B. LES CRÉDITS CONSACRÉS AUX CONTRATS AIDÉS ET AU RETRAIT D'ACTIVITÉ BAISSERONT À NOUVEAU EN 2000
1. Les contrats aidés continuent à faire l'objet d'une révision
•
Les crédits consacrés aux actions en faveur des publics en
difficulté avaient déjà baissé de 10 % en 1999
pour revenir à 29,2 milliards de francs. La baisse concernait en
particulier les emplois ville (- 66 %) et les CIE
(- 27,6 %). Le projet de loi de finances pour 2000 s'inscrit dans la
continuité avec une baisse prévue des crédits de 13 %
à 25,4 milliards de francs.
La baisse des crédits est particulièrement sensible pour les
contrats emploi solidarité (- 9 %) dont la dotation recule de
900 millions de francs à 9 milliards de francs et les contrats
d'initiative emploi (- 26,2 %) dont la dotation diminue de 2,5
milliards de francs de crédits à 7 milliards de francs.
L'évolution des crédits a une conséquence directe sur le
nombre d'entrées prévues dans les dispositifs. Au total, 575.000
personnes devraient bénéficier d'un contrat de travail
aidé en 2000 contre 665.000 en 1999, soit une baisse de 13,5 %.
Le nombre des entrées en contrat initiative emploi devrait baisser de
près de 14 % à 155.000 et celui des contrats emploi
solidarité de 15,3 % à 360.000. Par contre, le nombre d'emplois
consolidés devrait rester stable à 60.000.
On peut rappeler que le contrat initiative emploi (CIE) mis en place en 1995
est destiné à favoriser l'insertion professionnelle durable dans
le secteur marchand des personnes en difficulté. L'embauche dans le
cadre d'un CIE ouvre droit, pendant 24 mois, à une
exonération de charges sociales ainsi que, le cas échéant,
à une aide dont le montant est modulé en fonction des
difficultés rencontrées par la personne recrutée.
Les contrats emploi solidarité sont, quant à eux, des contrats
à durée déterminée à mi-temps, d'une
durée de 3 à 12 mois, visant à la réinsertion
de demandeurs d'emploi de longue durée ou de personnes en
difficulté, embauchées pour des activités répondant
à des besoins collectifs non satisfaits, par des collectivités
territoriales ou le secteur privé non lucratif.
La loi de lutte contre les exclusions a recadré les contrats emploi
solidarité pour en faire un outil de remobilisation professionnelle des
publics en difficulté.
Par ailleurs, on peut également rappeler que les emplois
consolidés créés en 1992 à l'issue d'un CES sont
des contrats aidés permettant de pérenniser, dans le secteur non
marchand, la situation des publics les plus prioritaires issus des CES. Le taux
de prise en charge publique est dégressif sur cinq ans : 60 %
la première, 50 % la deuxième année, 40 % la
troisième, 30 % la quatrième et 20 % la
cinquième dans la limite de 120 % du SMIC.
Depuis 1999, du fait de la loi du 29 juillet 1998 relative à la
lutte contre les exclusions, le taux de l'aide a été porté
à 80 % sur 5 ans pour les personnes les plus
éloignées de l'emploi, qui sont appelées à occuper
70 % des contrats. La prise en charge dégressive demeure en vigueur
pour le solde. Ces contrats emplois consolidés ne nécessitent
plus de passer par le préalable d'un contrat emploi solidarité.
• Le projet de loi de finances pour 2000 poursuit le recentrage des
dispositifs traditionnels sur les publics prioritaires. Ce
phénomène est sensible pour les CES et les CIE mais il est
également observable pour ce qui concerne les stages d'insertion dont le
nombre global est en baisse de 11,4 % à 155.000 et dont la dotation
budgétaire diminue de 8 % à 2,9 milliards de francs.
Il en est autrement des structures de l'insertion par l'économique qui
bénéficient d'une hausse des crédits de 22 % en 2000
pour atteindre 910 millions de francs, ces moyens devant permettre de
remplir l'objectif fixé par le programme de lutte contre les exclusions
de doubler en trois ans (1998-2000) les capacités d'accueil des
entreprises d'insertion et des entreprises de travail temporaire d'insertion.
