finances des
compagnies aériennes contraignent celles-ci à mettre en oeuvre
des programmes de réduction des coûts. Il s'agit, en particulier,
de la diminution de la capacité offerte (nombre de vols), de la
résiliation de certaines options de commande d'appareils et de la sortie
anticipée de la flotte de certains appareils, de la réduction des
programmes d'investissement, mais également de la mise en chômage
partiel ou du licenciement d'une partie du personnel. En moins de deux
semaines, les compagnies américaines ont annoncé la suppression
de 100.000 emplois, soit une personne sur six travaillant dans le secteur.
Par ailleurs, certaines compagnies ont mis en oeuvre une politique de promotion
tarifaire sur les vols européens (British Airways et KLM).
Afin de faire face à la situation nouvelle, Air France a
décidé rapidement la mise en oeuvre d'un plan
« MAC » (mesures d'adaptation à la conjoncture),
identifiant 220 mesures touchant tant au fonctionnement qu'à
l'investissement de la compagnie. Les investissements prévus
initialement par la compagnie seront fortement réduits : hors
flotte, les réductions d'investissement atteindront 170 millions
d'euros d'ici au 31 mars 2002.
La mesure la plus importante concerne le gel de 3.500 embauches et la gestion
du « temps travaillé » (planification des
congés et des jours liés à la réduction du temps de
travail...), pour un montant total de 36 millions d'euros. Le personnel d'Air
Liberté qui devait être embauché par Air France, est, en
premier lieu, victime de cette décision.
Le programme d'investissement d'Air France
L'ensemble des investissements corporels et incorporels et des
acquisitions de filiales du groupe Air France pour l'exercice 2000/2001 s'est
élevé à 2,04 milliards d'euros, en hausse de 48 % par
rapport à l'exercice précédent.
La plus grande partie des investissements programmés pour les
années à venir concernent la modernisation et le
développement de la flotte afin d'accompagner la croissance du
« hub » de Roissy, favorisé par la mise en service
de la troisième piste en 1999, celle de la quatrième piste
à la fin de l'année 2000, et par l'ouverture de l'aérogare
2 E en 2003.
L'objectif d'Air France est de financer la majeure partie de ses
investissements. Ainsi, les investissements réalisés au cours de
l'exercice 2000/2001 ont été financés grâce aux
produits de cession (pour 402 millions d'euros), à une capacité
d'autofinancement de 1,18 milliard d'euros et à la
trésorerie du groupe pour le complément.
Afin de maintenir ses capacités d'autofinancement, la compagnie a mis en
oeuvre un plan, « performance 2003 », qui devait conduire
à des gains de productivité liés à la croissance de
la compagnie et à une diminution de ses coûts.
11(
*
)
Les conséquences des attentats du 11 septembre
2001 ont cependant conduit Air France à procéder à une
révision complète de son programme d'investissement.
C. L'INTERVENTION DES ETATS EN FAVEUR DES COMPAGNIES AÉRIENNES
Les pouvoirs publics sont contraints de s'adapter à la nouvelle situation, en aidant les compagnies aériennes d'une part, et en renforçant les mesures de sûreté dans les aéroports et dans les appareils, d'autre part.
1. Une intervention massive en faveur des compagnies aériennes américaines
Très vite après les attentats du 11 septembre, le
gouvernement américain a décidé de verser une aide de 15
milliards de dollars aux compagnies aériennes américaines. Cette
aide se décompose en 5 milliards de dollars de subventions directes et
de 10 milliards de dollars de prêts. Par ailleurs, 3 milliards de dollars
ont été prévus pour faire face aux dépenses
supplémentaires en matière de sûreté aérienne
et aéroportuaire.
Ainsi, les Etats-Unis, pionniers de la libéralisation du transport
aérien, ont apporté un soutien immédiat et massif à
leurs compagnies aériennes.
2. Les divergences au sein de l'Union européenne
La
commission européenne s'est prononcée en faveur d'aides publiques
pour le transport aérien, mais limitées. D'après les
informations recueillies par votre rapporteur spécial, le gouvernement
français souhaitait que l'Union européenne intervienne de
manière significative en faveur des compagnies aériennes. Cette
volonté s'est heurtée au souhait de nombreux Etats de ne pas
soutenir le marché, afin :
- d'une part, d'éviter les éventuelles distortions de concurrence
qui pourraient résulter de l'attribution d'aides ;
- d'autre part, de promouvoir une restructuration du secteur aérien en
Europe.
Les divergences exprimées dans le cadre des négociations
européennes ont donc conduit à une intervention
particulièrement timide des pouvoirs publics pour aider les compagnies
aériennes, au regard notamment de l'aide massive consentie par le
gouvernement américain.
Les compagnies aériennes ont subi un préjudice important, au
titre de la fermeture du ciel américain, d'une part, et du refus des
assureurs de poursuivre la prise en charge du risque d'attentat, d'autre part.
Afin de compenser ces préjudices, le conseil des ministres des
transports de l'Union européenne a tout de même
décidé de permettre aux Etats-membres d'accorder des aides aux
compagnies aériennes :
- afin de compenser les pertes subies du fait de la fermeture du ciel
américain pendant quatre jours ;
- afin de prendre en charge les surcoûts liés à la prise en
charge des mesures de sûreté par les compagnies aériennes
(renforcement du contrôle des passagers et des bagages à
l'enregistrement, présence de personnel de sécurité sur
les vols dits sensibles) ;
- afin de permettre la prise en charge le risque attentat jusqu'au
31 décembre 2001, risque que les compagnies d'assurance ont
indiqué ne plus prendre en charge suite aux attentats du 11 septembre.
Votre rapporteur remarque que
l'Union européenne a
décidé de limiter considérablement les aides
versées par les Etats membres aux compagnies aériennes, attachant
une grande importance aux risques de distorsions de concurrence et à la
nécessité de restructurer l'industrie du transport
aérien
. Les aides seront donc considérablement plus faibles
que celles versées par les Etats-Unis aux compagnies américaines,
qui s'élèvent au total à près de 18 milliards de
dollars (5 milliards de dollars au titre du préjudice subi pour la
fermeture du ciel américain, 3 milliards de dollars pour la prise en
charge des mesures de sûreté supplémentaires et 10
milliards de dollars de prêts pour permettre aux compagnies de passer la
période difficile). Les aides qui seront versées par les Etats
membres de l'Union européenne devraient représenter à
peine 10 % de cette somme.
D. LE NÉCESSAIRE RENFORCEMENT DES MESURES DE SÛRETÉ
1. Les mesures décidées en France
Dès le soir du 11 septembre 2001, le gouvernement a
décidé la mise en place du plan «
Vigipirate
renforcé
» sur l'ensemble du territoire français.
Dans le cadre de ce plan, le groupe interministériel des vols sensibles
(GIVS) a décidé de mettre immédiatement en oeuvre des
mesures visant à renforcer la sûreté dans les
aéroports. Il s'agit notamment :
- lors de l'inspection-filtrage des passagers, ceux-ci pourront
désormais être soumis à une palpation de la part des
officiers de police judiciaire et leurs bagages à main pourront
être ouverts ;
- s'agissant des bagages de soute, toutes les machines de contrôle
existantes seront mobilisées afin d'assurer un contrôle à
100 % des vols sensibles, et un contrôle maximal sur tous les autres
vols.
Par ailleurs, le programme visant à assurer un contrôle à
hauteur de 100 % des bagages de soute, prévu pour être
achevé au cours de l'année 2003, sera
accéléré afin d'être opérationnel dès
l'année 2002.
D'autres mesures sont en cours de mise en oeuvre, afin d'améliorer
notamment le contrôle d'accès des personnels aux zones
réservées au sein des aéroports.
Il convient de
remarquer à ce sujet que près de 50.000 personnes disposent
d'un badge d'accès aux zones réservées d'Aéroports
de Paris, et qu'environ 40.000 badges appartenant à des personnes
anciennement employées sur l'aéroport sont toujours en
circulation, et pourraient permettre à des personnes non
autorisées d'accéder à ces zones
réservées
. Désormais, les portes d'accès aux
zones réservées seront limitées et systématiquement
contrôlées. A terme, les badges devraient faire l'objet d'une
réforme afin de mieux assurer le contrôle des personnels, et de
retirer de la circulation tous les badges
« périmés ».
Par ailleurs,
votre rapporteur spécial souhaite que le recours des
compagnies aériennes et des gestionnaires d'aéroports à la
sous-traitance soit étudié avec attention, s'agissant notamment
des activités chargées du contrôle des bagages et des
passagers
. Il estime que la conjonction du désengagement de l'Etat
des missions de sûreté et de l'externalisation croissante des
activités des compagnies aériennes afin de diminuer les
coûts, conduit à une augmentation sensible des risques liés
au transport aérien.
2. Le financement des mesures de sûreté
a) La réparation du préjudice subi pour la fermeture du ciel américain
Afin de
compenser la fermeture du ciel américain pendant les quatre jours ayant
suivi le 11 septembre, le gouvernement a décidé de proposer des
compensations au bénéfice des compagnies aériennes.
Le montant total des sommes devant être versées aux compagnies
françaises s'élève à 360 millions de francs.
b) Le financement des nouvelles mesures de sûreté
Afin de
financer les dépenses de fonctionnement et les investissements
nécessaires pour assurer la sûreté aérienne et
aéroportuaire, le gouvernement a proposé plusieurs modifications
au projet de loi de finances intiale.
Ces mesures concernent les taux de la taxe d'aviation civile, la
répartition de son produit entre le budget annexe de l'aviation civile
et le FIATA, et les plafonds des taux de la taxe d'aéroport.
Ainsi, le gouvernement a proposé deux amendements au présent
projet de loi de finances, votés par le Sénat, afin de relever le
taux de la taxe d'aviation civile et de modifier la répartition de son
produit.
