II. EXAMEN DE L'AVIS
Réunie le mardi 23 novembre, sous la
présidence de
M. Jean Delaneau, président
, la commission a
procédé à
l'examen du rapport pour avis
de
M.
Louis Souvet
sur les crédits consacrés au travail et
à l'emploi
dans le
projet de loi de finances pour 2000
.
M. Louis Souvet, rapporteur pour avis des crédits du travail et de
l'emploi
, a observé à titre liminaire que l'examen de son
rapport intervenait dans un contexte marqué par un débat sur
l'évolution des chiffres du chômage, une certaine confusion sur
les modalités de financement des 35 heures, ainsi qu'un revirement
radical de la position du Gouvernement sur la question des allégements
de cotisations sociales.
Evoquant l'évolution des chiffres du chômage, il a rappelé
que le Gouvernement se félicitait de la baisse du taux de chômage
et s'en attribuait la paternité en évoquant notamment les 35
heures.
Il a déclaré que M. Gérard Bapt évoquait, dans
son rapport spécial au nom de la commission des finances, de
l'économie générale et du plan de l'Assemblée
nationale pour les crédits du travail et de l'emploi, la création
de 785.000 emplois depuis juillet 1997, dont 560.000 dans le secteur marchand
et 180.000 dans le secteur non marchand.
Il a observé que les créations d'emplois avaient permis un recul
du chômage, à 11,1 % de la population active en 1999, contre
11,8 % en 1998, et que certaines prévisions envisageaient des taux
de 10,3 % en 2000 et 9,6 % en 2001.
M. Louis Souvet, rapporteur pour avis des crédits du travail et de
l'emploi
, a considéré que ces chiffres étaient
incontestables, observant d'ailleurs qu'ils étaient, pour nombre d'entre
eux, issus de statistiques rassemblées par des organisations
internationales.
Il a néanmoins estimé que ces données ne suffisaient pas
à décerner un satisfecit au Gouvernement pour au moins deux
raisons : la baisse du chômage étant largement le fait du
retour de la croissance et des politiques de l'emploi mises en oeuvre depuis
1993 et les mesures décidées par l'actuel Gouvernement ne
paraissant pas avoir eu d'effet notable sur l'évolution de l'emploi dans
le secteur marchand.
Il a évoqué la polémique sur les statistiques du
chômage consécutive à une enquête de l'hebdomadaire
" Le Point ", faisant état d'instructions données par
le ministère de l'emploi tendant à influer sur le nombre des
radiations de demandes d'emplois des listes du chômage. Il a
estimé que si cette information s'avérait exacte, elle
constituerait un fait particulièrement grave.
M. Louis Souvet
a observé que le retour de la croissance
était général en Europe depuis 1997 et qu'il devait peu au
Gouvernement actuel. Il a noté que les économistes
considéraient que la mise en oeuvre de la monnaie unique avait
été particulièrement favorable à la France depuis
deux ans grâce à la baisse des taux d'intérêt
réels et que, par ailleurs, l'organisation de coopération et de
développement économiques (OCDE) attribuait le dynamisme de
l'emploi dans le secteur marchand aux mesures en faveur du travail à
temps partiel, à l'intérim ainsi qu'aux allégements de
charges sociales, autant de dispositifs nés avant 1997. Concernant les
effets des politiques mises en place depuis lors, il a estimé que nul ne
contestait la réalité de l'effet des emplois-jeunes sur les
chiffres de l'emploi, mais qu'il subsistait des inconnues sur l'avenir de ces
jeunes d'ici trois ans, étant donné le caractère souvent
peu qualifiant des emplois créés et la durée relativement
courte des contrats. Par ailleurs, il a estimé que les 35 heures
n'avaient permis la création que de 30.000 à 40.000 emplois,
selon les chiffres même du Gouvernement, ceci sans tenir compte des
effets d'aubaine. Il a souligné qu'on ne pouvait par conséquent
considérer que cette loi était à l'origine de la baisse du
taux de chômage.
M. Louis Souvet
a rappelé que la question du financement des
35 heures avait occupé une part importante du débat en
première lecture du projet de loi relatif à la réduction
négociée du temps de travail à l'Assemblée
nationale et au Sénat et qu'elle avait également
été au centre du débat sur le projet de loi de financement
de la sécurité sociale. Il a considéré, dans ces
conditions, qu'il n'était pas étonnant de retrouver cette
question à l'occasion de l'examen du projet de loi de finances.
Il a observé que la création d'un fonds de financement de la
réforme des cotisations patronales de sécurité sociale par
la loi de financement de la sécurité sociale pour 2000 avait pour
première conséquence de modifier considérablement la
présentation du budget de l'emploi, les 39,5 milliards de la
" ristourne Juppé " n'apparaissant plus en effet dans le
budget de l'emploi, puisqu'ils étaient pris en charge directement par le
nouveau fonds. Il a souligné qu'en conséquence, les
crédits du ministère de l'emploi étaient ramenés
à 122,06 milliards de francs, contre 162,05 milliards de francs en
1999.
