Projet de loi de finances pour 2000, adopté par l'Assemblée nationale, TOME IV - TRAVAIL, EMPLOI ET FORMATION PROFESSIONNELLE
SOUVET (Louis) et BOCANDÉ (Annick)
AVIS 93 - TOME IV (1999-2000) - Commission des Affaires sociales
Tableau comparatif au format Acrobat ( 362 Ko )Table des matières
- TRAVAUX DE LA COMMISSION
-
AVANT-PROPOS
- I. MALGRÉ UNE ÉVOLUTION FAVORABLE LE TAUX DE CHÔMAGE FRANÇAIS RESTE TRÈS SUPÉRIEUR À LA MOYENNE EUROPÉENNE
- II. LA RÉFORME DES COTISATIONS SOCIALES CÈDE LE PAS DEVANT LA NÉCESSITÉ DE FINANCER LES 35 HEURES
- III. LA REMISE À PLAT DES DISPOSITIFS EN FAVEUR DES PUBLICS PRIORITAIRES SE POURSUIT
- IV. LE DÉVELOPPEMENT DE LA FORMATION PROFESSIONNELLE EST CONTRARIÉ PAR DES PROJETS DE RÉFORME EN ATTENTE
- V. LES MOYENS DU SERVICE PUBLIC DE L'EMPLOI SONT RENFORCÉS
- AMENDEMENT ADOPTÉ PAR LA COMMISSION
N° 93
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 1999-2000
Annexe au procès-verbal de la séance du 25 novembre 1999.
AVIS
PRÉSENTÉ
au nom de la commission des Affaires sociales (1) sur le projet de loi de finances pour 2000 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE,
TOME IV
TRAVAIL, EMPLOI ET FORMATION PROFESSIONNELLE
Par M. Louis SOUVET et Mme Annick BOCANDÉ,
Sénateurs.
(1) Cette commission est composée de : MM. Jean Delaneau, président ; Jacques Bimbenet, Louis Boyer, Mme Marie-Madeleine Dieulangard, MM. Guy Fischer, Jean-Louis Lorrain, Louis Souvet, vice-présidents ; Mme Annick Bocandé, MM. Charles Descours, Alain Gournac, Roland Huguet, secrétaires ; Henri d'Attilio, François Autain, Paul Blanc, Mme Nicole Borvo, MM. Jean-Pierre Cantegrit, Bernard Cazeau, Gilbert Chabroux, Jean Chérioux, Philippe Darniche, Christian Demuynck, Claude Domeizel, Jacques Dominati, Michel Esneu, Alfred Foy, Serge Franchis, Francis Giraud, Claude Huriet, André Jourdain, Philippe Labeyrie, Roger Lagorsse, Dominique Larifla, Henri Le Breton, Dominique Leclerc, Marcel Lesbros, Jacques Machet, Georges Mouly, Lucien Neuwirth, Philippe Nogrix, Mme Nelly Olin, MM. Lylian Payet, André Pourny, Mme Gisèle Printz, MM. Henri de Raincourt, Bernard Seillier, Martial Taugourdeau, Alain Vasselle, Paul Vergès, André Vezinhet, Jean-Pierre Vial, Guy Vissac.
Voir
les numéros
:
Assemblée nationale
(
11
ème législ.) :
1805
,
1861
à
1866
et T.A.
370
.
Sénat
:
88
et
89
(annexe n°
18
)
(1999-2000).
Lois de finances.
TRAVAUX DE LA COMMISSION
I. AUDITION DU MINISTRE
Réunie le mardi 23 novembre, sous la
présidence de
M. Jean Delaneau, président,
la commission a
procédé à
l'audition de Mme Martine Aubry,
ministre de l'emploi et de la solidarité et à
l'audition
de Mme Nicole Péry, secrétaire d'Etat aux droits des femmes et
à la formation professionnelle
sur les crédits
consacrés au travail et à l'emploi
dans le
projet de loi
de finances pour 2000.
Dans son propos liminaire,
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la
solidarité
, a déclaré appliquer, depuis trois ans, la
même stratégie à la construction du budget de l'emploi et
de la solidarité : mettre ce budget au service des priorités
que sont la croissance solidaire, le développement de l'emploi et la
lutte contre le chômage et les exclusions ; traduire ces
priorités en choix budgétaires clairs au moyen d'importants
redéploiements de crédits.
Mme Martine Aubry
a indiqué que le budget de son
ministère, selon sa nouvelle structure, s'élèverait
à 213 milliards de francs en 2000, en hausse de 3,9 % par
rapport à 1999. Elle a observé que ce budget ne comportait plus
les crédits de la ristourne dégressive, désormais
portés par le fonds de la réforme de cotisations sociales, mais
comprenait la subvention de 7 milliards de francs au fonds de financement
de la couverture maladie universelle (CMU). Elle a précisé que le
calcul du taux de progression de 3,9 % prenait en compte le coût
net, pour l'Etat, de la CMU, c'est-à-dire la subvention inscrite au
budget de la solidarité et le produit de droits sur les tabacs
affectés à la caisse nationale d'assurance maladie,
diminués de l'économie réalisée sur la dotation
générale de décentralisation.
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité,
a
précisé que les crédits du seul budget de l'emploi
s'élèveraient à 122 milliards de francs en 2000, en
hausse de 2,7 milliards de francs par rapport à 1999. Elle a
souligné que depuis trois ans ce budget était passé, en
structure 2000, de 111,4 milliards de francs à 122 milliards
de francs, en observant que cette augmentation nette de 10,7 milliards de
francs correspondait en fait à 37,2 milliards de francs de
dépenses supplémentaires et à 26,5 milliards de
francs d'économies ou d'ajustements à la baisse. Elle a
considéré que ces modifications en profondeur reflétaient
les quatre priorités de la stratégie pour l'emploi du
Gouvernement, à savoir l'émergence de réformes
structurelles destinées à développer l'emploi, le
recentrage des dispositifs traditionnels au service des publics en
difficulté, la recherche systématique de l'efficacité des
aides publiques, et enfin le renforcement du service public de l'emploi.
Revenant sur chacune de ces priorités, elle a estimé tout d'abord
qu'il était nécessaire d'accompagner la croissance par la mise en
place de nouvelles politiques structurelles de développement de l'emploi
comme la politique de réduction de la durée du travail, la
création d'activités nouvelles pour les jeunes et
l'allégement des charges qui pèsent sur le coût du travail.
Elle a considéré que ces politiques prenaient désormais
une place déterminante, d'une part dans le budget de l'emploi, le
financement des emplois-jeunes et de la loi du 11 juin 1996 dite loi de
Robien représentant 28,3 milliards de francs de crédits, et,
d'autre part, dans le projet de loi de financement de la sécurité
sociale, où les aides incitatives et pérennes aux 35 heures
et les allégements de charges sur les bas et moyens salaires devraient
mobiliser à terme 105 milliards de francs.
Evoquant les emplois-jeunes,
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de
la solidarité,
a déclaré que le bilan à la fin
octobre était de 217.550 postes créés pour
203.200 embauches effectives. Elle a observé que la dotation de
21,03 milliards de francs pour 2000, en hausse de 7,4 milliards de francs par
rapport 1999, correspondait à un objectif de 320.000 emplois
créés à la fin de l'année 2000. Elle a
estimé en conséquence que les objectifs du programme
étaient tenus, tant en qualité qu'en quantité. Elle a
insisté sur l'utilité sociale des activités
créées, la professionnalisation des nouveaux métiers et
les perspectives de pérennisation de nouveaux emplois au-delà de
la période de cinq ans pendant laquelle ils bénéficient de
l'aide de l'Etat.
Mme Martine Aubry
a observé que la réduction de la
durée du travail et l'allégement des charges sociales
étaient désormais liés, comme l'illustrait la
création du fonds de financement de la réforme des cotisations
sociales. Elle a estimé que la création de ce fonds aurait pour
conséquence d'améliorer la transparence financière
à travers une meilleure identification des dépenses et
l'affectation des recettes pérennes. Elle a souligné qu'il
permettrait de clarifier les transferts financiers entre l'Etat et les
régimes de sécurité sociale et de renforcer le
contrôle démocratique, à travers la remise, à son
conseil de surveillance ainsi qu'au Parlement, d'un rapport annuel
établi sur une base contradictoire et paritaire. Elle a
déclaré que le financement de ce fonds était assuré
en 2000.
Mme Martine Aubry
a considéré que la réduction du
temps de travail avait déjà permis la création ou la
préservation de 134.000 emplois. Elle a observé qu'en 2000
cette forte contribution au développement de l'emploi se poursuivrait et
s'amplifierait avec la baisse du coût du travail non qualifié.
Evoquant le deuxième axe de la stratégie de l'emploi du
Gouvernement,
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la
solidarité,
a estimé nécessaire la poursuite du
recentrage des outils traditionnels de la politique de l'emploi sur les publics
les plus en difficulté, comme le prévoyaient la loi sur la lutte
contre les exclusions et le plan national d'action pour l'emploi.
Elle a évoqué le développement du programme " nouveau
départ ", le contrat emploi consolidé de cinq ans en
accès direct, le programme trajet d'accès à l'emploi
(TRACE), les contrats de qualification pour adulte, le dispositif d'aide
à la création d'entreprise (EDEN), ainsi que l'insertion par
l'économique.
Elle a également cité le recentrage des outils traditionnels que
sont les contrats emploi-solidarité (CES), les contrats
initiative-emploi (CIE), les stages d'insertion et de formation à
l'emploi (SIFE) sur les publics prioritaires et l'augmentation des moyens du
service public de l'emploi, destinée à assurer l'accompagnement
individualisé des parcours de retour à l'emploi.
Elle a observé qu'en trois ans, de 1997 à fin 2000,
300.000 places auront été dégagées dans les
dispositifs ciblés d'aide à l'emploi, dont 180.000 pour des
publics très prioritaires. Elle a considéré que cette
démarche permettait également de lutter contre les
discriminations envers les handicapés, les discriminations raciales, et
de renforcer l'égalité entre les hommes et les femmes.
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité,
a
indiqué que la proportion des publics prioritaires (chômeurs de
longue durée âgés, bénéficiaires des minima
sociaux et handicapés) en contrats emploi-solidarité était
passée de 55 % en 1997 à 78 % en août 1999, et
que la proportion des chômeurs de plus de deux ans en contrats
initiative-emploi avait été portée de 30,7 à
41,3 % sur la même période.
Elle a estimé que cette évolution serait confirmée en 2000
alors que les flux d'entrées dans les mesures classiques poursuivraient
leur ajustement à la baisse. Elle a constaté, à cet
égard, que les 360.000 entrées en contrats
emploi-solidarité prévues en 2000 marqueraient un retrait de
30.000 entrées par rapport aux prévisions pour 1999. Elle a
observé une tendance similaire pour les contrats initiative-emploi et
les stages du fonds national de l'emploi, qui devraient chacun
représenter 150.000 entrées, contre respectivement 180.000
et 175.000 en 1999.
Le ministre a souligné que le nombre de contrats emploi consolidé
resterait élevé en 2000 avec 60.000 entrées,
conformément au rythme prévu par le programme de lutte contre les
exclusions. Il a estimé que le programme TRACE, qui avait
enregistré, à ce jour, 33.000 entrées, devrait,
à partir de 2000, atteindre l'objectif de 60.000 parcours
accompagnés par an.
Il a observé que le secteur de l'insertion par l'économique
bénéficiait à nouveau d'un effort substantiel à
travers une hausse de 22 % des crédits à 910 millions
de francs.
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité,
a
ensuite évoqué la troisième orientation stratégique
de ce budget, le renforcement de l'efficacité des dispositifs. Elle a
observé que les aides à l'emploi avaient fait l'objet d'une
révision progressive et profonde pour limiter les effets d'aubaine et
les effets pervers. Elle a cité la suppression d'abattements de
cotisations sociales pour les salariés en temps partiel annualisé
en l'absence d'accord d'entreprise, le plafonnement au salaire minimum
interprofessionnel de croissance (SMIC) de l'exonération de cotisations
sociales pour l'embauche d'un premier salarié, et la proratisation des
allégements de charges sociales pour les salariés à temps
partiel.
Elle a considéré que le recentrage des CES et des CIE sur les
publics les plus éloignés de l'emploi avait permis, depuis trois
ans, de dégager des économies substantielles, tout en maintenant
l'offre de places pour les personnes en réelle difficulté.
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité,
a
estimé que les préretraites constituaient une autre source
importante d'économie pour le budget de l'emploi. Elle a rappelé
ses efforts pour subordonner la contribution de l'Etat à un resserrement
des conditions d'entrée dans les dispositifs et à un
accroissement de la participation des entreprises, à travers notamment
le doublement de la contribution Delalande.
Elle a précisé que le fonds national pour l'emploi participerait
toutefois au financement du nouveau dispositif de préretraite au profit
des salariés qui ont subi des conditions de travail
particulièrement pénibles. Elle a indiqué qu'en
conséquence, la dotation de 4,15 milliards de francs de l'allocation
spéciale du FNE diminuait moins en 2000 qu'elle ne l'avait fait en 1999
par rapport à 1998.
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité,
a
enfin évoqué la quatrième orientation stratégique
de la politique de l'emploi, le renforcement des moyens du service public de
l'emploi. Elle a souligné que les services du ministère
bénéficieraient, pour l'année 2000, de 130 emplois
budgétaires supplémentaires, affectés principalement aux
sections de l'inspection du travail. Elle a évoqué les
importantes mesures de requalification d'emploi et de revalorisation
indemnitaire prévues afin d'améliorer la situation
immédiate et les perspectives de carrière des agents. Elle a
indiqué que le plan de transformation d'emploi de la catégorie C
serait amplifié, 365 emplois d'agents étant transformés en
autant d'adjoints administratifs.
Elle a observé que le processus de résorption de l'emploi
précaire se poursuivrait grâce à la création
d'emplois budgétaires. Elle a souligné que l'enveloppe
indemnitaire augmentait une nouvelle fois de 27,8 millions de francs.
Elle a déclaré que l'année 2000 marquerait la refonte du
statut de l'inspection du travail, afin que les déroulements de
carrière soient plus conformes à l'importance et la
diversification des missions de ce corps. Elle a également
évoqué la création d'un statut d'emploi pour les
directeurs départementaux du travail, de l'emploi et de la formation
professionnelle.
Mme Martine Aubry
a estimé que l'Association nationale pour la
formation professionnelle des adultes (AFPA) devrait bénéficier
des moyens conformes au troisième contrat de progrès signé
avec l'Etat le 28 juin 1999. A cet égard, elle a observé que
la subvention de cette association augmentait de 5 %, à
4,3 milliards de francs, comme l'exigeait l'évolution de ces
prestations dans le cadre du service intégré mis en place avec
l'Agence nationale pour l'emploi (ANPE). Elle a précisé que la
subvention de l'Etat à l'ANPE augmenterait en 2000 de 10,3 %,
à 6,36 milliards de francs, ce qui devrait permettre un renfort de
500 agents supplémentaires au titre de la troisième tranche du
programme de renforcement des effectifs de l'agence portant sur
2.500 postes au total. Elle a rappelé que l'ANPE avait pour
objectif, en 2000, d'accompagner 1,1 million demandeurs d'emplois dans
leur démarche de nouveau départ.
Mme Nicole Péry, secrétaire d'Etat aux droits des femmes et
à la formation professionnelle,
a déclaré que le
projet de budget de la formation professionnelle s'élèverait en
2000 à 33,9 milliards de francs, soit un niveau de crédit
quasiment identique à 1999.
Elle a fait part de sa détermination à maintenir l'effort de
l'Etat en matière de contrats d'apprentissage et de qualification. Elle
a observé que le nombre d'entrées en apprentissage serait
maintenu en 2000 au niveau de 1999, soit 220.000, et que celui des
entrées en contrats de qualification serait porté à
125.000 au lieu de 120.000 en 1999. Elle a considéré que l'effort
budgétaire de l'Etat pour l'alternance s'élèverait
à 12 milliards de francs, soit un tiers du budget de la formation
professionnelle. Elle a déclaré que la progression du nombre des
contrats était confirmée au cours des neuf premiers mois de
l'année 1999 par rapport à la même période de
l'année 1998, les entrées en contrats d'apprentissage ayant
augmenté de 2,2 % et celles en contrats de qualification de
1,8 %. Elle a considéré que cette évolution
constituait une réponse aux interrogations relatives à une baisse
possible du nombre de contrats formulées l'année dernière
à la suite du recentrage des aides à l'embauche sur les jeunes
les moins qualifiés.
Elle a précisé que le transfert de 500 millions de francs
opéré en 2000 du comité paritaire du congé
individuel de formation (COPACIF) serait affecté, via un fonds de
concours, à la couverture des aides à l'embauche relatives au
contrat d'apprentissage.
Mme Nicole Péry
a considéré que le transfert
à l'ANPE des crédits relatifs aux centres
interministériels de bilan de compétences (CIBC) ne remettait pas
en cause la qualité des prestations de ces organismes, mais devrait
permettre de construire un nouveau partenariat au service de l'orientation des
demandeurs d'emploi en association avec l'ANPE. Elle a considéré
que, d'un point de vue financier, le soutien de l'Etat aux CIBC ne s'en
trouverait pas modifié.
Evoquant l'augmentation des moyens de l'AFPA, elle a considéré
que le deuxième contrat de progrès couvrant la période
1999-2003 avait pour objet d'accroître la performance et
l'efficacité des actions de cette association. À cet
égard, elle a cité notamment sa mission de service public
auprès des demandeurs d'emploi et les objectifs qui lui avaient
été assignés par le plan national d'action pour l'emploi
(PNAE).
Mme Nicole Péry, secrétaire d'Etat aux droits des femmes et
à la formation professionnelle,
a considéré que l'AFPA
devrait, à l'issue de la réforme de la formation professionnelle
à venir, se voir confier un rôle concernant la validation des
acquis professionnels. Elle a estimé que ces nouvelles missions
justifiaient l'augmentation de 5 % des crédits affectés
à l'association, qui devraient atteindre, pour 2000, 206,9 millions
de francs.
Mme Nicole Péry
a évoqué enfin, le calendrier de la
mise en oeuvre de la réforme de la formation professionnelle. Elle a
précisé que des dispositions législatives et
réglementaires seraient prises dès l'année 2000 concernant
la professionnalisation des jeunes et l'élargissement de la validation
des acquis. Elle a observé toutefois que l'essentiel de la
réforme, concernant la mise en place d'un droit individuel à la
formation transférable et garanti collectivement, ne trouverait sa
traduction législative qu'en 2001.
M. Louis Souvet, rapporteur pour avis des crédits du travail et de
l'emploi,
a observé que le fonds de financement des cotisations
patronales de sécurité sociale créé par la loi de
financement de la sécurité sociale pour 2000 devrait
bénéficier d'une contribution de l'Etat de 4,3 milliards de
francs correspondant, selon le Gouvernement, au " recyclage " des 35
heures pour le budget ; il a souhaité savoir si ces
4,3 milliards correspondaient bien aux crédits inscrits à
l'article 10 du chapitre 44-77. Dans l'affirmative, il a souhaité savoir
si le libellé de ce chapitre (exonération de cotisations sociales
au titre de l'incitation à la réduction du temps de travail
prévue par la loi du 13 juin 1998) ne gagnerait pas à
être modifié dès lors qu'il s'agissait en fait d'une
subvention au fonds de financement. Il a également souhaité
savoir si cette contribution était susceptible d'être
abondée -et à quelle hauteur- par les reports de crédits
non consommés en 1999.
Evoquant les délais d'examen du projet de loi relatif à la
réduction négociée du temps de travail, notamment celui
nécessaire à son examen par le Conseil constitutionnel, il a
souhaité savoir si cette loi serait promulguée avant la fin de
l'année. Dans le cas contraire, il s'est interrogé sur
l'état du droit applicable au 1
er
janvier 2000 au regard
notamment de l'article premier de la loi du 13 juin 1998 qui dispose que
" la durée légale du travail effectif des salariés
est fixée à trente-cinq heures par semaine à compter du
1
er
janvier 2000 pour les entreprises dont l'effectif est de plus de
vingt salariés ".
Après avoir rappelé que le cap des 200.000 emplois-jeunes avait
été franchi cet été, et que le Gouvernement se
fixait un objectif de 320.000 emplois-jeunes fin 2000, il a souhaité
connaître quelles étaient les raisons qui expliquaient le retard
par rapport à l'objectif affiché de 350.000 emplois dans le
secteur non marchand. Il a également souhaité savoir si le projet
de 350.000 emplois-jeunes dans le secteur marchand était
définitivement abandonné.
Mme Annick Bocandé, rapporteur pour avis des crédits de la
formation professionnelle,
a demandé quelles avaient
été les réactions des partenaires sociaux au contenu des
projets de réforme de la formation professionnelle du
Gouvernement (Livre blanc, rapport de M. Lindeberg, propositions de la
ministre), et notamment quels étaient les points d'accord et de
désaccord.
Elle a souhaité connaître l'état de développement de
l'apprentissage pour les formations d'un niveau supérieur. Elle a
demandé si la création de licences professionnelles dans
l'enseignement supérieur ne risquait pas d'amoindrir le
développement de l'apprentissage pour ces formations qualifiées.
Enfin,
Mme Annick Bocandé, rapporteur pour avis des crédits de
la formation professionnelle,
a souhaité obtenir des
éléments chiffrés concernant l'apprentissage dans le
secteur public, en particulier, pour les collectivités locales.
En réponse à M. Louis Souvet,
Mme Martine Aubry, ministre
de l'emploi et de la solidarité,
a confirmé que les
4,3 milliards de francs inscrits à l'article 10 du chapitre 44-77
correspondaient bien à la subvention de l'Etat au fonds de financement
des cotisations patronales de sécurité sociale. Elle a
constaté que le libellé de l'article ne correspondait
effectivement pas à la nature exacte de l'emploi des crédits, et
qu'il mériterait d'être modifié à l'avenir. Elle a
indiqué qu'il n'était pas possible de déterminer
aujourd'hui le montant des crédits de 1999 qui pourraient être
reportés, car le rythme de consommation de ces crédits
s'accélérait.
Elle a déclaré que le Gouvernement s'était attaché
à tenir les délais afin que la loi relative à la
réduction négociée du temps de travail soit applicable au
1
er
janvier 2000, compte tenu du délai nécessaire
à son examen par le Conseil constitutionnel. Si tel n'était pas
le cas, l'amendement que le Gouvernement comptait déposer à
l'Assemblée nationale, en nouvelle lecture du projet de loi relatif
à la réduction négociée du temps de travail,
trouverait à s'appliquer. Cet amendement prévoit en effet qu'en
cas de non-promulgation de la loi au 1
er
janvier 2000, celle-ci
entrerait en vigueur le premier jour du mois suivant la date de la promulgation.
Elle a estimé qu'entre le 1
er
janvier 2000 et la date de la
promulgation de la loi, le code du travail s'appliquerait. Le principe d'une
durée légale de travail fixée à 35 heures
resterait acquis en application de la loi du 13 juin 1998, mais le mode de
calcul des heures supplémentaires ne serait pas modifié pour les
entreprises jusqu'à l'entrée en vigueur de la seconde loi.
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité
, a
rappelé que le nombre d'emplois-jeunes devrait atteindre 320.000 en
2000. Elle a estimé que le délai dans la montée en
puissance du dispositif s'expliquait par le souci d'assurer la
professionnalisation des emplois créés ; elle a
souligné que l'emploi des jeunes dans le secteur marchand avait
dépassé le chiffre des 350.000 postes depuis deux ans, comme
l'illustrait la baisse de 23 % du taux de chômage des jeunes. Elle a
jugé que l'insertion professionnelle des jeunes passait par l'alternance
et a cité le contrat initiative-emploi et l'allocation de remplacement
par l'emploi qui favorisait l'arrivée de jeunes sur le marché du
travail. Elle a rappelé que 42 % des emplois occupés par des
jeunes faisaient l'objet d'une aide de l'Etat.
En réponse aux questions de Mme Annick Bocandé, rapporteur pour
avis des crédits de la formation professionnelle,
Mme Nicole
Péry, secrétaire d'Etat aux droits des femmes et à la
formation professionnelle,
a rappelé les quatre axes de la
réforme du système de formation : la professionnalisation
des formations en alternance, la meilleure prise en compte de
l'expérience professionnelle acquise, le développement d'un droit
individuel à la formation transférable et garanti collectivement,
et la clarification du rôle des acteurs de la formation professionnelle.
Evoquant les réunions bilatérales organisées avec
l'ensemble des acteurs de la formation, elle a estimé que le consensus
était plus évident sur le diagnostic que sur les propositions de
réforme. Elle a constaté que le renforcement de la transparence
et de l'efficacité des dispositifs s'avérait délicat,
évoquant en particulier le nécessaire approfondissement de la
relation entre les entreprises et les centres de formation d'apprentis (CFA),
ainsi que la réduction souhaitable du nombre des organismes collecteurs.
Elle a appelé de ses voeux une meilleure visibilité des
coûts de la formation dans les CFA, de telle sorte que la concertation
entre les organismes collecteurs de la taxe d'apprentissage et les conseils
régionaux soit plus efficace.
Elle a observé que l'extension de la validation des acquis
professionnels était attendue par tous les acteurs de la formation
professionnelle. Elle a considéré qu'il s'agissait là d'un
sujet complexe, en remarquant que les difficultés se situaient
plutôt du côté des ministères dits
" valideurs ".
Mme Nicole Péry, secrétaire d'Etat aux droits des femmes et
à la formation professionnelle,
a estimé que les principaux
points de désaccord portaient sur la définition d'un droit
individuel à la formation, comme en témoigne l'ajournement d'une
première réunion sur ce thème à la demande de
certaines organisations patronales. Elle a souhaité pouvoir
dépasser la situation de blocage actuelle en évoquant sa
proposition d'une nouvelle réunion du travail où serait
convié l'ensemble des partenaires sociaux.
Elle a rappelé que l'ouverture progressive de l'apprentissage à
tous les niveaux de diplômes de l'enseignement technologique, introduite
en juillet 1987, s'était accélérée depuis 1993.
Elle a observé que les formations conduisant à un diplôme
ou à un titre homologué de niveau égal ou supérieur
au baccalauréat concernaient en 1998 24 % des entrées en
apprentissage. A contrario, elle a noté que les formations conduisant
à un diplôme ou à un titre homologué du niveau du
certificat d'aptitude professionnelle ou du brevet d'enseignement professionnel
poursuivaient leur baisse relative pour revenir à 73 %. Elle a
souligné que ces pourcentages s'établissaient respectivement
à 9 % et 91 % en 1992.
Elle a remarqué que ce constat avait conduit le Gouvernement à
recentrer les aides forfaitaires à l'embauche afin de limiter cette
évolution.
Mme Nicole Péry, secrétaire d'Etat aux droits des femmes et
à la formation professionnelle,
a déclaré que la
création des licences professionnelles n'entrerait pas en concurrence
avec l'apprentissage au niveau supérieur. Elle a estimé que ces
nouvelles licences avaient, avant tout, pour objectif d'améliorer
l'insertion des jeunes ayant suivi un cycle de formation dans l'enseignement
supérieur court (diplôme universitaire et technologique, brevet de
technicien supérieur ou diplôme d'études universitaires
générales). Elle a considéré qu'il était
apparu préférable d'offrir aux jeunes la possibilité de
suivre une année supplémentaire d'études conduisant
à une insertion professionnelle immédiate, plutôt que de
les inciter à poursuivre des études longues lorsque les deux
années passées à l'université n'avaient pas
été concluantes.
Mme Nicole Péry, secrétaire d'Etat aux droits des femmes et
à la formation professionnelle,
a rappelé que l'apprentissage
dans le secteur public, non industriel et commercial, avait été
introduit à titre expérimental en juillet 1992 et
pérennisé en octobre 1997. Elle a déclaré que le
nombre de contrats d'apprentissage dans le secteur public avait
progressé de 12 % de 1997 à 1998, pour toucher 2.454 jeunes.