Les compagnies aériennes françaises (et en premier lieu, Air
France) bénéficieront d'une compensation totale de
360 millions de francs au titre de la fermeture du ciel américain,
et de 300 millions de francs en année pleine au titre du
renforcement de leurs mesures de sûreté
12(
*
)
. La couverture du risque attentat est prise en charge
par la caisse de réassurance jusqu'au 31 décembre. A compter de
l'année 2002, soit le marché permettra à nouveau d'assurer
ce risque, soit un système de mutualisation pourrait être mis en
place au niveau de l'Union européenne.
3. Un développement indispensable de la coopération internationale
L'organisation internationale chargée du contrôle
aérien, l'OACI, fixe le cadre international des mesures de
sûreté. Malheureusement, ces mesures ne sont pas mises en oeuvre
de manière uniforme dans tous les pays. Ainsi, le renforcement des
mesures de sûreté en France ne permet pas de prévenir
absolument les risques d'attentats pouvant survenir sur notre territoire,
puisque des avions en provenance d'autres pays - et notamment, de pays en voie
de développement - ne bénéficient pas des mêmes
mesures de sécurité.
L'OACI va prochainement rendre obligatoire le contrôle de tous les
bagages de soute, et va imposer les mêmes mesures de
sécurité aux vols intérieurs qu'aux vols internationaux.
Ces mesures sont les bienvenues.
Cependant, votre rapporteur spécial
craint que, en l'absence de contrôles réguliers et précis
de leur application au niveau national, elles n'aient pas l'impact
nécessaire sur la sûreté du transport aérien au
niveau mondial.
Enfin, la pleine efficacité des mesures de sûreté exige un
changement des mentalités dans le secteur du transport
aérien : ce secteur, marqué par un important mouvement de
libéralisation et un développement des pratiques commerciales
visant à accroître la rapidité des déplacements,
devra faire une place croissante à la sûreté, qui va
parfois à l'encontre de l'objectif de rentabilité poursuivi par
les compagnies aériennes.
III. UN IMPACT IMPORTANT SUR LE FINANCEMENT PUBLIC DE L'AVIATION CIVILE
A. L'IMPACT NÉGATIF SUR LES RECETTES...
La
diminution de la croissance du trafic aérien entraîne
mécaniquement une diminution des recettes du budget annexe de l'aviation
civile. En effet, la taxe d'aviation civile est assise sur le nombre de
passagers et le volume de fret transportés, et les redevances
(redevances de route et redevance pour services terminaux de la circulation
aérienne), sur les mouvements d'avions.
Ces dernières seraient particulièrement affectées par le
ralentissement du trafic. En effet, l'obligation de réduction des
coûts pour les compagnies aériennes conduit à limiter le
nombre de vols, afin d'accroître le taux de remplissage des appareils.
Le gouvernement, comme Air France, considère que le trafic
aérien devrait retrouver une croissance de 5 à 6 % par an
dès que les perturbations liées aux attentats du 11 septembre
seront passées. Toute la question est de savoir combien de temps risque
de durer la période actuelle.
B. POURRAIT REMETTRE EN CAUSE LES MODALITÉS DE FINANCEMENT ET LES DÉPENSES DU BUDGET ANNEXE DE L'AVIATION CIVILE
1. L'impact sur le budget annexe de l'aviation civile
a) Pour l'année 2002
Le
financement des mesures de sûreté et la diminution des
prévisions de trafic pour 2002 conduisent à
déséquilibrer totalement le projet de budget annexe de l'aviation
civile, tel qu'il figure dans le projet de loi de finances initiale
. Le
gouvernement a donc déposé des amendements au présent
projet de loi de finances :
- pour financer les mesures de sûreté, un relèvement des
plafonds de la taxe d'aéroport, ainsi qu'un relèvement des taux
de la taxe d'aviation civile et une modification de la répartition de
son produit sont proposés ;
- pour compenser la perte de recettes liée aux prévisions de
trafic inférieures à celles figurant dans le projet de loi de
finances initiale et la diminution de la quotité de la taxe d'aviation
civile affectée au BAAC, le plafond d'emprunt du budget annexe sera
augmenté de 12,2 millions d'euros (80 millions de francs).
Les mesures de sûreté destinées à être
pérennes seront financées, pour l'essentiel, par la taxe
d'aéroport et par le FIATA, alimenté par la taxe d'aviation
civile, tandis que l'Etat assume la charge des dépenses
immédiates et non reconduites les années ultérieures.
b) A compter de l'année 2003
Le
gouvernement considère que la crise que subit actuellement le transport
aérien n'est que conjoncturelle, et que le trafic devrait reprendre
dès l'année 2003 sur la base d'une croissance comparable à
celle des dernières années, soit proche de 5 à 6 %.
On rappellera que le protocole d'accord de la DGAC conclu le 7
décembre 2000 a prévu le recrutement de 1.339 emplois en
trois ans. Ce protocole était fondé sur une progression annuelle
moyenne du trafic aérien de 5,8 % au cours de la période.
D'après les informations recueillies par votre rapporteur
spécial, le gouvernement n'envisage pas de remettre en cause les
recrutements prévus par le protocole d'accord de la DGAC du 7
décembre 2000 : compte tenu notamment des délais de
formation des personnels, les besoins en matière de contrôleurs
aériens notamment, doivent être anticipés plusieurs
années à l'avance. Or, le gouvernement ne souhaite pas
connaître un déficit en personnel au moment de la reprise de la
croissance du trafic.
Votre rapporteur spécial reconnaît qu'il convient de ne pas de
tirer des conclusions hâtives de la situation actuelle, au risque
d'hypothéquer l'avenir
. Il souligne cependant que si le trafic
aérien devait retrouver une pente de croissance sensiblement
inférieure à celle constatée au cours des dernières
années, des ajustements seraient indispensables afin d'assurer
l'équilibre du budget annexe : en effet, les recettes du budget
seraient affectées par le ralentissement du trafic aérien, tandis
que les coûts fixes, notamment en matière de personnel, seraient
en augmentation. Dans une telle hypothèse, les recrutements
prévus par le protocole d'accord seraient vraisemblablement nettement
supérieurs aux besoins réels. Il conviendrait alors de ne pas
reporter une charge excessive sur les compagnies aériennes.
2. L'effet pro-cyclique des ressources affectées au budget annexe de l'aviation civile
Les
relations entre les compagnies aériennes et le budget annexe de
l'aviation civile contribuent à accroître les effets des cycles
économiques. En effet,
le montant des redevances aériennes est
calculé à partir des prévisions de trafic aérien,
de manière à couvrir les charges correspondant au service fourni
par la direction générale de l'aviation civile
. Ainsi,
lorsque le trafic ralentit, le montant des redevances augmente. Dès
lors, ce sont les compagnies aériennes qui supportent un coût
supplémentaire qui vient s'ajouter à la moindre recette induite
par le ralentissement du trafic.
Dans la période actuelle,
l'augmentation des mesure de
sûreté décidées par le gouvernement entraîne
une croissance des charges de la direction générale de l'aviation
civile, et donc, une hausse des redevances pour les compagnies
aériennes. Aussi, les compagnies aériennes supportent des
coûts supplémentaires précisément dans une
période où leur
santé financière est
particulièrement fragilisée par le ralentissement du trafic.
Afin de faire face à l'augmentation des coûts, les compagnies
aériennes reporteront la charge en les imputant sur le prix des billets
d'avion, ce qu'elles ont déjà commencé à faire
depuis le 11 septembre. Cette augmentation du prix des billets pourrait, en
retour, contribuer à ralentir le développement du trafic
aérien, pour la part liée à la diminution
régulière du prix des vols.
Pour l'année 2002, les redevances initialement envisagées
étaient stables, après une diminution entre 1995 et 2001. En
effet, la croissance des dépenses était comparable aux
prévisions d'évolution du trafic aérien. Compte tenu de la
révision à la baisse des prévisions de trafic, le niveau
des redevances devra augmenter. D'après les prévisions
réalisées par l'organisme européen
« Eurocontrol », le trafic devrait progresser de
2,6 %. Afin de percevoir un revenu inchangé, la redevance de route
devrait augmenter de 11 % . Quant à la RSTCA, elle devrait
être affectée moins durement par la diminution du trafic, et sa
hausse devrait être limitée à 5 % environ.
A la hausse du niveau des redevances finançant le budget annexe de
l'aviation civile s'ajoutera la hausse des redevances aéroportuaires
.
La compétitivité des compagnies aériennes et des
aéroports français ne devrait cependant pas être trop
durement affectée
par la hausse des redevances, puisque le niveau de
celles-ci demeure relativement faible en comparaison de nos principaux voisins
européens. Cependant, cet effet pro-cyclique milite en faveur de
l'adoption d'un système de lissage sur plusieurs années du calcul
des redevances, en vigueur en Grande-Bretagne.
Les compagnies aériennes européennes ont émis le souhait
de geler le niveau des redevances au cours de l'année 2002, afin de ne
pas peser trop lourdement sur leur trésorerie. Plusieurs gouvernements
européens ont accepté l'idée d'un gel sur trois mois, mais
d'autres pays ont refusé d'accorder une avance de trésorerie aux
compagnies aériennes, considérant que le libre jeu de la
concurrence devait s'exercer.
Votre rapporteur spécial souligne que, en tout état de cause,
les coûts liés au renforcement de la sécurité
dans les aéroports et les avions vont peser de manière importante
sur les comptes d'exploitation des compagnies aériennes mondiales
pendant plusieurs années.