Il a observé qu'il s'agissait là de la seconde modification de la
réforme de la nomenclature budgétaire en deux ans puisqu'en 1998
déjà, 43 milliards de francs correspondant notamment
à la ristourne dégressive avaient été inscrits au
budget des charges communes et que ce n'était qu'en 1999 qu'ils avaient
rejoint le budget de l'emploi.
Il a constaté que les crédits du budget du ministère de
l'emploi augmentaient de 2,3 %, à périmètre constant
par rapport à l'année dernière alors que,
simultanément, les dépenses du budget général
n'augmentaient en moyenne que de 0,9 %.
Outre cette question de nomenclature, il s'est inquiété du
problème de lisibilité des crédits consacrés
à la réduction du temps de travail comme l'illustrait
l'intitulé de l'article 10 du chapitre 44-77 " exonération
de cotisations sociales au titre de l'incitation à la réduction
du temps de travail ", qui laissait penser que les 4,3 milliards de francs
inscrits étaient destinés à financer les aides incitatives
prévues par la loi du 13 juin 1998, alors que ces crédits
serviraient en définitive à subventionner le fonds de financement
des cotisations patronales de sécurité sociale créé
par la loi de financement de la sécurité sociale.
Par ailleurs, il a souligné que des interrogations subsistaient sur le
devenir des crédits inscrits en loi de finances pour financer la
réduction du temps de travail. Observant que, seuls, 78 millions de
francs avaient été consommés sur les 2,8 milliards de
francs budgétés en 1998 et qu'au 30 septembre 1999, seuls
706 millions de francs avaient été consommés sur les
3,5 milliards de francs inscrits en loi de finances, il a regretté
que l'état des reports de crédits reste aujourd'hui peu clair.
Il a observé à cette occasion que les faibles taux de
consommation des crédits budgétaires prévus pour financer
la loi du 13 juin 1998 confirmaient la modestie des résultats de cette
loi et contrastaient avec les déclarations du Gouvernement.
Il a estimé que le troisième point caractéristique de ce
débat budgétaire résidait dans la confirmation de la
volte-face du Gouvernement sur la politique d'allégement des cotisations
sociales patronales née en 1993, poursuivie en 1995 et
délaissée en 1997.
Il a rappelé les propos de Mme Nicole Péry, secrétaire
d'Etat à la formation professionnelle qui déclarait au
Sénat, au printemps 1998, lors du débat sur la proposition de loi
de MM. Christian Poncelet, Jean-Pierre Fourcade, Josselin de Rohan, Maurice
Blin et Henri de Raincourt tendant à alléger les charges sur les
bas salaires que le Gouvernement n'avait pas souhaité poursuivre cette
politique, parce qu'il n'était pas convaincu que le niveau du coût
du travail constituait un obstacle à l'emploi, qu'il estimait relative
l'efficacité de cette politique et que son financement ne lui semblait
pas assuré.
Dans ces conditions, il n'a pas caché sa satisfaction d'entendre
M. Jean-Claude Boulard, rapporteur pour avis de la commission des affaires
culturelles, familiales et sociales de l'Assemblée nationale pour les
crédits du travail et de l'emploi, se féliciter de ce que
" la politique d'allégement des charges sociales engagée
(avant 1997) soit poursuivie et même accentuée ".
Il s'est déclaré convaincu que c'était cette politique qui
permettrait de créer plus d'emplois à l'avenir.
Par ailleurs, il a observé que le nombre d'emplois-jeunes devrait
s'élever à 236.000 d'ici la fin de l'année et 300.000
à la fin de l'année 2000, pour un objectif initial de 350.000. Il
a rappelé que les crédits relatifs à ce dispositif
s'élevaient à 21,34 milliards de francs, soit une hausse de
53,3 % par rapport à 1999.
Il a observé par ailleurs que le projet de création de 350.000
emplois dans le secteur non marchand était définitivement
abandonné par le Gouvernement.
Il a indiqué que les crédits affectés au financement du
réseau d'accueil des jeunes progressaient de 12 % à
structure constante, pour atteindre 467 millions de francs. Il a
déclaré toutefois que ces crédits étaient
ramenés à 392 millions de francs, compte tenu d'un transfert
de 75 millions de francs sur le budget de l'Agence nationale pour l'emploi
(ANPE), au titre du financement de la rémunération des agents mis
à disposition dans les espaces jeunes.
Il a estimé que les espaces jeunes, ainsi que l'ensemble du
réseau d'accueil des jeunes, comprenant également les missions
locales et les permanences d'accueil, d'information et d'orientation (PAIO),
jouaient un rôle central dans la mise en oeuvre du programme
d'accompagnement personnalisé vers l'emploi (TRACE). Il a ajouté
que l'objectif fixé au programme TRACE était d'accueillir 60.000
jeunes en 2000.