Elle a observé une augmentation de 10,8 % sur les dix premiers mois
de 1999 par rapport à la même période de 1998. Tout en
soulignant l'absence d'informations statistiques précises, elle a
estimé que l'essentiel des contrats d'apprentissage dans le secteur
public non industriel et commercial était le fait des conseils
régionaux, des conseils généraux et des communes.
M. Charles Descours,
se référant à un article
publié par un grand hebdomadaire, a demandé au ministre s'il
était exact que certains agents de l'ANPE avaient reçu des
instructions leur demandant de favoriser les radiations de certains demandeurs
d'emploi des listes du chômage.
M. Alain Gournac
a fait part de son étonnement devant la baisse
du taux de chômage publiée par le Gouvernement, alors que le
nombre de sorties du chômage pour reprise d'emploi était en
diminution. Rappelant que le nombre de procédures de radiation des
listes du chômage avait progressé de 43,3 % en deux ans, il a
interrogé le ministre sur l'existence d'éventuelles instructions
données aux agents de l'ANPE pour augmenter les radiations et favoriser
le basculement des demandeurs d'emplois des listes du chômage vers la
catégorie " stagiaires ", qui n'est pas prise en compte dans
les statistiques du chômage.
Mme Annick Bocandé
a évoqué des difficultés
d'application de la réduction du temps de travail dans le secteur
médico-social, des personnels soumis à des conventions
collectives bénéficiant des trente-cinq heures pouvant être
mis à disposition des départements par convention et être
appelés à travailler au côté de fonctionnaires qui
n'en bénéficient pas. Elle a demandé au ministre comment
résoudre ces difficultés d'application qui ne favorisent pas de
bonnes relations du travail.
M. André Jourdain
a interrogé le ministre sur le versement
de l'Etat au fonds de financement de la réforme des cotisations
patronales et l'évaluation du produit de la taxation des heures
supplémentaires. Il a rappelé que, l'an dernier, Mme Nicole
Péry, secrétaire d'Etat à la formation professionnelle,
avait annoncé un grand projet de loi sur la formation professionnelle et
observé que ce projet semblait repoussé à plus tard.
M. Philippe Nogrix
a interrogé le ministre sur l'application des
accords sur la réduction du temps de travail dans le secteur
médico-social pour les établissements ayant conclu un accord
lorsque celui-ci n'était pas encore agréé.
M. Guy Fischer
, évoquant la situation des jeunes
aides-éducateurs recrutés sous le régime des
emplois-jeunes, a demandé au ministre comment serait assurée la
pérennisation de leur emploi.
M. Roland Huguet
a affirmé que dans le Pas-de-Calais, le taux de
chômage avait décru de 5 % entre les mois de septembre 1998
et septembre 1999. Il a estimé souhaitable, malgré cette
amélioration, de ne pas interrompre les programmes de la politique de
l'emploi tels que les emplois-jeunes et a demandé au ministre si leur
durée ne pourrait pas être porté à 7 ans.
Mme Marie-Madeleine Dieulangard
a affirmé qu'il suffisait de
siéger dans les commissions locales d'insertion (CLI) pour constater que
les sorties du RMI vers l'emploi étaient désormais beaucoup plus
fréquentes et rapides qu'auparavant et a attribué ce
progrès aux effets de la politique conduite par le Gouvernement.
Elle a toutefois constaté que la situation des femmes sur le
marché de l'emploi devait encore être améliorée.
Evoquant la formation professionnelle, elle a demandé au ministre si
l'évaluation et la validation des acquis seraient placées sous la
responsabilité des branches professionnelles ou des pouvoirs publics.
Elle a enfin souligné la nécessité de renforcer les moyens
de l'inspection du travail.
En réponse aux différents intervenants,
Mme Martine Aubry,
ministre de l'emploi et de la solidarité,
a déclaré
que l'enquête réalisée par l'hebdomadaire " Le
Point " ne comportait aucun élément précis. Elle a
rappelé les chiffres de l'évolution du chômage : une
diminution de 442.000 du nombre de demandeurs d'emploi de
catégorie 1 depuis janvier 1997, une diminution de 325.000 du
nombre de demandeurs d'emploi de catégorie 1 + 6 et une
diminution de 350.000 du nombre de chômeurs au sens du bureau
international du travail (BIT).
Elle a évoqué également le nombre de créations
d'emplois qui atteignait en 1998 265.000 dans le secteur marchand et 100.000
dans le secteur non marchand. Elle a évoqué les chiffres du
premier semestre 1999, qui s'élevaient à 235.000 emplois
créés dans le secteur marchand et à 70.000 dans le secteur
non marchand. Elle a constaté que les Français avaient bien la
conviction que le chômage baissait et continuerait à baisser.
Elle a rappelé qu'elle n'intervenait pas dans la rédaction des
communiqués publiant les statistiques du chômage, lesquels
étaient préparés par la direction de l'animation, de la
recherche, des études et des statistiques (DARES). Elle a
confirmé qu'aucune directive n'avait été donnée
à l'ANPE concernant l'évolution des radiations. Elle a
estimé que l'évolution de ces dernières variait de
manière importante d'un mois à l'autre et était difficile
à interpréter compte tenu du fait que nombre de radiations
faisaient suite à des reprises d'emplois non signalés. Elle a
considéré que la baisse du nombre de sortie du chômage
s'expliquait par une baisse préalable du nombre des entrées. Elle
a constaté, au total, que les conclusions de l'enquête
réalisée par cet hebdomadaire ne correspondaient pas à la
réalité.
Par ailleurs,
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la
solidarité,
a souligné que, si le Gouvernement continuait
à aider les publics les plus en difficulté, le nombre des stages
effectués depuis trois ans avait plutôt baissé.
Evoquant le programme trajet d'accès à l'emploi (TRACE), elle a
souligné que le Gouvernement avait ralenti sa montée en
puissance, afin de s'assurer qu'il profite effectivement aux publics les plus
en difficulté.
Pour ce qui est de la réduction du temps de travail (RTT) dans le
secteur social et médico-social, elle a annoncé que
l'Assemblée nationale examinerait un amendement en nouvelle lecture du
projet de loi, permettant de ne pas appliquer les majorations d'heures
supplémentaires lorsqu'un accord a été signé et est
en instance d'agrément.
Elle a enfin estimé que les 7 milliards de francs relatifs au
produit de la contribution de 10 % relative à la taxation des
heures supplémentaires comprises entre la 35
e
et la
39
e
heure dans le cadre de la loi sur la réduction
négociée du temps de travail avaient été
calculés en considérant que 5,68 millions de salariés
ne seraient pas couverts par un accord 35 heures d'ici fin 2000 et que
leur rémunération horaire moyenne était de 76,92 francs.
M. André Vézinhet
a partagé les propos de M. Roland
Huguet sur la nécessité de maintenir les programmes en faveur de
l'emploi des jeunes. Il a interrogé le ministre sur les projets de M.
Claude Allègre, ministre de l'éducation nationale, de la
recherche et de la technologie, tendant à instituer une licence
professionnelle ainsi que sur l'accueil des adultes handicapés.
Enfin,
M. Philippe Nogrix
a rappelé qu'en loi de finances pour
1999, il avait été prévu que 500 millions de francs
seraient prélevés sur l'association de gestion du fonds des
formations en alternance (AGEFAL) et qu'une concertation devait être
organisée pour en décider l'utilisation. Il a demandé au
ministre de lui indiquer comment ces 500 millions de francs avaient
été utilisés.
Mme Nicole Péry, secrétaire d'Etat aux droits des femmes et
à la formation professionnelle,
a précisé qu'elle
avait tenu à ce que la réforme de la formation professionnelle
soit bien un élément majeur d'amélioration du dialogue
social. Elle a plaidé en faveur d'une mise en place progressive de la
réforme, en précisant que des mesures à caractère
législatif seraient proposées dans le prochain projet de loi
portant diverses mesures d'ordre social sur les dossiers qui ne posaient pas de
problème ; en revanche, elle a indiqué que sur les questions
qui soulevaient des débats auprès des partenaires sociaux, elle
avait proposé des expérimentations qui seraient conduites sous
forme de contractualisation dans cinq régions.
Concernant la validation des acquis, elle a souligné que celle-ci ne
pouvait être assurée que par un jury présentant toutes les
garanties d'indépendance et qu'elle ne devait pas être confondue
avec la phase d'accompagnement de la personne au cours de sa formation
réalisé notamment par l'ANPE, l'AFPA ou les missions locales.
Elle a précisé que le financement de la troisième
année de licence professionnelle serait assuré par
l'éducation nationale.
S'agissant du prélèvement de 500 millions de francs
opéré sur les fonds de l'Association de gestion du fonds des
formations en alternance (AGEFAL) en 1999, elle s'est engagée à
apporter des précisions sur les modalités d'utilisation de ces
fonds, tout en rappelant que le Gouvernement précédent avait,
pour sa part, prélevé 1,5 milliard de francs avant 1999 et
qu'elle avait accepté un amendement de M. Jacques Barrot à
l'Assemblée nationale, précisant que le prélèvement
de 1999 avait un caractère exceptionnel.
II. EXAMEN DE L'AVIS
Réunie le mardi 23 novembre, sous la
présidence de
M. Jean Delaneau, président
, la commission a
procédé à
l'examen du rapport pour avis
de
M.
Louis Souvet
sur les crédits consacrés au travail et
à l'emploi
dans le
projet de loi de finances pour 2000
.
M. Louis Souvet, rapporteur pour avis des crédits du travail et de
l'emploi
, a observé à titre liminaire que l'examen de son
rapport intervenait dans un contexte marqué par un débat sur
l'évolution des chiffres du chômage, une certaine confusion sur
les modalités de financement des 35 heures, ainsi qu'un revirement
radical de la position du Gouvernement sur la question des allégements
de cotisations sociales.
Evoquant l'évolution des chiffres du chômage, il a rappelé
que le Gouvernement se félicitait de la baisse du taux de chômage
et s'en attribuait la paternité en évoquant notamment les 35
heures.
Il a déclaré que M. Gérard Bapt évoquait, dans
son rapport spécial au nom de la commission des finances, de
l'économie générale et du plan de l'Assemblée
nationale pour les crédits du travail et de l'emploi, la création
de 785.000 emplois depuis juillet 1997, dont 560.000 dans le secteur marchand
et 180.000 dans le secteur non marchand.
Il a observé que les créations d'emplois avaient permis un recul
du chômage, à 11,1 % de la population active en 1999, contre
11,8 % en 1998, et que certaines prévisions envisageaient des taux
de 10,3 % en 2000 et 9,6 % en 2001.
M. Louis Souvet, rapporteur pour avis des crédits du travail et de
l'emploi
, a considéré que ces chiffres étaient
incontestables, observant d'ailleurs qu'ils étaient, pour nombre d'entre
eux, issus de statistiques rassemblées par des organisations
internationales.
Il a néanmoins estimé que ces données ne suffisaient pas
à décerner un satisfecit au Gouvernement pour au moins deux
raisons : la baisse du chômage étant largement le fait du
retour de la croissance et des politiques de l'emploi mises en oeuvre depuis
1993 et les mesures décidées par l'actuel Gouvernement ne
paraissant pas avoir eu d'effet notable sur l'évolution de l'emploi dans
le secteur marchand.
Il a évoqué la polémique sur les statistiques du
chômage consécutive à une enquête de l'hebdomadaire
" Le Point ", faisant état d'instructions données par
le ministère de l'emploi tendant à influer sur le nombre des
radiations de demandes d'emplois des listes du chômage. Il a
estimé que si cette information s'avérait exacte, elle
constituerait un fait particulièrement grave.
M. Louis Souvet
a observé que le retour de la croissance
était général en Europe depuis 1997 et qu'il devait peu au
Gouvernement actuel. Il a noté que les économistes
considéraient que la mise en oeuvre de la monnaie unique avait
été particulièrement favorable à la France depuis
deux ans grâce à la baisse des taux d'intérêt
réels et que, par ailleurs, l'organisation de coopération et de
développement économiques (OCDE) attribuait le dynamisme de
l'emploi dans le secteur marchand aux mesures en faveur du travail à
temps partiel, à l'intérim ainsi qu'aux allégements de
charges sociales, autant de dispositifs nés avant 1997. Concernant les
effets des politiques mises en place depuis lors, il a estimé que nul ne
contestait la réalité de l'effet des emplois-jeunes sur les
chiffres de l'emploi, mais qu'il subsistait des inconnues sur l'avenir de ces
jeunes d'ici trois ans, étant donné le caractère souvent
peu qualifiant des emplois créés et la durée relativement
courte des contrats. Par ailleurs, il a estimé que les 35 heures
n'avaient permis la création que de 30.000 à 40.000 emplois,
selon les chiffres même du Gouvernement, ceci sans tenir compte des
effets d'aubaine. Il a souligné qu'on ne pouvait par conséquent
considérer que cette loi était à l'origine de la baisse du
taux de chômage.
M. Louis Souvet
a rappelé que la question du financement des
35 heures avait occupé une part importante du débat en
première lecture du projet de loi relatif à la réduction
négociée du temps de travail à l'Assemblée
nationale et au Sénat et qu'elle avait également
été au centre du débat sur le projet de loi de financement
de la sécurité sociale. Il a considéré, dans ces
conditions, qu'il n'était pas étonnant de retrouver cette
question à l'occasion de l'examen du projet de loi de finances.
Il a observé que la création d'un fonds de financement de la
réforme des cotisations patronales de sécurité sociale par
la loi de financement de la sécurité sociale pour 2000 avait pour
première conséquence de modifier considérablement la
présentation du budget de l'emploi, les 39,5 milliards de la
" ristourne Juppé " n'apparaissant plus en effet dans le
budget de l'emploi, puisqu'ils étaient pris en charge directement par le
nouveau fonds. Il a souligné qu'en conséquence, les
crédits du ministère de l'emploi étaient ramenés
à 122,06 milliards de francs, contre 162,05 milliards de francs en
1999.
Il a observé qu'il s'agissait là de la seconde modification de la
réforme de la nomenclature budgétaire en deux ans puisqu'en 1998
déjà, 43 milliards de francs correspondant notamment
à la ristourne dégressive avaient été inscrits au
budget des charges communes et que ce n'était qu'en 1999 qu'ils avaient
rejoint le budget de l'emploi.
Il a constaté que les crédits du budget du ministère de
l'emploi augmentaient de 2,3 %, à périmètre constant
par rapport à l'année dernière alors que,
simultanément, les dépenses du budget général
n'augmentaient en moyenne que de 0,9 %.
Outre cette question de nomenclature, il s'est inquiété du
problème de lisibilité des crédits consacrés
à la réduction du temps de travail comme l'illustrait
l'intitulé de l'article 10 du chapitre 44-77 " exonération
de cotisations sociales au titre de l'incitation à la réduction
du temps de travail ", qui laissait penser que les 4,3 milliards de francs
inscrits étaient destinés à financer les aides incitatives
prévues par la loi du 13 juin 1998, alors que ces crédits
serviraient en définitive à subventionner le fonds de financement
des cotisations patronales de sécurité sociale créé
par la loi de financement de la sécurité sociale.
Par ailleurs, il a souligné que des interrogations subsistaient sur le
devenir des crédits inscrits en loi de finances pour financer la
réduction du temps de travail. Observant que, seuls, 78 millions de
francs avaient été consommés sur les 2,8 milliards de
francs budgétés en 1998 et qu'au 30 septembre 1999, seuls
706 millions de francs avaient été consommés sur les
3,5 milliards de francs inscrits en loi de finances, il a regretté
que l'état des reports de crédits reste aujourd'hui peu clair.
Il a observé à cette occasion que les faibles taux de
consommation des crédits budgétaires prévus pour financer
la loi du 13 juin 1998 confirmaient la modestie des résultats de cette
loi et contrastaient avec les déclarations du Gouvernement.
Il a estimé que le troisième point caractéristique de ce
débat budgétaire résidait dans la confirmation de la
volte-face du Gouvernement sur la politique d'allégement des cotisations
sociales patronales née en 1993, poursuivie en 1995 et
délaissée en 1997.
Il a rappelé les propos de Mme Nicole Péry, secrétaire
d'Etat à la formation professionnelle qui déclarait au
Sénat, au printemps 1998, lors du débat sur la proposition de loi
de MM. Christian Poncelet, Jean-Pierre Fourcade, Josselin de Rohan, Maurice
Blin et Henri de Raincourt tendant à alléger les charges sur les
bas salaires que le Gouvernement n'avait pas souhaité poursuivre cette
politique, parce qu'il n'était pas convaincu que le niveau du coût
du travail constituait un obstacle à l'emploi, qu'il estimait relative
l'efficacité de cette politique et que son financement ne lui semblait
pas assuré.
Dans ces conditions, il n'a pas caché sa satisfaction d'entendre
M. Jean-Claude Boulard, rapporteur pour avis de la commission des affaires
culturelles, familiales et sociales de l'Assemblée nationale pour les
crédits du travail et de l'emploi, se féliciter de ce que
" la politique d'allégement des charges sociales engagée
(avant 1997) soit poursuivie et même accentuée ".
Il s'est déclaré convaincu que c'était cette politique qui
permettrait de créer plus d'emplois à l'avenir.
Par ailleurs, il a observé que le nombre d'emplois-jeunes devrait
s'élever à 236.000 d'ici la fin de l'année et 300.000
à la fin de l'année 2000, pour un objectif initial de 350.000. Il
a rappelé que les crédits relatifs à ce dispositif
s'élevaient à 21,34 milliards de francs, soit une hausse de
53,3 % par rapport à 1999.
Il a observé par ailleurs que le projet de création de 350.000
emplois dans le secteur non marchand était définitivement
abandonné par le Gouvernement.
Il a indiqué que les crédits affectés au financement du
réseau d'accueil des jeunes progressaient de 12 % à
structure constante, pour atteindre 467 millions de francs. Il a
déclaré toutefois que ces crédits étaient
ramenés à 392 millions de francs, compte tenu d'un transfert
de 75 millions de francs sur le budget de l'Agence nationale pour l'emploi
(ANPE), au titre du financement de la rémunération des agents mis
à disposition dans les espaces jeunes.
Il a estimé que les espaces jeunes, ainsi que l'ensemble du
réseau d'accueil des jeunes, comprenant également les missions
locales et les permanences d'accueil, d'information et d'orientation (PAIO),
jouaient un rôle central dans la mise en oeuvre du programme
d'accompagnement personnalisé vers l'emploi (TRACE). Il a ajouté
que l'objectif fixé au programme TRACE était d'accueillir 60.000
jeunes en 2000.
Il a évoqué les actions en faveur des publics en
difficulté, qui prenaient la forme d'un renforcement des dispositifs
adaptés aux publics les plus éloignés du marché du
travail (TRACE, contrat emploi consolidé, contrat de qualification
adulte), ainsi que celle d'un recentrage des dispositifs traditionnels (contrat
emploi-solidarité, contrat initiative-emploi et stages) sur les publics
prioritaires.
Il a estimé que ce recentrage avait pour objectif d'accroître la
part des publics prioritaires dans les contrats nouveaux et en cours,
même si l'offre globale de places nouvelles en contrat
emploi-solidarité, contrat emploi consolidé (CES) et contrat
initiative-emploi diminuait par rapport aux entrées prévues par
la loi de finances pour 1999 (575.000 au lieu de 675.000).
Concernant le nombre des entrées dans le dispositif, il a observé
ainsi que 155.000 personnes devraient bénéficier d'un
contrat initiative-emploi en 2000 contre 180.000 en 1999 (- 13,9 %),
que 360.000 personnes devraient bénéficier d'un contrat
emploi-solidarité contre 425.000 l'année passée
(- 15,3 %), alors que le nombre d'entrées en emplois
consolidés à l'issue d'un CES devrait rester stable, à
hauteur de 60.000.
S'agissant des dispositifs destinés aux chômeurs de longue
durée, il a souligné que les entrées prévues dans
les stages d'insertion et de formation à l'emploi (SIFE) et les stages
d'accès à l'entreprise (SAE) étaient en
légère baisse en 2000, puisque 150.000 personnes devraient en
bénéficier contre 175.000 en 1999. Il a précisé que
cette évolution se traduisait dans les crédits, puisque la
dotation budgétaire diminuait de 8 % à 2,9 milliards de
francs.
Il a noté que les structures de l'insertion par l'économique
bénéficieraient de crédits en hausse de 22 % en 2000,
pour atteindre 910 millions de francs, ces moyens devant permettre de
remplir l'objectif, fixé par le programme de lutte contre les
exclusions, de doubler en trois ans (1998-2000) les capacités d'accueil
des entreprises d'insertion et des entreprises de travail temporaire
d'insertion.
Il a évoqué la politique d'insertion des travailleurs
handicapés menée par le ministère de l'emploi qui devrait
bénéficier de 5,6 milliards de francs de crédits
(+ 2,5 %). Il a indiqué que l'essentiel de ces crédits
(5,4 milliards de francs) était consacré au mécanisme
de la garantie de ressources mais qu'il était cependant prévu de
créer 500 nouvelles places d'accueil en ateliers protégés,
ainsi que 2.000 places nouvelles en centres d'aide par le travail, ce qui
porterait la capacité d'accueil respective de ces structures à
89.650 places et 14.600 places.
Concernant le financement du retrait d'activité, il a observé que
19.000 entrées en préretraite ASFNE (allocation spéciale
du fonds national pour l'emploi) étaient prévues pour 2000 contre
18.000 en 1999.
M. Louis Souvet, rapporteur pour avis des crédits du travail et de
l'emploi
, a indiqué que les crédits consacrés à
ce dispositif étaient en baisse de 700 millions de francs, puisqu'ils
atteignaient 4,15 milliards de francs contre 4,85 milliards en 1999. Il a
considéré que cette baisse des crédits s'expliquait par
l'augmentation du taux de contribution versée par les entreprises,
l'augmentation de la contribution de l'UNEDIC, ainsi que l'augmentation de la
contribution dite " Delalande ". Il a souligné que cette
dotation prenait également en compte la mise en place d'un nouveau
dispositif né dans le secteur automobile pour les salariés ayant
effectué des travaux pénibles.
Il a noté que les préretraites progressives (PRP) voyaient
également leurs crédits diminuer sensiblement pour les
mêmes motifs, 12.600 entrées étant en effet prévues
en 2000 contre 18.000 en 1999.
Il a indiqué que le transfert des crédits relatifs à la
ristourne dégressive dans un fonds nouvellement créé
laissait subsister dans le budget de l'emploi plusieurs lignes
consacrées à la compensation d'exonérations de cotisations
sociales, et notamment celles relatives aux zones économiques en
difficulté. Il a noté que les crédits relatifs aux zones
de revitalisation rurale (ZRR) et de redynamisation urbaine diminuaient, pour
revenir à 356 millions, tandis que ceux relatifs aux zones franches
augmentaient de 300 millions, pour atteindre 900 millions de francs, les
crédits affectés à la zone franche Corse restant stables.
Il a tenu à souligner tout l'intérêt des zones franches
urbaines pour structurer l'emploi dans des quartiers en grande
difficulté. Il a estimé que leur remise en cause aurait eu des
effets tout à fait dommageables alors que le Gouvernement tarde à
proposer des dispositifs adaptés permettant le développement de
l'emploi dans les quartiers difficiles.
Il a rappelé également que les crédits relatifs au
financement de la loi du 11 juin 1996, dite loi " de Robien ",
demeuraient inscrits au budget de l'emploi et que la dotation diminuait de
11 % en 2000 pour atteindre 2,72 milliards de francs.
Il a observé une baisse des crédits relatifs à
l'accompagnement des restructurations, particulièrement sensible pour la
participation de l'Etat au financement de l'allocation spécifique pour
privation partielle d'emploi qui devrait être ramenée à
211 millions de francs, ainsi que pour les conventions de conversion qui
devraient bénéficier de 750 millions de francs. Il a admis
que les baisses de crédits pouvaient s'expliquer par
l'amélioration de la conjoncture économique.
Il a évoqué enfin la subvention de l'Etat à l'ANPE qui
devrait augmenter de 10,4 % à 6,38 milliards de francs, afin
de permettre à cet établissement de mettre en oeuvre le
troisième contrat de progrès qui porte sur les années 1999
à 2003, avec pour objectif de renforcer la qualité des services
rendus aux demandeurs d'emploi et aux entreprises et de poursuivre la
modernisation de l'agence.
Il a noté que l'ANPE occupait un rôle particulier dans la mise en
oeuvre du plan national d'action pour l'emploi.
M. Louis Souvet, rapporteur pour avis des crédits du travail et de
l'emploi
, a indiqué que les crédits devraient permettre
l'extension en année pleine de mesures décidées en 1999,
et notamment la création des 500 emplois, à laquelle devrait
s'ajouter la création de 500 emplois supplémentaires pour
l'année 2000.
Il a observé que les dépenses de personnel du ministère
augmentaient de 5,5 % à 2,5 milliards de francs, et
précisé que cette augmentation de crédits devrait
permettre la création nette de 130 emplois, dont 13 en
administration centrale et 117 au sein des services déconcentrés.
Il a noté que l'Inspection du travail devrait bénéficier
de ces créations de postes, à hauteur de 15 inspecteurs et
88 contrôleurs. Il a précisé que de nombreuses mesures
statutaires étaient prévues, ainsi que la transformation de
640 emplois, pour un coût total de 5,7 millions de francs.
Il a estimé que ce budget de l'emploi comportait des dispositions
satisfaisantes, notamment pour tout ce qui relève du service public de
l'emploi (ANPE, réseaux d'accueil des jeunes, publics les plus
éloignés de l'emploi). Il a cependant rappelé que la
commission ne partageait pas les grandes orientations de ce budget, relatives
à la mise en oeuvre de la réduction du temps de travail, ainsi
qu'à la poursuite du développement d'emplois dans le secteur non
marchand en l'absence de dispositifs adéquats de professionnalisation.
Il a ajouté que la commission avait d'ailleurs eu l'occasion de montrer
plusieurs fois sa préférence pour une politique qui favoriserait
de manière plus volontaire les allégements de charges sociales et
la formation professionnelle.
En conséquence, il a proposé de formuler un avis
défavorable à l'adoption des crédits du budget de l'emploi
pour l'année 2000.
M. Jean Delaneau, président,
a souhaité que le rapporteur
ne fasse référence qu'avec prudence aux investigations
publiées par l'hebdomadaire " Le Point ".
M. Jean Chérioux
a indiqué qu'en tant que parlementaire,
il lui semblait toujours préférable que la presse se
réfère aux travaux du Sénat, et non l'inverse.
La commission a décidé
d'émettre un avis
défavorable sur les crédits consacrés au travail et
à l'emploi dans le projet de loi de finances pour 2000.
Puis, la commission a procédé à
l'examen du rapport
pour avis
de
Mme Annick Bocandé sur les crédits
consacrés à la formation professionnelle
dans le
projet de
loi de finances pour 2000.
Mme Annick Bocandé, rapporteur pour avis des crédits de la
formation professionnelle
, a rappelé que déjà
l'année dernière, alors qu'elle présentait pour la
première fois son rapport pour avis, les crédits relatifs
à la formation professionnelle inscrits dans le budget du
ministère de l'emploi lui avaient semblé marqués au sceau
de la continuité. Elle a déclaré que la seule
évolution sensible résidait alors dans un
" recentrage " des aides publiques à l'alternance.
Elle a souligné que le décret du 12 octobre 1999 avait
restreint aux jeunes les moins qualifiés, le champ des
bénéficiaires de l'aide forfaitaire à l'embauche au
contrat de qualification alors que l'article 80 du projet de loi de finances
pour 1999 avait opéré la même modification pour les
contrats d'apprentissage.
Aujourd'hui et compte tenu de ces dispositions " malthusiennes ",
elle a observé un léger tassement des crédits
consacrés à la formation professionnelle.
Elle a précisé que ces crédits s'élevaient à
30,6 milliards de francs, dont 26 milliards de francs pour
l'agrégat " participation de l'Etat à la formation
professionnelle ", soit une baisse de 1,6 %.
Elle a considéré que l'impression de stagnation dominait lorsque
l'on observait l'évolution de ces crédits depuis quelques
années.