CHAPITRE TROISIÈME : LA SITUATION FRANÇAISE
I. LE PAYSAGE AÉRIEN FRANÇAIS
A. LA BONNE SANTÉ D'AIR FRANCE
1. Les bons résultats financiers d'Air France
Au cours de l'exercice 2000-2001 (clos le 31 mars 2001), la compagnie Air France a transporté 42,4 millions de passagers, soit une hausse de 6,5 % par rapport à l'exercice précédent. Le coefficient d'occupation des vols a atteint le niveau record de 78 %.
Chiffre d'affaires d'Air France
En millions d'euros |
Variation à périmètre comparable n/n-1 |
Chiffre d'affaires à périmètre constant 13( * ) exercice 2000/2001 (n) |
Chiffre d'affaires courant exercice 2000/2001 (n) |
Passagers réguliers |
+ 15,0 % |
8.743 |
9.086 |
Fret |
+ 9,3 % |
1.315 |
1.315 |
Autres activités aériennes |
+ 33,0 % |
614 |
610 |
Total secteur aérien |
+15,1 % |
10.672 |
11.011 |
Maintenance |
+ 0,8 % |
1.263 |
537 |
Catering |
+ 5,3 % |
138 |
|
Autres |
+ 3,8 % |
594 |
|
Total chiffre d'affaires |
+ 13,5 % |
11.935 |
12.280 |
Source : Air France
Le chiffre d'affaires consolidé du groupe Air France
s'élève, pour l'exercice clos le 31 mars 2001, à 12,28
milliards d'euros, en augmentation de 18,9 % par rapport à
l'exercice précédent, et de 15,6 % à
périmètre constant.
Les charges d'exploitation (charges externes frais de personnel, impôts
et taxes et dotations aux amortissements et provisions) augmentent de
19,1 % à 11,93 milliards d'euros, soit un rythme
légèrement supérieur à celui du chiffre d'affaires
(+ 18,9 %) en raison notamment de l'évolution du
périmètre du groupe. A périmètre constant les
charges d'exploitation n'augmentent que de 15,2 %, à
11,53 milliards d'euros.
Elles se répartissent comme suit :
(en % du chiffre d'affaire) |
1997/1998 |
1998/1999 |
1999/2000 |
2000/2001 |
Carburant avions |
9,8 |
8,2 |
9,8 |
13,2 |
Affrètements aéronautiques |
4,8 |
5,1 |
6,2 |
6,0 |
Loyers opérationnels |
2,6 |
2,4 |
2,5 |
3,3 |
Redevances aéronautiques |
7,9 |
7,8 |
7,1 |
6,6 |
Commissariat |
2,9 |
2,9 |
2,7 |
2,6 |
Frais d'escale |
5,3 |
5,4 |
5,5 |
5,7 |
Entretien aéronautique |
4,6 |
4,7 |
4,3 |
4,8 |
Frais commerciaux et de distribution |
9,2 |
9,5 |
9,8 |
9,8 |
Autres charges |
7,9 |
9,0 |
8,9 |
8,8 |
Total charges externes |
55,0 |
55,0 |
57,0 |
60,8 |
Frais de personnel |
30,6 |
32,5 |
30,0 |
27,9 |
Impôts et taxes |
1,8 |
1,7 |
1,6 |
1,3 |
Total dépenses d'exploitation |
87,4 |
89,2 |
88,6 |
90,0 |
Source : Air France
Le tableau ci-dessus souligne que si Air France a su maîtriser ses
coûts, les dépenses de carburant ont explosé, compte tenu
des évolutions du cours du pétrole et du dollar.
Le résultat financier d'Air France est une charge nette de 137 millions
d'euros, en baisse de 27,1 %. A périmètre constant, il
diminue de 39,9 %, essentiellement en raison d'une perte de change de 35
millions d'euros à la clôture de l'exercice 2000/2001, contre une
perte de change de 98 millions d'euros en 1999/2000. Les frais financiers nets
(hors change et provision) représentent une charge de 86 millions
d'euros, contre 99 millions sur l'exercice précédent. Ils
représentent donc 0,70 % du chiffre d'affaire, contre 0,96 %
en 1999/2000.
L'excédent brut d'exploitation de l'exercice 2000/2001
s'élève à 1.200 millions d'euros, soit 10,1 % du
chiffre d'affaires, contre 11,4 % en 1999/2000. Il est en progression de
2 % et de 5,1 % à périmètre constant.
Le résultat courant avant impôts est positif de 397 millions
d'euros, représentant 3,2 % du chiffre d'affaires
, à
comparer à un résultat de 307 millions d'euros sur l'exercice
précédent. Il progresse de 29,3 % et de 50,2 % à
périmètre constant.
Après impôts et prise en compte du résultat des
sociétés mises en équivalence et des intérêts
minoritaires, le résultat net consolidé (part du groupe) de
l'exercice 2000/2001 est un bénéfice de 421 millions d'euros,
contre 354 millions d'euros lors de l'exercice 1999/2000, soit une progression
de 18,9 % et de 54,2 % à périmètre constant.
Les
principaux soldes intérimaires de gestion
(comptes consolidés
du groupe Air France)
En millions d'euros |
1997/1998 |
1998/1999 |
1999/2000 |
2000/2001 |
Chiffre d'affaires |
9.256 |
9.100 |
10.234 |
12.280 |
Excédent brut d'exploitation |
1.127,3 |
978,4 |
1.176 |
1.200 |
Résultat financier |
169,8 |
126 |
188 |
137 |
Résultat courant avant impôts |
200,6 |
227 |
307 |
397 |
Résultat net consolidé (part du groupe) |
285,7 |
249,4 |
354 |
421 |
Capacité d'autofinancement d'exploitation |
1.149,2 |
981 |
1.209,5 |
1.144 |
Source : Air France
Au 31 mars 2001, les capitaux propres consolidés du groupe d'Air France
s'élevaient à 3.899 millions d'euros, la part du groupe
atteingnant 3.874 millions d'euros. Les capitaux propres (part du groupe) ont
augmenté de 389 millions d'euros (+ 11,2 %) par rapport au 31
mars 2000, essentiellement en raison du bénéfice de 421 millions
d'euros de l'exercice écoulé.
Les dettes financières à long terme du groupe sont stables,
à 3.667 millions d'euros. Elles se répartissent par
échéance comme suit (en millions d'euros) :
Echéance |
A plus d'1 an |
Entre 1 et 5 ans |
A plus de 5 ans |
Total |
Au 31/03/1999 |
321 |
1.800 |
1.377 |
3.498 |
Au 31/03/2000 |
813 |
1.452 |
1.433 |
3.698 |
Au 31/03/2001 |
349 |
1.920 |
1.398 |
3.667 |
Source : Air France
L'endettement net du groupe
(dettes financières diminuées
des intérêts courus non échus et des primes de
remboursement ainsi que des valeurs mobilières de placement et des
disponibilités)
s'établissait à 2,86 milliards
d'euros au 31 mars 2001
, contre 1,96 millions d'euros au 31 mars
2000 (+ 45,9 %), principalement à la suite de
l'intégration des filiales régionales. Au 31 mars 2001, le ratio
endettement sur fonds propres était de 0,74 contre 0,56 à fin
mars 2000.
Au total, la situation financière d'Air France apparaît
relativement saine au regard de ses principaux concurrents, et devrait
permettre à la compagnie de faire face à l'impact financier des
attentats du 11 septembre. Avant les attentats du 11 septembre, les analystes
financiers étaient nombreux à penser qu'Air France constituait la
meilleure valeur de son secteur en Europe. Par ailleurs, au 31 août 2001,
la compagnie disposait d'une trésorerie de 1 milliard d'euros, qui
devrait permettre de répondre aux besoins de liquidité d'ici
à la fin de l'exercice et au-delà.
Enfin, le réseau d'Air France apparaît plus
équilibré que celui d'autres compagnies
14(
*
)
, ce qui constitue un atout important. Ainsi, si la
demande pour les vols vers l'Amérique du nord diminue, le trafic
à destination de l'Afrique ou des Caraïbes continue de progresser,
atténuant la perte de recettes pour la compagnie.
2. L'alliance Skyteam, un atout majeur pour Air France
Les
alliances entre transporteurs aériens permettent aux compagnies
aériennes d'effectuer des économies d'échelle et
d'augmenter leurs parts de marché.
Les modes de coopération utilisés par les compagnies
aériennes sont le partage de code, la franchise, ou simplement des
accords d'assistance technique ou commerciale :
- le partage de code consiste à commercialiser sous son propre code des
sièges sur des vols assurés par un autre transporteur, afin de
permettre aux compagnies d'augmenter leur offre respective sans mettre en
oeuvre des moyens supplémentaires ni avoir à négocier de
nouveaux créneaux horaires ;
- les accords de franchise constituent à la fois une forme
intégrée des accords de partage de code et une forme
d'affrètement. Un transporteur, généralement de petite
taille, verse une redevance pour pouvoir utiliser les éléments
d'identité commerciale d'une grande compagnie. Il
bénéficie ainsi de l'image de marque du grand transporteur et de
son réseau commercial, tout en continuant à assurer lui
même le risque de l'exploitation.
Le 22 juin 2000, Air France, Delta Airlines, Aeromexico et Korean Air ont
signé un accord exclusif afin de créer une nouvelle alliance
globale baptisée « Skyteam », dont les concurrents
principaux sont « Star Alliance » (constituée autour
de United Airlines et de Lufthansa) et « OneWorld »
(consituée autour d'American Airlines et British Airways). Depuis la
création de Skyteam, le compagnie tchèque CSA et la compagnie
Alitalia ont rejoint l'alliance.
L'alliance des six compagnies aériennes représente un trafic
d'environ 206 millions de passagers transportés annuellement, contre
240 millions pour OneWorld et 307 millions pour Star Alliance. Elle
représente également une flotte de 1.600 appareils, 178.000
salariés, et 7.000 vols quotidiens desservant 472 destinations. Il
convient de souligner les avantages de cette alliance : Delta Airlines,
premier transporteur domestique aux Etats-Unis, exploite le plus important
« hub » du pays à Atlanta, tandis que le
« hub » d'Air France à Roissy dispose des plus
importantes capacités de développement en Europe.
