PJL loi de finances pour 1999
BESSON (Jean)
AVIS 68 (98-99), Tome VI - COMMISSION DES AFFAIRES ECONOMIQUES
Table des matières
- AVANT-PROPOS
-
CHAPITRE IER -
LA POLITIQUE EUROPÉENNE DE L'ÉNERGIE -
CHAPITRE II -
BILAN ÉNERGÉTIQUE FRANÇAIS -
CHAPITRE III -
LES AXES MAJEURS
DE LA POLITIQUE ÉNERGÉTIQUE FRANÇAISE- I. LA POURSUITE DU PROGRAMME NUCLÉAIRE
- II. UNE POLITIQUE DE L'ÉNERGIE TOUJOURS PLUS RESPECTUEUSE DE L'ENVIRONNEMENT
- III. LA SITUATION DES GRANDS OPÉRATEURS FRANÇAIS
- EXAMEN EN COMMISSION
N° 68
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 1998-1999
Annexe au procès-verbal de la séance du 19 novembre 1998.
AVIS
PRÉSENTÉ
au nom de la commission des Affaires économiques et du Plan (1) sur le projet de loi de finances pour 1999 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE,
TOME VI
ÉNERGIE
Par M. Jean BESSON,
Sénateur.
(1)
Cette commission est composée de :
MM. Jean François-Poncet,
président
; Philippe François, Jean Huchon,
Jean-François Le Grand, Jean-Pierre Raffarin, Jean-Marc Pastor, Pierre
Lefebvre,
vice-présidents
; Georges Berchet, Jean-Paul Emorine,
Léon Fatous, Louis Moinard,
secrétaires
; Louis
Althapé, Pierre André, Philippe Arnaud, Mme Janine Bardou, MM.
Bernard Barraux, Michel Bécot, Jacques Bellanger, Jean Besson, Jean
Bizet, Marcel Bony, Jean Boyer, Mme Yolande Boyer, MM. Dominique Braye,
Gérard César, Marcel-Pierre Cleach, Gérard Cornu, Roland
Courtaud, Désiré Debavelaere, Gérard Delfau, Marcel
Deneux, Rodolphe Désiré, Michel Doublet, Xavier Dugoin, Bernard
Dussaut
,
Jean-Paul Emin, André Ferrand, Hilaire Flandre, Alain
Gérard, François Gerbaud, Charles Ginésy, Serge Godard,
Francis Grignon, Louis Grillot, Georges Gruillot, Mme Anne Heinis,
MM. Pierre Hérisson, Rémi Herment, Bernard Joly, Alain
Journet, Gérard Larcher, Patrick Lassourd, Edmond Lauret, Gérard
Le Cam, André Lejeune, Guy Lemaire, Kléber Malécot, Louis
Mercier, Bernard Murat, Paul Natali, Jean Pépin, Daniel Percheron,
Bernard Piras, Jean-Pierre Plancade, Ladislas Poniatowski, Paul Raoult,
Jean-Marie Rausch, Charles Revet, Henri Revol, Roger Rinchet, Jean-Jacques
Robert, Josselin de Rohan, Raymond Soucaret, Michel Souplet, Mme Odette
Terrade, MM. Michel Teston, Pierre-Yvon Trémel, Henri Weber.
Voir les numéros
:
Assemblée nationale
(
11
ème législ.) :
1078
,
1111
à
1116
et T.A.
193
.
Sénat
:
65
et
66
(annexe n°
12
)
(1998-1999).
Lois de finances. |
AVANT-PROPOS
Mesdames, Messieurs,
L'année 1998 a été marquée par la publication
de plusieurs rapports du Commissariat général du Plan qui mettent
l'accent sur l'importance de la
maîtrise de la
consommation
d'énergie, du recours aux énergies renouvelables
et de la
nécessité
de laisser toutes les options techniques ouvertes
-
des énergies fossiles au nucléaire- pour la production
future d'énergie électrique.
Ainsi se dessine, malgré le confort trompeur que procure aux
consommateurs la chute des cours du marché pétrolier,
la
réflexion sur la stratégie énergétique des
cinquante prochaines années
.
Comme l'ont montré les travaux de votre
Commission d'enquête
sur la politique énergétique
de la France
, auxquels
ont notamment participé nos collègues J. Valade, président
et H. Revol, rapporteur, notre pays ne reste pas à l'écart d'un
mouvement
d'accroissement de la concurrence
et d'intégration des
opérateurs
.
La progressive
ouverture à la concurrence
des marchés
de
l'électricité
et du
gaz
constitue un défi pour EDF et GDF et une lourde responsabilité
pour les pouvoirs publics chargés d'en définir les
modalités. Aussi, votre rapporteur pour avis se félicite-t-il de
la qualité de la réflexion qui a marqué la
phase de
concertation
lancée par le Gouvernement pour la préparation
de la transposition de la directive " électricité ".
Il souhaite que la préparation du texte relatif à la
sûreté nucléaire fournisse également l'occasion d'un
débat qui sensibilise l'opinion publique aux grands enjeux de la
politique nucléaire de la France et de la gestion de l'aval du cycle.
Il note que le Gouvernement est également sensible aux aspirations de
l'opinion publique relatives à la préservation de
l'environnement, sanctionnée par les accords de Kyoto.
Enfin, il se réjouit de la
renaissance
d'une
politique de
maîtrise
de
l'énergie
qui était progressivement
tombée en désuétude.
CHAPITRE IER -
LA POLITIQUE EUROPÉENNE DE
L'ÉNERGIE
La préparation de la transposition de la directrice sur le marché intérieur de l'électricité et l'adoption du texte définitif de la directive sur le marché intérieur du gaz ont occupé le devant de la scène en 1998.
I. LA CONSTITUTION PROGRESSIVE DU MARCHÉ INTÉRIEUR DE L'ÉLECTRICITÉ
A. RAPPEL DU CONTENU DE LA DIRECTIVE " ÉLECTRICITÉ "
La
directive sur le marché intérieur de l'électricité
du 19 décembre 1996
fixe les règles communes de
production
, de
transport
et de
distribution
de
l'électricité dans les Etats membres afin de mettre en place les
bases d'un
marché intérieur
de
l'
électricité concurrentiel
et
compétitif
.
Les Etats peuvent imposer aux entreprises des
obligations de service
public
relatives à la sécurité d'approvisionnement,
à la régularité, à la qualité et au prix des
fournitures ainsi qu'à la protection de l'environnement. Ils jouissent
également du droit d'imposer une
planification de long terme
des
équipements de production et d'opter pour un
régime
d'autorisation
ou
d'appel d'offres
afin de décider la
création de nouvelles capacités de production, sous
réserve d'appliquer des critères objectifs et non
discriminatoires.
Chacun des Etats membres désignera :
- un
gestionnaire du réseau de transport électrique
également chargé de son entretien. Celui-ci appellera les
installations de production, sans discrimination, sous réserve du
respect de l'ordre de priorité éventuellement imposé par
les différents Etats afin de favoriser les énergies renouvelables
ou pour des motifs de sécurité nationale ;
- un
gestionnaire du réseau de distribution
auquel chaque
Etat pourra fixer des obligations de desserte de son territoire.
La directive institue une
obligation de dissociation comptable
et de
transparence de la comptabilité
pour la production, le transport
et la distribution effectués par des
entreprises
intégrées
, afin d'éviter les subventions
croisées qui fausseraient la concurrence.
Chaque Etat pourra choisir entre diverses
modalités d'accès au
réseau
, à savoir :
-
l'accès négocié
qui s'effectuera sur la base
d'un tarif publié applicable à tous les opérateurs ;
-
l'accès réglementé
permettant l'achat
d'énergie moyennant des accords commerciaux négociés au
cas par cas ;
-
la formule de l'acheteur unique
, qui suppose la
désignation d'un acheteur compétent sur le territoire couvert par
le gestionnaire du réseau.
Les Etats définiront, dans le cadre fixé par la directive, les
caractéristiques des "
consommateurs
éligibles
". Il s'agit des gros consommateurs qui pourront
faire jouer la concurrence et ne seront donc plus tenus de faire appel aux
seuls fournisseurs en situation de monopole.
La liberté des Etats est encadrée en ce qui concerne la
définition du statut des clients éligibles puisque les
consommateurs finaux de plus de 10 gigawatts/heures par an
et
les producteurs d'électricité à partir de gaz
seront
automatiquement éligibles
. En outre, le texte
prévoit
l'éligibilité partielle des distributeurs
d'électricité,
qui auront la possibilité de passer des
contrats pour le volume d'électricité consommé par leurs
clients éligibles.
Les Etats doivent assurer une
ouverture significative et progressive du
marché
en cinq ans
(1999-2003). Comme le montre le
tableau ci-dessous, la part de marché concernée par l'ouverture
sera de 25 % au plus tard le 19 février 1999, de
28 % au minimum, à partir de février 2000, et de
30 % au moins à compter de février 2003.
CALENDRIER D'OUVERTURE DU MARCHE DE L'ÉLECTRICITÉ
Quand ? |
Sont éligibles ceux qui consomment plus de : |
Part
minimum de marché concernée en France
|
Nombre de clients éligibles en France |
Au plus tard le 19 février 1999 |
40 Gwh |
25 % |
400 |
A partir de février 2000 |
20 Gwh |
28 % |
800 |
A partir de février 2003 |
9 Gwh |
plus de 30 % |
3 000 |
La
directive prévoit que la libéralisation pourrait connaître
une nouvelle étape en 2006, au vu des résultats obtenus. Enfin,
le texte dispose qu'une
autorité de régulation
du
marché de l'électricité sera mise en place.
Selon l'OCDE, la déréglementation du marché
intérieur européen permettrait une
baisse des prix de
l'électricité de l'ordre de 10 %
et une
croissance de
la demande de 5 % environ
.
B. UN IMPORTANT ENJEU POUR LA FRANCE ET POUR E.D.F.
1. Vers une libéralisation accélérée dans les autres Etats de l'Union ?
Même si la directive du 19 décembre 1996
prévoit une libéralisation progressive du marché de
l'électricité -en ne fixant que des obligations minimales aux
Etats membres-, il est certain que la montée en puissance de la
concurrence sera
de facto
plus rapide. Comme l'a souligné le
rapport de la
Commission d'enquête du Sénat sur la politique
énergétique
de la France,
plusieurs éléments
accéléreront la pression de la concurrence
et notamment :
- la
rationalisation des activités des opérateurs
d'électricité
à l'échelle mondiale ;
-
l'introduction de mécanismes concurrentiels
dans la
politique énergétique de nombreux pays ;
- la
mondialisation des équipementiers
,
le faible prix
des énergies fossiles
et l'essor des
nouvelles
technologies
;
- les
transformations de la demande
et l'accroissement des
besoins
en
services à valeur ajoutée
(optimisation
énergétique notamment).
Comme le relève ce rapport, en raison des décisions de
libéralisation prises en Grande-Bretagne, en Allemagne, en Belgique et
en Espagne,
l'ouverture moyenne du marché électrique
de
l'Union européenne
atteindra en
réalité
60 % dès 1999
. C'est pourquoi la
préparation de la transposition de la directive constitue une
étape cruciale pour les producteurs et les consommateurs
français, qui ne peuvent se tenir à l'écart de ce
mouvement d'ensemble.
Votre Commission des Affaires économiques souhaite obtenir des
informations précises sur le calendrier d'adoption du projet de loi de
transposition en France.
2. La préparation du projet de loi de transposition
Dans la
perspective de l'élaboration
du projet de loi
de transposition de
la directive du 19 décembre 1996, le Gouvernement a
publié un
livre blanc
en février 1998. La parution de ce
document a permis l'instauration d'un
vaste débat
auquel ont
notamment pris part le Sénat et sa Commission d'enquête,
l'Assemblée nationale, le Conseil économique et social, les
entreprises concernées et les organisations syndicales. Il ressort de
cette consultation, dont chacun doit se féliciter, que l'un des points
fondamentaux concerne les missions et le
degré d'indépendance
qui seront accordés à l'autorité de régulation de
l'électricité
.
Il apparaît, en outre, indispensable de
faire évoluer le champ
de compétences d'Electricité de France
. Une
interprétation trop figée du principe de
spécialité
empêcherait cette grande entreprise
d'entrer dans la compétition à armes égales avec ses
concurrents, ce qui aurait d'inéluctables conséquences en termes
de compétitivité et d'emploi. La concentration et le
développement des concurrents français et européens d'EDF
dans le secteur de l'énergie traduit le renforcement de la concurrence
qui ne manquera pas de se manifester dès février 1999.
Votre Commission des Affaires économiques sera spécialement
attentive à la définition des missions de service public que
proposera le projet de loi
de
transposition
en préparation.
En effet, le
service public de l'électricité
sera, dans
notre pays, à la charge d'EDF. Il consistera notamment à assurer
la connexion de tout consommateur, d'une façon continue, au moindre
coût et dans le cadre d'une péréquation tarifaire ainsi
qu'à garantir le secours et le raccordement des clients
éligibles.
En contrepartie
de cette charge spécifique,
l'opérateur public se verra accorder des droits exclusifs ou
spéciaux
tels que le
monopole
,
sur tout ou partie du
territoire
,
du transport, de la distribution et de la fourniture
d'électricité aux consommateurs non éligibles
.