Elle a indiqué que, selon les résultats provisoires du compte
économique de la formation professionnelle, qui retrace les
interventions de tous les acteurs, la dépense totale pour la formation
professionnelle s'élevait à près de 140 milliards de
francs, soit une progression de 0,6 % par rapport à 1996.
Elle a constaté, à l'instar de M. Patrick Malavieille,
rapporteur pour avis de la commission des affaires culturelles, familiales et
sociales de l'Assemblée nationale, pour la formation professionnelle,
que la stabilisation de l'effort entrepris s'opérait à un niveau
relativement bas, puisque le niveau record de 1993 n'était pas
égalé, et que l'engagement de formation restait inférieur
de 0,21 point à celui constaté en 1993, retombant à
1,72 % du produit intérieur brut.
Elle a estimé que, si ces crédits lui semblaient suffisants pour
assurer la reconduction des actions de formation engagées les
années précédentes, leur niveau lui semblait par contre
insuffisant pour considérer que la formation professionnelle constituait
une priorité du Gouvernement au même titre que les emplois-jeunes
ou les 35 heures.
Toutefois, elle a souligné qu'une nouvelle fois la discussion du budget
de la formation professionnelle intervenait dans un contexte de
" réforme annoncée " qui gelait, pour ainsi dire, les
initiatives et expliquait que ce budget se cantonnait à des actions de
reconduction.
Examinant le détail des crédits, elle a observé que le
total des crédits consacrés à l'alternance
s'élevait à 12,2 milliards de francs, soit une baisse de
2,4 % consécutive au " recentrage " des primes sur les
bas niveaux de qualification opéré par la loi de finances pour
1999.
Elle a indiqué que les primes relatives aux contrats d'apprentissage
baissaient de près de 12 % et celles relatives aux contrats de
qualification, de 32 %. Elle a déclaré que le montant total
de ces diminutions de crédits s'élevait à
660 millions de francs.
Elle a estimé que l'idée de recentrage supposait que ces
crédits soient réalloués à des dispositifs
prioritaires. Elle a observé que cela n'était que partiellement
le cas puisque la hausse de 20 % des primes relatives aux contrats de
qualification, et celle de 60 % du montant des exonérations de
cotisations sociales de ces mêmes contrats, ne représentaient que
170 millions de francs. Elle a déclaré qu'en fait, sous le
vocable de recentrage, était réalisée une économie
budgétaire de près de 500 millions de francs au
détriment des formations en alternance.
Elle a estimé que ce sentiment était confirmé par
l'analyse des flux d'entrée dans les contrats en alternance.
Elle a observé que le nombre des contrats d'apprentissage baissait de
4,3 % à 220.000 et celui des contrats de qualification de
3,8 % à 125.000. Compte tenu de l'augmentation du nombre de
contrats de qualification adultes, elle a constaté qu'on assistait
globalement à une baisse de 2,7 % du nombre des contrats en
alternance qui devrait être ramené à 360.000 en 2000.
Mme Annick Bocandé, rapporteur pour avis des crédits de
la formation professionnelle
, a regretté cette baisse du nombre des
contrats en alternance, qu'elle a jugée contradictoire avec
l'état actuel du marché du travail. Evoquant le baromètre
mensuel La Tribune-Crédit Lyonnais du mois de novembre, elle a
observé que près des deux tiers (64 %) de
l'échantillon de patrons de petites et moyennes entreprises (PME)
interrogés affirmaient rencontrer des difficultés pour embaucher
les spécialistes qu'ils recherchaient. Elle a remarqué que la
situation était particulièrement préoccupante dans les
secteurs des transports, du bâtiment et des travaux publics (BTP), de la
vente ou de l'industrie. Elle a observé que les entreprises de la
métallurgie souhaitaient embaucher 4.700 personnes d'ici
l'été et s'inquiétaient de ne pouvoir trouver la
main-d'oeuvre correspondante.
Elle a déclaré qu'elle avait le sentiment que la formation
professionnelle devait jouer un rôle fondamental dans la réforme
nécessaire du fonctionnement du marché du travail, et pouvait
constituer la réponse adéquate à ce problème de
pénurie de main d'oeuvre. Alors que le Gouvernement annonce la
discussion prochaine de dispositions législatives courant 2000 et d'un
véritable projet de loi en 2001, elle a souhaité insister sur le
fait qu'une des causes du niveau élevé du taux de chômage
français résidait dans le déficit de formation,
c'est-à-dire l'inemployabilité.
Elle a d'ailleurs observé que ces salariés sans qualification ne
trouveraient pas un emploi grâce aux 35 heures.
Elle a considéré qu'une politique d'allégement de
cotisations sociales était sans aucun doute utile pour ces demandeurs
d'emploi, mais que chacun avait bien conscience que la voie de la
réinsertion passait par la qualification des plus jeunes d'entre eux,
notamment.
Elle a indiqué que les crédits consacrés aux actions de
formation à la charge de l'Etat baissaient de 2,8 % à
5,8 milliards de francs et qu'ils se répartissaient entre le
financement des dépenses de fonctionnement, de
rémunération et d'investissement de la formation professionnelle.
Concernant les dépenses de fonctionnement, elle a observé une
stagnation à 335 millions de francs des crédits de la
politique contractuelle (contrats d'études prospectives et engagements
de développement de la formation).
Elle a noté que les crédits consacrés aux contrats de plan
Etats-régions baissaient de 2 %.
Au titre des dépenses de rémunération de la formation
professionnelle, elle a souligné que les crédits affectés
au programme national de formation professionnelle étaient
stabilisés à 926 millions de francs. Elle a
précisé que ces crédits concernaient la
rémunération des stagiaires suivant des formations
financées par l'Etat.
Elle a observé une baisse de près de 7 % des crédits
consacrés au financement de l'allocation formation reclassement (AFR),
ajoutant que ces 2,5 milliards de francs de crédits étaient
destinés à rémunérer les demandeurs d'emploi
entrant en formation.
Elle a rappelé que la loi quinquennale du 20 décembre 1993
avait engagé un mouvement important de décentralisation des
actions qualifiantes et que, depuis le 1
er
janvier 1999,
l'ensemble des actions pré-qualifiantes avait été par
ailleurs décentralisé au profit des régions. Elle a
précisé que l'Etat participait au financement de ces actions
décentralisées au moyen de dotations qui évoluaient
conformément au taux de la dotation générale de
décentralisation.
Elle a observé que l'ensemble des crédits relatifs à la
dotation de décentralisation concernant la formation professionnelle et
l'apprentissage rassemblés au chapitre 43-06 augmentaient de 0,6 %,
pour atteindre presque 8 milliards de francs en 2000.
Evoquant l'Association nationale pour la formation professionnelle des adultes
(AFPA), elle a rappelé que cette association concourait à la
réalisation de la politique de l'Etat en ce qui concerne la formation
qualifiante, au niveau national et déconcentré et qu'elle
était partie intégrante du service public de l'emploi. Elle a
observé que sa dotation augmentait de 5,4 % à
4,7 milliards de francs. Elle a indiqué que cette augmentation
s'inscrivait dans le cadre des objectifs définis par le contrat de
progrès 1999-2003 qui prévoyait une augmentation de
l'activité " orientation " de l'AFPA, afin de faire passer le
nombre de personnes orientées de 80.000 à 250.000 en 2003.
Mme Annick Bocandé, rapporteur pour avis des crédits de
la formation professionnelle
, a souligné que l'AFPA devait
également mener une action prioritaire en direction des demandeurs
d'emploi, afin de leur offrir un service personnalisé d'appui à
un projet professionnel.
Elle a salué le recentrage de l'AFPA sur ses missions de service public,
qui lui permettait de participer activement à la réinsertion
professionnelle des demandeurs d'emploi dans le cadre du plan national d'action
pour l'emploi.
Elle a observé que la coopération avec l'ANPE n'en était
qu'à ses débuts et a considéré qu'elle devait
être poursuivie, notamment au niveau des services
déconcentrés.
Elle a rappelé que le plan national d'action pour l'emploi mettait en
oeuvre les lignes directrices pour l'emploi définies au niveau
européen et qu'il était organisé autour de quatre
piliers : améliorer la capacité d'insertion des jeunes et
des adultes afin de prévenir le chômage de longue durée et
lutter contre l'exclusion, développer l'esprit d'entreprise, renforcer
l'égalité des chances entre les hommes et les femmes et oeuvrer
pour une meilleure intégration des handicapés.
Mme Annick Bocandé, rapporteur pour avis des crédits de la
formation professionnelle
, a alors abordé la délicate
question des prélèvements opérés par l'Etat sur les
fonds de la formation professionnelle.
Elle a observé que, déjà en 1997, l'article 40 de la
loi de finances avait institué une contribution exceptionnelle au budget
de l'Etat égale à 40 % de la trésorerie nette des
fonds de la formation en alternance, soit 1,7 milliard de francs et que,
par ailleurs, l'article 75 de la loi du 2 juillet 1998 portant
diverses dispositions d'ordre économique et financier avait
institué une contribution exceptionnelle au budget de l'Etat de
500 millions. Elle a rappelé que la commission des affaires
sociales s'était opposée à ces deux
prélèvements, au motif que ces détournements dans
l'utilisation des fonds lui apparaissaient préjudiciables aux
entreprises.
Elle a rappelé que l'année dernière, le Gouvernement avait
décidé à nouveau que 500 millions de francs seraient
prélevés sur les fonds de l'Association de gestion du fonds des
formations en alternance (AGEFAL), ces fonds devant faire l'objet d'une
utilisation concertée avec les partenaires sociaux, Mmes Martine
Aubry et Nicole Péry s'étant engagées à assurer, le
cas échéant, la couverture effective des dépenses
exposées par les entreprises dans le cadre des contrats en alternance.
Prenant acte de cette garantie et regrettant néanmoins le flou qui
entourait le fonctionnement de ce fonds, elle a rappelé que la
commission des affaires sociales avait souhaité faire part de sa
réserve sans toutefois manifester une opposition radicale pour tenir
compte de la réforme à venir des modalités de financement
de la formation professionnelle et de la garantie apportée par le
Gouvernement.
Mme Annick Bocandé, rapporteur pour avis des crédits de la
formation professionnelle
, a constaté que le flou demeurait et que
les prélèvements " exceptionnels " sur les fonds de la
formation devenaient de plus en plus habituels comme en témoignait
l'article 70 du projet de loi de finances pour 2000.
Elle a expliqué que cet article avait pour objet de centraliser les
excédents financiers du capital de temps de formation (CTF) au niveau
d'une section particulière créée au sein du fonds national
habilité à gérer les excédents financiers du
congé individuel de formation (CIF).
Elle a rappelé que le CTF était destiné à permettre
aux salariés de suivre, au cours de leur vie professionnelle, à
leur demande et pendant leur temps de travail, des actions de formation,
prévues au plan de formation de l'entreprise, dans le but de se
perfectionner, d'élargir ou d'accroître leur qualification.
Elle a précisé que ce dispositif était financé par
50 % au plus de la participation des entreprises au financement du CIF
(0,2 % du montant des salaires), c'est-à-dire par une contribution
au plus égale à 0,1 % des salaires.
Elle a rappelé que l'article 70 proposait d'étendre le champ
de compétences du fonds créé par la loi de finances pour
1996 qui actuellement gérait les excédents financiers des
organismes collectant les fonds du CIF, à la gestion des
excédents financiers dont disposaient les organismes paritaires
collecteurs agréés (OPCA) gérant les contributions des
employeurs affectées au financement du CTF.
Mme Annick Bocandé, rapporteur pour avis des crédits de la
formation professionnelle
, a observé que cette disposition pourrait
être considérée avec bienveillance si la centralisation des
disponibilités excédentaires du CTF n'apparaissait pas comme le
moyen d'affecter une contribution de 500 millions de francs, versée
par le comité paritaire du CIF (COPACIF) au budget de l'emploi par voie
de fonds de concours, afin de compenser la diminution des crédits
destinés au financement de l'indemnité compensatrice forfaitaire
à l'apprentissage.
Elle a conclu qu'il s'agissait donc, une fois encore, de procéder
à un prélèvement exceptionnel sur les fonds de la
formation professionnelle.
Elle a ajouté que, dès lors que ces prélèvements
présentaient un caractère structurel, l'urgence d'une
réforme du mode de financement des organismes collecteurs de fonds
devenait, chaque année, de plus en plus évidente.
Mme Annick Bocandé, rapporteur pour avis des crédits de
la formation professionnelle
, a déclaré qu'elle avait
déjà fait part de sa préférence pour une
réduction des cotisations versées par les entreprises.
Elle a préconisé le rejet de ce nouveau
prélèvement, dont le caractère récurrent lui a
semblé traduire un certain penchant du Gouvernement à
considérer les fonds collectés par les partenaires sociaux comme
une ressource budgétaire parmi d'autres, destinée à
financer les priorités du Gouvernement, comme l'avait également
montré le débat sur le financement des 35 heures à
travers le projet de contribution de l'UNEDIC et des régimes de
sécurité sociale.
Plus généralement,
Mme Annick Bocandé, rapporteur pour
avis des crédits de la formation professionnelle
, a
considéré qu'il convenait de s'interroger sur la politique du
Gouvernement en matière de formation professionnelle. Stagnation des
effectifs dans les dispositifs en alternance, priorité donnée aux
emplois-jeunes sur les formations qualifiantes et prélèvements
" exceptionnels " sur les fonds de la formation lui ont semblé
constituer les traits les plus marquants de cette politique. Elle a
évoqué les projets de réforme, et notamment le Livre blanc
intitulé " La formation professionnelle, diagnostics, défis
et enjeux ", préparé par Mme Nicole Péry,
secrétaire d'Etat à la formation professionnelle.
Elle a rappelé que quatre directions avaient ainsi été
esquissées dans ce document : la création d'un droit
individuel à la formation, la professionnalisation des jeunes, la
meilleure prise en compte de l'expérience professionnelle acquise et la
clarification du rôle des différents acteurs.
Il lui a semblé qu'aujourd'hui le dialogue entre le Gouvernement et les
partenaires sociaux pâtissait de la brutale détérioration
de leurs relations dans un contexte de remise en cause du paritarisme
consécutif aux 35 heures.
Dans ces conditions, elle a estimé que l'examen de ces crédits
budgétaires relatifs à la formation professionnelle devait
être l'occasion pour la commission des affaires sociales de prendre ses
distances avec une politique de l'emploi qui inversait les priorités en
favorisant les dispositifs de moyen terme non qualifiants sur la formation et
en braquant les partenaires sociaux, qui étaient pourtant les acteurs
déterminants de tout progrès social.
Mme Annick Bocandé, rapporteur pour avis des crédits de la
formation professionnelle
, a proposé en conséquence que la
commission se rallie, pour les crédits de la formation professionnelle,
à l'avis négatif formulé par M. Louis Souvet, rapporteur
pour avis des crédits du travail et de l'emploi, en ce qui concernait
les crédits du travail et de l'emploi. Elle a également
proposé un amendement de suppression de l'article 70 du projet de loi de
finances rattaché au budget de l'emploi.
M. Jean Delaneau, président,
a considéré que la
structure du financement de la formation professionnelle était trop
complexe et mériterait d'être simplifiée.
M. André Jourdain
s'est déclaré d'accord avec le
constat du rapporteur concernant la pénurie de main-d'oeuvre dans
certains secteurs d'activité. Il a observé que de nombreuses PME
n'étaient pas en mesure de satisfaire la demande étrangère
en biens et services pour cause de manque de main-d'oeuvre. Il a
considéré que le développement de la formation
professionnelle pourrait permettre de résoudre les dysfonctionnements du
marché du travail.
M. Jean Chérioux
s'est interrogé sur la persistance
d'obstacles à l'embauche dans certains secteurs.
M. Guy Fischer
a confirmé que l'enseignement professionnel
continuait à faire l'objet d'une stigmatisation dans le cadre de
l'organisation du système scolaire français. Il s'est
inquiété des dispositions réglementaires et
législatives prévues par le Gouvernement et de leur
capacité à inverser cette tendance. Il a observé qu'il
n'était pas sûr qu'aujourd'hui les publics les plus en
difficulté fassent l'objet d'une attention suffisante de la part de
l'Etat et des régions, au regard de leurs difficultés
d'intégration professionnelle.
M. Louis Souvet
a indiqué qu'il avait également
constaté l'existence de pénurie de main d'oeuvre dans certaines
spécialités.
M. Jacques Bimbenet
a considéré que l'inadéquation
entre l'offre et la demande de travail mettait en évidence
l'inadaptation de l'organisation du système de formation professionnelle
qui ne permettait pas aux entreprises d'être associées
suffisamment à la définition et au déroulement des
parcours de formation. Il a rendu hommage aux formations dispensées par
les centres de formation d'apprentis (CFA).
M. Jean Delaneau, président,
a observé qu'il existait
également des lycées professionnels qui dispensaient d'excellents
enseignements adaptés aux besoins des entreprises.
Mme Marie-Madeleine Dieulangard
a demandé que les circuits de
financement de la formation professionnelle soient simplifiés, et que le
contenu des formations soit mieux contrôlé.
Mme Annick Bocandé, rapporteur pour avis des crédits de la
formation professionnelle,
a considéré que les gouvernements
successifs ne s'étaient pas donnés les moyens de répondre
aux problèmes de pénurie de main d'oeuvre à travers le
développement de la formation professionnelle. Evoquant la question
qu'elle avait posée à Mme Nicole Péry, secrétaire
d'Etat aux droits des femmes et à la formation professionnelle,
sur la création des licences professionnelles, elle a
regretté que l'on ne se préoccupe de l'insertion professionnelle
des jeunes qu'au terme d'un échec à l'issue de deux années
d'enseignement en université. Elle s'est interrogée sur la
priorité qu'il pourrait y avoir à favoriser une meilleure
orientation des jeunes dès le baccalauréat vers des formations
professionnalisées. Elle a observé qu'aujourd'hui, lorsqu'une
entreprise avait le choix, elle préférait souvent recruter un
jeune passé par les formations en alternance.
A l'issue de ce débat, la commission a décidé
d'émettre
un avis défavorable sur les crédits
consacrés à la formation professionnelle dans le projet de loi de
finances pour 2000 ; elle a également adopté un amendement
de suppression de l'article 70 rattaché à la discussion de ces
crédits.
AVANT-PROPOS
Mesdames, Messieurs,
L'année 1999 devait être l'année de la réforme de
l'assiette des cotisations sociales patronales. Il était
également prévu que le Gouvernement procède à une
grande réforme de la formation professionnelle dont on pouvait
espérer qu'elle permette de dégager les moyens financiers
nécessaires à un projet ambitieux. Enfin, votre commission
espérait que soient adoptées des dispositions
particulières permettant d'assurer la professionnalisation des
emplois-jeunes en tenant compte des remarques qu'elle avait formulées
à l'occasion de l'examen du projet de loi de finances pour 1999.
Force est de constater que ce budget de l'emploi et de la formation
professionnelle ne répond pas à ses attentes.
Il comporte certes des dispositions qui vont dans le bon sens : les moyens
du service de l'emploi sont renforcés, les contrats aidés font
l'objet d'une évaluation et d'adaptations qui s'avéraient
nécessaires.
Mais les réponses attendues ne sont pas au rendez-vous. Les effectifs de
la formation en alternance stagnent, l'Etat continue à prélever
les fonds de la formation professionnelle pour compenser des économies
budgétaires sur les engagements qui demeurent à sa charge.
Près de la moitié des emplois-jeunes ne savent pas quel avenir
leur est réservé. Enfin, la grande réforme des cotisations
sociales patronales a pris la forme d'une " usine à gaz "
ayant pour vocation principale d'assurer le financement des 35 heures.
Ces dispositions se traduisent en un profond changement de nomenclature du
budget de l'emploi marqué par le transfert des allégements de
cotisations sociales (" ristourne dégressive ") et des aides
à la réduction du temps de travail à un fonds de
financement de la réforme des cotisations patronales créé
par l'article 2 du projet de loi de financement de la sécurité
sociale.
En conséquence, les crédits du budget de l'emploi
s'élèveront à 122,06 milliards de francs en 2000 contre
119,32 milliards de francs en 1999 à périmètre 2000
constant, c'est-à-dire hors ristourne dégressive, ce qui
représente une hausse de 2,3 % des crédits.
On observera qu'à structure constante 1999 -c'est-à-dire en
ajoutant aux crédits de l'emploi pour 2000 la ristourne
dégressive telle que débudgétisée après
" ajustement au besoin " (39,49 milliards de francs), soit au
total 161,55 milliards de francs-, le budget de l'emploi est en baisse de
0,3 %.
Vos rapporteurs ont le sentiment d'une occasion manquée. Alors que la
conjoncture permettait enfin de construire une politique de l'emploi moderne
préparant l'avenir, il n'est proposé que la mise en oeuvre de
promesses électorales déraisonnables.
Le Gouvernement considère que ce budget est organisé autour de
quatre priorités : favoriser l'émergence de réformes
structurelles destinées à développer l'emploi, recentrer
les dispositifs traditionnels au service des publics en difficulté,
rechercher l'efficacité des aides publiques et renforcer les moyens du
service public de l'emploi.
Vos rapporteurs constatent que dans les faits ces orientations reviennent
à favoriser les redéploiements budgétaires au
bénéfice des deux priorités du Gouvernement : les
35 heures et les emplois-jeunes.
Le Sénat ayant déjà marqué son désaccord
avec la méthode retenue pour réduire la durée du travail
et avec l'absence de dispositions favorisant une véritable
professionnalisation des jeunes, c'est tout naturellement que votre commission
a émis un avis défavorable à l'adoption des crédits
consacrés au travail, à l'emploi et à la formation
professionnelle contenus dans le projet de loi de finances pour 2000. Elle a
également adopté un amendement de suppression de l'article 70
rattaché au budget de l'emploi.
I. MALGRÉ UNE ÉVOLUTION FAVORABLE LE TAUX DE CHÔMAGE FRANÇAIS RESTE TRÈS SUPÉRIEUR À LA MOYENNE EUROPÉENNE
A. UNE ÉVOLUTION FAVORABLE DES CHIFFRES DU CHÔMAGE
La France continue à bénéficier du retour de la croissance sur le continent européen dont les effets se font sentir depuis deux ans. L'OCDE estime que la croissance de l'économie française pourrait atteindre les 2,4 % cette année et s'accélérer pour atteindre 3 % en 2000 et 2,9% en 2001. Selon ce même organisme international, l'emploi devrait continuer à tirer les dividendes de la croissance.
L'emploi au troisième trimestre 1999
L'emploi
salarié dans les secteurs privé et semi-public a augmenté
de 0,6 % (88.200 postes) en France au troisième trimestre
précédent et de 1,9 % (262.300) sur un an. Cette
augmentation plus forte que celle du deuxième trimestre (+ 0,4 %)
est la douzième hausse trimestrielle consécutive depuis fin 1996.
Elle porte à 14.041.300 le nombre de salariés employés
dans l'ensemble des secteurs concurrentiels (hors agriculture, administration,
éducation, santé et action sociale) au 30 septembre dernier.
Sur le trimestre, l'emploi a augmenté dans tous les secteurs
d'activités enregistrant une hausse de 0,9 % dans le tertiaire
(81.600 postes), de 0,2 % dans la construction (2.300 postes) et de
0,1 % dans les industries de transformation (4.300 postes). De
septembre 1998 à septembre 1999, les effectifs salariés ont
progressé de 3 % dans le tertiaire (257.800 emplois) et de
0,8 % dans la construction (9.000). Ils ont en revanche reculé de
0,1 % dans l'industrie (4.500 postes).
L'indice du salaire horaire de base des ouvriers (SHBO) a progressé de
1,3 % au cours du troisième trimestre et de 2,7 % sur un an.
L'évolution de l'indice des prix à la consommation (pour
l'ensemble des ménages et hors tabac) est nulle sur le trimestre et de
0,6 % entre septembre 1998 et septembre 1999. De son côté,
l'indice du salaire mensuel de base de l'ensemble des salariés a
augmenté de 0,4 % au cours du troisième trimestre et de
1,6 % sur un an. Pour les ouvriers, il progresse respectivement de
0,5 % et de 1,6 %.
Source : DARES
L'emploi des cadres en Europe a enregistré en
1998-1999
une hausse de 4 % (299.200)
L'emploi des cadres en Europe a enregistré en 1998-1999 le record de la décennie et il devrait rester à un niveau élevé malgré un léger recul. Quelque 299.200 emplois de cadres ont été créés en Europe, soit une augmentation de 4 % entre juillet 1998 et juin 1999, contre une augmentation de 2,4 % lors de la période précédente, selon l'enquête " L'Europe des cadres 2000 ". Le Royaume-Uni arrive largement en tête avec quatre emplois de cadres créés sur dix (124.500) en Europe, suivi de la France (38.500), de l'Espagne (38.000), de l'Allemagne (37.500) et des Pays-Bas (35.500). Le secteur des services se taille la part du lion avec près des deux tiers des créations d'emplois.
Source : DARES
Le taux de chômage devrait poursuivre sa décrue, pour atteindre 11 % de la population active en 1999 (après 11,8 % en 1998) puis 10,3 % en 2000 et 9,6 % en 2001. L'OCDE évoque trois " initiatives " de la politique de l'emploi pour expliquer ce dynamisme de l'emploi : les encouragements à l'intérim et au temps partiel, les allégements de charges sociales et les emplois-jeunes).
Contribution à la croissance de l'emploi
marchand
entre
juin 1997 et juin 1999
(en milliers)
Emplois liés à la croissance |
420 |
Allégements de charges |
80 |
Réduction du temps de travail |
40 |
Autres mesures |
20 |
TOTAL |
560 |
Source : INSEE, DARES, Direction de la
Prévision
.
L'INSEE, la DARES et la direction de la prévision du ministère de
l'économie confirment cette analyse puisque ces services
considèrent que sur les 560.000 emplois créés entre
juin 1997 et juin 1999, 500.000 ont été le fait de la croissance
et des dispositions ayant permis l'enrichissement de la croissance en emplois
(allégements de cotisations sociales, temps partiel...).
On peut rappeler également le rôle qu'a eu la mise en oeuvre de
l'euro dans le renforcement de la croissance.
Comme le soulignait dernièrement M. Jean-Paul Fitoussi,
président de l'OFCE lors de son audition par votre rapporteur :
" La France est le pays d'Europe qui a le plus
bénéficié de la monnaie unique, à travers une
baisse des taux d'intérêt réels de quatre points ".
Il a également considéré que les
" créations d'emplois correspondent au surcroît de
croissance consécutif à cette baisse des taux
d'intérêt "
.
1(
*
)
Les évolutions de l'emploi et du chômage
|
1997 |
1998 |
1999 prévision |
2000 prévision |
Emplois dans les entreprises du champ UNEDIC |
258.000 |
301.000 |
361.000 |
386.000 |
Emplois totaux |
276.000 |
360.000 |
379.000 |
418.000 |
Chômage catégorie 1 (en glissement) |
- 41.000 |
- 135.000 |
- 240.000 |
- 250.000 |
Chômage catégories 1 + 6 |
76.000 |
- 105.000 |
- 220.000 |
- 230.000 |
Source : UNEDIC
On ne peut que se féliciter de ce retour de la croissance et des
créations d'emplois qui sont la conséquence de la politique de
rigueur et de convergence économique et monétaire menée
depuis 1986 avec, il est vrai, plus ou moins de constance, notamment au
début des années 1990.
Ces bons résultats démontrent tout l'intérêt que
peut avoir une monnaie unique européenne pour favoriser la croissance
dans un espace économique unifié comme l'est l'Union
européenne.
Evolution des effectifs des entreprises entre 1985 et
1997,
selon leur nombre de salariés
Source : INSEE
Ces bons résultats devraient se confirmer dans les années
à venir. L'UNEDIC prévoit en effet une poursuite des
créations d'emplois qui devraient dépasser les 360.000 dans les
deux ans qui viennent et permettre une réduction du nombre de
chômeurs de 220 à 230.000 par an.
Si la croissance devrait permettre de faire baisser le taux de chômage en
dessous de 10 % comme il est normal en phase d'activité, la
question du plein emploi reste encore en débat compte tenu du
déficit de réformes structurelles du marché du travail.