Le président d'Air France a estimé que l'alliance rapporterait
à Air France environ 150 millions d'euros par an
(plus de 100
millions d'euros de chiffre d'affaires supplémentaire et un peu moins de
50 millions d'euros de réduction des coûts)
à une
échéance de deux ou trois ans
.
Par ailleurs, Air France a conclu des accords commerciaux avec une trentaine de
compagnies aériennes dans le monde (notamment avec Air India, Japan
Airlines, Iberia, Malev, Maersk Air, Croatia Airlines, Adria Airways et
Austrian Airlines).
3. L'extension du périmètre d'Air France
La
principale modification du périmètre du groupe Air France au
cours de l'exercice 2000/2001 est due à l'intégration des
compagnies
régionales
Brit Air, Proteus, Flandre Air et City
Jet, via Air France Finance
15(
*
)
, filiale
à 100 % de la société Air France.
Air France a pris le contrôle majoritaire de la compagnie Brit Air le
5 octobre 2000 et détient désormais 100 % du capital de
la société. Air France Finance a également racheté
en totalité le capital de la compagnie Proteus Airlines, que
détenait la compagnie Flandre Air. Enfin, la totalité du capital
de Regional Airlines a été rachetée au cours de l'exercice
(Air France Finance en détenant déjà 97,4 % au 31
mars 2000). Les compagnies Regional Airlines, Proteus Airlines et Flandre Air
ont été fusionnées à la fin de l'exercice et la
société résultant de cette opération a pris le nom
de « Régional Compagnie Aérienne
Européenne ».
Par ailleurs, la totalité du capital de la compagnie irlandaise City Jet
a été rachetée par Air France Finance au cours de
l'exercice 2000/2001.
La contribution des filiales compagnies régionales détenues par
Air France Finance aux résultats d'ensemble du groupe est la
suivante :
(en millions d'euros |
Résultat opérationnel |
Résultat net |
Durée de l'intégration |
Brit Air |
11 |
8 |
6 mois |
City Jet |
3 |
2 |
10 mois |
Régional Airlines |
- 34 |
- 40 |
12 mois |
Proteus / Flandre Air |
- 19 |
- 35 |
6 mois |
Total |
- 39 |
- 65 |
- |
Source : Air France
B. LES PROBLÈMES D'AIR LIBERTÉ ET D'AIR LITTORAL
Les
compagnies AOM, Air Liberté et Air Littoral se sont retrouvées
dans le même groupe après la cession d'AOM par le consortium de
réalisation du Crédit Lyonnais et le rachat d'Air Littoral par
les mêmes actionnaires (appartenant aux groupes Marine Wendel et
Swissair). La fusion d'AOM et d'Air Liberté a alors été
décidée, ainsi que le rapprochement de ces compagnies avec Air
Littoral, afin d'harmoniser les réseaux et de redéployer les
moyens des compagnies. Il s'agissait, pour les nouveaux actionnaires, de
constituer un groupe d'une taille suffisante pour faire face à la
concurrence, en obtenant des parts de marché significatives sur les
lignes intérieures françaises et à destination de l'outre
mer. Un temps, la création d'un pôle aérien en mesure de
concurrencer Air France a pu être envisagée.
Les problèmes financiers du groupe Swissair ont cependant porté
un coup définitif à la viabilité de ce nouveau groupe. Par
ailleurs,
les perspectives de développement de la nouvelle
compagnie, Air Lib, sont considérablement affectées par la
conjoncture actuelle.
II. LES INFRASTRUCTURES AÉROPORTUAIRES
A. LA CONSTRUCTION D'UN TROISIÈME AÉROPORT EN ILE-DE-FRANCE
1. La décision du 26 octobre 2000 et la mission « DUCSAI »
La
décision de construire une nouvelle plate-forme aéroportuaire a
été annoncée le 26 octobre 2000. Le ministre chargé
des transports avait alors indiqué que «
la localisation
définitive sera arrêtée à l'issue d'un débat
public organisé sous l'égide de la Commission nationale du
débat public
».
A la suite de cette annonce, le Président de la Commission nationale du
débat public a mis en place une «
démarche
d'utilité concertée pour un site aéroportuaire
international
» (DUCSAI), destinée à engager un
débat portant à la fois sur la configuration de la future
plate-forme et sur sa localisation.
En septembre 2001, la commission DUCSAI a indiqué que
8 candidatures avaient été déposées pour
accueillir la nouvelle plate-forme aéroportuaire : Beauvilliers
(Eure et Loir), Vatry (Marne), Bertaucy (Marne), Grandes Loges (Marne),
Montdidier sud (Somme), Juvincourt (Aisne), Hangest en Santerre (Somme) et
Chaulnes (Somme).
A l'issue de cette démarche, le gouvernement a annoncé
récemment que le site de Chaulnes (Somme) était retenu pour la
construction d'un troisième aéroport en Ile-de-France.
2. La solution retenue est contestable
Le choix
du site retenu par le gouvernement apparaît contestable.
Si
l'environnement du futur aéroport permettra de limiter les nuisances
sonores pour la population
, compte tenu de la faible densité de
population autour du site, il ne semble pas qu'il permette un
développement harmonieux et équilibré du transport
aérien en France :
situé à plus de 120
kilomètres de Paris, le site de Chaulnes ne permettra pas un
développement rationnel du transport aérien en région
parisienne. La distance paraît en effet trop importante pour permettre
des connexions rapides entre des vols arrivant à Roissy et d'autres vols
qui partiraient de ce nouvel aéroport.
La situation concurrentielle d'Air France, qui bénéficie
très largement de la qualité de son « hub »
de Roissy, souffrirait d'autant plus fortement d'une scission de ses vols entre
deux plate-formes aéroportuaires, qui est inévitable, que ce
nouvel aéroport sera éloigné de Roissy et de Paris.
La
connexion TGV prévue pour raccorder les deux aéroports et la
capitale ne semble pas à votre rapporteur spécial de nature
à pallier pleinement les inconvénients liés
l'éloignement de ce futur aéroport.
3. Des alternatives demeurent possibles
Votre
rapporteur spécial considère qu'il est possible de
développer la capacité de Roissy et d'Orly sans augmenter les
nuisances sonores
pour les riverains de manière importante. Bien
entendu, cela ne remet nullement en cause, à terme, la
nécessité de construire une troisième plate-forme
aéroportuaire en région parisienne.
Des experts estiment qu'il serait possible d'accueillir jusqu'à
38 millions de passagers à Orly et 85 millions à
Roissy. Or, les capacités des deux aéroports sont
limitées : pour Orly, un arrêté ministériel de
1994 fixe à 250.000 le nombre de mouvements d'avion par an, ce qui
correspond, si l'on compte une moyenne de 100 passagers par avion, à
près de 25 millions de passagers. S'agissant de Roissy, le ministre
chargé des transports, Jean-Claude Gayssot, a souhaité limiter le
nombre total de passagers à 55 millions par an. Compte tenu de la
croissance du trafic aérien et du nombre de passagers utilisant
l'aéroport de Roissy aujourd'hui, le plafond des 55 millions de
passagers pourrait être atteint dès 2005 ou 2006
16(
*
)
, soit plusieurs années avant la mise en
service d'un troisième aéroport dans la région parisienne.
Il conviendra alors de trouver des solutions afin d'accueillir la croissance du
trafic, solution qui, selon votre rapporteur spécial, ne pourra passer
que par le dépassement des plafonds fixés pour Orly et Roissy.
Par ailleurs,
votre rapporteur spécial considère que les
plafonds fixés pour les deux aéroports parisiens sont arbitraires
et répondent davantage à un souci de communication à
l'intention des riverains qu'à une norme efficace et réaliste.
Il insiste sur l'incohérence des plafonds fixés pour Orly et pour
Roissy
, le premier étant exprimé en terme de mouvements
d'avion et le second, en nombre de passagers transportés. Or ce second
critère ne correspond absolument pas à la gêne ressentie
par les riverains, pour qui seuls les mouvements d'avion et le niveau de leur
production sonore importe. Votre rapporteur spécial souhaite donc que la
mesure de l'activité des aéroports parisiens soit
effectuée sur la base des mouvements d'avion et de l'intensité de
la gêne sonore subie par les riverains des aéroports.
Il souligne enfin le fait que de nombreuses mesures ont été
prises afin de limiter la production de bruit par les aéronefs :
ainsi, les avions les plus bruyant (dits « du chapitre 2 »)
ont été retirés de la circulation au fils des
années, au profit d'appareils du « chapitre 3 »,
plus modernes et moins bruyants. En juin 2001, une norme plus contraignante a
été décidée, celle du chapitre 4, qui
prévoit que le volume sonore sera divisé par deux par rapport aux
anciens appareils, sans que cette norme n'ait d'incidence sur les performances
et la sécurité des appareils
17(
*
)
.
La décision de construire une troisième plate-forme
aéroportuaire en Ile-de-France a été accompagnée de
l'annonce du souhait de développer les aéroports de province et
d'améliorer leur connexions avec les réseaux ferroviaires et
routiers. Votre rapporteur spécial estime qu'il est nécessaire de
développer ces aéroports, dans un souci d'aménagement
équilibré du territoire. Cependant, ils ne peuvent absolument pas
se substituer aux infrastructures en région parisienne, qui constituent
la seule porte d'entrée aérienne internationale pour la France.