Des
obligations spécifiques
hors du champ du " coeur du
service public " pourront lui être imposées en matière
de politique énergétique, de protection de l'environnement ou
d'aménagement du territoire.
La charge de ces obligations
ne
pourra être supportée par le monopole. Elle
serait
, en
revanche,
susceptible d'être répartie entre l'ensemble des
consommateurs
qui contribueraient à un
fonds de financement
spécifique
.
L'attention de votre Commission des Affaires
économiques se portera sur les
modalités de financement du
service public et des obligations spécifiques dans une optique
d'aménagement du territoire
.
Votre Commission souhaite par ailleurs que le Gouvernement s'applique à
trouver une
solution à la question du paiement des retraites des
agents d'EDF,
qui pose un problème à la fois social et
économique. EDF supporte, en effet, un
surcoût salarial de
25 % du fait des retraites
actuellement liquidées. Ce
surcoût -qui résulte de l'histoire du secteur français de
l'électricité- ne pourrait-il pas être équitablement
réparti entre l'ensemble des opérateurs du secteur ?
La
création d'une branche professionnelle garante des droits des
personnels des industries électriques et gazières mérite
également d'être étudiée
afin d'harmoniser les
règles applicables aux différents opérateurs.
Selon des informations récemment parues dans la presse, le projet de loi
de transposition de la directive qui vient d'être transmis au conseil
d'Etat donnerait des pouvoirs accrus aux collectivités locales pour
exploiter des centrales électriques utilisant des déchets
ménagers ou des énergies renouvelables.
Votre Commission des Affaires économiques se montrera
spécialement attentive à l'ensemble de ces questions à
l'occasion de l'examen du projet de loi portant transposition de la
directive.
3. Les préoccupations des autorités concédantes
A
l'occasion de la préparation du projet de loi de transposition, les
collectivités locales qui concèdent la distribution
d'électricité ont publiquement manifesté leurs
préoccupations
1(
*
)
. Elles ont
souhaité que l'ensemble du service public de distribution -pour les
consommateurs éligibles ou non éligibles- leur reste
confié. Elles ont également jugé indispensable que, si un
fonds des charges d'intérêt général était
créé, les collectivités locales y soient
représentées et, qu'en outre, des élus locaux, qui sont
d'ores et déjà chargés du contrôle de
l'exécution de la mission de distribution d'EDF, soient associés
aux travaux de l'autorité nationale de régulation.
Enfin, il est nécessaire de conserver l'autonomie du fonds
d'amortissement des charges d'électrification (FACE), qui permet,
grâce à la redevance sur les recettes en basse tension des
distributeurs, de péréquer les coûts de construction et de
renforcement des réseaux électriques entre communes rurales et
urbaines.
Votre Commission des Affaires économiques souhaiterait obtenir
publiquement du Gouvernement l'assurance que le FACE ne fera pas l'objet d'une
budgétisation. Il apparaît, de plus, hautement souhaitable qu'il
soit conforté dans sa vocation d'aménagement du territoire qui
garantit la qualité de la desserte et la péréquation
tarifaire.
II. LES PRÉMICES DU MARCHÉ INTÉRIEUR DU GAZ
Après six années de négociations, le
Conseil des ministres de l'énergie a approuvé, le
21 mai 1998,
la directive sur la libéralisation du
marché du gaz
qui entrera en vigueur à l'été
2000.
La conclusion de cet accord est d'autant plus remarquable que les
marchés gaziers européens
sont actuellement
encore
hétérogènes
. La
Grande-Bretagne
(qui a
procédé, de 1986 à 1998, à la libéralisation
totale de son marché) et les
Pays-Bas
(4e exportateur mondial)
ont fait pression pour obtenir une
libéralisation maximale
.
Les autres Etats se sont montrés plus prudents. La
Belgique
et
l'
Autriche
souhaitaient une
ouverture progressive
, de même
que
l'Italie
ou la
France
, tandis que les
autorités
allemandes
aspiraient à une libéralisation rapide bien qu'en
pratique leur marché soit encore faiblement concurrentiel. A l'autre
extrême, la
Grèce
et le
Portugal voulaient
protéger le développement futur
d'un
marché gazier
embryonnaire
.
Le texte définitif adopté à Bruxelles constitue un
compromis entre ces différents points de vue.
A. LES SPÉCIFICITÉS DE LA DIRECTIVE " GAZ "
Largement calquée sur la directive
" électricité ", tout en tenant compte des
spécificités du secteur gazier, la
directive du
11 mai 1998
contient plusieurs dispositions qui lui sont
analogues. Son champ d'application s'étend au
transport,
à
la
fourniture
et au
stockage
de
gaz naturel
,
y compris
le gaz naturel liquéfié
.
Les
règles générales d'organisation
du
marché gazier
sont similaires à celles qui
régissent celui de l'électricité, notamment en ce qui
concerne la définition des obligations de service public, l'introduction
d'une planification à long terme, le régime de l'autorisation ou
de l'appel d'offre pour la construction d'unités de production.
L'exploitation, l'entretien et le développement du réseau
doivent s'effectuer, pour
toute entreprise de transport et/ou de
stockage,
de façon
sûre
,
efficace,
économique
et prenant en compte
l'environnement
. Ces
entreprises doivent, en outre, fournir aux autres opérateurs gaziers les
informations nécessaires au fonctionnement du réseau
interconnecté, sans discrimination.
Les
entreprises de distribution
sont soumises à des obligations
de même nature.
Les Etats peuvent
également
leur
enjoindre d'alimenter des clients installés dans une zone donnée
ou réglementer les tarifs
afin de
garantir
l'égalité de traitement entre les clients
. Les
entreprises
gazières intégrées
sont aussi tenues de mettre en
oeuvre une
comptabilité transparente, dissociant chacune de leurs
activités
afin d'éviter les subventions croisées.
L'accès au réseau
ne pourra s'effectuer que selon la
formule de l'accès
négocié
ou de l'accès
réglementé
, moyennant l'application de
tarifs et/ou
d'autres clauses
qui seront rendus publics. Tout comme la directive
du 19 décembre 1996, celle du 11 mai 1998
prévoit la désignation d'une
autorité de
régulation indépendante
.
Votre Commission des Affaires économiques estime, à l'instar
de la Commission d'enquête du Sénat sur la politique
énergétique de la France, qu'une seule autorité doit
être garante de l'équilibre du marché de
l'électricité et du marché gazier.
Lors de l'entrée en vigueur de la directive, les
clients
éligibles
seront -au minimum- composés des
clients
industriels
consommant plus de
25 millions de m
3
par an
et par site et des producteurs d'électricité
à
partir de gaz
.
L'ouverture du marché
s'effectuerait en
trois paliers
, la part minimale de marché concernée
étant de
20 %
en février
2000
,
28 %
en février
2003
et
33 %
en
février
2008
.
CALENDRIER D'OUVERTURE DU MARCHÉ GAZIER
Quand ? |
Sont éligibles ceux qui consomment plus de : |
Part de marché concernée en France (en volume) |
Nombre de clients éligibles en France |
Au plus tard au 19 février 2000 |
25 millions de m 3 |
20 % |
100 |
A partir de février 2003 |
15 millions de m 3 |
28 % |
300 |
A partir de février 2008 |
5 millions de m 3 |
33 % |
700 |
B. ... MARQUENT UNE AVANCÉE PAR RAPPORT AUX PROJETS INITIAUX
Votre
commission des affaires économiques s'était
intéressées à la proposition de directive du conseil
concernant les règles communes pour le marché intérieur du
gaz naturel. Elle avait consacré à ce texte une résolution
devenue résolution du Sénat n°29 du 4 novembre 1997.
Comme le relevait votre rapporteur pour avis lors de l'examen du projet de
budget pour 1998,
la directive prend en compte les préoccupations
fondamentales formulées par la France
.
Les
entreprises gazières pourront ainsi obtenir des
dérogations aux règles d'accès au réseau pour les
contrats d'approvisionnement à long terme comprenant des clauses de
" take or pay "
2(
*
)
Un importateur tenu d'acheter du gaz aux termes d'une clause " take or
pay " pourra refuser de transporter le gaz de clients
" éligibles " qu'il aurait perdus alors qu'il les
approvisionnait antérieurement. Des critères précis
fixés par les Etats, sous le contrôle de la Commission,
encadreront cette procédure -qui constitue le prix à payer pour
assurer l'existence de contrats à long terme- et qui limite fortement le
jeu du marché.
Il sera possible aux Etats de
limiter l'ouverture du secteur de l'aval
gazier
(transport, stockage, distribution, gestion d'installations de gaz
naturel liquide ou fourniture de gaz). De ce fait,
les pouvoirs publics
pourront
,
en France
,
maintenir le monopole de distribution de GDF
dans les zones qu'il dessert
.
Enfin, le
niveau initial d'ouverture
en l'an - fixé à
20 %-
est moins élevé que celui prévu à
l'origine
(il se serait élevé de 23 à 28 % selon
certains avant-projets en discussion à Bruxelles).
Votre Commission des Affaires économiques se félicite de
l'adoption de la directive gaz. Elle invite le Gouvernement à
préparer sa transposition à l'issue d'une phase de concertation
analogue à celle engagée pour l'introduction en droit
français des principes énoncés dans la directive
" électricité ".
CHAPITRE II -
BILAN ÉNERGÉTIQUE
FRANÇAIS
L'année 1997 a été marquée par un ralentissement du taux de croissance de la consommation mondiale d'énergie qui passe de + 3,3 % à + 1,2 %. La décélération particulièrement marquée dans les pays émergents d'Asie (+ 3,3 %, contre +7,3 % en 1996) et les pays d'Europe centrale et orientale (PECO) (+ 0,2 % seulement) touche également la zone OCDE. Le taux de croissance de la consommation s'y réduit de deux points, passant de 2,8 % à 0,8 %.Comme l'ont observé certains experts, les variations climatiques -spécialement la douceur de l'hiver 1997- ont eu un effet décisif sur la consommation d'énergie. La France n'a pas échappé à cette évolution. La baisse de la production y a accompagné celle de la consommation, tandis que le taux d'indépendance énergétique et la facture énergétique se sont légèrement dégradés.
I. LÉGÈRE BAISSE DE LA PRODUCTION ET FAIBLE HAUSSE DE LA CONSOMMATION
Alors
qu'elle avait augmenté de + 1,7 % en 1996,
la production
nationale d'énergie primaire
a
baissé de 2,1 % en
1997
, passant de 118,2 millions de
tonnes-équivalent-pétrole (Mtep) à 115,7 Mtep.
Cette production se répartit en charbon (4,2 Mtep, soit
3,6 %) ; pétrole (2,3 Mtep, soit 2 %) ; gaz
(2,1 Mtep, soit 1,8 %) ; énergies renouvelables
(4,2 Mtep, soit 3,6 %) ; électricité primaire
hydraulique (15 Mtep, soit 13,0 %) et nucléaire
(87,8 Mtep, soit 75,9 %).
Le
taux de disponibilité du parc électronucléaire
est resté stable au niveau élevé de
82,6 % en
1997,
contre 82,7 % l'année précédente et
81 % en 1995.
Sur les 57 tranches qui composent le parc nucléaire d'EDF, 11 ont
été arrêtées pour rechargement cette année,
deux autres (situées à Belleville sur Loire) ont
été stoppées pour manque d'étanchéité
de l'enceinte intérieure, puis autorisées à
redémarrer. Enfin, les deux tranches de Chooz (Ardennes) et de Civaux
(Vienne) sont toujours arrêtées, suite à une fuite touchant
le réseau de refroidissement à l'arrêt.
La diminution de la production a accompagné le ralentissement de la
demande d'énergie.
La
consommation totale d'énergie primaire
après
correction climatique a
augmenté de 0,9 %,
soit deux fois
moins qu'en 1996 (1,8 %). Elle atteint
237,4 Mtep.
Ce total se décompose entre :
- pétrole : 97,4 Mtep, soit 41,0 % ;
- électricité : 89,8 Mtep, soit 37,8 % ;
- gaz : 32,2 Mtep, soit 13,6 % ;
- charbon : 13,7 Mtep, soit 5,8 % ;
- énergies renouvelables : 4,2 Mtep, soit 1,8 %.
La
consommation finale énergétique
représente
83,2 % de la consommation totale d'énergie. Elle correspond pour
moitié aux besoins du secteur résidentiel et du tertiaire
(85,6 Mtep) ; pour près du tiers au secteur de l'industrie
(51,4 Mtep) ; pour un peu moins du quart aux transports
(49,5 Mtep). L'agriculture absorbe le solde (3,4 Mtep) de la
consommation totale précitée.
La
consommation de la branche énergie
et la
consommation
finale non énergétique
représentent respectivement
9,7 % et 7,1 % de la consommation totale d'énergie.
L'évolution de la consommation par secteurs est contrastée.
Dans
l'industrie
3(
*
)
, l'efficacité
énergétique s'est améliorée, notamment grâce
à des économies d'échelle. La consommation y a
augmenté de 3,2 % tandis que la production manufacturière
croissait de 8,7 %.Dans le
secteur tertiaire et résidentiel,
la consommation énergétique a augmenté moins rapidement
que la consommation totale des ménages, ce qui pourrait résulter
d'une évolution des esprits dans un sens favorable à la
maîtrise de la consommation. Tout au contraire, la consommation dans les
transports
(qui correspond pour 96 % à l'utilisation de
produits pétroliers) a augmenté de 1,7 %, contre 1,1 %
en 1996, soit le double de l'accroissement de la consommation d'énergie.