Le marché du travail en septembre 1999
|
Sept. 1999 |
Variation sur un mois |
Variation sur un an |
Demandes d'emploi en fin de mois (catégorie 1, CVS, en milliers (1) |
2.695,2 |
- 3,0 % |
- 8,9 % |
Demandeurs d'emploi en fin de mois (catégories 1+6, CVS, en milliers) dans le mois (catégorie 6, données brutes, en milliers ) (2) |
3.215,8 |
- 1,5 % |
- 6,7 % |
Chômeurs au sens du BIT (CVS, en milliers ) (3) |
2.877,0 |
- 2,2 % |
- 5,5 % |
Taux de chômage (CVS, en %) |
11,1 % |
- 0,2 point |
- 0,7 point |
(1)
Les demandeurs d'emploi en fin
de mois
de catégorie 1 sont les personnes inscrites à l'ANPE
déclarant être à la recherche d'un emploi à temps
plein et à durée indéterminée et n'ayant pas
exercé une activité réduite de plus de 78 heures dans
le mois (pour mémoire, un mi-temps correspond en principe à
84,5 heures par mois). Ils sont comptés exhaustivement à
partir des fichiers de l'Agence nationale pour l'emploi.
(2)
La somme des catégories 1 à 6 correspond
exactement à l'ancienne catégorie 1 des demandeurs d'emploi. Ce
sont toutes les personnes inscrites à l'ANPE déclarant être
à la recherche d'un emploi à temps plein et à durée
indéterminée, y compris celles qui ont exercé une
activité réduite de plus de 78 heures au cours du mois.
Elles sont comptées exhaustivement à partir des fichiers de
l'Agence nationale pour l'emploi.
(3)
Les chômeurs au sens du Bureau international du
travail (BIT) sont les personnes sans emploi, à la recherche d'un emploi
et immédiatement disponibles. Ils sont comptés par sondage au
1/300
e
lors de l'enquête annuelle sur l'emploi
effectuée par l'INSEE en mars.
Emploi
|
SEPT. 1999 |
Variation sur un trimestre |
Variation sur un an |
Emploi salarié (ensemble des secteurs hors agriculture, administration, éducation, santé et action sociale, CVS, en milliers ) |
14.041,5 |
+ 0,6 % |
+ 1,9 % |
|
SEPT. 1999 |
Variation sur un mois |
Variation sur un an |
Offres d'emploi enregistrées à l'ANPE (Types A+B+C, CVS, en milliers ) |
256,5 |
+ 1,3 % |
+ 14,4 % |
Source : ministère de l'emploi et de la
solidarité.
En septembre dernier, le nombre de demandeurs d'emplois est passé en
dessous de la " barre " des 2,7 millions tandis que le nombre de
chômeurs était encore proche des 2,9 millions.
On peut remarquer qu'un taux de chômage proche des 10 %
équivaudrait tout de même à quelque 2,5 millions de
chômeurs, ce qui constitue un niveau encore beaucoup trop
élevé.
Il est à noter qu'au 30 septembre, la France a franchi, pour la
première fois, le " cap " des 14 millions de salariés
employés dans l'ensemble des secteurs concurrentiels.
Les
bénéficiaires de l'UNEDIC
Résultats mensuels définitifs - Territoire
métropolitain
Septembre 1999
|
Septembre 1998 |
Septembre 1999 |
Evol. annuelle |
Allocataires en cours en fin de mois |
2.327.639 |
2.383.644 |
2,4 |
Allocation unique dégressive (AUD) |
1.482.873 |
1.522.911 |
2,7 |
Allocation de chômeur âgé (ACA) |
66.203 |
83.573 |
26,2 |
Allocation de formation reclassement (AFR) |
48.234 |
48.623 |
0,8 |
Allocation spécifique de conversion (ASC) |
35.684 |
35.939 |
0,7 |
Rémunération des stagiaires du régime public (RSP) |
4.145 |
3.908 |
- 5,7 |
Allocation de solidarité spécifique (ASS) |
450.162 |
457.560 |
1,6 |
Allocation d'insertion (AI) |
17.916 |
23.046 |
28,6 |
Préretraite AS-FNE |
94.803 |
77.738 |
- 18,0 |
Préretraite progressive |
52.046 |
47.925 |
- 7,9 |
Allocation complémentaire (ACO) |
689 |
606 |
- 12,0 |
Allocation de remplacement pour l'emploi (ARPE) |
74.256 |
81.815 |
10,2 |
Garanties de ressources |
628 |
0 |
- 100,0 |
B. UN TAUX DE CHÔMAGE STRUCTUREL QUI RESTE PARMI LES PLUS ÉLEVÉS D'EUROPE
Vos
rapporteurs se félicitent de la baisse du chômage. Ils
considèrent qu'elle est le fruit d'un retour de la croissance mais aussi
des efforts conjugués des chefs d'entreprise et des salariés. Ils
observent néanmoins que celle-ci est encore insuffisante pour que l'on
puisse considérer le chômage comme vaincu. Ils s'interrogent, en
conséquence, sur les moyens d'obtenir des résultats plus
conformes avec les performances des grands pays développés qui
atteignent des taux de chômage proches des 5 % de la population
active.
L'OCDE prévoit que le taux de chômage français pourrait
revenir autour de 9,6 % en 2001.
Ce niveau est considéré habituellement comme un plancher par les
économistes compte tenu des caractéristiques du marché du
travail français. Selon ces analyses, plus le taux de chômage se
rapprochera des 10 %, moins la main-d'oeuvre qualifiée sera
disponible, car ayant déjà trouvé un emploi ; et plus
les tensions salariales seront importantes, ce qui pourrait amener les
autorités monétaires, si elles constatent des évolutions
similaires dans d'autres pays d'Europe, à augmenter les taux
d'intérêt et à pénaliser ainsi la croissance.
La
croissance du PIB en France, en Allemagne et au Royaume-Uni
en % (variation
annuelle)
Et la progression de l'emploi
en % (variation annuelle)
|
France |
|
|
|
Allemagne |
|
|
|
Royaume-Uni |
Source : Commission européenne
Seules des réformes structurelles du marché du travail peuvent
permettre d'abaisser le taux de chômage structurel de 9 à 5 %
afin de permettre une croissance durable. Ces réformes ont fait l'objet
de recommandations de la part de l'OCDE. Elles reposent sur des mesures ayant
trait à la flexibilité ou à la " souplesse "
mais pas seulement, la formation professionnelle et les incitations à la
création d'entreprise y tiennent une place importante.
Les recommandations de l'OCDE pour l'emploi
1. Elaborer une politique macro-économique qui
favorise la croissance
et qui, conjuguée à des politiques
structurelles bien conçues, la rende durable, c'est-à-dire non
inflationniste.
2. Améliorer le cadre dans lequel s'inscrivent la création
et la diffusion du savoir-faire technologique.
3.
Accroître la flexibilité du temps de travail
(aussi
bien à court terme que sur la durée de la vie active) dans le
cadre de contrats conclus de gré à gré entre travailleurs
et employeurs.
4.
Créer un climat favorable à l'entreprise
en
éliminant les obstacles et les entraves à la création et
au développement des entreprises.
5.
Accroître la flexibilité des coûts salariaux et
de main-d'oeuvre en supprimant les contraintes qui empêchent les salaires
de refléter les conditions locales et le niveau de qualification de
chacun
, en particulier des jeunes travailleurs.
6. Revoir les dispositions relatives à la sécurité de
l'emploi qui freinent son expansion dans le secteur privé.
7. Mettre davantage l'accent sur les politiques actives du marché
du travail et les rendre plus efficaces.
8. Améliorer les qualifications et les compétences de la
main-d'oeuvre en modifiant profondément les systèmes
d'enseignement et de formation.
9. Revoir les systèmes d'indemnisation du chômage et de
prestations connexes -et leurs interactions avec le système fiscal- de
sorte que les objectifs fondamentaux en matière de la
collectivité soient remplis sans porter atteinte au bon fonctionnement
des marchés du travail.
Source : OCDE, Etude sur l'emploi " La mise en oeuvre de la
stratégie pour l'emploi ", 1994.
Force est de constater que la France n'a pas encore pris toute la mesure des
efforts à produire, ceci alors même que son taux de chômage
structurel, déjà très élevé, stagne, voire
continue à augmenter. Cela signifie concrètement qu'un nombre
important de chômeurs continuent à être exclus de fait du
marché du travail. Faute de pouvoir bénéficier d'une
formation adéquate, ils ne peuvent satisfaire les demandes des
employeurs, ce qui favorise les tensions salariales puisque les candidats
qualifiés à la recherche d'un emploi deviennent relativement plus
rares. Par ailleurs, certains chômeurs peuvent également
être pénalisés par les rigidités du marché du
travail (droit du licenciement, 35 heures...) qui dissuadent les
employeurs d'embaucher en dépit du fait qu'ils pourraient en avoir
besoin.
Chômage structurel (1) dans les pays de l'OCDE, 1986, 1990, 1995 et 1998 (2)
(en pourcentage de la population active totale)
|
|
|
1986 |
1990 |
1995 |
1998 |
Dans les années 90 le taux de chômage structurel |
|
|
|
|
||
a augmenté |
Finlande |
|
4,9 |
6,2 |
12,3 |
11,8 |
|
Suède |
|
2,2 |
2,4 |
5,8 |
6,5 |
|
Suisse |
|
0,6 |
0,9 |
3,2 |
3,0 |
|
Grèce |
|
7,6 |
8,0 |
9,4 |
9,7 |
|
Allemagne |
|
6,4 |
6,1 |
7,8 |
7,9 |
|
France |
|
8,6 |
9,0 |
10,4 |
10,4 |
|
Japon |
|
2,5 |
2,4 |
2,9 |
3,6 |
|
Italie |
|
8,7 |
9,0 |
10,1 |
10,1 |
|
Autriche |
|
4,4 |
5,0 |
5,0 |
5,5 |
|
|
|
|
|
|
|
est resté stable |
Belgique |
|
9,7 |
8,3 |
8,2 |
8,1 |
|
Portugal |
|
7,9 |
5,7 |
5,5 |
5,5 |
|
Norvège |
|
3,0 |
4,5 |
4,8 |
4,0 |
|
|
|
|
|
|
|
a baissé |
Etats-Unis |
|
6,3 |
5,9 |
5,7 |
5,4 |
|
Canada |
|
9,3 |
9,1 |
9,4 |
8,5 |
|
Australie |
|
7,9 |
8,6 |
9,0 |
8,1 |
|
Espagne |
|
19,2 |
19,6 |
20,4 |
18,6 |
|
Nouvelle-Zélande |
|
4,7 |
6,8 |
6,6 |
5,8 |
|
Royaume-Uni |
|
10,4 |
9,0 |
8,1 |
7,7 |
|
Danemark |
|
6,7 |
7,4 |
7,0 |
5,6 |
|
Pays-Bas |
|
8,1 |
7,0 |
6,0 |
5,0 |
|
Irlande |
|
16,1 |
15,5 |
11,6 |
8,0 |
|
Taux de chômage structurel de l'OCDE (3) |
7,0 |
6,7 |
7,1 |
6,9 |
|
|
Taux de chômage observé de l'OCDE (3) |
7,7 |
6,0 |
6,0 |
7,2 |
(1) Les chiffres du chômage structurel proviennent
des
estimations de l'OCDE du
taux de chômage non
accélérateur des salaires
(NAWRU). Les NAWRU sont
calculés à l'aide de la définition couramment
utilisée des taux de chômage. Pour l'Allemagne, la Belgique et le
Danemark, on a préféré utiliser les taux de chômage
standardisés pour améliorer la comparabilité avec les
autres pays.
(2) Une variation est jugée significative (en termes absolus) si
elle st supérieure à un écart type. Celui-ci a
été calculé pour chaque pays sur la période
1986-98-.
(3) Moyenne pondérée des pays apparaissant dans le tableau.
Source : Secrétariat de l'OCDE.
Chômage structurel dans les pays de l'OCDE :
niveaux
et variations
au cours de la période 1990-98
Source : Secrétariat de l'OCDE
Cette question du taux de chômage structurel n'a rien de théorique
puisque l'on observe déjà des difficultés de recrutement
dans certaines professions, alors même que le taux de chômage reste
supérieur à 11 %. Dans le secteur du BTP, sept entreprises
sur dix auraient du mal à recruter du personnel qualifié
2(
*
)
. La Fédération française du
bâtiment (FFB) s'est faite l'écho des problèmes des
entreprises du secteur dans le recrutement de personnel qualifié.
Des problèmes de recrutement apparaissent également dans les
secteurs de l'informatique, du transport routier et de la
restauration-hôtellerie. Les tensions sur certains segments
spécialisés du marché de l'emploi s'accompagnent d'un
regain de tensions salariales consécutives à la mise en place des
35 heures
3(
*
)
. La modération
salariale prévue par les accords de réduction du temps de travail
est contestée par des salariés qui ne peuvent plus compter sur le
supplément de revenu qu'apportaient jusqu'alors les heures
supplémentaires et qui ne comprennent pas pourquoi ils ne
bénéficieraient pas de l'amélioration de la conjoncture
économique après plusieurs années de crise.
Le fait qu'un début d'amélioration sur le front du chômage
s'accompagne de pénuries sectorielles de main-d'oeuvre et de
revendications salariales constitue un indice probant de la justesse des
analyses de l'OCDE sur le niveau élevé (autour de 10,4 %) du
taux de chômage structurel français.
Taux de chômage standardisé
|
JUIN 97 |
JUIN 99 |
Evolution en points |
Evolution en % |
ESPAGNE |
21,0 |
16,1 |
- 4,9 |
- 23,3 |
SUÈDE |
10,4 |
7,0 |
- 3,4 |
- 32,7 |
IRLANDE |
10,1 |
6,7 |
- 3,4 |
- 33,7 |
FINLANDE |
12,6 |
10,0 |
- 2,6 |
- 20,6 |
PORTUGAL |
6,9 |
4,6 |
- 2,3 |
- 33,3 |
PAYS-BAS (1) |
5,5 |
3,3 |
- 2,2 |
- 40,0 |
FRANCE |
12,5 |
11,1 |
- 1,4 |
- 11,2 |
ROYAUME-UNI (2) |
7,3 |
6,2 |
- 1,1 |
- 15,1 |
DANEMARK |
5,5 |
4,5 |
- 1,0 |
- 18,2 |
ALLEMAGNE |
9,9 |
9,1 |
- 0,8 |
- 8,1 |
BELGIQUE |
9,5 |
9,0 |
- 0,5 |
- 5,3 |
AUTRICHE |
4,5 |
4,3 |
- 0,2 |
- 4,4 |
ITALIE (2) |
12,1 |
12,0 |
- 0,1 |
- 0,8 |
LUXEMBOURG |
2,6 |
2,8 |
0,2 |
7,7 |
ETATS-UNIS |
5,0 |
4,3 |
- 0,7 |
- 14,0 |
JAPON |
3,4 |
4,8 |
1,4 |
41,2 |
(1)
Mai 1999
(2)
Avril 1999.
Source : EUROSTAT (News Release, n° 78/79, 10 août
1999)
Vos rapporteurs ont été surpris de constater, à l'occasion
de ce débat sur le projet de loi de finances pour 2000, que le plein
emploi ne semblait pas constituer un objectif partagé par tous les
membres de la majorité de l'Assemblée nationale.
Dans le cadre de son rapport général
4(
*
)
sur le projet de loi de finances pour 2000, M. Didier
Migaud, rapporteur général, remet en effet en question l'objectif
d'un taux de chômage à 5 % lorsque celui-ci est atteint au
prix de concessions sur l'aspect " qualitatif " de la politique de
l'emploi. Il considère que la mise en oeuvre de la stratégie pour
l'emploi définie par l'OCDE signerait le
" constat de
décès du modèle du contrat de travail à
durée indéterminée avec une carrière longue dans
l'entreprise
".
Baisse du chômage, " nouvelle économie " et évolution du cours du pétrole
Le
développement des nouvelles technologies (internet,
téléphone portable, télévision numérique,
biogénétique...) constituerait la principale explication de la
formidable croissance observée aux Etats-Unis depuis sept ans et des
millions de créations d'emplois qui en ont été la
conséquence.
Depuis deux ans, les effets de la " nouvelle économie "
auraient commencé à toucher l'Europe. Dans le même temps,
les gouvernements revendiquent la paternité du retour du " cercle
vertueux emploi-revenu-consommation ". Ils déclarent que les
politiques spécifiques mises en oeuvre dans leurs pays respectifs ont
créé un marché du travail plus vigoureux et plus efficace.
Ainsi, le rapporteur général de l'Assemblée nationale
explique que : "
L'emploi s'améliore. Le chômage
recule à un rythme inconnu depuis longtemps. L'actuel Gouvernement
réussit donc là où le précédent a
échoué
"
5(
*
)
.
Pourtant il existe des opinions différentes pour expliquer ce retour de
la croissance et de l'emploi. Dans un article récent
6(
*
)
, M. Andrew Oswald
7(
*
)
déclare que la croissance et la baisse du
chômage sont la conséquence de la baisse du prix du pétrole
observée depuis 1991-1992 comme le laisse penser la forte
corrélation observée entre l'évolution du taux de
chômage aux Etats-Unis et l'évolution du prix réel du
pétrole.
Cet économiste observe qu'en 1998, le cours réel du
pétrole est descendu à son niveau le plus bas depuis la seconde
guerre mondiale. Il considère que globalement c'est en raison de la
baisse des prix de l'énergie que les coûts totaux des entreprises
ont diminué dans les années 1990.
Fort de ce constat, il considère que la forte augmentation actuelle du
prix du pétrole qui vient de dépasser les 26 $ fin novembre
contre 11 $ au début de l'année 1990 constitue un
véritable choc pétrolier dont les effets se répercutent
déjà dans les coûts des entreprises. Il estime que ce choc
devrait d'abord produire ses effets sur les prix des consommations
intermédiaires puis sur la production et l'emploi.
Evoquant les recommandations formulées par la Commission
européenne en matière de politique de l'emploi, le rapporteur
général de l'Assemblée nationale considère que
"
l'exemplarité du modèle anglais ou celle du
" miracle " hollandais demandent encore à être
démontrées
" étant donné que "
les
contreparties du modèle anglais de lutte contre le chômage sont
lourdes en termes d'inégalités et de
pauvreté
"
8(
*
)
.
Ce faisant, M. Didier Migaud, rapporteur général pour
l'Assemblée nationale, semble contester que la Commission
européenne prenne ces pays pour référence dans ses
recommandations adressées aux différents Etats en matière
de politique de l'emploi.
Propositions de la Commission européenne au Conseil
en vue
de formuler des recommandations sur la politique de l'emploi de chaque
Etat-membre - 1999
France
Après la reprise de la croissance économique en
1997,
la situation de l'emploi s'est améliorée en 1998. Toutefois, des
problèmes structurels notables subsistent, à savoir :
• un taux d'emploi inférieur à la moyenne (60,8 %)
dû au faible taux de participation des travailleurs de plus de
55 ans (29 %), qui est largement inférieur à la moyenne
européenne (40,3 %) ;
• une croissance très lente de l'emploi durant la majeure partie
des années 90 (0,1 % entre 1991 et 1998) ;
• un taux de chômage élevé, dépassant de
près de deux points la moyenne européenne, et un fort taux de
chômage de longue durée ;
• des niveaux élevés de chômage des jeunes dus aux
difficultés posées par le passage de l'école au travail,
notamment pour les jeunes peu qualifiés ;
• des coûts salariaux indirects élevés,
supérieurs à la moyenne européenne ;
• le potentiel de création d'emplois dans le secteur des services
qui, bien qu'il représente une part importante de l'emploi initial,
n'occupe que 40 % environ de la population en âge de travailler,
soit 10 % de moins que la moyenne des Etats membres les plus performants.
La France est invitée à :
- reconsidérer les régimes de prestations existants,
notamment ceux qui favorisent les départs en retraite anticipée,
afin d'inciter les travailleurs les plus âgés à rester plus
longtemps dans la vie active ;
- adopter et appliquer des stratégies cohérentes incluant
des mesures réglementaires, fiscales et d'autres types d'initiatives
destinées à réduire les charges administratives des
entreprises, en vue d'exploiter le potentiel de création d'emplois du
secteur des services en s'appuyant notamment sur les récents efforts
d'ouverture de nouvelles perspectives d'emploi pour les jeunes ;
- poursuivre et évaluer les mesures destinées à
réduire la pression fiscale sur les travailleurs, notamment les
travailleurs non qualifiés et peu rémunérés ;
- renforcer le partenariat social en vue d'adopter une approche globale en
matière de modernisation de l'organisation du travail.
Source : Commission européenne, dossier emploi, volet III,
1999.
Vos rapporteurs regrettent que le rapporteur général de
l'Assemblée nationale, comme la majorité des membres de cette
assemblée, prennent leurs distances par rapport aux recommandations que
peuvent formuler l'OCDE ou la Commission européenne au motif qu'elles
s'appuient sur l'expérience de pays ayant réussi à
réduire considérablement le chômage à travers une
flexibilité accrue du marché du travail. Ils observent que ce
sentiment coïncide avec le refus de nos partenaires de privilégier
des politiques de l'emploi fondées sur l'abaissement de la durée
légale du travail et le développement de l'emploi dans le secteur
non marchand.
Ils considèrent que le Gouvernement devrait effectivement s'inspirer des
recommandations des grandes institutions que sont l'OCDE, la Commission
européenne et la BCE afin d'amplifier les créations d'emplois
obtenues aujourd'hui grâce au retour de la croissance et à la
baisse des taux d'intérêt réels depuis deux ans.
C. LE BILAN DES DISPOSITIFS SPÉCIFIQUES DE LA POLITIQUE DE L'EMPLOI
Les entrées dans les dispositifs spécifiques de la politique de l'emploi
|
Flux d'entrées (milliers) |
Evolutions (%) |
||||
|
1996 |
1997 |
1998 |
1999-S1* |
1998-1997 |
99S1*-9851* |
Emploi aidé dans le secteur marchand dont : |
|
|
|
|
|
|
Abaissement des coûts salariaux dont : |
|
|
|
|
|
|
Abattement temps partiel |
212 |
225 |
218 |
109 |
- 3,1 |
+ 2,3 |
Contrat initiative-emploi |
289 |
213 |
196 |
83 |
- 8,2 |
- 26,1 |
Exonérations à l'embauche |
76 |
87 |
104 |
53 |
- 19,5 |
- 5,3 |
Formation en alternance |
335 |
366 |
390 |
129 |
+ 6,7 |
+ 0,9 |
Source : DARES, MES
L'incidence des dispositifs spécifiques de la politique de
l'emploi
9(
*
)
sur le niveau du chômage est
restée neutre en 1998 du fait notamment de la contraction, classique
dans une conjoncture économique favorable, de l'utilisation des
systèmes d'accompagnement des restructurations et des retraites.
L'influence de ces dispositifs sur le marché du travail est cependant
loin d'être négligeable puisqu'ils concernaient 2,3 millions
de personnes en 1998, soit près d'un salarié sur dix.
Les entrées dans les mesures d'emploi aidé du secteur marchand
ont progressé d'environ 3 % en 1988.
Nombre
de personnes présentes dans les dispositifs spécifiques
de la
politique de l'emploi
France métropolitaine
Données arrêtées
|
Effectifs au 31.12.1996 |
Effectifs au 31.12.1997 |
Effectifs au 31.12.98 |
Variation 97/96
|
Variation 98/97
|
Emploi marchand aidé |
1.520.000 |
1.570.000 |
1.574.000 |
3,3 |
0,3 |
Emploi non marchand aidé |
410.000 |
412.000 |
459.000 |
0,5 |
11,4 |
Actions de formation |
118.000 |
119.000 |
113.000 |
0,8 |
- 5,0 |
Accompagnement des restruc-turations et préretraites (avec ARPE) |
341.000 |
324.000 |
291.000 |
- 5,0 |
- 10,2 |
Ensemble |
2.389.000 |
2.425.000 |
2.437.000 |
1,5 |
0,5 |
Sources : MES-DARES, CNASEA, ANPE, UNEDIC
Ces dispositifs s'articulent pour l'essentiel autour de trois
composantes : les mesures non ciblées sur des publics particuliers
(exonération premier salarié, abattement temps partiel, mesures
zonées), celles en direction des demandeurs d'emploi (CIE et conventions
de coopération) et les mesures destinées aux jeunes (alternance).
Il faut y ajouter l'ACCRE (aide aux chômeurs créateurs
d'entreprises) et les organismes d'insertion par l'économie.
On constate un dynamisme persistant de l'alternance avec une progression des
recrutements de jeunes de plus de 6 % (après + 9 % en
1997).
Cette progression a été particulièrement sensible pour les
contrats de qualification (+ 15 % avec 114.000 contrats), puis pour
les contrats d'adaptation (+ 7 % avec 60.000 contrats). Les
recrutements d'apprentis se sont maintenus pour leur part au voisinage du
niveau élevé atteint l'année précédente
(210.000 embauches en 1998).
La
politique de l'emploi entre 1997 et 1998
(flux)
|
|
|
Evolution en % |
|
Entrées 1997 |
Entrées 1998 |
An. 1998/ An. 1997 |
Emploi aidé dans le secteur marchand |
967.878 |
997.631 |
3,1 |
Abaissement de coûts salariaux |
549.918 |
549.781 |
- 0,0 |
Abattements temps partiel |
225.294 |
218.298 |
- 3,1 |
Exonération 1 er salarié |
74.697 |
87.503 |
17,1 |
Exo. de 1 à 50 salariés (zones de redyn. urbaine) |
2.292 |
4.375 |
90,9 |
Exo. de 1 à 50 salariés (zones de revital. rurale) |
10.268 |
12.533 |
22,1 |
Exo. de 1 à 50 salariés (zones franches) |
nd |
nd |
- |
CIE |
212.739 |
195.336 |
- 8,2 |
Conventions de coopération |
24.628 |
31.736 |
28,9 |
Formation en alternance |
366.587 |
390.588 |
6,5 |
Contrats d'apprentissage |
207.701 |
210.851 |
1,5 |
Contrats de qualification |
99.689 |
114.283 |
14,6 |
Contrats d'adaptation |
56.261 |
60.242 |
7,1 |
Contrats d'orientation |
2.936 |
5.212 |
77,5 |
Aide à la création d'emplois et d'activités |
|
|
|
ACCRE (a) |
34.093 |
39.431 |
15,7 |
Insertion par l'économique (b) |
|
|
|
Entreprises d'insertion (embauches sous CDD) |
9.135 |
7,6 |
|
Associations intermédiaires (a) |
74.193 |
74.168 |
- 0,0 |
Emploi aidé dans le secteur non marchand |
610.067 |
647.200 |
6,1 |
Contrats emploi-solidarité (n. conv+ave.) |
502.443 |
440.655 |
- 12,3 |
Contrats emplois consolidés (n. conv+ave.) |
91.171 |
98.669 |
8,2 |
Contrats emploi ville (n. conv+ave.) |
13.531 |
6.959 |
- 48,6 |
Contrats emplois jeunes (embauches) (*) |
2.922 |
100.917 |
- |
Actions d'insertion et de formation |
405.516 |
404.527 |
- 0,2 |
- Auprès des adultes (c) |
218.969 |
211.925 |
- 3,2 |
. Stages d'insert. et de formation à l'emploi |
174.925 |
174.027 |
- 0,5 |
. Stages d'accès à l'entreprise |
36.941 |
31.148 |
- 15,7 |
. Stages FNE-cadres |
7.103 |
6.750 |
- 5,0 |
- Auprès des jeunes (d) |
186.547 |
192.602 |
3,2 |
. actions de form. alternée fin. Par l'Etat |
33.907 |
38.099 |
12,4 |
. actions de form. alternée fin. Par les régions |
152.640 |
154.503 |
1,2 |
Accompagnement des restructurations (hors ARPE) |
215.526 |
167.814 |
- 22,1 |
Conventions de conversio(e) |
138.094 |
108.061 |
- 21,7 |
Mesures du FNE |
34.893 |
24.364 |
- 30,2 |
dont : - cellules de reclassement (f) |
23.213 |
17.789 |
- 23,4 |
- aide au passage à mi-temps/temps partiel (g) |
7.601 |
3.924 |
- 48,4 |
Préretraites allocations spéciales FNE (e) |
21.669 |
18.672 |
- 13,8 |
Préretraites progressive(e) |
20.870 |
16.717 |
- 19,9 |
Allocation de remplacement pour l'emploi (e) |
35.353 |
43.438 |
22,9 |
Ensemble |
2.234.340 |
2.260.610 |
1,2 |
(*)
Hors contrats de droit public Education nationale qui, en 1997, ont
précédé les signatures de contrats emploi-jeunes
N.B. : Tous les flux d'entrées correspondent à des embauches
ou des contrats signés, sauf :
(a) nb de bénéficiaires ;
(b) Insertion par l'économique :
- Entreprises d'insertion : il ne s'agit ici que des embauches sous CDD
avec l'aide forfaitaire spécifique aux EI.
