CHAPITRE II -
BILAN ÉNERGÉTIQUE
FRANÇAIS
L'année 1997 a été marquée par un ralentissement du taux de croissance de la consommation mondiale d'énergie qui passe de + 3,3 % à + 1,2 %. La décélération particulièrement marquée dans les pays émergents d'Asie (+ 3,3 %, contre +7,3 % en 1996) et les pays d'Europe centrale et orientale (PECO) (+ 0,2 % seulement) touche également la zone OCDE. Le taux de croissance de la consommation s'y réduit de deux points, passant de 2,8 % à 0,8 %.Comme l'ont observé certains experts, les variations climatiques -spécialement la douceur de l'hiver 1997- ont eu un effet décisif sur la consommation d'énergie. La France n'a pas échappé à cette évolution. La baisse de la production y a accompagné celle de la consommation, tandis que le taux d'indépendance énergétique et la facture énergétique se sont légèrement dégradés.
I. LÉGÈRE BAISSE DE LA PRODUCTION ET FAIBLE HAUSSE DE LA CONSOMMATION
Alors
qu'elle avait augmenté de + 1,7 % en 1996,
la production
nationale d'énergie primaire
a
baissé de 2,1 % en
1997
, passant de 118,2 millions de
tonnes-équivalent-pétrole (Mtep) à 115,7 Mtep.
Cette production se répartit en charbon (4,2 Mtep, soit
3,6 %) ; pétrole (2,3 Mtep, soit 2 %) ; gaz
(2,1 Mtep, soit 1,8 %) ; énergies renouvelables
(4,2 Mtep, soit 3,6 %) ; électricité primaire
hydraulique (15 Mtep, soit 13,0 %) et nucléaire
(87,8 Mtep, soit 75,9 %).
Le
taux de disponibilité du parc électronucléaire
est resté stable au niveau élevé de
82,6 % en
1997,
contre 82,7 % l'année précédente et
81 % en 1995.
Sur les 57 tranches qui composent le parc nucléaire d'EDF, 11 ont
été arrêtées pour rechargement cette année,
deux autres (situées à Belleville sur Loire) ont
été stoppées pour manque d'étanchéité
de l'enceinte intérieure, puis autorisées à
redémarrer. Enfin, les deux tranches de Chooz (Ardennes) et de Civaux
(Vienne) sont toujours arrêtées, suite à une fuite touchant
le réseau de refroidissement à l'arrêt.
La diminution de la production a accompagné le ralentissement de la
demande d'énergie.
La
consommation totale d'énergie primaire
après
correction climatique a
augmenté de 0,9 %,
soit deux fois
moins qu'en 1996 (1,8 %). Elle atteint
237,4 Mtep.
Ce total se décompose entre :
- pétrole : 97,4 Mtep, soit 41,0 % ;
- électricité : 89,8 Mtep, soit 37,8 % ;
- gaz : 32,2 Mtep, soit 13,6 % ;
- charbon : 13,7 Mtep, soit 5,8 % ;
- énergies renouvelables : 4,2 Mtep, soit 1,8 %.
La
consommation finale énergétique
représente
83,2 % de la consommation totale d'énergie. Elle correspond pour
moitié aux besoins du secteur résidentiel et du tertiaire
(85,6 Mtep) ; pour près du tiers au secteur de l'industrie
(51,4 Mtep) ; pour un peu moins du quart aux transports
(49,5 Mtep). L'agriculture absorbe le solde (3,4 Mtep) de la
consommation totale précitée.
La
consommation de la branche énergie
et la
consommation
finale non énergétique
représentent respectivement
9,7 % et 7,1 % de la consommation totale d'énergie.
L'évolution de la consommation par secteurs est contrastée.
Dans
l'industrie
3(
*
)
,
l'efficacité énergétique s'est améliorée,
notamment grâce à des économies d'échelle. La
consommation y a augmenté de 3,2 % tandis que la production
manufacturière croissait de 8,7 %.Dans le
secteur tertiaire et
résidentiel,
la consommation énergétique a
augmenté moins rapidement que la consommation totale des ménages,
ce qui pourrait résulter d'une évolution des esprits dans un sens
favorable à la maîtrise de la consommation. Tout au contraire, la
consommation dans les
transports
(qui correspond pour 96 % à
l'utilisation de produits pétroliers) a augmenté de 1,7 %,
contre 1,1 % en 1996, soit le double de l'accroissement de la consommation
d'énergie.
Au total, la croissance de la consommation d'énergie (0,9 %) a
été inférieure à celle du produit intérieur
brut (+ 2,4 %).
L'intensité énergétique
(rapport entre ces deux données)
a baissé
, après
avoir enregistré une légère hausse en 1996. Il semble que
depuis 1994, un mouvement tendanciel de baisse de l'intensité
énergétique analogue à celui observé entre 1973 et
1990 se soit amorcé. Ainsi, bien que la baisse des prix de
l'énergie ne favorise pas la maîtrise de la consommation,
l'intensité énergétique a-t-elle connu une
évolution modérée.
II. POURSUITE DE LA BAISSE DU TAUX D'INDÉPENDANCE ÉNERGÉTIQUE ET DÉGRADATION DE LA FACTURE ÉNERGÉTIQUE
Le
taux d'indépendance
énergétique
qui s'est
considérablement amélioré depuis le début des
années 1980, grâce à l'accroissement de la production
des centrales nucléaires, a plafonné au dessus de 50 % entre
1993 et 1996. Il
est retombé à 49,6 % en 1997
,
étant observé que ce chiffre ne prend pas en compte l'utilisation
d'énergies renouvelables non commercialisées, qui pourrait
correspondre à plusieurs millions de
tonnes-équivalent-pétrole (notamment à cause de
l'utilisation de bois de chauffage).
La
facture énergétique
(différence entre les
importations et les exportations de produits énergétiques) s'est
élevée à
85,9 milliards de francs
, contre
79,2 milliards en 1996, soit une
hausse de 8 %.
Cette
évolution est largement due à l'effet combiné de la
baisse du cours du pétrole brut
(- 7 % entre 1996 et
1997), qui a entraîné une augmentation de la consommation, et
à
l'appréciation du dollar
(+ 14 % environ)
durant la même période. Le prix de la tonne de pétrole brut
est ainsi passé de 785 à 830 francs, alors que les
importations augmentaient de 4,4 %.