Au total, la croissance de la consommation d'énergie (0,9 %) a
été inférieure à celle du produit intérieur
brut (+ 2,4 %).
L'intensité énergétique
(rapport entre ces deux données)
a baissé
, après
avoir enregistré une légère hausse en 1996. Il semble que
depuis 1994, un mouvement tendanciel de baisse de l'intensité
énergétique analogue à celui observé entre 1973 et
1990 se soit amorcé. Ainsi, bien que la baisse des prix de
l'énergie ne favorise pas la maîtrise de la consommation,
l'intensité énergétique a-t-elle connu une
évolution modérée.
II. POURSUITE DE LA BAISSE DU TAUX D'INDÉPENDANCE ÉNERGÉTIQUE ET DÉGRADATION DE LA FACTURE ÉNERGÉTIQUE
Le
taux d'indépendance
énergétique
qui s'est
considérablement amélioré depuis le début des
années 1980, grâce à l'accroissement de la production
des centrales nucléaires, a plafonné au dessus de 50 % entre
1993 et 1996. Il
est retombé à 49,6 % en 1997
,
étant observé que ce chiffre ne prend pas en compte l'utilisation
d'énergies renouvelables non commercialisées, qui pourrait
correspondre à plusieurs millions de
tonnes-équivalent-pétrole (notamment à cause de
l'utilisation de bois de chauffage).
La
facture énergétique
(différence entre les
importations et les exportations de produits énergétiques) s'est
élevée à
85,9 milliards de francs
, contre
79,2 milliards en 1996, soit une
hausse de 8 %.
Cette
évolution est largement due à l'effet combiné de la
baisse du cours du pétrole brut
(- 7 % entre 1996 et
1997), qui a entraîné une augmentation de la consommation, et
à
l'appréciation du dollar
(+ 14 % environ)
durant la même période. Le prix de la tonne de pétrole brut
est ainsi passé de 785 à 830 francs, alors que les
importations augmentaient de 4,4 %.
CHAPITRE III -
LES AXES MAJEURS
DE LA POLITIQUE
ÉNERGÉTIQUE FRANÇAISE
I. LA POURSUITE DU PROGRAMME NUCLÉAIRE
L'énergie nucléaire conserve des avantages
substantiels en termes d'impact sur l'environnement, de sécurité
d'approvisionnement et de coût des ressources. Comme le relevaient
récemment des experts de l'OCDE, malgré la baisse conjoncturelle
du prix des matières premières, il est souhaitable de poursuivre
les recherches destinées à moderniser la production
d'énergie nucléaire au siècle prochain. Faute de cela, on
risquerait de "
compromettre les possibilités de
développer l'énergie nucléaire au moment où l'on en
aura besoin.
"
4(
*
)
Des interrogations analogues, qui vont à contre-courant de certains
discours systématiquement hostiles au nucléaire, se sont
d'ailleurs faites entendre lors de la dernière Conférence
mondiale de l'énergie. Le Gouvernement français a, quant à
lui, choisi de rester fidèle à une stratégie
énergétique qui accorde toute sa place au nucléaire dans
la maîtrise durable des sources d'approvisionnement.
A. CONSERVER UN PILIER DE L'INDÉPENDANCE ÉNERGÉTIQUE DE LA FRANCE
Comme
l'a souligné le secrétaire d'Etat à l'industrie devant la
Commission d'enquête du Sénat sur la politique
énergétique de la France en se fondant sur une étude
récente sur les coûts de référence de la production
d'électricité : "
Pour la production en
" base ", c'est-à-dire pour les centrales fonctionnant toute
l'année, qui fournissent l'essentiel de notre électricité,
la filière nucléaire demeure la filière de production
d'électricité la plus compétitive, dans la plupart des
hypothèses ".
Le Gouvernement souhaite
faire face
à l'avenir d'un parc
électro-nucléaire parvenu à maturité. Vers 2010 se
posera le problème de son renouvellement.
B. PROGRESSER DANS LA GESTION DE L'AVAL DU CYCLE
Comme l'a relevé M. Christian Pierret devant votre commission des affaires économiques : " une politique qui se désintéresserait de l'aval du cycle signerait l'arrêt de mort du nucléaire ". Aussi, afin de gérer l'aval du cycle, les pouvoirs publics entendent explorer de façon équilibrée et parallèle les trois voies définies par la loi n° 91-1381 du 30 décembre 1991 relative aux recherches sur la gestion des déchets radioactifs : la séparation et la transmutation des éléments à vie longue ; le stockage en couche géologique profonde ; l'entreposage de longue durée en surface. La politique nucléaire de la France se poursuit donc dans ce cadre général.
1. Séparation et transmutation des éléments à vie longue
Le
secrétaire d'Etat à l'Industrie a annoncé une
remontée en puissance du réacteur Phénix.
Celui-ci sera exploité jusqu'en
2004
, afin de réaliser les
recherches sur la transmutation.
2. Le stockage en couches géologiques profondes
Afin de
préparer la décision que le Parlement sera appelé à
prendre en 2006 sur les modalités d'un éventuel stockage
souterrain des déchets hautement radioactifs et à vie longue, le
Gouvernement doit
choisir parmi les sites retenus pour l'installation de
laboratoires souterrains.
La détermination des sites susceptibles de recevoir ces laboratoires a
fait l'objet d'une procédure longue et complexe qui parvient à
son terme, six ans après avoir débuté. A la suite du vote
de la loi du 30 décembre 1991 précitée, le
Gouvernement de l'époque avait chargé M. Bataille,
député du Nord, d'établir un rapport sur les sites
d'implantation. Ce document, remis en décembre 1993, a
suggéré de mener des recherches plus fouillées dans le
Gard, en Haute-Marne, dans la Meuse et dans la Vienne.
Les travaux réalisés entre Bagnols-sur-Cèze et la montagne
de la " dent de Marcoule " (Gard), dans le canton de Poissons
(Haute-Marne) et dans les cantons de Moutiers-sur-Saulx et d'Amerville (Meuse),
et dans les cantons de Charroux et Ciray (Vienne), ont fait l'objet d'un
rapport de l'Agence nationale des déchets radioactifs (ANDRA) remis au
Gouvernement en 1996.
Il résulte de ce document qu'aucun de ces sites
ne présente de caractère rédhibitoire du point de vue de
la sûreté.
Les
études préparatoires
(dépôt de demandes
d'installation, enquêtes publiques, avis des collectivités
locales)
se sont terminées, en décembre 1997
, par le
dépôt d'un rapport de la Direction de la Sûreté des
Installations Nucléaires.
Sur la base de ce document, la Commission nationale d'Evaluation a remis un
rapport au Gouvernement en juin 1998. La décision du Gouvernement est
désormais attendue très prochainement.
Votre commission des Affaires économiques donne acte au Gouvernement
du soin mis à choisir les sites des laboratoires souterrains, tout en
souhaitant qu'une décision soit prise dès que possible, afin
d'engager les recherches au plus tôt.
3. L'entreposage de longue durée en surface
Afin de mener à bien l'étude du conditionnement et de l'entreposage de longue durée en surface, de façon équilibrée par rapport aux deux autres alternatives ci-dessus évoquées, le Gouvernement a demandé au CEA d'intensifier son effort de recherche. Il a décidé d'augmenter les crédits consacrés à ces recherches de 20 % en 1999, après qu'ils ont crû de 15 % en 1998.
C. AMÉLIORER LA QUALITÉ ET LA TRANSPARENCE DU CONTRÔLE DE L'INDUSTRIE NUCLÉAIRE
Le
Premier ministre a annoncé, en février 1998, la
préparation d'un
projet de loi sur les modalités de
contrôle et de transparence en matière nucléaire
. Il a
confié à M. Jean-Yves Le Déault,
député, le soin de rédiger un rapport sur ce sujet avant
le dépôt du texte au Parlement. Dans son
rapport sur le
système français de radioprotection, de contrôle et de
sécurité nucléaire
, M. Le Déault
propose, en premier lieu, des
réformes institutionnelles
tendant
à :
-
conserver
deux niveaux séparés
d'autorité
et
d'expertise
;
-
renforcer la radioprotection
en la
rapprochant de la
sûreté ;
-
séparer l'Institut de Protection et de Sûreté
Nucléaire (IPSN) du Commissariat à l'Energie Atomique (CEA),
tout en réglant les questions de mobilité du personnel, de sorte
que les compétences des agents de l'un et de l'autre s'enrichissent
mutuellement ;
-
conserver les capacités de recherche que l'IPSN a
développé
grâce aux réacteurs dont il dispose.
Concrètement, le rapport Le Déault prône la création
:
d'une
autorité unique de radioprotection et de
sûreté nucléaire
, dotée d'un statut
d'
autorité indépendante.
Elle aurait compétence
pour prendre
toutes les décisions relevant de la
sûreté
(arrêt temporaire, redémarrage d'une
centrale) tandis que les autorités politiques trancheraient les
questions de politique générale
(création,
démantèlement, arrêt définitif des centrales). Son
directeur serait titulaire d'un mandat difficilement révocable, sauf
défaillance manifeste.
Les
compétences de cette Agence,
que la loi devra définir,
comprendraient :
- les
décisions de sûreté et de radioprotection
concernant la
vie des installations
(hormis celles de création,
de mise à l'arrêt définitif ou de
démantèlement, comme on l'a vu ci-dessus) ;
- les
règles générales de sûreté et
de radioprotection
;
- les
autorisations de détention
et
d'importation
de
sources
radioactives
;
- les
agréments de colis
de
transport
et
matières radioactives
;
- les
agréments d'installation d'équipements
médicaux
utilisant des rayonnements ionisants ;
- les
sanctions administratives
, qui pourraient s'inspirer de
celles prévues en cas de violation de la législation sur les
installations classées ;
- le
commissionnement
des
inspecteurs des installations
nucléaires
;
- les
décisions techniques applicables aux installations
.
d'une
agence de sûreté nucléaire et de
radioprotection,
par rapprochement de l'IPSN et de l'Office de Protection
contre les rayonnements ionisants. Cette agence serait un
pôle
d'expertise spécialisé en sûreté nucléaire,
radioprotection
et
recherche
. Constituée sous forme
d'établissement public industriel et commercial
, elle serait
présidée par une personnalité scientifique unanimement
reconnue.
Afin de maintenir un lien entre
l'autorité et l'agence,
le
rapport suggère que
la première exerce la tutelle de la
seconde
.
A l'instar de la Commission d'enquête du Sénat selon laquelle
"
le temps de l'opacité
" était
révolu
et qui réclamait, outre un débat sur la
politique énergétique, le développement d'une
véritable
culture de l'évaluation
et
l'organisation
d'un contrôle de sûreté
et de radioprotection en mettant
fin à son éclatement, le rapport Le Déault souligne
l'importance de la
transparence
et du
caractère
démocratique du contrôle nucléaire
.
Dans le droit fil des travaux de la Commission d'enquête du
Sénat, votre Commission des Affaires économiques souscrit
pleinement à la recommandation tendant à instaurer un
véritable contrôle parlementaire du système de
sûreté nucléaire et à demander la discussion d'un
projet de loi sur ce sujet.
D. PRÉPARER LES RÉACTEURS DU FUTUR
En 1992,
la France et l'Allemagne ont lancé un projet commun de
réacteur à eau pressurisée
dit " EPR "
(European Pressurized Water Reactor). Ce réacteur est destiné
à prendre le relais des centrales nucléaires en cours
d'exploitation, lorsque celles-ci seront obsolètes. Framatome, Siemens,
Nuclear Power International, EDF et les électriciens allemands
coopèrent à sa réalisation.
Un avant-projet détaillé devant être terminé d'ici
à la fin de l'année, il était prévu d'entamer des
études de réalisation en 1999. Or, l'annonce -survenue
mi-octobre- d'un accord du SPD et des Verts allemands sur l'abandon
" à terme "
de la filière nucléaire
outre-Rhin suscite les plus vives inquiétudes chez les partenaires
industriels chargés de la réalisation de l'EPR
5(
*
)
.
Votre Commission des Affaires économiques se réjouit que lors
de son audition, le secrétaire d'Etat à l'industrie lui ait
donné l'assurance que la France ne suivrait pas le gouvernement de Bonn
dans sa stratégie de sortie du nucléaire et veillerait au respect
des engagements de nos partenaires en ce qui concerne le ré-acheminement
en Allemagne des déchets retraités en France. Elle a
également noté avec intérêt que le gouvernement
estimait indispensable de conserver -grâce à l'EPR- la
maîtrise d'une technologie de pointe dans le domaine des réacteurs
nucléaires du futur.
Elle souligne qu'une décision d'abandon du nucléaire rendrait
illusoire le respect des engagements de réduction d'émissions de
CO
2
souscrits à Kyoto.
Elle rappelle d'ailleurs que le ministère américain de
l'énergie des Etats-Unis vient de publier un rapport qui encourage les
pouvoirs publics américains à une relance du nucléaire,
afin de compenser la fermeture des centrales au charbon les plus
polluantes.
E. LES DOTATIONS EN FAVEUR DU CEA
Les
subventions civiles reçues par le CEA au titre du ministère de
l'industrie en 1998 s'élevaient à 2,916 milliards de francs
en fonctionnement et à 325,5 millions de francs en crédits
d'investissement.