B. UNE MEILLEURE PRISE EN COMPTE DES NUISANCES AÉROPORTUAIRES
Votre rapporteur spécial considère que le développement du transport aérien doit prendre en compte les nuisances qu'il génère, en terme de pollution comme en terme de risques. D'importants progrès ont été mis en oeuvre au cours des dernières années. Ces efforts doivent être poursuivis.
1. L'autorité de contrôle des nuisances sonores aéroportuaires
La loi
du 12 juillet 1999
18(
*
)
a créé
l'Autorité de contrôle des nuisances sonores aéroportuaires
(ACNUSA), dotée d'une compétence en matière de mesure et
de contrôle du bruit sur les principaux aéroports, chargée
d'un devoir d'information des riverains et d'un pouvoir d'élaboration de
prescriptions techniques concernant les dispositifs de mesure du bruit et de
suivi des trajectoires implantés à proximité des
aérodromes.
La loi prévoit également que l'ACNUSA peut prononcer des amendes
administratives à l'encontre des contrevenants aux règles
décidées par arrêté du ministre chargé de
l'aviation civile pour la protection de l'environnement sonore des
aérodromes.
Les infractions aux restrictions d'usage imposées par les
arrêtés ministériels sur les plate-formes
aéroportuaires peuvent être sanctionnées par l'ACNUSA,
après avis de la Commission nationale de prévention des nuisances
(CNPN). Le tableau ci-dessous retrace les sanctions prononcées par
l'ACNUSA
19(
*
)
entre le 1
er
février 1999 et le 31 décembre 2000.
Aéroport |
sanctions |
En instance à la CNPN |
Taux d'infraction |
Charles de Gaulle |
14 |
253 |
0,06 % |
Le Bourget |
6 |
53 |
0,02 % |
Orly |
8 |
41 |
0,02 % |
Lyon St Exupéry |
9 |
15 |
0,01 % |
Toulouse-Blagnac |
6 |
4 |
0,01 % |
Nice-Côte d'Azur |
0 |
14 |
0,01 % |
Total |
43 |
380 |
0,04 % |
Votre
rapporteur spécial souligne les difficultés d'installation de
cette autorité, dont le premier rapport paru en mai 2001, souligne les
nombreux obstacles posés par les administrations.
En revanche, votre rapporteur spécial ne peut que se féliciter de
l'édiction, par l'ACNUSA, de recommandations précises pour
définir un indice permettant de calculer la gêne
occasionnée par le passage des avions.
2. Pour une meilleure prise en compte de l'impact des aéroports sur l'urbanisation
Les
nuisances liées au développement du trafic aérien sont
essentiellement subies par les personnes habitant à proximité des
aéroports. Elles sont donc liées, pour une part importante,
à l'existence de zones fortement urbanisées dans un
périmètre proche des pistes d'aérodrome. Votre rapporteur
spécial rappelle d'ailleurs que l'absence de zone urbanisée
à proximité du site a constitué un critère
important dans le choix du site devant accueillir le troisième
aéroport en région parisienne.
Il estime qu'il est essentiel de mieux maîtriser, à l'avenir, les
conséquences du développement des plate-formes
aéroportuaires, en réglementant davantage les règles
applicables en matière d'urbanisme. A ce sujet, il relève que
l'ACNUSA a d'ores et déjà émis un certain nombre de
propositions visant limiter la population soumise aux nuisances sonores, ainsi
que des recommandations urbanistiques pour l'établissement de la
nouvelle plate-forme aéroportuaire.
C. AMÉLIORER LA PONCTUALITÉ DES VOLS
1. Les causes des retards des vols
Créé le 2 novembre 1995, le Comité des
usagers
du transport aérien (COMUTA) a pour mission d'étudier les
questions relatives à la qualité des services offerts aux
passagers aériens. Cette structure de concertation et de
réflexion, composée de 24 membres, comprend des
représentants des passagers et des professionnels de l'aviation civile.
Le COMUTA a mis en place un Observatoire des retards du transport
aérien, qui étudie les causes de retard sur les aérodromes
métropolitains qui accueillent plus d'un million de passagers par an ou
plus de 30.000 mouvements commerciaux
20(
*
)
.
Les études montrent que, en moyenne, 40 % des retards sont
liés à la rapidité des rotations (en
général, l'annonce faite aux passagers mentionne une
« arrivée tardive de l'appareil »). Dans les faits,
les causes et les responsables des retards peuvent être multiples :
compagnies aériennes, conditions météorologiques,
gestionnaires d'aéroports, services de sûreté ou services
de navigation aérienne).
Une répartition des causes de retard de 15 minutes et plus concernant
tous les vols commerciaux réguliers toutes compagnies confondues, a pu
être établie au départ des 14 principaux aérodromes
français. Elle est présentée dans le tableau
ci-dessous :
Gestionnaires d'aéroports et services de sûreté |
Compagnies aériennes |
Services de la navigation aérienne |
Conditions météo |
Enchaînement des rotations |
9 % |
30 % |
24 % |
2 % |
35 % |
Avec
l'accroissement du trafic aérien
21(
*
)
,
les problèmes de retard se multiplient et constituent une
préoccupation importante pour les passagers. En 2000, la France est
tenue pour responsable de 6 millions de minutes de retard, selon l'organisme
Eurocontrol.
Votre rapporteur spécial souligne que les mesures de sûreté
supplémentaires décidées à la suite des attentats
du 11 septembre sont de nature à accroître les retards au
départ des vols. Le passage d'une « culture de la
vitesse » à une « culture de la
sûreté » impliquera un effort de patience de la part des
passagers, mais également un effort de communication accru de la part
des compagnies aériennes et des gestionnaires d'aéroports.
2. L'indispensable modernisation des structures du transport aérien en Europe
La croissance du trafic aérien exige un accroissement constant de la capacité de traitement des vols par les organismes en charge du contrôle aérien. Des efforts importants ont été engagés en France, permettant de limiter les retards liés au contrôle du trafic aérien :
Retard dû au contrôle du trafic aérien par vol réalisé en France
Retard par vol réalisé |
Année 1998 |
Année 1999 |
Année 2000 |
Année 2001 (1 er semestre) |
En minutes et centièmes de minutes |
2,97 |
4,04 |
2,50 |
2,35 |
Il
convient cependant de privilégier, dans un cadre européen, une
harmonisation des matériels utilisés et un échange des
données collectées. Le développement de la
coopération bilatérale et multilatérale entre les
administrations ou les établissements européens chargés de
la fourniture des services de la navigation aérienne permet par exemple
de développer la mise à disposition des données radar,
contribuant ainsi à améliorer la fluidité du trafic
aérien.
En 2000, la décision a été prise de moderniser les outils
informatisés et les échanges de données qu'utilise le
centre de gestion des flux de trafic, qui fait partie de l'agence
européenne Eurocontrol. A l'issue d'un rapport d'expertise, l'agence a
présenté au début de l'été 2001 un plan
d'action pour améliorer la fonction de gestion des courants de trafic en
Europe, contenant un ensemble de mesures qui seront mises progressivement en
oeuvre au cours des prochaines années.
A cet égard, le projet de « ciel unique
européen » est de nature à créer les conditions
permettant une absorption de la croissance du trafic dans de bonnes conditions
de sécurité et avec la recherche d'une ponctualité
accrue.
Votre rapporteur appelle de ses voeux un développement rapide d'une
politique européenne de l'aviation civile, afin de mieux prendre en
compte les problèmes liés au développement du trafic
aérien.
Extraits de la Communication de la Commission au conseil
et
au Parlement européen :
« Programme d'action pour
la réalisation d'un ciel unique européen »
En 1999,
les retards aériens ont pris une ampleur catastrophique. Cette situation
s'est un peu améliorée en 2000 mais les retards continuent de
rester très importants : malgré les efforts
déployés pour les réduire, un vol sur cinq a subi en 2000
un retard qui dépassait les 15 minutes en moyenne. Mais surtout, la
situation reste fragile et la capacité du système de
contrôle aérien n'atteint pas le niveau de performance requis pour
faire face à la croissance du trafic
22(
*
)
. La gestion du trafic aérien fonctionne encore
dans un environnement dont la définition remonte aux années 60,
caractérisé par une fragmentation importante, malgré
l'action d'harmonisation et d'intégration développée au
sein d'Eurocontrol
23(
*
)
, organisation
intergouvernementale couvrant maintenant la presque totalité de l'Europe
géographique.
Suite à sa communication de fin 1999 sur le contrôle
aérien
24(
*
)
et avec le soutien du
Conseil
25(
*
)
et du Parlement
européen
26(
*
)
, la Commission a
organisé, sous la Présidence de Mme de Palacio, un Groupe
à haut niveau, constitué des autorités civiles et
militaires en charge du contrôle aérien dans les Etats membres,
auxquelles se sont joints les représentants de la Suisse et de la
Norvège en raison de la coopération dans le domaine du transport
aérien qui existe avec ces pays. Eurocontrol a contribué aux
travaux par son expertise technique. La Commission a également
impliqué étroitement les partenaires sociaux ainsi que les
milieux industriels concernés (prestataires de service, compagnies
aériennes, aéroports, fabricants d'équipements) et les
associations de passagers dans le cadre d'un Groupe Industriel et Social. Le
Groupe à Haut Niveau a rendu son rapport en novembre 2000.
Principales orientations du rapport du Groupe à Haut Niveau
-
Sur
le plan réglementaire
: instituer pour la Communauté un
régulateur fort, doté de ressources suffisantes, autonome par
rapport aux différents intérêts en jeu, capable de
définir des objectifs assurant la croissance du trafic et
préservant, voire améliorant, la sécurité. Les
compétences de ce régulateur doivent pouvoir s'exercer notamment
sur l'espace aérien qui se définit comme une ressource commune,
à laquelle tous les utilisateurs pourront avoir accès et qui sera
gérée comme un continuum, en commençant par sa partie
supérieure. La réglementation visera également les
équipements ainsi que l'organisation et les modalités de
rémunération des prestataires de services.