Concernant la politique d'insertion des travailleurs handicapés, les
crédits qui lui sont consacrés devraient augmenter de 2,5 %
à 5,6 milliards de francs, l'essentiel de ces crédits
(5,4 milliards de francs) étant affecté au mécanisme
de la garantie de ressources. Toutefois, il est prévu la création
de 500 nouvelles places d'accueil en ateliers protégés ainsi que
de 2.000 places nouvelles en centres d'aide par le travail, ce qui
porterait la capacité d'accueil respective de ces structures à
89.650 places et à 14.600 places.
• Vos rapporteurs ne se sont pas opposés à cet effort
d'inventaire. Ils constatent toutefois que, derrière un souci de
recentrage, apparaît un exercice plus classique de redéploiement
de certains crédits affectés aux emplois aidés sur les
priorités du Gouvernement (35 heures et emplois-jeunes). Ils
soulignent le risque inhérent à ces transformations qui
consistent à " oublier " certains publics au cours de ces
basculements d'un dispositif à l'autre.
Toutefois, il semble que le moment soit particulièrement propice pour
essayer de " reprofiler " les dispositifs d'emplois aidés. Le
retour de la croissance et les améliorations sur le front de l'emploi
réduisent en effet la nécessité de recourir à ces
dispositifs et c'est pourquoi il apparaît possible aujourd'hui de
procéder à une évaluation de chacun de ces dispositifs et
des les modifier en conséquence.
2. Le financement du retrait d'activité et la participation de l'Etat aux dépenses du chômage
Il
existe cinq principaux dispositifs d'aide au retrait d'activité , trois
dépendent de l'UNEDIC (ARPE, ACA, ASA), deux de l'Etat (les
préretraites du FNE et les préretraites progressives).
Le budget pour 1999 opérait déjà une réduction
drastique de l'ensemble des crédits destinés à favoriser
les départs anticipés. Les crédits pour les allocations
spéciales du Fonds national pour l'emploi (AS-FNE) baissaient de
41,7 % et ceux des préretraites progressives de 35,1 %. Le
Gouvernement justifiait ces diminutions de crédits par la
nécesité d'éviter que la collectivité ne se
substitue aux entreprises dans le financement des plans sociaux.
|
LFI 1999 |
PLF 2000 |
Evolution en % |
RETRAIT D'ACTIVITÉ |
16.839,64 |
15.327,32 |
- 9,0 % |
A - Retrait d'activité |
7.707,86 |
6.173,05 |
- 19,9 % |
ASFNE |
4.844,00 |
4.150,00 |
- 14,3 % |
PRP |
1.998,00 |
1.600,00 |
- 19,9 % |
Sidérurgie |
861,42 |
421,69 |
- 51,0 % |
Mesures spéciales |
4,44 |
1,36 |
- 69,4 % |
B - Indemnisation du chômage |
8.389,00 |
9.126,27 |
8,8 % |
Fonds de solidarité |
8.389,00 |
9.126,27 |
8,8 % |
C - Régimes de retraite |
742,78 |
28,00 |
- 96,2 % |
ASF |
714,78 |
0,00 |
- 100,0 % |
Validation points de retraite et ACO |
28,00 |
28,00 |
0,0 % |
Le projet de loi de finances pour 2000 continue dans la même voie. Les crédits consacrés aux allocations spéciales du FNE devraient diminuer de plus de 14 % à 4,15 milliards de francs, ceux relatifs aux préretraites progressives de 20 % à 1,6 milliard de francs tandis que la dotation consacrée à la sidérurgie est divisée par deux à 421 millions de francs.
Les
préretraités parmi la population des personnes âgées
de 55 ans
à 59 ans en mars 1998
Source : MES-DARES, à partir des statistiques de l'INSEE et de l'UNEDIC
La
subvention de l'Etat au Fonds national de chômage s'élèvera
à 9,12 milliards de francs en 2000 contre 8,38 milliards de francs
en 1999, ce qui représente une hausse de 8,8 % des crédits.
Par ailleurs, la dotation de l'Etat à l'ASF est supprimée en 2000
alors qu'elle représentait 714,78 millions de francs en 1999. Le
retour à l'équilibre des régimes ARRCO et AGIRC, ainsi que
la situation excédentaire de l'ASF depuis 1998 expliquent la fin de
cette participation.