En 1999, elles se monteront respectivement à 2.959,5 et à
375 millions de francs, comme le montre le tableau ci-après :
Ressources du CEA
|
1998 |
Prév. 99 |
Ressources propres, recettes externes et recettes exceptionnelles |
4 412 |
4 391 |
Budget
de l'industrie Subvention de fonctionnement
|
2 916
|
2 959,5
|
Budget
de la recherche Subvention de fonctionnement
|
2 916
|
2 959,5
|
Budget de la défense Subvention globale |
7 295 |
7 361 |
Total des ressources du CEA en DO + CP |
18 190 |
18 421 |
Total des ressources du CEA en DO + AP |
18 190 |
18 421 |
F. LA FERMETURE DE SUPERPHÉNIX
Annoncée par le Premier ministre devant
l'Assemblée
nationale le 19 juin 1997, la fermeture du prototype industriel de
réacteur à neutrons rapides Superphénix est
désormais techniquement entamée.
Elle se justifie, selon le
Gouvernement, par des raisons économiques
: les tensions
redoutées sur le marché de l'uranium naturel ne se sont pas
produites et ont peu de chances de survenir à court ou moyen terme. Il
convient donc de souligner que
l'arrêt du réacteur n'est
nullement dû à des problèmes de sûreté
.
Le secrétaire d'Etat à l'industrie a affirmé publiquement,
notamment devant la Commission d'enquête de l'Assemblée nationale
sur Superphénix que
" l'arrêt de Superphénix ne
remettait pas en cause la politique énergétique de la
France "
, que le
" gouvernement confirmait tout
l'intérêt que présente potentiellement la filière
des réacteurs à neutrons rapides "
et
"
entendait faire le nécessaire pour que la technologie
des réacteurs à neutrons rapides soit maintenue ouverte en
France ".
Le démantèlement de la centrale
Les opérations d'arrêt de la partie nucléaire de
Superphénix prévues entre 1998 et 2001 ont pour objet de mettre
la centrale en situation de confinement sous surveillance (cf. tableau
ci-après). Elles sont préalables au démantèlement
des installations proprement dites.
CALENDRIER DES OPÉRATIONS DE MISE À L'ARRÊT DE LA PARTIE NUCLÉAIRE DE LA CHAUDIÈRE DE SUPERPHÉNIX
-
automne 1998
: approbation du dossier de
sûreté par l'autorité de Sûreté ;
-
fin 1998
: décret autorisant le déchargement du
combustible du coeur ;
-
mi-1999 (durée de 18 mois)
: début des
opérations correspondant au stockage des assemblages combustibles dans
la piscine de la centrale (du point de vue de la sûreté, une
durée de stockage de 20 ans est envisagée) ;
-
après 2000
: retraitement du combustible neuf
stocké sur site ;
-
fin 2000
: préparation d'un deuxième décret
pour la vidange du sodium (dossier de sûreté, approbation puis
décret) ;
-
à partir de 2001
: vidange des circuits et transfert du
sodium ; entreposage du sodium sur site, à l'état
gelé, dans des réservoirs existants (circuit primaire : environ
4000 tonnes présentant une activité résiduelle faible et
circuit secondaire : 1500 tonnes de sodium très légèrement
radioactif).
Le coût social et économique de l'opération
Selon les prévisions du Gouvernement, à l'issue des
opérations préliminaires de déchargement du coeur de
Superphénix et de vidange du sodium, une
perte nette de
800 emplois
-particulièrement sensible pour les entreprises
prestataires d'EDF- serait enregistrée. Pour les
collectivités
locales
, dont certaines se sont endettées en prévision de
l'implantation de la centrale, la
perte nette fiscale nette
avoisinerait
100 millions de francs
par an environ.
Aux termes d'une convention signée en 1995 par les actionnaires
français, italiens, allemands, belges et néerlandais de NERSA,
l'exploitation devait se poursuivre jusqu'à la fin de l'an 2000, date
à laquelle la dette des partenaires d'EDF aurait été
apurée. L'entreprise nationale ayant dénoncé cet accord,
à la suite de la décision de fermeture de la centrale, elle devra
prendre en charge les frais qu'auraient acquittés ses associés.
Au total
EDF réglera 14,2 milliards de francs
qui se
décomposent entre l'ensemble des
frais d'exploitation
incombant
aux partenaires et la moitié des dettes et du
coût de
retraitement du combustible
(3,3 milliards de francs) et la
totalité du
démantèlement
(soit environ
10,9 milliards de francs).
EDF avait passé en 1996 et 1997 des
provisions
pour un total de
14,3 milliards de francs
afin de couvrir les risques financiers
susceptibles de découler de l'arrêt de Superphénix.
Les mesures d'accompagnement prévues
Un
programme d'accompagnement
a été présenté
par le Gouvernement en février 1998. Conduit sous la direction du
Préfet de l'Isère en collaboration avec une instance locale de
médiation, de suivi et d'évaluation des résultats. Il
s'adresse aux principales parties intéressées par la fermeture de
la centrale. Les
prestataires extérieurs
bénéficieront de l'aide d'un
relais-emploi
afin de
favoriser le reclassement, faciliter la diversification et rechercher de
nouveaux marchés.
La mobilité et le reclassement
des
agents d'EDF suivent leur cours : 150 personnes quitteront le site
dès 1998.
Un fonds de développement
doté de
15 millions de francs par an pendant 5 ans a été
constitué au profit du
bassin d'emploi de Creys-Malville
. Il sera
consacré à la création d'emplois et d'entreprises. Enfin,
pour tenir compte de la situation des
collectivités locales,
les
dettes qu'elles ont contractées, soit 32 millions de francs au
titre des avances de la Caisse Nationale de l'Energie et 21 millions de
francs au titre des prêts grands chantiers de la Caisse des
Dépôts et Consignations, seront
considérablement
réduites,
voire même
annulées.
Le Gouvernement souligne, en outre, que
" la procédure
d'arrêt de Superphénix n'a fait l'objet
d'aucune
réaction officielle
de la part des
partenaires
étrangers. "
II. UNE POLITIQUE DE L'ÉNERGIE TOUJOURS PLUS RESPECTUEUSE DE L'ENVIRONNEMENT
A. DE NOUVEAUX ENGAGEMENTS INTERNATIONAUX
Comme le relevait, voici deux ans, l'enquête du CREDOC sur les conditions de vie et les aspirations des Français, la lutte contre la pollution de l'air constitue désormais une priorité pour plus de la moitié de nos concitoyens . Seule une coopération internationale active est susceptible d'apporter des réponses valables à ces préoccupations. C'est pourquoi le Gouvernement souscrit au contenu des accords de Kyoto et prépare leur mise en oeuvre dans le cadre élargi de l'Union européenne.
1. Les acquis de Kyoto : un accord sur les principes
A
l'issue de la troisième conférence des Etats signataires de la
Convention des Nations-Unies sur le changement climatique, plus de
160 pays ont approuvé le principe d'une
réduction des
émissions de gaz à effet de serre
(GES)
d'ici à
2008 - 2012
.
Cette diminution ne s'applique cependant pas de façon identique à
tous les signataires. Pour le
groupe des pays industrialisés
, la
réduction moyenne des émissions de GES est fixée à
5,2 % par rapport au niveau de 1990. L'objectif assigné à chaque
Etat varie : - 8 % pour l'ensemble de l'Union européenne et la
plupart des pays d'Europe centrale et orientale ; - 7 % pour les
Etats-Unis ; - 6 % pour le Japon. Les
pays en
développement
ne sont soumis à
aucun objectif de
réduction,
bien que certains d'entre eux -que l'on songe à la
Chine ou à l'Inde- émettent des volumes de CO
2
non
négligeables.
La
réduction s'applique, outre les trois gaz à effet de
serre " classiques "
visés par l'avant-projet
préparé par l'Union européenne (CO
2
,
CH
4
, N
2
O), à trois autres types de gaz (HFC et
fluides frigorigènes ; PFC et SF
6
)
6(
*
)
.
Pour le calcul de la réduction des rejets de gaz,
l'approche
nette
(émissions-absorption) ne prendra en compte que l'absorption
de CO
2
qui résulte de forêts plantées
après 1990.
L'existence de "
permis négociables
" permettra
l'achat de droits d'émission
, mais les modalités
d'applications de ces permis ne seront définies que lors de la
conférence de Buenos-Aires qui se tient en novembre 1998.
Le texte prévoit également la
possibilité
,
pour
les Etats soumis à des réductions d'émissions
, de
se prévaloir
de diminutions d'émissions
résultant d'un investissement
réalisé dans un autre
pays industrialisé
ou dans un pays en développement.
Les modalités d'application de ces deux mécanismes,
respectivement dénommés "
application
conjointe
" et "
développement propre
",
seront déterminées dans les mois à venir.
Les
objectifs
fixés à Kyoto sont
très
ambitieux
. C'est ainsi que les Etats-Unis devront opérer une
réduction de leurs émissions de GES de 17 % d'ici à 2012.
La discussion de l'accord de Kyoto -au cours de laquelle aucun expert n'a remis
en cause la réalité de l'effet de serre- a permis de parvenir
à un résultat qui n'est pas sans créer certaines
difficultés pour la France.
La convention ne fait pas porter l'essentiel de l'effort sur les Etats les
plus pollueurs
. C'est pourquoi,
la France -dont les émissions de
CO
2
sont faibles
par rapport à d'autres Etats du fait
de l'existence d'une forte production d'énergie nucléaire
-
se trouve en l'occurence désavantagée
.
Dans un avant-projet élaboré en 1997, l'Union européenne
avait fixé un objectif global pour l'ensemble de ses membres de
réduction des émissions de 10 %. Le mode de calcul retenu
revenait à fixer un objectif de stabilisation des émissions de
notre pays à leur niveau actuel.
Or, deux dispositions de la
Convention de Kyoto
(réduction des rejets de trois nouveaux gaz
et limitation de la prise en compte de la captation du CO
2
par les
forêts)
conduisent à majorer l'estimation des émissions
françaises
de GES de 9 % environ. De ce fait, alors que la
France envisageait une diminution des émissions de ces gaz de - 2 %
avant Kyoto, notre pays enregistrera à l'horizon 2010 une augmentation
des émissions prises en compte d'environ 7 %.
La France sera donc dans l'obligation d'utiliser les mécanismes de
flexibilité
prévus par la Convention de Kyoto et notamment
l'achat de droits d'émissions ou " permis
négociables "
et le mécanisme de développement
"
propre
" destiné à aider les parties non
soumises à l'obligation de diminuer leurs émissions à
parvenir à un développement durable. Pour notre pays, l'un des
enjeux de la mise en oeuvre des mécanismes de flexibilité lors de
la prochaine conférence de Buenos Aires est donc la définition de
ce régime des " permis négociables " dont il aura
besoin.
La France entend également maîtriser les émissions des
trois nouveaux gaz pris en compte en commençant par établir un
inventaire de leurs sources d'émission et renforcer sa politique
d'utilisation rationnelle de l'énergie et de développement des
énergies renouvelables.
2. Les incertitudes de Buenos Aires : une mise en oeuvre difficile
Désormais,
37 Etats ont signé le
protocole de
Kyoto qui n'entrera toutefois en vigueur que lorsque 55 Etats
représentant 55 % des émissions mondiales de gaz à
effet de serre l'auront ratifié
. L'un des principaux obstacles
à la mise en oeuvre du Traité vient de la position adoptée
par les Etats-Unis. Ces derniers ont décidé de ne soumettre le
texte au Sénat que lorsque des progrès auront été
réalisés s'agissant des mécanismes de flexibilité
et des engagements des PVD. Tel était notamment l'objet de la
conférence qui s'est tenue à Buenos-Aires.
En ce qui concerne les mécanismes de flexibilité, la Commission
européenne souhaite que leur élaboration repose sur des
exigences minimales
auxquelles les entités privées
devront satisfaire
7(
*
)
. L'Union européenne
souhaite également que les mécanismes de flexibilité ne
constituent qu'un supplément aux politiques et aux mesures
nationales.
La répartition de la réduction des
émissions entre les Etats de l'Union européenne
a fait
l'objet d'un accord lors du Conseil des ministres de l'environnement de juin
1998. Il en résulte que l'objectif assigné à la France
reste de parvenir à
stabiliser les émissions à leur
niveau actuel
. Cependant,
la prise en compte des émissions de
trois nouveaux gaz
(HFC, PFC, SF
6
)
rendra cet objectif
plus difficile à atteindre car les rejets de ces substances connaissent
une forte croissance
. Les ministres européens de l'environnement ont
d'ailleurs mis l'accent sur la nécessité :
-
de limiter les émissions dues aux transports
qui ne
cessent de croître (un accord a été passé avec
l'association des constructeurs européens de véhicules
prévoyant, d'ici à l'an 2008, une réduction des
émissions de CO
2
par kilomètre de 25 % par
rapport à la moyenne actuelle) ;
- d'encourager les
énergies renouvelables
et l'utilisation
de la
cogénération
.
La politique conduite par la France en matière d'utilisation rationnelle
de l'énergie et de production d'énergies renouvelables s'inscrit
dans le cadre général des engagements souscrits par l'Union
européenne et des négociations en cours.