Il a évoqué les actions en faveur des publics en
difficulté, qui prenaient la forme d'un renforcement des dispositifs
adaptés aux publics les plus éloignés du marché du
travail (TRACE, contrat emploi consolidé, contrat de qualification
adulte), ainsi que celle d'un recentrage des dispositifs traditionnels (contrat
emploi-solidarité, contrat initiative-emploi et stages) sur les publics
prioritaires.
Il a estimé que ce recentrage avait pour objectif d'accroître la
part des publics prioritaires dans les contrats nouveaux et en cours,
même si l'offre globale de places nouvelles en contrat
emploi-solidarité, contrat emploi consolidé (CES) et contrat
initiative-emploi diminuait par rapport aux entrées prévues par
la loi de finances pour 1999 (575.000 au lieu de 675.000).
Concernant le nombre des entrées dans le dispositif, il a observé
ainsi que 155.000 personnes devraient bénéficier d'un
contrat initiative-emploi en 2000 contre 180.000 en 1999 (- 13,9 %),
que 360.000 personnes devraient bénéficier d'un contrat
emploi-solidarité contre 425.000 l'année passée
(- 15,3 %), alors que le nombre d'entrées en emplois
consolidés à l'issue d'un CES devrait rester stable, à
hauteur de 60.000.
S'agissant des dispositifs destinés aux chômeurs de longue
durée, il a souligné que les entrées prévues dans
les stages d'insertion et de formation à l'emploi (SIFE) et les stages
d'accès à l'entreprise (SAE) étaient en
légère baisse en 2000, puisque 150.000 personnes devraient en
bénéficier contre 175.000 en 1999. Il a précisé que
cette évolution se traduisait dans les crédits, puisque la
dotation budgétaire diminuait de 8 % à 2,9 milliards de
francs.
Il a noté que les structures de l'insertion par l'économique
bénéficieraient de crédits en hausse de 22 % en 2000,
pour atteindre 910 millions de francs, ces moyens devant permettre de
remplir l'objectif, fixé par le programme de lutte contre les
exclusions, de doubler en trois ans (1998-2000) les capacités d'accueil
des entreprises d'insertion et des entreprises de travail temporaire
d'insertion.
Il a évoqué la politique d'insertion des travailleurs
handicapés menée par le ministère de l'emploi qui devrait
bénéficier de 5,6 milliards de francs de crédits
(+ 2,5 %). Il a indiqué que l'essentiel de ces crédits
(5,4 milliards de francs) était consacré au mécanisme
de la garantie de ressources mais qu'il était cependant prévu de
créer 500 nouvelles places d'accueil en ateliers protégés,
ainsi que 2.000 places nouvelles en centres d'aide par le travail, ce qui
porterait la capacité d'accueil respective de ces structures à
89.650 places et 14.600 places.
Concernant le financement du retrait d'activité, il a observé que
19.000 entrées en préretraite ASFNE (allocation spéciale
du fonds national pour l'emploi) étaient prévues pour 2000 contre
18.000 en 1999.
M. Louis Souvet, rapporteur pour avis des crédits du travail et de
l'emploi
, a indiqué que les crédits consacrés à
ce dispositif étaient en baisse de 700 millions de francs, puisqu'ils
atteignaient 4,15 milliards de francs contre 4,85 milliards en 1999. Il a
considéré que cette baisse des crédits s'expliquait par
l'augmentation du taux de contribution versée par les entreprises,
l'augmentation de la contribution de l'UNEDIC, ainsi que l'augmentation de la
contribution dite " Delalande ". Il a souligné que cette
dotation prenait également en compte la mise en place d'un nouveau
dispositif né dans le secteur automobile pour les salariés ayant
effectué des travaux pénibles.
Il a noté que les préretraites progressives (PRP) voyaient
également leurs crédits diminuer sensiblement pour les
mêmes motifs, 12.600 entrées étant en effet prévues
en 2000 contre 18.000 en 1999.
Il a indiqué que le transfert des crédits relatifs à la
ristourne dégressive dans un fonds nouvellement créé
laissait subsister dans le budget de l'emploi plusieurs lignes
consacrées à la compensation d'exonérations de cotisations
sociales, et notamment celles relatives aux zones économiques en
difficulté. Il a noté que les crédits relatifs aux zones
de revitalisation rurale (ZRR) et de redynamisation urbaine diminuaient, pour
revenir à 356 millions, tandis que ceux relatifs aux zones franches
augmentaient de 300 millions, pour atteindre 900 millions de francs, les
crédits affectés à la zone franche Corse restant stables.