- Associations intermédiaires : moyenne du nombre des personnes
mises à disposition durant la période.
(c) Entrées en stage ; (d) entrées en
rémunération ou en protection sociale (hors AFR) ;
(e) premiers paiements ; (f) bénéficiaires
potentiels ; (g) adhésions individuelles.
Les entrées dans les dispositifs aidés du secteur non marchand
ont progressé en 1998, notamment du fait du programme " nouveaux
services-nouveaux emplois " (emplois-jeunes). Les recrutements en contrat
emploi-solidarité ont, quant à eux, enregistré un nouveau
recul (de plus de 12 % avec 441.000 conventions signées en 1998
contre 502.000 en 1997). Les publics prioritaires représentaient en 1998
70 % des signataires des conventions CES (contre 68 % en 1997 et
60 % en 1996). On observe que la part des demandeurs d'emploi inscrits
depuis plus de 3 ans à l'ANPE et des bénéficiaires du RMI
est passée de 21,6 % du nombre des CES en 1997 à 24 %
en 1998. Le recentrage autour des publics prioritaires est également en
cours pour les contrats emplois consolidés (CEC).
On peut remarquer également que les entrées dans les stages
d'insertion et de formation ont stagné en 1998 pour ce qui est des
adultes, alors que le nombre de jeunes concernés par ces actions a
augmenté.
Les actions de formation dirigées vers les publics adultes ont
regroupé 212.000 stagiaires dont 174.000 ont participé à
un stage SIFE " collectif " destiné en priorité aux
demandeurs d'emploi d'au moins 25 ans qui rencontrent des difficultés
particulières d'accès à l'emploi. Par ailleurs, 193.000
jeunes sont entrés en stage de formation financés conjointement
par les régions et l'Etat.
Par ailleurs, comme on peut s'y attendre dans un contexte économique
amélioré, les entrées dans les mesures d'accompagnement
des restructurations se sont sensiblement contractées. Le nombre des
licenciés économiques pris en charge dans le cadre d'une
convention de conversion a reculé de plus de 20 % (108.000 contre
138.000 en 1997).
La
politique spécifique de l'emploi de 1996 et 1998
(Stocks)
France métropolitaine
|
Effectifs au |
Effectifs au |
Effectifs au |
Evolution (en %) |
|
|
31.12.1996 |
31.12.1997 |
31.12.1998 |
fin 1997/ fin 1996 |
fin 1998/ fin 1997 |
Emploi aidé dans le secteur marchand |
1.520.000 |
1.570.000 |
1.574.000 |
3,3 |
0,3 |
Abaissement de coûts salariaux |
1.024.000 |
1.038.000 |
1.003.000 |
1,4 |
- 3,4 |
Abattements temps partiel |
409.000 |
449.000 |
468.000 |
9,8 |
4,2 |
Exonération 1 er salarié |
117.000 |
117.000 |
130.000 |
0,0 |
11,1 |
Exonération 2 ème et 3 ème salariés |
2.000 |
- |
- |
- |
- |
CRE + CIE |
427.000 |
442.000 |
375.000 |
3,5 |
- 15,2 |
Conventions de coopération |
16.000 |
22.000 |
30.000 |
37,5 |
36,4 |
Aide au premier emploi des jeunes |
53.000 |
8.000 |
- |
- 84,9 |
- |
Formation en alternance |
473.000 |
511.000 |
543.000 |
8,0 |
6,3 |
Contrats d'apprentissage |
315.000 |
338.000 |
352.000 |
7,3 |
4,1 |
Contrats de qualification |
124.000 |
129.000 |
145.000 |
4,0 |
12,4 |
Contrats d'adaptation |
33.000 |
43.000 |
44.000 |
30,3 |
2,3 |
Contrats d'orientation |
1.000 |
1.000 |
2.000 |
0,0 |
100,0 |
Aide à la création d'emplois et d'activités |
|
|
|
|
|
ACCRE |
17.000 |
14.000 |
21.000 |
- 17,6 |
50,0 |
Insertion par l'économique |
|
|
|
|
|
Entreprises d'insertion (a) |
6.000 |
7.000 |
7.000 |
16,7 |
0,0 |
Associations intermédiaires (a) |
44.000 |
44.000 |
44.000 |
0,0 |
0,0 |
Emplois aidés dans le secteur non marchand |
410.000 |
412.000 |
459.000 |
0,5 |
11,4 |
Contrats emploi-solidarité |
331.000 |
285.000 |
250.000 |
- 13,9 |
- 12,3 |
Contrats emplois consolidés |
75.000 |
90.000 |
100.000 |
20,0 |
11,1 |
Contrats emploi ville |
4.000 |
14.000 |
7.000 |
250,0 |
- 50,0 |
Contrats emplois jeunes |
- |
23.000 |
102.000 |
- |
343,5 |
Stages et actions d'insertion et de formation |
118.000 |
119.000 |
113.000 |
0,8 |
- 5,0 |
- Auprès des adultes (b) |
85.000 |
82.000 |
75.000 |
- 3,5 |
- 8,5 |
. SIFE collectifs + individuels |
74.000 |
70.000 |
67.000 |
- 5,4 |
- 4,3 |
. Stages d'accès à l'entreprise |
8.000 |
9.000 |
5.000 |
12,5 |
- 44,4 |
. Stages FNE-cadres |
3.000 |
3.000 |
3.000 |
0,0 |
0,0 |
- Auprès des jeunes (avec programmes régionaux) (b) |
33.000 |
37.000 |
38.000 |
12,1 |
2,7 |
Accompagnement des restructurations (hors ARPE) |
291.000 |
258.000 |
214.000 |
- 11,3 |
- 17,1 |
Conventions de conversion (c) |
64.000 |
60.000 |
46.000 |
- 6,3 |
- 23,3 |
Mesures du FNE |
43.000 |
35.000 |
25.000 |
- 18,6 |
- 28,6 |
dont : - cellules de reclassement (d) |
25.000 |
23.000 |
18.000 |
- 8,0 |
- 21,7 |
- aide au passage à mi-temps/temps partiel (e) |
12.000 |
8.000 |
4.000 |
- 33,3 |
- 50,0 |
Préretraites allocations spéciales FNE (c) |
129.000 |
108.000 |
91.000 |
- 16,3 |
- 15,7 |
Préretraites progressive(c) |
55.000 |
55.000 |
52.000 |
0,0 |
- 5,5 |
Allocation de remplacement pour l'emploi (c) |
50.000 |
66.000 |
77.000 |
32,0 |
16,7 |
Ensemble |
2.389.000 |
2.425.000 |
2.437.000 |
1,5 |
0,5 |
N.B. : le CIE a pris la suite du CRE à partir de
juillet 1995. Toutes les données correspondent à des embauches ou
des contrats signés, sauf : (a) salariés actifs en fin
d'année ; (b) stagiaires présents en fin
d'année (c) allocataires en cours en fin de moi ; (d)
bénéficiaires potentiels ; (e) adhésions
individuelles.
Sources : MES-DARES, CNASEA, ANPE, UNEDIC.
II. LA RÉFORME DES COTISATIONS SOCIALES CÈDE LE PAS DEVANT LA NÉCESSITÉ DE FINANCER LES 35 HEURES
|
LFI 1999 |
PLF 2000 |
Evolution en % |
PROMOTION DE L'EMPLOI ET ADAPTATION ECONOMIQUES PUBLICS PRIORITAIRES |
55.515,93 |
12.715,25 |
- 77,1 % |
A - Réduction du temps de travail |
6.753,00 |
7.170,00 |
6,2 % |
Loi du 13 juin1998 |
3.500,00 |
4.300,00 |
22,9 % |
Aides au conseil RTT |
200,00 |
150,00 |
- 25,0 % |
Loi du 11 juin 1996 |
3.053,00 |
2.720,00 |
- 10,9 % |
B - Allégement du coût du travail |
46.050,20 |
3.382,00 |
- 92,7 % |
Ristourne dégressive |
42.725,00 |
0,00 |
- 100,0 % |
Allocations familiales |
460,00 |
460,00 |
0,0 % |
ZRR-ZRU / ZF / Corse |
1.400,00 |
1.556,00 |
11,1 % |
Divers : HCR/DOM/Presse/Travailleurs indépendants |
1.465,20 |
1.366,00 |
- 6,8 % |
C - Promotion de l'emploi |
562,53 |
551,44 |
- 2,0 % |
Dotations pour la promotion de l'emploi |
96,14 |
96,44 |
0,3 % |
Aides au conseil, ingénierie |
26,39 |
15,00 |
- 43,2 % |
Diagnostic conseil et développement des entreprises nouvelles |
440,00 |
440,00 |
0,0 % |
D - Accompagnement des restructurations |
2.150,20 |
1.611,81 |
- 25,0 % |
Chômage partiel |
480,00 |
210,81 |
- 56,1 % |
Dotation globale - restructurations |
478,00 |
401,00 |
- 16,1 % |
Conventions de conversion |
927,00 |
750,00 |
- 19,1 % |
Divers : ATD |
60,20 |
45,00 |
- 25,2 % |
Inscription des demandeurs d'emploi à l'UNEDIC |
205,00 |
205,00 |
0,0 % |
(en millions de francs)
A. LE RÉGIME DES ALLÉGEMENTS DE COTISATIONS SOCIALES EST MAINTENANT ÉTROITEMENT LIÉ AUX 35 HEURES
1. Les crédits consacrés aux allégements de cotisations sociales progressent à nouveau
Le
montant total des exonérations de cotisations liées aux mesures
destinées à favoriser l'emploi, qu'elles soient ou non
compensées par l'Etat, a été, pour le régime
général, de 79,7 milliards de francs en 1998 et est
évalué à 77,3 milliards de francs en 1999.
Le montant prévu en 2000, incluant le nouveau barème
d'allégement des charges sociales et l'aide structurelle dont
bénéficieront les entreprises ayant abaissé la
durée collective du travail à 35 heures, s'élève
à 94 milliards de francs, dont 78,6 milliards de francs pour les
exonérations compensées.
On observe que 23,14 milliards de francs sont inscrits dans le projet de budget
du ministère de l'emploi pour 2000 au titre des exonérations de
charges sociales compensées à la sécurité sociale.
Ce montant ne prend en compte ni la ristourne dégressive, ni le nouveau
barème d'allégement des cotisations sociales patronales pour les
entreprises à 35 heures, dont le financement sera assuré par le
fonds d'allégement des charges sociales.
Exonérations de cotisations liées aux mesures emploi
(en milliards de francs)
|
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999
|
PLF 2000 |
Exonérations non compensées |
6.834 |
12.331 |
14.134 |
14.749 |
15.805 |
16.800 |
15.290 |
15.390 |
Exonérations compensées
|
12.758 |
19.401 |
27.962 |
50.494 |
62.805 |
58.919 |
62.001 |
78.584
|
Total exonérations |
19.592 |
31.732 |
42.096 |
65.243 |
78.610 |
75.719 |
77.291 |
93.974 |
Budget emploi |
84.421 |
108.801 |
114.161 |
138.272 |
150.381 |
155.593 |
161.849 |
122.060 |
Part exonérations dans le budget emploi |
15 % |
18 % |
24 % |
36 % |
42 % |
38 % |
38,3 % |
19 % |
Parmi
les différentes exonérations de cotisations sociales patronales,
il convient de distinguer entre les exonérations qui font l'objet d'une
compensation intégrale par l'Etat au régime de
sécurité sociale et les autres.
Les exonérations compensées constituent la part la plus
importante puisqu'elles représentent plus de 78,5 milliards de
francs en 2000 sur un total d'exonérations proche de 94 milliards
de francs. Elles comprennent les exonérations relatives à la
" ristourne dégressive " sur les bas salaires, celles
relatives aux contrats du secteur marchand (CIE, CRE, CAE-DOM, contrats de
qualification adulte), ainsi que les mesures en faveur des jeunes (contrats
d'apprentissage, contrats de qualification, TRACE...), les exonérations
zonées et les exonérations relatives à la loi du 11 juin
1996 dite " loi de Robien ".
Exonérations de cotisations prises en charge par
l'Etat,
compensée au régime général
(en millions de francs)
|
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 prév. |
2000 prév. |
1.Allègement charges sur bas salaires |
4.019 |
10.566 |
17.646 |
37.782 |
47.340 |
39.750 |
39.362 |
61.871 |
Réduction bas salaires |
0 |
0 |
3.531 |
24.047 |
46.744 |
38.861 |
38.750 |
61.500 |
Exonération AF 100 % |
3.296 |
8.619 |
12.041 |
11.886 |
529 |
889 |
549 |
371 |
Exonération AF 50 % |
723 |
1.947 |
2.101 |
1.849 |
67 |
|
63 |
|
2.Contrats secteur marchand |
2.227 |
3.417 |
4.757 |
6.793 |
7.699 |
7.369 |
6.158 |
4.778 |
CIE |
0 |
0 |
256 |
4.110 |
6.440 |
6.424 |
5.510 |
4.336 |
CRE |
2.227 |
3.417 |
4.473 |
2.356 |
1.033 |
694 |
450 |
61 |
CAE-DOM |
0 |
0 |
28 |
327 |
226 |
251 |
198 |
n.d. |
Contrats qualification adultes |
- |
- |
- |
- |
- |
- |
n.d. |
381 |
3.Mesures en faveur des jeunes |
6.512 |
5.418 |
4.904 |
5.128 |
5.196 |
5.453 |
5.969 |
6.232 |
Contrats apprentissage |
2.186 |
2.210 |
2.504 |
3.065 |
3.351 |
3.415 |
3.649 |
3.678 |
Contrats qualification |
2.713 |
2.308 |
2.269 |
2.063 |
1.845 |
2.038 |
2.556 |
2.554 |
Exo-jeunes + CERMI |
1.613 |
900 |
131 |
0 |
0 |
0 |
0 |
|
TRACE |
- |
- |
- |
- |
- |
- |
0 |
0 |
4.Exonérations zonées |
0 |
0 |
655 |
791 |
1.295 |
2.539 |
3.007 |
2.423 |
ZRR, ZRU, ZFU. Zone franche Corse |
0 |
0 |
0 |
0 |
666 |
1.470 |
1.829 |
1.423 |
Secteur de production dans les DOM |
0 |
0 |
655 |
791 |
629 |
1.069 |
1.178 |
1.000 |
5.Réduction du temps de travail |
0 |
0 |
0 |
0 |
1.275 |
3.760 |
6.919 |
2.931 |
De Robien et Aubry |
|
|
|
|
|
3.760 |
6.919 |
2.931 (Robien) |
6.Autres |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
48 |
586 |
350 |
HCR |
- |
- |
- |
- |
- |
48 |
248 |
350 |
Entreprises d'insertion et intérim d'insertion |
- |
- |
- |
- |
- |
- |
338 |
n.d. |
TOTAL |
12.758 |
19.401 |
27.962 |
50.494 |
62.805 |
58.919 |
62.001 |
78.584 |
(1) Ristourne, allégement bas salaires et RTT
financés sur le fonds d'allégement des charges sociales
Instituée par la loi n° 95-882 du 4 août 1995, et
fusionnée en octobre 1996 avec l'exonération des cotisations
d'allocations familiales, la ristourne dégressive
bénéficie aux salaires mensuels jusqu'à 130 % du
SMIC. Le montant de la ristourne est calculé à partir de deux
coefficients différents selon que le montant des gains ou
rémunérations est ou non au moins égal au SMIC.
Les cotisations exonérées se sont élevées à
38,9 milliards de francs en 1998, et devraient représenter
38,7 milliards en 1999. Cette réduction, par rapport à 1997
où la ristourne représentait un coût de 47 milliards
de francs pour l'Etat, mesure la portée du changement du dispositif
intervenu depuis le 1
er
janvier 1998 : proratisation en
fonction de la durée du travail, abaissement du seuil
d'exonération (130 % du SMIC au lieu de 133 %) qui a pour
double effet de réduire le nombre de bénéficiaires et de
diminuer le montant de la ristourne.
En 2000, la ristourne continuera à bénéficier aux
entreprises qui resteront à 39 heures. Son financement sera
assuré par le fonds de financement de la réforme des cotisations
patronales de sécurité sociale qui disposera de ressources
affectées. Les entreprises qui seront passées à
35 heures bénéficieront du nouveau barème de charges
sociales et, le cas échéant, de l'aide incitative.
Les crédits affectés aux allégements de cotisations
sociales sur les bas salaires progressent en 2000 pour atteindre près de
62 milliards de francs. Il est à noter que cette augmentation
correspond au surcroît d'allégement prévu dans le cadre de
la réduction du temps de travail.
On constate par ailleurs que le montant des exonérations relatives au
CIE et aux exonérations zonées (ZRR, ZRU, zone franche corse...)
diminue sensiblement puisqu'il ne représentera plus que
2,4 milliards de francs contre 3 milliards de francs en 1999.
Enfin, les exonérations relatives à la loi du 13 juin 1996 dite
" loi de Robien " qui s'élevaient à 3 milliards de
francs en 1999 baissent de 11 % en 2000 à 2,7 milliards de
francs, alors que dans le même temps les exonérations
prévues au titre de la loi du 13 juin 1998 augmentent de 23 %
à 4,3 milliards de francs mais seront désormais inscrits au
fonds de financement de la réforme des cotisations sociales.
Les exonérations de cotisations sociales non compensées au
régime général devraient rester stables en 2000 à
15,4 milliards de francs. Elles concernent les CES pour 2,8 milliards
de francs, les CEC pour 2,4 milliards de francs, les exonérations
pour l'embauche des premiers salariés, à hauteur de
3,1 milliards de francs, l'abattement temps partiel pour
3,2 milliards de francs et les emplois familiaux à hauteur de
3,8 milliards de francs.
Exonérations de cotisations sociales non compensées au régime général
(en millions de francs)
|
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999
|
2000
|
CES |
3.546 |
4.420 |
4.785 |
4.462 |
3.807 |
3.700 |
3.200 |
2.800 |
CEC |
0 |
83 |
371 |
821 |
1.344 |
1.800 |
2.000 |
2.400 |
Exo 1 er salarié + 2 ème et 3ème |
2.512 |
2.830 |
3.141 |
3.006 |
2.710 |
3.200 |
3.100 |
3.100 |
Abattement temps partiel |
760 |
1.574 |
1.714 |
2.020 |
2.563 |
2.800 |
3.100 |
3.200 |
Emploi familiaux |
nd |
3.400 |
4.100 |
4.400 |
5.300 |
5.200 |
3.800 |
3.800 |
dont particuliers âgés ou invalides |
nd |
nd |
1.940 |
2.362 |
2.596 |
2.600 |
nd |
nd |
Contrats d'orientation |
12 |
24 |
15 |
10 |
11 |
100 |
40 |
40 |
Autres |
4 |
0 |
8 |
30 |
70 |
|
50 |
50 |
Total |
6.834 |
12.331 |
14.134 |
14.749 |
15.805 |
16.800 |
15.290 |
15.390 |
On
observe une baisse sensible des exonérations relatives aux CES et aux
emplois familiaux, alors que celles relatives aux CEC et à l'abattement
temps partiel continuent de progresser.
Ces évolutions traduisent l'effort de recentrage des dispositifs
engagé par le Gouvernement depuis deux ans, ainsi que sa volonté
de revoir le régime financier des emplois familiaux qui, après
avoir représenté 5,2 milliards de francs
d'exonérations en 1998, devrait s'élever à
3,8 milliards de francs en 2000.
2. Le fonds de financement de la réforme des cotisations sociales assure le financement des 35 heures
La
réforme des cotisations sociales est à l'ordre du jour depuis
plusieurs années. Deux rapports ont été
réalisés récemment à ce sujet avec pour mission de
préparer une réforme, il s'agit du rapport de M.
Jean-François Chadelat réalisé en 1997 et de celui de M.
Edmond Malinvaud rendu public en 1998.
M. Edmond Malinvaud a considéré que le choix d'une assiette
assise sur la valeur ajoutée constituerait un " pari
risqué " qui pourrait se traduire par une moindre prise de risque
pour les entreprises innovatrices, ceci pour un gain assez faible en termes
d'emplois. Il préconisait une baisse des cotisations patronales portant
sur les bas salaires et pouvant s'appliquer aux salaires jusqu'à deux
fois le SMIC (à comparer avec le seuil de 1,3 dans le cadre de la
ristourne dégressive actuelle).
Les conclusions du rapport Malinvaud ont mis le Gouvernement dans l'embarras,
le programme du parti socialiste pour les élections législatives
ayant prévu une "
modification progressive de l'assiette d'une
partie des cotisations patronales les faisant reposer sur l'ensemble de la
richesse produite par les entreprises et non sur le seul
travail
"
10(
*
)
.
La réforme que souhaitait voir discuter, à l'automne 1998,
Mme Martine Aubry
11(
*
)
a ainsi
été reportée à 1999.
Ce report de la réforme des cotisations patronales illustre
l'état d'inaboutissement de la réflexion en 1998 sur le sujet,
malgré le nombre considérable de rapports publiés sur la
question.
Par ailleurs, il est à noter, comme le soulignait, M. Charles Descours
dans son rapport
12(
*
)
sur le projet de loi de
financement de la sécurité sociale pour 1999 que le rapport
Malinvaud n'abordait qu'accessoirement le problème du financement de la
protection sociale. Or, votre commission a toujours considéré
qu'il ne pouvait y avoir de réforme des modalités de financement
de la sécurité sociale sans une réflexion conjointe sur
les prélèvements sur les ménages et les entreprises, d'une
part, et sur la cohérence et la pérennité des sources de
financement de la sécurité sociale, d'autre part.
La réforme des cotisations patronales annoncée en 1998 et
engagée à l'automne 1999 a pris un tour surprenant. Alors qu'on
attendait une amplification des allégements accompagnée d'une
pérennisation des financements, le Gouvernement a présenté
un projet de réforme qui conditionne l'augmentation des
allégements à la mise en oeuvre de la réduction du temps
de travail ainsi qu'une pérennisation des sources de financement
s'appuyant sur des impôts nouveaux. Notre collègue, Charles
Descours, a très justement qualifié de " synthèse
monstrueuse "
13(
*
)
le lien
opéré entre la réforme des cotisations patronales et la
seconde loi sur les 35 heures.
Vos rapporteurs partagent tout à fait l'analyse comme quoi la
réforme proposée ne correspond pas aux enjeux en présence
mais se borne à assurer le financement des 35 heures.
Le calcul des cotisations patronales n'est en effet pas affecté par la
prise en compte d'un élément " valeur ajoutée ",
d'un élément " bénéfices " ou d'un
élément " pollution ". Le Gouvernement se contente
d'ajouter aux cotisations sociales quatre prélèvements nouveaux.
Nouveau plan de financement du fonds de financement
de la
réforme des cotisations patronales en 2000
(au 26 octobre 1999)
Recettes |
Montant |
Dépenses |
Montant |
FISCALITE AFFECTEE |
|
BAISSE CHARGES SOCIALES |
|
Droits sur les tabacs |
39.500 |
Ristourne Juppé actuelle |
39.500 |
Taxe générale sur les activités polluantes |
3.250 |
Extension de la ristourne Juppé |
7.500 |
Contribution sociale sur les bénéfices des sociétés |
4.250 |
|
|
Droits sur les alcools |
5.600 |
|
|
I- Total fiscalité affectée |
52.600 |
I- Total baisse charges sociales |
47.000 |
CONCOURS DES FINANCES PUBLIQUES |
|
FINANCEMENT DIRECT DES 35 HEURES |
|
Etat |
4.300 |
Aides 35 heures loi 13 juin 1998 (incitatives) |
11.500 |
|
|
Aides 35 heures 2ème loi RTT (aide structurelle) |
6.000 |
II- Total concours finances publiques |
4.300 |
II- Total financement direct des 35 heures |
17.500 |
TOTAL RECETTES I+II |
56.900 |
TOTAL DEPENSES I+II |
64.500 |
Taxe heures supplémentaires (recette en trésorerie) |
6.000/9.000 |
|
|
Sources : PLF 2000, rapport économique, social et financier du PLF 2000, PLFSS 2000 - dépêche de AFP du 25 octobre 1999.
Plus
précisément, la création du " fonds de financement de
la réforme des cotisations patronales de sécurité
sociale " est prévue par l'article 2 du projet de loi de
financement de la sécurité sociale pour 2000. Ce fonds est
chargé de financer quatre types d'aides : la " ristourne
dégressive " actuelle, son extension pour les entreprises ayant
signé un accord de réduction du temps de travail, les aides
incitatives prévues par la loi du 13 juin 1998, ainsi que le montant de
l'aide structurelle prévue dans le cadre du projet de loi relatif
à la réduction négociée du temps de travail.
Ces dépenses sont financées par des recettes diverses : les
droits sur les tabacs, la taxe générale sur les activités
polluantes, la contribution sociale sur les bénéfices des
sociétés et les droits sur les alcools. Par ailleurs, un
contribution de l'Etat est prévue en 2000 à hauteur du montant
des crédits prévus pour l'aide incitative mentionnée dans
la loi du 11 juin 1998.
Il convient de rappeler que le Gouvernement avait prévu que l'UNEDIC et
les régimes de sécurité sociale participeraient au
financement de ce fonds au nom d'une logique de " recyclage ". Fort
heureusement, votre rapporteur a proposé, lors de la première
lecture, un amendement de suppression du paragraphe XVI de l'article 11 du
projet de loi relatif à la réduction négociée du
temps de travail prévoyant le principe de cette contribution qui a
été voté par le Sénat avec l'avis favorable du
Gouvernement qui a dû tenir compte de l'opposition unanime et
résolue des partenaires sociaux au principe de ce
prélèvement.
Le nouveau plan de financement " à terme "
(au 26 octobre 1999)
Recettes |
Montant |
Dépenses |
Montant |
FISCALITE AFFECTEE |
|
BAISSE CHARGES SOCIALES |
|
Droits sur les tabacs |
40.000 |
Ristourne Juppé actuelle |
40.000 |
Taxe générale sur les activités polluantes |
12.500 |
Extension de la ristourne Juppé |
25.000 |
Contribution sociale sur les bénéfices des sociétés |
12.500 |
|
|
Droit sur les alcools |
12.500 |
|
|
Total fiscalité affectée (I) |
77.500 |
Total baisse charges sociales (I) |
65.000 |
CONCOURS DES FINANCES PUBLIQUES |
|
FINANCEMENT DIRECT DES 35 HEURES |
|
Etat |
7.200 |
Aides 35 heures |
40.000 |
Total concours finances publiques (II) |
7.200 |
Total financement direct des 35 heures (II) |
40.000 |
TOTAL RECETTES (I+II) |
84.700 |
TOTAL DEPENSES (I+II) |
105.000 |
Taxe heures supplémentaires (recette en trésorerie) |
? |
|
|
Source : déclarations de Mme Martine Aubry
à
l'Assemblée nationale + Livre blanc TGAP - dépêche de AFP
du 25 octobre 1999
La création de ce fonds a pour conséquence une modification
substantielle de la nomenclature du budget emploi puisque les crédits
relatifs à la " ristourne dégressive " n'y figurent
plus désormais. Les crédits de l'emploi sont ainsi ramenés
à 122,06 milliards de francs contre 162,05 milliards de francs en 1999.