B. ENCOURAGER L'UTILISATION RATIONNELLE DE L'ÉNERGIE
1. Appliquer la loi sur l'air
Les
titres VII et VIII de la loi n° 96-1236 du
30 décembre 1996 sur l'air et l'utilisation rationnelle de
l'énergie ont prévu divers mécanismes destinés
à en améliorer la qualité. Depuis le vote du budget pour
1998, plusieurs décrets d'application ayant une incidence directe sur la
consommation d'énergie sont parus. Il s'agit des décrets :
- n° 98-257 du 31 mars 1998 relatif à la
consommation en énergie des réfrigérateurs
et
congélateurs électriques
à
usage
domestique
;
- n° 98-817 du 11 septembre 1998 relatif aux
rendements minimaux
et à l'équipement des
chaudières
de puissance comprise entre 400 kW et 500 MW,
tous deux pris en application de l'article 21 de la loi ;
- n° 98-704 du 17 août 1998 pris pour
l'application des dispositions de l'article 8A du code de la route
relatives à l'identification des véhicules automobiles
contribuant à la
limitation de la pollution atmosphérique
,
qui prévoit :
.
d'une part,
l'identification de la consommation
énergétique
des véhicules afin de
faire
bénéficier les moins polluants
de
conditions de
circulation
et de
stationnement privilégiées
;
.
et, d'autre part, que
la flotte de toute collectivité
publique doit, lorsqu'elle est supérieure à
20 véhicules
,
être composée pour au moins un
cinquième de véhicules électriques
ou fonctionnant au
gaz de pétrole liquéfié
ou encore au
gaz
naturel
, en application de l'article 24 de la loi (cette disposition
entre progressivement en vigueur au fur et à mesure du renouvellement de
la flotte).
Il convient d'y ajouter le décret n° 97-1279 du
23 décembre 1997 fixant les modalités d'application de
l'article 265 alinéa 3 du code des douanes, portant
remboursement de la taxe intérieure de consommation sur le gaz
naturel véhicule
et
sur le gaz de pétrole
liquéfié
, carburants utilisés par les exploitants de
réseaux de transports publics en commun de voyageurs. Ce texte a
été pris en application de l'article 26 de la loi.
On notera cependant que
plusieurs dispositions importantes
de la loi du
30 décembre 1996
attendent toujours leurs textes
d'application
:
-
l'article 21
qui prévoit, d'une part, qu'avant le
1er janvier 2000 les
spécifications du fioul domestique, du
gazole, de l'essence
et des
supercarburants
devront être
redéfinies
et, d'autre part, que ces substances devront comporter
un
taux minimal d'oxygène
;
-
l'article 24
, qui dispose que dans les deux ans suivant la
publication de loi, les
flottes de véhicules de transport en commun
gérées par les collectivités publiques
utilisent
des
carburants
dont le
taux en oxygène est relevé
;
- enfin,
l'article 27
aux termes duquel un arrêté
interministériel
agrée les systèmes de réduction
des émissions polluantes qui
, installés sur des
véhicules acquis entre 1991 et 1996,
bénéficient d'une
aide à l'achat
qui peut atteindre 8.000 francs par
véhicule.
Votre Commission des Affaires économiques souhaite connaître
les orientations qui présideront à la rédaction de ces
futurs décrets, compte tenu de l'état d'avancement des
négociations " auto-oil " tendant à la
définition de normes européennes relatives aux
carburants.
2. Encourager les transports " propres "
Les travaux de la Commission d'enquête du Sénat ont confirmé l'importance du développement des transports non polluants, qu'il s'agisse du véhicule électrique ou du renforcement de la consommation de GNL ou de GPL.
a) Le véhicule électrique
Malgré son coût de fabrication
élevé et
son autonomie limitée, le
véhicule électrique
présente de réels avantages en ville en termes
d'émissions polluantes et de silence. Bien que des voitures
particulières et utilitaires ainsi que des deux-roues soient produits en
France, le nombre des immatriculations de ces véhicules ne connaît
pas encore de croissance stable puisqu'il est passé de
1.304 unités en 1996 à 727 en 1997, avant de connaître
un sursaut au 1er trimestre 1998 (600 véhicules).
L'Etat accorde pourtant une aide substantielle à l'achat de
véhicules électriques depuis 1995.
L'achat
de
deux-roues électriques par les particuliers
fait l'objet d'un
prime de
2.000 francs.
La loi de finances pour 1995 puis la loi sur
l'air ont, en outre, prévu un
amortissement sur douze mois des
véhicules électriques
ainsi que des
accumulateurs
nécessaires à leur fonctionnement. Des aides de 2.000
à 16.000 francs sont également versées aux
collectivités locales, en fonction de la charge utile des
véhicules qu'elles acquièrent.
L'annonce par Toyota de la fabrication de son véhicule électrique
sous le nom de " Prius " à la cadence de
2.000 véhicules par mois est un signe du retard que prend peu
à peu notre pays sur ce créneau.
b) Le véhicule à gaz de pétrole liquéfié
Un autre
espoir tient à l'utilisation croissante du
véhicule à
gaz de pétrole liquéfié.
Ses avantages sont connus :
technologie éprouvée, logistique minimale, prix hors taxes
modéré et émissions polluantes nettement
inférieures aux normes actuelles, qui en font une alternative aux
véhicules " classiques ". Moyennant l'installation d'un kit
dont le coût varie de 10.000 à 18.000 francs, les
véhicules à essence peuvent être transformés en
véhicules bicarburation essence-GPL, par l'adjonction d'un second
réservoir. Certains constructeurs, dont Renault, produisent même
des véhicules neufs bicarburation dotés d'un réservoir
intégré. Depuis 1996, quatre mesures ont donné un
" second souffle " à la consommation de GPL qui était
passée de 66.000 à 21.000 tonnes entre 1993 et 1995. Il
s'agit de :
- la
réduction de la taxe intérieure sur les produits
pétroliers
(TIPP) qui a permis de ramener le prix du GPL au litre
à un niveau inférieur de 40 % à celui du gazole ;
-
l'amortissement exceptionnel sur douze mois
des véhicules
utilisant le GPL ;
- la
récupération de la TVA à 100
% pour les
véhicules de fonction ou de société ;
- la
possibilité
ouverte aux conseils généraux
d'exonérer de vignette
les véhicules " propres "
à compter de 1998.
La consommation de GPL, qui a atteint 90.000 tonnes en 1997, pourrait
s'élever à 150.000 tonnes cette année selon le
Conseil national des professions automobiles. Selon la même source, le
réseau des distributeurs de GPL atteindra 2.000 stations en 2002,
grâce au versement d'aides à la construction de cuves et
d'installations. De même, le nombre de véhicules fonctionnant au
GPL pourrait s'élever à 400.000 au tournant du siècle. Ces
prévisions optimistes doivent cependant être nuancées par
une comparaison avec l'étranger. Notre pays enregistre, en effet, un
certain retard par rapport à ses partenaires : un million de
véhicules utilisent le GPL en Italie et 600.000 véhicules en
consomment aux Pays-Bas.
Votre Commission des Affaires économiques recommande
une
poursuite de l'effort accompli en faveur du gaz de pétrole
liquéfié.
c) Le gaz naturel pour véhicules
Doté d'un net avantage comparatif en termes
d'émissions de polluants, le gaz naturel pour véhicules (GNV) est
cependant bridé dans son développement par des contraintes
spécifiques (réduction de la puissance des véhicules,
stockage sous pression, autonomie plus limitée, coût d'adaptation
des véhicules supérieur à celui du GPL...).
Il semble cependant
adapté à l'équipement de flottes
captives
telles que les
autobus
, d'autant que son utilisation est
susceptible d'être mise en oeuvre sans nouvelles avancées
technologiques.
Reste à savoir si les dispositions de la loi sur l'air (réduction
de la taxe sur le gaz naturel) suffiront pour assurer son développement.
Beaucoup reste à faire puisque l'on ne compte que
17.000 véhicules de ce type en France, dont 4.000 à la RATP.
Votre commission des affaires économiques souhaite que le
gouvernement encourage l'utilisation de cette source d'énergie par les
transports collectifs.
d) De nouveaux encouragements fiscaux
L'article 31 du projet de loi de finances pour 1999
prévoit d'étendre aux
véhicules fonctionnant
en
bicarburation et aux accumulateurs
le régime
d'amortissement
exceptionnel sur douze mois
dont bénéficient
déjà les automobiles non polluantes fonctionnant en
monocarburation.
L'Assemblée nationale a adopté, à l'initiative de sa
Commission des Finances, un amendement de Mme Nicole Bricq (article
additionnel après l'article 31) prévoyant
l'exonération des véhicules fonctionnant en bicarburation de
la moitié du montant de la taxe sur les véhicules
de
sociétés
. Cette taxe s'élève actuellement
à 6.800 francs pour les véhicules de 7 chevaux fiscaux
et moins, et à 14.800 francs pour les véhicules de
8 chevaux fiscaux et plus.
L'Assemblée nationale a également
diminué de 15 %
le taux de la TIPP sur l'aquazole
, constitué d'un mélange
émulsionné de 15 % d'eau, d'additif et de gazole,
utilisé par les bus urbains et qui permet une réduction des
émissions de NOX, de CO
2
et de particules solides (article
additionnel après l'article 18).
Elle a enfin
porté de 6.500 à 8.000 litres par an le
volume de GPL exonéré de TIPP dont disposent les chauffeurs de
taxi
, afin de rendre l'utilisation de ce carburant plus attractive (article
additionnel après l'article 18).
3. Donner un nouvel élan à la politique de maîtrise de l'énergie
Après la publication du rapport d'évaluation sur la politique de maîtrise de l'énergie, réalisé sous l'égide du Comité interministériel de l'évaluation et du Commissariat au Plan, le Secrétaire d'Etat à l'Industrie a présenté, en février 1998, les grandes lignes d'une politique de relance des efforts de maîtrise de l'énergie. Cette initiative politique est accompagnée, au plan financier, d'un accroissement substantiel des moyens de l'Agence pour le Développement et la Maîtrise de l'Energie (ADEME).
a) Le rapport de l'instance d'évaluation de la politique de maîtrise de l'énergie (1973-1993)
Comme le
relève l'ingénieur général Yves Martin, qui
présidait l'instance d'évaluation de la politique de
maîtrise de l'énergie, dans sa préface au rapport
8(
*
)
, la France a besoin de
conduire une politique de
maîtrise de l'énergie de longue haleine,
même si les
prix de l'énergie n'y incitent guère actuellement.
Or, la
politique de maîtrise de l'énergie
, lancée en 1974,
a été
plus conjoncturelle que structurelle.
Pourtant, comme le souligne Y. Martin :
" [...] la demande d'énergie a une élasticité
forte, mais des temps de réponse plus longs encore que ceux de
l'offre : nos besoins en énergie dans un demi-siècle
dépendent largement des choix peu réversibles que nous faisons
aujourd'hui en matière d'immobilier, de transports, d'urbanisme et
d'aménagement du territoire. Il convient d'anticiper très
à l'avance, dans tous ces domaines, l'évolution des coûts
de l'énergie. "
En outre, les progrès
réalisés en matière d'extraction pétrolière
" n'éloignent pas le mur des ressources ultimes de
pétrole qui sont à notre disposition, ils nous permettent d'aller
plus vite, avec plus d'insouciance, dans ce mur. "
Enfin,
" une autre bonne raison de mener une politique forte de maîtrise
de l'énergie tient à la place majeure [...] qu'occupe le
nucléaire dans notre politique énergétique. [...] beaucoup
de ceux qui [le] rejettent aujourd'hui comme une facilité dangereuse
pourraient [...] l'accepter comme un mal nécessaire s'il était
couplé à une maîtrise de l'énergie vigoureuse qui en
limite le développement. "
Selon l'instance d'évaluation, une politique structurelle de
maîtrise de l'énergie devrait notamment :
-
pallier la " myopie " du marché de l'énergie
fossile en intégrant, par la fiscalité, dans le prix de cette
énergie, les externalités et les coûts futurs.
Cette
observation, à laquelle a adhéré la Commission
d'enquête du Sénat sur la politique énergétique,
vaut spécialement pour les
transports
dont les
externalités négatives (coût des infrastructures, des
accidents de la route et du bruit) sont plus nombreuses et plus
élevées que pour les installations de combustion.
-
encourager la recherche-développement,
afin
d'accroître l'efficacité énergétique des
équipements
utilisateurs d'énergie ;
-
fournir aux utilisateurs
d'énergie
les informations
nécessaires
à
l'optimisation de leurs investissements
et de leur
comportement
(informations sur la consommation des
matériels, versement d'aides en cas de recours à des bureaux
d'étude et aides à la démonstration) ;
-
doter l'administration centrale -
notamment le
ministère des transports - d'une
organisation
permettant
d'intégrer la maîtrise de l'énergie dans
les politiques fiscales ou sectorielles,
telles que celles des
transports
, du
logement,
de
l'urbanisme,
de
l'aménagement du territoire
, qui ont un fort impact sur la
consommation d'énergie ;
-
doter l'ADEME de moyens humains et financiers stables
et
doubler le niveau de ses budgets d'intervention et de recherche
qui
n'ont pas évolué depuis 1993.
b) Les orientations de la politique du Gouvernement
Le
secrétaire d'Etat à l'industrie a présenté une
stratégie qui se fonde sur
l'efficacité économique
des mesures prises,
la permanence dans l'action
et
l'ouverture du
champ des options énergétiques.