Il a tenu à souligner tout l'intérêt des zones franches
urbaines pour structurer l'emploi dans des quartiers en grande
difficulté. Il a estimé que leur remise en cause aurait eu des
effets tout à fait dommageables alors que le Gouvernement tarde à
proposer des dispositifs adaptés permettant le développement de
l'emploi dans les quartiers difficiles.
Il a rappelé également que les crédits relatifs au
financement de la loi du 11 juin 1996, dite loi " de Robien ",
demeuraient inscrits au budget de l'emploi et que la dotation diminuait de
11 % en 2000 pour atteindre 2,72 milliards de francs.
Il a observé une baisse des crédits relatifs à
l'accompagnement des restructurations, particulièrement sensible pour la
participation de l'Etat au financement de l'allocation spécifique pour
privation partielle d'emploi qui devrait être ramenée à
211 millions de francs, ainsi que pour les conventions de conversion qui
devraient bénéficier de 750 millions de francs. Il a admis
que les baisses de crédits pouvaient s'expliquer par
l'amélioration de la conjoncture économique.
Il a évoqué enfin la subvention de l'Etat à l'ANPE qui
devrait augmenter de 10,4 % à 6,38 milliards de francs, afin
de permettre à cet établissement de mettre en oeuvre le
troisième contrat de progrès qui porte sur les années 1999
à 2003, avec pour objectif de renforcer la qualité des services
rendus aux demandeurs d'emploi et aux entreprises et de poursuivre la
modernisation de l'agence.
Il a noté que l'ANPE occupait un rôle particulier dans la mise en
oeuvre du plan national d'action pour l'emploi.
M. Louis Souvet, rapporteur pour avis des crédits du travail et de
l'emploi
, a indiqué que les crédits devraient permettre
l'extension en année pleine de mesures décidées en 1999,
et notamment la création des 500 emplois, à laquelle devrait
s'ajouter la création de 500 emplois supplémentaires pour
l'année 2000.
Il a observé que les dépenses de personnel du ministère
augmentaient de 5,5 % à 2,5 milliards de francs, et
précisé que cette augmentation de crédits devrait
permettre la création nette de 130 emplois, dont 13 en
administration centrale et 117 au sein des services déconcentrés.
Il a noté que l'Inspection du travail devrait bénéficier
de ces créations de postes, à hauteur de 15 inspecteurs et
88 contrôleurs. Il a précisé que de nombreuses mesures
statutaires étaient prévues, ainsi que la transformation de
640 emplois, pour un coût total de 5,7 millions de francs.
Il a estimé que ce budget de l'emploi comportait des dispositions
satisfaisantes, notamment pour tout ce qui relève du service public de
l'emploi (ANPE, réseaux d'accueil des jeunes, publics les plus
éloignés de l'emploi). Il a cependant rappelé que la
commission ne partageait pas les grandes orientations de ce budget, relatives
à la mise en oeuvre de la réduction du temps de travail, ainsi
qu'à la poursuite du développement d'emplois dans le secteur non
marchand en l'absence de dispositifs adéquats de professionnalisation.
Il a ajouté que la commission avait d'ailleurs eu l'occasion de montrer
plusieurs fois sa préférence pour une politique qui favoriserait
de manière plus volontaire les allégements de charges sociales et
la formation professionnelle.
En conséquence, il a proposé de formuler un avis
défavorable à l'adoption des crédits du budget de l'emploi
pour l'année 2000.
M. Jean Delaneau, président,
a souhaité que le rapporteur
ne fasse référence qu'avec prudence aux investigations
publiées par l'hebdomadaire " Le Point ".
M. Jean Chérioux
a indiqué qu'en tant que parlementaire,
il lui semblait toujours préférable que la presse se
réfère aux travaux du Sénat, et non l'inverse.
La commission a décidé
d'émettre un avis
défavorable sur les crédits consacrés au travail et
à l'emploi dans le projet de loi de finances pour 2000.
Puis, la commission a procédé à
l'examen du rapport
pour avis
de
Mme Annick Bocandé sur les crédits
consacrés à la formation professionnelle
dans le
projet de
loi de finances pour 2000.
Mme Annick Bocandé, rapporteur pour avis des crédits de la
formation professionnelle
, a rappelé que déjà
l'année dernière, alors qu'elle présentait pour la
première fois son rapport pour avis, les crédits relatifs
à la formation professionnelle inscrits dans le budget du
ministère de l'emploi lui avaient semblé marqués au sceau
de la continuité. Elle a déclaré que la seule
évolution sensible résidait alors dans un
" recentrage " des aides publiques à l'alternance.
Elle a souligné que le décret du 12 octobre 1999 avait
restreint aux jeunes les moins qualifiés, le champ des
bénéficiaires de l'aide forfaitaire à l'embauche au
contrat de qualification alors que l'article 80 du projet de loi de finances
pour 1999 avait opéré la même modification pour les
contrats d'apprentissage.
