III. LA REMISE À PLAT DES DISPOSITIFS EN FAVEUR DES PUBLICS PRIORITAIRES SE POURSUIT
|
LFI 1999 |
PLF 2000 |
Evolution en % |
PUBLICS PRIORITAIRES |
49.056,70 |
52.787,38 |
7,6 % |
A - Actions spécifiques en faveur des jeunes |
14.427,53 |
21.802,00 |
51,1 % |
Nouveaux emplois/nouveaux services |
13.920,20 |
21.340,00 |
53,3 % |
Réseau d'accueil et TRACE |
507,33 |
462,00 |
- 8,9 % |
B - Actions d'insertion en faveur des publics en difficulté |
29.170,61 |
25.388,65 |
- 13,0 % |
Contrats emploi-solidarité |
9.904,00 |
9.010,55 |
- 9,0 % |
Contrats emploi-consolidé |
5.250,00 |
5.323,66 |
1,4 % |
Emplois ville |
141,16 |
124,00 |
- 12,2 % |
Contrats de retour à l'emploi - CERMI |
412,49 |
65,00 |
- 84,2 % |
Contrats d'initiative emploi |
9.500,00 |
7.013,33 |
- 26,2 % |
Programme chômeur de longue durée (SIFE, SAE) |
3.114,54 |
2.861,07 |
- 8,1 % |
FNE Cadres |
102,02 |
81,04 |
- 20,6 % |
Insertion par l'économique |
746,40 |
910,00 |
21,9 % |
C - Actions en faveur des travailleurs handicapés |
5458,56 |
5.596,73 |
2,5 % |
(en millions de francs)
A. LES CRÉDITS CONSACRÉS AUX EMPLOIS-JEUNES AUGMENTENT SENSIBLEMENT
La loi
n° 97-940 du 16 octobre 1997 modifiée par la loi du 29 juillet 1998
a pour objet de créer de nombreux emplois pour les jeunes dans le
secteur non marchand.
L'idée initiale était de favoriser au niveau local le
développement d'activités d'utilité sociale
répondant à des besoins non satisfaits ou insuffisamment
satisfaits.
Les employeurs devaient être à l'origine uniquement les
collectivités territoriales, les associations et les
établissements publics.
La
répartition des emplois-jeunes
Total |
217.550 emplois-jeunes |
Source : ministère de l'emploi
Il s'agissait en fait d'initier le développement de nouvelles
filières professionnelles. Ces nouveaux métiers devaient
répondre à des préoccupations " nouvelles "
comme l'environnement ou la mise en valeur du patrimoine, ou renouveler des
fonctions déjà existantes mais dont la " demande
sociale " a augmenté comme l'animation sportive ou l'accueil et
l'accompagnement des personnes âgées ou handicapées.
Le projet du Gouvernement a toutefois sensiblement évolué au
cours de la discussion parlementaire.
Les différents ministères (éducation nationale,
intérieur, justice...) ont fait part de leur souhait de créer des
emplois-jeunes. De même, les entreprises publiques (SNCF, RATP, La
Poste...) ont été " invitées " à
créer des emplois-jeunes.
En fait, il est apparu que, devant l'impossibilité à créer
350.000 emplois concernant des activités nouvelles dans le secteur non
marchand, le Gouvernement a souhaité préserver ses objectifs
quantitatifs en permettant à l'Etat de recruter des emplois-jeunes, ceci
au risque d'accroître la confusion quant aux objectifs et au devenir de
ces emplois au terme des cinq ans.
L'objectif était de 350.000 emplois, il apparaît, à la fin
du mois d'octobre, que 217.550 postes ont été créés
pour 203.200 embauches effectives. Le Gouvernement prévoit 310.000
emplois-jeunes au terme de l'année 2000.
Il est à noter que la mise en place d'un dispositif permettant le
recrutement de 350.000 emplois-jeunes dans le secteur marchand a
été abandonné.