Pour ce faire, il a notamment
été décidé de :
-
poursuivre l'application de la loi sur l'air (cf.
ci-dessus)
;
-
promouvoir l'aide à la décision des utilisateurs
d'énergie
, en ouvrant les fonds régionaux d'aide aux conseils
gérés par les DRIRE destinés aux PMI, aux audits
énergétiques et en favorisant ces audits avant la construction de
bâtiments appartenant à l'Etat ;
- soutenir les
technologies éoliennes
parvenues à
maturité. Le programme Eole 2005 tend ainsi à doter la
France d'une production de 250 à 500 MW en sept ans, tandis qu'EDF
est appelé à accroître ses interventions en matière
d'énergies renouvelables (cf. ci-dessous) ;
Le Gouvernement prévoit également, outre l'application de la loi
sur l'air :
- une association de l'ADEME et d'EDF dans le cadre d'un programme de
maîtrise de la demande d'électricité
(par la
diffusion de lampes à basse consommation dans le secteur
résidentiel, ainsi que par des économies dans le domaine
industriel (moteurs destinés au pompage et à la
ventilation ; technologies du froid et de l'air
comprimé) ;
- un renforcement des
aides aux énergies renouvelables,
par
l'amélioration des
conditions d'achat de
l'électricité,
par la mise en oeuvre d'aides à
l'installation de
chauffe-eau solaires
et par l'électrification
de sites isolés par production photovoltaïque ;
- par le lancement d'un programme de
valorisation de l'utilisation
énergétique du biogaz
;
- par la valorisation des
déchets de la filière bois
.
Au total, l'objectif serait
d'améliorer l'efficacité
énergétique de 1 %
par an, comme c'était le
cas avant 1990
.
Votre Commission des Affaires économiques souscrit à la
relance de la maîtrise de l'énergie, tout en souhaitant une
sensibilisation accrue des producteurs d'appareils
électroménagers aux enjeux de cette politique.
c) Un renforcement de l'action de l'ADEME
1998 restera une année charnière pour l'Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Energie (ADEME) dont l'équipe de direction a été renouvelée afin de définir une nouvelle stratégie d'action reposant sur des moyens renforcés.
(1) Le budget de l'ADEME
A
l'issue du Comité interministériel sur le nucléaire de
février 1998, le Premier ministre a annoncé la mise en place d'un
financement pérenne, de l'ordre de 500 millions de francs par
an
, au profit de l'Agence. Le projet de loi de finances pour 1999 traduit
cette volonté. Au titre des crédits du secrétariat d'Etat
à l'industrie, le chapitre Interventions (n° 62-92) est
doté de 242 millions de francs en autorisations de programme et de
249,5 millions de francs en crédits de paiement, soit un triplement
des crédits par rapport au budget 1998. Quant aux crédits de
fonctionnement de l'Agence, ils s'élèvent à
97 millions de francs, soit un million de plus qu'en 1998.
Parallèlement,
l'article 30
du projet de loi de finances
pour 1999 prévoit la
création
d'une
taxe
générale sur les activités polluantes
. Elle se
substituera
aux
cinq taxes que percevait
précédemment l'ADEME
: taxe sur les activités
concourant à la pollution atmosphérique, sur les déchets
ménagers, sur les déchets industriels et spéciaux, sur les
huiles de base et sur les nuisances sonores.
Son montant, estimé
à 1.935 millions de francs en 1999,
sera
versé au
budget général
. Il est en hausse de plus de 500 millions
de francs par rapport à 1998, ce qui correspond à l'accroissement
des moyens budgétaires mis par ailleurs à la disposition de
l'ADEME comme l'avait annoncé le Premier ministre.
Votre Commission des Affaires économiques qui a émis un avis
défavorable à la création de la la taxe sur les
activités polluantes souhaite que le Gouvernement s'engage à ce
que la budgétisation du produit de cette taxe ne débouche pas,
dans les années à venir, sur une réduction de la
subvention de l'ADEME
.
(2) Les activités de l'ADEME
L'action
de l'ADEME intéresse aussi bien le développement des
énergies renouvelables que l'utilisation rationnelle de l'énergie.
Les énergies renouvelables
Le Programme Bois, Energie, Développement Local (PBEDL)
,
lancé en 1994, a permis d'aider plus d'une centaine de chaufferies au
bois, correspondant à une puissance totale installée de
82,7 MW.
Le programme de
production d'électricité
issue des
énergies nouvelles et renouvelables
a permis
l'électrification par système photovoltaïque ou
éolien de 1.000 sites isolés, en métropole et dans
les départements d'outre-mer. Le
programme Eole 2005
, qui
tend à porter la puissance du parc éolien français entre
250 et 500 MW en sept ans, a progressé (la puissance totale
installée s'élevait à 77 MW fin 1997). Un quart du
programme solaire thermique,
destiné à l'installation de
20.000 chauffe-eau solaires dans les départements d'outre-mer, est
désormais réalisé.
Votre commission des affaires économiques rappelle, en outre, que la
commission d'enquête sur la politique énergétique de la
France observant que "
l'existence d'une entreprise monopolistique
avait été peu favorable au développement de petits projets
locaux [...] et que dans les communes où l'électricité est
distribuée par des régies locales, de petites unités
avaient vu le jour qui s'étaient avérées parfaitement
compétitives
" avait en conséquence souhaité que
ces expériences se développent.
L'utilisation rationnelle de l'énergie
Parmi les programmes menés par l'ADEME, on retiendra celui tendant
à
l'optimisation énergétique dans le secteur des
transports
par l'aide à l'achat de véhicules
électriques ou utilisant le gaz naturel et l'encouragement de
l'utilisation de véhicules performants (aide à l'investissement
dans le secteur du transport combiné).
III. LA SITUATION DES GRANDS OPÉRATEURS FRANÇAIS
A. LA PRODUCTION D'ÉLECTRICITÉ
1. Situation et résultats d'EDF
A cause
de la
douceur exceptionnelle du climat en 1997,
EDF a enregistré
une
baisse de la consommation
de 4 Twh par rapport à 1996.
De ce fait, la production totale a atteint 442,5 Twh. Conformément
aux dispositions du contrat d'entreprise, les
tarifs de
l'électricité
ont été
réduits de
4,6 % en avril 1997,
pour toutes les catégories de
clientèle. Cette réduction a coûté environ
3,6 milliards de francs à EDF. Le
chiffre d'affaires
de
l'opérateur public, est, en conséquence, passé de 191,1
à 186,5 milliards de francs.
Au cours de l'exercice 1997, le
bilan d'EDF
a fait l'objet de
restructurations importantes
, destinées à définir
le statut patrimonial des ouvrages de transport d'électricité qui
lui appartiennent. Afin de contribuer au désendettement d'EDF, les
capitaux propres
ont été portés de 24,2 à
72,9 milliards de francs, grâce à des dotations en capital
(51 milliards de francs) et des réserves. Consacrés pour
près des 2/3 au transport et à la distribution, les
investissements
sont réduits à
29 milliards de
francs environ,
contre 36,1 milliards de francs auparavant. Quant au
résultat net comptable,
il passe de 1,87 à
1,54 milliard de francs,
étant entendu qu'EDF a
acquitté
3 milliards de francs
d'impôt sur les
sociétés. Le
désendettement
d'EDF a
considérablement
progressé. La dette
qui atteignait
132,9 milliards de francs fin 1996, a été réduite de
8,5 milliards de francs
. L'objectif reste de ramener la dette
à environ 100 milliards de francs en l'an 2000.
L'année 1998 a est marquée par la réorganisation interne
d'EDF. Dans un programme de travail intitulé : "
Vers le
client, le compte à rebours européen
",
l'opérateur public s'est fixé quatre objectifs principaux :
- tourner toute l'entreprise vers le client ;
- conforter l'outil de production ;
- faire de l'Europe le marché domestique ;
- impulser une nouvelle dynamique sociale.
2. La réforme de l'obligation d'achat d'électricité aux producteurs indépendants
L'année 1997 a été marquée
par la
réforme des conditions d'achat de l'électricité aux
producteurs indépendants. Le décret du 20 mai 1955
modifié impose à EDF et aux distributeurs non nationalisés
l'obligation
de passer des contrats
d'achat
de
l'électricité produite par les producteur autonomes. Cette
obligation s'applique à l'énergie produite par des techniques de
cogénération
et des installations utilisant, à
titre exclusif ou principal, des
énergies renouvelables ou des
déchets.
Le contrat d'entreprise signé par l'Etat et EDF prévoit des
modalités d'achat destinées à favoriser ces formes de
production de courant.
La cogénération
Le nouveau contrat d'achat, approuvé en mars 1997, détermine
la rémunération des cogénérateurs sur une
période de 12 ans, ce qui correspond à la durée
d'amortissement de leurs installations.
Cette rémunération est fonction :
- des " coûts évités " de
développement du système électrique ;
- des économies d'énergie primaire que réalisent
certaines installations.
Le cogénérateur a la faculté de vendre
l'intégralité de sa production à EDF et de racheter la
part qu'il consomme, ce qui lui évite de payer les
pénalités de dépassement de puissance qu'il aurait
à acquitter en cas de défaillance de son installation.
La cogénération fournit actuellement 3 % de la
capacité du parc français de production électrique.
Même si elle ne pourra se substituer aux principales sources
d'énergie, elle mérite d'être développée.
La petite hydroélectricité
L'ensemble des producteurs autonomes d'électricité hydraulique
dotés d'installations de moins de 8 MVA représentent une
puissance installée de 1.000 MW. Le nouveau contrat d'achat fixe
leurs modalités de rémunération sur 15 ans, en tenant
compte des " coûts évités " et du coût
initial de l'investissement hydro-électrique.
Votre Commission des affaires économiques se félicite de ces
innovations qui favorisent le recours à des énergies
renouvelables et les économies d'énergie.
3. La réduction de la TVA sur les abonnements de gaz et d'électricité
L'article 19 du projet de loi de finances prévoit
d'assujettir au taux réduit de TVA
-soit 5,5 %-
au lieu du
taux normal de 20,6 %, les abonnements relatifs aux livraisons
d'électricité et de gaz combustible.
Le coût de cette mesure est estimé à
4 milliards de
francs
.
B. LE SECTEUR GAZIER
Comme le relève un ouvrage 9( * ) récemment publié, le gaz naturel pourrait, par son abondance et sa propreté, connaître un " âge d'or " dans les années à venir. A n'en pas douter, l'opérateur gazier français a une carte maîtresse à jouer dans la compétition internationale.
1. Evolution de l'activité et des résultats de GDF
Des
résultats satisfaisants en 1997
Les ventes de gaz ont diminué l'an passé, tant à cause de
la baisse des prix du fioul et de l'électricité que du fait d'un
hiver doux et pluvieux. L'appréciation du dollar et la montée des
cours du gaz brut ont suscité une hausse des coûts
d'approvisionnement de près de 25 %. La facture gazière a
crû de 17 %, passant de 17,6 à 20,3 milliards de francs.
Cet accroissement du coût des ressources n'a pas été
intégralement compensé par les augmentations de tarif aux
particuliers de mai et de novembre 1997, qui se sont respectivement
élevées à 3,5 % et 3 %, ni par le
relèvement des tarifs industriels (+0,3 centimes/Kwh en février).
Le chiffre d'affaires de Gaz de France
s'est élevé
à
55,217 milliards de francs
(+1,7 %), bien que les
ventes corrigées à climat moyen se soient contractées de
417 Twh en 1996 à 412 Twh en 1997. Compte tenu du différentiel de
variation entre les prix du gaz à l'achat (+16 %) et à la
vente (+4 %), la marge unitaire à baissé, entraînant
une réduction de la marge brute de 1,7 milliard de francs. En
conséquence, le résultat net est passé de
2,563 milliards à 1,528 milliard de francs entre 1996 et 1997.
La situation financière de GDF continue néanmoins de
s'assainir
. L'entreprise a réduit son
taux d'endettement
de
96 %
à
85 %.
Les
capitaux
propres
(inexistants en 1984) ont atteint
15 milliards de francs
. La
capacité d'autofinancement (7,7 milliards de francs) a permis de
financer l'ensemble des investissements (6,8 milliards de francs).
GDF a intensifié son
action commerciale
:
122.230 nouveaux clients lui ont passé commande. Ce mouvement a
été particulièrement sensible dans la grande industrie,
notamment à cause des nouvelles conditions de rachat par EDF de
l'électricité produite par cogénération. GDF a
également renforcé ses activités de
transit de gaz
grâce à des accords avec les entreprises italiennes SNAM et ENEL.
Il a aussi pris le contrôle de la première entreprise italienne du
secteur climatique et thermique, AGIP SERVIZI.
Des prévisions positives pour 1998
Les conditions climatiques observées en 1998 ne sont pas plus favorables
à la consommation de gaz naturel que celles de 1997. Cependant, à
la différence de l'année passée, les prix du gaz à
la production ont baissé, ce qui a permis d'opérer des baisses de
tarifs de 2,5 % en mai et de 0,4 et 0,25 centime/kWh respectivement en
avril et en juillet pour la consommation domestique. Une nouvelle baisse des
tarifs de 2,5 % est prévue à compter du 1er novembre 1998.
La desserte gazière se renforce grâce à la création
de 350 concessions nouvelles en 1998 (contre 268 en 1997 et 220 en 1996).