Aujourd'hui et compte tenu de ces dispositions " malthusiennes ",
elle a observé un léger tassement des crédits
consacrés à la formation professionnelle.
Elle a précisé que ces crédits s'élevaient à
30,6 milliards de francs, dont 26 milliards de francs pour
l'agrégat " participation de l'Etat à la formation
professionnelle ", soit une baisse de 1,6 %.
Elle a considéré que l'impression de stagnation dominait lorsque
l'on observait l'évolution de ces crédits depuis quelques
années.
Elle a indiqué que, selon les résultats provisoires du compte
économique de la formation professionnelle, qui retrace les
interventions de tous les acteurs, la dépense totale pour la formation
professionnelle s'élevait à près de 140 milliards de
francs, soit une progression de 0,6 % par rapport à 1996.
Elle a constaté, à l'instar de M. Patrick Malavieille,
rapporteur pour avis de la commission des affaires culturelles, familiales et
sociales de l'Assemblée nationale, pour la formation professionnelle,
que la stabilisation de l'effort entrepris s'opérait à un niveau
relativement bas, puisque le niveau record de 1993 n'était pas
égalé, et que l'engagement de formation restait inférieur
de 0,21 point à celui constaté en 1993, retombant à
1,72 % du produit intérieur brut.
Elle a estimé que, si ces crédits lui semblaient suffisants pour
assurer la reconduction des actions de formation engagées les
années précédentes, leur niveau lui semblait par contre
insuffisant pour considérer que la formation professionnelle constituait
une priorité du Gouvernement au même titre que les emplois-jeunes
ou les 35 heures.
Toutefois, elle a souligné qu'une nouvelle fois la discussion du budget
de la formation professionnelle intervenait dans un contexte de
" réforme annoncée " qui gelait, pour ainsi dire, les
initiatives et expliquait que ce budget se cantonnait à des actions de
reconduction.
Examinant le détail des crédits, elle a observé que le
total des crédits consacrés à l'alternance
s'élevait à 12,2 milliards de francs, soit une baisse de
2,4 % consécutive au " recentrage " des primes sur les
bas niveaux de qualification opéré par la loi de finances pour
1999.
Elle a indiqué que les primes relatives aux contrats d'apprentissage
baissaient de près de 12 % et celles relatives aux contrats de
qualification, de 32 %. Elle a déclaré que le montant total
de ces diminutions de crédits s'élevait à
660 millions de francs.
Elle a estimé que l'idée de recentrage supposait que ces
crédits soient réalloués à des dispositifs
prioritaires. Elle a observé que cela n'était que partiellement
le cas puisque la hausse de 20 % des primes relatives aux contrats de
qualification, et celle de 60 % du montant des exonérations de
cotisations sociales de ces mêmes contrats, ne représentaient que
170 millions de francs. Elle a déclaré qu'en fait, sous le
vocable de recentrage, était réalisée une économie
budgétaire de près de 500 millions de francs au
détriment des formations en alternance.
Elle a estimé que ce sentiment était confirmé par
l'analyse des flux d'entrée dans les contrats en alternance.
Elle a observé que le nombre des contrats d'apprentissage baissait de
4,3 % à 220.000 et celui des contrats de qualification de
3,8 % à 125.000. Compte tenu de l'augmentation du nombre de
contrats de qualification adultes, elle a constaté qu'on assistait
globalement à une baisse de 2,7 % du nombre des contrats en
alternance qui devrait être ramené à 360.000 en 2000.
Mme Annick Bocandé, rapporteur pour avis des crédits de
la formation professionnelle
, a regretté cette baisse du nombre des
contrats en alternance, qu'elle a jugée contradictoire avec
l'état actuel du marché du travail. Evoquant le baromètre
mensuel La Tribune-Crédit Lyonnais du mois de novembre, elle a
observé que près des deux tiers (64 %) de
l'échantillon de patrons de petites et moyennes entreprises (PME)
interrogés affirmaient rencontrer des difficultés pour embaucher
les spécialistes qu'ils recherchaient. Elle a remarqué que la
situation était particulièrement préoccupante dans les
secteurs des transports, du bâtiment et des travaux publics (BTP), de la
vente ou de l'industrie. Elle a observé que les entreprises de la
métallurgie souhaitaient embaucher 4.700 personnes d'ici
l'été et s'inquiétaient de ne pouvoir trouver la
main-d'oeuvre correspondante.
Elle a déclaré qu'elle avait le sentiment que la formation
professionnelle devait jouer un rôle fondamental dans la réforme
nécessaire du fonctionnement du marché du travail, et pouvait
constituer la réponse adéquate à ce problème de
pénurie de main d'oeuvre. Alors que le Gouvernement annonce la
discussion prochaine de dispositions législatives courant 2000 et d'un
véritable projet de loi en 2001, elle a souhaité insister sur le
fait qu'une des causes du niveau élevé du taux de chômage
français résidait dans le déficit de formation,
c'est-à-dire l'inemployabilité.
