B. UN CYCLE DE VIOLENCES TRAGIQUES AMORCÉ EN 1970
L'intensification de la guerre du Vietnam malmène la neutralité du Cambodge, utilisé comme base arrière par des troupes nord-vietnamiennes. Les Etats-Unis, critiqués par Sihanouk pour leurs bombardements sur la zone Nord du Cambodge, traversée par la « piste Ho-Chi-Minh », appuient le coup d'Etat du général Lon Nol qui destitue le Prince et proclame la République en 1970. Ce qui pourrait n'apparaître que comme une révolution de palais déstabilise totalement ce pays fragile, dont la royauté constituait le principal facteur d'unité.
Le nouveau régime républicain pousse à leur paroxysme les facteurs de désaffection de la population envers le pouvoir, parmi lesquels la corruption effrénée, l'américanisation des modes de vie urbains et la lutte contre les maquis communistes peuplés de « Khmers rouges », comme les a baptisés le prince Sihanouk, qui les soutient depuis son exil de Pékin.
Ces combattants paysans hostiles à la République de Lon Nol et à son cortège de turpitudes s'emparent de Phnom-Penh au mois d'avril 1975.
Le pays passe alors sous la dictature sanglante de l'Angkar (« l'Organisation ») dirigée par Pol Pot, dont il ne sort qu'avec l'invasion du Cambodge par les troupes vietnamiennes, en janvier 1979, les Vietnamiens répliquant à des provocations militaires des Khmers rouges le long de la frontière commune entre les deux pays.
L'occupation vietnamienne s'achève avec la conclusion des accords de Paris, sous l'égide de l'ONU, en 1991 .
C. DES ACCORDS DE PARIS À LA STABILISATION DES INSTITUTIONS CAMBODGIENNES
Sous la protection de l'Autorité provisoire des Nations Unies au Cambodge (APRONUC), ce pays renoue avec une relative paix civile, et se dote d'institutions politiques grâce à la tenue d' élections législatives organisées au printemps 1993.
Deux partis principaux recueillent les suffrages des Cambodgiens, le Parti du Peuple Cambodgien (PPC), de l'ancien Khmer rouge Hun Sen, et le FUNCINPEC (front uni pour un Cambodge indépendant, neutre, pacifique et coopératif), animé par le Prince Ranariddh, fils de Sihanouk. Celui-ci a regagné son pays en acceptant de retrouver son rôle de souverain. Les affrontements, parfois sanglants, entre ces deux partis, se sont globalement apaisés après les législatives de 1998, qui ont confirmé la supériorité numérique du PPC.
La volonté du Cambodge d'être admis au sein de l'ASEAN (Association of South East Asian Nations) 1 ( * ) conduit cette association à exiger au préalable du Cambodge l'instauration d'un équilibre politique durable garanti par des institutions pluralistes.
Pour satisfaire cette exigence, le Cambodge instaure un Parlement bicaméral ainsi qu'un Conseil constitutionnel. Au PPC revient le poste de Premier ministre, occupé par Hun Sen, ainsi que la présidence du Sénat ; le FUNCINPEC reçoit la présidence de l'A.N. occupée par le Prince Ranariddh.
Les prochaines échéances politiques sont les élections municipales prévues pour le mois de février 2002, les premières depuis le retour de la paix.
Par ailleurs, le Parlement cambodgien a approuvé l'organisation d'un tribunal mixte, composé de magistrats locaux et étrangers, désignés par l'ONU, pour juger les quelques dirigeants Khmers rouges qui ont été incarcérés.
* 1 Association des Nations du Sud-Est Asiatique (Brunei, Cambodge, Indonésie, Malaisie, Philippines, Singapour, Thaïlande).