La société envisage d'atteindre un chiffre d'affaires de
57,6 milliards de francs et un résultat net de 2,6 milliards
de francs. Cette amélioration des comptes permettrait de renforcer les
capitaux propres, qui atteindraient alors 17,7 milliards, et de
poursuivre la réduction de l'endettement (aux alentours de
11,4 milliards de francs) en 1998.
Au
plan industriel, 1998
sera marquée par l'entrée en
service du
gazoduc NORFRA
qui achemine directement le
gaz
norvégien à Dunkerque
. Long de 840 kilomètres,
c'est le plus grand gazoduc sous-marin du monde. Il permettra d'acheminer
jusqu'à 15 milliards de mètres-cubes de gaz à compter
de 2005. Un nouveau réseau terrestre,
l'artère des Hauts de
France
, acheminera le gaz norvégien destiné au réseau
français. La réalisation de cet équipement va de pair avec
la conclusion
d'accords de transit
avec l'Espagne et l'Italie.
2. La desserte gazière
L'
article 50
de la
loi du 2 juillet 1998
portant
diverses dispositions d'ordre économique et financier fait suite
à une
mise en demeure
adressée par la Commission
européenne à la France au sujet d'un
abus de position
dominante
commis par Gaz de France. L'établissement public se
fondait, en effet, sur le monopole que lui confère la loi de
nationalisation du 8 avril 1946, pour
s'opposer à
l'intervention d'autres distributeurs dans des zones non desservies, alors
même qu'il n'envisageait pas de les approvisionner lui-même
.
Dans ces conditions, les 17 distributeurs de gaz naturel qui n'avaient pas
été nationalisés en 1946 et qui desservaient
174 communes l'an passé ne pouvaient en aucune façon
étendre leurs activités à des zones que GDF ne pouvait pas
desservir, compte tenu de la faiblesse de la rentabilité des
opérations qui y étaient projetées par rapport au taux
minimal fixé par une circulaire ministérielle.
L'article 50 précité dispose qu'un
plan de desserte
gazière
précisant
les communes
où
GDF aura
obligation de desserte pour une période de trois ans
sera
établi par l'Etat en concertation avec les collectivités locales.
Les préfets seront chargés d'élaborer un avant-projet de
plan en fonction d'un critère de rentabilité, le plan
étant définitivement arrêté par le ministre
chargé de l'énergie. Le texte prévoit que les communes non
encore desservies et non inscrites au plan de desserte pourront faire appel
à un autre opérateur agréé par le ministre. Elles
auront la faculté de constituer des régies ou des
sociétés d'économie mixte dont le capital devra être
détenu à 30 % aux moins par l'Etat ou un
établissement public.
Selon les informations communiquées à votre rapporteur pour avis,
GDF a été autorisé à accroître son programme
d'investissement 1998-1999 de 400 millions de francs. Cette augmentation
permettra de desservir
1.200 nouvelles communes,
soit un
cinquième de celles que l'opérateur public approvisionne
actuellement.
Votre Commission des Affaires économiques souhaiterait
connaître l'état d'avancement des projets de plan de desserte
gazière et du décret portant fixation des nouveaux
critères de rentabilité qui s'imposeront à Gaz de
France
.
3. L'application du contrat d'entreprise 1997-1999
Signé le 1er avril 1997, le contrat d'entreprise
liant
l'Etat à GDF fixe trois grands axes à l'établissement
public : la poursuite du
développement national dans une
optique de service public
, l'accroissement de son
internationalisation
, le
renforcement
de sa
structure
financière
.
Au titre du
développement de l'entreprise en France
, GDF
enregistre une amélioration de la compétitivité du
" coût propre corrigé ", mesure de l'évolution
des coûts excluant le coût d'achat du gaz par GDF. De 1996 à
1997, le coût propre moyen du kWh a diminué de 2,9 %. Cette
baisse, qui reflète des gains de productivité, a
été répercutée pour plus de la moitié lors
de l'établissement des tarifs-client. En matière commerciale, GDF
a, par exemple, développé son offre en matière de
qualité et de sécurité des installations
intérieures en proposant systématiquement un diagnostic à
tous ses clients.
En ce qui concerne les
missions d'intérêt
général
, GDF a renforcé la
sécurité
de ses approvisionnements
en négociant des contrats de gaz provenant
du Royaume-Uni, et en signant, outre
l'accord de transit
de gaz
norvégien avec la SNAM, un
accord d'échange
de gaz
nigérian avec l'opérateur italien ENEL.
On notera que, compte tenu de
l'abaissement du ratio d'endettement à
85 % en 1997, l'objectif
fixé par le contrat d'entreprise -qui
tend à
ramener ce ratio à 45 % en 1999-
est
toujours susceptible d'être atteint.
C. LE SECTEUR PÉTROLIER
L'année 1998 a été marquée par l'existence d'une production de pétrole brut excédentaire, notamment due à la crise asiatique, et par une chute des cours (12 dollars en mars 1998) que les efforts de l'OPEP ont été impuissants à contenir. Cette situation a causé des problèmes graves aux pays producteurs, qui ont souvent misé leur développement sur l'accroissement de leurs exportations pétrolières. En France, l'année est marquée par la réforme de la fiscalité, l'adoption de la directive sur la qualité des carburants et la question de l'aide aux petites stations-service.
1. La réforme de la fiscalité des hydrocarbures
Outre la suppression du prélèvement sur les bénéfices des entreprises exploitant des gisements d'hydrocarbures (article 34), le projet de loi de finances comporte des dispositions importantes destinées à diminuer l'écart relatif de la fiscalité entre gazole et super.
a) Un recours excessif au diesel encouragé par la fiscalité
L'écart français de taxation entre le super sans plomb et le gazole (1,43 franc par litre) est le plus élevé de l'Union européenne. Comme l'a relevé la Commission d'enquête du Sénat sur la politique énergétique, cette situation entraîne un taux de diésélisation du parc de véhicules automobiles français de 38,1 %, contre 14,6 % en Allemagne et 10,3 % en Italie. Outre des conséquences néfastes en termes d'émission de particules polluantes, cette situation présente deux inconvénients majeurs. Elle aboutit à un manque à gagner de 7 milliards de francs pour l'Etat causé par une perte de recettes fiscales et elle met à mal l'équilibre du système de raffinage. La France a dû importer 8 millions de tonnes (Mt) de gazole au prix fort, alors qu'elle produit 3 millions de tonnes d'excédent d'essence.
b) Une réforme progressive
L'article 18 du projet de loi prévoit une modification des tarifs des taxes intérieures de consommation sur les produits pétroliers et le gaz naturel ainsi qu'un remboursement de TIPP aux transporteurs routiers. Le Gouvernement souhaite obtenir un alignement de l'écart de taxation entre le gazole et le supercarburant sans plomb sur l'écart moyen dans l'Union européenne en sept ans . Il a également mis en place un mécanisme spécifique destiné à éviter de pénaliser le transport public de marchandises qui utilise principalement du gazole. En pratique, le texte prévoit le remboursement d'une fraction de la hausse de la TIPP pour certaines utilisations professionnelles .
2. L'enjeu de la directive sur la qualité des carburants
Respectivement lancés en 1992 et en 1997, les programmes
Auto-oil I et Auto-oil II ont été conduits, de
façon tripartite, par la Commission européenne, les
pétroliers et les constructeurs automobiles. Ils sont à l'origine
des travaux préparatoires à l'élaboration de deux
directives respectivement consacrées à la
diminution des
émissions
et à la
composition des
carburants
. Ils tendent à réduire la concentration de
polluants dans l'air en milieu urbain.
Le Parlement européen a fortement amendé, en avril 1997, les
propositions émanant de la Commission et du Conseil des ministres. Il a,
notamment, souhaité que des normes plus sévères soient
instaurées en matière d'émissions de soufre, de
benzène et de composés aromatiques, et voté l'interdiction
de la commercialisation de l'essence plombée à compter du
1er janvier 2000. De ce fait, le
coût total
du
programme, fixé initialement à 12 milliards d'euros,
était susceptible de se monter à
50 milliards d'euros
pour l'ensemble de l'Union.
Au cours des négociations, notre secrétariat d'Etat à
l'industrie s'est déclaré soucieux de trouver une position
commune qui permette de
donner une visibilité à l'industrie en
fixant les normes
applicables
en l'an 2000
et de
prendre
le temps nécessaire pour éviter d'imposer des investissements
importants au secteur du raffinage d'ici à 2005
.
Après dix semaines de débat, les instances de l'Union sont
parvenues à un accord. Il en résulte que les
spécifications de la position commune du Conseil pour l'an 2000 ont
finalement été adoptées. Pour 2005, les valeurs retenues
initialement à titre indicatif auront finalement un caractère
obligatoire.
Au 1er janvier 2000
Les
teneurs maximales
de l'
eurosuper
en
benzène
et
soufre
seront
réduites
par rapport au niveau
actuellement admis tandis que les
teneurs
en
oléfine
et en
substances aromatiques
feront l'objet d'une
limitation
. La
teneur maximale du gazole
en soufre sera aussi réduite et une
limite à sa teneur en polyaromatiques entrera en vigueur. La
vente
d'essence plombée
sera
interdite
.
Il semble avéré que l'entrée en vigueur de la directive,
si elle est compatible avec des investissements modérés dans le
secteur du raffinage, y favorisera nombre de restructurations à compter
de l'an 2000. Certaines études prévoient même la
fermeture de 10 à 20 raffineries en Europe dans les prochaines
années.
Votre Commission des Affaires économiques souhaite que
le Gouvernement se préoccupe de la situation de l'industrie du raffinage
et l'aide à opérer d'inéluctables transformations.
Au cours d'une
seconde étape
,
préparée entre
2000 et 2005
, les teneurs en soufre et en
substances aromatiques
du
gazole et du supercarburant seront
limitées
.
A l'occasion de la discussion de ces deux projets de directives, le Parlement
européen a souhaité la
préparation d'une directive
fiscale
favorisant le recours aux carburants propres.
3. Le problème récurrent du maintien des petites stations-services
Dans son
rapport pour avis sur le projet de loi de finances pour 1998, votre rapporteur
s'était inquiété de la
disparition des petites
stations-service
. Il constate, avec regret, que ce mouvement ne semble pas
prêt de prendre fin. Or, l'heure est grave :
il ne restait plus
que 17.500 stations en 1997
, sur les 36.000 que comptait la France en
1985. Même si la croissance du nombre de points de vente au sein de la
grande distribution s'est ralentie (+0,7 % en 1997, contre +3,7 % en
1996), il n'en demeure pas moins que leur part de marché
s'élève à environ 51 % actuellement. Cette
disparition progressive des petits points de vente de carburant est
observée avec appréhension par les élus des zones à
faible densité de population.
Dans ce contexte, l'
application des mesures d'aides
consécutives
à l'adoption de la loi n° 96-603 du 5 juillet 1996
relative au développement et à la protection du commerce et de
l'artisanat, dont notre collègue le sénateur Jean-Jacques Robert
fut le rapporteur au Sénat, et de la loi de finances pour 1997
est
d'autant plus urgente.
Ces textes ont, en effet, prévu
l'obtention d'une autorisation spéciale pour l'implantation des
stations-services
, à proximité des centres commerciaux ainsi
que la perception d'une
taxe additionnelle à la taxe
d'aide au
commerce et à l'artisanat
destinée à venir en aide aux
petites stations-service. Depuis lors, les décrets du
15 mai 1997 et du 2 mars 1998 ont fixé le taux et
les modalités de répartition du produit collecté. La loi
prévoit cependant qu'un arrêté interministériel fixe
le plafond des ressources affectées au Comité professionnel de
distribution des carburants (CPDC), l'organisme chargé de la
répartition des fonds.
Votre Commission des Affaires économiques déplore que les
problèmes de fonctionnement du CPDC et le retard pris dans la
publication de l'arrêté interministériel
précité n'aient toujours pas permis de soutenir les petits
détaillants -deux ans après la création des
mécanismes d'aides précités-.
D. LE SECTEUR CHARBONNIER
L'activité et les résultats des Charbonnages de France en
1997-1998 et leurs perspectives pour 1999
En 1997, dernier exercice connu, le
chiffre d'affaires
de CDF a atteint
3,489 milliards
de francs, le résultat d'exploitation
2,8 milliards et le
résultat final -6,5 milliards
de
francs. L'endettement de l'entreprise, qui était de 27,7 milliards
en 1996, atteint 29,3 milliards de francs en 1997. En 1999,
l'aide de
l'Etat au Charbonnages de France
reste au même niveau qu'en 1998.
Elle s'élève à
5,35 milliards de francs
, et se
décompose en une
subvention budgétaire de 2,5 milliards
et une
dotation en capital de 2,52 milliards de francs
.
La production
charbonnière passera de 5,7 à
5,15 millions de tonnes entre 1998 et 1999
, parallèlement
à la baisse des effectifs (celle-ci était de -10,32 % en
1997).