Elle a d'ailleurs observé que ces salariés sans qualification ne
trouveraient pas un emploi grâce aux 35 heures.
Elle a considéré qu'une politique d'allégement de
cotisations sociales était sans aucun doute utile pour ces demandeurs
d'emploi, mais que chacun avait bien conscience que la voie de la
réinsertion passait par la qualification des plus jeunes d'entre eux,
notamment.
Elle a indiqué que les crédits consacrés aux actions de
formation à la charge de l'Etat baissaient de 2,8 % à
5,8 milliards de francs et qu'ils se répartissaient entre le
financement des dépenses de fonctionnement, de
rémunération et d'investissement de la formation professionnelle.
Concernant les dépenses de fonctionnement, elle a observé une
stagnation à 335 millions de francs des crédits de la
politique contractuelle (contrats d'études prospectives et engagements
de développement de la formation).
Elle a noté que les crédits consacrés aux contrats de plan
Etats-régions baissaient de 2 %.
Au titre des dépenses de rémunération de la formation
professionnelle, elle a souligné que les crédits affectés
au programme national de formation professionnelle étaient
stabilisés à 926 millions de francs. Elle a
précisé que ces crédits concernaient la
rémunération des stagiaires suivant des formations
financées par l'Etat.
Elle a observé une baisse de près de 7 % des crédits
consacrés au financement de l'allocation formation reclassement (AFR),
ajoutant que ces 2,5 milliards de francs de crédits étaient
destinés à rémunérer les demandeurs d'emploi
entrant en formation.
Elle a rappelé que la loi quinquennale du 20 décembre 1993
avait engagé un mouvement important de décentralisation des
actions qualifiantes et que, depuis le 1
er
janvier 1999,
l'ensemble des actions pré-qualifiantes avait été par
ailleurs décentralisé au profit des régions. Elle a
précisé que l'Etat participait au financement de ces actions
décentralisées au moyen de dotations qui évoluaient
conformément au taux de la dotation générale de
décentralisation.
Elle a observé que l'ensemble des crédits relatifs à la
dotation de décentralisation concernant la formation professionnelle et
l'apprentissage rassemblés au chapitre 43-06 augmentaient de 0,6 %,
pour atteindre presque 8 milliards de francs en 2000.
Evoquant l'Association nationale pour la formation professionnelle des adultes
(AFPA), elle a rappelé que cette association concourait à la
réalisation de la politique de l'Etat en ce qui concerne la formation
qualifiante, au niveau national et déconcentré et qu'elle
était partie intégrante du service public de l'emploi. Elle a
observé que sa dotation augmentait de 5,4 % à
4,7 milliards de francs. Elle a indiqué que cette augmentation
s'inscrivait dans le cadre des objectifs définis par le contrat de
progrès 1999-2003 qui prévoyait une augmentation de
l'activité " orientation " de l'AFPA, afin de faire passer le
nombre de personnes orientées de 80.000 à 250.000 en 2003.
Mme Annick Bocandé, rapporteur pour avis des crédits de
la formation professionnelle
, a souligné que l'AFPA devait
également mener une action prioritaire en direction des demandeurs
d'emploi, afin de leur offrir un service personnalisé d'appui à
un projet professionnel.
Elle a salué le recentrage de l'AFPA sur ses missions de service public,
qui lui permettait de participer activement à la réinsertion
professionnelle des demandeurs d'emploi dans le cadre du plan national d'action
pour l'emploi.
Elle a observé que la coopération avec l'ANPE n'en était
qu'à ses débuts et a considéré qu'elle devait
être poursuivie, notamment au niveau des services
déconcentrés.
Elle a rappelé que le plan national d'action pour l'emploi mettait en
oeuvre les lignes directrices pour l'emploi définies au niveau
européen et qu'il était organisé autour de quatre
piliers : améliorer la capacité d'insertion des jeunes et
des adultes afin de prévenir le chômage de longue durée et
lutter contre l'exclusion, développer l'esprit d'entreprise, renforcer
l'égalité des chances entre les hommes et les femmes et oeuvrer
pour une meilleure intégration des handicapés.
Mme Annick Bocandé, rapporteur pour avis des crédits de la
formation professionnelle
, a alors abordé la délicate
question des prélèvements opérés par l'Etat sur les
fonds de la formation professionnelle.
Elle a observé que, déjà en 1997, l'article 40 de la
loi de finances avait institué une contribution exceptionnelle au budget
de l'Etat égale à 40 % de la trésorerie nette des
fonds de la formation en alternance, soit 1,7 milliard de francs et que,
par ailleurs, l'article 75 de la loi du 2 juillet 1998 portant
diverses dispositions d'ordre économique et financier avait
institué une contribution exceptionnelle au budget de l'Etat de
500 millions. Elle a rappelé que la commission des affaires
sociales s'était opposée à ces deux
prélèvements, au motif que ces détournements dans
l'utilisation des fonds lui apparaissaient préjudiciables aux
entreprises.