Votre commission des Affaires sociales avait longuement analysé le bilan
de la loi du 16 octobre 1997 à l'occasion de l'examen des crédits
de l'emploi dans le projet de loi des finances pour 1999
14(
*
)
. Cette analyse avait
démontré que derrière un vocable unique, les
" emplois-jeunes ", se " cachaient " en
réalité au moins quatre catégories de dispositifs :
- les activités ayant véritablement vocation à
être pérennisées, notamment dans le domaine de la
médiation, elles constituent une minorité des embauches
annoncées ;
- les emplois correspondant à des dispositifs aidés, il
s'agit des emplois créés par l'Education nationale, la SNCF, la
Poste ; ils ont pour vertu principale d'occuper leurs détenteurs et
de réduire les chiffres du chômage. Des doutes subsistent
toutefois sur leur avenir et leur employabilité au terme des 5 ans. Dans
le secteur public, le risque existe du développement d'une
" sous-fonction publique " ;
- certains emplois-jeunes jouent le rôle de dispositif d'insertion
de publics spécifiques, notamment à l'attention des jeunes des
quartiers " en difficulté ". C'est notamment le cas de
certains emplois créés par la SNCF ou la RATP ;
- enfin, certains emplois constituent une voie d'entrée dans
l'administration par la petite porte. C'est le cas des adjoints de
sécurité qui pourraient bénéficier de places dans
le cadre de concours internes de gardiens de la paix.
Vos rapporteurs avaient observé que "
le plan emplois-jeunes ne
constituait pas une politique, mais une boîte à outils pour faire
baisser le taux de chômage des jeunes sans aucune vision globale de long
terme, à la différence d'autres dispositifs comme l'apprentissage
et l'alternance dont il freinait par ailleurs le
développement
".
Aujourd'hui et malgré le succès quantitatif de ce dispositif, vos
rapporteurs ne peuvent s'empêcher de confirmer leur analyse de
l'année dernière et de faire part de leurs inquiétudes.
Ils observent le coût croissant du programme qui devrait atteindre les
21,3 milliards de francs, en hausse de 53,3 % par rapport à
1999. Ils constatent que dans le même temps, les crédits relatifs
aux dispositifs d'insertion en faveur des publics en difficulté
diminuent de 13 % et ceux relatifs à la formation professionnelle
baissent de 1,6 % (- 2,4 % pour les seules formations en
alternance).
Vos rapporteurs s'interrogent sur la pertinence de ce choix. Les emplois-jeunes
peuvent-ils constituer ce " dispositif à tout faire " ?Ne
vaudrait-il pas mieux le recentrer sur les seules activités
émergentes du secteur non marchand et développer à
côté une véritable politique de la ville, développer
des solutions pérennes en termes de personnel d'accompagnement pour
aider les enseignants à accomplir leur mission dans de bonnes conditions
et étoffer les effectifs de la police nationale lorsque cela est
nécessaire ?
Vos rapporteurs ne sont pas convaincus de la capacité du plan
emplois-jeunes à résoudre le problème de l'emploi dans les
quartiers difficiles.
De même, l'intégration des adjoints de sécurité dans
la police, si elle devait se réaliser à travers des concours
réservés, pourrait poser des problèmes au regard du
principe d'égal accès des citoyens aux emplois publics. Etant
donné le nombre élevé d'adjoints de
sécurité, un jeune pourra-t-il encore espérer devenir
gardien de la paix sans avoir été adjoint de
sécurité ?
En fait, vos rapporteurs ont le sentiment qu'en rassemblant sous un
" même chapeau " plusieurs dispositifs de l'emploi relatifs
à l'insertion des jeunes, la politique du Gouvernement a perdu en
précision ce qu'elle a gagné en simplicité, ceci sans
garantir un avenir professionnel à ces milliers de jeunes. Ils
constatent que, dans le même temps, l'effort de développement de
la formation professionnelle est suspendu dans l'attente des réformes
annoncées et constamment reportées.
Provenance des emplois-jeunes
" Quelle était
votre
situation avant de signer votre contrat jeune ? "
(en %)
Source : CFDT, juin 1999
Vos rapporteurs invitent le Gouvernement à préciser les
débouchés dont pourront bénéficier les
emplois-jeunes à l'issue des cinq années des contrats,
c'est-à-dire dans trois ans pour certains d'entre eux. Cette
démarche est indispensable comme le révèle une
enquête réalisée par la CFDT, auprès de 3.000
jeunes, qui montre que près de la moitié des jeunes ignorent ce
que deviendra leur emploi à la fin de leur contrat. Selon cette
enquête réalisée en mai-juin 1999, seuls 12 % des
bénéficiaires d'un emploi-jeune se considèrent comme bien
informés sur l'avenir de leur activité et de leur travail, alors
que 46 % jugent cette information très floue.