La reconversion des zones minières
La fermeture des sites de La Mure et de Forbach en 1997 pose de nouveau le
problème de la reconversion des
friches industrielles
consécutives à l'arrêt de l'activité
charbonnière, en particulier dans la région Nord-Pas-de-Calais
où est situé l'essentiel des 5.000 hectares
concernés. Conformément aux dispositions du code minier, qui
prévoit que les Charbonnages de France doivent prendre les mesures
appropriées pour traiter les zones charbonnières, le Gouvernement
a demandé, par lettre du 5 mai 1998, à
l'opérateur public de pourvoir à la
remise en état
des sites. La requalification des friches industrielles constitue d'ailleurs
l'un des objectifs du contrat de plan. La maîtrise d'ouvrage est
assurée par l'établissement public foncier Nord-Pas-de-Calais.
La question des effondrements miniers
Le 17 juin dernier, votre Commissions des Affaires économiques a
approuvé les conclusions du rapport de notre collègue Jean-Marie
Rausch sur six propositions de lois relatives à la
responsabilité et à la prévention des dommages
consécutifs à l'exploitation minière
10(
*
)
.Cette question -qui n'intéresse d'ailleurs pas
exclusivement les mines de charbon- résulte de la multiplication des
effondrements miniers, consécutifs à l'arrêt de
l'exploitation du sous-sol tels que ceux qui se sont récemment produits
à
Auboué
et
Moutiers
. Le rapport de notre
collègue a bien cerné les problèmes posés par
l'indemnisation des personnes victimes de sinistres
, notamment à
cause de l'existence de clauses exonérant les exploitants miniers de
leur responsabilité dans les actes de vente de leur ancien patrimoine
immobilier.
Votre Commission des Affaires économiques souhaite que,
conformément au contenu de la communication du secrétaire d'Etat
à l'industrie du 28 janvier 1998, le Gouvernement mette en
place un mécanisme d'indemnisation et élabore un texte prenant en
compte les conséquences de la fermeture des mines.
*
* *
En
conclusion, votre rapporteur pour avis constate que la politique de
l'énergie française est empreinte d'une grande continuité.
Beaucoup des conclusions présentées par la Commission
d'enquête du Sénat sur la politique énergétique de
la France sont, mutatis mutandis, partagées par le Gouvernement et la
majorité des membres du Parlement.
Pérennité de la politique nucléaire, relance de la
maîtrise de l'énergie, souci de respecter les engagements
souscrits à Kyoto : tous ces éléments font l'objet d'un
consensus qui conduit votre rapporteur pour avis à vous demander
d'émettre un avis favorable à l'adoption des crédits
inscrits au titre du ministère de l'industrie pour la politique de
l'énergie.
*
* *
EXAMEN EN COMMISSION
Dans sa
réunion du mercredi 18 novembre 1998, la commission des Affaires
économique a procédé à l'examen du rapport pour
avis de M. Jean Besson sur les crédits consacrés à
l'énergie dans le projet de loi de finances pour 1999.
M. Jean Besson, rapporteur pour avis, a tout d'abord rappelé que
l'année 1997 avait été marquée par un
ralentissement de la consommation d'énergie partiellement
compensé par l'appréciation du dollar et que la facture
énergétique française (différence entre les
importations et les exportations) s'était élevée, en
conséquence, à 86 milliards de francs, en hausse de 8 %.
Il a ensuite évoqué les principales dispositions de la directive
sur le marché intérieur de l'électricité, en notant
que l'on pouvait s'attendre à une ouverture du marché plus rapide
que ne le prévoyait ce texte. Il a jugé souhaitable de faire
évoluer le champ de compétences d'EDF et de porter une attention
particulière à la définition du service public de
l'électricité, aux obligations spécifiques que supportera
EDF, au fonctionnement du " fonds des charges d'intérêt
général " destiné à assurer le financement de
ces obligations, et à la prise en charge des retraites des agents d'EDF.
Mentionnant les préoccupations des autorités concédantes
chargées du réseau électrique de distribution, le
rapporteur pour avis a souhaité que celles-ci soient associées
aux travaux de l'instance nationale de régulation et à la gestion
du fonds des charges d'intérêt général, tout en
soulignant qu'il n'était pas souhaitable de budgétiser le fonds
d'amortissement des charges d'électrification (FACE).
Après avoir rappelé l'économie générale de
la directive " gaz ", signée en 1998, il s'est
félicité des avancées figurant dans le texte
définitif, par rapport aux projets initiaux, citant notamment
l'introduction de mesures spécifiques pour les contrats
d'approvisionnement à long terme, la possibilité de maintenir le
monopole de distribution du Gaz de France (GDF) dans les zones qu'il dessert et
la fixation du niveau initial d'ouverture du marché gazier à
20 %. Il a souhaité qu'une seule autorité soit
chargée de la régulation du marché de
l'électricité et de celui du gaz.
M. Jean Besson, rapporteur pour avis, a estimé qu'exception faite de la
fermeture de Superphénix, les principaux axes de la politique
énergétique faisaient l'objet d'un consensus politique.
Il a jugé opportune la décision de poursuivre le programme
nucléaire et les recherches sur les réacteurs à eau
pressurisée, ainsi que les études sur la gestion de l'aval du
cycle nucléaire (transmutation des éléments à vie
longue, stockage en couches géologiques profondes, entreposage de longue
durée en surface), et a relevé avec satisfaction l'annonce d'un
projet de loi relatif à la qualité et à la transparence du
contrôle de l'industrie nucléaire.
Rappelant que la France avait souscrit aux accords de Kyoto, il a ensuite
évoqué la relance de la politique de maîtrise de
l'énergie destinée à mieux respecter l'environnement, et
dit son souhait de voir le Gouvernement s'engager sur le maintien du montant de
la subvention de l'ADEME dans les années à venir.
S'agissant de la situation financière des grands opérateurs
français, il a indiqué que le chiffre d'affaires et le
résultat net d'EDF s'élevaient respectivement à 186 et
à 1,5 milliard de francs et que ceux de GDF atteignaient
respectivement 55 et 1,5 milliard de francs. Le chiffre d'affaires des
Charbonnages de France, a-t-il précisé, s'élève
à 3,4 milliards de francs et l'aide de l'Etat reste stable, au
niveau de 5,3 milliards de francs.
Il a souhaité connaître l'état d'avancement des projets de
plan de desserte gazière prévus par la loi du 2 juillet
1998.
S'agissant du secteur des hydrocarbures, il s'est félicité de la
hausse progressive de la taxe intérieure sur les produits
pétroliers applicable au gazole, qu'avait recommandée la
commission d'enquête du Sénat sur la politique de
l'énergie, avant de souligner la nécessité de venir
rapidement en aide aux petites stations-service. Il a, par ailleurs,
souligné la gravité du problème des affaissements miniers.
Le rapporteur pour avis a ensuite proposé à la commission
d'émettre un avis favorable à l'adoption de ces crédits,
en mettant l'accent sur la grande continuité qui caractérise la
politique énergétique.
Interrogé par M. Michel Mercier sur les problèmes
posés par une éventuelle budgétisation du FACE, qui permet
une péréquation des moyens au niveau national, M. Jean
Besson, rapporteur pour avis, a observé que l'ensemble des membres du
bureau de la fédération nationale des collectivités
concédantes et des régies (FNCCR) étaient, quelle que soit
leur appartenance politique, hostiles à sa budgétisation.
Un large débat s'est ensuite engagé à propos de
l'instauration de la taxe générale sur les activités
polluantes (TGAP).
M. Pierre Hérisson s'est déclaré très
préoccupé par l'éventuelle création de cette taxe,
sur la constitutionnalité de laquelle il s'est interrogé. Il a
estimé que le ministre n'avait pas pris d'engagement suffisamment formel
sur le maintien du montant de la subvention qui sera versée à
l'ADEME à compter de 1999. Il a souligné que le taux de la taxe
sur les décharges brutes, qu'acquittaient, pour une large part, les
collectivités locales qui n'avaient pas encore mis en place de
systèmes de tri sélectif, augmenterait de 50 % le ler
janvier prochain. Il faut -a-t-il conclu- que le ministre prenne l'engagement
formel de soutenir l'ADEME sur le long terme car elle permet, comme les agences
de l'eau, la répartition d'une recette affectée. Si la TGAP est
mise en oeuvre, a-t-il ajouté, il importe que le montant de ses
ressources soit préservé, même si l'assiette de la taxe sur
les décharges brutes venait à diminuer.
Déclarant partager les préoccupations du précédent
orateur, M. Jean François-Poncet, président, a noté
l'analogie entre la budgétisation des crédits de l'ADEME et la
fiscalisation des redevances sur l'eau qu'il a jugées
caractéristiques d'une forme de jacobinisme, et souligné que le
Parlement n'avait reçu aucune assurance autre que verbale sur le
maintien pour l'avenir des ressources de l'ADEME. Il s'est cependant
déclaré disposé à voter le budget de
l'énergie si la commission manifestait unanimement son hostilité
au transfert vers le budget général des taxes actuellement
prélevées au profit de l'ADEME.
Il a, enfin, marqué son plein accord avec les observations du rapporteur
sur la politique nucléaire.
M. Jean-Pierre Plancade a déclaré partager l'analyse de M. Jean
François-Poncet, président, relative à l'ADEME, et a
souhaité que les délégations régionales de cette
agence intensifient leur action afin d'utiliser l'ensemble de leurs ressources
disponibles.
M. Jean François-Poncet, président, s'est félicité
de l'aide apportée sur le terrain par l'ADEME, tout en observant,
à l'instar de M. Pierre Hérisson, que certains
départements avaient pris du retard dans la consommation des
crédits. Revenant sur la budgétisation de la TGAP, il a
estimé que celle-ci était ardemment désirée par les
services de Bercy, qui s'abritaient en la circonstance, comme dans le cas des
agences de l'eau, derrière une justification d'ordre écologique.
Il a rappelé que, par le passé, le fonds d'investissement des
transports terrestres et des voies navigables (FITTVN) avait été
transformé en une " annexe du budget général ",
destinée à en pallier les insuffisances.
M. Michel Souplet a regretté que le président de l'ADEME, qui
était autrefois un parlementaire, soit désormais un
fonctionnaire.
M. Dominique Braye a souligné son opposition au projet de
création d'une TGAP, observant que celui-ci suscitait une opposition de
tous les parlementaires, quelle que soit leur appartenance politique, et a
déclaré qu'il était impossible de se satisfaire de simples
déclarations d'intention sur des sujets aussi importants que l'avenir de
l'ADEME ou des agences de l'eau.
M. Jean François-Poncet, président, a estimé que la
commission pourrait émettre un avis favorable au vote des crédits
de l'énergie si tous les groupes qui la composaient affirmaient leur
opposition à cette réforme.
M. Jean Besson, rapporteur pour avis, s'est déclaré
disposé à prononcer, en séance publique, une intervention
très ferme sur les crédits de l'ADEME, afin de traduire
l'unanimité de la commission.
M. Bernard Piras et Mme Odette Terrade ont approuvé le principe d'une
telle intervention.
Puis, à l'unanimité, les membres de la commission ont émis
un avis favorable à l'adoption des crédits relatifs à
l'énergie.
1
Voir notamment le communiqué de
presse
de la Fédération nationale des collectivités
concédantes et des régies du 21 octobre 1998.
2
Ces clauses prévoient qu'un opérateur gazier
s'engage à acheter des quantités minimales à un producteur
ou à lui verser des dédommagements.
3
Sidérurgie comprise.
4
Bulletin périodique de l'Agence de l'OCDE pour
l'énergie nucléaire, cité dans Enerpresse, n°7115,
p.7.
5
Cf les réactions suscitées par l'interview de Mme
Dominique Voynet, ministre de l'aménagement du territoire et de
l'environnement à Libération du 23 octobre 1998.
6
CO
2
- Gaz
carbonique ; CH
4
- Méthane ; N
2
O - Protoxyde
d'azote ; HFC - Hydrofluorocarbone ; PFC -&nb
sp;Polyfluorocarbone ; SF
6
- Hexafluorure de
soufre.
7
Communication de la Commission du 30 juin 1996.
8
CIME / Commissariat au Plan, La Maîtrise de l'Energie,
Paris, la Documentation française 1998, 469 p. Les passages cités
ci-après sont tirés de la préface.
9
Cf. l'avant-propos de l'ouvrage de M. Pierre Terzian, Le Gaz
naturel, Commissariat général du Plan/Economica, 1998, p. 183.
10
Il s'agit de la
proposition de loi n° 220
(1996-1997) de M. Jean-Luc Bécart et plusieurs de ses
collègues, tendant à frapper de nullité d'ordre public
toute clause de mutation imobilière exonérant les
exploitant
de mines
de leur
responsabilité
en matière de dommages
liés à leur activité minière ; de la
proposition de loi n° 298 rectifié
(1996-1997) de M.
Claude Huriet et plusieurs de ses collègues, complétant le
code minier
; de la
proposition de loi n° 229
(1997-1998) de Mme Gisèle Printz et plusieurs de ses collègues,
relative à la
prévention des risques miniers après la
fin de l'exploitation
; de la
proposition de loi n° 235
rectifié
(1997-1998) de Mme Gisèle Printz et plusieurs de ses
collègues, relative à la
responsabilité des
dommages
liés à l'exploitation minière
;
de la
proposition de loi n° 247
(1997-1998) de
M. Jean-Paul Delevoye et plusieurs de ses collègues, relative
à la
responsabilité
en matière de
dommages
consécutifs à
l'exploitation minière
; et de
la
proposition de loi n° 248
(1997-1998) de M. Jean-Paul
Delevoye et plusieurs de ses collègues, relative à la
prévention des risques miniers après la fin de
l'exploitation
.