Enfin, il doit être souligné que si l'intitulé de l'article
10 du chapitre 44-77
" exonération de cotisations sociales
au titre de l'incitation à la réduction du temps de
travail "
laisse penser que les 4,3 milliards de francs inscrits
sont destinés à financer les aides incitatives prévues par
la loi du 13 juin 1998, ils constituent en fait une subvention au fonds de
financement de la réforme des cotisations patronales de
sécurité sociale, ce qui justifierait une modification de
l'intitulé de cet article.
B. LE GOUVERNEMENT PRIVILÉGIE LA RÉDUCTION DU TEMPS DE TRAVAIL PAR RAPPORT AU TRAVAIL À TEMPS PARTIEL
1. La réduction du temps de travail bénéficie de crédits budgétaires considérables
Les
crédits consacrés à la réduction du temps de
travail sont de plusieurs ordres.
Il convient de rappeler que 2,7 milliards de francs sont inscrits dans le
projet de loi de finances au titre de la loi du 11 juin 1996 dite " loi de
Robien ".
L'essentiel des crédits est toutefois le fait des deux lois
" Aubry ". La première loi du 13 juin 1998 (" loi Aubry
I ") a prévu une aide incitative de 9.000 francs par
salarié concerné avec des possibilités de majorations. Ces
aides devraient représenter 4,3 milliards de francs en 2000. Par
ailleurs, le projet de loi relatif à la réduction
négociée du temps de travail, qui est encore en discussion au
Parlement (" loi Aubry II "), est accompagné d'un dispositif
financier évalué à 65 milliards de francs en rythme
de croisière. Cette somme se répartit entre un surcroît
d'allégements de cotisations sociales pour 40 milliards de francs
et une compensation au surcoût entraîné par la
réduction du temps de travail pour 25 milliards de francs.
En 2000, le coût de l'extension de la ristourne dégressive pour
les entreprises passées à 35 heures est estimé à
7,5 milliards de francs alors que l'aide structurelle pourrait
s'élever à 6 milliards de francs.
Le coût total en 2000 des aides à la réduction du temps de
travail oscillerait donc entre 17,8 et 20,5 milliards de francs selon que
l'on prend en compte ou non la loi de Robien d'incitation volontaire à
la réduction du temps de travail, qui a été adoptée
par le Gouvernement précédent avec le soutien du Sénat.
Les trois régimes juridiques applicables à la réduction du temps de travail
|
Loi du 11 juin 1996 |
Loi du 13 juin 1998 |
Allégement structurel |
Conditions d'accès |
. RTT de 10 %
|
. RTT de
10 % au moins
|
. 35 heures mensuelles ou 1.600 heures
annuelles au
plus
|
Nature de l'aide |
. 40 % des cotisations patronales de
sécurité
sociale la 1
ère
année, 30 % les années
suivantes
|
. 9000 francs plus éventuelles majorations
(main-d'oeuvre, CDI,...)
|
. Aide pérenne
|
Cumul |
. Ristourne unique dégressive
|
. Ristourne unique dégressive
|
. En partie avec le Robien
|
Il est
à noter que pendant plusieurs années coexisteront des
régimes d'aides différentes relatifs à la loi du 11 juin
1996, à celle du 13 juin 1998 et à la future " loi Aubry
II ". Cette accumulation de dispositifs est une source de confusion.
Les tableaux ci-dessus et ci-dessous rappellent le régime applicable
à ces différentes aides ainsi que les règles de cumul. On
peut souligner, par ailleurs, que fin octobre, la loi du 13 juin 1998 n'a
permis la création que de 30 à 40.000 emplois constatés
selon les chiffres mêmes du ministère de l'emploi, ceci sans tenir
compte des effets d'aubaines.
Régime des aides et des cumuls applicables
|
1999 |
2000 |
2001 |
2002 |
2003 |
2004 |
2005 |
Entreprise ayant signé un accord loi du 11 juin 1996 en 1998 |
Allgt.
de 30 % des cotisat. SS pat.
|
Allgt.
de 30 % des cotisat. SS pat.
|
Allgt.
de 30 % des cotisat. SS pat.
|
Allgt.
de 30 % des cotisat. SS pat.
|
Allgt.
de 30 % des cotisat. SS pat.
|
Allgt.
de 30 % des cotisat. SS pat.
|
Allgt.. structurel |
Entreprise ayant signé un accord loi du 13 juin 1998 en 1999 |
Allgt.
de 9.000 F par sal.
|
Allgt.
de 8.000 F par sal.
|
Allgt.
de 7.000 F par sal.
|
Allgt.
de 6.000 F par sal.
|
Allgt.
de 5.000 F par sal.
|
Allgt. structurel |
Allgt. structurel |
Entreprise ayant signé un accord dans le cadre de l'article 11 |
- |
Allgt. structurel |
Allgt. structurel |
Allgt. structurel |
Allgt. structurel |
Allgt. structurel |
Allgt. structurel |
Entreprise ayant abaissé sa durée sans signer d'accord |
- |
- |
- |
- |
- |
- |
- |
Entreprise ayant conservé une durée collective supérieure à 35 heures |
- |
- |
- |
- |
- |
- |
- |
Source : MES
2. Le développement du travail à temps partiel est pénalisé
Le Gouvernement a souhaité privilégier la réduction généralisée du temps de travail accompagnée du maintien de la rémunération au développement du travail à temps partiel. La distinction entre ces deux formes de travail est essentielle, la réduction du temps de travail sans modification de la rémunération impose une compensation partielle par l'Etat sous forme d'aide incitative ou d'aide structurelle ainsi qu'un renchérissement des coûts de l'entreprise. L'idée est de préserver le pouvoir d'achat des salariés tout en obtenant un effet emploi. La France est aujourd'hui le seul pays à avoir choisi cette voie. Les autres pays européens privilégient le développement du travail à temps partiel qui constitue une véritable modalité du " partage du travail ". Ce mouvement est décentralisé, les partenaires sociaux définissant eux-mêmes les modalités de rémunération du travail à temps partiel.
Evolution du pourcentage de salariés à temps partiel entre 1982 et 1999
En pourcentage
NB : en 1990 et 1999, les enquêtes ont eu lieu au
mois de
janvier et non au mois de mars.
Source : Enquête emploi de l'INSEE.
Le développement du travail à temps partiel constitue une des
principales raisons de l'enrichissement de la croissance en emplois de
l'économie française. En janvier 1999 selon l'enquête
Emploi de l'INSEE, 17,2 % des actifs occupés travaillaient à
temps partiel, 18,1 % de l'ensemble des salariés et 17,7 % des
salariés du secteur privé. La progression du temps partiel pour
les salariés, qui a été d'un point par an en moyenne entre
1992 et 1997, s'est ralentie en 1997 et s'est stabilisée entre mars 1998
et janvier 1999.
Le dispositif réglementaire
L'abattement forfaitaire de 30 % des cotisations
patronales de
sécurité sociale pour l'emploi d'un travailleur à temps
partiel a été institué à la fin août 1992
pour les contrats à durée indéterminée dont la
durée de travail était comprise entre 19 et 30 heures
hebdomadaires ou entre 83 et 130 heures mensuelles. Le taux de
l'abattement a été porté à 50 % à
compter du 1
er
janvier 1993.
Le dispositif a été modifié par la loi quinquennale sur
l'emploi et la formation professionnelle du 20 décembre 1993 qui,
tout en élargissant le bénéfice de l'abattement aux
contrats dont la durée de travail était comprise entre 16 et
32 heures hebdomadaires, ramenait le taux de l'abattement à
30 % à partir du 8 avril 1994. La durée du travail
pouvait être appréciée non seulement sur une base
hebdomadaire ou mensuelle, mais aussi sur une base annuelle, de façon
à faire bénéficier de la mesure les entreprises dont
l'activité est soumise à une forte saisonnalité.
Le cumul avec le bénéfice de l'exonération totale ou
partielle de cotisations d'allocations familiales pour les bas salaires est
introduit en juillet 1993 et les exceptions à l'obligation d'embauches
compensatrices sont élargies depuis le 1
er
mai 1994. Ces
exceptions concernent notamment les licenciements collectifs pour motif
économique avec ou sans plan social.
La mesure s'applique à l'ensemble des employeurs hormis l'Etat, les
établissements publics, les collectivités territoriales et les
particuliers employeurs. L'autorisation préalable du directeur
départemental du travail, de l'emploi et de la formation professionnelle
est demandée si l'employeur a procédé à un
licenciement économique dans les six mois précédant
l'embauche ou la transformation d'emploi. Le bénéfice de
l'abattement est conditionné, sauf exception, au maintien du volume
d'heures travaillées au sein de l'entreprise en cas de transformation
d'emplois à temps complet en emplois à temps partiel.
Le droit à l'abattement est supprimé définitivement en cas
de retour au temps plein -au-delà de 32 heures-. Il est suspendu en
cas de modification du contrat de travail à l'intérieur de la
plage des 16-32 heures sans avenant au contrat ou en cas de
dépassement dû aux heures complémentaires.
Le mécanisme de l'abattement a été modifié par la
loi n° 98-461 du 13 juin 1998 d'orientation et d'incitation
relative à la réduction du temps de travail. Seuls les contrats
dont la durée hebdomadaire de travail est comprise entre 18 et
32 heures restent éligibles à la mesure. Les contrats
conclus sur une base annualisée en sont désormais exclus, sauf
dans le cas du temps partiel choisi. Pour un même salarié,
l'abattement n'est pas cumulable avec l'aide à la réduction du
temps de travail.
Les autres mesures en faveur du travail à temps partiel sont les
suivantes :
- convention FNE d'aide au passage à temps partiel, applicable
depuis juillet 1994 ;
- convention FNE de préretraite progressive, depuis avril 1993.
Depuis septembre 1992, les entreprises du secteur privé qui proposent
des contrats à durée indéterminée et à temps
partiel -qu'il s'agisse de nouvelles embauches ou de transformations d'un
contrat à temps plein- peuvent bénéficier, sous certains
conditions, d'un abattement permanent sur les charges sociales. Cet abattement
peut être cumulé avec les dispositifs généraux de
baisse du coût du travail au voisinage du SMIC mis en place depuis 1993.
Durant l'année 1997, le dispositif incitatif a été
particulièrement favorable aux employeurs de salariés à
temps partiel : le montant de la ristourne dégressive, mise en
place en octobre 1996, dépendait du salaire mensuel et était
indépendant de la durée du travail. Depuis le
1
er
janvier 1998, il tient compte de la durée du
travail, ce qui réduit l'avantage dont bénéficient
à ce titre les employeurs de salariés à temps partiel. En
outre, le seuil de la ristourne dégressive est passé de
1,33 SMIC à 1,3 SMIC.
Après une hausse de 6,1 % en 1997, le nombre de nouveaux contrats
dans le cadre du dispositif d'abattement a baissé d'environ 3 % en
1998, s'établissant à 218.000.
En 1998, l'effectif des personnes travaillant sur ce type de contrat continue
de progresser : il peut être évalué à
468.000 personnes fin 1998, contre 449.000 fin 1997 (+ 4 %).
Entrées et stocks en fin d'année de
salariés
employés
avec abattement de charges patronales de
sécurité sociale
pour l'emploi à temps partiel
Source : MES-DARES
Le Gouvernement ayant décidé de privilégier la
réduction du temps de travail sur le temps partiel, plusieurs
dispositions défavorables au développement de cette forme de
travail ont été adoptées. Depuis 1998, la ristourne
dégressive est calculée au prorata du nombre d'heures
rémunérées. Par ailleurs, le projet de loi relatif
à la réduction négociée du temps de travail
prévoit la suppression de l'abattement spécifique de 30 %
dont bénéficient les embauches de salariés sous contrat
à durée indéterminée à temps partiel depuis
la loi n° 92-1446 du 31 décembre 1992 (art.
L. 322-12 du code du travail). Vos rapporteurs ont pris position contre la
suppression de cet abattement.
Dispositifs généraux de baisse du coût du travail et abattement en faveur du travail à temps partiel (en l'état actuel du droit)
Depuis
le 1
er
octobre 1996, le mécanisme général
de baisse des charges patronales sur les bas salaires consiste en une ristourne
dégressive unique cumulable avec l'abattement pour l'emploi à
temps partiel. Le montant de la ristourne est fonction du niveau de salaire
mensuel exprimé en pourcentage du SMIC mensuel et, depuis le
1
er
janvier 1998, dépend de la durée du travail.
Depuis le 1
er
janvier 1998, la ristourne dégressive
concerne les salaires mensuels inférieurs à 1,3 SMIC et le
montant de la réduction est calculé
au prorata
du nombre
d'heures rémunérées. L'incidence de la ristourne sur le
coût du travail des salariés à temps partiel est donc
désormais moindre. Dans sa nouvelle version, la ristourne
dégressive permet ainsi aux employeurs de salariés à temps
plein dont le salaire mensuel est au niveau du SMIC de bénéficier
de l'allégement maximal, qui est de 12,4 %. Cet avantage maximal
tombe à 9,3 % pour un salarié à ¾ de temps et
à 6,2 % pour un salarié à mi-temps. Le cumul de la
ristourne dégressive et de l'abattement à temps partiel permet
donc, dans ces derniers exemples, une réduction totale du coût du
travail de respectivement 15,5 % et 12,4 % (contre 18,6 % pour
un salarié à temps plein). Au-delà du SMIC mensuel, la
ristourne devient dégressive pour s'annuler à 1,3 SMIC
mensuel.
En 1998, 90 % des personnes nouvellement concernées par
l'abattement à temps partiel percevaient moins de 1,3 SMIC, et
ouvraient droit au cumul de l'abattement et de la ristourne dégressive.
Ils observent que le durcissement opéré du régime
financier du travail à temps partiel accompagné d'un renforcement
des contraintes juridiques dans le recours à cette forme de travail
devrait s'avérer défavorable à l'emploi.
III. LA REMISE À PLAT DES DISPOSITIFS EN FAVEUR DES PUBLICS PRIORITAIRES SE POURSUIT
|
LFI 1999 |
PLF 2000 |
Evolution en % |
PUBLICS PRIORITAIRES |
49.056,70 |
52.787,38 |
7,6 % |
A - Actions spécifiques en faveur des jeunes |
14.427,53 |
21.802,00 |
51,1 % |
Nouveaux emplois/nouveaux services |
13.920,20 |
21.340,00 |
53,3 % |
Réseau d'accueil et TRACE |
507,33 |
462,00 |
- 8,9 % |
B - Actions d'insertion en faveur des publics en difficulté |
29.170,61 |
25.388,65 |
- 13,0 % |
Contrats emploi-solidarité |
9.904,00 |
9.010,55 |
- 9,0 % |
Contrats emploi-consolidé |
5.250,00 |
5.323,66 |
1,4 % |
Emplois ville |
141,16 |
124,00 |
- 12,2 % |
Contrats de retour à l'emploi - CERMI |
412,49 |
65,00 |
- 84,2 % |
Contrats d'initiative emploi |
9.500,00 |
7.013,33 |
- 26,2 % |
Programme chômeur de longue durée (SIFE, SAE) |
3.114,54 |
2.861,07 |
- 8,1 % |
FNE Cadres |
102,02 |
81,04 |
- 20,6 % |
Insertion par l'économique |
746,40 |
910,00 |
21,9 % |
C - Actions en faveur des travailleurs handicapés |
5458,56 |
5.596,73 |
2,5 % |
(en millions de francs)
A. LES CRÉDITS CONSACRÉS AUX EMPLOIS-JEUNES AUGMENTENT SENSIBLEMENT
La loi
n° 97-940 du 16 octobre 1997 modifiée par la loi du 29 juillet 1998
a pour objet de créer de nombreux emplois pour les jeunes dans le
secteur non marchand.
L'idée initiale était de favoriser au niveau local le
développement d'activités d'utilité sociale
répondant à des besoins non satisfaits ou insuffisamment
satisfaits.
Les employeurs devaient être à l'origine uniquement les
collectivités territoriales, les associations et les
établissements publics.
La
répartition des emplois-jeunes
Total |
217.550 emplois-jeunes |
Source : ministère de l'emploi
Il s'agissait en fait d'initier le développement de nouvelles
filières professionnelles. Ces nouveaux métiers devaient
répondre à des préoccupations " nouvelles "
comme l'environnement ou la mise en valeur du patrimoine, ou renouveler des
fonctions déjà existantes mais dont la " demande
sociale " a augmenté comme l'animation sportive ou l'accueil et
l'accompagnement des personnes âgées ou handicapées.
Le projet du Gouvernement a toutefois sensiblement évolué au
cours de la discussion parlementaire.
Les différents ministères (éducation nationale,
intérieur, justice...) ont fait part de leur souhait de créer des
emplois-jeunes. De même, les entreprises publiques (SNCF, RATP, La
Poste...) ont été " invitées " à
créer des emplois-jeunes.
En fait, il est apparu que, devant l'impossibilité à créer
350.000 emplois concernant des activités nouvelles dans le secteur non
marchand, le Gouvernement a souhaité préserver ses objectifs
quantitatifs en permettant à l'Etat de recruter des emplois-jeunes, ceci
au risque d'accroître la confusion quant aux objectifs et au devenir de
ces emplois au terme des cinq ans.
L'objectif était de 350.000 emplois, il apparaît, à la fin
du mois d'octobre, que 217.550 postes ont été créés
pour 203.200 embauches effectives. Le Gouvernement prévoit 310.000
emplois-jeunes au terme de l'année 2000.
Il est à noter que la mise en place d'un dispositif permettant le
recrutement de 350.000 emplois-jeunes dans le secteur marchand a
été abandonné.
Votre commission des Affaires sociales avait longuement analysé le bilan
de la loi du 16 octobre 1997 à l'occasion de l'examen des crédits
de l'emploi dans le projet de loi des finances pour 1999
14(
*
)
. Cette analyse avait démontré que
derrière un vocable unique, les " emplois-jeunes ", se
" cachaient " en réalité au moins quatre
catégories de dispositifs :
- les activités ayant véritablement vocation à
être pérennisées, notamment dans le domaine de la
médiation, elles constituent une minorité des embauches
annoncées ;
- les emplois correspondant à des dispositifs aidés, il
s'agit des emplois créés par l'Education nationale, la SNCF, la
Poste ; ils ont pour vertu principale d'occuper leurs détenteurs et
de réduire les chiffres du chômage. Des doutes subsistent
toutefois sur leur avenir et leur employabilité au terme des 5 ans. Dans
le secteur public, le risque existe du développement d'une
" sous-fonction publique " ;
- certains emplois-jeunes jouent le rôle de dispositif d'insertion
de publics spécifiques, notamment à l'attention des jeunes des
quartiers " en difficulté ". C'est notamment le cas de
certains emplois créés par la SNCF ou la RATP ;
- enfin, certains emplois constituent une voie d'entrée dans
l'administration par la petite porte. C'est le cas des adjoints de
sécurité qui pourraient bénéficier de places dans
le cadre de concours internes de gardiens de la paix.
Vos rapporteurs avaient observé que "
le plan emplois-jeunes ne
constituait pas une politique, mais une boîte à outils pour faire
baisser le taux de chômage des jeunes sans aucune vision globale de long
terme, à la différence d'autres dispositifs comme l'apprentissage
et l'alternance dont il freinait par ailleurs le
développement
".
Aujourd'hui et malgré le succès quantitatif de ce dispositif, vos
rapporteurs ne peuvent s'empêcher de confirmer leur analyse de
l'année dernière et de faire part de leurs inquiétudes.
Ils observent le coût croissant du programme qui devrait atteindre les
21,3 milliards de francs, en hausse de 53,3 % par rapport à
1999. Ils constatent que dans le même temps, les crédits relatifs
aux dispositifs d'insertion en faveur des publics en difficulté
diminuent de 13 % et ceux relatifs à la formation professionnelle
baissent de 1,6 % (- 2,4 % pour les seules formations en
alternance).
Vos rapporteurs s'interrogent sur la pertinence de ce choix. Les emplois-jeunes
peuvent-ils constituer ce " dispositif à tout faire " ?Ne
vaudrait-il pas mieux le recentrer sur les seules activités
émergentes du secteur non marchand et développer à
côté une véritable politique de la ville, développer
des solutions pérennes en termes de personnel d'accompagnement pour
aider les enseignants à accomplir leur mission dans de bonnes conditions
et étoffer les effectifs de la police nationale lorsque cela est
nécessaire ?
Vos rapporteurs ne sont pas convaincus de la capacité du plan
emplois-jeunes à résoudre le problème de l'emploi dans les
quartiers difficiles.
De même, l'intégration des adjoints de sécurité dans
la police, si elle devait se réaliser à travers des concours
réservés, pourrait poser des problèmes au regard du
principe d'égal accès des citoyens aux emplois publics. Etant
donné le nombre élevé d'adjoints de
sécurité, un jeune pourra-t-il encore espérer devenir
gardien de la paix sans avoir été adjoint de
sécurité ?
En fait, vos rapporteurs ont le sentiment qu'en rassemblant sous un
" même chapeau " plusieurs dispositifs de l'emploi relatifs
à l'insertion des jeunes, la politique du Gouvernement a perdu en
précision ce qu'elle a gagné en simplicité, ceci sans
garantir un avenir professionnel à ces milliers de jeunes. Ils
constatent que, dans le même temps, l'effort de développement de
la formation professionnelle est suspendu dans l'attente des réformes
annoncées et constamment reportées.
Provenance des emplois-jeunes
" Quelle était
votre
situation avant de signer votre contrat jeune ? "
(en %)
Source : CFDT, juin 1999
Vos rapporteurs invitent le Gouvernement à préciser les
débouchés dont pourront bénéficier les
emplois-jeunes à l'issue des cinq années des contrats,
c'est-à-dire dans trois ans pour certains d'entre eux. Cette
démarche est indispensable comme le révèle une
enquête réalisée par la CFDT, auprès de 3.000
jeunes, qui montre que près de la moitié des jeunes ignorent ce
que deviendra leur emploi à la fin de leur contrat. Selon cette
enquête réalisée en mai-juin 1999, seuls 12 % des
bénéficiaires d'un emploi-jeune se considèrent comme bien
informés sur l'avenir de leur activité et de leur travail, alors
que 46 % jugent cette information très floue.
B. LES CRÉDITS CONSACRÉS AUX CONTRATS AIDÉS ET AU RETRAIT D'ACTIVITÉ BAISSERONT À NOUVEAU EN 2000
1. Les contrats aidés continuent à faire l'objet d'une révision
•
Les crédits consacrés aux actions en faveur des publics en
difficulté avaient déjà baissé de 10 % en 1999
pour revenir à 29,2 milliards de francs. La baisse concernait en
particulier les emplois ville (- 66 %) et les CIE
(- 27,6 %). Le projet de loi de finances pour 2000 s'inscrit dans la
continuité avec une baisse prévue des crédits de 13 %
à 25,4 milliards de francs.
La baisse des crédits est particulièrement sensible pour les
contrats emploi solidarité (- 9 %) dont la dotation recule de
900 millions de francs à 9 milliards de francs et les contrats
d'initiative emploi (- 26,2 %) dont la dotation diminue de 2,5
milliards de francs de crédits à 7 milliards de francs.
L'évolution des crédits a une conséquence directe sur le
nombre d'entrées prévues dans les dispositifs. Au total, 575.000
personnes devraient bénéficier d'un contrat de travail
aidé en 2000 contre 665.000 en 1999, soit une baisse de 13,5 %.
Le nombre des entrées en contrat initiative emploi devrait baisser de
près de 14 % à 155.000 et celui des contrats emploi
solidarité de 15,3 % à 360.000. Par contre, le nombre d'emplois
consolidés devrait rester stable à 60.000.
On peut rappeler que le contrat initiative emploi (CIE) mis en place en 1995
est destiné à favoriser l'insertion professionnelle durable dans
le secteur marchand des personnes en difficulté. L'embauche dans le
cadre d'un CIE ouvre droit, pendant 24 mois, à une
exonération de charges sociales ainsi que, le cas échéant,
à une aide dont le montant est modulé en fonction des
difficultés rencontrées par la personne recrutée.
Les contrats emploi solidarité sont, quant à eux, des contrats
à durée déterminée à mi-temps, d'une
durée de 3 à 12 mois, visant à la réinsertion
de demandeurs d'emploi de longue durée ou de personnes en
difficulté, embauchées pour des activités répondant
à des besoins collectifs non satisfaits, par des collectivités
territoriales ou le secteur privé non lucratif.
La loi de lutte contre les exclusions a recadré les contrats emploi
solidarité pour en faire un outil de remobilisation professionnelle des
publics en difficulté.
Par ailleurs, on peut également rappeler que les emplois
consolidés créés en 1992 à l'issue d'un CES sont
des contrats aidés permettant de pérenniser, dans le secteur non
marchand, la situation des publics les plus prioritaires issus des CES. Le taux
de prise en charge publique est dégressif sur cinq ans : 60 %
la première, 50 % la deuxième année, 40 % la
troisième, 30 % la quatrième et 20 % la
cinquième dans la limite de 120 % du SMIC.
Depuis 1999, du fait de la loi du 29 juillet 1998 relative à la
lutte contre les exclusions, le taux de l'aide a été porté
à 80 % sur 5 ans pour les personnes les plus
éloignées de l'emploi, qui sont appelées à occuper
70 % des contrats. La prise en charge dégressive demeure en vigueur
pour le solde. Ces contrats emplois consolidés ne nécessitent
plus de passer par le préalable d'un contrat emploi solidarité.
• Le projet de loi de finances pour 2000 poursuit le recentrage des
dispositifs traditionnels sur les publics prioritaires. Ce
phénomène est sensible pour les CES et les CIE mais il est
également observable pour ce qui concerne les stages d'insertion dont le
nombre global est en baisse de 11,4 % à 155.000 et dont la dotation
budgétaire diminue de 8 % à 2,9 milliards de francs.
Il en est autrement des structures de l'insertion par l'économique qui
bénéficient d'une hausse des crédits de 22 % en 2000
pour atteindre 910 millions de francs, ces moyens devant permettre de
remplir l'objectif fixé par le programme de lutte contre les exclusions
de doubler en trois ans (1998-2000) les capacités d'accueil des
entreprises d'insertion et des entreprises de travail temporaire d'insertion.
Concernant la politique d'insertion des travailleurs handicapés, les
crédits qui lui sont consacrés devraient augmenter de 2,5 %
à 5,6 milliards de francs, l'essentiel de ces crédits
(5,4 milliards de francs) étant affecté au mécanisme
de la garantie de ressources. Toutefois, il est prévu la création
de 500 nouvelles places d'accueil en ateliers protégés ainsi que
de 2.000 places nouvelles en centres d'aide par le travail, ce qui
porterait la capacité d'accueil respective de ces structures à
89.650 places et à 14.600 places.
• Vos rapporteurs ne se sont pas opposés à cet effort
d'inventaire. Ils constatent toutefois que, derrière un souci de
recentrage, apparaît un exercice plus classique de redéploiement
de certains crédits affectés aux emplois aidés sur les
priorités du Gouvernement (35 heures et emplois-jeunes). Ils
soulignent le risque inhérent à ces transformations qui
consistent à " oublier " certains publics au cours de ces
basculements d'un dispositif à l'autre.
Toutefois, il semble que le moment soit particulièrement propice pour
essayer de " reprofiler " les dispositifs d'emplois aidés. Le
retour de la croissance et les améliorations sur le front de l'emploi
réduisent en effet la nécessité de recourir à ces
dispositifs et c'est pourquoi il apparaît possible aujourd'hui de
procéder à une évaluation de chacun de ces dispositifs et
des les modifier en conséquence.
2. Le financement du retrait d'activité et la participation de l'Etat aux dépenses du chômage
Il
existe cinq principaux dispositifs d'aide au retrait d'activité , trois
dépendent de l'UNEDIC (ARPE, ACA, ASA), deux de l'Etat (les
préretraites du FNE et les préretraites progressives).