-
Sur le plan institutionnel
: développer une
complémentarité entre les pouvoirs réglementaires de
l'Union européenne et la compétence et l'expertise existantes au
sein d'Eurocontrol, et organiser une participation concrète et
opérationnelle des autorités militaires à
l'élaboration et la mise en oeuvre du cadre réglementaire, en
utilisant les mécanismes mis en place dans le cadre de la Politique
étrangère et de sécurité commune (PESC)
(« deuxième pilier ») pour réaliser
progressivement une gestion commune civile/militaire du trafic aérien.
C'est au coeur de l'Europe, dans les Etats membres communautaires et la Suisse,
que le besoin d'une action rapide et efficace est le plus grand. Il est
cependant souhaitable d'étendre le plus possible l'action vers les
autres Etats européens, grâce à leur participation dans
Eurocontrol, et compte tenu de la perspective d'élargissement de la
Communauté européenne.
-
Sur le plan technique
: en liaison étroite avec
l'industrie, les utilisateurs et les prestataires de service, stimuler
l'introduction de nouvelles technologies, dans le respect d'une priorité
absolue à la sécurité, et améliorer
l'interopérabilité des systèmes et des techniques.
-
Sur le plan des ressources humaines
: faciliter le recrutement,
augmenter la mobilité des contrôleurs et développer la
formation au niveau européen, le tout appuyé par l'extension du
dialogue social au secteur du contrôle aérien.
(...) Une des principales conclusions du Groupe à Haut Niveau est la
nécessité d'un régulateur européen, fort et
indépendant. Cette fonction sera exercée par la Communauté
à travers ses mécanismes décisionnels en étroite
coopération avec Eurocontrol. La réglementation communautaire
ainsi établie visera trois domaines d'intervention : l'organisation
et l'utilisation de l'espace aérien, l'organisation et les
modalités de rémunération des prestataires de service, les
équipements au sol et embarqués. Les différentes
composantes de la gestion du trafic aérien qui feront l'objet de la
réglementation communautaire sont précisées dans l'annexe
I.
(...) La réforme du contrôle aérien ne pourra
réussir sans l'engagement des contrôleurs aériens,
responsables du maintient du haut niveau de sécurité en Europe. A
l'instar de l'expérience dans d'autres domaines, la Commission offrira
un cadre de concertation entre partenaires sociaux sur les orientations de
l'évolution de l'industrie et de la politique commune, qui pourrait
conduire à la conclusion d'accords collectifs. Le dialogue social
existant actuellement au niveau de l'industrie du transport aérien,
devra être élargi pour y intégrer les représentants
des prestataires de service ainsi que les organisations représentant les
personnels du secteur.
Le rôle d'Eurocontrol
La Convention constituant Eurocontrol a été révisée en 1997 pour donner à cette organisation une capacité renforcée de réglementation mais sans pouvoir donner à cette réglementation un plein caractère contraignant. La Commission a été chargée de négocier l'adhésion de la Communauté à Eurocontrol d'abord parce que les Etats membres ne peuvent transférer à cette organisation des compétences qui ont déjà été transférées à la Communauté et ensuite parce que la transformation des décisions d'Eurocontrol dans le droit communautaire leur donnerait un plein effet juridique dans les Etats-membres. C'est pourquoi, l'entrée en vigueur de la convention révisée d'Euroncontrol à l'adhésion de la Communauté à Eurocontrol restent des étapes importantes pour la réalisation du ciel unique. Toutefois, l'adhésion de la Communauté conditionne la ratification par les Etats-membres de la convention révisée ; malheureusement cette adhésion a été bloquée du fait d'un contentieux entre le Royaume Uni et l'Espagne au sujet de l'application de cette convention à Gibraltar. Il importe que ce différend soit rapidement résolu pour permettre une coopération efficace entre la Communauté et Eurocontrol. (...)
Le soutien aux développements technologiques
Pour que
le transport aérien en Europe se développe dans de bonnes
conditions de sécurité et sans restrictions de capacité,
il faut mettre en place rapidement de nouvelles technologies et méthodes
de travail. Le futur contrôle aérien ne peut se réduire
à une simple évolution des composantes actuelles ; il faut
développer, avec l'industrie, une vision commune des changements
nécessaires. Cet effort nécessite d'importants travaux de
recherche et de développement, suivi d'un travail législatif pour
introduire ces nouvelles technologies et procédures auprès des
utilisateurs civils et militaires.
La Communauté devra stimuler les efforts pour introduire rapidement des
nouvelles technologies, basées notamment sur la navigation par satellite
précise rendue possible par le programme Galileo et sur la communication
de données entre les avions et entre ceux-ci et le sol. Tout en
amplifiant sa coopération avec Eurocontrol dans le domaine de la
recherche, la Commission concentrera également les actions sous le
sixième programme cadre de recherche et de développement
technologique et sous le programme de réseaux transeuropéenns de
transport dans le domaine de la gestion du trafic aérien, sur
l'introduction de nouvelles technologies permettant d'atteindre des meilleures
planifications, des niveaux de ponctualité et de sécurité
plus élevés.
L'augmentation de la capacité du système de contrôle
aérien européen nécessite un financement dépassant
ce qui est possible actuellement dans le cadre des programmes communautaires.
La solidarité entre les utilisateurs devrait permettre de dégager
les moyens financiers nécessaires en affectant une partie des redevances
de navigation aérienne de route, payées par les compagnies
aériennes au titre du système commun des redevances de route
d'Eurocontrol, à la réalisation de ces projets, y compris en
menant à bien à refonte de ce système de redevances pour y
intégrer des critères de satisfaction d'objectifs de politique
commune. Cette affectation ne dépasserait pas le produit des
réductions de coût à réaliser par des augmentations
de l'efficacité du système. La Commission examinera la
possibilité d'organiser de cette manière l'affectation d'une
partie de ces redevances de navigation aérienne de route à des
actions visant à augmenter la capacité du contrôle
aérien européen, en vue de réaliser des projets
d'intérêt commun dans la période 2002-2005.
Propositions de la Commission pour la mise en oeuvre du ciel
unique :
Outre la proposition de règlement fixant le cadre pour la
création du ciel unique européen annexée à cette
communication, la Commission transmet au Conseil et au Parlement
européen les propositions suivantes :
- proposition de règlement sur la fourniture de services de navigation
aérienne dans le ciel unique européen ;
- proposition de règlement sur l'organisation et l'utilisation de
l'espace aérien dans le ciel unique européen ;
- proposition de règlement sur l'interopérabilité du
réseau européen de gestion du trafic aérien.
La Commission transmettra prochainement deux propositions
complémentaires pour la réalisation du ciel unique :
- proposition pour une décision du Conseil sur la signature par la
Communauté européenne du Protocole d'adhésion de la
Communauté européenne à l'organisation européenne
pour la sécurité de la navigation aérienne (Eurocontrol)
et son application provisoire, dès que les négociations seront
terminées ;
- proposition d'extension des missions de l'Agence européenne de la
sécurité aérienne à la réglementation de
sécurité des services de contrôle aérien dans le
ciel unique. (...)
Article premier du règlement (extrait) :
Le présent règlement vise à mettre en place, au plus tard le 31 décembre 2004, un espace aérien européen, conçu et géré comme un espace unique, offrant les conditions optimales de sécurité et d'efficacité globale de la circulation aérienne dans la Communauté et assurant un niveau de capacité qui réponde aux besoins des utilisateurs civils et militaires. Cet espace unique est ci-après dénommée le « ciel unique ».
LES MODIFICATIONS ADOPTÉES A L'ASSEMBLÉE NATIONALE
Un
amendement présenté par M. Gilbert Gantier, rapporteur
spécial de la commission des finances pour l'équipement, le
transport et le logement, a été adopté en première
lecture à l'Assemblée nationale, visant à modifier la
répartition des crédits du budget annexe afin d'identifier
précisément les dépenses d'investissement pour la
sécurité.
Il s'agissait d'un
aménagement de l'imputation budgétaire de
10 millions d'euros en autorisations de programme et en crédits de
paiement
.
En seconde délibération, l'Assemblée nationale est
revenue sur son vote, à la demande du gouvernement.
L'exposé des motifs indique que le chapitre 82-01 (Etudes et
équipements) retrace uniquement les dépenses d'infrastructures
aéroportuaires, ainsi que les crédits de paiement relatifs aux
opérations de sûreté ouvertes antérieurement au 31
décembre 1999 sur le budget annexe de l'aviation civile et
nécessaires pour terminer lesdites opérations.
Compte tenu de la mise en place depuis la loi de finances pour 1999 d'un
support budgétaire distinct pour retracer les opérations
nouvelles de sûreté, le FIATA, le gouvernement considère
qu'il n'est ni nécessaire, ni opportun, de recréer sur le BAAC un
chapitre 82-03 doté en AP et en CP de 10 millions d'euros au titre
de la sûreté.
Les 10 millions d'euros ont donc été rétablis sur le
chapitre 82-01 (Etudes et équipements), conformément à ce
qui figurait dans le projet de loi de finances initiale.
EXAMEN EN COMMISSION
Au cours
d'une séance tenue dans l'après-midi sous la présidence de
M. Alain Lambert, président, la commission a procédé
à l'examen du rapport des crédits de l'équipement, des
transports et du logement : III.- Transports et sécurité
routière : . Aviation et aéronautique civiles, et du budget
annexe de l'aviation civile, sur le rapport de M. Yvon Collin, rapporteur
spécial.