Elle a rappelé que l'année dernière, le Gouvernement avait
décidé à nouveau que 500 millions de francs seraient
prélevés sur les fonds de l'Association de gestion du fonds des
formations en alternance (AGEFAL), ces fonds devant faire l'objet d'une
utilisation concertée avec les partenaires sociaux, Mmes Martine
Aubry et Nicole Péry s'étant engagées à assurer, le
cas échéant, la couverture effective des dépenses
exposées par les entreprises dans le cadre des contrats en alternance.
Prenant acte de cette garantie et regrettant néanmoins le flou qui
entourait le fonctionnement de ce fonds, elle a rappelé que la
commission des affaires sociales avait souhaité faire part de sa
réserve sans toutefois manifester une opposition radicale pour tenir
compte de la réforme à venir des modalités de financement
de la formation professionnelle et de la garantie apportée par le
Gouvernement.
Mme Annick Bocandé, rapporteur pour avis des crédits de la
formation professionnelle
, a constaté que le flou demeurait et que
les prélèvements " exceptionnels " sur les fonds de la
formation devenaient de plus en plus habituels comme en témoignait
l'article 70 du projet de loi de finances pour 2000.
Elle a expliqué que cet article avait pour objet de centraliser les
excédents financiers du capital de temps de formation (CTF) au niveau
d'une section particulière créée au sein du fonds national
habilité à gérer les excédents financiers du
congé individuel de formation (CIF).
Elle a rappelé que le CTF était destiné à permettre
aux salariés de suivre, au cours de leur vie professionnelle, à
leur demande et pendant leur temps de travail, des actions de formation,
prévues au plan de formation de l'entreprise, dans le but de se
perfectionner, d'élargir ou d'accroître leur qualification.
Elle a précisé que ce dispositif était financé par
50 % au plus de la participation des entreprises au financement du CIF
(0,2 % du montant des salaires), c'est-à-dire par une contribution
au plus égale à 0,1 % des salaires.
Elle a rappelé que l'article 70 proposait d'étendre le champ
de compétences du fonds créé par la loi de finances pour
1996 qui actuellement gérait les excédents financiers des
organismes collectant les fonds du CIF, à la gestion des
excédents financiers dont disposaient les organismes paritaires
collecteurs agréés (OPCA) gérant les contributions des
employeurs affectées au financement du CTF.
Mme Annick Bocandé, rapporteur pour avis des crédits de la
formation professionnelle
, a observé que cette disposition pourrait
être considérée avec bienveillance si la centralisation des
disponibilités excédentaires du CTF n'apparaissait pas comme le
moyen d'affecter une contribution de 500 millions de francs, versée
par le comité paritaire du CIF (COPACIF) au budget de l'emploi par voie
de fonds de concours, afin de compenser la diminution des crédits
destinés au financement de l'indemnité compensatrice forfaitaire
à l'apprentissage.
Elle a conclu qu'il s'agissait donc, une fois encore, de procéder
à un prélèvement exceptionnel sur les fonds de la
formation professionnelle.
Elle a ajouté que, dès lors que ces prélèvements
présentaient un caractère structurel, l'urgence d'une
réforme du mode de financement des organismes collecteurs de fonds
devenait, chaque année, de plus en plus évidente.
Mme Annick Bocandé, rapporteur pour avis des crédits de
la formation professionnelle
, a déclaré qu'elle avait
déjà fait part de sa préférence pour une
réduction des cotisations versées par les entreprises.
Elle a préconisé le rejet de ce nouveau
prélèvement, dont le caractère récurrent lui a
semblé traduire un certain penchant du Gouvernement à
considérer les fonds collectés par les partenaires sociaux comme
une ressource budgétaire parmi d'autres, destinée à
financer les priorités du Gouvernement, comme l'avait également
montré le débat sur le financement des 35 heures à
travers le projet de contribution de l'UNEDIC et des régimes de
sécurité sociale.
Plus généralement,
Mme Annick Bocandé, rapporteur pour
avis des crédits de la formation professionnelle
, a
considéré qu'il convenait de s'interroger sur la politique du
Gouvernement en matière de formation professionnelle. Stagnation des
effectifs dans les dispositifs en alternance, priorité donnée aux
emplois-jeunes sur les formations qualifiantes et prélèvements
" exceptionnels " sur les fonds de la formation lui ont semblé
constituer les traits les plus marquants de cette politique. Elle a
évoqué les projets de réforme, et notamment le Livre blanc
intitulé " La formation professionnelle, diagnostics, défis
et enjeux ", préparé par Mme Nicole Péry,
secrétaire d'Etat à la formation professionnelle.