Le budget pour 1999 opérait déjà une réduction
drastique de l'ensemble des crédits destinés à favoriser
les départs anticipés. Les crédits pour les allocations
spéciales du Fonds national pour l'emploi (AS-FNE) baissaient de
41,7 % et ceux des préretraites progressives de 35,1 %. Le
Gouvernement justifiait ces diminutions de crédits par la
nécesité d'éviter que la collectivité ne se
substitue aux entreprises dans le financement des plans sociaux.
|
LFI 1999 |
PLF 2000 |
Evolution en % |
RETRAIT D'ACTIVITÉ |
16.839,64 |
15.327,32 |
- 9,0 % |
A - Retrait d'activité |
7.707,86 |
6.173,05 |
- 19,9 % |
ASFNE |
4.844,00 |
4.150,00 |
- 14,3 % |
PRP |
1.998,00 |
1.600,00 |
- 19,9 % |
Sidérurgie |
861,42 |
421,69 |
- 51,0 % |
Mesures spéciales |
4,44 |
1,36 |
- 69,4 % |
B - Indemnisation du chômage |
8.389,00 |
9.126,27 |
8,8 % |
Fonds de solidarité |
8.389,00 |
9.126,27 |
8,8 % |
C - Régimes de retraite |
742,78 |
28,00 |
- 96,2 % |
ASF |
714,78 |
0,00 |
- 100,0 % |
Validation points de retraite et ACO |
28,00 |
28,00 |
0,0 % |
Le projet de loi de finances pour 2000 continue dans la même voie. Les crédits consacrés aux allocations spéciales du FNE devraient diminuer de plus de 14 % à 4,15 milliards de francs, ceux relatifs aux préretraites progressives de 20 % à 1,6 milliard de francs tandis que la dotation consacrée à la sidérurgie est divisée par deux à 421 millions de francs.
Les
préretraités parmi la population des personnes âgées
de 55 ans
à 59 ans en mars 1998
Source : MES-DARES, à partir des statistiques de l'INSEE et de l'UNEDIC
La
subvention de l'Etat au Fonds national de chômage s'élèvera
à 9,12 milliards de francs en 2000 contre 8,38 milliards de francs
en 1999, ce qui représente une hausse de 8,8 % des crédits.
Par ailleurs, la dotation de l'Etat à l'ASF est supprimée en 2000
alors qu'elle représentait 714,78 millions de francs en 1999. Le
retour à l'équilibre des régimes ARRCO et AGIRC, ainsi que
la situation excédentaire de l'ASF depuis 1998 expliquent la fin de
cette participation.
IV. LE DÉVELOPPEMENT DE LA FORMATION PROFESSIONNELLE EST CONTRARIÉ PAR DES PROJETS DE RÉFORME EN ATTENTE
A. LE DÉVELOPPEMENT DE LA FORMATION PROFESSIONNELLE EST ENRAYÉ
1. Les formations en alternance
Les
crédits relatifs à la formation professionnelle dans le budget du
ministère de l'emploi pour 1999 s'inscrivaient déjà dans
le cadre de la continuité. La seule évolution sensible
résidait alors dans un " recentrage " des aides publiques
à l'alternance.
Un décret du 12 octobre 1999 avait restreint le champ des
bénéficiaires de l'aide forfaitaire à l'embauche au
contrat de qualification aux jeunes les moins qualifiés, alors que
l'article 80 du projet de loi de finances pour 1999 opérait la
même modification pour les contrats d'apprentissage.
Aujourd'hui et compte tenu de ces dispositions " malthusiennes ", on
observe un léger tassement des crédits consacrés à
la formation professionnelle.
Ces crédits s'élèvent à 30,6 milliards de
francs dont 26 milliards de francs pour l'agrégat
" participation de l'Etat à la formation professionnelle "
soit une baisse de 1,6 %.
|
LFI 1999 |
PLF 2000 |
Evolution en % |
FORMATION PROFESSIONNELLE |
26.420,05 |
25.990,26 |
- 1,6 % |
A - Formations en alternance |
12.552,01 |
12.244,60 |
- 2,4 % |
Primes apprentissage |
4.664,61 |
4.113,83 |
- 11,8 % |
Exonérations contrats d'apprentissage |
4.587,80 |
4.721,17 |
2,9 % |
Primes de qualification jeunes |
343,00 |
233,00 |
- 32,1 % |
Exonérations contrats de qualification adultes |
2.607,92 |
2.660,00 |
2,0 % |
Primes qualification adultes |
100,00 |
120,00 |
20,0 % |
Exonération qualification adultes |
248,68 |
396,60 |
59,5 % |
B - Actions de formation à la charge de l'Etat |
5.995,10 |
5.825,67 |
- 2,8 % |
a. Dépenses de fonctionnement de la formation professionnelle |
|
|
|
Politique contractuelle |
335,13 |
335,00 |
0,0 % |
CPER |
405,41 |
397,00 |
- 2,1 % |
Autres dispositifs |
593,96 |
507,32 |
- 14,6 % |
b. Dépenses de rémunérations de la formation professionnelle |
|
|
|
Programme national de formation professionnelle |
923,54 |
926,00 |
0,3 % |
Jeunes Etat |
13,25 |
13,25 |
0,0 % |
Stagiaires AFPA |
900,00 |
1.000,00 |
11,1 % |
AFR |
2.715,57 |
2.541,47 |
- 6,4 % |
c. Dépenses d'investissement de la formation professionnelle |
108,24 |
105,63 |
- 2,4 % |
C - Dotation globale de décentralisation |
7.872,94 |
7.919,99 |
0,6 % |
(en millions de francs)
L'impression de stagnation domine lorsque l'on observe
l'évolution de ces crédits depuis quelques années.
Selon les résultats provisoires du compte économique de la
formation professionnelle qui retrace les interventions de tous les acteurs, la
dépense totale pour la formation professionnelle s'élève
à près de 140 milliards de francs, soit une progression de
0,6 % par rapport à 1996.
La stabilisation de l'effort entrepris s'opère à un niveau
relativement bas
puisque le niveau record de 1993 n'est pas
égalé et que l'engagement de formation reste inférieur de
0,21 point à celui constaté en 1993, retombant à
1,72 % du produit intérieur brut.
Ces données appellent deux remarques sur l'évolution des
crédits : ils sont certes suffisants pour assurer la reconduction
des actions de formation engagées les années
précédentes. Toutefois, ils sont loin d'atteindre le niveau qui
permettrait de considérer que le développement de la formation
professionnelle constitue une priorité du Gouvernement au même
titre que les emplois-jeunes ou les 35 heures.
Cette critique serait incomplète si l'on oubliait de préciser
qu'une nouvelle fois la discussion du budget de la formation professionnelle
intervenait dans un contexte de " réforme annoncée "
qui gèle pour ainsi dire les initiatives et explique que ce budget se
cantonne dans des actions de reconduction.
Concernant le détail des crédits, on observe que le total des
crédits consacrés à l'alternance s'élève
à 12,2 milliards de francs soit une baisse de 2,4 %
consécutive au " recentrage " des primes sur les bas niveaux
de qualification opéré par la loi de finances pour 1999.
Les primes relatives aux contrats d'apprentissage baissent de près de
12 % et celles relatives aux contrats de qualification de 32 %. Le
montant total de ces diminutions de crédits s'élève
à 660 millions de francs.
L'idée de recentrage supposerait que ces crédits sont
réalloués sur des dispositifs prioritaires. Or, cela n'est que
partiellement le cas puisque si l'on observe une hausse de 20 % des primes
relatives aux contrats de qualification et une hausse de 60 % du montant
des exonérations de cotisations sociales de ces mêmes contrats,
ces augmentations ne portent que sur 170 millions de francs. On peut dans ces
conditions considérer que sous le vocable de recentrage s'opère
en fait une économie budgétaire de près de
500 millions de francs au détriment des formations en alternance.
Ce sentiment est confirmé par l'analyse des flux d'entrée dans
les contrats en alternance.
Entrées dans les dispositifs de formation 1999-2000
|
Effectifs prévus LFI 1999 |
Effectifs constatés au 31/08/1999 |
Effectifs prévus PLF 2000 |
Stages de formation |
|
|
|
SIFE collectifs |
120.000 |
70.014 |
110.000 |
SIFE individuels |
25.000 |
18.549 |
25.000 |
SAE |
30.000 |
14.588 |
20.000 |
Sous-total |
175.000 |
103.151 |
155.000 |
Contrats de travail aidés |
|
|
|
CIE |
180.000 |
103.788 |
155.000 |
CES métropole |
425.000 |
269.635 |
360.000 |
CEC |
60.000 |
34.177 |
60.000 |
Sous-total |
665.000 |
407.600 |
575.000 |
Contrats en alternance |
|
|
|
Contrats d'apprentissage |
230.000 |
74.133 |
220.000 |
Contrats de qualification |
130.000 |
58.442 |
125.000 |
Contrats de qualification adultes |
10.000 |
1.416 |
15.000 |
Sous-total |
370.000 |
133.991 |
360.000 |
Aides à la reconversion et à l'adaptation |
|
|
|
Conventions de conversion |
100.000 |
53.864 |
80.000 |
Allocations spéciales FNE |
18.000 |
6.843 |
19.000 |
Préretraites progressives |
18.000 |
11.779 |
12.600 |
Sous-total |
136.000 |
72.486 |
111.600 |
Chômage partiel (en millions d'heures) |
30.00 |
17.50 |
17.50 |
Source : Secrétariat d'Etat aux droits des
femmes et
à la formation professionnelle.
Le nombre des contrats d'apprentissage baisse de 4,3 % à 220.000 et
celui des contrats de qualification de 3,8 % à 125.000. Compte tenu
de l'augmentation du nombre de contrats de qualification adultes, on observe
globalement une baisse de 2,7 % du nombre des contrats en alternance qui
devrait être ramené à 360.000 en 2000.
On ne peut que regretter cette situation qui contraste avec l'état
actuel du marché du travail. Selon le baromètre mensuel La
Tribune-Crédit Lyonnais du mois de novembre
15(
*
)
, près des deux tiers (64 %) de
l'échantillon de patrons de PME interrogés affirment rencontrer
des difficultés pour embaucher les spécialistes qu'ils
recherchent. Ceci est particulièrement préoccupant dans les
secteurs des transports, du BTP, de la vente ou de l'industrie. Les entreprises
de la métallurgie recherchent 4.700 personnes d'ici
l'été et s'inquiètent de ne pouvoir trouver la
main-d'oeuvre correspondante.
Votre commission a le sentiment que la formation professionnelle peut jouer un
rôle fondamental dans la réforme nécessaire du
fonctionnement du marché du travail et constituer la réponse
adéquate à ce problème de pénurie de main d'oeuvre.
Alors que le Gouvernement annonce la discussion prochaine de dispositions
législatives courant 2000 et d'un véritable projet de loi en
2001, elle souhaite insister sur le fait qu'une des raisons principales qui
expliquent le niveau élevé du taux de chômage
français réside dans le déficit de formation,
c'est-à-dire l'inemployabilité.
A cet égard, elle doute que ces salariés sans qualification
puissent trouver un emploi grâce aux 35 heures.
Une politique d'allégement de cotisations sociales est sans aucun doute
utile pour ces demandeurs d'emploi, mais chacun a bien conscience que la voie
de la réinsertion passe par la qualification, ceci en particulier pour
les plus jeunes de ces demandeurs d'emploi.
2. Les actions de formation à la charge de l'Etat
Les
crédits consacrés aux actions de formation à la charge de
l'Etat baissent de 2,8 % à 5,8 milliards de francs. Ils se
répartissent entre le financement des dépenses de fonctionnement,
de rémunération et d'investissement de la formation
professionnelle.
Concernant les dépenses de fonctionnement, on observe une stagnation
à 335 millions de francs des crédits de la politique
contractuelle (contrats d'études prospectives et engagements de
développement de la formation).
Les crédits consacrés aux contrats de plan Etats-régions
baissent de 2 %, ils devraient s'établir à 100 millions
de francs en 2000 au titre des dépenses d'investissement de la formation
professionnelle.
Au titre des dépenses de rémunération de la formation
professionnelle, les crédits affectés au programme national de
formation professionnelle sont stabilisés à 926 millions.
Ces crédits concernent la rémunération des stagiaires
suivant des formations financées par l'Etat.
On constate une baisse de près de 7 % des crédits
consacrés au financement de l'allocation formation reclassement (AFR).
Ces crédits qui devraient atteindre 2,5 milliards sont
destinés à rémunérer les demandeurs d'emploi
entrant en formation.
Par ailleurs, la loi quinquennale du 20 décembre 1993 a
engagé un mouvement important de décentralisation des actions
qualifiantes. Depuis le 1
er
janvier 1999, l'ensemble des
actions pré-qualifiantes a été en conséquence
décentralisé au profit des régions. L'Etat participe au
financement de ces actions décentralisées au moyen de dotations
qui évoluent conformément au taux de la dotation globale de
décentralisation.
En outre, l'ensemble des crédits relatifs à la dotation de
décentralisation concernant la formation professionnelle et
l'apprentissage rassemblés au chapitre 43-06 augmentent de 0,6 %
pour atteindre presque 8 milliards de francs en 2000.
B. L'ARTICLE 70 ET LES PROJETS DE RÉFORME
1. L'article 70 et les prélèvements de l'Etat sur les fonds de l'alternance
Déjà en 1997, l'article 40 de la loi de
finances
avait institué une contribution exceptionnelle au budget de l'Etat
égale à 40 % de la trésorerie nette des fonds de la
formation en alternance, soit 1,7 milliard de francs. Par ailleurs,
l'article 75 de la loi du 2 juillet 1998 portant diverses
dispositions d'ordre économique et financier avait institué une
contribution exceptionnelle au budget de l'Etat de 500 millions. Votre
commission s'était opposée à ces deux
prélèvements, au motif que ces détournements dans
l'utilisation des fonds lui apparaissaient comme préjudiciables aux
entreprises.
L'année dernière, le Gouvernement avait décidé
à nouveau que 500 millions de francs seraient
prélevés sur les fonds de l'AGEFAL. Ces fonds devaient faire
l'objet d'une utilisation concertée avec les partenaires sociaux,
Mmes Martine Aubry et Nicole Péry s'engageant à assurer, le
cas échéant, la couverture effective des dépenses
exposées par les entreprises dans le cadre des contrats en alternance.
Prenant acte de cette garantie et regrettant néanmoins le flou qui
entourait le fonctionnement de ce fonds, votre commission avait souhaité
faire part de sa réserve sans toutefois manifester une opposition
radicale pour tenir compte de la réforme à venir des
modalités de financement de la formation professionnelle et de la
garantie apportée par le Gouvernement.
Or, force est de constater que le flou demeure et que les
prélèvements " exceptionnels " sur les fonds de la
formation deviennent de plus en plus habituels comme en témoigne
l'article 70 du projet de loi de finances.
Emploi
et solidarité
Article 70 tel qu'adopté par l'Assemblée nationale en
première lecture
L'article L. 961-13 du code du travail est
complété
par un alinéa ainsi rédigé :
" Ce même fonds national est habilité à gérer
les excédents financiers dont disposent les organismes collecteurs
paritaires agréés gérant les contributions des employeurs
affectées au financement du capital de temps de formation prévues
par l'article 78 de la loi n° 95-116 du 4 février 1995 portant
diverses dispositions d'ordre social et repris par le 1° de l'article L.
951-1 du présent code. Ces excédents sont
appréciés, pour la première année au 31
décembre 1999, et
peuvent exceptionnellement concourir
aux
actions de l'Etat en matière de formation professionnelle. "
*
L'Assemblée nationale a adopté l'article 70 avec
une
modification suggérée par M. Jacques Barrot, rapporteur
spécial de la commission des finances tendant à préciser
que les prélèvements de l'Etat sur les excédents du
capital de temps de formation ont un caractère
" exceptionnel ".
Au cours du débat
16(
*
)
, le rapporteur
spécial s'était déclaré favorable à ce que
des actions soient entreprises pour faire connaître le capital temps
formation afin de supprimer les excédents. Il a observé que
l'article 70 amendé aurait pour mérite d'" affecter "
les prélèvements opérés par l'Etat à des
actions relatives à la formation professionnelle à la
différence des prélèvements précédents qui
servaient simplement à abonder le budget de l'Etat.
*
Vos
rapporteurs vous proposent d'adopter un amendement de suppression de cet
article 70 pour manifester leur désaccord avec des
prélèvements opérés par l'Etat. Afin de
régler la question des excédents du capital temps formation, ils
ne seraient pas hostiles à ce qu'ils soient affectés au
financement du CIF comme l'avaient souhaité les partenaires sociaux lors
de la création du capital temps formation en 1994.
Cet article tend à centraliser les excédents financiers du
capital de temps de formation (CTF) au niveau d'une section particulière
créée au sein du fonds national habilité à
gérer les excédents financiers du congé individuel de
formation (CIF).
Le CTF a pour objet de permettre aux salariés de suivre au cours de leur
vie professionnelle et à leur demande, ceci pendant leur temps de
travail, des actions de formation, prévues au plan de formation de
l'entreprise, dans le but de se perfectionner, d'élargir ou
d'accroître leur qualification.
Ce dispositif est financé par 50 % au plus de la participation des
entreprises au financement du CIF à hauteur de 0,2 % du montant des
salaires, c'est-à-dire une contribution au plus égale à
0,1 % des salaires.
L'article 70 propose d'étendre le champ de compétences du
fonds créé par la loi de finances pour 1996 qui gère
actuellement les excédents financiers des organismes collectant les
fonds du CIF, à la gestion des excédents financiers dont
disposent les organismes paritaires collecteurs agréés (OPCA)
gérant les contributions des employeurs affectées au financement
du CTF.
Cette disposition pourrait être considérée avec
bienveillance si la centralisation des disponibilités
excédentaires du CTF n'apparaissait pas comme le moyen d'affecter une
contribution de 500 millions de francs, versée par le comité
paritaire du CIF (COPACIF) au budget de l'emploi par voie de fonds de concours,
afin de compenser la diminution des crédits destinés au
financement de l'indemnité compensatrice forfaitaire à
l'apprentissage.
Il s'agit donc, une fois encore, de procéder à un
prélèvement exceptionnel sur les fonds de la formation
professionnelle.
Dès lors que ces prélèvements présentent un
caractère structurel, l'urgence d'une réforme du mode de
financement des organismes collecteurs de fonds devient, chaque année,
de plus en plus évidente.
Votre commission a déjà, à cet égard, marqué
sa préférence pour une réduction des cotisations
versées par les entreprises.
Pour l'instant, il lui semble préférable de refuser ce nouveau
prélèvement dont le caractère récurrent traduit le
penchant du Gouvernement à considérer les fonds collectés
par les partenaires sociaux comme une ressource budgétaire parmi
d'autres, destinée à financer les priorités du
Gouvernement, comme l'a également montré le débat sur le
financement des 35 heures à travers le projet de contribution de
l'UNEDIC et des régimes de sécurité sociale.
Vos rapporteurs défendront en conséquence un amendement de
suppression de l'article 70 afin de marquer leur désaccord avec la
pratique des prélèvements opérés par le
Gouvernement. Ce faisant, ils ne souhaitent pas pour autant en rester à
l'état du droit actuel qui s'avère également
défavorable à la formation professionnelle, puisque les
excédents éventuels du CTF sont aujourd'hui reversés
intégralement au budget de l'Etat.
Ils rappellent que les partenaires sociaux signataires de l'accord
interprofessionnel du 5 juillet 1994 avaient souhaité que les
éventuels excédents du CTF soient affectés au financement
du CIF. Ce faisant, vos rapporteurs seraient prêts à envisager
favorablement la centralisation des excédents du CTF à condition
que ces fonds ne fassent pas l'objet d'un prélèvement par l'Etat
afin de compenser des économies budgétaires
réalisés sur les crédits de la formation professionnelle
mais puissent rester dans le " circuit " pour financer par exemple le
CIF qui est actuellement soumis à une contrainte financière qui
le met dans l'impossibilité de satisfaire toutes les demandes.
Financement de l'apprentissage en 1997 et 1998
(crédits consommés en millions de francs)
Financeurs |
1997 |
1998 |
I. - Etat |
|
|
Exonérations de cotisations sociales (patronales et salariales) |
4.124 |
4.587 |
Primes (destinées à l'employeur) |
4.246 |
4.664 |
Autres dotations : |
|
|
- actions conjointes Etat-régions (financement Etat) |
90 |
107 |
- rénovation et renforcement de l'apprentissage |
46,5 |
70 |
- subventions du ministère de l'agriculture et de l'éducation nationale |
19 |
15,2 |
Sous-total |
8.525,5 |
9.443 |
II. - Régions |
|
|
Subventions aux centres de formation des apprentis |
|
|
- fonctionnement |
3.882,1 |
- |
- équipement |
332 |
- |
Sous-total |
4.214,1 |
4.576 |
III. - Fonds spécial européen |
|
|
(fonds destinés aux centres de formation des apprentis) |
336 |
410,4 |
IV. - Entreprises |
|
|
Financement des centres de formations des apprentis : |
|
|
- taxe d'apprentissage |
2.366,8 |
2.360,2 |
- taxes parafiscales |
182,2 |
187,1 |
- transferts de l'alternance |
862 |
1.043 |
- IATP |
- |
300 |
Sous-total |
3.411 |
3.890,3 |
Total |
16.486,6 |
18.319,7 |
Source : secrétariat d'Etat aux droits des femmes et à la formation professionnelle
2. Les projets de réforme du Gouvernement peinent à convaincre les partenaires sociaux
Plus
généralement, il convient de s'interroger sur la politique du
Gouvernement en matière de formation professionnelle. Stagnation des
effectifs dans les dispositifs en alternance, priorité donnée aux
emplois-jeunes sur les formations qualifiantes, prélèvements
" exceptionnels " sur les fonds de la formation constituent les
traits les plus marquants de cette politique.
Bien sûr, il y a les projets de réforme. Mais il semble bien
aujourd'hui que le dialogue entre le Gouvernement et les partenaires sociaux
pâtisse de la brutale détérioration de leurs relations dans
un contexte de remise en cause du paritarisme consécutif aux
35 heures.
L'année 1999 a été marquée par la publication d'un
Livre blanc intitulé
" La formation professionnelle,
diagnostics, défis et enjeux "
, préparé par
Mme Nicole Péry, secrétaire d'Etat à la formation
professionnelle.
Quatre directions ont ainsi été esquissées : la
création d'un droit individuel à la formation, la
professionnalisation des jeunes, la meilleure prise en compte de
l'expérience professionnelle acquise et la clarification du rôle
des différents acteurs.
Vos rapporteurs observent que des points de désaccords subsistent entre
l'Etat et les partenaires sociaux sur les modalités de la
réforme. Pour tenir compte de ces difficultés, Mme Nicole
Péry a indiqué, lors de son audition par votre commission, que
les questions qui soulevaient des débats auprès des partenaires
sociaux donneraient lieu à des expérimentations conduites sous
forme de contractualisation dans cinq régions.
Il semble par ailleurs que le Gouvernement rencontre des difficultés
à renforcer la transparence sur les coûts de la formation dans les
CFA de telle sorte que la concertation entre les organismes collecteurs de la
taxe d'apprentissage et les conseils généraux soit plus efficace.
Les principaux points de désaccord portent sur la définition d'un
droit individuel à la formation comme en témoignent les reports
des discussions sur ce thème.
S'ils prennent acte de l'avancement des projets de réforme, vos
rapporteurs ne sont toutefois pas convaincus que la méthode des
" pointillés " retenue par le Gouvernement qui consiste
à adopter des mesures réglementaires puis des dispositions
législatives dans un DMOS et enfin une loi sur le droit individuel
à la formation soit de nature à provoquer la prise de conscience
nationale nécessaire pour assurer le développement de la
formation professionnelle. L'idée d'une grande loi cadre traduisant une
volonté nationale puissante semblait plus séduisante même
si vos rapporteurs ne mésestiment pas les difficultés
inhérentes à de tels textes.
En attendant les résultats de ces projets de réforme, votre
commission a souhaité prendre ses distances avec la politique
menée par le Gouvernement dans le domaine de la formation
professionnelle. Elle a considéré que cette politique inversait
les priorités en favorisant des dispositifs de moyen terme non
qualifiants comme les emplois-jeunes par rapport à l'alternance. Elle a
déploré que le Gouvernement ait braqué les partenaires
sociaux sur la question des 35 heures, ce qui a pour conséquence de
rendre plus difficile toute réforme de la formation professionnelle.
