C. UNE CROISSANCE FRAGILISÉE À LA FIN DE L'AN 2000
De révision à la baisse en révision à la baisse, la croissance semble ainsi fragilisée. Certes, compte tenu de l'acquis de croissance à la fin du troisième trimestre, la croissance devrait dépasser 3 % pour l'an 2000, mais la pérennité du dynamisme de l'économie apparaît plus incertaine.
1. Un environnement international vacillant
a) L'évolution de l'économie américaine
Les
signes de ralentissement économique s'accumulent aux Etats-Unis. En
octobre, la consommation de biens durables s'est ainsi repliée de
5,5 % et la confiance des ménages commence à fléchir.
Or, comme votre rapporteur général l'a exposé l'an dernier
dans le cadre de la présentation de la loi de finances pour 2000, la
capacité de l'économie américaine à
«
atterrir en douceur
» reste à
démontrer : historiquement, les situations de surendettement des
agents économiques comme celle que connaissent les ménages aux
Etats-Unis se sont presque toujours soldés par un ralentissement
prononcé de l'activité.
b) L'évolution de l'euro
Les
conséquences économiques de la baisse de l'euro sont pour l'heure
plutôt favorables pour les pays de la zone euro.
Certes la baisse de l'euro a renchéri le prix des produits
importés, en particulier du pétrole, ce qui a
accéléré l'inflation et rogné le pouvoir d'achat
dans la zone euro. Néanmoins, la baisse de l'euro stimule la
compétitivité, donc les exportations et l'emploi des pays de la
zone euro. Ce second effet l'emporte jusqu'à présent sur le
premier, de sorte que la baisse de l'euro aurait accru la croissance des pays
de la zone euro d'environ 1 point de PIB chaque année en 1999 et en
2000 (soit l'équivalent de 500.000 emplois supplémentaires
en France).
Néanmoins, les effets favorables attendus de l'évolution de
l'euro semblent aujourd'hui épuisés.
En effet, si la parité de l'euro se redresse, les effets décrits
ci-dessus s'inversent, ce qui réduit mécaniquement la croissance.
Cependant, si la baisse de l'euro se prolonge, il n'est pas certain que les
effets favorables de cette dépréciation de notre monnaie
continuent de l'emporter sur les effets défavorables.
En effet, une baisse prolongée de l'euro pourrait, à terme, avoir
des effets plus défavorables. Elle affecterait la
crédibilité de la construction européenne et, partant,
pourrait réduire en même temps que la crédibilité
extérieure de l'Union économique et monétaire, son
attractivité pour les investisseurs internationaux. Par ailleurs, la
baisse de l'euro a rendu plus difficile la conduite de la politique
monétaire, et a modifié le comportement de la Banque centrale
européenne (BCE). A l'avenir, la BCE pourrait être conduite
à maintenir des taux d'intérêt plus élevés
pour asseoir sa crédibilité. Enfin, l'impact inflationniste de la
baisse de la valeur de l'euro pourrait atteindre un point sensible
au-delà duquel une série d'effets négatifs se
déclencherait. Les enchaînements à redouter partent
notamment de la naissance d'une «
spirale
prix-salaires
», comme votre rapporteur général
l'a détaillé dans le rapport sur le projet de loi de finances
pour 2001.