Elle a rappelé que quatre directions avaient ainsi été
esquissées dans ce document : la création d'un droit
individuel à la formation, la professionnalisation des jeunes, la
meilleure prise en compte de l'expérience professionnelle acquise et la
clarification du rôle des différents acteurs.
Il lui a semblé qu'aujourd'hui le dialogue entre le Gouvernement et les
partenaires sociaux pâtissait de la brutale détérioration
de leurs relations dans un contexte de remise en cause du paritarisme
consécutif aux 35 heures.
Dans ces conditions, elle a estimé que l'examen de ces crédits
budgétaires relatifs à la formation professionnelle devait
être l'occasion pour la commission des affaires sociales de prendre ses
distances avec une politique de l'emploi qui inversait les priorités en
favorisant les dispositifs de moyen terme non qualifiants sur la formation et
en braquant les partenaires sociaux, qui étaient pourtant les acteurs
déterminants de tout progrès social.
Mme Annick Bocandé, rapporteur pour avis des crédits de la
formation professionnelle
, a proposé en conséquence que la
commission se rallie, pour les crédits de la formation professionnelle,
à l'avis négatif formulé par M. Louis Souvet, rapporteur
pour avis des crédits du travail et de l'emploi, en ce qui concernait
les crédits du travail et de l'emploi. Elle a également
proposé un amendement de suppression de l'article 70 du projet de loi de
finances rattaché au budget de l'emploi.
M. Jean Delaneau, président,
a considéré que la
structure du financement de la formation professionnelle était trop
complexe et mériterait d'être simplifiée.
M. André Jourdain
s'est déclaré d'accord avec le
constat du rapporteur concernant la pénurie de main-d'oeuvre dans
certains secteurs d'activité. Il a observé que de nombreuses PME
n'étaient pas en mesure de satisfaire la demande étrangère
en biens et services pour cause de manque de main-d'oeuvre. Il a
considéré que le développement de la formation
professionnelle pourrait permettre de résoudre les dysfonctionnements du
marché du travail.
M. Jean Chérioux
s'est interrogé sur la persistance
d'obstacles à l'embauche dans certains secteurs.
M. Guy Fischer
a confirmé que l'enseignement professionnel
continuait à faire l'objet d'une stigmatisation dans le cadre de
l'organisation du système scolaire français. Il s'est
inquiété des dispositions réglementaires et
législatives prévues par le Gouvernement et de leur
capacité à inverser cette tendance. Il a observé qu'il
n'était pas sûr qu'aujourd'hui les publics les plus en
difficulté fassent l'objet d'une attention suffisante de la part de
l'Etat et des régions, au regard de leurs difficultés
d'intégration professionnelle.
M. Louis Souvet
a indiqué qu'il avait également
constaté l'existence de pénurie de main d'oeuvre dans certaines
spécialités.
M. Jacques Bimbenet
a considéré que l'inadéquation
entre l'offre et la demande de travail mettait en évidence
l'inadaptation de l'organisation du système de formation professionnelle
qui ne permettait pas aux entreprises d'être associées
suffisamment à la définition et au déroulement des
parcours de formation. Il a rendu hommage aux formations dispensées par
les centres de formation d'apprentis (CFA).
M. Jean Delaneau, président,
a observé qu'il existait
également des lycées professionnels qui dispensaient d'excellents
enseignements adaptés aux besoins des entreprises.
Mme Marie-Madeleine Dieulangard
a demandé que les circuits de
financement de la formation professionnelle soient simplifiés, et que le
contenu des formations soit mieux contrôlé.
Mme Annick Bocandé, rapporteur pour avis des crédits de la
formation professionnelle,
a considéré que les gouvernements
successifs ne s'étaient pas donnés les moyens de répondre
aux problèmes de pénurie de main d'oeuvre à travers le
développement de la formation professionnelle. Evoquant la question
qu'elle avait posée à Mme Nicole Péry, secrétaire
d'Etat aux droits des femmes et à la formation professionnelle,
sur la création des licences professionnelles, elle a
regretté que l'on ne se préoccupe de l'insertion professionnelle
des jeunes qu'au terme d'un échec à l'issue de deux années
d'enseignement en université. Elle s'est interrogée sur la
priorité qu'il pourrait y avoir à favoriser une meilleure
orientation des jeunes dès le baccalauréat vers des formations
professionnalisées. Elle a observé qu'aujourd'hui, lorsqu'une
entreprise avait le choix, elle préférait souvent recruter un
jeune passé par les formations en alternance.
A l'issue de ce débat, la commission a décidé
d'émettre
un avis défavorable sur les crédits
consacrés à la formation professionnelle dans le projet de loi de
finances pour 2000 ; elle a également adopté un amendement
de suppression de l'article 70 rattaché à la discussion de ces
crédits.