Les
crédits de la formation professionnelle pour 2000
par nature
économique de la dépense
(en millions de francs)
|
LFI 1999 |
PLF 2000 |
2000/1999
|
I - FONCTIONNEMENT |
|
|
|
Fonds de la formation professionnelle et de la promotion sociale |
|
|
|
Réseau d'accueil (ML/PAIO) |
416,45 |
467,00 |
12,14 |
Actions expérimentales de formation professionnelle |
20,00 |
20,00 |
0,00 |
Actions de formation alternées |
30,32 |
30,32 |
0,00 |
Actions hors champ de décentralisation (APP et CIBC)* |
200,00 |
110,00 |
- 45,00 |
PNFP et politique contractuelle (hors études) |
678,77 |
682,00 |
0,48 |
Programme TRACE |
60,00 |
70,00 |
16,67 |
Contrats de plan Etat - région |
405,41 |
397,00 |
- 2,07 |
Insertion des publics en difficulté |
|
|
|
Programme en faveur des chômeurs de longue durée (CLD) |
1.632,99 |
1.443,73 |
- 11,59 |
FNE cadres |
86,86 |
69,49 |
- 20,00 |
Formation professionnelle des adultes |
|
|
|
Fonctionnement des stages AFPA |
4.128,00 |
4.334,90 |
5,01 |
Fonctionnement autres org. de formation et expérimentation |
66,85 |
43,40 |
- 35,08 |
TOTAL I |
7.725,65 |
7.667,84 |
- 0,75 |
II - REMUNERATION |
|
|
|
Actions de formation alternées |
13,25 |
13,25 |
0,00 |
Programme national de formation professionnelle |
923,54 |
926,00 |
0,27 |
Protection sociale des stagiaires TRACE |
30,55 |
0,00 |
- 100,00 |
Programme en faveur des chômeurs de longue durée |
1.481,55 |
1.417,34 |
- 4,33 |
FNE cadres |
15,16 |
11,55 |
- 23,81 |
Rémunération des stages AFPA |
900,00 |
1.000,00 |
11,11 |
Versement de l'UNEDIC au titre de l'AFR y compris CLD |
2.715,57 |
2.541,47 |
- 6,41 |
Frais de gestion du CNASEA |
217,52 |
212,57 |
- 2,28 |
TOTAL II |
6.297,14 |
6.122,18 |
- 2,78 |
III - EXONERATION DE CHARGES ET AIDES FORFAITAIRES |
|
|
|
Exonérations contrats d'apprentissage |
4.587,80 |
4.721,17 |
2,91 |
Exonérations contrats de qualification |
2.607,92 |
2.660,00 |
2,22 |
Exonérations contrats de qualification adultes |
248,68 |
396,60 |
59,48 |
Indemnité compensatrice forfaitaire pour l'apprentissage |
4.664,61 |
4.113,83 |
- 11,81 |
Primes à l'embauche des contrats de qualification |
343,00 |
233,00 |
- 32,07 |
Primes à l'embauche des contrats de qualification adultes |
100,00 |
120,00 |
20,00 |
TOTAL III |
12.552.01 |
12.244,60 |
- 2,45 |
IV - EQUIPEMENT (crédits de paiement) |
|
|
|
Fonds de formation professionnelle |
108,24 |
105,63 |
- 2,41 |
Formation professionnelle des adultes |
333,34 |
358,70 |
7,61 |
Formation professionnelle des adultes (acquisitions immobilières) |
3,85 |
2,90 |
- 24,68 |
TOTAL IV |
445,43 |
467,23 |
4,89 |
V - DOTATIONS DE DECENTRALISATION |
|
|
|
Loi de décentralisation du 7 janvier 1983 |
3.218,49 |
3.245,71 |
0,85 |
Loi du 23 juillet 1987 portant rénovation de l'apprentissage |
107,04 |
107,95 |
0,85 |
Loi du 1 er décembre 1988 relative à Mayotte |
1,36 |
1,37 |
0,85 |
Loi de décentralisation 1993 et enveloppe de rééquilibrage |
1.902,71 |
1.918,81 |
0,85 |
Actions décentralisées en faveur des jeunes |
2.669,81 |
2.692,39 |
0,85 |
TOTAL V |
7.899,41 |
7.966,22 |
0,85 |
TOTAL I à V |
34.919,64 |
34.468,07 |
- 1,29 |
VI - ACTIONS D'INSERTION ASSOCIEES A LA FORMATION PROFESSIONNELLE |
|
|
|
Contrats emploi-solidarité (CES) |
9.904,00 |
9.010,55 |
- 9,02 |
Contrats emploi consolidé(CEC) |
5.250,00 |
5.323,66 |
1,40 |
Contrats de retour à l'emploi (CRE) |
412,49 |
65,00 |
- 84,24 |
Contrats initiative emploi (CIE) |
9.500,00 |
7.013,33 |
- 26,18 |
TOTAL VI |
25.066,49 |
21.412,54 |
- 14,58 |
V. LES MOYENS DU SERVICE PUBLIC DE L'EMPLOI SONT RENFORCÉS
|
LFI 1999 |
PLF 2000 |
Evolution en % |
I - LA GESTION DE LA POLITIQUE DE L'EMPLOI |
14.218,99 |
15.222,45 |
7,1 % |
A - Administration générale |
3.301,63 |
3.454,04 |
4,6 % |
Personnel |
2.396,90 |
2.527,28 |
5,4 % |
Fonctionnement |
833,58 |
855,36 |
2,6 % |
Equipement |
71,15 |
71,40 |
0,4 % |
B - ANPE |
5.780,00 |
6.381,00 |
10,4 % |
Subvention de fonctionnement |
5.765,00 |
6357,85 |
10,3 % |
Subvention d'équipement |
15,00 |
23,15 |
54,3 % |
C - AFPA et autres organismes de formation |
4.532,04 |
4.739,90 |
4,6 % |
Subvention de fonctionnement AFPA |
4.128,00 |
4.334,90 |
5,0 % |
Subvention d'équipement AFPA |
325,74 |
352,00 |
8,1 % |
Acquisitions immobilières |
3,85 |
2,90 |
- 24,7 % |
Autres organismes de formation professionnelle |
66,85 |
43,40 |
- 35,1 % |
Autres subventions d'équipements |
7,60 |
6,70 |
- 11,8 % |
D - Relations du travail |
247,95 |
292,10 |
17,8 % |
Conseil supérieur de la prud'homie |
0,60 |
0,60 |
0,0, % |
ANACT et FACT (6672) |
82,25 |
70,10 |
- 14,8 % |
OPRI |
3,50 |
25,30 |
1.902,9 % |
Elections prud'homales |
1,10 |
1,10 |
0,0 % |
Dépenses d'intervention (dont FACT) |
160,50 |
195,00 |
21,5 % |
E - Etudes et coopération internationale |
113,39 |
116,22 |
2,5 % |
Etudes |
50,50 |
51,50 |
2,0 % |
Recherche : |
|
|
|
- CEE |
33,48 |
34,10 |
1,9 % |
- Conventions d'études |
3,82 |
4,12 |
7,9 % |
CEREQ |
13,59 |
14,50 |
6,7 % |
GIP inter |
12,00 |
12,00 |
0,0 % |
F - Frais de gestion |
243,99 |
239,19 |
- 2,0 % |
Frais de gestion CNASEA |
243,99 |
239,19 |
- 2,0 % |
(en millions de francs)
A. L'UNEDIC NE FINANCERA PAS DIRECTEMENT LES 35 HEURES
1. Un exercice déficitaire en 1998
Le
régime d'assurance chômage a enregistré, en 1998, une
hausse de 3,8 % de ses contributions par rapport à 1997. L'impact de la
diminution du taux des contributions décidée dans le cadre de la
nouvelle convention d'assurance chômage du 1
er
janvier 1997
ayant été compensé par la hausse de la masse salariale (+
4,4 %).
Les prestations versées ont progressé de + 3,5 %. Cette hausse
est essentiellement due à l'augmentation du taux moyen d'indemnisation,
notamment du fait du développement de l'ACA (allocation chômeurs
âgés), et de l'ARPE (allocation de remplacement pour l'emploi). Si
le taux de chômage a baissé sur l'ensemble de l'année 1998,
le nombre de chômeurs indemnisés par le régime d'assurance
chômage est resté stable (1.780.000 allocataires).
Le résultat de l'année 1998 est déficitaire de 2,09
milliards de francs. Toutefois, la situation nette du régime d'assurance
chômage au 31 décembre 1998, en tenant compte des réserves
de l'exercice 1997, demeure positive de 3,62 milliards de francs.
En 1999, le déficit estimé pourrait atteindre environ 3,04
milliards de francs (estimation été 1999).
En 2000, le régime d'assurance chômage pourrait connaître un
excédent de 340 millions de francs.
Les résultats du régime d'assurance chômage pour 1998 et
les prévisions pour 1999 et 2000 sont les suivants :
Situation financière du régime d'assurance chômage (RAC)
(en millions de francs)
|
1998 |
1999 (p) |
2000 (p) |
Recettes |
134.792 |
140.897 |
145.303 |
Dépenses |
136.881 |
143.936 |
144.962 |
Résultat technique |
- 2.088 |
- 3.038 |
341 |
(p) : prévisions
Source : UNEDIC
La baisse du chômage étant plus forte que prévu, et
concernant davantage de chômeurs indemnisés, l'UNEDIC devrait
réviser à la hausse ses prochaines prévisions de
résultats.
Il est à noter que le projet de loi de finances prévoit
l'inscription de 205 millions de francs au chapitre 44-79, article 90, en
contrepartie de la prise en charge par l'UNEDIC de l'inscription de demandeurs
d'emplois.
2. Le principe d'une contribution directe de l'UNEDIC au financement des 35 heures est abandonné
Le
Gouvernement a estimé à 40 milliards de francs le coût des
aides destinées à financer le coût de l'abaissement de la
durée collective pour les entreprises ayant fait le choix de
réduire la durée du temps de travail.
Le paragraphe XVI du projet de loi relatif à la réduction
négociée du temps de travail prévoyait, dans sa version
initiale, que
" l'Etat et les organismes gérant des
régimes de protection sociale (...) contribuaient à ce
fonds "
, leur contribution étant déterminée
à partir du surcroît de recettes et des économies de
dépenses induit par la réduction du temps de travail pour l'Etat
et les organismes précités. Les règles de calcul de leur
montant et de leur évolution devaient être définies par
décret en Conseil d'Etat après consultation de la Commission des
comptes de la sécurité sociale.
Les
allocations du régime d'assurance chômage du régime de
solidarité
et des préretraites
Le
régime d'assurance chômage
•
Allocation unique dégressive
: cette
allocation est servie, après un différé d'indemnisation,
à taux normal pendant une durée de base, en fonction de
l'âge et de la durée d'affiliation de l'allocataire au
régime, puis affectée d'un coefficient de
dégressivité intervenant par période de 182 jours.
Le coefficient de dégressivité est déterminé selon
la filière dont relève l'allocataire.
Filières Durée d'affiliation Durée d'indemnisation
Taux normal Taux dégressif par
période de 6 mois
1 4 mois durant les 8 derniers mois 4 mois
2 6 mois durant les 12 derniers mois 4 mois 3 mois - 15 %
8 mois durant les 12 derniers mois
3 . moins de 50 ans 4 mois 11 mois - 17 %
4 . 50 ans et plus 7 mois 14 mois - 15 %
14 mois durant les 24 derniers mois
5 . moins de 50 ans 9 mois 21 mois - 17 %
6 . 50 ans et plus 15 mois 30 mois - 15 %
27 mois durant les 36 derniers mois
7 . 50 ans et moins de 55 ans 20 mois 25 mois - 15 %
8 . 55 ans et plus 27 mois 33 mois - 8 %
•
Allocation chômeurs âgés
: cette
allocation est ouverte aux allocataires âgés du régime
d'assurance chômage qui justifient de 160 trimestres validés par
l'assurance vieillesse. Cette allocation est versée aux
intéressés jusqu'à l'âge de 60 ans.
•
Allocation de formation-reclassement
: les
bénéficiaires des allocations du régime d'assurance
chômage ont, après une procédure
d'évaluation-orientation, la faculté de suivre une action de
formation destinée à favoriser leur réinsertion
professionnelle. La décision d'opter pour l'AFR doit être prise
dans les 6 premiers mois d'indemnisation en AUD. Le revenu de remplacement est
alors constitué par l'allocation de formation reclassement pour les
bénéficiaires de l'AUD. Les durées de versement sont
celles prévues dans le cadre du régime d'assurance.
Le régime de solidarité
•
Allocation d'insertion
: cette allocation
bénéficie à des chômeurs qui n'ont pas de
référence de travail. Sa durée maximale est d'un an.
•
Allocation de solidarité spécifique
:
cette allocation bénéficie à tout allocataire des ASSEDIC
ou du secteur public cessant d'être indemnisé, qu'il ait ou non
épuisé les durées maximales.
En application du décret du 8 mars 1990, deux taux sont en vigueur :
- taux simple et
- taux majoré (cf. page 7).
•
Allocation spécifique d'attente
: en
complément de l'allocation de solidarité spécifique, un
forfait mensuel de 1.750 francs peut être versé aux allocataires
justifiant de 160 trimestres au regard du régime de
sécurité sociale.
Le régime AGCC
•
Allocation spécifique de conversion
: cette
allocation est servie aux licenciés économiques entrant dans le
cadre d'une convention de conversion. Sa durée est de 6 mois date
à date.
Le montrant de l'allocation est égale à 83 % du salaire
journalier de référence pendant les 2 premiers mois et à
70 % ensuite.
Le fonds paritaire d'intervention
•
Allocation de remplacement pour l'emploi
: les
accords du 6.9.95 et du 19.12.96 permettent à tous les salariés
totalisant au moins 160 trimestres et sous certaines conditions de quitter leur
entreprise. En contrepartie, ils reçoivent jusqu'à leur
60
ème
anniversaire une allocation dont le montant est
égal à 65 % du salaire brut journalier de
référence.
Les préretraites Etat
Ce sont les allocations spéciales du FNE (AS-FNE), les allocations
conventionnelles de préretraite progressive (APP) et l'allocation
complémentaire (ACO).
•
Allocation spéciale du FNE
: cette allocation
concerne les allocataires licenciés qui relèvent des
décrets du 22 août 1979, du 24 novembre 1982 et du 29 mars 1984
(ancienne AC-FNE).
•
Allocation de préretraite progressive
: cette
allocation concerne les allocataires ayant opté pour une
préretraite partielle et qui relèvent de l'avenant du
9 décembre 1981, du 29 mars 1984 (ancienne ACC) et du décret
du 30 décembre 1993.
•
Allocation complémentaire (ACO)
: cette
allocation concerne les allocataires ne pouvant bénéficier que
d'une pension calculée sur une durée inférieure à
150 trimestres et qui relèvent du décret du 7 mai 1984.
Les partenaires sociaux ont unanimement dénoncé le principe de ce
recyclage, considérant qu'
" il n'appartenait pas à
l'UNEDIC d'utiliser le produit des cotisations pour financer le budget de
l'Etat ".
Les représentants des employeurs ayant annoncé qu'ils
quitteraient les régimes de sécurité sociale et de
l'assurance chômage si un tel prélèvement était
effectué, le Gouvernement a finalement renoncé à prendre
la responsabilité d'une remise en cause du paritarisme.
Lors du débat au Sénat, Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi
et de la solidarité, a en conséquence donné un avis
favorable à l'amendement défendu par la commission des Affaires
sociales tendant à supprimer le paragraphe XVI de l'article 11.
Ce faisant, l'UNEDIC a échappé à un
prélèvement de 7 milliards de francs en 2000 et à une
contribution qui devait représenter à terme environ
20 milliards de francs.
B. LES CRÉDITS DU SERVICE PUBLIC DE L'EMPLOI
1. Les moyens du ministère de l'emploi augmentent de 4,6 %
Les
crédits alloués à l'administration générale
étaient de 3,290 millions de francs en 1999, ils se sont
élevés effectivement à 3,301 millions de francs, soit
un surcroît de 11 millions de francs.
Pour 2000, le projet de loi de finances prévoit une hausse des
crédits de 4,6 % à 3,454 millions de francs.
Les moyens en personnel augmenteraient de 5,4 % à
2,527 millions de francs. Ces crédits permettraient la
création de 130 emplois dans les services du ministère.
Les services déconcentrés devraient se voir adjoindre 20
inspecteurs et directeurs adjoints du travail, 90 contrôleurs du travail
et quatre emplois destinés aux services statistiques dans les DOM. Il
est également prévu la création de sept emplois
d'ingénieurs de sécurité, deux emplois de médecins
inspecteurs et deux emplois d'assistants de service social.
En administration centrale, neuf créations d'emplois devraient
être effectuées dont trois administrateurs et cinq attachés.
Il est à noter que le projet de loi de finances prévoit la
transformation de 628 emplois en 2000.
2. La participation de l'Etat au financement du réseau public d'insertion des jeunes
Le
réseau public d'insertion des jeunes mis en place depuis 1983 est
composé des missions locales et des PAIO. Le réseau a pour
objectif d'apporter une réponse à l'ensemble des problèmes
posés par l'insertion (travail, formation, logement, santé...).
Certaines missions locales bénéficient du label espace-jeunes,
elles peuvent alors exercer certaines compétences de l'ANPE grâce
notamment à un accès au fichier des offres d'emplois, d'une mise
à disposition de personnel et d'une formation de son propre personnel.
Les crédits alloués à la délégation
interministérielle à l'insertion professionnelle et sociale des
jeunes en difficulté baissent en 2000 pour revenir à 392 millions
de francs contre 416,5 millions de francs en 1999.
Cette baisse des crédits doit néanmoins être
rapprochée du transfert sur le budget de l'ANPE de 75 millions de francs
de rémunération des agents mis à disposition des
espaces-jeunes. A structure constante, les crédits progressent de 12 %.
Par ailleurs, 70 millions de francs sont prévus (contre 60 millions en
1999) pour financer les structures qui n'appartiennent pas au réseau des
missions locales ou PAIO.
Le réseau public d'insertion des jeunes joue le rôle de pilote et
d'opérateur du programme TRACE.
Ce programme a été prévu, par l'article 5 de la loi
d'orientation du 29 juillet 1998 relative à la lutte contre les
exclusions, au bénéfice des jeunes rencontrant de graves
difficultés sociales ou familiales ou sortis sans diplôme ou
qualification, de niveau VI ou V bis, de leur cursus scolaire. Il s'agit d'un
programme d'accompagnement personnalisé vers l'emploi, d'une
durée de 18 mois au maximum.
Les résultats tardent à se manifester ; sur les 50.000
jeunes devant entrer dans le programme avant la fin de 1999, 21.000
entrées avaient été enregistrées à la fin du
mois d'août dernier.
C. LES DOTATIONS À L'AGENCE NATIONALE POUR L'EMPLOI (ANPE) ET À L'ASSOCIATION POUR LA FORMATION PROFESSIONNELLE DES ADULTES (AFPA)
1. L'Agence nationale pour l'emploi (ANPE)
La
contribution de l'Etat au fonctionnement et à l'équipement de
l'Agence nationale pour l'emploi s'élève à 6.381 francs. A
structure constante, c'est-à-dire hors transfert à l'ANPE de 90
millions de francs au titre des CIBC, l'augmentation de la dotation est de
8,82 % par rapport à 1999. Cette augmentation a pour but de donner
à l'Agence les moyens de sa participation à l'accompagnement des
demandeurs d'emploi prévu par le plan national d'action pour l'emploi
(PNAE) qui a fait suite au Conseil européen extraordinaire de Luxembourg.
La subvention de fonctionnement croît de 10,3 %. Elle passe de
5.765 millions de francs en 1999 à 6.357,85 millions de francs en
2000. Elle permet de financer les dépenses relatives au fonctionnement
ainsi que les dépenses de personnel.
Afin de financer le fonctionnement, une dotation de 50 millions de francs
permet la mise en oeuvre de la nouvelle offre de service dans le cadre du Plan
national d'action pour l'emploi (PNAE). Une dotation de 38,4 millions de
francs permet de financer la mise à disposition d'équipements
supplémentaires (de type téléphones, photocopieurs,
télécopieurs, bornes internet et bornes de rédaction de
CV) en accès gratuit prévue dans le cadre du programme de lutte
contre les exclusions.
La subvention relative aux dépenses de personnel permet de financer la
création de 500 emplois en 2000, ainsi que l'impact en année
pleine de la création de 500 emplois en 1999 pour permettre à
l'agence d'assurer sa participation au PNAE.
La loi d'orientation relative à la lutte contre les exclusions
prévoit l'utilisation des bilans de compétences pour les
bénéficiaires d'un service personnalité pour un nouveau
départ vers l'emploi. L'efficacité de l'accompagnement de l'ANPE
pouvant être renforcée par ce type de prestations, les
crédits destinés à la gestion des Centres
interministériels de bilans de compétences (CIBC) ont
été transférés à l'ANPE pour un montant de
90 millions de francs.
Le contrat de progrès de l'Agence prévoit la poursuite de la mise
à disposition d'emplois de conseillers au sein des espaces-jeunes. Il
est prévu de porter les postes à 337 d'ici la fin de
l'année 2000 avec une inscription budgétaire des crédits
correspondants dès la loi de finances initiale (75 millions de
francs).
La subvention d'équipement s'élève par ailleurs à
34,27 millions de francs d'autorisations de programme. Un montant de
23,15 millions de francs sera ouvert en crédits de paiement.
2. L'Association pour la formation professionnelle des adultes (AFPA)
La
contribution de l'Etat à l'Association pour la formation professionnelle
des adultes (fonctionnement et équipement) s'établit à
4.693 millions de francs, soit une augmentation de 5,4 % par rapport
à 1999.
La subvention à l'AFPA passe de 4.128 millions de francs en 1999
à 4.334,9 millions de francs en 2000, soit une augmentation de
5 % destinée à traduire dans les moyens de l'AFPA, les
ambitions du PNAE et du deuxième contrat de progrès :
développer les prestations d'orientation pour la construction de
parcours de formation pour les demandeurs d'emploi, développer la
pédagogie de l'alternance et de l'individualisation des parcours, mettre
en oeuvre et développer la validation des acquis d'expériences.
La dotation du chapitre 66-71 relative à la subvention
d'équipement (hors articles 10 et 30) passe en autorisations de
programme de 319,74 millions de francs à 358,7 millions de francs,
soit une augmentation de 10,7 %. En crédits de paiement, elle passe
de 319,74 millions de francs en 1999 à 352 millions de francs, soit
une augmentation de 10 %.
Les moyens consacrés aux acquisitions immobilières passent de
3,85 millions de francs en autorisations de programme et en crédits
de paiement pour 1999, à 2,9 millions de francs pour 2000.
L'augmentation des crédits de l'AFPA s'inscrit dans le cadre des
objectifs définis par le contrat de progrès 1999-2003 qui
prévoit une augmentation de l'activité " orientation "
de l'AFPA. Il s'agit de faire passer le nombre de personnes orientées de
80.000 à 250.000 en 2003.
L'AFPA doit également mener une action prioritaire en direction des
demandeurs d'emploi afin de leur offrir un service personnalisé d'appui
à un projet professionnel.
On ne peut que saluer le recentrage de l'AFPA sur ses missions de service
public qui lui permet de participer activement à la réinsertion
professionnelle des demandeurs d'emploi dans le cadre du plan national d'action
pour l'emploi.
Vos rapporteurs observent que la coopération avec l'ANPE n'en est
qu'à ses débuts et considèrent qu'elle doit être
poursuivie notamment au niveau des services déconcentrés.
On peut rappeler que le plan national d'action pour l'emploi met en oeuvre les
lignes directrices pour l'emploi définies au niveau européen. Il
est organisé autour de quatre piliers : améliorer la
capacité d'insertion des jeunes et des adultes afin de prévenir
le chômage de longue durée et lutter contre l'exclusion,
développer l'esprit d'entreprise, renforcer l'égalité des
chances entre les hommes et les femmes et oeuvrer pour une meilleure
intégration des handicapés.
La subvention aux autres organismes de formation professionnelle passe de
66,85 millions de francs à 43,40 millions de francs.
Les crédits d'investissements accordés par l'Etat pour des
opérations d'intérêt national (hors AFPA) passent de 7,6
millions de francs à 6,7 millions de francs.
D. LES MOYENS CONSACRÉS AUX RELATIONS DU TRAVAIL
Les
crédits consacrés aux relations du travail augmentent de
près de 18 % en 2000 compte tenu d'une forte hausse de la dotation
à l'OPRI et d'un accroissement des dépenses d'intervention.
• L'Agence nationale pour l'amélioration des conditions de
travail (ANACT) est un établissement public à caractère
national. Elle est investie d'une mission de service public d'innovation et de
valorisation d'actions contribuant tout à la fois à
l'amélioration des conditions de travail des salariés et à
l'efficacité globale des entreprises et des organisations.
Pour 2000, la subvention versée à l'ANACT par le
ministère de l'emploi et de la solidarité s'élève
à 70,10 millions de francs, au lieu de 69,50 millions de
francs.
Ces moyens doivent lui permettre d'une part de développer l'appui
technique aux entreprises (avec une priorité donnée aux PME) en
particulier sur la réorganisation du temps de travail, d'autre part de
développer et renforcer le réseau des actions régionales.
Quatre antennes régionales, sur les huit existantes, seront
transformées en ARACT en l'an 2000.
• Le Fonds pour l'amélioration des conditions de travail
(FACT) est un dispositif d'appui aux entreprises, géré par le
ministère de l'emploi et de la solidarité, permettant de soutenir
financièrement des actions innovantes en matière d'organisation
et de conditions de travail. Il permet de faciliter la recherche de solutions
concertées, en particulier dans les PME, préservant les
intérêts des salariés et les performances de l'entreprise.
Les interventions du FACT concernent prioritairement :
- l'organisation du travail, notamment dans le cadre des démarches
de réduction et d'aménagement du temps de travail,
- la conception des postes, des installations et des lieux de travail.
Dans le cadre du projet de loi de finances pour 2000, la dotation du chapitre
66-72, article 60, sera entièrement basculée sur le chapitre
44-73, article 60, qui passe de 5,25 millions de francs en 1999 à
18 millions de francs.
Cette dotation permettra de poursuivre pour la deuxième année
consécutive les actions d'appui aux accords de branche en matière
de réduction du temps de travail ainsi que celles d'appui à des
opérations innovantes d'entreprises en matière de conditions de
travail ou de santé/sécurité.
• L'Office de protection contre les rayonnements ionisants (OPRI)
est chargé depuis 1999 du suivi en temps réel des travailleurs
soumis aux rayonnements ionisants.
En 2000, la contribution à l'Office de protection contre les
rayonnements ionisants, imputée sur le budget de l'emploi,
s'élève à 25,3 millions de francs (au lieu de
3,5 millions de francs en 1999). Cette augmentation constitue une
provision destinée à renforcer les moyens consacrés
à la radioprotection des travailleurs. Elle permettra notamment de
financer la construction d'un système informatique de suivi
dosimétrique en temps réel de l'ensemble des travailleurs. Par
ailleurs, l'OPRI reçoit une subvention de 84,68 millions de francs
(+ 29,14 millions de francs), imputée sur le budget de la santé.
• Les dernières élections prud'homales datent de 1997
et les prochaines auront lieu à la fin de 2002.
Les crédits inscrits en projet de loi de finances pour 2000
(1,1 million de francs), sont reconduits au même niveau qu'en 1999
et permettront, le cas échéant, de financer d'éventuelles
élections partielles.
• La dotation du chapitre 44-73 relatif aux dépenses
d'intervention passe de 160,5 millions de francs à 195 millions de
francs soit une augmentation de 21,3 %.
Cette augmentation concerne trois postes importants de ce chapitre :
- l'aide à la négociation et à la participation
passe de 12,10 millions de francs en 1999 à 22,10 millions de
francs en projet de loi de finances pour 2000. L'accroissement de
10 millions de francs est destiné à financer la formation
des salariés mandatés pour négocier la réduction de
la durée du travail ;
- l'abondement des crédits d'intervention du FACT sur le chapitre
44-73, du fait de la mise en extinction du titre VI concernant le FACT ;
- la création d'un article 80 géré par la
Délégation aux affaires européennes et internationales, au
sein de ce chapitre, intitulé subventions aux organismes internationaux
pour refléter la participation de la France au programme
d'élimination progressive du travail des enfants (IPEC) du Bureau
international du travail.
*
* *
Après avoir examiné les crédits de l'emploi et de la formation professionnelle et avoir constaté qu'ils ne répondaient pas à ses attentes au regard notamment de son souhait de voir développer une politique de formation professionnelle ambitieuse et des dispositifs d'aide à l'emploi compatibles avec les exigences d'une économie moderne, votre commission a émis un avis défavorable à l'adoption des crédits consacrés au travail, à l'emploi et à la formation professionnelle. Elle a également adopté un amendement de suppression de l'article 70 rattaché à ce budget de l'emploi.
AMENDEMENT ADOPTÉ PAR LA COMMISSION
Projet
de loi de finances pour 1999
Amendement présenté par Mme Annick Bocandé, rapporteur
pour avis au nom de la commission des Affaires sociales
Art. 70
Supprimer cet article.
Objet
Voir commentaire de cet article et de cet amendement pages 80 et suivantes.
1
Voir compte rendu de l'audition de
M. Jean-Paul Fitoussi à la page 148 du rapport n° 30 de
la commission des Affaires sociales du Sénat sur le projet de loi
relatif à la réduction négociée du temps de
travail. M. Louis Souvet, rapporteur.
2
Données INSEE citées par La Tribune, 2 novembre
1999, p. 4.
3
Voir notamment " Les revendications salariales prennent de
l'ampleur dans les entreprises "in Le Monde, jeudi 18 novembre 1999.
4
Rapport général n° 1861 de la commission des
finances, de l'économie générale et du plan de
l'Assemblée nationale, tome I, projet de loi de finances pour 2000, M.
Didier Migaud, rapporteur général, p. 69 et suivantes.
5
Rapport général n° 1861 de la commission des
finances, de l'économie générale et du plan de
l'Assemblée nationale, tome I, projet de loi de finances pour 2000, M.
Didier Migaud, rapporteur général, p. 69.
6
" Fuelling False hopes ", Financial times, 10
septembre 1999.
7
M. Andrew Oswald est professeur d'économie
à la Warwick University.
8
Idem, p. 81.
9
Voir notamment DARES Premières informations et
premières synthèses 99.10 - n° 43.1 : " Les
dispositifs spécifiques de la politique de l'emploi en 1998 :
redéploiement vers les jeunes des aides à l'emploi et à
l'insertion ".
10
" Changeons d'avenir " programme du parti socialiste
pour les élections législatives de 1997, p. 7.
11
Les Echos, entretien de Mme Martine Aubry, 24 juin 1998.
12
R apport n° 58 au nom de la commission des Affaires sociales
du Sénat sur le projet de loi de financement de la
sécurité sociale pour 1999, M. Charles Descours, rapporteur, p.
134.
13
Rapport n° 58 au nom de la commission des Affaires sociales
sur le projet de loi de financement de la sécurité sociale pour
2000. M. Charles Descours, rapporteur, tome I " Equilibres financiers
généraux et assurance maladie ", p. 90.
14
Voir avis n° 70 présenté par la commission des
Affaires sociales du Sénat sur le projet de loi de finances pour 1999,
tome IV, " travail, emploi et formation professionnelle ", M. Louis
Souvet et Mme Annick Bocandé, rapporteurs, p. 47 et suivantes.
15
La Tribune, lundi 22 novembre 1999.
16
Voir JO débats AN, 2
ème
séance du
8 novembre 1999, p. 9048.