M. Yvon Collin, rapporteur spécial, a souligné qu'il devait se
livrer à un exercice un peu paradoxal en présentant les
crédits destinés aux transports aériens, compte tenu de la
situation complexe et incertaine de ce secteur, et du fait du changement
radical de l'environnement du projet de budget depuis les attentats du 11
septembre, le Gouvernement ayant annoncé, depuis cette date, que des
modifications substantielles seraient nécessaires.
Il a indiqué que, du point de vue des recettes, le projet était
caractérisé essentiellement par une stabilisation des taux de la
taxe de l'aviation civile et par la suppression de la subvention versée
par le budget général, l'aviation civile devenant ainsi le seul
moyen de transport financé exclusivement par ses usagers, et, plus
marginalement, par le contribuable local. Par ailleurs, il a noté que
l'endettement du budget annexe était stabilisé, les emprunts
nouveaux correspondant à peu près au remboursement des emprunts
passés.
Du côté des dépenses, il a souligné que les
dépenses de personnel augmentaient de 8,4 %, sous l'effet du protocole
d'accord de la direction générale de l'aviation civile
signé pour trois ans le 7 décembre 2000. Ce protocole
prévoit des mesures catégorielles de revalorisation des
rémunérations, fixe les modalités de mise en oeuvre des 35
heures, et prévoit surtout la création de 446 emplois nouveaux
par an pendant trois ans, dont 210 contrôleurs aériens, afin
d'absorber la croissance du trafic. Il a considéré que les
protocoles triennaux conduisaient à une croissance trop importante des
rémunérations des personnels, alors même que la
durée du temps de travail sera réduite, rappelant que cette
augmentation des coûts était à la charge des compagnies
aériennes.
M. Yvon Collin, rapporteur spécial, a indiqué que l'augmentation
des ressources du budget annexe était complètement
absorbée par la croissance des charges de personnel, et que les
dépenses d'investissement diminuaient de près de 10 %,
après une baisse de 2,8 % en 2001.
Il a rappelé que les attentats du 11 septembre avaient des
conséquences négatives considérables pour le transport
aérien, dont certaines appelaient des mesures immédiates, comme
la mise en oeuvre du plan vigipirate renforcé dans les aéroports
ou la compensation des compagnies aériennes pour le préjudice
subi lors de la fermeture du ciel américain. Il a indiqué que ces
éléments, de même que la prise en charge des mesures de
sûreté mises en oeuvre par les compagnies aériennes
elles-mêmes, seraient exceptionnellement financées par l'Etat en
2002.
M. Yvon Collin, rapporteur spécial, a souligné que le
renforcement des mesures de sûreté constituait une
nécessité pour l'avenir et que les dépenses
correspondantes devraient augmenter de manière importante au cours des
prochaines années, notamment en matière de personnel, afin
d'assurer le contrôle des passagers et des bagages en soute. Il a
indiqué que ces mesures seraient financées par les passagers, par
l'intermédiaire de la taxe d'aéroport, dont les plafonds seraient
relevés, et par le Fonds d'intervention pour les aéroports et le
transport aérien (FIATA), dont les ressources proviennent de la taxe
d'aviation civile.
S'agissant du budget annexe, M. Yvon Collin, rapporteur spécial, a
noté que ses recettes seraient moins importantes que prévues en
2002, dans l'hypothèse où le trafic ne progresserait que de 2,6
%, comme le prévoit l'agence européenne Eurocontrol. Il a
indiqué que la diminution de la croissance du trafic affecterait le
produit des redevances, mais surtout celui de la taxe d'aviation civile, qui
est assise sur le nombre de passagers et le volume de fret transportés.
Il a souligné que l'équilibre financier du budget annexe de
l'aviation civile serait vraisemblablement remis en cause si la crise du
transport aérien devait durer. Dans cette hypothèse, il a
estimé que des sources de financement nouvelles devraient être
trouvées, soit par un nouvel accroissement du taux de la taxe d'aviation
civile, qui devra cependant tenir compte de la situation concurrentielle des
compagnies aériennes françaises, soit par un accroissement des
emprunts, qui devra tenir compte du niveau d'endettement élevé du
budget annexe, soit par une subvention du budget général.
Le budget annexe serait en tout état de cause fragilisé, comme
les compagnies aériennes, qui constituent sa principale source de
financement. M. Yvon Collin, rapporteur spécial, a
considéré qu'une réduction des coûts fixes serait
alors indispensable, pour le budget annexe comme pour les compagnies
aériennes. La question de la dénonciation du protocole d'accord
de la direction générale de l'aviation civile prévoyant la
création de 1.339 emplois sur trois ans, devrait alors être
posée. Celui-ci reposait en effet sur une hypothèse de croissance
du trafic aérien de près de 6 % par an.
Enfin, il a estimé que la question du réengagement financier et
opérationnel des pouvoirs publics dans le domaine du transport
aérien, notamment en matière de sûreté, était
plus que jamais posée. Il a remarqué que les Etats-Unis,
pionniers de la libéralisation du secteur, étaient intervenus
massivement en faveur de leurs compagnies aériennes, alors que les Etats
membres de l'Union européenne s'étaient montrés davantage
soucieux de prévenir les distorsions de concurrence et d'engager une
restructuration du secteur à l'échelle européenne.
Abordant les crédits du transport aérien, il a indiqué que
les crédits de recherche étaient en légère
diminution, tandis que les avances remboursables progressaient de
manière importante, afin de financer le développement de l'Airbus
A380. Il s'est félicité de la progression du montant de ces
avances, destinées à permettre le développement d'un
projet ambitieux. En revanche, il a regretté la réduction des
crédits de recherche, alors que les besoins de renforcement des
dispositifs de sécurité dans les appareils sont importants.
M. Yvon Collin, rapporteur spécial, a rappelé que les
incertitudes pesant sur le transport aérien fragilisaient les
entreprises françaises de ce secteur d'activité. Il a craint que
des incertitudes ne persistent en matière de sûreté, en
dépit des mesures prises par de nombreux pays, considérant que
seule une coopération internationale renforcée et permettant de
contrôler le respect des normes par les différents Etats
permettrait de s'assurer d'un niveau minimal de sûreté.
Un large débat s'est alors ouvert.
M. Alain Lambert, président, a souhaité savoir si les aides
versées par les Etats-Unis aux compagnies aériennes
américaines ne risquaient pas de provoquer des distorsions de
concurrence vis-à-vis de leurs rivales, et s'est interrogé sur
les mesures prises afin de renforcer la prise en compte de l'environnement dans
le développement des infrastructures aéroportuaires.
M. Maurice Blin a souligné que les aides financières
versées aux compagnies américaines étaient beaucoup plus
importantes que celles décidées dans le cadre de l'Union
européenne. Il a noté qu'il en allait de même des aides aux
constructeurs. Il s'est inquiété de l'importance des
dépenses de fonctionnement au sein du budget de l'aviation civile,
compte tenu de la diminution du trafic attendu suite aux attentats du 11
septembre 2001. Enfin, il a souhaité obtenir des précisions sur
le coût du renforcement des mesures de sûreté
décidées par le Gouvernement.
M. Denis Badré a souhaité obtenir des précisions quant
à la coordination des investissements de contrôles aériens
au sein de l'Union européenne. Compte tenu des menaces actuelles, il
s'est interrogé sur l'opportunité de modifier sensiblement les
couloirs aériens et d'élargir l'interdiction de survol de Paris
à la « petite couronne ».
Il s'est également demandé si le projet de construction d'un
troisième aéroport dans la région parisienne
n'était pas remis en cause par les événements
récents.
M. Roland du Luart s'est inquiété du nombre de badges
d'accès aux zones réservées d'Aéroports de Paris en
circulation et a souhaité connaître les mesures prises afin de
maîtriser les risques liés à cette situation. Il a
également souhaité connaître le coût de la future
liaison routière entre Toulouse et Bordeaux, destinée à
transporter les éléments de fuselage de l'Airbus A380.
M. Jacques Oudin a souligné que la saturation de l'espace aérien
entraînait des retards de plus en plus importants. Il a
considéré que le développement des liaisons ferroviaires
à grande vitesse permettait de détourner une partie du trafic
aérien vers le rail, en souhaitant cependant que les connexions avec les
aéroports de province soient développées à l'avenir.
En réponse à M. Alain Lambert, président, M. Yvon Collin,
rapporteur spécial, a rappelé que les compagnies aériennes
américaines étaient globalement fragiles financièrement
avant les événements du 11 septembre, ce qui explique en partie
l'importance des aides consenties par le Gouvernement. Il a souligné que
l'Union européenne avait décidé de limiter
considérablement le montant des aides attribuées aux compagnies
aériennes, craignant une distorsion de concurrence sur le marché
européen, et estimant nécessaire d'engager une restructuration du
secteur des transports aériens en Europe. Il a indiqué que les
nuisances environnementales liées au développement des structures
aéroportuaires étaient mieux prises en compte que par le
passé, citant notamment l'existence de l'autorité de
contrôle des nuisances sonores aéroportuaires ainsi que la mise en
oeuvre de chartes environnementales par les gestionnaires d'aéroports.
En réponse à M. Maurice Blin, il a reconnu que les aides
versées par le gouvernement américain étaient beaucoup
plus élevées qu'en Europe, s'agissant des compagnies
aériennes, mais également des entreprises de construction
aéronautique. Il a rappelé que ces entreprises
bénéficiaient des financements accordés par les agences
gouvernementales américaines dans le cadre des programmes militaires,
tandis que la France, tenue par ses engagements internationaux, ne versait que
des avances remboursables.
M. Yvon Collin, rapporteur spécial, a considéré que
l'importance des dépenses de fonctionnement risquait de mettre à
mal l'équilibre financier du budget annexe de l'aviation civile si la
reprise du trafic aérien attendue par le Gouvernement n'était pas
au rendez-vous.
Il a précisé que le renforcement des mesures de
sûreté représentait un coût d'environ 1,1 milliard de
francs à la charge des compagnies aériennes, l'État
prenant à sa charge les mesures exceptionnelles prises dans le cadre du
plan vigipirate renforcé.
En réponse à M. Denis Badré, il a indiqué que la
coordination des investissements en matière de contrôle
aérien au sein de l'Union européenne se développait
considérablement. S'agissant du survol des villes et de la proche
banlieue parisienne, il a rappelé que l'importance du trafic
aérien et l'existence de zones militaires limitaient les marges de
décision en la matière. Il a ajouté qu'il avait toujours
été opposé à la construction d'un troisième
aéroport en région parisienne, considérant qu'il
était préférable de développer le site de Roissy et
d'augmenter les capacités de trafic des principaux aéroports de
province.
En réponse à M. Roland du Luart, M. Yvon Collin, rapporteur
spécial, a rappelé que près de 40.000 badges
d'accès aux zones réservées d'Aéroports de Paris
étaient « dans la nature », en sus des 50.000 badges
appartenant aux personnels habilités à travailler dans ces zones.
Il a indiqué que des mesures immédiates avaient été
prises afin de mieux contrôler l'accès à ces zones, mais a
considéré qu'il serait indispensable, à l'avenir,
d'accroître la vigilance s'agissant des personnels travaillant dans les
aéroports.
Il a souligné que l'itinéraire de la route destinée
à transporter les éléments du futur Airbus A380 n'avait
toujours pas été décidé et qu'il n'était par
conséquent pas possible d'en connaître le coût.
En réponse à M. Jacques Oudin, il a observé que les
retards dans le transport aérien seraient susceptibles de
s'accroître à l'avenir, compte tenu du renforcement des mesures de
sûreté.
Il a estimé qu'il convenait de développer les connexions entre le
réseau ferroviaire et le réseau aérien, afin de favoriser
un développement équilibré des transports sur le
territoire.
M. Alain Lambert, président, a alors demandé à la
commission de se prononcer sur les crédits du ministère de
l'équipement, des transports et du logement.
M. Jacques Pelletier, rapporteur spécial pour les services communs et le
logement, a souligné que le budget des services communs n'était
pas satisfaisant et que celui du logement était marqué par une
réduction regrettable des crédits pour dépenses
d'investissement. Enfin, il a considéré que le faible taux de
réponse à son questionnaire budgétaire était
inadmissible.
M. Philippe Marini, rapporteur général, s'est exprimé en
faveur d'un rejet du projet de budget du ministère de
l'équipement, des transports et du logement. Il a
considéré que les dépenses d'investissement étaient
sacrifiées au profit des dépenses de fonctionnement et de
personnel, soulignant la diminution des subventions d'investissement pour
l'Agence nationale de l'amélioration de l'habitat, l'absence de
financement des investissements en matière de transport ferroviaire, les
retards pris dans l'exécution des contrats de plan Etat-régions
en matière de routes et l'insuffisance des moyens consacrés au
tourisme, secteur fortement touché par la conjoncture actuelle.
La commission a alors décidé de proposer au Sénat de
rejeter les crédits du ministère de l'équipement, des
transports et du logement.
M. Alain Lambert, président, a alors demandé à la
commission de se prononcer sur les crédits du budget annexe de
l'aviation civile.
M. Yvon Collin s'en est remis à la sagesse de la commission,
considérant que ce projet de budget avait été
préparé bien avant les attentats du 11 septembre et ne pouvait
pas prendre en compte les mesures annoncées par le Gouvernement depuis
cette date.
La commission a alors décidé de proposer au Sénat de
rejeter les crédits du budget annexe de l'aviation civile.
1
Redevance pour les services terminaux
de la
circulation aérienne
2
Les montants indiqués de 1994 à 1998 concernent la
taxe de sécurité et de sûreté (TSS), et, à
compter de 1999, la part de la taxe d'aviation civile affectée au BAAC.
3
Il s'agit ici de la subvention d'exploitation effectivement
versée.
4
On rappellera que la taxe d'aviation civile, dont les tarifs sont
acquittés par les compagnies aériennes en fonction du nombre de
passagers et du fret transporté, les taux étant modulés en
fonction de la destination, finance les dépenses nécessaires
à la sécurité du transport aérien et au
développement des infrastructures aéroportuaires.
5
La répartition de ces 11 % est la suivante :
1,9 % pour 2001 ; 6,0 % pour 2002 (dont 2,3 % de rattrapage
pour 2001) et 3,1 % pour 2003.
6
Certains corps, pour lesquels le protocole d'accord du 7
décembre 2000 ne prévoit pas de créations d'emplois, ne
sont pas indiqués dans ce tableau, ce qui explique pourquoi le total des
emplois budgétaires de la DGAC est supérieur à la somme
des emplois détaillés plus haut.
7
On rappellera que participation de chaque Etat au budget de
l'agence est définie par une clé de répartition
intégrant le PNB et le volume national d'activité de
contrôle aérien. Ainsi, en 2001, la contribution française
s'établit à 17,7 % du total des contributions des Etats
contractants.
8
Lors de la discussion du projet de loi de finances initiale pour
2001, le Parlement avait adopté un amendement présenté par
le président de la commission des finances de l'Assemblée
nationale, tendant à rendre systématique, à l'expiration
d'un délai de trois mois, la transmission des
référés du président de la Cour des comptes aux
commissions des finances des deux assemblées.
9
Hors crédits fournisseurs et divers
10
les données sont exprimées en
passagers-kilomètres transportés (PKT)
11
Ce plan visait, sur 3 ans, une réduction des coûts
unitaires de 5 % (hors carburant et change) et une amélioration de
la rentabilité des capitaux employés, en la portant à
8 % en 2003.
12
A la suite des attentats du 11 septembre, les compagnies
aériennes ont renforcé leurs mesures de sécurité,
tant en matière de contrôle des passagers que dans les appareils.
Ainsi, une personne chargée de la sécurité est
présente sur tous les vols transatlantiques afin de faire face à
d'éventuels troubles dans l'appareil et surtout, de rassurer les
passagers. Ces mesures représentent un coût important,
évalué à pour les seules compagnies françaises
à 300 millions de francs.
13
comme il sera précisé plus loin, le
périmètre du groupe Air France a évolué au cours de
l'exercice 2000/2001 compte tenu de l'intégration des compagnies de
transport aérien régional que sont Régional Airlines,
Proteus, Flandre Air, Brit Air et City Jet. La différence entre les
résultats courants et les résultats à
périmètre constant résultent donc de la contribution des
nouvelles filiales intégrées.
14
Pour mémoire, il convient de rappeler qu'Air France
n'effectue que 18 % de son chiffre d'affaires avec les Etats-Unis.
15
Air France Finance est une société
« holding » dont la principale vocation est la prise de
participations pour le compte d'Air France essentiellement dans des
sociétés de financement aéronautique et dans des
compagnies aériennes.
16
Le trafic actuel de Roissy est d'environ 48 millions de passagers.
17
En dépit de l'édiction de cette nouvelle norme, un
avion du « chapitre 3 » acheté en 2000 pourra
voler jusqu'en 2025.
18
Loi portant création de l'Autorité de
contrôle des nuisances sonores aéroportuaires.
19
Il s'agit, notamment, des infractions relatives aux vols de nuit.
20
Les 14 aérodromes étudiés (Roissy, Orly,
Nice, Marseille, Lyon, Toulouse, Bâle-Mulhouse, Bordeaux, Strasbourg,
Nantes, Montpellier, Ajaccio, Lille et Clermont-Ferrand) ont
représenté en 2000 98 % du trafic passagers et 97 % des
mouvements commerciaux au départ de l'ensemble des aérodromes
métropolitains.
21
En 2000, le nombre de vols contrôlés par
système de contrôle aérien civil français a atteint
2,5 millions, soit une progression de 5,2 % par rapport à
l'année 1999. La France est ainsi le pays qui a contrôlé le
plus de vols en Europe.
22
Il est vrai que les retards ne peuvent pas être
entièrement attribués à des dysfonctionnements du
contrôle aérien, puisque les aéroports et les compagnies
aériennes y contribuent également ; par conséquent il
importe d'inclure dans le programme d'action des mesures visant à
améliorer les pratiques des autres composantes du système. A cet
égard, il faut relever que les pratiques des compagnies aériennes
sont susceptibles d'être modifiées à la suite du
développement de la réglementation en matière de
créneaux horaires (Règlement n° 95/93 du Conseil du 18
janvier 1993, JO L 14 du 22 janvier 1993) de la réglementation sur
l'usage de l'espace aérien (flow management) et de la mise en place
d'une approche commune concernant les capacités aéroportuaires.
23
Eurocontrol : organisation européenne
intergouvernementale qui constitue pour ses Etats membres, y compris les 15
Etats membres de la communauté européenne, l'organe de
coopération dans le domaine de la gestion de la circulation
aérienne, à l'effet de créer un système
européen uniforme de gestion de la circulation aérienne pour le
contrôle de la circulation aérienne dans l'espace aérien
européen et sur le site et aux alentours des aéroports.
24
Communication de la Commission au Parlement européen et au
Conseil sur la création du ciel Unique européen, COM (1999) 614.
25
Conclusions du Conseil Transports des 9 et 10 décembre
1999 : « Le Conseil a pris note de l'approche plus globale de la
Commission concernant une réforme structurelle de la gestion du trafic
aérien en vue de créer un espace aérien européen
unique, et s'est félicité de son intention de mettre sur pied un
Groupe à Haut Niveau qui examinera les questions pertinentes et
présentera un rapport au Conseil en juin prochain ».
26
Résolution du Parlement européen du 6 juillet 2000
sur la Communication de la Commission au Conseil et au Parlement
européen sur la création du Ciel Unique européen -
Document A5 - 0141/2000